Forum sur les Robustas africains & 2 ème ASSEMBLEE GENERALE Libreville, Gabon 30 31 janvier 2013 RAPPORT DE SYNTHESE DU FORUM : Compétitivité et Durabilité du Robusta Africain
ATELIER 1 : PROMOTION DES ROBUSTAS AFRICAINS I- Contexte Le marché mondial du café est depuis quelques temps favorable aux pays producteurs compte tenu d une demande qui continue de croître à environ 2% par an, et une offre qui est de plus en plus dépendante de deux origines (Brésil et Viêtnam), et qui, dans les autres pays producteurs, ne semble pas suivre au même rythme. La consommation mondiale du café Robusta a augmenté ces dix (10) dernières années, mais les plantations de café des pays africains souffrent encore de rendements trop faibles et ne profitent pas pleinement de cette augmentation tendancielle de la demande mondiale à l inverse des pays comme le Viêtnam. Le graphique de l offre et de la demande ci-dessous démontre une tendance positive de la croissance de la demande, avec une offre qui, à long-terme, semble rester inférieure à la consommation. Graphique 1 : Projection de l Offre et de la Demande de café 180 170 160 150 140 million bags 130 120 110 100 90 80 Total production Total consumption Production trend High 2.4% Consumption 2% Low 1.5% Source : OIC/NKG Malgré une hausse tendancielle de la demande, on constate que le prix du Robusta est constamment inférieur à celui de l Arabica. Bien que ce différentiel ait baissé depuis les derniers 12 mois, il reste toujours à environ US Cents : 60/lb entre le marché de New York (Arabica) et le marché de Londres (Robusta). Ceci représente une opportunité pour les producteurs de Robusta, étant donné que l industrie sera toujours motivée de modifier leurs mélanges en faveur du Robusta, dans la mesure du possible. 1
Graphique 2: Prix indicatifs composés des différents cafés sur les 10 dernières années US cents per pound 240 230 220 210 200 190 180 170 160 150 140 130 120 110 100 90 80 70 60 50 Source : OIC Colombian Milds Other Milds Brazilian Naturals Robustas II- Problèmes relevés Cette situation nous amène à nous interroger sur les raisons qui peuvent justifier une telle disparité entre le prix du Robusta et celui de l Arabica. Les principales faiblesses du Robusta africain sont : - l inconstance de la qualité ; - l irrégularité des livraisons, liée souvent à l insuffisance des infrastructures ; - la mauvaise présentation physique des graines de café ; - la vieillesse du verger et des planteurs ; - l absence d un prix rémunérateur aux planteurs ; - la faiblesse des rendements ; III- Recommandations Tableau 1 : Les actions à entreprendre par l ACRAM pour améliorer l image du Robusta africain sur le marché international, le rendre plus compétitif et plus rémunérateur? 2
ACTIONS RECOMMANDÉES Cibler les potentiels acheteurs Créer un service de Marketing intelligence afin d identifier les acheteurs et les marchés potentiels Faire le marketing du Robusta dans trois secteurs DEMARCHES À ENTREPRENDRE POUR Y ARRIVER -Identifier les industriels qui achètent en gros ; -Identifier le marché de niche (des cafés fins) ; -Identifier le marché local. -Prendre contact avec les acheteurs potentiels ; -Utiliser des supports commerciaux adaptés au secteur. Le secteur Industriel qui achète en gros : - Dynamiser la production et le rendement des planteurs ; - Créer un service de marketing intelligence afin d identifier les marchés disponibles ; - Observer la concurrence étrangère en termes de Robusta exemple : l Asie ; - Demander à l ACRAM de faire du lobbying dans les pays producteurs de café ; - Demander à l ACRAM d agir en tant que prestataire de services sur la gestion des contrats de vente à l étranger et les cas de litiges ; - Organiser des plateformes de rencontres entre producteurs et acheteurs. Le secteur des marchés de niche : - Cibler les pays producteurs de Robusta qui seraient potentiellement intéressés par les défis du café Robusta de haute qualité exemple au Gabon qui ne peut pas produire en quantité mais qui a un fort potentiel en termes de qualité ; - Mettre en place des stations de lavage écologique avec un cahier des charges en termes de qualité à suivre rigoureusement par les planteurs et de ce faire attribuer une certification «ACRAM» par exemple ; - Assister aux foires internationales pour permettre une meilleure promotion des qualités du Robusta. - prendre contact avec les acheteurs du marché «café specialty» Le secteur du marché local dans les pays producteurs : - Instaurer dans les pays producteurs de café gourmet des concours de Barista pour développer chez les jeunes un attrait du café ; - Mettre en place des concours de qualité entre planteurs ; - Identifier les différents types de consommateurs. NB : Les démarches à entreprendre pour y arriver seront à définir en fonction des budgets nécessaires. Ensuite, prioriser les cas les plus urgents. 3
