L habitat et l activité agricole à Vieux : l architecture d une commune des coteaux. du vignoble gaillacois (Tarn)



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Transcription:

Conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement du Tarn Mission d inventaire du patrimoine L habitat et l activité agricole à Vieux : l architecture d une commune des coteaux du vignoble gaillacois (Tarn) octobre 2010 C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 1

SOMMAIRE I - Les différents types d habitat A - L habitat en agglomération 1 - La maison 2 - La maison polyvalente 3 - Les maisons de vignerons a - Des constructions ex nihilo b - Les maisons avec caves dissociées 4 - Les fermes B - L habitat en écart ou isolé 1 - Les fermes de polyculture 2 - Les fermes vigneronnes et de polyculture a - Les petites et moyennes exploitations b - Les grosses exploitations II - L architecture vigneronne A - Sous l Ancien Régime 1 - La fonction de la maison polyvalente? 2 - Les fermes B - L activité vigneronne au XIX e siècle et dans la première moitié du XX e siècle. 1 - La première moitié du XIX e siècle a - Le début du XIX e siècle b Le milieu du XIX e siècle 2 - La deuxième moitié du XIX e siècle a - Les maisons de vignerons b - La construction de fermes vigneronnes c - La constitution des grandes exploitations viticoles C - Les parties constituantes de la ferme 1 - La cave 2 - La remise agricole 3 - L étable 4 - La grange 5 - Le logement du maître-valet 6 - Le pigeonnier a - Un bâtiment intégré ou indépendant b - Le pigeonnier de comble 7 - Les cabanes de vigne D - Typologie des fermes 1 - Ferme à corps de bâtiment unique abritant toutes les fonctions sous un même toit 2 - Ferme à corps de bâtiments groupés autour du logis 3 - Ferme à bâtiments alignés ou en alignement C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 2

4 - Ferme à corps de bâtiment organisés de part et d autre de la cour centrale 5 - Ferme établie sur un plan en L 6 - Ferme établie sur un plan en U III - Évolution des techniques de construction et du décor architectural A - Matériaux et mises en œuvre 1 - Les maçonneries a - Le calcaire b - La brique 2 - Le pan-de-bois 3 - Les encadrements des ouvertures 4 - Les enduits a - En façade b - Sur les pigeonniers 5 - Les toitures a - Les formes de toit b - Les couvertures c - Les génoises B - L évolution des formes et du décor 1 - De la deuxième moitié du XV e siècle au XVI e siècle 2 - Au XVII e siècle 3 - Au XVIII e siècle 4 - Le premier quart du XIX e siècle 5 - La seconde moitié du XIX e siècle a - Les encadrements des portes b - Les portes charretières c - Les cheminées et les baies d évier C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 3

Avertissement L étude de l habitat et des bâtiments liés aux activités agricoles conduite sur la commune de Vieux 1 a été menée dans le cadre d un inventaire thématique du patrimoine vigneron du gaillacois. La commune de Vieux et celle voisine du Verdier ont été retenues pour étudier, de façon préliminaire à l enquête thématique, l ensemble du patrimoine bâti. L objectif était de mieux cerner la thématique sur une entité géographique cohérente, celle des coteaux qui forment la partie septentrionale du vignoble. Compte tenu de la cohérence du territoire que recouvrent Vieux et Le Verdier, la réflexion sur le patrimoine bâti a été menée à l échelle des deux communes pour permettre une analyse plus approfondie. Les deux dossiers d étude qui en résultent reprennent un déroulé similaire et sont complémentaires 2. 1 Ce dossier correspond au dossier collectif «maisons / fermes» de la commune de Vieux, selon les normes de l Inventaire général. 2 Voir le dossier collectif «maisons / fermes», notice n IA81013003 et S. Servant, L habitat et l activité agricole au Verdier, l architecture d une commune des coteaux du vignoble gaillacois, octobre 2010. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 4

Implantée sur les coteaux calcaires situés au nord de Gaillac, la commune de Vieux, d une superficie de 695 ha, est traversée d est en ouest par la rivière de la Vère qui ménage une vallée fertile dans laquelle le village s est implanté 3. Le territoire communal se poursuit sur une petite partie du versant sud de la vallée de la Vère et se développe au nord sur les coteaux pour se terminer en pointe au contact des communes de Campagnac et de Saint- Bauzile. À l ouest se trouve la commune du Verdier, dont la limite est matérialisée en partie par une route communale. Au sud, s étend la vaste commune de Cahuzac-sur-Vère ; à l est, se succèdent les deux petites communes d Andillac et d Alos. Fig. 1. Vue du versant sud de la commune, du village et des coteaux qui le dominent. 3 Pour plus de détails, se référer à la notice «généralités communales» IA81011969 et au dossier d étude l accompagnant. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 5

Les coteaux calcaires du nord sont sillonnés par deux ruisseaux, celui de la Sesquière, à l est et celui de Marines, à l ouest, qui s écoulent du nord au sud pour se jeter dans la Vère. Ce paysage de douces collines est ouvert et ponctué par un habitat clairsemé, réparti sur le plateau et sur les points dominants, ou le long des vallées. Les propriétés agricoles ont ainsi une partie importante de leurs terrains orientés au sud en retombée progressive jusqu à la vallée de la Vère. Le versant sud de la vallée au relief ondulé est animé de doux coteaux sur lesquels se sont implantées les fermes principales. Les cultures rythment encore le paysage et la vigne est toujours présente malgré les différentes campagnes d arrachages. La polyculture conditionne l organisation des fermes des coteaux. Une place est réservée à la grange et à l étable. Sur ce terroir, les céréales sont cultivées mais l élevage ovin et bovin demande aussi des pâtures. Verger, potager, élevage des volailles, des lapins et des cochons constituent l appoint nécessaire. Ces fermes laissent aussi une place à la viticulture et à la fabrication du vin avec un terroir planté de vigne de 4 à 6 ha en moyenne et une cave abritant bien souvent les différentes fonctions de pressoir, chai et cuvier. Presque toutes les fermes possèdent une cave qui peut se situer à l arrière de l habitation ou connaître un développement plus important. À la ferme de Peyrousselles, par exemple, les 6 ha de vigne pouvaient donner entre 100 et 300 hl de vin, avec une moyenne plutôt située autour de 200-250 hl. Fig. 2. Vignes plantées dans la partie sud de la commune. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 6

