Elevage et conservation des vins Comment optimiser les conditions?



Documents pareils
Amanlis le 10 mai 2014 AUDIT THERMIQUE EHPAD LANGOURLA

VENTILATION POUR LE CONFORT D ETE

DESCRIPTION DES DOCUMENTS TECHNIQUES REQUIS

Récapitulatif de l audit énergétique de la copropriété 1 relais de la Poste à RANTIGNY 25/11/13

Les rôles de l oxygène en phase post fermentaire

Aide à l'application Preuve du besoin de réfrigération et/ou d humidification de l air Edition mai 2003

Contrôle thermographique Tarifs et prestations :

Aide à l'application EN-1 Part maximale d'énergies non renouvelables dans les bâtiments à construire Edition janvier 2009

Evaluation de cépages résistants ou tolérants aux principales maladies cryptogamiques de la vigne

Site d étude. Résultats

TECHNIQUE DU FROID ET DU CONDITIONNEMENT DE L AIR. confort = équilibre entre l'homme et l'ambiance

Aide à l'application Chauffage et production d'eau chaude sanitaire Edition décembre 2007

I ntroduction. Coffrets pour la régulation de la température et de l hygrométrie. Caractéristiques et avantages

«Grâce à BELFOR, la fuite a été immédiatement localisée. Des résultats certifiés. et le dégât des eaux évité» Des prestations associées

Valeur verte des logements d après les bases Notariales BIEN et PERVAL Synthèse

DÉCLARATIONS DU VENDEUR SUR L IMMEUBLE 1 INFORMATIONS GÉNÉRALES VENDEUR 2 / PAR VENDEUR 1 / PAR

Émissions de gaz à effet de serre (GES) pour le chauffage, la production d eau chaude sanitaire et le refroidissement

Styrodur C, un XPS exempt de CFC, HCFC et HFC. De l air, tout simplement. Ecologique, tout simplement.

Toitures plates.


FICHE ROL DEPARTEMENT DU TARN RELEVE D OBSERVATION LOGEMENT (ROL) I:\ENVIR\CB\2008\HABITAT\guide as\fiche ROL.doc

Surveillance du climat pour le stockage de produits pharmaceutiques au moyen du testo Saveris.

Principe de fonctionnement de la façade active Lucido. K:\15.Lucido \Dossier d'envoi\annexe\2011_12_explicatif du principe de la façade Lucido.

TABLE DES MATIÈRES. 1- Historique Types de ventilateurs et leurs différents usages... 1

LOG 8869 Residential Brochure_FR:Layout 1 6/4/08 11:53 AM Page 1. Construire vert ne devrait pas être un casse-tête

GUIDE DE BONNES PRATIQUES POUR LA COLLECTE DE PILES ET ACCUMULATEURS AU LUXEMBOURG

36% T.Flow VMC hygroréglable & chauffe eau thermodynamique QUAND LA VENTILATION RÉINVENTE L EAU CHAUDE. BÉNÉFICIEZ DE

Optimisation de l équilibre offre-demande, rôle des interconnexions et impact de l arrêt du nucléaire allemand pour EDF

L HUMIDITÉ DANS LES BÂTIMENTS

QU EST-CE QU UN CHAUFFE-EAU THERMODYNAMIQUE?

Températion. Six avantages qui créent l ambiance.

de l eau chaude pour toute l a famille, disponible à tout moment. Pompe à chaleur pour la production d Eau Chaude Sanitaire pompes á chaleur

Profitez au mieux de votre logement économe en énergie. Bâtiment basse consommation. Ce qu il faut savoir et comment vous adapter

la climatisation automobile

Global Construct - global construct. Fabriquez vous-même vos propres blocs de béton!

L efficience énergétique...

