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a < 1 -!. 3 4 I ' 1 j! + 2! 9 ] Loi03 31; ' 1. 1! i 1 ' 4 Cette premihre édition est un simple cadre que les temoins oculaires sont appel& à rern- I j plir. Notre but principal en la publiant est de! reunir le plus'de renseignements possible pour 1 servir à l'histoire authentique des JournBes de 1 1 Mai. 1 1 Elles n'ont été jusqu'à present raconas que ^. 1 I 1 par les vainqueurs. Nous espérions que quelque relation de derrière lesbarricades viendrait pro- / taster contre de ridicules récits. Après qua+re mois, personne n'6levant la voix, c'est un devoir.".-*-. :,,- <m croyons-nous, de provoquer une enquête.! \ \+:" Nous l'ouvrons anjourd'hul en produisant ;. ':..A.$,,;,, ' I " tous les faits que nous tenons de sources cer- +n.es. Nous n'avons admis et nousn'admettrons que 1 1 iles t6moignages directs, sévbrement contrôlés. B i -- --,lussi nous ne faisons appel, pour l'ddition prochaine, qu'aux seules dépositions des survivants i i ' b -_ i

/ ' I, - II -- I - de cette lutte, ct nous accepterons avec reconl naissance les informations, les rectificatibns et, 1 l les lumibres qu'ils voudront bien nous corn- / I! maniquer. 1 t l I i 1.? I Le 19 avril 'I 871 la Commune publia le manifeste suivant, qui renferme le programme de principales reformes communales, sociales et!' l, politiques pour lesquelles elle fut instituée : l 1 La Commune a le devoir d'&filmer et de ' i --_--+ 1 1. pris, inconnu, calomnié par les hommes politi- l ' ddterminer les aspirations et les vceux de la population de Paris, ainsi que de préciser le caractère du mouvement du 18 mars, incom- 1 ques q" ~iégent B Versailles. \ n Cette fois encore, Paris travaille et souffre 1 pour la France entibre, dont il prépare, par des?, combats et des sacrifices, la rdgéndration intellectuelle, morale, administrative et 6co- 1 nomique, la gloire et la prospdrité. j i -- 1 { j n Que demande-t-il? 77 La reconnaissance & la consolidation de,. ln république. -*W. i G, i i i t 1! trc-

--. A.-A-". u--- FI n L'autonomie absoluede la Commune &en- / due à toutes les localites de la France,asvurant 1 à chacune l'intégralité de ses droits et à tout l Français le plein exercice de ses facultes et de 11 11 ses aptitudes, comme homme, comme citoyen, ' 4 i comme travailleur. I L'autonomie de la Commune n'aura pour limites que le droit d'autonomie pour toutes 511 les autres communes adhérentes au contrat dont l'ensemble doit assurer l'uniformite française. ( 1 n Les droits inhérents à la Commune sont : 10 vote du budget communal des recettes et des I 1 deenses; la fixation et la répartition de l'imi Nt; la direction des services locaux, de la police intijrieure et de l'enseignement ; l'adminis- ' par la libre défense de leurs intérhts ; des garanties données 8. ces manifestations par la Commune, seule chargee de surveiller et d'assurer 'i le libre et juste exercice du droit de remion et de publicité ; l'organisation dela défense urbaine 1 et une garde nationale élisant ses chefs et 1 veillant seule au ma intien de l'ordre dans ln I cité. paris ne demknde rien de plus, à titre de * garanties locales, B la condition, bien entendu, de retrouver dans la grande administration mntrale et une délégation des Communes fédérales lar réalisation et la pratïque des mêmes principes. n Mais à la heur de son autonomie, et proi fitant de sa liberté d'action, il se reserve $0-1 I pérer comme il l'entendra chez lui les réformes tration des biens appartenant 8. la Cbmmune ; 1 administratives et économiques que réclame 1% k le choix par l'dlection ou le concours, avec res-, popdation, de créer les institutions propres & ponsabilité et droit permanent d: cmtrôle, e développer et L propager l'instruction, la proi la rdvocation des magistrats et fonctionnaires, duction,l'échange et le crédit, d'universaliser le communaux de tout ordre ; la garantie absolue pouvoir et la propriété suivant les nécessités du. de la liberté individuelle, de la liberte de con- 1 ' moment, le vœu des intéressés et les donn&s l science et de la liberte du travail; l'interven- fournies par l'expgrience. i ' t tien permanente des citoyens dans les affaifes 1 communales par la manifestation de leurs idées, i n Nos ennemis se trompent ou trompent le pays, quand ils accusent Paris de vouloir im-,.- i b,- I c