I - Les différents types d habitat A - L habitat en agglomération 1 - La maison La maison, petite unité bâtie réservée uniquement à l habitation d une famille, ajourée par une porte et une fenêtre, se retrouve dans le parcellaire ancien et s est perpétuée jusqu à nos jours. Les réaménagements opérés au XIX e siècle révèlent la continuité du modèle. Cette unité se trouve par exemple dans le premier noyau urbanisé du village, situé face à l église et de l autre côté du ruisseau de la Sesquière. Ici, l habitat est implanté parallèlement à la pente et composé d une pièce sur chacun des deux niveaux. Il conserve la même emprise depuis le Moyen Âge et a des éléments du XVI e siècle ou du tout début du XVII e siècle. L îlot est composé de deux maisons en profondeur, disposant de trois murs mitoyens, ouvrant chacune sur une rue. Fig. 3. Petite maison conservant une porte en platebande ornée d une accolade dans le village. Fig. 4. Mur mitoyen constitué de moellons équarris assisés. Ici, la porte est ornée d une accolade et les murs mitoyens sont constitués de moellons équarris de calcaire régulièrement assisés. La maison de village d une certaine importance et affectée uniquement à l habitation est peu ou pas représentée. Les maisons présentant une façade soignée et ordonnancée pouvaient posséder une cave ou un bâtiment agricole à l extérieur. Lorsque cela a été possible, des informations relevées lors de l enquête ont souvent permis de rattacher une cave ou un bâtiment agricole à une maison et de retrouver ainsi la cohérence activité/résidence. 2 - La maison polyvalente La notion de maison polyvalente issue du modèle médiéval dans lequel la maison abrite l habitat à l étage et l activité professionnelle au rez-de-chaussée, quelle soit artisanale, marchande ou agricole est un schéma répandu dans les agglomérations. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 7

Dans le village, lorsqu elle est implantée sur la pente, elle comprend deux accès. Une maison du XVII e siècle située dans le noyau ancien fixé contre le château, a une large porte percée au niveau bas du mur pignon. Elle donne sur un local. Dans le mur gouttereau de l étage, une porte piétonne dissociée, à laquelle on accède par la rue en pente, ouvre sur l habitation. Sur le pignon, la fenêtre à croisée éclaire la salle, sur le mur gouttereau, la pierre d évacuation de l évier est associée à une petite baie. Fig. 5. Vieux, maison implantée sur la pente datée du début du XVII e siècle. Fig. 6. Vestige de la croisée à l étage. Fig. 7. Large porte ouvrant sur le local au rez-de-chaussée. 3 - Les maisons de vignerons a - Des constructions ex nihilo Au XIX e siècle, la maison de vigneron peut être identifiée comme une construction nouvelle. Elle se distingue des maisons polyvalentes par une partie accordée à l activité viniviticole et des fermes par l absence de parties accordées à l élevage et à la culture, en dehors de bêtes de somme indispensables au travail de la vigne. La cave où s élabore le vin regroupe le pressoir à vin, le cuvage et le chai. Un espace est aussi réservé aux bêtes et au stockage de matériel. Au-dessus de la cave, un fenil est souvent associé. Des aménagements extérieurs peuvent compléter le dispositif comme la remise. Le puits est toujours près de la maison. La cave peut occuper tout le rez-de-chaussée, l habitat se trouve alors à l étage. Lorsque le bâtiment est plus développé en longueur ou en profondeur, une seule partie du rezde-chaussée est consacrée à la cave. Le pigeonnier de comble est un élément récurrent. L emplacement du pressoir peut encore être identifié dans certains cas. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 8

Fig. 8. Vieux, maison de vigneron construite en 1846. Le cellier se trouve au rez-de-chaussée, la remise agricole, contre la maison. Fig. 9. Vieux, maison de vigneron construite en 1852. La cave occupe une partie du rez-de-chaussée. Un mur protège une petite cour devant la maison dans laquelle se trouve le socle du pressoir. En bordure d agglomération, la maison de vigneron peut prendre l allure d une demeure et les parties constituantes, cave, écurie-fenil, remise, pigeonnier avoir des dimensions plus importantes. Fig. 10. Maison de vigneron, située dans la partie haute du village. Environnée d un jardin, cette maison de vigneron «cossue», couverte d un toit en pavillon, présente sa façade principale au sud-est, ordonnancée et à cinq travées. Au nord-est, une large porte charretière permet d accéder au chai, relié à la remise agricole, de grande dimension. Le pigeonnier est un bâtiment indépendant avec un toit à un versant. Les trous d envols en brique sont ménagés dans le dernier niveau au-dessus de la randière en forte saillie et en brique. Des petits bâtiments agricoles y étaient attenants et le puits se trouve non loin. b - Les maisons avec caves dissociées Plusieurs maisons du village peuvent être qualifiées de maisons de vigneron mais la cave n est pas contiguë à l habitation. L association maison et cave dissociée a pu être retrouvée dans la partie basse du village. Au nord de l église, des caves isolées appartenaient à des familles dont la maison se trouvait dans le village, ceci s expliquant par le manque d espace constructible à proximité du logis. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 9

4 - Les fermes Les villages accueillent aussi sur leurs pourtours, dans des espaces laissés libres et où le bâti peut se développer aisément, des fermes de polyculture et de vini-viticulture. D autres fermes se développent sur le parcellaire ancien, en le restructurant. De même que les fermes isolées ou en écart, elles possèdent toutes les parties constituantes : grange, étable pour les vaches, remise agricole, cave pour les tonneaux et les cuves, pressoir, porchères, poulaillers, clapiers quelques fois et un pigeonnier qui peut être un bâtiment indépendant. À Vieux, les fermes s établissent au XIX e siècle sur les pourtours de l agglomération ou dans la partie haute du village, là où le maillage du réseau aggloméré est suffisamment lâche. Fig. 11. Extrait cadastral du village de Vieux, repérage des fermes. En bordure de la partie haute du village de Vieux, une ferme se constitue progressivement dans la deuxième moitié du XIX e siècle à partir d une ancienne maison, avec des bâtiments alignés et clôturés par un pigeonnier. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 10

Fig. 12. Détail des partis constituantes de la ferme (extrait cadastral, année 2000). Fig. 13. Le logis est suivi de la remise-agricole, d une grange-étable et d un pigeonnier. La cave, dissociée, occupe le côté oriental de la cour. Au bord du ruisseau de la Sesquière et face à l église, une ferme s est constituée dans la première moitié du XIX e siècle à partir d acquisitions de terrains et de maisons. Ainsi, elle présente la particularité de s établir de part et d autre du ruisseau. Fig. 14. Extrait cadastral de 2000 rassemblant les différentes parties constituantes de la ferme. Fig. 15. Vue des parties constituantes de la ferme, situées rive droite du ruisseau (remise agricole, grange-étable, pressoir, soue à cochons, poulailler). B - L habitat en écart ou isolé La présence d habitats de la fin du Moyen Âge a été identifiée sur les deux communes. L habitat peut être retrouvé à l état de vestige, comme par exemple à Lescure sur la commune de Vieux où un pan de mur d un logis de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e siècle est encore visible. Au Verdier, à la Capusié, un corps de logis du XVI e siècle peut être reconnu dans le logis actuel. Mais ce sont les bâtiments du XVII e siècle qui apparaissent de manière significative pour la période de l Ancien Régime. De nombreux vestiges repérés sur les deux communes révèlent que cette période a structuré le territoire. Les ensembles bien conservés sont néanmoins visibles uniquement au Verdier. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 11

