Les relations internationales de 1871 à 1914



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Transcription:

Résumé Les relations internationales de 1871 à 1914 Pierre MILZA Année 2004-2005 Institut universitaire de hautes études internationales, Genève

Table des matières INTRODUCTION... 4 PREMIERE PARTIE :... 5 DE LA PRÉPONDÉRANCE ALLEMANDE À L HÉGÉMONIE EUROPÉENNE... 5 1. L EUROPE BISMARCKIENNE... 5 L EUROPE EN 1871... 5 La prépondérance allemande...5 La France...5 La Russie...5 L Autriche-Hongrie...6 L Italie...6 La Grande-Bretagne...6 LE PREMIER «SYSTEME» DE BISMARCK (1871-1878)... 6 L exécution du traité de Francfort...7 «L entente des Trois Empereurs»...7 La crise franco-allemande de 1875...7 La crise balkanique (1875-1878)...8 Le congrès de Berlin (juin-juillet 1878)...8 Les conséquences du congrès de Berlin et la fin du premier «système» de Bismarck...9 LE SECOND «SYSTEME BISMARCKIEN»... 9 L alliance austro-allemande...9 Le nouveau traité des Trois Empereurs...9 La Triple-Alliance (1882)... 10 La crise balkanique... 11 La crise franco-allemande... 11 L'élargissement et l'apogée du système bismarckien... 12 2. L'HÉGÉMONIE EUROPÉENNE... 13 CAUSES DE L EXPANSION EUROPEENNE... 13 La poussée démographique... 13 Les préoccupations économiques... 13 Le développement du sentiment national... 13 Les préoccupations stratégiques... 14 Les oppositions... 14 EFFACEMENT DES CONCURRENTS DE L EUROPE... 14 Les États-Unis... 14 Le Japon... 14 L ESSOR ET LE HEURT DES IMPERIALISMES... 15 L affaire tunisienne... 15 La rivalité franco-anglaise en Égypte... 15 Rivalités coloniales en Afrique Noire... 16 La rivalité anglo-russe en Asie centrale... 16 La rivalité franco-anglaise en Indochine... 16 Un tournant de la vie internationale... 17 DEUXIEME PARTIE :... 18 LA FIN DE L EUROPE BISMARCKIENNE ET L AVÈNEMENT DE LA «POLITIQUE MONDIALE» (1890-1907)... 18 3. CONDITIONS NOUVELLES DE LA VIE POLITIQUE INTERNATIONALE... 18 UNE NOUVELLE CONJONCTURE ECONOMIQUE... 18 LES TRANSFORMATION DEMOGRAPHIQUES... 19 L EXASPERATION DU SENTIMENT NATIONAL... 19 4. LA LIQUIDATION DE LA POLITIQUE BISMARCKIENNE... 19 LA CHUTE DE BISMARCK... 20 L ALLIANCE FRANCO-RUSSE... 20 L abandon du traité de Contre-Assurance... 20 La conclusion de l Alliance franco-russe... 20 La ratification... 21 LE RAPPROCHEMENT FRANCO-ITALIEN... 21 5. LE HEURT DES IMPÉRIALISMES EUROPÉENS ET LA MONTÉE DES JEUNES PUISSANCES... 22 LE CHOC DES IMPERIALSIMES EUROPENS... 22 La question d Orient... 22 La rivalité franco-anglaise... 23 La rivalité anglo-allemande... 23 Les impérialismes en extrême-orient... 24 2

La première crise marocaine... 25 LA MONTEE DES CONCURRENT DE L EUROPE... 25 L éveil de l impérialisme américain... 26 Le Japon... 26 6. NAISSANCE DE LA TRIPLE-ENTENTE... 27 L Entente cordiale... 27 Evolution de l alliance franco-russe... 28 La Triple-Entente... 28 TROISIÈME PARTIE :... 30 LES ÉPREUVES DE FORCE ET LA COURSE À LA GUERRE... 30 SITUATION GÉNÉRALE... 30 7. LA CRISE BOSNIAQUE (1908-1909)... 30 Les origines de la crise... 30 L annexion de la Bosnie-Herzégovine... 30 La crise... 31 Les conséquences de la crise... 31 8. LA SECONDE CRISE MAROCAINE... 32 Les origines de la crise... 32 La crise d Agadir... 32 Les conséquences de la crise... 32 9. LES CONFLITS BALKANIQUES DE 1912-1913... 33 La Situation dans les Balkans... 33 La première guerre balkanique (octobre 1912 mai 1319)... 33 La seconde guerre balkanique (26 juin 10 août 1913)... 34 10. LA CRISE DE JUILLET 1914... 34 LA SITUATION INTERNATIONALE EN 1914... 34 Les rivalités internationales... 35 Le resserrement des alliances... 35 La course aux armements... 35 La crise... 36 CONCLUSION... 37 3

Introduction L année 1871 et le traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-allemande consacrent la prépondérance du Reich sur le continent. Bismarck va pendant 20 ans tenter de maintenir un statu quo favorable à son pays. Les années qui suivent la guerre 1870-1871 marquent aussi le début de l apogée européenne. Les grandes explorations, l occupation de vastes territoires non exploités, la pénétration économique des vieux empires, les progrès de l évangélisation, sont les manifestations de la volonté d expansion européenne. Tant que la colonisation demeure inachevée, les rivalités impériales ne sont pas trop explosives. L expansion coloniale peut même apparaître comme une «soupape de sûreté» propre à atténuer les tensions coloniales. A partir de 1890, les RI se trouvent profondément modifiées. Tout d abord, l avènement de Guillaume II en Allemagne provoque le départ de Bismarck. En quelques années, tout le système mis en place par ce dernier se décompose et la France parvient à rompre l isolement. L Allemagne s engage à son tour dans la voie de la colonisation et de la pénétration économique. Mais le Reich n est pas seul à vouloir étendre son influence à la planète. Une très sévère compétition économique stimule les rivalités entre les grandes puissances. Les grandes puissances du Vieux Continent vont également pour la 1 ère fois trouver devant elles des concurrents qui s affirment au fur et à mesure que s accroissent leurs moyens d actions : les USA puis le Japon. C est l abandon de la diplomatie bismarckienne, jugée par Guillaume II trop européenne qui provoque l alliance franco-russe et c est le règlement de questions coloniales qui amorce les rapprochements franco-anglais, franco-italien et anglo-russe, qui favorise donc le démantèlement de la Triple Alliance et la genèse de la Triple Entente, amenant la division de l Europe en 2 blocs antagonistes. Si la compétition économique demeure l un des fondements majeurs des conflits, c est le heurt des nationalismes qui met, en juillet 1914, le feu aux poudres et déclenche WWI. Les années 1871-1914 sont donc marquées par 2 faits fondamentaux : la prépondérance allemande sur le continent et l hégémonie européenne dans le monde. WWI sera fatale à cette double prééminence en provoquant la défaite militaire de l Allemagne et le déclin économique du vieux continent face à la montée des USA. 4

