LA SEXUALITÉ ET LES FEMMES : PLAISIR, CULPABILITÉ ET INTERDIT



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Transcription:

Introduction LA SEXUALITÉ ET LES FEMMES : PLAISIR, CULPABILITÉ ET INTERDIT Lors de la soirée-débat du 19 février 2009 au cours de laquelle Pierre Collart, assistant social, sociologue et docteur en psychologie, a évoqué la création d une clinique de la sexualité, un constat s est imposé : les questions les plus récurrentes de la part du public concernaient les troubles de désir sexuel chez la femme. Pierre Collart remarquait d ailleurs que les problèmes les plus fréquemment rencontrés par les cliniciens de la sexualité sont, à côté des pannes masculines, la baisse de désir sexuel chez les femmes et, plus occasionnellement, l aversion sexuelle. Selon l OMS (2002), «la santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social relatif à la sexualité. La santé sexuelle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d avoir des expériences sexuelles agréables et sécurisées, libres de contrainte, de discrimination et de violence.» Cette définition témoigne d un regard positif sur la sexualité considérée comme étant de l ordre de la normalité. Or, on ressent dans le discours d une majorité de femmes, de façon claire ou par bribes, un sentiment de culpabilité lié à l acte sexuel. Dans certaines représentations féminines de la sexualité, l acte sexuel est sale, on le fait mais on ne le dit pas. Pourquoi? Les causes sont multiples et bien souvent interdépendantes. Chacun des points repris ci-dessous constitue une des facettes répondant à la question de la baisse ou le manque de désir sexuel chez les femmes. Histoire et sexualité 1 L Église a, de tout temps, instauré une méfiance à l égard des plaisirs charnels qui emprisonnent l esprit dans le corps. L acte sexuel sera donc toléré dans des cadres très précis. Le premier est celui de la procréation : l acte sexuel a pour unique objet de faire des enfants. Le deuxième vise à réduire la sexualité à la notion de devoir : il faut rendre son dû à son conjoint et donc remplir ce que l on appelle le «devoir conjugal». Le troisième cadre constitue en fait une concession de l Église à l égard de la faiblesse humaine : l acte sexuel est toléré dans le but de lutter contre le désir coupable, à savoir le désir hors mariage. L Église négocie également des périodes licites ou illicites pour faire l amour (fêtes, périodes de jeûne, grossesses, menstruations ). Pour la petite histoire, on passe de 273 1 Quelques chiffres tirés de l ouvrage de SERVAIS (Paul), Histoire de la famille et de la sexualité occidentale, Louvain-la-Neuve, 1993, p. 133 (Collection Pédasup, 26). En 1848, certains auteurs avancent que seule 1% des femmes ont du plaisir dans leurs relations sexuelles ; en 1982, 80% des femmes ne peuvent trouver du plaisir compte tenu de la trop grande rapidité de leur partenaire ; en 1938, 144 femmes sur 535 femmes sont satisfaites de leur vie conjugale et 229 ne jouissent pas. CEFA asbl 2009 Analyse n 1 : La sexualité et les femmes : plaisir, culpabilité et interdit -1