1 - Les fermes de polyculture Sur le territoire de la commune, cinq petites fermes isolées ne peuvent être rattachées à l activité viticole. Elles possèdent uniquement une étable et une grange et sont le plus souvent situées sur des terrains proches de moyennes ou grosses exploitations. Elles étaient la propriété de petits exploitants ou de métayers des plus grandes propriétés. Elles se caractérisent par un bâtiment unique de moyenne dimension accueillant l étable sur une partie du rez-de-chaussée et la grange à l étage. Dans certains cas, la grange peut occuper toute la surface de l étage. Fig. 16. Petite ferme située dans la vallée de la Vère, non loin de La Borie Blanche, construite en 1865. Fig. 17. Le Trouilhet, petite ferme construite en 1852. 2 - Les fermes vigneronnes et de polyculture a - Les petites et moyennes exploitations Les petites fermes de polyculture et de vini-viticulture se caractérisent bien souvent par plusieurs bâtiments groupés autour du logis. Le logis ouvre au sud, la grange-étable contiguë se trouve à l ouest, avec parfois une remise agricole. La cave abritant le chai et le cuvage est au nord, avec parfois une petite remise abritant le pressoir. Les toits à porcs, poulaillers et clapiers sont des petites annexes. Les moyennes exploitations se caractérisent par un développement plus important des bâtiments et du logis. La ferme de Peyrouzelles illustre parfaitement le propos puisque les dates de construction des différents bâtiments sont bien connues. Lorsque la famille Ratier acquiert la propriété au début de la 2 e moitié du XIX e siècle, elle fait construire dans un premier temps la remise agricole en 1868, à l est du premier logis. Un nouveau logis, avec une façade soignée à cinq travées, est élevé en 1875. Il accueille d abord la grange-étable dans la partie postérieure, au nord-ouest. Puis une grange-étable est construite au nord-ouest de la remise agricole, la partie arrière de la maison, au nord, sert alors de chai. Par la suite, probablement en 1878, le chai et le cuvage sont construits au nord-est de la remise agricole avec la grande ouverture pour le déchargement du raisin et le pressoir au nord. La partie arrière du logis est alors réservée pour la conservation de demi-muids supplémentaires. La propriété avait 6 ha de vigne et obtenait une récolte pouvant varier entre 100 et 300 hl. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 12

Fig. 18. Plan de situation des bâtiments de la ferme de Peyrouzelles. b - Les grosses exploitations Les grosses exploitations, qui sont aussi des fermes de polyculture, accordent une place importante à l activité vigneronne, en particulier dans la 2 e moitié du XIX e siècle. Elles se caractérisent par des bâtiments aux dimensions souvent importantes et aux fonctions spécifiques. Parmi les bâtiments agricoles se trouvent étable à vaches, écurie et bergerie surmontées de granges. Des remises agricoles, dont une au moins est reliée à la cave, complètent le dispositif. La cave qui est un grand bâtiment accueille dans une partie le pressoir et les cuves de décantation, parfois aussi les demi-muids (tonneau de 600 litres). Foudres en bois ou cuves, situées en dessous lorsque c est possible, sont aménagées dans une autre salle. L élevage des porcs, poules et lapins est aussi présent, dans des petites annexes. Le pigeonnier est dans la plupart des cas un bâtiment indépendant ou intégré à un corps de bâtiment. Le four à pain, le ou les puits, souvent maçonnés et couverts, et parfois une citerne, sont aussi les annexes indispensables de ces propriétés vivant en autarcie. Un logement pour le maître-valet ou le régisseur est prévu. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 13

Fig. 19. Plan de situation des bâtiments de la ferme de Puech Ferrand. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 14

II - L architecture vigneronne A - Sous l Ancien Régime Avant le XIX e siècle, l activité vigneronne est difficilement identifiable au travers de l architecture. Si l on sait que le territoire était en partie planté de vigne, très peu de caves cependant ont été reconnues. En 1812, celle du château de Vieux est mentionnée parmi les propriétés entre autres possessions : pressoir à huile, moulin, etc. Non attenante au château, la cave était située dans la partie basse du village, (plan cadastral de 1812, D 601). Au château de la commune voisine du Verdier, en 1794, au moment de la vente des biens nationaux, l un des quatre lots issu du démantèlement est décrit comme abritant un tinal au rez-de-chaussée, c'est-à-dire une salle où l on fabrique le vin. C est en effet dans les actes de vente que peuvent se trouver des informations relatives à l activité vigneronne. Dans l acte de vente de 1772 d une maison de Vieux, il est précisé que la «cuve vinaire» se trouve au rez-de-chaussée. Ce niveau de la maison est situé le long du ruisseau. La maison devient dans le 2 e quart du XIX e siècle le logis d une ferme de vigneron et le niveau du rez-de-chaussée conserva tout au long de la période et ce, jusqu à l arrêt de l activité, la fonction de chai et de cuvage. 1 - La fonction de la maison polyvalente? À propos des maisons polyvalentes décrites plus haut (voir p. ) où l étage était réservé à l habitation et le rez-de-chaussée ou l étage de soubassement à l activité professionnelle, on doit se demander si certains de ces niveaux bas pouvaient abriter une cave. La large porte qui donne sur la rue à l étage de soubassement dans la petite maison de Vieux (fig. ) ouvrait-elle sur local dévolu à la fabrication du vin? Il ne subsiste pas d aménagement particulier qui permettrait de le préciser. 2 - Les fermes Plusieurs fermes viticoles du XIX e siècle conservent un pan de mur ou un corps de bâtiment antérieur pouvant être daté entre la 2 e moitié du XV e siècle pour les plus anciens et le XVIII e siècle. Les formes et appareillages constituent bien souvent les seuls témoins de ces périodes anciennes. Les dates portées ne concernent que la deuxième moitié du XVIII e siècle (1777, Mas de la Bise ; 1790, à Puech Ferrand ; 1795, à Lescure). L implantation de l habitat est ancienne mais les vestiges conservés sont trop fragmentaires pour pouvoir identifier la nature des cultures de ces premières exploitations. Il paraît pourtant évident de poser la question de l activité vigneronne dans ces fermes à une période antérieure au XIX e siècle. L existence de pigeonniers pouvant être datés, pour les plus anciens des XV e ou XVI e siècles et dont la présence est habituellement mise en lien avec l activité vigneronne peut certainement constituer un témoignage de l ancienneté de l activité, la fiente de pigeon étant l un des meilleurs engrais pour enrichir la vigne. Le pigeonnier de Pech de l Homps était rattaché à une métairie dont l implantation est ancienne. Ce dernier, de plan carré, aux ouvertures abattues par un chanfrein et dont un piédroit est sculpté d une base prismatique, peut être daté de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e siècle. Au château de Vieux, deux pigeonniers sont intégrés au plan du château lors de sa construction au début du XVII e siècle. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 15