ATELIER 2 : PLATE-FORME DE COOPERATION I- Contexte A l exception de l Ouganda et de la Tanzanie, tous les pays producteurs de Robusta en Afrique ont vu leur production baisser de façon drastique au cours des deux dernières décennies, alors qu au même moment la demande mondiale ne cesse de croître. La filière Robusta africaine semble être caractérisée par une dispersion généralisée que l on peut observer à tous les niveaux de la chaine de valeur : la recherche, la production, la mise en marché et la promotion. La recherche : elle se trouve souvent dans le domaine le moins loti et dans les affectations des budgets nationaux. Elle accuse un certain retard dans certain pays avec ses conséquences néfastes : lessivage des collections existantes en raison d un entretien moins que sommaire, insuffisance de la coopération avec les réseaux de recherche internationaux, étroitesse de la variabilité génétique du verger caféicole, manque de matériel résistant et performant à proposer aux planteurs, etc. La production : la superficie moyenne des exploitations de café se situe autour d un hectare, avec des rendements de l ordre de 300 kg/ha. Il est par conséquent difficile d en faire une activité économiquement viable. La mise en marché : tant sur le plan de la commercialisation interne que sur celui des exportations, les quantités commercialisées sont souvent réduites et les exportations se font toute l année. Autant de choses qui rendent la filière peu compétitive et sans grand attrait. La promotion : quant à elle reste l un des grands maux du Robusta africain. Le mode d organisation et de financement des différentes filières nationales rend impossible une promotion à long terme, seul gage de repositionnement du Robusta africain sur le marché international. II- Problèmes relevés Comment les membres de l ACRAM pourraient-t-ils s y prendre pour rendre leurs filières plus compétitives et améliorer leurs productions tant en qualité qu en quantité? Est-il raisonnable de continuer de manière dispersée à développer des initiatives qui ont peu d impacts ou pire vouées à l échec? Ne serait-il pas plus judicieux de mutualiser les efforts et ressources des membres de l ACRAM afin d obtenir des résultats plus probants au bénéfice de tous? Des travaux menés au niveau de la CEEAC ont abouti à la recommandation de mettre en place un cadre permanent de concertation regroupant les responsables des filières nationales au plus haut niveau, afin de fédérer les filières nationales dans une dynamique de mutualisation et d échanges. Comment améliorer la production en quantité et en qualité? Comment mutualiser les efforts des uns et des autres? III- Recommandations 4
Recommandation 1 : Amélioration de la productivité et de la production. - Structurer et encadrer les producteurs en organisations professionnelles agricoles (Groupements, coopératives etc.) ; - Former les producteurs aux bonnes pratiques agricoles durables (y compris les techniques de pré récolte et de post récolte pour améliorer la qualité) en impliquant les jeunes et les femmes afin d améliorer la productivité et la qualité ; - Moderniser les systèmes de production qui préservent les sols et encouragent la diversification ; - Faciliter aux producteurs l accès au matériel végétal performant et aux intrants notamment les engrais, en mettant en place des mécanismes de financements appropriés et des systèmes de distribution efficients, - Décentraliser les centres de production et de diffusion du matériel végétal, l objectif étant de rapprocher le matériel végétal des producteurs ; - Mettre en réseau les centres de recherche (aux niveaux national, régional et international) ; - Former les chercheurs sur les techniques de multiplication végétale, - Apporter des appuis aux producteurs pour renforcer leur capacité de production (financements, intrants, etc.) ; - Entreprendre la recherche sur la lutte phytosanitaire sur le café ; - Mettre en place des mécanismes de financement durables des services de vulgarisation et de la recherche (mettre en place un cadre réglementaire à cet effet), l objectif étant de renforcer la capacité de ces institutions et de susciter l intérêt des jeunes à la recherche ; - Effectuer des prélèvements fiscaux sur les exportations et les importations de produits finis de café en vue du financement des programmes de relance de la production caféière ; - Entreprendre des actions de promotion pour favoriser la consommation locale et régionale du café ; - Créer des projets d appui à la fertilisation des vergers caféiers ; - Réhabiliter les vieux vergers ; - Replanter /créer de nouvelles plantations avec du matériel végétal performant ; - Réaliser des infrastructures socioéconomiques pour améliorer les conditions de vie et le cadre de travail du producteur dans sa communauté. Recommandation 2 : Amélioration de la qualité pré récolte et post-récolte. - Formation des producteurs sur les techniques pré et post-récoltes à travers les champs écoles ; - Faciliter l acquisition des équipements de traitement (décorticage, déparchage, etc.). Recommandation 3 : Amélioration de la mise en marché. - Réduire le circuit de commercialisation notamment les délais de stockage ; - Améliorer et stabiliser les prix ; - Faire l inventaire des mécanismes de fixation des prix ; - Mettre en place un système d information des prix. Recommandation 4 : Création d une plate-forme entre les acteurs de la filière. - Mieux coordonner les efforts et optimiser les ressources des secteurs publics et privés pour maximiser les impacts des initiatives (mutualiser) ; - Mettre en place des mesures incitatrices/créer un environnement incitatif pour attirer les investisseurs (code des investissements) ; - Faciliter la communication des résultats et acquis des projets et des activités de recherche par l ACRAM en vue de leur meilleure diffusion et valorisation (voir tableau 2). 5
