CHUTES DE LA PERSONNE AGEE «Protection Escaliers motorisée» Ehpad «Les Magnans» St Martin de Valgagues Dr Sylvie Andre Allheilig Médecin coordonnateur
La Chute n est pas une «Fatalité» L âge, la poly morbidité et le fait de vivre en institution sont des facteurs qui augmentent le risque de chuter.
Les conséquences des chutes sont multiples, traumatiques et psychologiques (pour les résidents, les familles mais aussi pour les soignants) On peut repérer la peur de chuter et une aggravation de la perte d autonomie qui en découle.
Extrait «Guides de bonnes pratiques de soins en EHPAD 2007» Les périodes les plus à risque de chutes sont: Les changements de lieu de vie (ex : retour à domicile après hospitalisation, période suivant l admission du résident). L apparition d une maladie aiguë (ex. : fièvre avec déshydratation). L exacerbation d une maladie chronique (ex : déclin moteur dans une maladie de Parkinson). On retrouve un caractère poly factoriel dans 60% des cas: Médicaments, troubles sensoriels, environnement.
Complications liées aux chutes (estimations nationales) Fractures: 5% des cas Hospitalisations: recours aux services de soins dans 10% des cas Syndrome post chute par désadaptation psychomotrice (peur de retomber, posture non adaptée...) Décès: En France en moyenne 9000 personnes de plus de 65 ans décèderaient chaque année d une chute accidentelle
Le caractère répétitif des chutes est considéré à partir du moment où la personne a fait au moins deux chutes sur une période de 12 mois. Plus les facteurs de risque sont nombreux, plus le risque de récidive de chute est élevé.
Estimation des chutes Chiffres nationaux moyens: 0.6 à 3.6 chutes par an / résident pour les plus de 75 ans vivant en institution (Soit en théorie entre 45 et 270 chutes par an pour un établissement de 75 résidents) La moyenne de 1.7 chutes / personne / an est retenue par l HAS
Évaluations Interne / Externe L évaluation des établissements EHPAD intègre le critère «CHUTE» dans les recommandations ANESM Elle fait partie de la prévention des risques liés à la santé inhérents à la vulnérabilité des résidents
ANESM LES OBJECTIFS: Prévenir les chutes. Prévenir les conséquences des chutes. Prendre en charge les conséquences des chutes. L incidence des chutes (nombre de chutes survenant en un an) doit être connu LES MOYENS: Outils de recueil d information Que faisons nous effectivement???
En EHPAD Toute chute doit être signalée et déclarée L analyse des circonstances et des conséquences des chutes est plus ou moins facile selon le logiciel de soins de l EHPAD Elle dépend des moyens que l on se donne pour avoir une vision globale des chutes(temps prévu, régularité d analyse, réunions d équipe, document de synthèse...) Cette analyse doit conduire à des dispositions individuelles et collectives
EHPAD LES MAGNANS DECLARATION DE CHUTE d UN RESIDENT NOM : PRENOM : DATE : HEURE : SOIGNANT ayant constate la chute ; Nom et Fonction : TEMOINS : ENTOURER LES INFORMATIONS CONSTATEES/BARRER INUTILES LIEU : Dans sa chambre N : Dans la salle de bain Chambre N : Dans le couloir étage N : Dans la salle à manger : Dans la cage d escalier A l extérieur de l établissement: Autre lieu : CIRCONSTANCES : Action en cours - En se levant :du lit/ de son fauteuil/ de sa chaise - En se déplaçant : seul /avec un soignant :./avec autre personne :. - Lors d une animation - En se rendant ou allant aux toilettes - Au cours de l habillage ou déshabillage -Autre circonstance :. LE RESIDENT - Portait-il des chaussures /des chaussons / Etait-il pieds nus - Etait il avec un déambulateur ou une canne - A-t-il présenté un malaise provoquant la chute oui non - Le résident était il agité? oui non - Le résident était il somnolent oui non / confus oui non L ENVIRONNEMENT -Un obstacle peut-il avoir été responsable de la chute : - Si oui,décrire : -Le sol était-il glissant ; collant -Une tierce personne est responsable de la chute oui non - Si oui IDENTITE du responsable présumé :.. CONSEQUENCES -La chute a-t-elle causé des traumatismes physiques oui non Ne sait pas Si oui les décrire : ZONES corporelles douloureuses : Si oui les décrire : IMPOTENCES FONCTIONNELLES - Réaction psychologique -Un médecin a-t-il été appelé? oui non -Centre 15 prévenu oui non - Le patient a-t-il été transporté vers l hôpital? oui non - Famille prévenue : oui heure non Signature du déclarant de la chute :