Fig. 20. Pigeonnier du Pech de l Homp, fin du XV e siècle ou début du XVI e siècle. Fig. 21. Pigeonnier du château de Vieux construit au début du XVII e siècle. Sur la commune voisine du Verdier, la petite ferme de Rossignol 4 qui peut être datée du XVII e siècle pose la question de la présence de l activité vigneronne. Le bâtiment à un étage abrite à droite une étable surmontée d un fenil. À gauche, l habitation caractérisée par une seule pièce située à l étage se trouve au-dessus d une salle accessible par une porte piétonne. La fonction du local n a pas pu être reconnue mais la présence du pigeonnier sur l arrière et la petite remise à l angle qui complètent ainsi les parties constituantes habituelles de la ferme de polyculture et de viticulture incitent à penser qu il s agit d une cave. La ferme de la Sesquière a conservé l organisation des bâtiments depuis le XVIII e siècle. Un grand logis, réaménagé dans la 2 e moitié du XIX e siècle, est suivi d une cave très étroite insérée entre le pigeonnier et le logis. Cette distribution des bâtiments est encore identifiable sur le plan cadastral de 1812 et le pigeonnier a conservé l élévation et l aménagement intérieur du XVIII e siècle. L implantation sur le terrain est particulière puisque la cave est élevée sur un socle rocheux et possède deux accès, un à l avant et l autre dans l élévation postérieure. Fig. 22. Vieux, ferme de la Sesquière. Fig. 23. La Sesquière, extrait du cadastre de 1812. 4 Cf notice IA81010986. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 16

B - L activité vigneronne au XIX e siècle et dans la première moitié du XX e siècle Le XIX e construction. siècle représente la période la plus largement représentée dans la 1 - La première moitié du XIX e siècle a - Le début du XIX e siècle Au tout début du XIX e siècle, quelques fermes de polyculture de taille encore réduite s agrandissent progressivement en dissociant dans un premier temps la grange-étable du logis. C est le cas au Pech de l Homps en 1811, date inscrite sur la large porte, au Caussé sur la porte intérieure, 1814, ou au Clairou sur la porte du logis en 1833. b - Le milieu du XIX e siècle La décennie 1840 apparaît à travers les registres des augmentations et des diminutions du cadastre comme une période où l on agrandit et on reconstruit. Le destin particulier du château de Vieux semble être représentatif de la nouvelle orientation que prend la mise en culture des terres dans la première moitié du XIX e siècle. En 1839, le château est vendu en deux lots par sa propriétaire Émilie Desprats. Un lot est acquis par une famille d agriculteurs qui va transformer le rez-de-chaussée puis les salles annexes de l étage qui est doublé en profondeur en ferme, mais aussi en cave, avec le pressoir, le chai et le cuvage. Dans la ferme de Lescure, le bâtiment de la cave est construit dans le prolongement du logis en 1848. Il comprenait une cuve creusée dans la roche qui était alimentée par le pressoir depuis l arrière. Un autre indicateur du développement de l activité viticole est la construction de maisons vigneronnes dans le village au cours des décennies 1840 et 1850. Ces petits bâtiments à corps unique accordent le rez-de-chaussée ou une partie de ce niveau à la vinification et au stockage du vin. Elles sont identifiables par la spécialisation du rez-dechaussée et la construction a bénéficié d un soin particulier, que ce soit dans la mise en œuvre ou dans les motifs de détail des ouvertures. Fig. 24. Maison de vigneron, Vieux, 1846. Fig. 25. Maison de vigneron, Vieux, 1852. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 17

2 - La deuxième moitié du XIX e siècle a - Les maisons de vignerons La construction de ces bâtiments spécialisés, n accordant pas de place à la polyculture ou à l élevage, se poursuit au début de la 2 e moitié du XIX e siècle sur le territoire rural mais elle reste minoritaire. Fig. 26. Maison de vigneron à Fontalzanière, en 1860. b - La construction de fermes vigneronnes La construction d une dizaine de fermes moyennes est repérable dans la 2 e moitié du XIX e siècle sur les coteaux et le plateau. Il peut s agir de constructions nouvelles comme à La Rexigne, en 1882, ou à Grategalines entre 1879 et 1882 ou à Bel Air. L organisation des fermes observe un schéma commun, le logis ouvre au sud/sud-est, la cave au nord avec un accès depuis la remise agricole. Cette dernière permet bien souvent de rejoindre la grangeétable. Le pigeonnier peut être une construction indépendante comme à Grategaline. Fig. 27. Vieux, ferme de Grategaline, construite entre 1879 et 1882. La ferme peut aussi se constituer à partir d un noyau ancien mais dans ce cas-là, elle est reconstruite à partir d un nouveau logis. C est le cas à Peyrouzelles entre 1868 et 1875 ou C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 18

à Pech Imbert, en 1886. Le logis de cette dernière abrite à l étage de soubassement le chai et le cuvage. c - La constitution des grandes exploitations viticoles De grandes exploitations viticoles se sont constituées dans la 2 e moitié du XIX e siècle. Elles sont moins importantes sur la commune de Vieux que sur celle du Verdier mais elles sont significatives du développement de la viticulture pendant cette période. À Vieux, la constitution de la grande ferme de Puech Ferrand est tout à fait représentative de cet essor. Un nouveau logis ouvrant sur la cour et sur une terrasse aménagée avec bassin et jardin de buis est construit en 1867. Ceci a été suivi de l agrandissement et l exhaussement des bâtiments agricoles, des écuries, du pigeonnier, mais aussi du logement du maître-valet et de la plantation de l allée d arbre menant à la propriété. Fig. 28. Puech Ferrand, corps de bâtiment agrandi dans la décennie 1870. Fig. 29. Façade sur jardin à sept travées 1867. Le domaine de l Espaillou se constitue aussi à partir des adjonctions successives de bâtiments agricoles, du logement du maître-valet et du logis à partir de 1873. Fig. 30. Plan de situation des bâtiments de l Espaillou. Le phylloxéra arrive dans le gaillacois en 1879. La construction et l agrandissement des fermes vigneronnes ne s interrompent pourtant pas au début de la décennie 1880. Des dates portées sur les constructions de cette décennie laissent penser que la replantation et le redémarrage de l activité se sont opérés rapidement. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 19

