Roubaix: une voiture-bélier lancée puis incendiée dans le couvent des Clarisses Publié le 19/09/2015 PAR ROBERT LEFEBVRE Dans la nuit de vendredi à samedi vers 0h30, une voiture-bélier a été lancée contre le porche de l ancien couvent des Clarisses, situé rue de Wasquehal en plein cœur du quartier de l Épeule. Le véhicule a ensuite été incendié dans la cour de l édifice. Les services techniques de la ville sont actuellement à pied d œuvre pour sécuriser le bâtiment. Le concert prévu dimanche est annulé mais les visites prévues dans le cadre des Journées du patrimoine sont maintenues. Coup dur pour la ville de Roubaix qui espérait sûrement avoir un coup de projecteur tout autre à l occasion des Journées du patrimoine. Vers 0h30, une Peugeot 206 est lancée contre le porche du couvent des Clarisses. La porte en bois cède sous le coup de bélier. Le véhicule est stationné dans la cour intérieure à proximité des bâtiments puis incendié. Alertés, les sapeurs-pompiers se rendent rapidement sur place. Ils procèdent à l extinction de l incendie et protègent au maximum le bâtiment. Les locaux ont été légèrement endommagés. Outre le porche, détruit par la voiture, une baie vitrée et de nombreuses vitres ont été brisées sous le coup de la chaleur. Les visites maintenues, le concert au couvent annulé Depuis ce matin, les services techniques de la ville sont à pied d œuvre pour sécuriser le bâtiment, classé depuis 2010, à l inventaire supplémentaire des monuments historiques. Le couvent devait ouvrir ses portes à partir de cet après-midi dans le cadre des journées du patrimoine pour des visites guidées et aussi un concert dimanche après-midi. Le concert de l orchestre Adventi est annulé. «Compte tenu de l incendie, nous ne pouvons accueillir plus de 19 personnes à la fois dans le bâtiment. Le concert ne peut être maintenu, explique Frédéric Minard, adjoint au maire chargé de la culture. Mais il n y aucune raison 1
d annuler les visites. Ces dernières sont maintenues.» Le couvent sera donc ouvert au public, ce samedi et ce dimanche, de 14 heures à 18 heures. La rue de Wasquehal où se situe le couvent est régulièrement le théâtre d incendies de véhicule. Mais c est la première fois qu une voiture est incendiée à l intérieur du couvent des Clarisses. Une enquête a été ouverte par la police. Un bâtiment du XIXe siècle Le bâtiment, érigé à la fin du XIXe siècle, a accueilli la congrégation des Clarisses jusqu au début du XXe siècle. À cette époque, les sœurs ont quitté Roubaix pour Renaix, en Belgique. Le monastère est alors transformé en école. En 1923, les sœurs réinvestissent le lieu jusqu en 2008 où les quatre dernières sœurs quittent le monastère pour rejoindre un couvent, à Nancy. L école Sainte-Claire ferme quelques mois plus tard. En 2010, le couvent et l école sont inscrits en totalité à l inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Actuellement, le sort des bâtiments est incertain, le couvent en lui-même reste, pour le moment, sans affectation. 2
À Roubaix, le temps suspendu au monastère de l Épeule Publié le 19/09/2014 PAR JULIEN GILMAN La dernière sœur a quitté le quartier de l Épeule il y a déjà six ans. Depuis, l association des Amis du monastère des Clarisses, inscrit aux monuments historiques, tente de maintenir en l état les lieux rachetés par la Ville de Roubaix en 2009. Avec l espoir de leur trouver une nouvelle utilité. Une atmosphère de fin du monde règne au monastère des Clarisses de Roubaix. Le temps semble s y être figé un jour de juin 2008, lorsque la dernière sœur vivant encore sur place a quitté les lieux. Dans une salle de réunion du rez-de-chaussée, une photo dédicacée du pape Jean-Paul II tient encore au mur et, au détour d un couloir, une petite chapelle est toujours entretenue par l association des Amis du monastère des Clarisses. Dans la trentaine de cellules des nonnes, à l étage, les lits de fer spartiates témoignent toujours de la simplicité dans laquelle vivaient les occupantes. À l arrière, dans une annexe, une machine témoigne encore de l activité des sœurs qui fabriquaient trois millions d hosties chaque année pour tout le diocèse. Impressionnant Vide depuis six ans, le monastère n a pourtant jamais été dégradé ou squatté, comme si le caractère sacré du bâtiment prévalait encore. «Les religieuses ont toujours été respectées dans le quartier et, encore maintenant, regardez, il n y a pas un tag», remarque le président des Amis, Xavier Lepoutre. La chapelle désacralisée n a pas non plus été vandalisée mais, sauf un confessionnal aux armes du Baron Béthune, l architecte belge du monastère, et un bénitier sur pied, le mobilier a été dispersé, y compris l autel. Mais la superbe poutre de gloire peinte, le plafond en lattes de bois et les trois magnifiques vitraux suffisent à impressionner le visiteur. «3
