Questions à l'intention des candidates et candidats au Conseil d'etat Thierry APOTHELOZ, Socialiste Si vous étiez en charge du DIP: 1. Quelle serait votre priorité en matière d'éducation pour la future législation (l'idée la plus importante)? Construire une école démocratique qui allie instruction et éducation. Il faut replacer l école dans la société où elle réside. L école n est pas que le lieu de la transmission du savoir, mais aussi un endroit où doit se développer la conscience citoyenne et les vertus civiques. Le paysage de l école genevoise a connu passablement de changements importants, suite aux derniers scrutins populaires (accueil continu, nouveau Cycle d orientation, mercredi matin, etc.). Il s agit de pouvoir s appuyer sur les opportunités que permettent ces changements pour offrir à notre population une école inclusive et résolument tournée vers le futur. En ceci, il faut impérativement renforcer les liens institutionnels avec les partenaires de l école (SSJ, SPMI, OMP, FASe), afin d offrir aux enseignant-es la possibilité de s appuyer sur une multitude de ressources pédagogiques et savoir-faire différents. Il faut être conscients que l avenir de l école à Genève passera par une augmentation substantielle des moyens à disposition au regard des missions qu elle devra remplir. C est pour moi, évidemment, une priorité.
2. Les articles 193 et 194 de la nouvelle constitution stipulent que l Etat organise et finance un enseignement public, laïque et de qualité; la formation est obligatoire jusqu à l'âge de la majorité au moins. Sont-ce pour vous des articles importants? Oui, ils sont fondamentaux. La question de la laïcité de l école est un principe fondamental sur lequel il ne faut en aucun cas déroger. Cela signifie pour moi que c est l institution qui doit observer une stricte neutralité confessionnelle, en tant qu agent de l Etat. Les élèves quant à eux doivent être libre de vivre leur croyance et leur foi. Ce qui n empêche pas, soit dit en passant, à une école qui veut vivre avec son temps, de consacrer des programmes à la connaissance du fait religieux, non pas bien entendu de manière prosélyte, mais bien parce que ces questions font partie aujourd hui des connaissances que les élèves grandissants dans un environnement de plus en plus multiculturel se doivent d avoir. C est aussi cela, une école tournée vers l avenir. Sur la question de la formation obligatoire jusqu à la majorité, c est une immense avancée que vient de nous offrir la nouvelle Constitution. Cet article permettra de mieux travailler sur la prévention des ruptures de parcours qui interviennent malheureusement trop souvent aujourd hui à l issue de la scolarité obligatoire, notamment en raison du manque de soutien, de structures intermédiaires ou d accompagement à l entrée de la vie active. Là également, la lutte contre l exclusion nécessitera à n en pas douter des moyens supplémentaires. Mais la cohésion sociale des prochaines générations, voulu par la nouvelle Constitution, est à ce prix. Comment comptez-vous répondre à cette exigence institutionnelle dans le climat budgétaire actuel (l'idée la plus importante)? D emblée, le nouveau gouvernement devra affirmer sa volonté prioriser l école, qui est le ciment de notre société. Cette priorité devra selon moi être portée transversalement par l ensemble des départements, ce qui permettra
par exemple de (re)construire certains bâtiments scolaires, de créer des passerelles avec le département de l économie pour tout ce qui touche à la formation et l insertion professionnelle ou encore avec le département de l'action sociale pour réintégrer au plus vite des jeunes adultes bénéficiant de l'aide sociale. Le budget n est rien d autre qu un choix de priorités politiques, il ne faut pas l oublier. Le climat actuel qui vise à répondre aux problèmes de société par des réponses immédiates (comme dans le cas de la sécurité) oublie que l une des plus importantes tâches de l Etat doit être l éducation de ses enfants. J assume volontiers le fait que celle-ci doit être la première priorité du nouveau gouvernement. La vision à long terme doit prendre le pas sur des actions éphémères. 3. Plusieurs études documentées montrent que la précocité de l aide aux enfants est primordiale pour la réussite scolaire et que la qualité de cette aide dépend fortement du nombre d élèves par classe. Etes-vous d'accord avec cette analyse? Oui Comment entendez-vous tenir compte de ces éléments (l'idée la plus importante)? Je suis convaincu que la réussite scolaire dépend effectivement du nombre d enfants par classes, mais aussi d autres facteurs (interventions des maîtres spécialisés, environnement familial et scolaire, développement des places de garde en petite enfance, qualité de l accueil après l école, etc.). La création des REP a déjà été un important pas en avant dans cette direction. Le dispositif devra d ailleurs s étendre à l ensemble des politiques publiques, par le biais de la politique de cohésion sociale en milieu urbain.
Pour moi, les élèves doivent en outre avoir le temps de développer leurs capacités cognitives et non-cognitives (traits de personnalités, ouverture à l apprentissage, capacité de coopérer) qui sont le gage de la réussite scolaire et, ensuite, de l insertion professionnelle. 4. La LIJBEP entrée en vigueur au 1 er janvier 2010 décrète vouloir favoriser l intégration des enfants et des jeunes à besoins éducatifs particuliers ou handicapés. De plus, le concept cantonal d'école inclusive est en cours de validation par le conseil d'etat. Est-ce un projet de développement de l'école genevoise qui vous parait être une priorité? Oui Comment voyez-vous l avenir de cette intégration et le développement de l'école inclusive (l'idée la plus importante)? Par certaines difficultés (troubles de l attention, handicaps, exclusion sociale) que peut rencontrer un élève, celui-ci ou celle-ci peut se sentir exclu-e. L école inclusive doit impérativement éviter les phénomènes de stigmatisation à l encontre des élèves connaissant des difficultés, quelle qu elles soient. Un soin particulier à l éducation inclusive doit être intégrée aux programmes scolaires. Les différences doivent être vécues comme des forces, des occasions d échanger, de mieux se comprendre, et non pas comme des handicaps, qui sont des facteurs d exclusion. En premier lieu, il sera nécessaire à mon sens de privilégier la formation des enseignant-e-s. Il faudra ensuite affecter des moyens complémentaires (maîtres d appui, professionnels de la santé, ) aux projets de l élève à intégrer et de sa famille. Enfin, les initiatives et la créativité des enseignant-e-s et des directions d établissement seront nécessaires, encouragées et valorisées.