Bilan thermique et social simplifié

Eau chaude Eau glacée

CONCEPT H 2 ZERO ENERGY ZERO EMISSION

CERTIFICAT DE PERFORMANCE ENERGETIQUE

Réduction de la consommation énergétique des datacenter : optimisation du conditionnement d air, influence de. l architecture

Eau chaude à partir de demain plus qu il n en faut

Le séchage en grange du foin à l énergie solaire PAR MICHEL CARRIER AGR. CLUB LAIT BIO VALACTA

A unique sol ution for yo ur i

UNEP /UNESCO /UNCH / ECA

PLOMBIERS CHAUFFAGISTES ECO ARTISAN

Focus. Lien entre rémunération du travail et allocation de chômage

Présentation renouveau école Georges Pamart

Zone Région de Bruxelles Capitale

Illustration des activités du. Centre Scientifique et Technique de la Construction. dans le domaine de la Performance Energétique des Bâtiments

Le Plomb dans l eau AGENCE NATIONALE POUR L AMÉLIORATION DE L HABITAT

L assurance récoltes en France

Datacentre : concilier faisabilité, performance et éco-responsabilité

Le triac en commutation : Commande des relais statiques : Princ ipe électronique

LE CHAUFFAGE. Peu d entretien. Entretien. fréquent. Peu d entretien. Pas d entretien. Pas d entretien. Entretien. fréquent. Peu d entretien.

Fiche technique n 1 : le logement construction des boxes.

Maison Modèle BIG BOX Altersmith

Confort, qualité d air et performance énergétique

Thermostate, Type KP. Fiche technique MAKING MODERN LIVING POSSIBLE

Incitants relatifs à l installation de pompes à chaleur en Région wallonne

PROPOSITION TECHNIQUE ET FINANCIERE

2.7 Le bétonnage par temps chaud par temps froid

Etanchéité à l air dans la construction bois. Marc DELORME Inter Forêt-Bois 42

Parc Valentine Vallée Verte

Réussir son installation domotique et multimédia

Le chauffe-eau à pompe à chaleur: fiche technique à l intention des installateurs

L équilibre offre-demande d électricité en France pour l été 2015

Re-Certification 2012 Programme complet > 8 modules

ISOLER LA TOITURE INCLINÉE

IGP CITE DE CARCASSONNE-CABERNET

Comprendre la réglementation thermique 2012 (RT2012)

Financez vos travaux d économies d énergie : l éco-prêt à taux zéro

Comment bien utiliser votre assurance «Dommages-Ouvrage»

MUNICIPALITE DE GLAND

ISOLANTS EN FIBRES DE BOIS SyLvAcTIS. En isolation, le progrès c est aussi de savoir s inspirer de la nature. Entreprise certifiée

ÉTUDE SUR L EFFICACITÉ DES PNEUS D HIVER EN ÉTÉ RÉALISÉE PAR CAA-QUÉBEC

Bilan thermique et social simplifié

Comité de suivi collège Galilée du 08 octobre 2014

Etude de faisabilité

livret d éd épargne bancaire. Taux de rémunr

DIAGNOSTIC DE PERFORMANCE ENERGETIQUE TERTIAIRE

Et la ventilation créa l eau chaude

Propriétaire Ville de Fort Saskatchewan, Alberta Année de construction 2004 Superficie totale (empreinte au sol) m 2 ( pi 2 )

Analyse des visites énergie réalisées par les CCI de Rhône-Alpes en 2011 et 2012

IMMEUBLES COLLECTIFS DE LOGEMENTS CONSTRUITS ENTRE 1949 ET 1974

possibilités et limites des logiciels existants

Annexe 3 Captation d énergie

Mesurage de la qualité acoustique de revêtements. acoustique de revêtements

GSE AIR SYSTEM V3.0 L indépendance énergétique à portée de mains

MAGNA3 BIEN PLUS QU UN CIRCULATEUR

CONSOLIDATION OFFICIEUSE

Energie solaire

MESURES de BRUIT. Chantier A63 Rechargement

Collection de photos échantillons

Ventilation : Mesure et réglage des débits

PDS (Plaque de Distance de Sécurité)

Optimisation énergétique du Domaine des Hocquettes Suresnes

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Stage Intra Entreprise Personnalisé. Tarif : Intra-entreprise : 1200 / groupe Inter-entreprise : 200 / stagiaire

