Session Plenière P5: Mobilisation et accès au financement pour les énergies renouvelables : encore un obstacle majeur. By Abdelali DAKKINA ADEREE

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Transcription:

Session Plenière P5: Mobilisation et accès au financement pour les énergies renouvelables : encore un obstacle majeur By Abdelali DAKKINA ADEREE Africa Carbon Forum, Marrakech, July 5, 2011

SOMMAIRE CONTEXTE NATIONAL ET INTERNATIONAL ADEREE PREPARE LA TRANSITION VERS LA NOUVELLE AGENCE ADEREE DEVELOPPE DES PROGRAMMES ER/EE CONCRETS LES ATOUTS ET LES DÉFIS DE L ADEREE 2011: LA MISE EN PLACE DE L ADEREE LES MISSIONS DE L ADEREE LA CHARTE INTERNE DE L ADEREE LA STRATÉGIE DE L ADEREE PERSPECTIVES 2020 ET 2030 LE MDP AU MAROC : SECTEURS POTENTIELS D INVESTISSEMENT EN MATIÈRE DE MDP ET PERSPECTIVES BARRIÈRES AU DÉVELOPPEMENT DE PROJETS EN AFRIQUE ET INSTRUMENTS FINANCIERS

CONTEXTE NATIONAL ET INTERNATIONAL

Le contexte énergétique International DÉFIS ÉNERGÉTIQUES ACTUELS Le paysage énergétique actuel se caractérise par l incertitude mondialisée: Accroissement continu de la demande mondiale, Investissements nécessaires Question des réserves des énergies fossiles, Prix à la hausse, Changements climatiques

Le contexte énergétique International USD 160 140 120 100 80 60 40 20 0 EVOLUTION COURS PÉTROLE EVOLUTION DU PRIX DU BARIL DE BRENT EN USD ( valeur moyenne annuelle) ANNEE

CONTEXTE NATIONAL 2008 Faibles ressources énergétiques nationales Forte dépendance de l extérieur 97% Production locale (principalement hydro-électrique) 3% Prédominance des produits pétroliers Accroissement de la facture énergétique Subvention des produits pétroliers 61,5% 71 milliards DH 23 milliards DH Accroissement soutenu de la demande Énergie 5% Électricité 8% 6

Le contexte national Il existe plusieurs réponses possibles à ces défis qui nécessitent toutes des investissements si importants qu on est obligé de faire des choix. Les différentes réponses possibles: Limiter la consommation des énergies fossiles à un niveau raisonnable (réduire la dépendance, soulager la balance commerciale réduire les émissions de CO2 etc ) Développer les énergies renouvelables Maîtriser la consommation de l énergie

DES RESSOURCES IMPORTANTES EN ENERGIES RENOUVRELABLES 8

Des ressources ER importantes et disponibles Éolien (> 25,000 MW) Solaire N O E S 100 0 100 200 Kilomètres Moins de 4,7 KWh/m2 Entre 4,7 & 5,0 KWh/m2 Entre 5,0 & 5,3 KWh/m2 Entre 5,3 & 5,5 KWh/m2 Plus de 5,5 KWh/m2

Contexte National Volonté politique forte avec des objectifs chiffrés 20% ER et 12% EE d ici à 2020 Création d Agences dédiées aux énergies renouvelables et à l efficacité énergétique et aux grands programmes Mise en place d une nouvelle législation concernant les énergies renouvelables et l efficacité énergétique Mise en place d un fonds dédié Volonté d une approche industrielle

BILAN NATIONAL Situation des capacités installées d Energies Renouvelables à aujourd hui Source d Energie Capacité Productible électrique Réduction d'émissions de Installée équivalent (GWh) GES en TCO2eq / an* Grande hydraulique dont la STEP 1 745 MW 4 804 3 617 738 Solaire PV (PERG, télécommunication, applications professionnelles, pompage) 14 MW 25,2 18 976 Solaire Thermique (chauffage solaire) 357 533 m² 250** 188 453 CSP 20 MW 40 33 200 Eolien 286 MW 528,1 397 649 Biomasse 3 000 m 3 0,3 226 MCH 150 KW 1,3 979 Total 5 649,6 4 257 220,3 *Sur la base d un facteur d émission de: 753 TCO2éq/GWh Part de la production en énergies renouvelables **Energie thermique