/ Poser sa La lutte engagée entre Paris et Versailles Sa mpmatie au reste de est de celles qui ne se terminer par des la et de prétendré une dictature qui 2 compromis il?usoires; mais fissue n.en serait an attentat contre l'ind6pendance et la, gtre douteuse. In dchire, ursuivie,avec une souverainet6 cles autres communes. indomptable énergie par la garde nationale, n 11s se trompent quant ils accusent Paris de restera à l'id80 et au droit. poursuivre la destruction de l'unité française, 1 n Nous en appel~ns à la France &%ie que constitnée parla Rd~olution.L'unitë, telle qu'elle Paris en armes possède autant de calme que de nous a imposée jusqu'à ce jour par l'empire, I bravoure, qu'il soutient l'ordre avec autant $6- la monarchie et le parlementarisme, n'est que 1s centralisation despotique, intelligente, arbinergie que d'enthousiasme, qu'il se sacrifie avec traire ou onéreuse. L'unité politique, telle que, autant de raison que d'héroïsme, qu'il ne s'est i armé la veut Paris, c'est I'associsttion volontaire de. que par dévouement pour la liberté et la toutes les initiatives lacales, le concours spon. glo' ire communes. r, tané, libre, de toutes les énergies individuelles, Que la France fasse cesser ce sanglant conen vue du but commun, qui est le bien-être, la flit. C'est à la France j desarmer Versailles par liberté et la sécnrit8 de tous. une manifestation solennelle de son irrésistible 1 volonté. 1 La rdvolution communale commencée par, l'initiative populaire, le 18 mars, a inairgnrd ' fi Appelée à bdnéficier de nos conquêtes, qu'elle une ère nouvelle de politique expérimentale, 1 se déclare solidaire de nos efforts; qu'elle soit positive,scientifique. C'est la fin duvieux monde notre ailiée dans ce combat qui ne peut finir i que p r le triomphe de l'idee communale ou par 1. gouvernemental, clérical, militanste, fonctionnariste, la fin de l'exploitation, de l'agiotage, 1 ruine de Paris. n des monopoles, des priailéges auxquels le pro- Quant à nous, citoyens de Pans, nous avons mission d'accomplir la révolution moderne la Iétmiat doit sonservageet la patrie ses malheurs plus large et la plus fëconde de toutes celles et ses désastres.

qui ont illumind lbistoire; nous avons le devoir de lutter et de vaincre.. Tels furent les hommes et le drapeau qui lutthrent B outrance pendant les Joumée~ de Mai contre les idées, les institutions et les généraux de. l'empire. j, ' CHAI'ITRE YRERiIIEK Le dimanche 2 1: Ide concert des Tuileries. - Ducatel. - Entise des Versaillais. - La d6p8che de la guerre. - Vaiitcrics dc M. Tliiers. - L'arinBe com~nunalistc. - Les chefs. -.Le 48 mars. -Le Cornit6 central. -Con- flits de pouvoirs - L'arinemeiit. - 1;dt:it-major.- Les services sp6ciauu. - La porte Maillot. - Ni ordre ni discipline. - Cluseret, llossel, Dcles-, cluzc. --la v4ritahlevaleur de I'armbe. - I'aniqur. - Occupation di1 Trocadéro et de la Muette. -Les Versaillais s'dtendent dans Paris. - Lrur plan. Le dimanchc 21 mai, à deux heures de I'a- 1 prhs-midi, plus de huit mille personnes assis-! taient au concert donné dans le jardin des / Tuileries au profit des veuves et des orplielins des gardes nationaux morts pour la Commune. Ce concert, annoncé depuis plusieurs jours, de-, vait avoir lieu place de la Concorde; mais le 1

