Denis Cyr : la trajectoire d un homme heureux



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Transcription:

Denis Cyr : la trajectoire d un homme heureux Entre un Denis Savard qui avait certaines ambitions et un Denis Tremblay qui n a pas eu beaucoup de chance, Denis Cyr n avait pas, contrairement à ses deux amis du même âge, de visées précises quant à son avenir au hockey. La suite lui a donné raison. A la mort de son père, il a perdu le goût du jeu et a voulu passer à autre chose. Mais il ne garde de sa carrière au hockey que de bons souvenirs. - - - - - - - - - - - - Denis Cyr - Comme la plupart des jeunes, j ai grandi avec mes trois frères en étant un fan de hockey. Mon père m a amené un jour au parc et j ai commencé à jouer. J aimais beaucoup mais ne caressais pas de désir particulier à en faire une carrière. Je jouais pour Notre- Dame de Lourdes. Vers l âge de 7-8 ans, un coach de la région, Aldo Giampaolo s est intéressé à moi et m a beaucoup aidé. Je viens d une famille assez modeste et Aldo m a acheté ma première paire de patins en cuir. Ce que j avais aux pieds jusque là c était un genre de patin en carton. Je me souviens de ce jour là et je dois beaucoup à Aldo de m avoir poussé dans la bonne direction. Jacques Vous avez connu les deux autres Denis dans vos jeunes années (2 e année Pee- wee) mais à quel moment avez- vous réalisé que vous aviez le même âge et la même date de naissance? Un curieux de hasard quand même Lorsqu on en parle, on a des versions différentes de ce moment là. Je me souviens qu au lendemain de la signature de nos contrats avec le Canadien Junior, on avait eu une partie d exhibition à l auditorium de Verdun et je me souviens que les journaux avaient fait une grosse affaire avec notre date de naissance commune.

Et jusque là, vous aviez rêvé de joindre les grosses ligues? Pas vraiment. A Verdun, je ne connaissais que le Junior B et le Canadien. Mais un jour Denis Savard m a amené au Forum pour voir évoluer le Canadien Junior contre les Remparts de Québec. C était par première visite au Forum. A ma deuxième visite, nous faisions tous les trois partie du Junior de Montréal. Tout s est passé très vite. Donc vous aviez tous les trois de grandes ambitions? Je dirais que Denis Savard était le plus passionné de nous trois. Et j ai souvent pensé qu il était plus mordu et avancé que nous autres. C est vrai que notre trio se mixait bien. Ceci dit, Savard est l un des meilleurs patineurs que j ai connu. Après 4 ans, on vous transporte à Calgary. Un choc ou un passage en douce? Ça n a pas été facile. Je ne parlais pas beaucoup anglais et je m éloignais de chez- moi pour la première fois. En plus, c était la première année des Flames à Calgary (après Atlanta). Plusieurs vétérans n étaient pas très heureux du changement, notamment à cause du changement brutal de température. Mais moi ça me convenait. J ai rencontré plein de bons gars dont Guy Chouinard de Québec qui m a beaucoup aidé. J ai fait un court séjour au club- école d Oklahoma car je n étais pas encore fin prêt pour les Flames mais j y suis revenu au bout de trois mois. Une belle expérience, Calgary. Que de bons souvenirs? Ah oui, vraiment. Le directeur Keith Fletcher était un gars extra, l assistant Pierre Pagé m a aussi beaucoup aidé. A Calgary, j ai beaucoup appris du hockey, appris sur moi- même Une belle expérience, Calgary.

Une belle surprise de vous retrouver à Chicago avec votre vieux chum? En effet. Lorsque Savard a été repêché en 3 e, ils espéraient me repêcher ensuite en 15 e. Malheureusement j avais déjà été retenu par les Flames. Mais j ai été agréablement surpris qu ils rappliquent 3 ans plus tard. Il faut dire cependant que pour eux, c est une «police d assurance» qu ils cherchaient. A mon arrivée, ils avaient une très bonne équipe avec Al Secord, Denis Savard et Steve Larmer. Or Larmer s est avéré être une excellente recrue et très performant. Si ça n avait pas été le cas, j étais leur Plan B. Donc je jouais sur la 3 e ou 4 e ligne, pas très souvent j étais déçu un peu c est certain. Dans les années qui ont suivi, vous avez un peu bougé ici et là. Étiez- vous un peu frustré de ces changements? Pour moi, mon rêve s est réalisé quand j ai été retenu par le Canadien Junior. La Ligue Nationale ça devenait un bonus. J ai été très heureux d y accéder. Que ce soit à Calgary, à Chicago ou St- Louis, j essayais de me faire un nom et espérais jouer le plus longtemps possible dans la LNH. Mais je ne visais pas à devenir une star ni à demeurer au même endroit indéfiniment. Mais dans votre parcours, n y a- t- il pas eu des moments moins heureux, des frustrations? Bien, oui et non. Ça faisait partie de mon expérience de jouer ici et là. Et chaque fois que je sautais sur la glace c était une lutte pour me garder un poste. On ne peut pas dire si c était bon ou mauvais. J avais une chance de jouer et mon défi était de gagner la confiance de mes coachs. Après Chicago, j étais agent libre. Saint- Louis m a fait signe et j ai été avec eux 2-3 ans. C est là que je me suis retrouvé à quelques reprises à Peoria (équipe- école) A quel moment avez- vous décidé de passer à autre chose et pourquoi? C est en 87, alors que je devais reprendre mon camp d entraînement. C est au moment où mon père est décédé. Les joueurs professionnels ont besoin