L ADEREE PREPARE LA TRANSITION VERS LA NOUVELLE AGENCE

VERS L ADEREE 2011 : LA MISE EN PLACE DE L ADEREE MISSIONS DE L ADEREE LA CHARTE INTERNE DE L ADEREE LA STRATEGIE DE L ADEREE

MISSIONS DE L ADEREE EN BREF L ADEREE a pour mission de contribuer à la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière de promotion des énergies renouvelables et de l efficacité énergétique 1 2 3 4 5 6 Accompagnement de l administration par la proposition de plans nationaux & régionaux et de mesures d incitation pour le développement ER/EE Réalisation, promotion, pilotage, suivi et coordination de programmes de développement ER/EE s inscrivant dans le cadre de la stratégie nationale Identification, évaluation et réalisation de la cartographie des ressources ER/EE et proposition des zones de développement du solaire et de l éolien Développement d expertises et de normes et labels dans le domaine EE/ER, et contribution à la R&D ainsi qu à la formation Suivi et coordination au niveau national des audits énergétiques et veiller à la mise en œuvre des recommandations Mobilisation de la coopération technique et financière national et international, et participation dans des sociétés développant des activités se rapportant aux missions de l ADEREE

STRATEGIE DE L ADEREE Devenir l Agence de services EE et ER de référence, pour nos acteurs nationaux (entités publiques, MASEN, ONE, SIE, Particuliers et Régions) et nos partenaires internationaux

L ADEREE DEVELOPPE DES PROGRAMMES ER/EE CONCRETS EN PERSPECTIVES 1. Energies Renouvelables 16

2. Efficacité Energétique

Approche Carbone Potentiel d Emissions évitées EE + ER EOLIEN SOLAIRE BIOMASSE EFFICACITE ENERGETIQUE 11,5 Millions tonnesco2 /an évités 4,2 Millions tonnesco2 /an évités 4.8 Million tonnesco 2 /an évités + 6 Millions tonnesco2 /an évités Tous les projets se feront en tenant compte des mécanismes financiers liés aux Mécanismes de Développement Propre et tout autres financements liés à la problématique des changements climatiques

Le MDP au Maroc : Secteurs potentiels d investissement en matière de MDP et perspectives

Portefeuille de projets MDP Maroc Un portefeuille de 60 projets MDP a été développé ; Il représente environ 8 millions T ECO2 évitées par an ; 34% énergie renouvelable, 29 % déchets et 27% efficacité énergétique Boisement/ Reboisement 3% Series1 Biomasse énergie 4 7% Series1 Energies renouvelables 20 34% Series1 Efficacité Energétique 16 27% Gestion des déchets 29%

Etat d avancement du Portefeuille de projets MDP Maroc 5 projets enregistrés (287 447 TECO2/an) ; 15 projets en cours de validation (2 millions TECO2/an); 8 PDD, 12 NIP et 19 idées de projets identifiées. Series1, Projets enregistrés, 287.447,00, 3% Series1, Idées de projets, 4.481.200,00, 56% Series1, Projets en cours de validation, 2.020.536,00, 25% Series1, Projets sous forme PDD, 224.771,00, 3% Series1, Projets sous forme NIP, 1.041.296,00, 13%

Projets en cours de validation 6 projets d énergies renouvelables : dont 5 parc éoliens totalisant 522 MW 1,5 millions TECO2/an évitées 6 projets de gestion des déchets : 3 STEPs et 3 décharges dont 1 PoA environ 700 000 TECO2/an 3 projets de biomasse énergie. Series1, Biomasse énergie, 56.733,00, 3% Energies renouvealbl es 65% Series1, Gestion des déchets, 726.415,00, 32%

Secteurs porteurs pour l investissement dans le MDP au Maroc

Secteur Energies renouvelables Projets avancés : 9 Parcs éoliens d une capacité de 700 MW : Essaouira, Tanger, Taza, Tétouan, Akhfenir, Foum El Oued, 2 projets de micro centrales Hydrauliques 40 MW et 32 MW Projets à initier : Construction de nouveaux parcs éoliens dans le cadre du Projet Marocain de l Energie Eolienne (augmenter la puissance électrique installée d origine éolienne de 284 MW actuellement à 2000 MW en 2020); Projets solaires dans le cadre du programme solaire marocain de 2000 MW.