La période d expansion mise en évidence dans la seconde moitié du XIX e siècle n est plus effective dans la première moitié du XX e siècle. Seule la ferme du Bois de Couxe est construite dans le premier quart du XX e siècle ce dont témoignent les chaînes d angle en brique de l étage. Dans la ferme viticole des Garrigues, il s agit d une reprise de l intégralité du logis qui s est opérée en 1914, date gravée sur le linteau de la porte. Les linteaux sont en grès mais les piédroits sont en brique. C - Les parties constituantes de la ferme Dans la ferme traditionnelle, il existe rarement un bâtiment unique par fonction, dispositif qui se retrouve plutôt pour les grandes exploitations et les domaines. Aussi, la caractérisation des principales parties constituantes de la ferme de polyculture et de viticulture permet-elle de faire ressortir des constantes, indépendamment de la taille des exploitations. 1 - La cave Pressoir à vin, cuvage et chai sont situés dans un même bâtiment que l on appelle localement la cave. Le terme ne désigne donc pas ici une salle située en partie basse de l habitation, mais bien le bâtiment consacré à la vinification et au stockage des fûts. Quelques exemples de cave située dans un corps de bâtiment indépendant se repère pour les époques relativement anciennes, au XVIII e siècle à la ferme de la Sesquière déjà évoquée, et au début du XIX e siècle essentiellement. À la ferme de l Espaillou, la cave est un corps de bâtiment à deux niveaux construit sur la pente. Le premier niveau est enterré à l arrière. Le pressoir, aménagé à mi-hauteur est accessible depuis le niveau supérieur par une large porte percée dans le mur pignon et accessible de plain-pied. Le vin coulait directement du pressoir dans la cuve maçonnée située au niveau inférieur. Le premier niveau accueillait les demi-muids. Fig. 31 et 32. L Espaillou, emplacement du pressoir situé sous le quai de déchargement de la vendange. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 20

Les caves de la seconde moitié du XIX e siècle et du premier quart du XX e siècle se situent dans la majeure partie des cas dans un corps de bâtiment accolé à l arrière de la ferme. Dans ce cas, la cave s implante sur un côté, le plus généralement au nord. Mais elle peut aussi se développer sur deux côtés, adoptant ainsi un plan en L, dispositif utilisé pour la ferme de Bel Air. Fig. 33. Bel Air, plan du rez-de-chaussée, extrait de C. Rivals, L architecture rurale française, Midi toulousain et pyrénéen, 1979, p. 248-251. Le pressoir à vin peut se situer à l abri, à l une des extrémités de la cave. Une large ouverture permet de déverser la vendange depuis l extérieur directement dans le pressoir. Fig. 34. La Borie Blanche, la large ouverture permettait de déverser le raisin directement dans la cuve et le pressoir. Fig. 35. Aménagement de la cuve et emplacement du pressoir. Le pressoir a pu aussi être placé simplement à l abri de la remise, disposition qui pouvait être liée à l élaboration du vin blanc, pressé dès la rentrée de la vendange. C est aussi une disposition qui se généralise au début du XX e siècle. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 21

. Fig. 36. Pressoir situé sous la remise, ferme située rue de la Mairie, Vieux. Le pressoir à vin peut aussi se trouver à l extérieur, non loin de la cave. Plus récemment, dans la seconde moitié du XX e siècle, les presses électriques étaient placées à l étage et le vin se déversait dans la cuve, en contrebas. Les demi-muids (tonneau de 600 litres) ou plus récemment les cuves en ciment sont placées dans une autre partie de la cave. Fig. 37. À Lescure, les cuves en ciment ont été installées contre le mur opposé. 2 - La remise agricole Souvent présente dans les fermes de polyculture, la fonction de la remise était d abriter les véhicules et l outillage agricoles. Les plus anciennes remises sont de taille réduite et se situent à l articulation de deux corps de bâtiment. La remise est constituée dans la grande majorité des cas par un corps de bâtiment accolé à un autre préexistant (l étable, le logement, la cave), ne nécessitant ainsi que la C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 22

construction d un mur, et parfois simplement de piliers régulièrement implantés et d une toiture à un pan. La remise donne parfois accès à la grange-étable. Fig. 38. Lescure, remise abritant la grange-étable et le four. Elle utilise le mur occidental de la cave et est couverte d un toit en appentis. On l a vu plus haut, la remise peut également abriter le pressoir à vin. Fig. 39. Le Bourdonnel, la remise abrite l accès à la cave. Les remises indépendantes correspondent aux exemples les plus récents. Celles datant du premier quart du XX e siècle adoptent aussi une taille beaucoup plus importante puisqu elles étaient destinées à accueillir un plus grand nombre d engins. La remise indépendante se compose de trois murs maçonnés ; elle est totalement ouverte sur le quatrième côté pour faciliter le passage des véhicules. Des poteaux de bois ou pour les exemples les plus récents des piliers de brique supportent la toiture. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 23

3 - L étable Pour les fermes de polyculture, l étable abritait une ou plusieurs paires de bœufs utilisés pour leur force de traction et aussi une ou plusieurs vaches. Elle a pu être identifiée dans 76% des cas. Elle est généralement surmontée de la grange et est alors appelée la grangeétable. 4 - La grange Elle est le plus souvent située au-dessus de l étable avec laquelle elle communique par de petites trappes qui permettent de faire descendre le fourrage directement dans les mangeoires. Fig. 40. La grange est située au-dessus de l étable, ferme du village. La grange est aussi parfois située au-dessus de la remise agricole. 5 - Le logement du maître-valet Un logement de maître-valet ou de régisseur peut prendre place dans la ferme. Il est souvent aménagé dans une partie de bâtiment mais il peut aussi constituer un bâtiment indépendant. À la ferme de Lescure, à Vieux, le logement est aménagé dans la partie avant de la cave, séparé de la cuve par un mur de refend. La cheminée est installée à l angle. À Puech- Ferrand, il est construit en 1870, date portée sur le linteau de la porte, au-dessus du four. L accès est pratiqué par un escalier extérieur qui mène au perron. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 24

Fig. 41. Perron du logement du maître-valet à Puech Ferrand. Fig. 42. Maison du maître-valet à Pech Aymon. À l Espaillou, il s agit d une maison à trois travées établie dans le prolongement des bâtiments agricoles, abritant l étable au rez-de-chaussée. Au domaine de Pech Aymon, la maison du maître-valet est indépendante et située en dehors des bâtiments principaux et entourée des petites annexes, toits à porcs, poulailler. 6 - Le pigeonnier La fonction de pigeonnier est quasiment toujours présente dans la ferme de polyculture et de viticulture. Trous et grilles d envol principaux sont ouverts au sud-est ou à l est. a Un bâtiment intégré ou indépendant Dans les exemples les plus flagrants, le pigeonnier constitue une construction indépendante et individualisée, une tour de plan carré ou rectangulaire. Mais seules les parties supérieures sont réellement destinées à l accueil des pigeons ; le rez-de-chaussée fait lui office de petite étable le plus souvent. Il peut dans ce cas être un bâtiment indépendant ou être intégré ou accolé aux corps de bâtiments. Fig. 43. Pigeonnier-porche de Puech Ferrand, Vieux. Fig. 44. Le pigeonnier d une ferme rue de l École à Vieux. Le rez-de-chaussée était réservé aux veaux. À Puech Ferrand, un porche est aménagé dans la partie inférieure du pigeonnier qui permet d accéder aux bâtiments agricoles situés en arrière. Le pigeonnier se distingue des bâtiments par sa hauteur et la toiture en pavillon à égouts retroussés. Le pigeonnier peut être accolé à d autres corps de bâtiment et se dissocier simplement par sa toiture dissociée. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 25