PREMIERE PARTIE : De la prépondérance allemande à l hégémonie européenne 1. L Europe bismarckienne L EUROPE EN 1871 La prépondérance allemande Bismarck avait toujours pensé qu une guerre contre la France était nécessaire à l achèvement de l unité allemande. Domination du nouvel empire en Europe après la guerre : 1) Démographie : excepté la Russie, c est le pays le plus peuplé d Europe 2) Industrie : essor après la guerre grâce à main d œuvre abondante, richesse du sous-sol (Charbon), indemnité de guerre versée par la France 3) Militaire : possède la meilleure armée terrestre du monde 4) Volonté de puissance, existence d une cohésion et d un orgueil national 5) Vertus traditionnelles allemandes : sens de la discipline et du devoir, goût de l organisation, esprit d entreprise. 6) Le chancelier n est responsable que devant l empereur et non le Reichstag et dispose donc d une initiative plus large, à l écart des fluctuations de l opinion publique La France La guerre de 1870-71 a coûté à la France la prépondérance qu elle avait exercé sur le continent, en raison de : 1) Pertes matérielles et humaines 2) Coût financiers des opérations militaires + indemnité de guerre (5 milliards) 3) Occupation d une partie du territoire 4) Perte de l Alsace et de la Lorraine (provinces industrielles très riches) Cependant, la France va rapidement sortir de la crise et reconstituer une force militaire. La défaite aura provoqué un renouveau du sentiment national, l armée devient un véritable culte, une forte vague nationaliste déferle sur le pays (mouvement boulangiste, etc.), ce qui suscite des craintes de la part de Bismarck. La Russie La Russie est le pays le plus peuplé d Europe et possède d immenses ressources naturelles. Cependant la Russie possède certaines faiblesses : 1) Nation presque exclusivement agricole 2) Force militaire n est pas en rapport avec son potentiel (exiguïté des ressources budgétaires, manque de cadres, insuffisance des moyens de transports, qualité inférieure de l armement) 3) Agitation des minorités nationales (notamment Polonais) 5

Buts de sa diplomatie : accès à la Méditerranée pour assurer le contrôle des détroits et une expansion territoriale à travers la péninsule balkanique (en se posant en protecteur des population chrétiennes des Balkans). Se heurte aux intérêts de la GB et de l AH. L Autriche-Hongrie Les faiblesse de l AH : 1) Difficultés liées aux différentes nationalités (Tchèques, Roumains, Italiens, etc.) Vienne est particulièrement inquiète concernant les Serbo-Croates du Sud («Slaves du Sud») qui regardent en direction de la Serbie (cette dernière voulant rassembler tous les peuples de race slave). 2) Est essentiellement agricole 3) Moyens militaires modestes et effectifs médiocres Buts de sa diplomatie : limités, à savoir l établissement d une sorte de protectorat sur les peuples des Balkans libérés du joug ottoman (se heurte à la Russie) L Italie En 1871, l Italie vient à peine d achever son unité. 1) L Italie possède un retard dans le domaine économique (pauvreté en ressources énergétiques et minérales, faiblesse des moyens de transport, manque de capitaux) = pays rural 2) Effectifs militaires faibles + difficultés financières ne permettent pas d entretenir une flotte de guerre Buts de sa diplomatie : ambitions limitées en raisons de ses faiblesses : volonté de réunir les territoires de langue et de sentiment italiens (Trentin et Trieste) encore sous domination étrangère (sous joug autrichien) = terres «irrédentes». Il s y ajoute bientôt une volonté de s étendre en Méditerranée et de participer à l expansion coloniale. Cependant en raison de ses faiblesses, l Italie est contrainte de chercher des alliances, difficiles à trouver en raison de son poids minime. Ses visées irrédentistes et les ambitions balkaniques se heurtent à l hostilité autrichienne, tandis que toute action en Méditerranée trouve devant elle les ambitions de la France. La Grande-Bretagne C est la première puissance économique du monde (fondée sur le charbon), qui a l empire colonial le plus vaste et la flotte de guerre la plus redoutable et jouit d un sentiment de sécurité (île). Buts de sa diplomatie : maintenir en Europe continentale l équilibre des puissances, s assurer de larges marchés extérieurs (débouchés + approvisionnement), ne souffrir aucune menace à son hégémonie navale. LE PREMIER «SYSTEME» DE BISMARCK (1871-1878) Pour Bismarck, l achèvement de l unité allemande, la proclamation de l Empire et l annexion de l Alsace-Lorraine lui semblent suffisantes et il ne manifeste aucun désir de 6

