DOSSIER PEDAGOGIQUE LES SEPT JOURS. DE SIMON LABROSSE si sa vie vous intéresse de Carole Fréchette par la compagnie Barbès 35



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DOSSIER PEDAGOGIQUE LES SEPT JOURS DE SIMON LABROSSE si sa vie vous intéresse de Carole Fréchette par la compagnie Barbès 35

SOMMAIRE Quel spectacle pour quel public? Entrer dans le spectacle par le titre Réfléchir aux connotations du titre de la pièce Réfléchir au sous-titre Entrer dans le spectacle par le jeu Improviser des situations qui apparaissent dans le spectacle Jouer la didascalie initiale Entrer dans le spectacle par l écriture et le dessin Inventer des métiers à la manière de Simon Repérer les registres de la pièce Etudier la complexité du personnage de Léo La maladie de Léo Les poèmes de Léo Débattre, argumenter, critiquer à partir des maximes proposées par la pièce Sur la condition humaine Sur la fonction du théâtre En guise de conclusion Interview de Cendre Chassanne Annexe : la langue québécoise

QUEL SPECTACLE POUR QUEL PUBLIC? La pièce de Carole Fréchette est si bien écrite, si simple dans sa construction et si limpide dans son message, qu on peut y amener des collégiens. Mais elle est également complexe, profonde, et questionne si intelligemment notre monde moderne que les lycéens, comme les adultes, y trouvent leur compte. Elle aborde, avec poésie et distance, des thèmes variés comme l endettement, le chômage, la mondialisation, la pauvreté, mais explore également nos travers individuels : pessimisme, hypocondrie, et nos souffrances intimes : illusion amoureuse, jalousie, détresse affective A chacun de proposer une lecture adaptée au niveau de sa classe et au projet dans lequel la pièce s inscrit. Ce dossier s efforcera de proposer des entrées adaptables en fonction de l âge du public. Il faudra peut-être alléger ou corser, c est selon. ENTRER DANS LE SPECTACLE PAR LE TITRE REFLECHIR AUX CONNOTATIONS DU TITRE DE LA PIECE LES SEPT JOURS DE SIMON LABROSSE Les «sept jours» font penser automatiquement à la semaine de travail, rythmée, organisée, avec son déroulement prévisible jusqu aux journées de repos en fin de semaine. Mais Simon est inactif : ce titre questionne d emblée ce temps vide qu on s ingénie à occuper quand précisément on n a rien à faire, quand on est «sans emploi» comme le dit si justement l euphémisme d usage. On peut aussi faire repérer aux élèves la référence implicite à la Création du monde, à la Genèse, ainsi qu à l habitude devenue universelle de découper le temps humain en semaines décomposées en jours. Or, le nom du personnage n a rien de divin, au contraire : ce titre propose avec ironie de réfléchir à la semaine d un homme ordinaire, au prénom banal, et dont le patronyme évoque un objet utilitaire, quotidien, sans noblesse. «Labrosse» peut aussi se décliner en différentes expressions : se brosser, familièrement, pour attendre en vain, être privé de quelque chose. Simon est en effet un chômeur menacé d expulsion, qui se trouve contraint à rendre le seul objet auquel il tienne faute d avoir pu le payer (son ghetto-blaster). On pense également à la brosse à reluire, ou à brosser dans le sens du poil, qui renvoient à l idée de flatterie. Or Simon est amené, dans une de ses journées, à admirer sur commande, ou à séduire afin d éviter d être saisi de ses biens. La brosse est aussi une sorte de pinceau : on brosse un portrait, un tableau. Simon n est-il pas un habile portraitiste de notre monde d aujourd hui? Il a pour projet d envoyer à Nathalie, partie en Afrique, des vignettes sonores décrivant des objets qu elle risque d oublier à cause de la distance. Lorsqu il met en parallèle le déficit de tel pays avec l augmentation des prix du quotidien dans le sien, il fait preuve de perspicacité, et son sens de l observation en fait un peintre de la vie moderne, à l œil naïvement critique Enfin, une brosse est aussi un objet piquant et dont l usage principal est de nettoyer. Le héros de Carole Fréchette est aussi là pour déranger le spectateur, dont il dépoussière volontiers les habitudes de pensée. Proche du poil à gratter, la brosse est ici l outil indispensable de l humoriste, mais aussi de la ménagère qui veut redonner un coup de neuf à sa maison en la décrassant. On peut donc s amuser avec les élèves à réfléchir à ce titre paradoxal, burlesque, mêlant la grandiloquence des «Sept jours» bibliques à la modestie amusante mais piquante de «Labrosse».