Fiche de lecture du projet de fin d étude

Transcription:

Elevage et conservation des vins Comment optimiser les conditions? Jean-Michel MARON - Chambre d Agriculture de la Gironde Service Vigne & Vin - Tél. : 05 56 35 58 70 Jean-Christophe CRACHEREAU - Chambre d Agriculture de la Gironde Service Vigne & Vin - Tél. : 05 56 35 00 00 1- Objectifs...1 2- Pré expérimentation 2001 sur sites, recherche des plages admissibles...2 Résultats préexpérimentation...3 Résultats analytiques...4 3- Expérimentations en enceintes climatiques et sur sites...5 Essais en enceintes climatiques Influence des conditions limites...5 Consume...5 Résultats analytiques...6 Dégustation...8 Essais sur site Influence des bâtiments et des techniques climatiques...9 Sites retenus :...9 Consume...10 Résultats analytiques...12 Dégustation...14 Tentative de modélisation...15 4- Conclusions des 3 premières années...15 5- Poursuite de l action...16 1- Objectifs Cette étude a pour objectifs : - De rechercher les plages de température et d humidité relative admissibles pour le stockage et l élevage des vins ; - D étudier les effets des types de bâtiment et des matériels proposées aux exploitations afin d obtenir les conditions souhaitées ; - D optimiser ces procédés de conservation et d élevage afin d obtenir les conditions d ambiance les plus favorables à un coût raisonnable et dans le respect de l environnement. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 1 sur 16

2- Pré expérimentation 2001 sur sites, recherche des plages admissibles Sites retenus : Sites Chais de stockage Site A Climatisé entre 12 et 16 C Site B Non isolé stockage en partie haute Site C Pierre, toiture isolé, écrêté en été à 17 C Site D Site E Monomur, toiture isolé, free colling Béton, grande hauteur, toiture non isolé, pas de murs extérieurs, infiltrations d air importantes La pré expérimentation consistait à étudier différents type de conditions allant de la quasi stabilité autour de 15 C à des conditions extrêmes de températures hautes et basses avec de fortes variations quotidiennes. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 2 sur 16

Résultats préexpérimentation Les profils mesurés avec les moyennes par décade permettent d observer que les conditions sont très variables. Température ( C) par décade pour les chais A, B, C, D, E 30 25 20 15 10 5 0 02/08/01 02/09/01 chai A chai B chai C chai D chai E 02/10/01 02/11/01 02/12/01 02/01/02 02/02/02 02/03/02 02/04/02 02/05/02 02/06/02 02/07/02 02/08/02 Le chai A est un chai un peu diffèrent des précédents puisqu'il est climatisé. Cela se confirme surtout par des écarts entre décades (1.96 C) plus faibles que les autres chais. Le chai B est nettement le chai le plus chaud avec une moyenne de 19,41 C et un maxi de 29.65 C. Ses températures qui varient de 1,15 C entre les heures, de 2,2 C entre les moyennes journalières et de 7,41 C entre décades. C'est un chai qui a une mauvaise isolation et une mauvaise inertie thermique. Le chai C a la moyenne des températures la plus basse sur l'année avec 13.35 C. Sa variation entre heures est de 0.64 C, entre jours de 1,2 C et entre décades de 7 C. C'est un chai qui suit les variations saisonnières mais qui amortit correctement les variations sur la journée et d'une journée sur l'autre. Sa climatisation permet de maintenir la température à l'intérieur du chai autour de 17 C pendant la période estivale. Le chai D est un chai bien isolé (maxi de 20.77 C sans climatisation) et qui a une très bonne inertie thermique (écart entre heures de 0,41 C, entre jours de 0.84 C) mais il est bien sûr influencé par les variations saisonnières avec une variation entre décades de 6.32 C. Le chai E a un maxi de 22.65 C dû à une isolation moyenne et un renouvellement d'air naturel important. Mais il dispose d'une bonne inertie thermique puisque la variation des températures entre les heures est de 0,58 C, entre les jours de 1,02 C. La variation entre décades est de 7,5 C. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 3 sur 16