pousser plus en avant l expansion territoriale de l Allemagne. Il entend seulement maintenir sur le continent un statu quo territorial favorable à son pays. Or, il est persuadé qu un jour la France va vouloir se venger. Cette préoccupation est au centre de la construction politique que le chancelier allemand va s efforcer de mettre en place, afin d isoler la France. L exécution du traité de Francfort Celui-ci impose à la France une indemnité de 5 milliards et le maintien de l occupation allemande jusqu au paiement. Pour Bismarck, le versement de cette indemnité est le meilleur moyen de retarder le relèvement français mais pense que la France ne va pas payer entièrement et va donc laisser planer la menace de guerre préventive pendant quelques années. Le paiement de la dette marque une détente dans les relations franco-allemandes. «L entente des Trois Empereurs» Bismarck veut négocier une alliance avec d autres puissances pour maintenir le statu quo européen et isoler diplomatiquement la France. 1) L Autriche-Hongrie : après la défaite de Sadowa en 1866, l Allemagne ne va pas humilier l Autriche en annexant des territoires impériaux. Le nouveau ministre des affaires étrangères de Vienne abandonna toute idée de revanche, en se détournant vers les Balkans, tirant profit de la dissolution de l empire ottoman. Bismarck va l encourage dans cette voie. 2) La Russie : il n existe pas de contentieux russo-allemand. Les liens économiques entre les 2 sont même importants. Le seul problème, c est l appui de Bismarck donné à l AH concernant les Balkans. Cependant il convint Alexandre II en utilisant l argument de la solidarité monarchique en face de la France républicaine et agressive. Ainsi se noue en 1872-1873 «l Entente des Trois Empereurs» qui isole diplomatiquement la France et qui prend la forme d une série de conventions entre les 3 puissances : 1) Accord germano-russe : en cas d attaque d un des empires par une puissance européenne, l autre interviendrait immédiatement (= alliance défensive) 2) Accord entre AH et la Russie : s engagent à se consulter en cas d «agression d une tierce puissances» ou en cas de divergences d intérêts. L Allemagne puis l Italie y adhérent à leur tour. La crise franco-allemande de 1875 Bismarck accueille mal l éviction de Thiers et l arrivée au pouvoir des monarchistes, dont les tendances «revanchardes» l inquiètent. Mais c est surtout la reconstitution de l armée française qui déclenche la crise, avec notamment le service militaire obligatoire qui est fixé à 5 ans. Il pense que la France prépare la guerre. De nouveau, planent des menaces de guerre préventive. La France va alors porter l affaire sur le plan international et sollicite la GB et la Russie. Le tsar qui considère qu une nouvelle défaite de la France entraînerait en Europe une hégémonie allemande sans contrepoids, décide d intervenir personnellement. La crise prend fin. Bismarck n avait probablement jamais envisagé une guerre, mais voulait simplement intimider le gouvernement français pour ralentir sa reconstruction 7

militaire. C est un échec : non seulement la France poursuivit son réarmement, mais en plus l isolement de la France s avère être imparfait. La crise balkanique (1875-1878) Depuis le XIXe siècle, l Empire ottoman connaît un déclin. En 1871, seule la GB reste profondément attachée à l intégrité de l Empire, seul moyen pour elle de s opposer à une hégémonie russe en Méditerranée orientale et de contrôler la route des Indes. La France et l Allemagne sont indifférentes, tandis que la Russie et l AH souhaitent tirer profit de la faiblesse de l Empire turc, pour établir leur influence dans les Balkans. Les peuples chrétiens soumis au joug turc supportent de plus en plus mal la domination ottomane. Certains sont devenus indépendants et appuient les revendications nationales des minorités encore soumises (Roumanie, Monténégro, la Serbie, etc.). La Bulgarie et la Bosnie-Herzégovine sont encore soumis à l autorité du sultan. La Serbie se montre particulièrement active, elle développe en Bosnie et en Herzégovine une intense propagande en faveur du nationalisme. Le meurtre par les Turcs d un moine d Herzégovine sera le prétexte d un soulèvement. Des raids contre les populations islamisées sont alors organisés. En 1876, l insurrection gagne les territoires bulgares. L activité des agents russes (qui encourage les Bulgares à la révolte) a été déterminante. Les Turcs répliquent par de terribles représailles. L opinion publique internationale est indignée, mais seuls le Monténégro et la Serbie volent au secours des Slaves opprimés : ils déclarent la guerre à l Empire ottoman. La Russie se montre disposée à intervenir car le contrôle des détroits dépend de la chute de l Empire turc, mais aussi pour le prestige et par solidarité slave. Finalement, le Tsar fait connaître son intention de prendre les armes si les puissances ne se mettent pas d accord pour une action commune auprès du sultan. L AH n est pas opposée à une intervention qui lui permettrait de contrôler la poussée slave dans les Balkans et d annexer la Bosnie- Herzégovine. Mais la GB est hostile à tout démembrement de l Empire ottoman. L Allemagne n est pas impliquée dans la crise et Bismarck se contente d éviter les heurts entre les 2 alliés continentaux. Son souci est d écarter tout risque de mécontentements susceptibles de chercher une consolation dans l alliance française. Une conférence se réunit alors à Constantinople en 1978 : aucune solution n est trouvée. La Russie décide alors d intervenir seule. Elle signe une convention avec l AH du maintien de la neutralité autrichienne en échange de la Bosnie-Herzégovine. Les Russes traversent alors les Balkans, l empire turc est envahit des 2 côtés, Constantinople est menacée. C est à ce moment que les autres puissances s inquiètent. L AH estiment que les Russes vont trop loin. La GB n acceptera pas l installation d une puissance étrangère à Constantinople. Le tsar dû céder et entreprendre des négociations de paix, qui aboutirent au traité de San Stefano, favorable à la Russie : l AH se voit confier l administration de la Bosnie- Herzégovine et il y a la création d une «Grande Bulgarie». Mais la GB n accepte pas le traité de San Stefano. Consciente de son impréparation militaire et financière, la Russie n insiste pas et accepte la réunion d un congrès destiné à modifier les clauses du traité Le congrès de Berlin (juin-juillet 1878) Accord entre la Russie et l AH : la Bulgarie n atteindra pas la mer Egée et sera divisée en 2 principautés distinctes. Accord entre la Russie et la GB : la Russie s engage à ne pas pousser plus loin ses conquêtes en Asie mineure. 8