REFLECHIR AU SOUS-TITRE SI SA VIE VOUS INTERESSE Le sous-titre est aussi riche de propositions. En effet ; l hypothèse d une vie pas forcément intéressante pour le spectateur, d un choix qui lui est laissé de ne pas adhérer au projet de raconter cette vie, peut trouver un écho dans le travail mené en classe sur la notion de héros. Héros ou anti-héros, personnage ordinaire dont la banalité fait le sujet d un livre ou d une pièce, refus de l héroïsme, goût pour le petit, le minuscule, le drame ordinaire, la grandeur des humbles autant de problématiques qu on aborde en classe parce qu elles traversent la production littéraire et artistique du XXème siècle (depuis le Frédéric de l Education sentimentale, le Meursault de Camus, la disparition du personnage dans le nouveau roman, etc ) Le personnage de Léo met en doute la viabilité du projet de Simon, et c est Nathalie qui le reformule. Nathalie : Il dit que c est une idée stupide de jouer ta vie. Il est sûr qu il y a pas un chat qui est venu. Après avoir vu le spectacle, on pourra demander aux élèves de lister ce qui fait l intérêt du récit de cette vie, ce qui crée l émotion du spectateur face à ces héros qui n en sont pas, ce qui lui permet de s identifier à eux.

ENTRER DANS LE SPECTACLE PAR LE JEU IMPROVISER DES SITUATIONS QUI APPARAISSENT DANS LE SPECTACLE Pour faire sentir aux élèves l intérêt d une situation dramatique, ses enjeux, ses difficultés, sa drôlerie, ses nuances, on peut leur proposer des canevas sur lesquels ils vont improviser. Les différences apportées par les propositions de chaque groupe donnent alors lieu à discussion, et peuvent amener les élèves à mieux comprendre le spectacle, mais aussi la notion d interprétation, de registre, de mise en scène, et même les caractéristiques du métier d acteur. Situation 1) A a promis quelque chose à B ; quand C l apprend par hasard, il fait une scène à A car il désire l équivalent, et ce depuis longtemps. Dans la pièce : Simon : [ ] Viens Léo, il faut continuer Tout à l heure, je te promets, je te donne cinq minutes. Nathalie revient des coulisses Nathalie : Quelles cinq minutes? Simon : Laisse faire ça Nathalie Léo : Simon a dit que j aurais cinq minutes pour réciter mes poèmes. Nathalie (à Simon) : Hey, Simon Labrosse! Tu me refuses du temps à moi pis tu lui donnes cinq minutes pour lire ses poèmes pourris [ ] En tout cas, si y prend cinq minutes, moi aussi. [ ] Simon : OK OK, tu vas les avoir tes cinq minutes. Mais pas maintenant. Tout à l heure. Les sept jours de Simon Labrosse, extrait de la fin du deuxième jour