Résultats analytiques Evolution annuelle des anthocyanes - Essai ECRGIN - 2001/2002 470 Chai A Chai B Chai C Chai D Chai E 420 370 320 270 02/08/01 02/09/01 02/10/01 02/11/01 02/12/01 Anthocyanes libres mg/l 02/01/02 02/02/02 02/03/02 02/04/02 02/05/02 02/06/02 02/07/02 02/08/02 Date Si l on s intéresse en particulier au dosage des anthocyanes libres qui est un marqueur connu de l influence des températures, on remarque que le chai non isolé avec stockage en hauteur subit une perte d anthocyanes libres beaucoup plus importante que les autres modalités. Aux erreurs de mesure prés, les autres modalités ne sont pas différentiables sur ce dosage. Les conditions extrêmes en température haute sont donc préjudiciables à la bonne conservation des vins. L influence des températures basses ou stables en deçà de 20 C semble en revanche moins déterminante sur ce dosage. La dégustation confirme ces résultats : Les vins qui ont subit le plus de variations de températures (chai B et chai E) semblent plus évolués mais aussi plus déséquilibrés que les autres vins. Les préférences des dégustateurs vont vers les vins conservés dans les chais C et A. Ce sont des chais qui ont des variations de températures entre heures, qui subissent les variations saisonnières mais qui amortissent les variations entre jours. Ils ont de plus une moyenne des températures sur la période étudiée assez faible (12,74 C pour C et 15,6 C pour A). variations de températures + longues périodes de températures > 20 C! vin plus évolué! vin plus déséquilibré Vin du chai B rejeté Préférences non significatives vers les vins des chais C et A. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 4 sur 16

3- Expérimentations en enceintes climatiques et sur sites Essais en enceintes climatiques Influence des conditions limites Enceintes Conditions de stockage - Contenants : Barriques et fûts inox N 1 Température : 22 C Humidité rel. : 80 % N 2 Température : 12 C Humidité rel. : 80 % N 3 Température : 12 C Humidité rel. : 55 % N 4 Température : 22 C Humidité rel. : 55 % Les conditions limites ayant été établies lors de la pré expérimentation, il semblait intéressant d étudier le comportement des vins en enceintes climatiques à des températures et humidité relative stables. Cette étude comporte également un comparatif entre 2 types de contenant, l un étanche (fûts inox), l autre assurant une oxydation ménagée (barriques de 2 vins). Consume Vitesse de consume moyenne des barriques dans les enceintes climatiques 45.0 40.0 35.0 ml/jour 30.0 25.0 20.0 15.0 4.2 %/an 5.3 %/an 4.2 %/an 10.0 5.0 0.0 04-juin 21-août Date 29-oct 22-janv 10-avr Enceinte 1: 22 C - 80%HR Enceinte 2: 12 C - 80%HR 2.9 %/an Enceinte 3: 12 C - 55%HR Enceinte 4:: 22 C - 55%HR On peut constater au vu de ces premiers résultats que l on obtient véritablement des comportements biens distincts liés bien sûr aux conditions hygro-thermiques : Avec une enceinte n 4 qui génère le plus de consume (5.3 % / an) Avec une enceinte n 2 qui génère le moins de consume ( 2.9 % / an) Avec deux enceintes n 1 et n 3 qui génèrent une consume très proche (4.2 % / an) On peut noter également une consume plus élevé durant la phase d imprégnation sur les enceintes 1 et 2 qui sont les plus humides. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 5 sur 16