L acte final du Congrès modifie les clauses du traité de San Stefano et est beaucoup moins favorable aux revendications des Slaves. La Serbie et le Monténégro maintiennent leur indépendance mais voient leurs acquisitions réduites. L AH est autorisée d occuper et administrer la Bosnie-Herzégovine. Quant à la grande Bulgarie, elle est divisée en 2 principautés. Les conséquences du congrès de Berlin et la fin du premier «système» de Bismarck 1) L intégrité de l Empire ottoman a subi de rudes atteintes. Il semble destiné à un démembrement, non pas au profit des minorités nationales, mais des grandes puissances. 2) Le problème de la rivalité austro-russe n a pas été résolu par le Congrès 3) Au cours du congrès, une certaine détente s est manifestée dans les rapports franco-allemands 4) Mais surtout, le congrès a provoqué le mécontentement de la Russie qui a dû se contenter de maigres annexions en Asie et renoncer à la création d une «Grande Bulgarie» satellite. Elle s en prend à Bismarck, accusé d avoir favorisé l AH. Au lendemain du congrès, le tsar déclare «morte» l entente des Trois empereurs LE SECOND «SYSTEME BISMARCKIEN» La crise orientale a montré l impossibilité de faire coexister officiellement dans le même réseau d alliances la Russie et l AH. Bismarck va donc opter pour l AH comme base de son nouveau système diplomatique, tout en parvenant à maintenir un lien avec la Russie et à attirer l Italie. Ainsi l isolement de la France est maintenu et même renforcé. L alliance austro-allemande Alors que l empereur Guillaume Ier favorise plus tôt une alliance avec la Russie, Bismarck lui privilégie l alliance austro-hongroise, car il la juge plus sûre, plus efficace et plus proche de l Allemagne. Contre qui doit être tournée cette alliance? Pour Bismarck c est contre la France, pour Andrassy (AH) contre la Russie. Bismarck finit par accepter le point de vu autrichien et l empereur finit pas donner son accord à la suite des menaces de démission de Bismarck. Le traité est signé en 1879. Il prévoit une alliance militaire au cas où une des 2 puissances serait attaquée par la Russie, la simple neutralité si l agresseur est une autre puissance. Le traité donnait surtout satisfaction à l AH. Pour Bismarck, il s agit avant tout de montrer au tsar les inconvénients de l isolement et ainsi espère t il que la Russie reviendra à l entente des 3 empereurs, en oubliant ses rancoeurs du congrès de Berlin. Le nouveau traité des Trois Empereurs Bismarck sait que les intérêts de la Russie se heurtent en Asie centrale à ceux de la GB. En cas de conflits germano-russe, Disraeli déclare que la GB serait prête à lier son destin à celui du Reich. Mais Bismarck ne songeait pas réellement à obtenir l appui de la GB. Il espérait en revanche inquiéter la Russie pour que celle-ci, craignant un isolement complet, tournât à nouveau ses regards vers l Allemagne. Il juge également improbable que l autocrate de Saint-Pétersbourg, qui haïssait le régime républicain, se tourne vers la France. Finalement, Alexandre se montre favorable à un rapprochement. L éventualité d un conflit anglo-russe le pousse à obtenir au moins la neutralité des 2 «puissances centrales», à 9

rentrer par conséquent dans le système bismarckien. L AH est moins pressée de voir la Russie s y associer mais par peur de perdre l amitié allemande finit par céder. Le 18 juin, un nouveau traité des Trois Empereurs est conclu. Le traité, ne supprime pas la Duplice (alliance austro-allemande), mais s efforce d atténuer la rivalité austro-hongroise. Il porte essentiellement sur 3 points : 1) Neutralité des 2 autres puissances si la 3 ème se trouve en guerre avec un pays étranger à l alliance 2) L AH et la Russie s engagent à ne pas modifier de façon unilatérale le statu quo dans les Balkans 3) Un protocole séparé prévoit que l AH pourra annexer la Bosnie-Herzégovine dont le congrès de Berlin lui avait confié l administration et que la Russie pourra de son côté réunir en un Etat unique les 2 principauté bulgares. Le traité favorise l Allemagne (qui peut compter sur la neutralité russe en cas de guerre contre la France) et la Russie (garantie contre une intervention allemande ou autrichienne à l occasion d un conflit anglo-russe. Seule l AH ne tire aucun bénéfice de l entente, ayant dû accepter de tenir compte des intérêts russes dans les Balkans. La Triple-Alliance (1882) Le système mis en place par Bismarck en 1881 s élargit l année suivante par l adhésion de l Italie. Contexte : 1) Dès les premières défaites françaises, les Italiens ont profité du rappel de la garnison impériale pour s emparer de Rome et y installer leur capitale. Aussi, le gouvernement italien voit avec méfiance s installer en France la politique cléricale de l Ordre Moral. Jusqu en 1877, il craint la pression des catholiques français sur le gouvernement et la reprise d une action en faveur du pape. Il n est pas étonnant que l Italie se tourne alors vers Bismarck qui est lui-même aux prises avec le pontife romain dans le combat engagé contre le clergé catholique allemand. 2) Intérêts économiques : de plus en plus d échanges avec l Allemagne. 3) Désir de s élever au rang de grande puissance : Bismarck apparaît comme le grand homme de l Europe Bismarck a peu de sympathie pour l Italie, dont il m éprise la faiblesse militaire et sa duplicité. Pour lui, le seul avantage c est en cas de conflit européen, la France soit obligée de protéger ses frontières alpestres. Aussi, une alliance avec l Allemagne entraînerait inévitablement l adhésion du royaume à la Duplice austro-allemande et condamnerait l Italie à renoncer aux provinces irrédentes : Trentin, Tyrol et Trieste. Le chancelier va alors pousser la France à s engager en Tunisie, espérant à la fois que cela la détourne de l Alsace et la Lorraine et aussi se heurte aux ambitions italiennes. La France se rend compte de l influence grandissante de l Italie en Tunisie et décide d envoyer un corps expéditionnaire et obtient grâce au traité de Bardo, le protectorat, sans que l Italie puisse réagir, car dépourvue d armée et de flotte. Humiliée, l Italie se dit prête en 1881 d adhérer à la Triple Alliance. Le traité instituant la Triple Alliance est signé le 20 mai 1882. Il est avantageux pour l Italie, dont l isolement est rompu et qui se trouve garantie pour le cas où un retour au pouvoir du parti catholique en France aurait pour effet la remis en question par la France de l annexion de Rome. Mais le grand bénéficiaire est Bismarck qui gagne une alliée contre la 10