bainedi soir, or1 avait jiigé prudent de iic pas exposrr l'auditoire aux obus versaillais qui cléil passaient de beaucoiip le rond-point des Champs- $lysées. Les femmes en grande toilette remplissaient les xlldes. Le ciel Otait radieux. Au-dessus da l'arc de Triomphe voltigeaient les panaches de fumoe des boites à mitraille. Les obus faisaient rage à moins de cinq cents rnktres, sans que le GI f public, tout entier à l'excellente musique de la garde nationale, daignât le moins clu monde s'en éinouvoir. A quatre heures et demie, le lieuteizant-colone1 d'état-inajor X (1) monta sur l'estrade, d'où le chef d'orchestre dirigcait ses treize centsmusiciens, et dit textuellement : Li Citoyens, M. Thiers avait promis d'eiztrer hier à Paris. M. Thiers n'est pas entré ; il n'entrera pas. Je vous convie pour dimanche prochain 28, ici, à la même place, A notre second I t wncwt au profit iles veuves et orphelins. A oetc heure, quatre heures et demie, l'avantgarde des Versaillais entrait par la porto de SaintCloiiil. (4) Piouû avons dh, on le comprendra, iious imposer certaines reserves dans le récit de ces EvEncinents, VRP rxemplc supprimer tes noms propre%. 1 Depuis quelquq jours, les Versaillais cani- 1 paient au pieci des remparts, depuis Noiitronge i jusqu'h la porte Maillot. Les fortortnd'lssy, de Clai malt, de Vanves, du petit Vanves, avaknt succombê. Auteuil, Passy, le Point-du-Jour, 1 étaient violemment bombardés, et de nombreux a obus tombaient au Trocadéro. En outre, les sol- f dats faisaient cle ce chtd de grands travaux d'spy~oche. Leurs attaques,leurs suocés, l'irnportancc stratégique de cette position, qui est la clef do Paris, tout indiquait que l'assaut serait donne sur ce point et qu'il serait prochain. Mais In lassitiicla avait gagné leu plus énergiques. Les memes bataillons de la garde nationale étaient sur pied depuis tantût deux mois. Les memes hoinmes avaient soutenu sana dtre relevkci tout le poids de ln gnerre. A boiio de forccs, décourages par leurs Fchecs constsnts, mecontents de leurs officiers, ils avaient perdu leur premier dan et jusqu'à leurs habitndes de vigilance. Aussi, le dimanche 21 mai, à trois hew-~ JQ l'aprbs-midi, il n'y avilit ni un otneier n sentinehe A la l~ozbe de Saint-Cloud. Le capitaine de fdgate T&ves se tm à ce moment dans les tranchées, it deux cemü n~htres du mur des fortifications, tandis que bs, soixante et dix pièces de Nonhetout, la b~tteric