Secteur des déchets Décharges : Décharges anciennes : récupération de biogaz et torcharge ou production d électricité o Projets avancés : Rabat, Salé, Fès, Marrakech et Oujda o Projets à initier : Casablanca, autres villes Décharges nouvelles : Mise en place d un projet MDP programmatique pour la récupération de biogaz et torcharge avec ou sans option de production d électricité. 1 er projet en cours de validation ( 140 000 TECO2/an) STEPs : Projets avancés : Marrakech, Fès et Agadir Projets à initier : Villes moyennes Besoin d une approche MDP intégrée à l échelle du pays (en cours d étude)

Secteur de l Industrie Projets avancés : 6 projets d ER et EE (Cimentier, agroalimentaire et briqueterie) Projets à initier : Efficacité Énergétique, Énergies Renouvelables, substitution de Combustibles et la cogénération : Cimentiers Agroalimentaire (huileries, sucreries, conserves ) Automobile Sidérurgie Textile

Secteur du Bâtiments.. En préparation Profiter du code d efficacité énergétique dans le bâtiment pour développer des projets : Économie d énergie Éclairage Chauffage Chauffe eau Climatisation Un PoA-MDP de logement social durable, portant sur 100,000 logements en préparation ;

Les leçons tirées

Le MDP et ses limites La complexité du processus mis en place pour le montage de projets MDP ; Les coûts des procédures et les étapes de projets ; Répartition régionale : Asie 80%, Amérique Latine 17%, Afrique 2%

Contraintes liées au développement du MDP au Maroc Faible capacités techniques des promoteurs ; Faiblesse d une appropriation effective du MDP par les autres départements concernés (Énergie, le transport,.) Fort taux de projets publics dans le portefeuille Maroc Faible implication du secteur privé et du secteur bancaire ; Absence de stratégie et plans d actions sectoriels de développement du MDP Incertitudes liées au Protocole de Kyoto et le marché MDP.

Perspectives à cours termes avec les partenaires au développement Accompagner les projets en cours de validation pour les faire enregistrer avant fin 2012 ; Procéder à un screening des stratégies nationales pour identification des idées de projets d atténuation : MDP Programmatique ; MDP programmatique se prêtant en NAMA ; NAMAs. En attendant une visibilité sur le futur accord climatique

Barrières au développement de projets en Afrique et instruments financiers

Barrières au développement de projets en Afrique et instruments financiers Confrontée aux prix croissants du pétrole et aux effets adverses du changement climatique global, l Afrique peut bénéficier de l opportunité d amorcer une trajectoire de développement plus propre fondée sur des solutions énergétiques à faible contenu en carbone qui peuvent à la fois répondre à la demande actuelle et future d énergie et réduire les émissions de gaz à effets de serre (GES). En effet, les pays de cette région peuvent bénéficier d un éventail de plus en plus large d instruments financiers - allant du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) et de ces corollaires financiers, les financements carbone, aux Fonds d Investissement Climat récemment créés - avec lesquels ils peuvent développer des systèmes énergétiques propres et efficaces.

Ces instruments peuvent aider à mobiliser les fonds supplémentaires nécessaires pour investir dans les infrastructures énergétiques futures ou existantes qui sont requises pour accroître les services énergétiques, notamment par l introduction de technologies de production techniquement et économiquement plus efficaces et par la conversion de consommateurs nets d énergie en producteurs nets d énergie. Par une bonne utilisation de ces instruments, les efforts à l échelle Mondiale pour lutter contre le changement climatique peuvent apporter aux pays de cette région des solutions énergétiques locales compatibles avec un développement socioéconomique durable. Alors que les opportunités pour de telles solutions durables sont en théorie considérables, l Afrique en général n en a pour l instant pas ou peu profité. Dans le cadre du MDP par exemple, la part actuelle de la région dans les projets validés ou en cours de validation est de moins de 3%, Aussi, en dépit de la taille modeste de ses économies nationales par rapport à celles d autres régions, il ressort que l Afrique devrait théoriquement héberger un plus grand nombre de projets MDP.

Les instruments Financiers : une vue d ensemble Le MDP, tel que défini dans l article 12 du protocole de Kyoto, est un mécanisme de certification des réductions d émissions obtenues par des projets réalisés dans des pays en voie de développement, aussi appelés pays non-annexe 1. Dans le cadre du MDP, les projets qui prouvent qu ils évitent des émissions de GES qui se seraient normalement produites peuvent obtenir des certificats internationaux, appelés unités de réduction certifiée des émissions (URCE). Les URCEs sont calculées en utilisant des méthodologies approuvées par le Conseil Exécutif du MDP.