France et obtient pour l AH l assurance qu elle n aura pas à combattre sur 2 fronts en cas de guerre contre la Russie. La signature de la Triplice marque l achèvement du second système bismarckien. L isolement de la France est total. La Triple Alliance : 1) Si l Italie est provoquée par la France, les 2 autres parties sont tenues de porter assistance avec toute leur force. 2) Même obligation pour l Italie en cas d une agression non directement provoquée de la France contre l Allemagne. 3) Neutralité si 1 des 3 puissances est menacée par un non signataire 4) Chacun réserve de prendre part à la guerre, pour faire cause commune avec son alliée. La tension internationale et les aménagements du système bismarckien Mais de nouvelles tensions ne vont pas tarder à surgir La crise balkanique Le nouveau traité des Trois Empereurs n empêcha pas Russes et Autrichiens de chercher à étendre leur influence respective dans les principautés orientales. A partir de 1881, l AH réalise des progrès spectaculaires : 1) En Serbie : l influence de l AH se développe. Le prince de Serbie qui méprise son peuple et afin de se maintenir au pouvoir, sollicite l appui et les subsides de l AH en échange il s engage à ne pas conclure d alliances extérieures sans accord de l AH 2) En Roumanie, la politique de l AH est appuyée par la diplomatie allemande. Le roi Carol (cousin du roi de Prusse) est animé de sentiments amicaux envers l Allemagne. Il est moins favorable à l AH mais craint d avantage encore la Russie. Bismarck met à profit cette situation pour ménager un accord entre Vienne et Bucarest. Un traité d alliance défensive secret dirigé contre la Russie est signé en 1883 (la Russie en connaît l existence). 3) En Bulgarie : les Russes au lendemain du Congrès de Vienne, ont tenté d imposer leur protectorat. Depuis 1881, le prince est un neveu du Tsar (Alexandre de Battenberg) et laisse les Russes occuper des postes importants. Devant la résistance de l opinion publique bulgare, le prince tend cependant peu à peu à se rapprocher des éléments nationalistes et proclame en 1885 l union de la Roumélie et de la Bulgarie, reconstituant ainsi de son propre chef la «Grande Bulgarie» du traité de San Stefano. La Russie va favoriser un complot d'enlèvement du prince, qui doit abdiquer. Cependant échec pour la Russie car remplaçant proche de Vienne La Russie connaît donc des échecs dans les Balkans. En 1887, elle a perdu tous les avantages acquis au congrès de Vienne. En 1887, le Tsar refuse de renouveler le traité des Trois Empereurs. La crise franco-allemande Bismarck appuie toutes les entreprises coloniales de la France pour lui faire oublier l Alsace-Lorraine et va même jusqu à proposer une alliance, mais dans le but d une brouille franco-anglaise, ce que la France refuse. 11

Bismarck, qui craint la montée du nationalisme en France et notamment l arrivée au ministère de la Guerre de Boulanger, dissout en 1887 le Reichstag qui refusait une augmentation des effectifs de l'armée et fait voter une nouvelle loi militaire. L'affaire Schnæbelé en 1887 marque le point culminant de la crise et la guerre est évitée de justesse, grâce au président Grévy qui refuse de suivre Boulanger. Pour les nationalistes français, l enlèvement de Schnæbelé était une provocation de l Allemagne dans le but d accroître ces moyens militaires et déclencher une guerre préventive. L'élargissement et l'apogée du système bismarckien Les rivalités entre l AH et la Russie n ont cessé de s accentuer dans les Balkans. La France quant à elle refuse un rapprochement avec l Allemagne et n a pas oubliée l Alsace- Lorraine. Situation difficile pour Bismarck, car les Russes en raison de leur mécontentement, pourraient se tourner vers la France (menace pour l Allemagne sur deux fronts). La crise bulgare et la menace de guerre avec la France valorisent l alliance avec l Italie, ce dont l Italie est consciente. L Italie pose comme condition au renouvellement de la Triplealliance : 1) garantie de statu quo en Méditerranée dirigée contre une éventuelle extension de la France en Tripolitaine 2) promesse de compensation si AH réalise de nouveaux gains territoriaux dans les Balkans. Le traité est renouvelé en satisfaisant les exigences de l Italie : 1) Italie et AH : acceptent un statu quo dans les Balkans (avec consultation et compensation si AH est contrainte d occuper un territoire) 2) Allemagne et Italie : l Allemagne donnerait son appui militaire en cas de guerre contre la France à propos de l Afrique du Nord. Avec l apaisement des relations franco-allemandes, Bismarck souhaiterait ne pas devoir assumer seul ces engagements avec l Italie. Il encourage donc cette dernière à se rapprocher de la GB (accord anglo-italien) : 1) l Italie s engage à soutenir la GB en Égypte. 2) la GB aidera l Italie à s'opposer à l'occupation de la Tripolitaine, par la France 3) volonté des 2 puissances à maintenir le statu quo en Méditerranée. 4) affirme le principe de la fermeture des détroits (dirigé contre la Russie, ce qui pousse AH à adhérer à l accord en 1887). Adhésion de l Espagne aussi. Bismarck ne va pas y adhérer pour se laisser une ouverture avec la Russie. Il est inquiet d un rapprochement franco-russe, dans la mesure où la Russie est mécontente dans les Balkans et affirme ne pas vouloir renouveler l Entente des Trois Empereurs. La Russie réalise qu une alliance avec l Allemagne ne lui sert pas à grand-chose dans les Balkans mais se méfie également du régime républicain en France. La Russie va signer en 1887 un «traité de réassurance» (secret) avec l Allemagne pour 3 ans : 1) neutralité de la Russie en cas de guerre défensive de l Allemagne contre la France 2) appui de l Allemagne dans la question bulgare et dans celle des détroits (ce qui n est pas compatible avec l alliance austro-allemande). La conclusion du traité de contre-assurance marque l'apogée du système de Bismarck. Liée à l'ah et à l'italie, en contact avec la GB et avec la Russie, l'allemagne se trouve au 12