jours illicites au 8 e siècle à 120 jours au 16 e siècle. Par ailleurs, toutes les positions ne sont pas permises telles les positions «mulier super virum 2» et «more cano 3». On peut d ores et déjà comprendre que ces préceptes sur la sexualité des hommes et des femmes ne seront pas sans conséquence sur les modes de pensées actuels. La question du droit au plaisir, quant à elle, n est pas récente et a été abordée dès le 8 e siècle. En effet, si l intérêt du plaisir masculin est évident dans le cadre de la procréation, celui de la femme est moins décelable et nourrit les débats. Certains le considèrent inutile, d autre pensent qu il rend les enfants plus beaux. Mais du 17 e au 19 e siècle (Europe victorienne) la question du plaisir ne se pose plus et disparait des considérations communes. L Église ne restera pas éternellement toute puissante et ses interdits, bien que toujours présents, vont être largement moins suivis par la population. À la fin du 19 e siècle, c est la doctrine médicale qui prendra la suite. En témoigne la Conférence internationale de prophylaxie de 1902 qui aura pour thème la chasteté et la continence 4. Ces pratiques, chasteté et continence, y seront établies en recommandations médicales : leur usage assurerait une meilleure hygiène. Ajoutons que, jusque dans les années 1960, les moralistes affirmeront dans les conseils donnés aux jeunes mariés que la continence est une preuve de virilité. Mais s il est malgré tout acceptable qu un jeune homme «fasse ses armes» avant le mariage, la future mariée est tenue d arriver vierge au mariage. Culturellement parlant, la bourgeoisie reprendra, dans les grandes lignes, le discours de l Église concernant la sexualité. Il y a, au sein de cette classe sociale, une véritable crainte du plaisir féminin que l on endigue alors dans des normes : le nombre de relations sexuelles par mois (3 fois par semaine selon certains, 6 fois par mois pour d autres), la période idéale (le matin, pas au milieu de la nuit, pas après un repas ), et la position idéale (la plus classique possible). En fait, jusque dans les années 1960, la femme restera considérée par la majeure partie de la population comme un «vase de chair». En 1950, signe la «découverte», par Ernest Gräfenberg, du point G présenté comme une zone érogène de grande sensibilité. Bien que son existence reste aujourd hui encore controversée, cette «découverte» témoigne des préoccupations nouvelles en matière de recherche du bonheur sexuel. La commercialisation de la pilule contraceptive dans le courant des années 1960 en Occident 5 ouvrira enfin la voie à une révolution sexuelle qui se traduira par la revendication du droit au plaisir pour les femmes. Cette évolution des mentalités permettra le développement d une nouvelle discipline, la sexologie, dont le but premier est de s occuper de la sexualité pour elle-même. On parle alors de la «fonction sexuelle». Or, le pendant de la «fonction sexuelle» n est autre que la «dysfonction sexuelle», soit une question de performance minimum à atteindre, notamment par l homme. Petit-à-petit le sexe dit fort s entendra dire qu il peut être faible et que cette faiblesse a pour conséquence principale la diminution du plaisir féminin. De là à prendre en 2 Trad. : la femme au-dessus de l homme. 3 Trad. : à la manière des chiens. 4 Continence : État de quelqu un qui s abstient de tout plaisir charnel. Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, 2002. 5 La pilule contraceptive est créée en 1956 par des scientifiques américains, Gregory Pincus et John Rock. Elle sera commercialisée aux États-Unis en 1960. CEFA asbl 2009 Analyse n 1 : La sexualité et les femmes : plaisir, culpabilité et interdit -2

considération le plaisir féminin, il n y a qu un pas qui ne tardera plus à être franchi En 1976, le rapport Hite questionnant 3000 femmes sur leur vie sexuelle fait l effet d une bombe. La culture en back ground Les cliniciens de la sexualité constatent souvent que la baisse du désir sexuel féminin tend à s estomper lors des vacances. Pourquoi? Probablement parce que la culture judéochrétienne est passée par là En vacances, on dispose plus de temps, on n est pas envahi par des activités telles que la vaisselle, le linge ou les devoirs des enfants! C est une période consacrée essentiellement au bien-être et au plaisir. Or, selon la psychanalyse, la sexualité est un acte qui a pour unique but le plaisir. Mais, pendant le reste de l année, les devoirs sont nombreux. Après une journée de travail, il faut préparer le repas, faire la vaisselle, la lessive, s occuper des devoirs des enfants Pour pouvoir s accorder du plaisir, il faut que la check list des choses à faire soit terminée car, dans le cas contraire, apparaît la culpabilité Et si gérer cette culpabilité est simple pour certaines personnes, ce n est pas le cas pour tout le monde. Le problème est que ce rapport entre devoir et plaisir est très inconscient et donc difficile à modifier. En grossissant les traits, nous pourrions résumer la différence fondamentale entre la sexualité masculine et féminine en ce que les femmes doivent être détendues pour faire l amour alors que les hommes doivent faire l amour pour être détendus. L impact de l éducation L éducation a pendant très longtemps, et aujourd hui encore, induit auprès de la jeunesse que la sexualité «ce n est pas bien!». Dans l imaginaire collectif (occidental), la sexualité se rapporte à quelque chose de malsain car elle rappelle tout le côté pulsionnel et animal de l homme. Or, toujours dans l imaginaire collectif, une personne saine est une personne qui domine ses émotions et ses pulsions. Voilà pourquoi les générations précédentes (env. 1950) ont reçu, pour se préparer à leur vie d adulte, des préceptes tel que : «Quand tu as des idées impures à l égard d une jeune fille, pense à ta mère et à la Sainte Vierge qui s est occupée de Jésus». Malgré tout, la société s est toujours montrée plus permissive à l égard de la sexualité masculine et lui a permis d avoir une vie sexuelle parfois débordante, il n en va absolument pas de même pour les femmes. Les filles et jeunes-filles ont été éduquées dans le but de devenir des femmes idéales à savoir des mères de famille honorables 6. Dès lors, dire que l on a un désir, en tant que femme, ce n est pas évident car cela ne correspond pas à l image classique de la femme-ménagère, sage, qui doit vivre avec la sexualité débordante de son mari. Le degré d information 6 A ce titre, rappelons simplement le slogan diffusé dans les années 1950 en Outre-Rhin : "Kinder Küche Kirche" (enfants, cuisine, Église) CEFA asbl 2009 Analyse n 1 : La sexualité et les femmes : plaisir, culpabilité et interdit -3