Fig. 45. Le pigeonnier à L Espaillou. Autre cas particulier, le pigeonnier peut s associer à un logement. À la Sesquière, le rez-de-chaussée du pigeonnier est réservé au logement, le niveau de comble est aménagé en pigeonnier et couvert par un toit dit en «pied de mulet». Fig. 46. Pigeonnier de la Sesquière. Fig. 47. Détail de l aménagement de l évier. b - Le pigeonnier de comble Le pigeonnier de comble est le cas le plus fréquemment rencontré. La présence d un pigeonnier indépendant au sein d une ferme n interdit cependant pas celle d un pigeonnier de comble. Il surmonte le plus souvent l habitation mais il peut aussi être aménagé au-dessus d un bâtiment agricole ou de la cave. L aménagement au-dessus du logis, sur la façade principale peut donner lieu à une modification de la pente de la toiture pour ménager un fronton. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 26

Fig. 48. Le Clairou, emplacement du pigeonnier au-dessus de la façade principale. Le pigeonnier de comble peut occuper toute la partie haute du pignon. La génoise se poursuit sur les deux rampants du toit et une plaque d envol supportée par un rang de tuile souligne la forme triangulaire du pignon. Outre le côté esthétique, le traitement du pignon permet ainsi aux pigeons de se poser. Fig. 49. Le Bourdonnel, pigeonnier aménagé dans la partie supérieure du pignon. 7 - Les cabanes de vigne Le plus souvent isolées dans le paysage, les cabanes de vigne se rattachent pourtant à une exploitation agricole. Elles constituaient des abris temporaires pour y entreposer quelques outils, s y réfugier à l ombre du soleil ou se préserver des intempéries. On pouvait éventuellement y loger le cheval le temps d une journée passée à travailler dans la vigne. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 27

Fig. 50. Cabane de vigne à l ouest de la ferme de Rexigne. D - Typologie des fermes Rarement construites en une seule campagne de travaux, les fermes résultent le plus souvent de remaniements et d agrandissements successifs survenus au gré des changements d activités. Établir des typologies peut parfois être difficile. Cependant, plusieurs grands types d organisation peuvent tout de même être dégagés. toit 1 - Ferme à corps de bâtiment unique abritant toutes les fonctions sous un même La ferme, à un seul corps de bâtiment, abrite les différentes fonctions : le logis, l étable surmontée de la grange et la cave. Fig. 51. Exemple de ferme à corps de bâtiment unique, Bois de Couxe. À gauche, l étable est surmontée de la grange, le logis occupe la partie droite. L accès à la cave s effectue depuis le pignon oriental. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 28

2 - Ferme à corps de bâtiments groupés autour du logis Ce type d organisation a été repéré dans des fermes datant de la seconde moitié du XIX e siècle ou du tout début du XX e siècle. Il traduit les différentes phases de constitution de la ferme. À Bel Air, la première unité comprenait un logis et la grange-étable. La cave est venue se construire contre l élévation postérieure avec un appentis protégeant le pressoir. Le pigeonnier a ensuite été édifié à l est et la remise à l ouest. L habitation ouvre généralement au sud ou au sud-est et la cave bénéficie de la fraîcheur due à son orientation nord. Fig. 52. Bel Air, plan du rez-de-chaussée et de l étage, tiré de C. Rivals, L architecture rurale française, Midi toulousain et pyrénéen, 1979, p. 248-251. Fig. 53. Bel Air, coupe et coupe axonométrique, tiré de C. Rivals, L architecture rurale française, Midi toulousain et pyrénéen, 1979, p. 248-251.. Cette organisation se retrouve aussi à la ferme du Bourdonnel, La Sesquière Basse, La Caussé, La Burgue ou encore à Fontalzanière. Fig. 54. Le Bourdonnel. Fig. 55. La Caussé. 3 - Ferme à bâtiments alignés ou en alignement Certaines fermes se sont constituées dans l alignement du logis. Grange-étable, chai et cuvage, remise sont construits dans son prolongement. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 29

Fig. 56. Vieux, rue de l École, ferme située dans le village. Fig. 57. Lescure, plan de situation. 4 - Ferme à corps de bâtiment organisés de part et d autre de la cour centrale Les fermes s organisent souvent de part et d autre de la cour, permettant de privilégier les accès aux bâtiments. Ce sont par exemple les fermes du Pech de l Homps et du Sol. À Pech de l Homps, pigeonnier, cave, chai, pressoir et cuvage, bergerie se trouvaient face au logis et à la grange-étable. Fig. 58. Pech de l Homps, plan de situation des bâtiments. Fig. 59. Métairie Le Sol, extrait cadastral, 2000. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 30

5 - Ferme établie sur un plan en L Ce plan qui n est pas toujours régulier répond néanmoins à une organisation établie à partir de la remise agricole, bâtiment à partir duquel s organisent les différentes fonctions, grange-étable d un côté, cave, chai et cuvage de l autre. Fig. 60. Peyrousselles, plan de situation des bâtiments. Fig. 61. Le Clairou, plan de situation des bâtiments. 6 - Ferme établie sur un plan en U Le plan en U est minoritaire. Lorsqu il a été rencontré dans les fermes de polyculture et de viticulture, il semble qu il perpétue un plan plus ancien. À la Borie Blanche, des vestiges d ouvertures du XVII e siècle repérés dans deux élévations du logis et la présence du plan sur le cadastre de 1812 le confirment. Fig. 62. Plan de situation de la Borie Blanche. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 31

III - Évolution des techniques de construction et du décor architectural A - Matériaux et mises en œuvre a - Le calcaire 1 - Les maçonneries Le calcaire local blanc assez fin est le matériau de construction quasi exclusif. Les maçonneries révèlent toujours une volonté de dresser des assises même quand la construction est en moellon. Les chaînes d angle sont aussi généralement en pierre de taille. Les remplois sont fréquents, que ce soit pour les maçonneries elles-mêmes, les linteaux ou les oculi. À Lescure, les vestiges d un logis de la fin du Moyen Âge, qui peut être daté de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e siècle, révèle l emploi d un grand appareil de calcaire. Fig. 63. Détail du grand appareil employé dans un logis de la fin du Moyen Âge, Lescure. Les constructions des XVI e et XVII e siècles se caractérisent par des maçonneries de moellons équarris assisés mais non réglés c'est-à-dire que les hauteurs d assises varient d un rang à l autre. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 32