Les financements carbone, en permettant de contractualiser les revenus futurs issus des ventes d URCEs, assurent le lien entre les projets MDP et le marché financier du carbone; ils permettent ainsi aux porteurs de projets MDP de prendre en compte la valeur des URCEs dans leurs plans d affaires sous forme de revenus additionnels. Depuis novembre 2001, ici dans ce palais des congres qui a connu l adoption des accords de Marrakech, la mise en vigueur du MDP a généré de fortes incitations qui ont à leur tour déclenché au niveau mondial une réponse de type «bottom up» extrêmement dynamique de la part d une grande variété de développeurs de projets. Il en a résulté que le nombre des projets validés a cru très rapidement, plus que doublant chaque année.

Fonds carbone pilotes Au cours des dix dernières années, l Unité Carbone Finance de la Banque Mondiale (ENVCF) a joué un rôle fondamental dans le développement des financements carbone, notamment par la création en 1999 du premier fond carbone, connu sous le nom de Fonds Prototype Carbone. Par la suite, certains pays industrialisés ont demandé à la Banque Mondiale d accueillir et de gérer pour eux d autres fonds carbone. Ces pays souhaitaient ainsi bénéficier de l expérience de la Banque Mondiale pour aider à développer des projets MDP et acheter des URCEs afin d être conformes aux objectifs d émissions définis par le protocole de Kyoto. C est ainsi que d autres fonds ont été créés, y compris quelques fonds ciblant des domaines d activité spécifiques. En mars 2008, onze fonds carbone étaient gérés par la Banque Mondiale et le montant total des fonds engagés atteignait plus de 2,1 milliards de dollars.

Autres fonds carbone En dehors de la Banque Mondiale, plus de 60 fonds carbone ont été créés. Sur le plan mondial, on s attend à ce que les transactions financements carbone associées à des projets MDP drainent plus de cinq milliards de dollars vers les pays en voie de développement avant la fin de la première période d engagement du protocole de Kyoto en 2012. Le 25 septembre 2007, le Conseil des Directeurs de la Banque Mondiale a approuvé la création du Carbon Partnership Facility (CPF), un fonds géré conjointement par les vendeurs et les acheteurs de URCEs et destiné à financer l achat de réductions d émissions post-2012. En 2006, le Maroc a également crée un fond carbone au sein de la CDG, doté d une enveloppe de 300 MDH,

En parallèle du développement de nouveaux instruments de financement carbone, le Conseil des Directeurs de la Banque Mondiale a donné son accord officiel en juillet 2008 pour la création de Fonds d Investissements Climat («Climate Investment Funds» en anglais ou CIFs). Parmi ces CIFs, deux fonds, le Fonds Technologies Propres et le Fonds Stratégique pour le Climat sont créés pour fournir des ressources financières à grande échelle destinées à financer les coûts d investissements des projets et programmes de pays en voie de développement qui contribuent respectivement au transfert de technologies à faibles émissions de carbone et à la validation d approches innovantes concernant le changement climatique.

Enjeux MDP pour le secteur énergétique Á ce jour, plus des 2/3 des méthodologies approuvées par le MDP ont un lien avec le secteur énergétique. Cette présence dominante se retrouve dans le portefeuille des projets déjà soumis pour validation, la plupart desquels sont des projets d énergie propre. Il en résulte qu un vaste éventail d opportunités techniques est déjà disponible pour réduire les émissions associées au secteur de l énergie. Tous ces projets MDP «énergie» peuvent se classer en deux groupes, ceux qui se focalisent exclusivement sur la réduction des émissions d installations existantes, càd de simple décarbonisation, et ceux qui accroissent ou libèrent des capacités de production nécessaires au développement économique et social durable.

Un potentiel MDP très important A l instar des autres régions en voie de développement où des projets MDP ont été implantés avec succès, l Afrique est également dotée de ressources et d infrastructures susceptibles de bénéficier de projets MDP. Par exemple, la région dispose de nombreuses centrales électriques à cycle ouvert auxquelles un second cycle pourrait être ajouté, augmentant ainsi la production et les rendements des centrales sans accroître les émissions. La région dispose également de sucreries dans lesquelles pourraient être implantées des unités de cogénération à haut rendement énergétique. Il existe également des raffineries, des gisements des champs de pétrole et de gaz, des décharges municipales ou d autres unités industrielles dont les rejets gazeux à fort effet de serre pourraient être valorisés sous forme d électricité et de chaleur. Les nombreuses lampes à incandescence souvent responsables de la pointe de la demande pourraient être remplacées par des lampes basses consommation qui permettraient d économiser une quantité non négligeable d énergie fossile à la production tout en réduisant les dépenses d énergie des ménages.