Tableau 2 : Liste de projets ayant été conduits avec succès et de nature à intéresser d autres pays ou d autres membres de l ACRAM. INTITULE DES PROJETS PAYS INDICATIONS SUCCINCTES SUR LES PROJETS 1. Café gourmet Financement FCPB 2. Appui à la fertilisation du cacao et du café 3. Plan d urgence à la réduction de résidus des pesticides du cacao et du café GABON CAMEROUN CAMEROUN 1. Projet pilote en phase terminale pour la vulgarisation de la technique de café lavé. 2. Apport de fertilisants aux planteurs 3. Suivre l emploi des pesticides 4. Protection du verger CAMEROUN 4. 5. New Generation CAMEROUN 5. Formation et établissement des jeunes. 6. Système d information des filières café et cacao 7. Café terroir 8. Etude de l impact de la trachéomycose sur le verger caféier congolais. Financement ONC 9. Projet de revitalisation du centre de multiplication et de diffusion de matériel génétique amélioré. Financement ONC 10. Projet de lutte contre la trachéomycose du café. Financement Union européenne. 11. Improvment of coffee production in Africa by the control of Coffee wilt disease. Financement CFC CAMEROUN COTE D IVOIRE RDC RDC RDC RDC 6. 7- Projet pilote conduit en RCI ; 4 terroirs identifiés, études sur les caractéristiques de café de ce terroir. 8. Ce projet a permis de détourner le foyer primaire de la trachéomycose et l incidence de cette maladie dans les différentes zones caféières. Cette étude a conduit à la proposition des actions et moyens pour réduire l infection. 9. Des centres de bouturage ont été mis en place à Béni et le matériel génétique produit a été distribué aux planteurs. 10. Des stratégies appropriées de gestion de lutte contre la trachéomycose ont été développées. Le matériel résistant identifié et la caractérisation de la résistance du café a été effectuée. 11. Cette étude a permis la collecte des informations en rapport avec l impact des pratiques agricoles et les méthodes de lutte sur l expression et l expansion de la trachéomycose. NB : Cette liste est à titre indicatif et peut être soumise à complément. IV- Questions à mettre à l ordre du jour d un cadre permanent de concertation 1. Création d un réseau d échange d informations entre les institutions nationales et internationales ; 2. Mise en place d un partenariat public privé ; 3. Recherche et mobilisation des ressources financières innovantes ; 4. Mesures incitatives pour la promotion (production et mise en marché) du café ; 5. Etat des lieux des vergers et leurs producteurs. 6
ATELIER 3 : GENRE, FEMMES AFRICAINES DANS LE CAFE I- Contexte L activité de la femme est primordiale au sein de la famille rurale africaine. A la fois mère, épouse, cultivatrice, commerçante, etc., le quotidien de la femme africaine détermine bien de fois le présent et l avenir de toute la famille. Dans la filière café en particulier, la femme est présente à divers niveaux, et souvent réduite aux tâches les plus pénibles. Rarement propriétaire de l exploitation familiale de café, la femme africaine s y dépense sans compter, fournissant parfois plus d efforts que le conjoint. Dans les rares cas où elle est propriétaire de l exploitation, elle y travaille toute seule, ou avec ses enfants. Bien entendu, cette charge de travail s ajoute à son quotidien de ménagère (entretien de la maison, repas, corvée d eau, etc..), de mère, d éducatrice, de cultivatrice des produits vivriers et parfois même de commerçante. Dans bien des cas, les revenus financiers issus du travail de la femme sont gérés directement par le mari, reléguant une fois de plus la femme au second plan. Plus on remonte la chaine de valeur, moins on rencontre les femmes. Tout se passe comme si les hommes confisquent la partie la plus rémunératrice et la moins pénible dans la filière. Très peu de femmes sont propriétaires ou responsables dans des structures de décorticage, de torréfaction ou d exportation. II- Problèmes relevés Malgré leur forte implication et leur aptitude à s organiser en coopératives, les femmes : - sont réduites aux activités les plus pénibles et les moins rémunératrices ; - ont peu ou pas accès aux services (crédits, appui-conseils, etc.) et aux ressources (terre, main d œuvre, etc.) ; - sont peu représentées dans les structures de gestion de la filière café, dans les