Résultats analytiques Evolution des anthocyanes Moyenne des barriques 1 et 2 Enceinte 1 Enceinte 2 Enceinte 3 Enceinte 4 700 650 600 550 mg/l 500 450 400 350 300 250 avr-02 mai-02 juin-02 juil-02 août-02 sept-02 oct-02 nov-02 déc-02 janv-03 Evolution des anthocyanes Témoins Fûts Inox Enceinte 1 Enceinte 2 Enceinte 3 Enceinte 4 700 650 600 550 mg/l 500 450 400 350 300 250 avr-02 mai-02 juin-02 juil-02 août-02 sept-02 oct-02 nov-02 déc-02 janv-03 Nous observons dans tous les cas une baisse de la teneur en anthocyanes libres qui peut être liée à la combinaison avec les tanins (stabilisation des anthocyanes) ou à une dégradation oxydative ou précipitation sous forme colloïdale (matière colorante instable). Nous observons clairement l effet des températures élevées sur cette chute d anthocyanes à la fois dans les barriques et dans les fûts inox. L effet des conditions oxydantes ne semble pas importante (teneurs finales proches entre les barriques et les fûts inox). L humidité relative joue également très peu sur les teneurs en anthocyanes 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 6 sur 16

Acidité volatile g/l H2SO4 BARRIQUES Enceinte 1 Enceinte 2 Enceinte 3 Enceinte 4 0,55 0,5 0,45 0,4 0,35 0,3 0,25 avr-02 mai-02 juin-02 juil-02 août-02 sept-02 oct-02 nov-02 déc-02 janv-03 Les acidités volatiles des fûts inox restent basses dans toutes les enceintes. Dans les barriques, nous observons des évolutions plus marquées liées à la fois à l effet de la température et de l oxygénation liée au niveau de consume. Ainsi, l enceinte 2 à basse température et faible consume (donc faible apport d oxygène) est défavorable au développement des bactéries acétiques et donc à l augmentation d acidité volatile. Dans les autres enceintes, il semble que le niveau de pénétration d oxygène supérieur explique l acidité volatile plus forte (même dans l enceinte 3 qui conservait une température fraîche). L enceinte 1 présente une augmentation d acidité volatile incohérente par rapport à ce que nous venons d expliquer car son niveau de consume est tout à fait moyen. L examen des niveaux de SO2 libre peut nous donner un complément d information. Les niveaux de SO2 libre ont été assez bien maîtrisés dans l ensemble des modalités sauf pour les barriques de l enceinte 1 qui présentent un niveau plus faible en début de période, ce qui explique l acidité volatile plus importante de ces modalités. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 7 sur 16

Dégustation Concentration µg/l 400 350 300 250 200 150 100 50 0 386 227 Concentration en Whisky Lactone en µg/l 144 152 182 145 E1 E2 E3 E4 Enceintes Climatiques 293 247 Suite aux résultats de dégustation qui montraient une forte différence au niveau du caractère boisé des vins élevés en barriques dans les enceintes, nous avons fait analyser les composés du bois pour les quatre vins, à savoir : la whisky lactone, l'eugénol, et la vanilline. On remarque tout d'abord que c'est le vin de l'enceinte 1 qui est le plus concentré pour les trois composés. Vient ensuite celui de l'enceinte 4 qui est également très concentré en eugénol, whisky lactone et vanilline. Les vins des enceintes 2 et 3 ont des valeurs semblables mais très inférieures à celles trouvées pour les vins des enceintes 1 et 4. Les valeurs passent quasiment du simple au double. Les hautes températures vraisemblablement la vitesse de libération des composés du bois de la barrique dans le vin. De plus, les concentrations des trois composés augmentent dans les mêmes proportions ce qui ne modifie pas l'équilibre aromatique du vin. Températures élevées :! Evolution supérieure de la couleur et des arômes! Arômes boisés supérieurs en barriques! Préférence des dégustateurs après un an d élevage Les vins élevés à haute température en fûts et en barriques ont été nettement préférés par les dégustateurs par rapport aux vins élevés à faible température. Le jury a apprécié la qualité des arômes au nez et en bouche et l'intensité aromatique en ce qui concerne les vins élevés sous bois. Lors de la dégustation, les vins de l'enceinte chaude n 4 en particulier ont été jugés plus qualitatifs en général au niveau gustatif, la température a vraisemblablement accéléré les réactions de condensations des tanins. Sur vins jeunes, l'évolution semble avoir été perçue positivement par les dégustateurs. La température a également un effet remarquable sur l'extraction des composés du bois. A l'analyse sensorielle les vins élevés en enceintes chaudes sont significativement plus boisés. Ils ont un taux en whisky lactone, eugénol et vanilline deux fois supérieur aux autres vins à l'analyse des composés du bois par chromatographie en phase gazeuse. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 8 sur 16