d une «flamme» pour garder le goût du jeu. La mort de mon père a comme tué cette passion en moi. Ça m a frappé fort. Je ne voulais pas non plus passer les 6-7 années suivantes à jouer dans les ligues mineures et c est ce qui semblait se dessiner pour moi. C est là que j ai pensé à me trouver un Plan B. Vous gardiez des contacts avec les deux autres Denis? Oui, à différentes fréquences selon les saisons. Peut- être plus avec Tremblay de qui j étais plus proche à l adolescence. Et aussi après qu il ait accroché ses patins après le Junior. Évidemment, ces dernières années on s est vu ou parlé moins souvent. Mariés avec des enfants, les relations longue- distance sont moins faciles. Je vais à Montréal à tous les deux ans mais mes quelques amis de Montréal ne viennent pas souvent ici. Peoria est un bel endroit mais ce n est pas la Floride! Par contre, je croise Savard assez souvent à Chicago. Je fais du travail avec les Anciens et j ai plusieurs clients à Chicago. Et la famille? J ai rencontré mon épouse en 85 lorsque je suis arrivé ici, on s est marié en 87 et nous avons deux filles de 9 et 13 ans. Ma vie est ici depuis 27 ans. Aviez- vous préparé votre retraite. Vous aviez des plans ou avez- vous du repartir «from scratch»? C est à peu près ça Sauf que j ai eu une belle opportunité. J ai d abord été me chercher une licence en immobilier et j ai été agent pendant un an. J ai aussi rencontré un homme qui a plusieurs concessions d automobile et qui, en 89, a acheté la franchise des Rivermen de Peoria (club- école de St- Louis). On m a offert le poste de D.- G. du club et j ai occupé ces fonctions pendant sept ans. Ça m a donné l opportunité de rencontrer une foule d hommes d affaires.

Et depuis? J ai toujours aimé étudier et me perfectionner. A l époque, rares étaient les joueurs qui pouvaient se retirer et vivre de leurs rentes. Je savais qu il fallait trouver autre chose. Je lisais, étudiais, mais n avais pas d idée précise de la direction que prendrait ma vie. J aime le public, j aime les chiffres et tout n est pas arrivé tout de suite. J étais seulement gradué du Secondaire V, il fallait donc me perfectionner. Vous êtes donc aujourd hui consultant après un cours en valeurs mobilières? Oui je suis «broker» depuis 18 ans. Le marché en Bourse change à tous les jours, la situation matrimoniale ou financière de mes clients change constamment et ça occupe bien mes journées. Vous êtes donc un peu le Warren Buffett de Peoria (Celle- là, il l a trouvé bien drôle) Pas vraiment. Disons peut- être l assistant de Warren Buffett. Mais je suis plus content d être dans mes souliers. Il a peut- être fait une bonne job mais il n a jamais joué au hockey dans la LNH! Avec le recul, vos plus beaux souvenirs? Humm il y en a plusieurs. Je garde un souvenir vivace de ma première journée avec de bons patins. Avec Aldo qui me regardait aller. Je me souviens de mon repêchage au Forum de Montréal en présence de mes parents. Ma première joute à Chicago dans l ancien stadium. Ici à Peoria on a gagné la Turner Cup (LIH). Très bon souvenir. Et partout où j ai joué je me suis fait de bons amis. Et à part le décès de votre père, de moins bons souvenirs? Pas vraiment. Sauf peut- être ici ma dernière année, Peoria ne s est pas rendu en finale. Ce fut une déception. Mais à part ça, (longue hésitation) je ne vois pas. Chaque étape de ma vie a fait partie d un long processus

avec ses hauts et ses bas mais qui ont fait de moi l homme que je suis aujourd hui. J ai toujours trouvé la vie plutôt belle. Et j ai été chanceux. Y a- t- il des choses que nous n avons pas abordé mais qui ont été importantes et qu il vous semblerait importante de souligner? (Après une minute de réflexion). La chose survenue récemment et dont je suis très fier c est la soirée- bénéfice que j ai organisée l an dernier pour les victimes d une tornade qui a déferlé non loin d ici. Près de 1000 maisons ont été détruites ou fortement endommagées. Je me demandais ce qui pourrait être fait pour leur venir en aide. J ai appelé un ami directeur de l aréna et lui ai proposé d organiser un match de hockey. J ai téléphoné à mes chums à Chicago et ceux de Saint- Louis et nous avons eu une partie ici. (Des images sont disponibles. Voir site Internet skatestrong.com). Les Anciens de Chicago et les Anciens de St- Louis ont disputé un match devant 4000 personnes et qui a permis de récolter 50 mille dollars. Savard et moi étions de la partie. La «French Connection» était là!