Situation 2) A se présente chez B pour lui prendre un objet qu il n a pas pu payer. B déploie des trésors de persuasion pour éviter la saisie. La fille de la finance : Ouvrez-moi, (Simon ouvre, dépité) [ ] J ai un mandat de saisie. [ ] Simon : Quoi? La fille de la finance : Le contrat d achat était très clair, Monsieur Labrosse. Article quatre. Trois mois de retard dans les paiements entraîneront immédiatement la saisie. Avez-vous la somme? Simon : [ ] Euh non, pas vraiment. La fille de la finance : Alors, je suis désolée, mais je saisis. Elle veut s approcher du Ghetto. Simon s interpose. Simon : Mais voyons, vous pouvez pas faire ça! [ ] Ecoutez, donnez-moi trois jours, pis je vais trouver l argent La fille de la finance : Je suis désolée, mais j ai des instructions. Pis j ai une grosse journée qui m attend. Elle s empare de l appareil et se dirige vers la porte. Simon se précipite et lui barre le chemin Simon : Attendez! l argent, je l ai pas, c est vrai, mais je pourrais vous payer autrement. Les sept jours de Simon Labrosse, extrait du quatrième jour Situation 3) A veut dire quelque chose au public, mais B l en empêche, arguant que ce n est pas intéressant, déplacé, pas le moment, ou pas le lieu, etc Nathalie : (au public) Je voudrais prendre des cours de fonction vitale. Simon : Nathalie, c est pas nécessaire Nathalie : c est un programme très complet. Ça comprend des cours d inspiration, d expiration, de sudation, d élimination Simon : Merci Nathalie Nathalie : (au public) je suis sûre que ça vous intéresse, l épanouissement des organes Simon : Nathalie! Nathalie : O.K! O.K.! Les sept jours de Simon Labrosse, extrait de l exposition

JOUER LA DIDASCALIE INITIALE Un autre exercice d improvisation consiste à mettre en scène la didascalie initiale, qui peut donner lieu à diverses interprétations, plus ou moins autoritaires, agressives, persuasives, en variant aussi le registre plus ou moins comique ou au contraire sérieux. Le jeu peut se faire avec des mots, ou simplement des onomatopées, des regards et des gestes. Le «gromelot» peut aussi donner lieu à de riches interprétations (technique fondée sur un langage inarticulé, enchaînement de syllabes et de sons, qu utilisent les acteurs dans certaines situations faciles à interpréter sans texte) Lorsque les spectateurs entrent dans la salle, Simon est sur scène. Il regarde de temps en temps les spectateurs. Il sourit nerveusement. Au bout d un moment, Nathalie entre en scène et vient parler à Simon à voix basse. Elle tient en main un ghetto blaster et de l autre une cassette vidéo. On sent que cette cassette est le sujet de la discussion. Simon est de plus en plus nerveux. Il va en coulisse en appelant Léo. Nathalie le suit en continuant à argumenter. Ils reviennent sur scène. Les sept jours de Simon Labrosse, didascalie initiale (Nb : un ghetto blaster est un gros lecteur de cassettes, caractéristiques des rappeurs américains, devenu symbole de la culture hip-hop) ENTRER DANS LE SPECTACLE PAR L ECRITURE ET LE DESSIN INVENTER DES METIERS A LA MANIERE DE SIMON Les activités exercées par Simon Labrosse au cours des différentes séquences ne vont pas sans rappeler l humour du dessinateur et humoriste Philippe Geluck. Celui-ci propose dans son encyclopédie Un peu de tout (Casterman) des planches représentant des «petits métiers oubliés». Le principe est de rendre à des expressions lexicalisées et métaphoriques leur signification première, avec un sens inégalé du saugrenu et de l absurde. On y trouve par exemple «l acheveur de symphonie» ou «le raseur de mur», cousin du «lécheur de vitrines». Or, la pièce de Carole Fréchette est proche de ce genre d humour, comme le prouvent les différents métiers de Simon : cascadeur émotif, finisseur de phrases, spectateur personnel, allégeur de conscience Exercice : pour entrer dans l univers poétique du texte, faire imaginer aux élèves d autres métiers, choisis à partir de situations ou d expressions imagées du langage courant, et pourquoi pas, les leur faire illustrer à la manière de Philippe Geluck. Ces inventions peuvent donner lieu à une réflexion plus approfondie sur les habitudes de langage, qui sont souvent aussi des habitudes de pensées, reflet de notre conception du monde. On fera des rapprochements profitables avec le travail des Surréalistes, de l Oulipo, de Queneau. On pourra lire par exemple le poème de Desnos, Les Gorges froides («A la poste d hier tu télégraphieras») illustrant le «langage cuit».