C est d une élégante simplicité», aurait dit au président des amis Gilles Maury, enseignant à l école d architecture de Lille et coauteur de l ouvrage Le Baron Béthune à Roubaix. La Ville a racheté le monastère en 2009 avec une idée de reconversion qui a capotée (lire cidessous). Depuis, elle se repose sur les Amis du monastère, association créée l année suivante, pour animer cet édifice, inscrit dans son ensemble à l inventaire supplémentaire des monuments historiques et dont l état général est jugé très bon. Des expositions sont ainsi montées dans la chapelle et des visites du monastère organisées avec les offices du tourisme du coin ou la pastorale. Bien sûr et ce week-end n échappe pas à la règle les Amis ouvrent les portes du monastère chaque année pour les Journées du Patrimoine. Quelques repères 1857. Un incendie se déclare dans l usine à gaz d éclairage Desclée, à Roubaix. Henri Desclée fait le vœu, s il n y a pas de victimes humaines, de faire venir à Roubaix un ordre contemplatif. Le vent tourne et l incendie ne cause pas d explosion, ni de victime. 1873. Trois ans après avoir acheté des terrains dans un quartier populaire, l industriel lance le chantier. Le monastère, qui forme un bloc avec l école Sainte-Clair, est construit par l architecte belge le baron Jean-Baptiste Béthune de 1873 à 1876, année d arrivée des sœurs. 1903. La loi sur les congrégations contraint les Clarisses à s exiler en Belgique durant 20 ans. 2008. La chute des vocations entraîne le déclin du monastère. Après le décès de la mère supérieure en 2007, il ne reste plus que quatre sœurs qui partent pour le couvent de Nancy. En juin 2008, l école Sainte-Claire ferme également ses portes. 2010. Le 30 décembre 2010, le couvent et l école sont inscrits en totalité à l inventaire supplémentaire des monuments historiques. Au programme des Journées du Patrimoine Visites guidées. Samedi 20 septembre à 14 h, 15 h, 16 h et 17 h, dimanche 21 septembre à15 h, 16 h et 17 h. Durée de la visite : 1 h. Réservation obligatoire à l Office de tourisme de Roubaix au 03 20 65 31 90. Concert. La Chapelle des Flandres et le chœur Coeli et Terra donneront un concert dans la chapelle dimanche à 14 h 30. Exposition. Les artistes Bruno Groesteen et Christine Simts proposent «Chemin de Croix», en collaboration avec l association Chapelle and Co, ouvert de 14 h à 18 h. Conférence des artistes samedi et dimanche de 16 h à 17 h. L exposition sera également visible les week-ends des 27 et 28 septembre et des 4 et 5 octobre de 15 h à 18 h. Démonstrations. Mlle Beresowski fera découvrir son travail de restauratrice de statues religieuses, samedi et dimanche après-midi. 4
Monastère des Clarisses, 2 rue de Wasquehal à Roubaix. Que faire d un tel monument? Le monastère des Clarisses est une épine dans le pied de la municipalité. Quand elle achète le bâtiment en 2009, pour 450 000, elle a dans l idée d en faire un centre pour enfants autistes. Mais le bâtiment a besoin d une sacrée mise aux normes et les travaux sont estimés entre 7 et 8 millions d euros. Trop pour la Ville qui renonce à son projet. Idem du côté de l école Sainte- Claire qui forme un ensemble architectural avec le monastère. Un projet de crèche est à l étude avec l association roubaisienne Rigolo comme la vie qui, elle aussi, jette l éponge quand le chantier est estimé à 1,5 million d euros. «C est marrant de voir tous les sujets que l ancienne municipalité a laissés en plan» ironise l actuel premier adjoint Max-André Pick. La nouvelle équipe hérite en effet d un superbe monument historique mais qui est