Fig. 64. Détail d un mur mitoyen d une maison du premier noyau aggloméré du village de Vieux. Les constructions de la fin du XVIII e siècle et du début XIX e siècle sont faites de moellons ébauchés et assisés, même si l assise ne file pas sur toute la largeur du bâtiment. Les chaînes d angle sont constituées de gros blocs de pierre de taille. Fig. 65. Vue de l élévation sud du pigeonnier de La Sesquière. Dans la seconde moitié du XIX e siècle, la construction en pierre est soignée. Elle révèle une tradition de maçons qui apparaît même dans les bâtiments plus modestes que sont les petites fermes. Elle se caractérise par des moellons ébauchés assisés et les chaînes d angle sont en pierre de taille. Dans des bâtiments aux dimensions modestes, la constitution de la ferme se fait progressivement. Dans le cas d une ferme de la vallée de la Vère à Vieux, une première unité regroupant logis et étable au rez-de-chaussée surmontée du fenil, est construite en 1865 5. La chaîne d angle sud-est, soignée en pierres de taille, comprend des pierres d attente en saillie qui ont été utilisées par la suite pour agrandir le bâtiment. Il s étend en 1874 pour accueillir un logis au rez-de-chaussée. Les pierres d attente en saillie encore visibles à l extrémité du logis montrent bien que le corps de bâtiment pouvait encore être allongé. 5 Cf notice, IA81011925. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 33

Fig. 66. Rivière Majeur, ferme construite en deux temps. Au milieu ou dans la deuxième moitié du XIX e siècle, certains bâtiments présentent une mise en œuvre différente selon les niveaux. Au Causse de Marines, par exemple, une petite ferme est construite en 1847. Le rez-de-chaussée est construit en moellons de très petites dimensions mais assisés alors que l étage est constitué de moellons de calcaire assisés de plus grandes dimensions. Fig. 67. Le Causse de Marines. Élévation de la façade principale présentant une mise en œuvre dissociée par niveau. Les constructions du début du XX e siècle mettent en œuvre des moellons bruts de calcaire et chaînes d angle en pierre de taille. Un type particulier de chaîne d angle, en pierre de taille en partie basse et en brique harpée à partir de 2 m environ, se rencontre pour quelques constructions de l extrême fin du XIX e siècle ou du début du XX e siècle. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 34

Fig. 68. Le Clairou, grange-étable élevée sur la pente et constituée de moellons de calcaire avec des chaînes d angle en brique. Fig. 69. Bois de Couxe. La ferme est construite en moellons de calcaire, les chaînes d angle harpées du premier étage sont en brique. b - La brique La construction de brique, très marginale même si l on se trouve à quelques kilomètres seulement de la zone de terre cuite autour de Gaillac, se rencontre essentiellement pour des reprises de maçonneries. Le seul cas dans le village de Vieux intervient lors de la transformation de l étage en pan-de-bois en brique, assurant de fait une structure légère. Fig. 70. Mairie de Vieux. L étage en brique remplace un ancien niveau en pan-de-bois. La brique a aussi été utilisée ponctuellement en maçonnerie pour des aménagements particuliers comme descente d évier, fond de cheminée ou aménagement de placard mural. 2 - Le pan-de-bois Des bâtiments en pan-de-bois existaient mais ces constructions fragiles n ont pas toujours subsisté comme le montre l exemple de l actuelle mairie. Une seule maison en pande-bois est encore visible à Vieux. Le pan-de-bois caractérise la construction de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e siècle. Il est mis en œuvre uniquement à l étage et repose sur un rez-de-chaussée maçonné. Les poutres sont équarries et les assemblages se font à mi-bois et à tenons et mortaises. Les C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 35

décharges employées sont de simples écharpes et des poteaux verticaux. Une croisée et une fenêtre à traverse éclairaient l étage. Fig. 71. Maison en pan-de-bois de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e dans le village. Des cloisons en pan-de-bois ont aussi pu être observées à plusieurs reprises dans des maisons maçonnées. 3 - Les encadrements des ouvertures Dans la grande majorité des cas, la qualité du calcaire local a permis de mettre en œuvre des encadrements d ouvertures en pierre de taille de calcaire. On repère parfois des blocs d épaisseur importante pour les linteaux. Fig. 72. Encadrement de calcaire avec linteau épais, Mas de la Bise. Les remplois d encadrements d ouverture plus anciens sont assez fréquents. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 36

Fig. 73. Pigeonnier de la 2 e moitié du XIX e siècle dans le village de Vieux. Les piédroits de la porte sont en quart-derond. Fig. 74. Remploi d une porte de la 1 ère moitié du XVII e siècle dans une petite ferme rattachée à l exploitation de Lescure. Dans les bâtiments agricoles, les encadrements des ouvertures et en particulier les linteaux sont fréquemment en bois. Fig. 75. Annexe agricole, route du Verdier à Vieux. Des encadrements d ouverture en brique et pierre se rencontrent surtout pour des constructions du XIX e siècle. On trouve l alternance brique et calcaire. Le décor joue sur une alternance stricte entre les piédroits en pierre et la plate-bande en brique dont la clef est également en pierre. Dans le dernier quart du XIX e siècle et au début du XX e siècle, la porte charretière a des piédroits en pierre de taille de calcaire alors que l arc segmentaire est en brique. Les fenêtres ont alors un encadrement en brique. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 37

Fig. 76. Maison, route du Verdier à Vieux. Fig. 77. Détail d une porte charretière de la fin du XIX e siècle, rue de la Mairie à Vieux. Les encadrements des ouvertures de la première moitié du XX e siècle se caractérisent le plus souvent par des encadrements de brique dont les piédroits forment un décor de harpe. La brique peut être associée à des linteaux de bois, des IPN voire à des linteaux de ciment pour les décennies 1930 et 1940. Le cas de la ferme des Garrigues qui a subi un réaménagement de la façade antérieure en 1914 traduit le parti esthétique d associer des piédroits en brique au linteau en grès. a - En façade 4 - Les enduits Fig. 78. Façade principale de la ferme des Garrigues. Les enduits les plus anciens observés ne semblent pas remonter au-delà de la seconde moitié du XIX e siècle et ils sont plutôt rares. À Vieux, une maison est recouverte d un enduit ocre jaune daté de 1888 qui s interrompt au droit des encadrements des ouvertures pour mettre leur cadre blanc en valeur et marquer ainsi nettement le rythme des travées. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 38

Fig. 79. Enduit ocre avec bandeaux au lait de chaux daté de 1888, route d Alos. À Vieux, une autre façade recouverte également d un enduit ocre jaune présente des encadrements d ouvertures peints qui imitent l alternance brique et pierre. Ces enduits colorés ont été prisés semble-t-il à la fin du XIX e siècle et se retrouvent au château par exemple. Fig. 80. Maison de Vieux. Route du Verdier. Fig. 81. Enduit bichrome recouvrant la façade orientale du château de Vieux. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 39