REPERER LES REGISTRES DE LA PIECE L esprit satirique est bien présent dans le texte de Carole Fréchette. On appréciera le regard critique qu elle pose sur le monde actuel, mondialisé, capitaliste, humaniste parfois, brutal souvent. Le travail mené en classe sur les textes du XVIIIème par exemple, sur les écrivains philosophes qui s insurgent contre les inégalités sociales, peut facilement trouver un écho dans les exemples d ironie, d antiphrases, de paradoxes qui constituent l essentiel de la pièce. Voltaire ou Montesquieu ne sont pas loin lorsqu on lit les extraits suivants : HUMOUR NOIR Nathalie : Au matin du deuxième jour, la dette nationale est passée à 524 milliards 242 millions 613 mille 854 dollars et 89 sous et la dette personnelle de Simon à 13854 dollars et 89 sous. Simon se dit que pour une coïncidence c est toute une coïncidence et que c est certainement son jour de chance. Léo : Il y eut un soir, il y eut un matin, et Simon ne se découragea pas. Le matin du quatrième jour, le dollar canadien vaut 73 cents américains, et cela correspond exactement au nombre de portes auxquelles Simon a frappé ce mois-ci pour trouver un emploi. Nathalie : Le matin du cinquième jour, le prix de la livre de beurre est à 2 dollars 84 et le compte d épargne de Simon aussi. Il se dit que pour une coïncidence, c est tout une coïncidence, et que c est sûrement son jour de chance. IRONIE Simon, devenu flatteur d ego, décrit la manière d agir de la fille de la finance Simon : La façon que vous avez d entrer chez les gens, de vous imposer, avec un mélange de politesse et de fermeté, c est très très rare.[ ] Mais c est pas tout. Votre façon de saisir, de vous emparer des biens d autrui, comme ça, avec une assurance, une justesse de ton. Je vous le dis franchement, j ai jamais vu ça. (extrait du quatrième jour) LYRISME DU DESESPOIR Simon : [tu sais même pas] si t es comme une brique dans le grand édifice de l humanité ou bien si t es juste un petit tas de mortier, ou peut-être qu y a même pas d édifice et même pas de brique, peut-être que t es juste une petite bosse sur l autoroute de l évolution, une petite bosse qu on sent même pas quand on passe dessus à cent milles à l heure avec le quatre par quatre de l Histoire, une bosse ridicule qui s aplatit tranquillement, avec le temps. ( extrait du troisième jour) Ces extraits peuvent être travaillés à haute voix avec les élèves. On peut constituer de petits groupes et leur demander de proposer une lecture chorale, avec des échos, des reprises, des voix isolées, des variations de hauteur, de rythme, d intention

HABILE UTILISATION DU PRINCIPE DU THEATRE DANS LE THEATRE : LE LAPSUS La question du chômage est traitée avec humour par un jeu de mise en abyme : Simon répète sa petite phrase avant de sonner à une porte. Simon : Bonjour! Je me présente : Simon Labrosse sans emploi. Je m excuse de vous déranger comme ça au milieu de l après-midi. Mais lorsque la porte s ouvre et qu apparaît l homme agressif joué par Léo, le discours bien rôdé devient : Simon : Euh Bonjour! Je me présente : Simon Labrosse sans espoir. Je m excuse d exister comme ça au milieu de l après-midi. ( extrait du premier jour) On peut faire jouer aux élèves cette minuscule situation, lui apporter des nuances dans les registres, et leur faire sentir à quel point elle est, dans sa simplicité même, significative de la détresse des laissés-pour-compte de nos sociétés. ETUDIER LA COMPLEXITE DU PERSONNAGE DE LEO LA MALADIE DE LEO L ami de Simon est atteint d une curieuse maladie, comme il l explique lui-même au début de la pièce: Léo : Je m appelle Léo. Quand j étais petit, j ai reçu une brique sur le cortex. Ça a fait une lésion minuscule à l endroit précis où sont produits les mots p euh les mots p Simon : Les mots positifs. Léo : C est ça. Depuis ce temps, je peux pas en prononcer un seul. Pis je peux pas avoir une seule pensée p p Simon : Positive Léo : Je suis négatif. J haïs tout le monde (sic) et je crois en rien. Dans la vie de Simon, je joue les hommes antipathiques et détestables.(extrait de l exposition) On peut profiter de cette maladie de Léo pour réviser ou découvrir la notion de vocabulaire mélioratif et péjoratif. Ainsi, avec un texte d appui pris dans la littérature, ou la presse, ou un guide de voyage, procéder à une réécriture qui pourrait être celle de Léo, qui chasse de son vocabulaire tous les termes agréables, porteurs d espoir, valorisants. (On peut aussi procéder à l exercice inverse et chasser tous les mots à connotations négatives).