RECOMMANDATIONS POUR LEVER LES BARRIÈRES 1) Il est essentiel de combler les lacunes règlementaires et logistiques qui empêchent les projets d énergie propre d accéder aux marchés énergétiques. Sans un accès approprié aux marchés de l énergie, les projets d énergie propre ne peuvent assurer ni leur contribution au développement énergétique local, ni générer des bénéfices pour l environnement mondial. Jusqu à présent, les lacunes réglementaires dans le secteur énergétique de la région freinent ou empêchent les projets d énergie propre de vendre leur production d énergie. L absence de tarifs de rachat de l électricité par les compagnies électriques publiques en situation de monopole et intégrées verticalement en est un exemple précis. Combler de telles lacunes règlementaires est une priorité dont la mise en œuvre nécessite une assistance technique afin de faciliter le transfert des meilleures expériences internationales et régionales en la matière.

2) L accès au marché de l énergie requiert une planification des infrastructures et des politiques pour venir à bout des goulots d étranglement logistiques. Dans de nombreux cas, en particulier pour les projets de cogénération et de production d électricité utilisant la biomasse, les ressources d énergie primaire sont dispersées, ce qui génère un double défi logistique: le ramassage et le transport de la biomasse vers les installations de transformation et la construction de lignes de transmission pour transporter l électricité produite vers les marchés consommateurs. Pour relever ce défi, il faut planifier conjointement le développement des projets d énergie propre et celui des infrastructures ainsi que mettre en place des mécanismes financiers et des politiques sectorielles adaptés. Dans de nombreux pays de la région, une assistance technique extérieure est nécessaire pour renforcer les capacités locales en matière de planification.

3) Assistance technique et activités de recherche et développement (R&D) sont nécessaires pour garantir une pleine efficacité et soutenabilité des technologies d énergie propre. En Afrique, la capacité d adaptation des technologies aux ressources locales est faible par rapport aux autres régions en développement. Par exemple, les produits issus de la biomasse ont normalement besoin d être préparés, notamment réduits en taille et séchés, pour devenir des combustibles performants. Dans certains cas, ils ont également besoin de subir une carbonisation. Plusieurs pays de la région manquent d équipements pour valoriser efficacement le potentiel énergétique de la biomasse locale. Aussi, une assistance technique spécifique et des activités de R&D sont nécessaires pour adapter les solutions de préparation et de transformation des biomasses locales et permettre leur emploi efficace ainsi que pour adapter les installations de combustion aux caractéristiques uniques de ces divers types de biomasse. Enfin, des efforts de R&D spécifiques seraient nécessaires pour réduire les temps et les coûts de logistique, notamment ceux associés aux activités de collecte et de transport de la matière première bioénergétique.

4) Un appui reste nécessaire pour développer l expertise et les cadres institutionnels locaux qui conditionnent l accès des porteurs de projets à une gamme croissante de dispositifs d aide pour la lutte contre le changement climatique. En Afrique subsaharienne, le manque de connaissances et d informations des acteurs concernés sur le MDP et les opportunités et procédures des financements carbone constitue un obstacle majeur à l identification et au développement des projets d énergie propre. Le contenu des séminaires et ateliers des programmes de renforcement des capacités a souvent été trop théorique et le groupe ciblé trop limité aux professionnels travaillant déjà dans le domaine de l environnement (par exemple ANDs). La plupart des pays de la région disposent pourtant d assez de professionnels sectoriels de qualité qui pourraient, s ils étaient correctement formés au MDP et aux financements carbone, fournir les services dont ont besoin les promoteurs potentiels de projets, notamment pour permettre à ceux-ci de présenter leurs projets aux fonds carbone et, à partir de là recevoir de ceux-ci l assistance requise pour compléter les procédures du MDP.