centre de la vie internationale. Mais le système est fragile en raison du caractère secret du traité de contre-assurance. NI GB ni AH ne doivent être au courant concernant les détroits, car inconciliable avec les accords antérieurs. Mais en mars 1890, Bismarck donne sa démission car le nouvel empereur (Guillaume II) trouve le traité de contre-assurance contraire à la Triple-Alliance et refuse le renouvellement. C est la chute du système Bismarckien. Début de la Weltpolitik 2. L'hégémonie européenne La supériorité technique et militaire de l Europe lui permet d imposer partout sa loi. Mais quand l occupation du monde s achève, les ambitions européenne et les rivalités coloniales se confondent. CAUSES DE L EXPANSION EUROPEENNE Il y a une reprise d un grand courant de conquête coloniale dans les années 1870-1880. Quelles sont les causes de l'essor impérialiste? La poussée démographique Au cours du XIXe siècle, la population s est sensiblement accrue. Raison : 1) progrès de la médecine + hygiène 2) meilleure alimentation 3) révolution des transports qui diminuent les famines Cette explosion démographique va favoriser la conquête coloniale. Colonies de peuplement : GB : Canada, Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande. Russie : Sibérie. Cependant, la France colonise mais pas d explosion démographique. L Allemagne a une explosion démographique mais presque pas de colonisation. Les préoccupations économiques Différents arguments : 1) recherche de matières premières (cependant, les produits tropicaux intéressent peu l industrie). Matières énergétiques (épuisement des mines européennes). 2) recherche de débouchés en raison de l accroissement de la production industrielle et la possibilité limitée d absorption du marché intérieur. Entre 1873 et 1895, il y a une véritable crise de débouchés en Europe. Les prix baisse et l Europe (à l exception de la GB) instaurent des barrières douanières, ce qui incite à aller voir en dehors de l Europe. 3) Il y a un enrichissement général en Europe en raison des progrès de l industrie. Les capitalistes européens cherchent donc à investir sur des marchés plus rentables. Le développement du sentiment national Le XIXe siècle est dominé par le nationalisme et la poussée impérialiste en est une des manifestations les plus spectaculaires. Les peuples y voient un moyen d affirmer leur 13

génie et leur force. Il y a aussi le désir de répandre la civilisation européenne, de propager la religion chrétienne, etc. Les préoccupations stratégiques Mobiles militaires : assurer la sécurité des communications maritimes grâce à une chaîne de points d appuis, permettant le ravitaillement des flottes de guerre (GB la plus sensible à cet argument). Les oppositions Il y avait des opposants à l'expansion coloniale : 1) En Allemagne : Bismarck pensait que pour rester prépondérant en Europe, il fallait concentrer son énergie uniquement sur le continent. 2) En GB : les libéraux sont peu favorables. Gladstone imagine déjà les futurs colonies se détacher de leur métropole (comme les colonies d Amérique du Nord). 3) En France : la masse est indifférente ou contre car expéditions coûtent cher en homme + argent. Les nationalistes sont contres (car cela détourne de l A.-L.), tout comme les radicaux. Les socialistes dénoncent l exploitation des peuples soumis. EFFACEMENT DES CONCURRENTS DE L EUROPE Jusqu à la fin du XIXe siècle, l Europe n a aucun concurrent. Des problèmes intérieurs absorbe leur énergie : reconstruction est mise en valeur du territoire aux États-Unis, modernisation et équipements pour le Japon. Les États-Unis Les USA se remettent de la guerre de sécession en 1871 et vont panser leurs blessures pendant 25 ans, en se consacrant à la mise en valeur du territoire, à son équipement ferroviaire et industriel et pour ce faire ont besoin d une importante main-d œuvre (immigration européenne). L économie se remet lentement. Les immenses prairies deviennent rapidement le grenier à blé et la 1 ère région d élevage du monde. Grâce à l exploitation de leur énormes ressources minières, à la concentration des entreprises, à la rationalisation du travail, les USA se hissent en 20 ans ai 1 er rang des puissances industrielles Comme il n y a pas un besoin d expansion, la doctrine Monroe va être appliquée jusqu à la fin du XIXe : maintien de l indépendance et garder l Europe à l écart de l Amérique. Le Japon A partir du milieu du XIXe siècle, le Japon a été forcé d ouvrir ses principaux ports et permettre aux ressortissant des grandes puissances à faire du commerce. En 1868, le système féodal est abolit et se transforme en une monarchie constitutionnelle en 1889. Le Japon se lance alors dans une ère de modernisation, en faisant appel à des spécialistes étrangers, vite relayés par des techniciens japonais. Le Japon vise avant tout à préserver sa souveraineté, en se donnant les moyens militaires (une puissante marine de guerre est mise en place) et n a pas au début de visées impérialistes. L essor démographique (forte poussée de la natalité) et la prise de conscience des progrès accomplis vont stimuler un sentiment national et une volonté de puissance. Cependant, seules quelques positions stratégiques sur le Pacifique et sur le continent sont 14

prises pour assurer sa sécurité vis-à-vis des grandes puissances. En Europe, le Japon n est pas pris au sérieux. L ESSOR ET LE HEURT DES IMPERIALISMES Les peuples, éveillés par la RF à la conscience nationale, tolèrent de moins en moins d'être traités en monnaie d'échange et appellent à l autodétermination. L'expansion des grandes puissances fait donc face à la montée des nationalismes. L expansion coloniale apparaît comme un exutoire, destiné à apaiser les tensions européennes. Bismarck par exemple encourage la France d aller en Tunisie pour qu elle oublie l Alsace-Lorraine. De même plus tard, Guillaume II qui pousse la Russie en Extrême Orient pour qu elle oublie les Balkans (chère à l AH). L affaire tunisienne La Russie désirait l ouverture des détroits afin d accéder à la «mer libre», politique qui se heurtait à celle de la GB, qui voulait maintenir son hégémonie en Méditerranée. La GB va rencontrer de nouveaux concurrents en Méditerranée : la France puis l'italie, à 2 endroits stratégiques : Suez et le détroit de Sicile (nécessaire pour assurer la sécurité des routes commerciales GB). En Egypte, la GB parvient à évincer les intérêts français mais en compensation, elle va lui laisser la Tunisie, au dépends des intérêts italiens. La Tunisie : le gouverneur veut moderniser le pays, emprunte chez les grandes puissances et est incapable de rembourser et doit accepter la création d une commission internationale de la dette. La France, qui a établit sa souveraineté en Algérie veut protéger sa prépondérance au Maghreb. Mais elle a 2 concurrents : 1) la GB qui veut occuper des positions clés en Méditerranée 2) l Italie qui considère la Tunisie comme la «porte ouverte» de son expansion Deux éléments vont déterminer l attitude de la France : 1) Bismarck qui encourage la France de posséder des colonies 2) la GB qui doit une compensation à la France après son installation à Chypre et l achat d une partie des actions du canal du Suez. Mais l influence de l Italie en Tunisie augmentant, la France utilise le prétexte d une incursion de tunisiens en Algérie et la mort 5 soldats français pour intervenir. Le 12 mai, le traité de Bardo reconnaît le protectorat de la France sur la Tunisie. L Italie proteste et est désormais déterminée à contracter une alliance solide pour éviter de nouvelles humiliations : cela marque le début de la Triple-Alliance. La rivalité franco-anglaise en Égypte La GB rencontre en Egypte l influence de la France (Suez est la clé de la route des Indes) qui depuis Bonaparte a conservé des liens avec l empire ottoman. L Egypte, qui depuis 1864 avait entreprit une politique de rénovation du pays et de grandioses réalisations, a due emprunter à l étranger, principalement à la France et à la GB. En 1876, les 2 imposèrent la création d'une caisse de la dette publique, gérée par 2 contrôleurs généraux : l un français, l'autre anglais. Cette mise en tutelle croissante de l'égypte va susciter un mouvement de protestation national. Il y a la naissance de toute une propagande sur le nationalisme arabe et la haine 15