LES POEMES DE LEO Les poèmes de Léo sont en effet complètement désespérants : le leitmotiv en est «Il pleut des briques sur ce monde pourri», phrase que Léo s entraîne à déclamer inlassablement. Lorsqu il a droit à ses cinq minutes de récitation, cela donne : Léo : Il pleut des briques Pour faire des murs Des criss de grands murs de briques Pour se planter devant et se lamenter Se frapper la tête dessus et puis saigner Le poème suivant : Léo : J haïs J haïs le steak haché Les petits pois Et les biscuits au chocolat J haïs partir J haïs rester J haïs mon député La force comique de ces déclarations incongrues est facile à ressentir. On peut proposer aux élèves de pasticher ces poèmes : que chacun écrive ses détestations à la manière brève et catégorique de Léo, puis, pour faire bonne mesure, ses motifs d enthousiasme. Un travail sur le haïku peut tout à fait accompagner cette activité. Mais les poèmes de Léo, qui envahissent le plateau au cinquième jour, permettent au personnage d exprimer ce qui se profilait déjà dans le rôle qu il a endossé, celui de Raymond, mari du couple qui apparaît au cinquième jour. L homme (Léo) : Des gars qui sont obligés de quêter en pleine Amérique du Nord, ça me donne envie de scratcher des limousines, d écrire «maudits chiens sales» sur les murs de la Banque Nationale, de Puis, un poème déclamé en son nom propre : Léo : Frapper Assommer Casser Concasser Broyer Disloquer Démanteler Déglinguer Démonter Démantibuler Fracasser Bulldozer Lancer par la fenêtre Tous les morceaux brisés Finalement, innocenté par cette maladie bien spéciale, Léo peut crier sa haine et son dégoût, en Misanthrope moderne. Mais il se fait ici le porte-parole de la dramaturge, qui remet en cause dans toute la pièce, les dysfonctionnements d un monde en crise, monde qui banalise la misère et les écarts de richesse, société qui aurait besoin d être entièrement remise à plat. La radicalité des propos de Léo n est pas sans rappeler les doctrines et les hymnes révolutionnaires ( cf. l Internationale «Du passé, faisons table rase»). On peut proposer aussi, comme exemple de mise en cause radicale, la lecture du poème de Michaux intitulé «Contre» dans le recueil La nuit remue. L humour et la fantaisie de la pièce ne doivent pas nous masquer la force subversive de ce théâtre.