réunions et les conférences internationales. Comment : - Soutenir les approches participatives et les associations des femmes dans le développement de la filière café Robusta? - Inciter les organismes et administrations d encadrement à renforcer les capacités et à accompagner la femme rurale dans la filière? - Promouvoir la participation des femmes dans les structures de gestion de la filière? - Développer des réseaux d échange d informations entre les femmes impliquées dans la filière? - Faciliter l accès des femmes aux technologies appropriées permettant de réduire la pénibilité du travail et les charges d exploitations? - Encourager l égalité en matière d emploi, de conditions de travail et d accès à la formation professionnelle dans la filière café Robusta? III- Recommandations Tableau 3 : Actions à entreprendre par l ACRAM pour valoriser le rôle et le travail de la femme africaine dans la filière café. 7
ACTIONS RECOMMANDEES 1. Respecter la représentativité des femmes au sein des structures de l ACRAM (CA et AG) 2. Adherer ACRAM à IWCA (International Women for Coffee Alliance) 3. Faire participer les femmes aux forums internationaux sur le café 4. Identifier les femmes dans la filière café, les regrouper et les appuyer dans chaque pays membre 5. Promouvoir la caféiculture en ciblant le rajeunissement de la force de production 6. Faire un plaidoyer auprès des Institutions en charge pour une politique en vue de l acquisition effective des terres par les femmes 7. Faire un plaidoyer auprès des Institutions en charge en vue de : - la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes; - l élimination de la maltraitance. DEMARCHES A ENTREPRENDRE POUR Y ARRIVER 1. Organiser les femmes dans la filière café dans chaque pays. 2. Procéder aux formalités d adhésion. 3. Chercher des financements pour la prise en charge de la participation d une femme au moins par pays membre de l ACRAM au 50 ème anniversaire de l OIC au Brésil en septembre 2013. 4. Envoyer des missions sur le terrain en vue de mettre en place une base de données pour l ensemble de la chaîne de valeur. 5. Formation des productrices, fourniture des semences améliorées, des intrants, des produits phytosanitaires, des usines de stockages, des stations de lavage, des unités de torréfaction et d exportation. 6. Commettre une étude pour faire un état des lieux. 7. Faire un état des lieux sur la législation en matière de genre. ATELIER 4 : ADMINISTRATION ET FINANCES I- Contexte Les membres de l Agence des Cafés Robusta d Afrique et de Madagascar (ACRAM) ont manifesté leur volonté de porter haut leurs ambitions au regard des actions menées depuis le lancement de l organisation en 2008. Cependant, depuis sa création, l agence qui devrait vivre de ses contributions financières, ne dispose pas encore d une autonomie financière. Dans un tel contexte, il convient de revisiter les supports réglementaires, organisationnels et financiers pour inviter les adhérents à mieux s approprier les ambitions de l ACRAM. II- Problèmes relevés Ne devrait- on pas reconsidérer les bases juridiques de l ACRAM pour la mettre en adéquation avec ses ambitions, et pour quel type d organisation? Quelles mesures devraient prendre l Agence pour amener ses membres à financer sa feuille de route? Les attentes soulevées, aujourd hui, sur le genre, la promotion du Robusta sont- elles financièrement crédibles? Comment l ACRAM peut- elle intervenir et puiser dans le transfert de technologies pour supporter financièrement les expériences tangibles de rajeunissement de la population des planteurs? 8
N est- il pas indispensable pour l Agence d opérer des choix stratégiques? De s intéresser soit au marché BIO soit à la grande production? Et selon les cas, quelles seraient les sources de financement sur lesquelles pourrait s appuyer l ACRAM? III- Recommandations ou résolutions a- Administration Tableau 4 : Actions à entreprendre par l ACRAM pour améliorer son cadre juridique. STATUTS ORGANIGRAMME CONSTATS Ambiguïté du statut actuel de l ACRAM Absence d un Règlement Intérieur Absence d organes d exécution Absence d un organe d appui Structure de l organigramme non conforme aux missions dévolues à l ACRAM RECOMMANDATIONS - Redéfinition claire du statut juridique de l ACRAM en Organisation Internationale Non Gouvernementale (OING) ou Organisation Non Gouvernementale (ONG). - Doit- on l appeler Agence ou Association? - Elaboration d un Règlement Intérieur Institutionnalisation des Comités Permanents : - Comité Genre ; - Comite promotion et Marketing ; - Comité Production et Transfert de Technologies ; - Cadre permanent de concertation ; - Administration et Finances. - Institutionnalisation d un Secrétariat Général. - Proposition d un organigramme fonctionnel. b- Finances Au regard de la densité et la sensibilité de cette question, le temps imparti aux travaux ne permettait pas une analyse approfondie en atelier. La Commission a donc recommandé que le Secrétariat Général confie cet examen à un comité permanent. 9