La constitution biologique des organes génitaux n est pas simple et ce d autant plus chez la femme puisque l ensemble de l appareil reproducteur féminin est interne. De plus, les mécanismes du plaisir féminin sont à la fois plus complexes et moins décelables que chez l homme. On constate de facto que la compréhension de l appareil reproducteur féminin par la population moyenne est plus que médiocre et, dans le meilleur des cas, parcellaire. Or, le manque de connaissance de notre corps et des réalités sexuelles a un impact énorme sur ce que l on accepte ou non de faire avec son partenaire. Comme le disait Pierre Collart, l acte sexuel revient alors à faire des «trucs», dont on nous dit qu ils doivent être naturels ou innés, mais on ne sait pas comment ça marche, par où commencer, pourquoi, quelles seront les réactions ce qui devient alors source d angoisse. En outre, le mystère qui entoure bien souvent l anatomie humaine ajoute encore au sentiment qu il doit y avoir quelque chose de «pas net» derrière tout ça. D un point de vue plus pragmatique, une part de la baisse ou du manque de désir sexuel chez les femmes peut être imputée à la réalité physique de l acte sexuel. Ce dernier implique en effet des bruits et fluides sexuels qui sont de l ordre de l intime et qui peuvent conforter certaines femmes dans l idée que la sexualité est quelque chose de sale. Plus globalement, on constate un manque flagrant de compréhension des mécanismes psychiques de l autre sexe. Le manque de dialogue dans un couple nuit également à l épanouissement sexuel des partenaires. Le fait de ne pas oser dire «non» à une pratique, ou ne pas oser expliquer ce qui nous gêne ou ce que l on n aime pas et expliquer pourquoi paralyse le couple et l enferme dans les non-dits et les ressentis. Des solutions? Nous ne nous prévalons évidemment d aucune solution miraculeuse. Nous évoquerons simplement quelques pistes de réflexion qui nous viennent à l esprit au terme de cette analyse. Au vu de l état des lieux dressé ci-dessus, nous ne pouvons qu insister sur la criante nécessité d offrir à chacun les moyens de se connaître et de connaître l autre. En cela nous entendons une meilleure éducation sexuelle, sans gêne et sans tabou. Ajoutons également l importance de rompre avec la diffusion, dans l éducation en général, des stéréotypes de genre et de libérer chacun des carcans qui les emprisonnent. En dressant cette analyse, nous avons également perçu en filigrane le manque et la peur du dialogue au sein de certains couples. Parfois, on craint de blesser l autre en lui disant ce que l on ressent, ou on a l impression de ne pas ou de ne plus être écouté(e), et le dialogue au sein du couple se rompt petit à petit. On se contente de ressentir les choses et de réagir par rapport à ce que l on ressent. Tel une chaîne de dominos, les évènements s enchaînent et la relation dans le couple peut se briser. Il est donc avant tout nécessaire d établir ou de rétablir la communication dans le couple. Car, si ressentir les choses est un élément essentiel, cela ne fait rien avancer si on n ajoute pas à ce ressenti le dialogue et l acte de «dire les choses» dans l assurance d une écoute respectueuse. Évidemment, il serait naïf d affirmer que le dialogue et l écoute pourraient à eux seuls résoudre tous les CEFA asbl 2009 Analyse n 1 : La sexualité et les femmes : plaisir, culpabilité et interdit -4

problèmes. Ils sont cependant capables de désamorcer bon nombre de situations conflictuelles. Sources et bibliographie COLLART (Pierre), Une clinique de la sexualité et du couple, Intervention lors du cycle de soirées-débat organisées par le CEFA asbl du 19 février au 23 avril 2009, Louvain-la-Neuve, le 19 février 2009. SERVAIS (Paul), Histoire de la famille et de la sexualité occidentale, Louvain-la-Neuve, 1993 (Collection Pédasup, 26). DONFU (Éric), Ces jolies filles de mai. 68, la révolution des femmes, Paris, 2008. CEFA asbl 2009 Analyse n 1 : La sexualité et les femmes : plaisir, culpabilité et interdit -5