5) Des fonds carbone post-kyoto sont nécessaires pour internaliser les bénéfices globaux des investissements en énergie propre. Certaines options d énergie propre, particulièrement celles utilisant les énergies renouvelables, ne peuvent être compétitives tant que le marché de l énergie n alloue aucune valeur aux bénéfices environnementaux globaux fournis par ces alternatives. Le nombre et la grande diversité des projets d énergie propre soumis au MDP dans le monde entier ont démontré que les financements carbone sont efficaces pour internaliser ces bénéfices. Cependant la plupart des transactions de financement carbone sont limitées à la «première période d engagement» du protocole de Kyoto, laquelle se termine en 2012. Du fait de l incertitude quant au régime post-kyoto, il est difficile, pour les projets MDP de monétiser leurs réductions d émissions de GES au-delà de 2012. Dans le cas précis de l Afrique subsaharienne, où la mise en œuvre du MDP s est trouvée retardée pour diverses raisons, la plupart des projets d énergie propre éligibles au MDP ne délivreront, au mieux, qu une petite part de leurs réductions d émissions avant 2012. dans ce sens l UE a pris la décision de prolonger le PK pour les PMA au delà de 2012,

6) Néanmoins, les financements carbone seuls ne pourront combler le fossé existant en matière de financement des investissements. Les Fonds d Investissement Climat sont essentiels. En Afrique subsaharienne, le manque de capacités propre d investissement et de financements de moyen et long terme constitue un obstacle récurrent pour tout investissement d infrastructure, quel qu il soit. Il est important de noter que les financements carbone seuls ne pourront résoudre ce problème pour les projets d énergie propre. En effet, les fonds carbone apportent certes des revenus d exploitation additionnels mais ne fournissent ni fonds propres ni financement de l investissement. La signature de contrats d achat de réduction d émissions en devises fortes avec une entité ayant une bonne notation internationale peut certes faciliter le montage d un financement commercial, mais les montants en jeu ne suffisent généralement pas pour assurer le bouclage du financement principal de l investissement.

Briser ce cercle vicieux, néfaste non seulement pour l économie de ces pays mais également pour l environnement global, nécessite de nouveaux instruments financiers pour financer les investissements de moyen et long terme en énergie propre, en complément des fonds carbone qui restent nécessaires pour internaliser les bénéfices environnementaux des réductions des émissions de GES. En conséquence, la compatibilité entre les nouveaux fonds d investissement climat et le MDP est indispensable puisque de nombreux projets d énergie propre de la région doivent surmonter à la fois un manque de ressources financières pour financer l investissement et des rentabilités insuffisantes par rapport aux solutions conventionnelles plus intensives en carbone ; en effet ce dernier point nécessite que les projets d énergie propres qui seraient financés par les fonds d investissement climat restent éligibles au MDP et ainsi aux fonds carbone

Conclusions Cette analyse a démontré que le potentiel de projets en énergie propre en Afrique est important. Dans ce contexte, les instruments financiers innovateurs et liés au changement climatique offrent une opportunité sans précédent pour valoriser ce potentiel inexploité, lequel serait générateur d importants bénéfices socio-économiques pour les pays de la région. Cet objectif peut être atteint en mettant en place une coordination adéquate des nouvelles aides pour le changement climatique en complément du soutien au secteur énergétique conventionnel fourni par les agences d aide au développement. Une illustration de la pertinence d une telle coordination est la nécessité de combler les carences régulationnelles des secteurs énergétiques de la région, lesquelles bloquent la réalisation de nombreux projets d énergie propre. Sans une coordination adaptée entre les aides pour le changement climatique et les aides au développement classiques, les économies de l Afrique auront sans doute encore beaucoup de mal à recevoir leur part des revenus carbone qui en bénéficient déjà aux autres régions en développement.

Comme cité plus haut, le financement nécessaire pour mettre en œuvre les projets potentiels d énergie propre dont le coût s elève à des centaines milliards de dollars. En incluant les coûts d investissement des grands projets de récupération de gaz torchés, encore mal connus, ce chiffre excèderait très certainement les 300 milliards de dollars. Bien que ce chiffre puisse paraître important, toutefois, dans le contexte mondial des efforts de lutte contre le changement climatique, il ne représente qu un faible pourcentage des estimations récentes des montants d investissements requis dans les pays industrialisés pour que ceux-ci opèrent une transition vers les énergies propres dans les prochaines décennies.

Conclusion (end) But Also Huge Opportunities for direct and indirect investment (Morocco case): 150 billion MAD + CDM, Carbon Fund,... Markets, with high added values : (local industry, export,...) Job creation, more than 30 000 by 2020

Références: www.mem.gov.ma www.aderee.ma www.ciede.org.ma www.cdmmorocco.ma wwwr.worldbank.org/energy www.unfccc.int 52

Merci pour votre attention www.aderee.ma a.dakkina@aderee.ma 53