Fiche Evaluation Timed Up & Go test Nom : Prénom : Age : Date : Evaluateur : Fait : 1 Ne fait pas : 0 Non réalisable Inviter la personne à : Se lever d un fauteuil avec accoudoirs : 0 / 1 Traverser la pièce - distance de 3 mètres : 0 / 1 Faire demi-tour : 0 / 1 Revenir s asseoir : 0/ 1 Temps nécessaire : secondes. Score : / 4 Interprétation : risque de chute si score 1 et temps de réalisation > 20 secondes. On note également les lenteurs d exécution, les hésitations, une marche trébuchante. Test Unipodal Demander à la personne de rester en appui sur 1 pied sans aide pendant au moins 5 secondes. Oui Non Non réalisable Pied droit : Pied gauche : Commentaires :
Liste des actions à mettre en œuvre Dossier médical et de soins à jour Repérage des médicaments potentiellement facteurs de chute (sensibilisation des praticiens libéraux) Transmissions orales et écrites avec désignation d un Référent chute dans l Ehpad Troubles sensoriels connus(port de lunettes, cécité...) Apprentissage à l utilisation du matériel (déambulateur, canne, fauteuil roulant) par kinésithérapeute Atelier marche avec professionnel formé
Apprentissage pour apprendre à se relever (difficile à l âge de nos résidents) Vérification et correction des défauts d environnement (Pas de tapis, lumière suffisante à déclenchement automatique, veilleuse éclairante la nuit, sol non glissant, )
Utilisation de lits Alzheimer en position basse Matelas au sol a coté du lit en position basse Cocoon Prescription de Barrières de lit Bracelet alarme individuel
Protocole de prévention et de prise en charge des chutes connu et discuté 1 ou 2 fois par an en équipe pluridisciplinaire Déclaration d événement indésirable Évaluation annuelle des fiches de chutes par le médecin coordonnateur (document d analyse des risques liés à la vulnérabilité) Réflexion en équipe pluridisciplinaire sur les observations constatées et les mesures à prendre (médecin traitant, ergothérapeute, kiné, AS, IDE, famille et résident...)
Les Magnans :76 résidents Moyenne d âge : 88 ans Chiffres déclarations 2011: 181chutes dont 3% d hospitalisation 2012 : 126 chutes dont 2% d hospitalisation 2013 : 118 chutes Constat d analyse des années précédentes: Chutes graves dans les escaliers et ascenseur
PROFIL DEPENDANCE
Résidents en fauteuil roulant 43 / 76 Majoration du % de résidents admis en fauteuil Résidents manipulant seuls leur fauteuil roulant:10/43 Augmentation de la dépendance entre 2011 et 2013 GMP octobre 2013: 817 59 % sont B ou C en Transfert (52% en C et 7% en B)
90 % des gros chuteurs (plus de 6 chutes par an) ont des troubles cognitifs sévères La moitié des résidents du Cantou ayant une déambulation pathologique sont des chuteurs répétitifs 65% de chutes sont constatées par les équipes de nuit
Répartition chuteurs selon GIR GIR 1 : 10% GIR 2 : 65% GIR 3 : 15% GIR 4 : 5% GIR 5 : 2% GIR 6 : 3%
Circonstances retrouvées Magnans 2012 Rappel : la majorité des résidents sont retrouvés au sol sans que la chute ne soit observée en direct Dans salle de bain en se rendant aux toilettes: 40% Déplacement avec canes ou déambulateur: 20% Chute du fauteuil roulant sans contention : 9% Chute du fauteuil roulant avec contention: 1% Retrait de la chaise par un autre résident: 1% Lors des transferts avec soignant :3% Perte équilibre : 2% Chaussures mal adaptées :3% Lors des transferts sans aide 6% Autres circonstances :5%
Conséquences des chutes 2011 : 6 hospitalisations 1 fracture poignet 2 fractures cotes 2 traumatismes crâniens 1 fracture col fémoral 2 décès 2012 : 4 hospitalisations 1 plaie profonde 1 fracture poignet 1 fracture col fémoral 1 contrôle radiologique 0 décès
Oct. 2013 :118 chutes 3 hospitalisations 2 pour plaies profondes 1 pour contrôle radiologique 0 décès
Analyse des évolutions annuelles Lésions cutanées fréquentes type scalp, hématomes, aggravation de l anxiété et des troubles du comportement suites à ces chutes Sensible diminution du nombre de chutes totales entre 2011 et 2013 Faible orientation au CHAC pour le motif «chute»
Les Chutes Graves
2009 Monsieur R. Né en 1921 troubles cognitifs, maladie de Parkinson, antécédent de chutes à répétition, prothèses de hanches bilatérales, déambulation en fauteuil. A 88 ans, chute dans les escaliers avec son fauteuil roulant traumatisme crânien pas de séquelles