des étrangers. Ceci provoque des désordres. En juillet 1882, plus de 60 chrétiens périssent. Ceci va servir de prétexte aux 2 puissances pour envisager une action militaire commune (aussi car on craint que le canal tombe aux mains de nationalistes égyptiens). Mais en France une majorité parlementaire refuse toute intervention et la GB doit agir seule. La GB peut donc imposer sa prépondérance en Egypte : le pays est entièrement occupé et le contrôle bilatéral des finances égyptiennes prend fin. Bismarck avait vu juste : cette affaire va empoisonner les relations franco-gb pendant 15 ans. Rivalités coloniales en Afrique Noire A partir de 1880, l Afrique devient une terre de compétition pour les Européens. Au fur et à mesure de l avancée de la pénétration, les risques de conflits augmentent. On décide donc d organiser une conférence à Berlin en 1884 qui fixe certaines conditions concernant la prise de possessions de territoires non colonisés : 1) notification formelle aux autres puissances 2) soumis à une occupation effective 3) reconnaissance du principe de commerce dans le bassin conventionnel du Congo, de l Atlantique à l Océan Indien (défendu par Bismarck). 4) reconnaissance d un Etat international (le Congo), dont la souveraineté est assumée par le roi des Belges Cette conférence permit d atténuer les tensions. La rivalité anglo-russe en Asie centrale En Asie, la volonté russe d'expansion vers l'est se heurte comme à Constantinople aux intérêts de la GB (s assurer un accès terrestre au marché chinois, protéger les frontières de l Inde). Parallèlement à la poussée russe en direction de l Inde (en Turkestan), la GB adopte une politique moins intransigeante envers les ambitions balkaniques de la Russie. La Russie, après ses déboires au congrès de Berlin, veut inquiéter le gouvernement GB pour le contraindre de lâcher du lest concernant la «question d Orient» (n a jamais voulu s emparer de l Inde). Cette voie est encouragée par Bismarck car : 1) peut tirer avantage d une brouille anglo-russe 2) l expansion de la Russie vers l Est peut désarmer ses tensions avec AH Des négociations s ouvrent et la guerre est évitée car : 1) GB : les détroits étant fermés aux navires de guerre (depuis la convention de 1841), la marine GB ne peut pas attaquer la Russie correctement 2) Russie : une guerre contre la GB augmenterait la prépondérance allemande en Europe La rivalité franco-anglaise en Indochine En 1885, la France occupe le Tonkin et établit son protectorat sur l Annam. La GB, soucieuse de protéger les frontières de l Inde, entreprend la conquête de la Birmanie. La France et la GB ne sont séparés que par le Siam, qui occupe le Laos, convoité par la France. 16

En 1893, des canonnières françaises opèrent une démonstration navale conte Bangkok et la GB envisage d intervenir pour préserver l'indépendance du Siam, considéré par eux comme un État tampon. Finalement le Siam accepte d abandonner le Laos à la France, la France promet de ne pas porter atteinte au Siam et la fièvre retombe. Un tournant de la vie internationale L Europe domine le monde grâce au niveau de ses techniques et par sa puissance militaire. L Allemagne exerce une suprématie grâce à ses jeunes forces industrielles, son essor démographique, sa supériorité militaire. Mais aussi grâce à Bismarck qui a tissé un réseau d alliances. La chute de Bismarck marque d'une période caractérisée par la primauté des préoccupations européennes dans les relations internationales et par la prépondérance absolue de Allemagne sur le continent. 17

DEUXIEME PARTIE : La fin de l Europe bismarckienne et l avènement de la «politique mondiale» (1890-1907) 3. Conditions nouvelles de la vie politique internationale Dernière décennie du XIXe siècle : l accroissement démographique fournit des contingents de plus en plus nombreux à l émigration. Après la dépression économique, il y a une phase d expansion en Europe UNE NOUVELLE CONJONCTURE ECONOMIQUE Pendant la période de 1873-1895 : stagnation économique en Europe. Ensuite jusqu à WWI : période d «euphorie» économique. Raison du renversement de conjoncture : l exploitation intensive des mines d or d Afrique du Sud et la découverte de celle du Klondyke augmente le stock métallique de l Europe. Augmentation des prix, qui stimule la production industrielle : on cherche à accroître la production, d où un effort de concentration des entreprises et modernisation de l outillage. Apparaissent aussi de nouvelles sources d énergie : le pétrole. Ces ressources énergétiques entraînent l essor des grandes industries. La métallurgie, stimulée par le développement des chemins de fer, fait un bon en avant. Il y a un changement du classement des grandes puissances industrielles : poussée des USA La production agricole : augmente grâce au développement des industries chimiques et de la mécanisation Le développement des moyens de communications : permet d augmenter les échanges et écouler la production croissante Incidences sur la vie internationale : Aggravation du problème des débouchés (les marchés intérieurs ne peuvent pas absorber la production). Après 1890, les USA et l Allemagne, grâce à leur industrialisation plus récente et la concentration de leurs entreprises, commencent à concurrencer la GB. Volonté de contrôler les sources de matières premières (seuls les USA sont presque autosuffisants). L Europe doit chercher hors du continent. A partir de 1890, les possibilités de colonisation se font rares. Les nouveaux venus (Allemagne) voient leurs ambitions limitées. Souvent ils profitent d une période de tension internationale pour se faire octroyer des territoires appartenant aux grands pays colonisateurs (Ex : Allemagne dans l affaire marocaine). A partir de ce moment, l expansion va prendre un aspect nouveau : les grandes puissances vont être attirées par des grands Etats non industrialisés de vieille civilisation, jouissant d une forte population. Om inaugure donc de nouvelles méthodes consistant à assurer aux intérêts économiques des grands Etats industrialisés des secteurs d influence privilégiée. De grandes sociétés européennes cherchent ainsi à obtenir un droit de priorité pour la mise en valeur des richesses du sous-sol ou l autorisation de construire des routes, chemins de fer, etc. Elles font aussi pression pour obtenir des traités de commerce favorisant l entrée de leurs produits. 18