vide, sans projet et dont la mise aux normes, même pour un usage non médicalisé, coûtera bonbon. L hypothèse déjà évoquée par le passé d une auberge de jeunesse revient sur le tapis, mais rien n est fait. «Plusieurs immeubles remarquables posent question, les Clarisses, Notre-Dame, Saint-Benoît, et nous envisageons de lancer un appel à projet pour trouver des gens plus astucieux que nous», avance Max-André Pick, qui rappelle sa priorité : «faire sans dépenser trop». En attendant, la municipalité conserve sa confiance dans l association des Amis du monastère pour la gestion du bâtiment au quotidien. Mais les Amis craignent qu à la longue, sans entretien, le monastère ne se détériore. «Dans l idéal, il faudrait une nouvelle congrégation», note le président de l association Xavier Lepoutre. Des contacts ont été pris avec un religieux pour ouvrir un internat privé, centre de formation au secourisme et pompiers volontaires, mais l évêché n a pas soutenu le projet. «Si la mairie nous fait confiance et nous accorde un bail emphytéotique, on le referait vivre», assure la secrétaire de l association Chantal Berezowski. «Mais pas avec n importe quoi», remarque Xavier Lepoutre. Un entrepreneur a récemment visité les lieux et voyait déjà un bar dans la salle du «tour» où les sœurs recevaient leurs familles. «Ça, on s y opposera», prévient le président des Amis. 5
Roubaix: l avenir du couvent des Clarisses plus que jamais incertain Publié le 12/05/2014 Stéphanie Franchomme (CLP) C est un élément du patrimoine municipal auquel on n arrive pas à donner un avenir. Le couvent des Clarisses, dans le quartier de l Épeule, ne semble pas parvenir à voir émerger un projet susceptible de le sauver. De l extérieur, le couvent des Clarisses, a gardé toute sa prestance. Situé dans le quartier de l Epeule, à la fois école, congrégation religieuse et espace familial, il a accueilli des générations d enfants. Mais une fois entré à l intérieur, le contraste est saisissant. Si la partie du monastère est bien préservée mais reste accessible à un nombre limité de personnes pour des raisons de sécurité, la partie école est dans un bien triste état. Depuis 2010, l association des Amis du Monastère des Clarisses veille à ce que le lieu, désormais propriété de la ville, continue de vivre. Chaque assemblée générale lui redonne un espoir avec l annonce d un projet qui s installerait dans les murs. Pour mieux à la suivante en déclarer la non-réalisation. Finalement, pas de crèche Après un accueil petite enfance ou un centre pour adultes autistes, le projet de crèche privée de l association Rigolo comme la vie, accompagnée d ateliers de parentalité, est lui aussi tombé à 6
l eau, faute de fonds. L annonce en a été faite lors de l assemblée générale de l association samedi dans le monastère, ce qui pose à nouveau la question du devenir du lieu. L assemblée générale a aussi été l occasion pour le Dr Lepoutre, président et fondateur de l association, et Chantal Berezowski, d interpeller la nouvelle municipalité sur cette question. Nathalie Desfrennes, adjointe déléguée aux quartiers Ouest, et Véronique Lenglet, conseillère déléguée au patrimoine, ont pris note de l urgence de la situation et surtout de la volonté de l association de participer aux débats sur l avenir du monastère. Pour le moment la municipalité réfléchit à des possibilités d occupation. Mais le temps et la dégradation constante du bâtiment par les éléments compliquent chaque jour un peu plus la tâche. Retour très hypothétique d une congrégation Pour l association, l idéal serait de préserver le double caractère du lieu, une partie sacrée, une partie profane. Et surtout que le bâtiment ne quitte pas le giron municipal, pour le préserver de projets locatifs ou de reventes sauvages. Le monastère pourrait alors accueillir à nouveau une congrégation, malgré une certaine réticence de l évêché, et côtoyer des ateliers pour les jeunes, les artistes, les enfants. La demande est importante et soutenue par l association. Mais la sécurisation du bâtiment est prioritaire. Le monastère sera bien sûr ouvert lors des Journées du patrimoine mais avec les contraintes que l état du lieu impose. Dans l attente de mieux. 7