DEBATTRE, ARGUMENTER, CRITIQUER A PARTIR DES MAXIMES PROPOSEES PAR LA PIECE SUR LA CONDITION HUMAINE La pièce de Carole Fréchette fourmille de répliques qui sonnent comme autant de maximes quasi philosophiques. On peut les travailler dans le cadre des objets d étude consacrés à l argumentation, les associer aux Caractères de La Bruyère, aux Maximes de La Rochefoucaud, aux Pensées de Pascal. On peut faire mémoriser puis réciter quelques-unes de ces savoureuses déclarations, en variant les intentions, les rythmes, en les associant à des gestes. On peut demander aux élèves d en repérer d autres pendant le spectacle, et d établir ensuite un florilège, de mémoire. (Exercice difficile, d autant plus que la pièce de Carole Fréchette n est à ce jour pas rééditée.) Exemples : La bouche, c est passionnant, vous trouvez-pas? Quand on y pense, la bouche, c est la porte de l être. C est toi qui décides, ou bien tu l ouvres, ou bien tu la fermes. Ce qu il vous faut, pour donner un sens à votre vie, c est quelqu un qui vous regarde Vous avez l air d avoir une vie bien remplie, mais au fond, vous avez pas vraiment l impression d exister. SUR LA FONCTION DU THEATRE Plusieurs répliques de la pièce sont autant de déclarations à méditer sur les fonctions de l art. On peut proposer un questionnement préalable : A quoi sert le théâtre? A quoi sert la poésie? Et toute forme d art? Et mettre en débat ensuite la formulation de sa fonction cathartique, suivant les principes bien connus d Aristote, revivifiés ici avec humour. Simon : Mes amis et moi on va vous présenter ma vie. Enfin, pas toute ma vie [ ] Sept jours, c est juste assez.[ ] Vous regretterez pas d être venus. Tous les problèmes que j ai, vous allez voir, ça va vous réconforter. Et un peu plus tard, pour encourager Léo à écrire puis à réciter ses poèmes, «devant le monde», Simon se montre formel : Simon : Tu vas voir ils vont aimer ça. Tes idées sombres, ton désespoir, ça va leur faire du bien. Les sept jours de Simon Labrosse, extrait de l exposition

EN GUISE DE CONCLUSION Ce dossier n a pas la prétention d épuiser toutes les pistes offertes par la pièce de Carole Fréchette. Sa richesse est telle que tout n a pu être abordé. On pourrait travailler avec les élèves d autres aspects, par exemple, sur le plan esthétique, la parenté de certaines scènes avec le cirque et le numéro de clowns ; ou la construction en abyme - celle-ci est poussée à l extrême, puisque le trio d acteurs est amené à jouer une multitude de personnages, notamment celui de Nathalie, qui est à la fois réel et fantasmé. Sur le plan thématique, la jalousie, l amitié, la solitude, le dépit amoureux, la brutalité des rapports humains sont également abordés dans la pièce. Enfin sur le plan littéraire, l étude de la langue : langue contemporaine, familière, poétique, et les expressions idiomatiques (québécoises) peuvent donner lieu aussi à une réflexion intéressante. Autant de directions inexplorées que chacun pourra emprunter à son profit. INTERVIEW DE CENDRE CHASSANNE METTEURE EN SCENE DES SEPT JOURS DE SIMON LABROSSE / SI SA VIE VOUS INTERESSE. SUR VOTRE TRAVAIL DE METTEUR EN SCENE Florence Monvaillier : Qu est-ce qui a motivé le choix de monter cette œuvre de Carole Fréchette? Depuis quand connaissez-vous cet auteur, ce texte? Depuis quand mûrissez-vous ce projet? Cendre Chassanne : Nous mûrissions ce projet depuis 2008, année où nous avions donné une lecture de la pièce à la médiathèque de Clamart, dans le cadre de notre résidence au théâtre Jean Arp, résidence de 4 années 2005-2009. Nous avions lu aussi une pièce de Daniel Danis, autre auteur québécois, puisque c était le fil de l événement. J étais tombé un peu par hasard sur Fréchette et je crois que c est le caractère direct-live - comme dit Simon- qui m a percuté. La relation au spectateur et à notre actualité immédiate m intéresse beaucoup. La lecture a confirmé l emprise immédiate que le texte porte en lui. Nous nous en sommes réjouis et avons eu envie de le monter avec les acteurs. Entre temps j ai mis en scène As you like it de Shakespeare et c est une production qui m a beaucoup occupée. Après cette «grosse» production, le besoin de monter quelque chose de plus léger a fait ressurgir Les 7 jours. Les comédiens toujours partants, nous avons lancé le