D autres enduits très colorés ont été repérés pour la période couvrant la fin du XIX e siècle ou le début du XX e siècle. Une maison du village est recouverte d un enduit rose vif et les chaînes d angle sont recouvertes d un motif harpé au lait de chaux. Fig. 82. Enduit recouvert d un badigeon rose au village. À la même époque, le logis de la ferme de la Sesquière a été recouvert d un enduit qui souligne la rive du toit par un décor festonné ocre jaune. Fig. 83. La Sesquière, détail des motifs badigeonnés de l enduit. Il a souvent été repéré des bandeaux lissés d enduit à la chaux recouverts d un lait de chaux sous la rive du toit, au niveau du comble. Il se termine en pointe aux angles de la façade ou plus rarement par un motif arrondi. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 40

Fig. 84. Le bandeau d enduit lissé souligne le niveau du comble, Vieux. b - Sur les pigeonniers Les pigeonniers sont fréquemment recouverts d un enduit lissé blanchâtre, notamment dans les parties hautes particulièrement exposées aux dégâts engendrés par les pigeons. Ces enduits se terminent en pointe dans les angles produisant ainsi un effet décoratif. Les pigeonniers de comble bénéficiaient du même type d enduit. Fig. 85. Pigeonnier de l Espaillou. 5 - Les toitures a - Les formes de toit Les formes de toit sont assez simples. La grande majorité est à longs pans c'est-à-dire à deux versants, présentant généralement une faible pente. Des croupes sont parfois ménagées C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 41

sur les petits côtés, en particulier pour les maisons d habitation. Les grandes maisons construites sur un plan proche du carré sont couvertes par un toit en pavillon. Quelques bâtiments agricoles tels que les remises qui viennent souvent s appuyer contre un bâtiment préexistant sont couverts par des toits à un seul pan. Fig. 86. Les différents types de toits des bâtiments du domaine de l Espaillou. Seuls les pigeonniers offrent une variété de toits plus importante. Ils peuvent être couverts par des toits en pavillon ou par des toits en pavillon à égouts retroussés à partir du dernier quart du XIX e siècle. Des lucarnes en bois sont généralement aménagées sur les côtés est ou sud-est. Les toits dits en «pied de mulet» interrompent la pente du toit pour ménager une grille d envol, généralement en bois. Fig. 87. Pigeonnier couvert par un toit en pavillon à égouts retroussés avec lucarne. Fig. 88. Pigeonnier couvert par un toit «en pied de mulet». b - Les couvertures La tuile creuse est le matériau de couverture quasi exclusif. Seules les couvertures des pigeonniers utilisent la tuile plate ou la tuile mécanique (à partir du début XX e siècle) en raison de la forte pente des toits. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 42

Fig. 89. Détail de la couverture en tuile plate d un pigeonnier. c - Les génoises La fermeture des toits est assurée par des génoises dont le modèle le plus ancien est à trois rangs de tuiles superposés et disposés en quinconce. Fig. 90. Génoise sur une construction de la 2 e moitié du XIX e siècle. Certaines génoises sont continues sur les rampants du toit et forment ainsi une frise ininterrompue sur tout le pourtour de la maison. La génoise continue sur les rampants du toit est souvent associée à un pigeonnier de comble aménagé en partie haute du pignon. Route de Gaillac, la façade d une maison est couronnée d une génoise dont le sens des tuiles a été inversé par rapport à la mise en œuvre habituelle. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 43

Fig. 91. Maison de vigneron, route de Gaillac. La pose des tuiles pour la génoise est ici inversée. B - L évolution des formes et du décor En l absence d informations historiques, la caractérisation des formes et des décors mis en œuvre dans un édifice permet de proposer une fourchette de datation pour la période de construction de celui-ci. L évolution stylistique peut être définie à partir de la fin du XV e siècle. 1 - De la 2 e moitié du XV e siècle au XVI e siècle Quelques bâtiments seulement ont pu être datés de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e siècle grâce notamment aux encadrements d ouvertures qui subsistent. Dans le village, des ouvertures pouvant être datées de la fin du XV e siècle et de la première moitié du XVI e siècle sont encore visibles. Une porte couverte d un arc au tracé légèrement brisé et chanfreiné est associée à un moyen appareil dans une maison faisant partie du noyau aggloméré formé au Moyen Âge dans la partie haute du village 6. Dans la maison en pan-de-bois, croisée et fenêtre et traverse permettent de dater la structure de la première moitié du XVI e siècle. La même datation peut être proposée pour une fenêtre issue de la croisée dans l élévation d une maison, reprise au XIX e siècle ainsi que pour le linteau orné d une accolade de la porte d une maison se trouvant dans le premier noyau aggloméré de Vieux. 6 Cf notice IA81011968 et dossier d étude lié, «Le village de Vieux, Tarn», juin 2010. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 44

Fig. 92. Village, porte en arc légèrement brisé de la fin du Moyen Âge. Fig. 93. Structure du pan-debois avec croisée et fenêtre à traverse. Fig. 94. Vestige d ouverture du XVI e siècle. Fig. 95. Village, porte couverte d un linteau orné d une accolade. Au pigeonnier du Pech de l Homps, la structure du rez-de-chaussée et de l étage conserve des éléments pouvant être datés de la fin du XV e siècle ou du début du XVI e siècle. Une petite fenêtre rectangulaire à l encadrement chanfreiné est associée à une porte haute rectangulaire à l encadrement chanfreiné terminé par une base prismatique à gauche et un congé à retour droit à droite. Fig. 96. Pigeonnier de Pech de l Homps. Fig. 97. Détail d une fenêtre. Fig. 98. Détail de la porte haute. Fig. 99. Base prismatique de la porte haute. Fig. 100. Congé droit du piédroit droit de la porte haute. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 45

À Lescure, l encadrement d une ancienne ouverture couverte d un arc plein cintre chanfreiné retombant par le système de la pénétration sur des piédroits en quart-de-rond est conservé. Il peut être daté du début du XVI e siècle. Il est associé à une élévation en grand appareil. Fig. 101. Porte obturée à Lescure du premier logis. 2 - Au XVII e siècle Les constructions du XVII e siècle sont significatives sur la commune. Le château et quelques maisons du village peuvent être datés de cette période, des vestiges de cette période ont été aussi repérés dans les écarts. Le XVII e siècle peut se caractériser par des ouvertures aux formes simples dont les encadrements sont à arêtes vives. Portes, fenêtres à traverse ou à meneau, petits jours rectangulaires ou oculi relèvent de cette mise en œuvre. Fig. 102. Petite fenêtre rectangulaire percée au dernier niveau du château. Fig. 103. Fenêtre à meneau à arêtes vives d une maison du hameau de Marines. C.A.U.E. du Tarn Mission d inventaire du patrimoine 46