LES TRANSFORMATION DEMOGRAPHIQUES L essor démographique connaît une accélération pendant les 2-3 décennie précédant WWI, accélérant par la même le mouvement d émigration vers les nouveaux mondes. Les USA passent de 50 millions d habitants en 1880 à 100 millions en 1914 (une des raisons de leur progrès et de la concurrence vis-à-vis de concurrencer l Europe). Au Japon, la population double en ¼ de siècle (accroissement naturel), ce qui va résulter peu à peu à lune politique d expansion. Il y a donc des modifications dans le rapport des forces entre puissances : en Allemagne puissant essor démographique alors qu en France il y a stagnation. L EXASPERATION DU SENTIMENT NATIONAL C est dans les 1ères années du XXe que les nationalismes s affirment avec le plus de forces : 1. Dans les grands Etats multinationaux : les minorités manifestent de + en + leur attachement aux traditions linguistiques, religieuses, etc., en grande partie en raison du développement de l enseignement primaire et l opposition qui en résulte entre langues «nationales». Ex : AH (Tchèques, Slaves du Sud, etc.), Empire des Tsars, etc. 2. Dans les Etats de peuplement homogène : volonté d affirmer la puissance de l Etat, d augmenter son prestige et son influence dans le monde, l orgueil d appartenir à un peuple actif, sentiment d être le «peuple élu», etc. Dans les dernières années du XIXe, l opinion publique joue un rôle grandissant. Le nationalisme, trouve son appui le plus sur dans les classes populaires. Cet état de l opinion publique est lié au développement des institutions parlementaires, la diffusion de l enseignement primaire et l essor de la grande presse quotidienne. Le fait «national» est donc porté et amplifié par l opinion publique dont le rôle ne cesse de croître à la fin du XIXe siècle (les gouvernements sont influencés et écoutent l opinion publique, parlementaire et journalistique). 4. La liquidation de la Politique Bismarckienne En juin 1888, Guillaume II devient empereur de l Allemagne et le vieux Bismarck qui est en désaccord avec lui sur presque tous les points, doit quitter le pouvoir. Guillaume II abandonne le système mis en place par Bismarck, qui était fondé sur l hégémonie allemande en Europe et veut adopter une politique mondiale (Weltpolitik). Il veut lancer l Allemagne dans des entreprises coloniales (elle arrive tard dans le partage du monde) La fin du système bismarckien (qui était probablement nécessaire pour donner satisfaction au développement de l économie allemande et à l appétit de grandeur et de prestige du peuple allemand) permet à la France de rompre avec l isolement : 1) la Russie, dédaignée par Guillaume II, se rapproche de la France 2) la GB, qui s inquiète des progrès de l Allemagne, signe avec la France le traité d Entente cordiale en 1904 3) l Italie, sans quitter la Triple-Alliance, se rapproche de la France à partir 1896. En 1902 elle promet sa neutralité en cas de conflit franco-allemand Conséquence de cette nouvelle politique : isolement européen de l Allemagne 19

LA CHUTE DE BISMARCK Bismarck remet sa démission car il est en désaccord avec Guillaume II : 1) Guillaume lui reproche l échec de l endiguement des progrès de l extrême gauche 2) Bismarck pense que la puissance allemande réside dans les provinces rurales et aristocratiques de l est. Or depuis 1871, l essor industriel a profondément modifié les structures économiques et sociales du Reich et ne correspond plus à l idée que Bismarck se fait de son pays. 3) Les milieux d affaires commencent à «lâcher» Bismarck étant donné qu il est hostile à l expansion outre-mer (débouchés commerciaux, etc.) et préfèrent Guillaume II qui correspond plus aux intérêts de la bourgeoisie (Weltpolitik). 4) Pour Guillaume II, le traité de contre-assurance avec la Russie est malhonnête visà-vis de l AH. Il se méfie d ailleurs de la Russie (adopte une politique anti-russe) En Russie, le départ de Bismarck va accentuer le sentiment d isolement (était considéré comme un obstacle à l «agressivité allemande»). L ALLIANCE FRANCO-RUSSE La Russie, privée des garanties que lui apportait le traité de Contre-Assurance, se rapproche de la France, 2 ans après le départ de Bismarck (malgré les répugnances du Tsar vis-à-vis de la république). L abandon du traité de Contre-Assurance Guillaume II voulant adopter une politique «claire et loyale» à l égard de ses allié, décide de ne pas renouveler le traité de Contre-Assurance (qui pose sous la Triple-Alliance une mine que la Russie peut allumer «chaque jours»). La conclusion de l Alliance franco-russe L Allemagne avait fait un mauvais calcul pensant une entente franco-russe impossible. La Russie va changer d avis car : 1) ses ambitions à l égard des détroits nécessitent un appui en Europe 2) elle commence à regarder vers l Extrême-Orient et a besoin d un appui pour se protéger d une éventuelle action de l AH ou de l Allemagne pendant qu elle sera engagée à l est (alliance de revers). C est l abandon du traité de Contre-Assurance et le renouvellement bruyant et anticipé de la Triple alliance qui va emporter la décision d Alexandre III. Le premier accord politique est conclut en 1891 : les 2 pays proclament leur amitié et promettent de se consulter dans le cas où ils se sentent menacés. Pour la France, ce n est pas encore une garantie formelle de la fin de son isolement. En 1892, les négociations s ouvrent pour une convention militaire. La France aimerait : 1) en cas de guerre contre la Triplice, la Russie doit porter tous ses efforts contre l Allemagne (ennemi principal) 2) l alliance ne jouerait pas automatiquement en cas de mobilisation de la seule AH Mais la France doit céder, car pour la Russie, l AH est l ennemi principal. Le 18 août 1892, est signé une convention militaire franco-russe (secrète) : 1) si la France est attaquée par l Allemagne ou l Italie soutenue par l Allemagne, la Russie intervient 20