Essais sur site Influence des bâtiments et des techniques climatiques Sites retenus Sites Chais de stockage - Contenants : Barriques et fûts inox Site C Pierre, toiture isolé, écrêté en été à 17 C Site D Monomur, toiture isolé, free colling Site E Béton, grande hauteur, toiture non isolé, pas de murs extérieurs Site F Enterré en carrière naturelle Site G Semi enterré, écrêté en été à 18 C et humidité à 85 % HR Le chai C : C'est un chai en pierre ayant des murs de 40 cm d'épaisseur, une bonne isolation en plafond (combles), une ventilation contrôlée en température et une climatisation d'appoint pour écrêter les températures supérieures à 17 C en été. Le chai D : C'est un chai neuf en brique "monomur", mur de 40 cm, isolé en toiture (combles ventilés), comprenant une régulation automatique de la ventilation en fonction des conditions de température et d'hygrométrie. Le chai E : C'est un chai en béton, intégré dans une grande structure (cave coopérative) avec une bonne inertie thermique mais avec de forts courants d'air. Le chai F : C'est un chai qui se situe dans une ancienne carrière de pierre au sol en terre battue. Il s'étend sur une superficie de 10 000 m², le renouvellement de l'air se fait grâce à une ventilation forcée pilotée par un hygromètre, Cette ventilation a été mise en place car la condensation était trop importante en été avec la formation d'un brouillard à l'entrée de la cave. Le chai G (barrique 1): C'est un chai à barrique neuf d'une grande capacité, semi-enterré, isolé et régulé en température et en hygrométrie. Les fûts et les barriques sont placés au milieu des autres barriques du chai. Le chai G (barrique 2) : Seule une barrique a été entreposée ici. Il s'agit du chai G, mais la barrique a été placée près de la porte du chai. Elle subit donc des mouvements d'air très fréquemment. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 9 sur 16

Consume Vitesse de consume moyenne des barriques sur sites 70 60 50 ml/jour 40 30 20 10 0 06-mars 10-avr 06-juin Date 22-août 28-oct 21-janv Site G-barrique 2 4.1%/an Site G-barrique 1 3%/an Site F 1.2%/an 3%/an Site E Site D 2.9%/an Site C 3.2%/an Le chai C est le chai qui consume le plus avec 3.2 % / an (hormis la barrique 2 du chai G sur laquelle nous reviendrons). La consume d été est un peu aggravée à cause de l utilisation de la climatisation. De plus le comportement hivernal de la ventilation contrôlée n est pas géré par un contrôle d humidité, ce qui entraîne des renouvellements d air sec et donc une consume hivernale un peu élevé. La phase d imprégnation dure environ 1 mois. moyenne Mini Maxi T : 14.49* 7.75* 18.4* HR : 85.8* 55.5* 95.6* *Valeurs sans la périodedu 26/11/02 au 20/1/03 Le chai D a une consume moyenne (2.9 % / an) due à un renouvellement d air naturel contrôlé à partir de la température et de l hygrométrie. Sa consume d été est correcte pour des températures parfois supérieures à 19 C. La consume hivernale est assez bien maîtrisé par le contrôle du renouvellement d air sur la température et sur l humidité relative. La phase d imprégnation dure environ 1 mois. moyenne Mini Maxi T : 14.8 9.8 20.1 HR : 84.5 63.4 98.9 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 10 sur 16