projet de façon autonome c est-à-dire en autoproduction jusqu à ce que l Agora, Scène nationale d Evry, nous programme pour la création en janvier 2013 ; cela nous a mis le pied à l étrier, mais le calendrier a fait que j ai dû envisager d autres comédiens pour les rôles de Léo et Simon, au grand désespoir des deux acteurs qui avaient lu la pièce en 2008! C est ça aussi notre métier, lorsque les contrats arrivent en même temps, les comédiens sont face à des choix terribles! Ce qui est troublant et intéressant, par contre, c est que cela a, je pense, bougé mon regard sur les personnages et perturbé les évidences. Cette difficulté a ajouté, au fond. FM : Qu est-ce qui vous enthousiasme le plus, dans la création de ce spectacle? CC : Ça : la surprise de travailler avec un trio qui n était pas celui que j avais imaginé au départ. Avec le point fixe, Nathalie, qui est jouée par Nathalie Bitan. Le point fixe, la fille, l actrice : on dirait vraiment que le rôle a été écrit pour elle. Le trio fonctionne terriblement bien, ça c est enthousiasmant ; au travail, comme à la cuisine, comme à la plage! Sans blaguer, nous avons démarré le travail à Saint Suliac à côté de St Malo, dans la maison du peintre Gillet et de sa femme Thérèse : quand ça sent bon en cuisine et que ça turbine efficace à l atelier, c est vraiment bon signe! Lors de cette première semaine, nous travaillions dans l atelier de feu Gillet ; la peinture, les odeurs, la tranquillité nous ont portés. Inspirés. Cela s est fait tout seul. C est là que sont nées les premières idées scénographiques et c était juste. Mon fils a donné un coup d œil et un coup de main à la scénographie, les amis sont venus voir la première étape de ce travail et l affaire a roulé. FM : Le fait que trois acteurs seulement aient en charge autant de personnages est-il une contrainte ou au contraire une liberté pour vous? CC : Ni contrainte ni liberté, c est induit dans l écriture donc je m y colle. Et s y coller ça posait la question de la valeur de «tous ces personnages». Pour moi la donnée juste, c était que Saunier & Nathalie qui allaient jouer Léo et Nathalie n auraient pas à changer de personnage réellement. C est un jeu qu ils annoncent dès le préambule de la pièce : ils ont accepté de jouer dans la vie de Simon pour faire de l argent. Donc quand ils endossent le costume de tel ou tel type, cela reste un jeu-service qu ils rendent à Simon mais au fond ils sont toujours Léo et Nathalie. Postulat qui n est pas forcément plus simple d ailleurs ; je pense même que quelque part ce serait plus facile de forcer le changement de personnage, enlever l ambiguïté, ça facilite les choses, mais justement ce n est pas ça qui nous a intéressés. SUR LA LANGUE FM : A la lecture de la pièce, le relief de la langue québécoise apparaît dans les mots, les tournures, tous les idiomatismes, mais sa saveur me semble inséparable de l accent québécois. Vos acteurs sont-ils français? Ont-ils adopté l accent de nos «cousins» pour l occasion? CC : Oui nous sommes français et c est réellement un plaisir de lire la langue québécoise ; pour autant et cela a été clair dès le départ, nous n allions pas prendre l accent et folkloriser le registre. Le vocabulaire, les expressions sont là, véhiculant les images et parfois un autre rythme. C est assez jouissif.