2010 Madame Ra. née en 1916 troubles cognitifs, antécédent de chutes à répétition, fracture humérus, déplacements autonomes en fauteuil roulant 96 ans Chute dans les escaliers avec son fauteuil roulant. Hospitalisation : fracture de cotes avec épanchement pleural nécessitant transfusion Sortie du CHAC 8 jours après accident car évolution favorable. Infection urinaire et escarre sacrée accompagnés d une altération de l état général. Décès 3 semaines après la chute Plainte déposée par la famille à l encontre du médecin coordonnateur et de la direction
2011 Madame P. née en 1921, déplacement en déambulateur 90 ans Chute provoquée par fermeture de la porte d ascenseur (Cellule de barrage de la porte défectueuse.) Conséquence grave pour Mme P: Fracture col fémoral Décès en cours d hospitalisation Courrier de la famille à l ARS
2011 Madame Re. née en 1916 Maladie d Alzheimer, antécédents de chutes à répétition, déambulation en fauteuil. 90 ans chute dans les escaliers avec son fauteuil Traumatisme crânien avec hémorragie (anticoagulant) Hospitalisation, retour EHPAD le jour même; fracture de cotes. 2 semaines après constat d un INR pathologique et hyperkaliémie; 2ème hospitalisation puis retour EHPAD. Décès 5 jours après soit 3 semaines après la chute des escaliers
2011 Monsieur R 90 ans fauteuil roulant deuxième chute dans les escaliers pas de lésion traumatique physique!!!!!!
Mesures prises fin 2011 Sollicitation des services de pompiers, préfecture, A.R.S pour projet d un type de fermeture au regard des escaliers compatible avec la sécurité incendie Travail en partenariat avec les administrations concernées et la commission de sécurité incendie pour limiter le risque d un nouvel accident en tenant compte des contraintes contradictoires des différentes instances
2012 :Pas de chutes dans les escaliers ni dans les ascenseurs 2013 :Pas de chutes dans les escaliers ni dans les ascenseurs
Le travail de prévention se construit tous les jours! MERCI DE VOTRE ATTENTION
Références
Recommandations de bonnes pratiques professionnelles L évaluation interne : repères pour les établissements d hébergement pour personnes âgées dépendantes
Conséquences graves
DEMARCHES FAITES ASCENSEUR mise en conformité de la cellule dés 2011 ESCALIERS : Sollicitation des services de pompiers pour projet d un type de fermeture au regard des escaliers compatible avec la sécurité incendie
Les escaliers réglementation sécurité 1.Les marches ne doivent pas être glissantes. Les marches successives doivent se recouvrir de 0,05 mètre s'il n'y a pas de contre-marches. 2.Les escaliers d'une largeur égale à une unité de passage au moins doivent être munis d'une main courante. Ceux d'une largeur de deux unités de passage ou plus doivent comporter une main courante de chaque côté. Commentaire illustré 3
3.Afin d'éviter les accidents dus à l'engorgement au débouché des escaliers mécaniques et trottoirs roulants : - un dispositif doit être prévu pour obliger le public à parcourir 5 mètres au moins entre le débouché d'une volée et le départ de la volée suivante lorsque ces volées sont contrariées. Cette distance est réduite à 3 mètres pour les appareils comptant pour une seule unité de passage ; - le palier doit être aménagé (Arrêté du 10 novembre 1994) «de manière que» les circulations locales du niveau ne gênent pas l'utilisation du cheminement défini ci-dessus.
3. (Arrêté du 22 décembre 1981.) «Le débouché au niveau du rez-de-chaussée d'un escalier encloisonné doit s'effectuer : - soit directement sur l'extérieur ; - soit à proximité d'une sortie ou d'un dégagement protégé donnant sur l'extérieur et, en tout état de cause, à moins de 20 mètres d'une telle sortie ou dégagement.» Ce cheminement, dont la distance est mesurée suivant l'axe des circulations, doit être direct de même largeur que l'escalier et maintenu libre en permanence. Toutefois, une distance supérieure peut être admise après avis de la commission de sécurité lorsque les locaux du rez-de-chaussée présentent des risques réduits ou que le public dispose de facilités d'évacuation nettement supérieures à celles qui découlent de l'application des dispositions minimales prévues à l'article CO 38.
Types de chutes: Selon certaines études, pour les personnes institutionnalisées les chutes surviennent fréquemment lors des transferts d une chaise ou du lit à une position debout ou inversement Cependant en EHPAD,les soignants ne sont témoins du déroulement de la chute que dans 30% des cas