Le chai E a la consume d été la plus faible, liée à un renouvellement d air naturel assez humide en été 2002 (jusqu à 100 % certaines nuits). Ces renouvellements non contrôlées génèrent en revanche des effets secondaires (condensations, moisissures, odeurs). Ces courants d air non contrôlés se répercutent dans la consume d hiver qui est la plus élevée (sauf le chai F en carrière) à cause des renouvellements d air sec. La consume globale est de 3 % / an. La phase d imprégnation dure environ 1 mois. moyenne Mini Maxi T : 13.76 1.18 19.23 HR : 83.8 43.1 100 Le chai F peut constituer, là aussi, une référence puisque sa consume globale est largement la plus faible (de 1.2 % / an). Des température basses avec un taux d humidité relative à 100 % n entraînent que très peu d évaporation. Seule la phase d imprégnation (sur le premier mois environ) consume plus que les autres chais. Nous pouvons confirmer l hypothèse que les phénomènes de capillarité existant lors de la phase d imprégnation soient accélérés par une humidité relative élevée. Il va sans dire que cette humidité à saturation génèrent des effets secondaires (condensations, moisissures, odeurs). moyenne Mini Maxi T : 12.86* 10.35*14.81* HR : 99.9* 93.8* 100* *Valeurs sans la période du 28/10/02 au 20/1/03 Le chai G (barrique 1) malgré son système d humidification, a une consume voisine des autres chais de 3 % / an. La consume est aggravée en été à cause de l utilisation de la climatisation. La consume d hiver est en revanche bien maîtrisée, sûrement grâce au système d humidification. Comme pour le chai F, la phase d imprégnation (sur le premier mois environ) consume plus que les autres chais. moyenne Mini Maxi T : 15.8 9.85 18.21 HR : 84.45 57.3 93.3 La barrique 2 du chai G est placée prés de l entrée du chai et subit donc les renouvellements d air parasites dus à l ouverture fréquente du quai de déchargement. Ceci explique une consume très sensiblement supérieure à la barrique 1 (+ 1.1 % / an). 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 11 sur 16

Résultats analytiques Anthocyanes libres (m g/l) BARRIQUES Chai C Chai D Chai E Chai F Chai G (B1) Chai G (B2) 480 460 440 420 400 380 360 340 320 févr-02 mars-02 avr-02 mai-02 juin-02 juil-02 août-02 sept-02 oct-02 nov-02 déc-02 janv-03 Les teneurs en anthocyanes libres diminuent dans tous les chais. Cette diminution peut être due soit à une stabilisation des anthocyanes avec les tanins, soit à une dégradation. Nous constatons que le chai F présente les teneurs les plus importantes en anthocyanes, ce qui confirme l effet des températures basses que nous avons observé dans les enceintes. A l inverse, la seconde barrique du chai G présente les teneurs les plus faibles. La barrique 2 du chai G présente une consume particulièrement importante, probablement accompagnée d une oxygénation importante du vin et d écarts hygro-thermiques élevés. Sur tous les sites, les teneurs en anthocyanes des barriques et des fûts inox suivent les mêmes variations. Nous pouvons donc en conclure que l influence de l oxygénation ménagée sur les teneurs en anthocyanes est très faible. Seule la barrique 2 du Chai G présente une teneur finale en anthocyanes plus faible que les autres, il y a peut être eu une dégradation oxydative des anthocyanes dans ce cas précis. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 12 sur 16

Acidité volatile g/lh2so4 TEMOINS Chai C Chai D Chai E Chai F Chai G 0,55 0,5 0,45 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 13/02 /02 13/03/02 13/04/02 13/05/02 13/06/02 13/07/02 13/08/02 13/09/02 13/10/02 13/11/02 13/12/02 13/01 /03 Les niveaux d acidité volatile des différents fûts inox sont assez proches et augmentent peu. Nous remarquerons tout de même un niveau particulièrement stable pour les chais les plus frais (C et F). Acidité volatile g/l H2SO4 BARRIQUES Chai C Chai D Chai E Chai F Chai G (B1) Chai G (B2) 0,55 0,5 0,45 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 févr-02 mars-02 avr-02 mai-0 2 juin-02 juil-02 août-02 sept-02 oct-02 nov-02 déc-02 ja nv-03 En barriques, l augmentation est plus importante en raison de la pénétration d oxygène sur toutes les modalités. Deux modalités ressortent particulièrement : le Chai D vers la fin du suivi et la barrique 2 du chai G pendant toute la période. Dans le cas de cette dernière barrique, il semble que la pénétration d oxygène importante associée à la consume forte soit responsable de cette augmentation. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 13 sur 16