SUR LE REGISTRE DE LA PIECE FM : La pièce de Carole Fréchette est amusante, mais elle traite de sujets sérieux. Comment faites-vous coexister les deux registres de la pièce dans le spectacle? CC : Je crois que ça coexiste, si on a en effet une lecture complète de ce qu elle a voulu nous raconter : l histoire de 3 types qui sont obligés de jouer des scénarios misérables, petites métaphores de nos vies, pour se sortir du néant. Alors c est drôle et c est poignant. Le type qui me propose de vivre à ma place les emmerdements de famille pour soulager mes émotions, le type qui propose de me regarder à seule fin que je me sente exister, le type qui serait là dans un coin à finir ma pensée ou mes phrases inachevées ce sont certes des propositions fantasques qui font rire, oui il a un côté amuseur de foire ce Simon, mais sa situation au fond est juste dramatique : ce type est sans emploi, il ne peut plus payer son loyer, il est au bord de tomber dans la rue et en plus au tréfonds de lui-même il est profondément seul, au point de s inventer un amour avec une Nathalie fantasmée, héroïne de l humanitaire qui soigne les maux des petits africains en Afrique! Ça c est très poétique et politique, purement un bijou : être amoureux à distance d une héroïne de l humanitaire quand on vit en pleine Amérique du nord le désastre économique! Donc comment faire pour jouer tous ces registres? Cela a été une perpétuelle empoignade avec le texte : j aime bien le mot empoignade, car c est avec le texte que je me bats, ses forces et ses pièges. Le piège de ce texte, c est qu il offre une certaine efficacité, des ressorts comiques, un système d écriture. Pour ne pas tomber dedans, il faut je crois ré-interroger sans cesse le tréfonds et ce que sont véritablement ces trois personnes qui se débattent avec leurs obsessions et la vie. FM : Lorsque vous travaillez ce texte, quelles sont les références prises dans le théâtre classique qui vous viennent à l esprit? CC : Aucune. A l instant aucune ne me revient. Je crois que je fonctionne peu par associations avec d autres œuvres quand je suis en répétitions. Je pense et fais référence à des personnes que je rencontre dans la vraie vie, dans la rue et ailleurs. J ai pensé à New York, Basquiat et aux gens qui vivent dehors. SUR LA RECEPTION DU SPECTACLE PAR LE PUBLIC FM : Que diriez-vous à un professeur pour qu il ait envie d amener sa classe à votre spectacle? CC : Je lui dirais que c est vraiment le moment d accompagner ses élèves à un spectacle qui aborde généreusement le thème de la crise et de l emploi avec fantaisie et audace! Ca peut donner des ailes! FM : Et que répondriez-vous à un adolescent qui vous dirait «Je n aime pas le théâtre»? CC : Je lui répondrais, comme je te comprends! Sauf que là c est pas du théâtre à papa et maman c est du LIVE mon gars! C est trois acteurs qui jouent leur vie, EN LIVE.

ANNEXE : LA LANGUE QUEBECOISE On peut consulter avec profit les sites suivants : http://unjouravec.net/2010/01/petit-precis-de-francais-quebecois/ http://quebechisme.wordpress.com/ http://www.wikebec.org/coudonc/definition/#sthash.egtwddoe.dpuf UNE CARACTERISTIQUE DE CETTE LANGUE : LES SACRES Le sacre est une insulte dérivée d un terme religieux qui appartient clairement au registre vulgaire. Les sacres sont légions : tabarnak, câlisse, ôstie De tous les sacres, criss est le plus intéressant parce qu un peu à la manière de schtroumpf, il est déclinable à l infini. C est sans doute le sacre le plus répandu au Québec. L adverbe crissement signifie vraiment beaucoup, mais on peut aussi utiliser criss : comme un verbe : Je m en crisse (= je m en fous) comme un autre verbe : je décrisse (= je me tire) comme un nom : Je suis en criss (= je suis très énervé) comme une interjection : Criss! (= putain!) Coudonc!(adverbe) Exprime l'étonnement, tel que "Eh ben!" ou "Voyons!" Exemple : Coudonc, y'a bin du bruit ici! (prononciation Coudon ) Chum : anglicisme pour ami («cf. mon vieux chum Léo» au début de la pièce) Dossier réalisé par Florence Monvaillier, professeur missionné au service éducatif du Théâtre - scène conventionnée d Auxerre mars 2014 Le Théâtre -- Scène conventionnée d Auxerre 54 rue Joubert -- 89000 Auxerre téléphone 03 86 72 24 24 accueil@auxerreletheatre.com www.auxerreletheatre.com