Dégustation Cartographiedes préférences Chai D Chai C Chai G-Barrique 1 Chai G-Barrique 2 Chai F Chai E Direction de préférence des dégustateurs Dégustateurs malreprésentés Nous voyons que sur la cartographie des préférences presque aucun dégustateur ne se trouve à droite de l'axe F2, ce qui signifie que le vin de la barrique 2 du chai G est très largement rejeté. En effet dans le tableau récapitulatif n 27, aucun dégustateur n'apprécie le vin et celui-ci obtient le plus gros pourcentage de dégustateur le rejetant : 25 %. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 14 sur 16

Tentative de modélisation En simplifiant au maximum les variables de sorties, nous ne conserveront que les anthocyanes, l'icm et l'acidité volatile qui expliquent le plus de variabilité sur les ACP des analyses physico-chimiques. Nous avons tenté par régression linéaire de bâtir un modèle pour ces trois variables pour un élevage en barrique, ainsi que pour la consume qui est une donnée importante pour les viticulteurs et négociants. La modélisation ne concerne donc que les barriques. Les coefficients obtenus peuvent variés en fonction du vin ou du type de barrique. - La consume des barriques dépend de l'évaporation du vin et devrait donc logiquement être fonction de la température et de l'hygrométrie (que le plan d'expérience faisait aussi ressortir). - L acidité volatile est fortement influencée par l'oxygénation du vin qui augmente avec la consume. - Les anthocyanes sont sensibles à la chaleur et se condensent plus rapidement en présence d'oxygène dissout. - Une augmentation de l'icm est le résultat de cette stabilisation de matière colorante. Ces quatre variables devraient donc évoluer en fonction des conditions de température et d'hygrométrie. 4- Conclusions des 3 premières années " Les variations climatiques lentes Hiver-Eté ne sont pas jugées préjudiciables à l élevage des vins étudiés :! Lorsque les températures des vins ne dépassent pas longuement 20 C.! Lorsque l humidité moyenne est = 85 %HR dans les chais à barriques. " Pour rester dans ces limites dans notre région, les techniques peuvent être, la plupart du temps naturelles. " Les techniques artificielles (climatisation, apport d humidité) doivent être étudiées au cas par cas, car elles génèrent des effets secondaires et consomment de l énergie. " L effet de la température se manifeste au niveau de la consume, de l évolution des vins et du caractère boisé en barriques. " Le lien entre la consume et l augmentation d acidité volatile est important en barriques (importance indirecte de l humidité). " Certains effets sont mis en évidence à partir des conditions constantes, nous avons réussi à modéliser les évolutions des vins à partir des résultats obtenus en enceintes pour expliquer les différences entre sites. 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 15 sur 16

5- Poursuite de l action " Influence des variations d ambiance et de la lumière en enceintes climatiques : Enceinte 1 : T C= 10 à 22 C HR%= 65 linéaire Lux= 0 à 500 par paliers Enceinte 2 : T C= 10 à 22 C HR%= 80 variations par décade- Lux= 0 à 500 par paliers Enceinte 2 : T C= 10 à 22 C HR%= 90 variations quotidiennes - Lux= 0 à 500 par paliers Enceinte 1 : T C= 14 C HR%= 55 à 90 par paliers Lux= 0 à 500 par paliers " Répétition de l essai sur site " Influence des conditions de transport " Influence des contenants, du bouchage, de l inertage " Diffusion dans la presse spécialisée, lors des colloques et sur notre site MatéVi www.matevi-france.com matevi@gironde.chambagri.fr -=-=- 04/09/2003 Chambre d Agriculture de la Gironde - Service Vigne & Vin Page 16 sur 16