de Breteuil, celle des Quatre-Tourelles, d'lssy et de Meudon, faisaient converger leurs feux sur la porto de Saint-Cloud. Bien que cette partie du rempart criblée d'obus et de mitraille fût ü. peu prms intenable, le silence de la ville 1%- tonna. Personne nc répondait, ni artillerie, iii inoiisqueterie, quand, vers trois heures, un homme vêtu en I~ourgeois apparut au-dossns du bastion 64, agitant un mouchoir blanc et poussant des cris que le vacarme de l'artillerie empêchait d'entendre. Cependant, Trèves crut distinguer ces mots : '6 -- Venez, il n'y R personne.,, - Qui êtes-vous? dit Tréves.,, - Je suis Ducatel, piqueur des ponts ut chaussées et ancien officier (l'infanterie de iiiariiie. Paris est à vous si vous voulez le prendre ; faites entrer vos troupes, - tout est abandonné. >> (1) Lc commandant traversa le pont-levis dont un obus avait brisé les ohaines, pénétra dans Yencointe et,guidd par Ducatel, il visita les bastions de gauche et de droite, et constata une évacuatioii eomplbte ; il entra dans les maivona (1) Extraits d'me relalion puhlibe par Iri Liberte et qii valut A Ducatel la croix (le la Légion d'honneur et uno aumône dri Fiy.'ignvo. roisinos et s'assura qu'elles n'étaient lmint gardées. Revenant aussitùt dans sa tranchée, TrPves télégraphia aux géii6raux Douai et Vergé ce qui venait de se passer, et une heure aprts, le feu des batteiles versaillaises ayant été suspendu, il rentrait dans l'enceinte avec une section du génie. Vers cinq heures, les détachenlents de ligne les plus rapproclids ùe la porte entrèrent dan6 Paris ; les canons des rempasths furent imm0diatement sortis de leurs cmbrasiircs et retournés contre la ville. Lc reste de la division Douai suivit, couronnsnt les hastioiis 66, 65, 64 ct une partie ;lu bastion 63. Dii haut du Mont-Valérien, M. Thiers, le rnaréchol Mac-Mahon et l'amiral Potliuao, qui étaient arrivés en curieux b quatre heuraj et demie, conteniplaient ce triomphe inattendu. A six lieures, le général Vinoy recevait k Versailles la dépêche suivante : Le corps Douai entre à Paris, par la porte de Versailles, entre les bastions 65 et 66. La division Rruat suivra et occupera ses positions. Faites prendre les armes à la division Faron. n A sept heures et demie du soir, il y avait déjk vingt niille hommes dans l'enceinte de Paris. Vers six heures, un messager effaré appr1 nnp 114pPclie ait Ninistère de la guerre. El

venait dc Dombrowski. Il annonoait l'eiitree des Versaillais, et cependant il répondait de tout. Le délégué fit aussitôt prévenir le Comité de salut public. La Commune était en séance. Le Comité lui envoya un de ses membres. X entra, demanda solennellen~ent la parole et au milieu d'un silence de mort lut la dépêche. Un grand tumulte s'ensuivit. On se sépara peu aprss pour aller aux renseignements, les uns pleins de résolution et d'enthousiasme, les autres plus qu'abattus. Pendant ce temps, Delescluze avait envoyé un messager à l'arc de Triomphe, d'où il était évidemment impossible d'apercevoir un mouveiiient de t~upes aussi facile à cacher, et la d6 ~Gche suivante fut affichée dans la soirée : L'observatoire de l'arc de Triompbc nie l'entrée des Versaillais; du moins il ne voit rien qui y ressemble. Le commandant Renard, de la section, vient de quitter mon cabinet et affirme qi1'il n'y a eu qu'une panique, et que la ph d'hteuil n'a pas Bté forcée; que si quelques. Versaillais se sont présentés, ils ont été repoussés. Pai envoyé chercher onze bataillons do renfort, par autant d'officiers d'état-major, qui ne doivent les quitter qu'après les avoir conduits &II poste qu:ils doivent occuper. De~esc~uze. ri Presque it la m8me heure,m. Thiers dressait ntix préfets et à toutes les ttntorités civiles et militaires, la circulnire suivante h afficher dans totttes les communes : Versailles, 21 inai, 7 II. 20 di1 soir.,, La porte de Saint-Cloud vient de s'nbattve sous le feu de NOS canons.. Ide général Douai ~'y est prkcipité et il entre en ce moment dan# Paris nvea ses troupes. Les coips des génpraux Tjadmirault et Clinchant s'ébranlent pour le suivre.,, Cette d+&che etait rédigée, on le voit;, rle tnaniére ii flatter l'amour-prol~re des troupes. M. Thiers ne voulait pas atnuer que l'entréc dans Paris était (lue ii. une.simple surprise. Drpuis, continualit ces fanfaroiinades, il a cou$-ert (le fleure l'armée de Mac-Mahon. Elle s'est révélée aax yeux du inonde, 9 a-t-il dit ib la Chambre. (4 Les généraux qui ont conduit l'entrée à Paris sont de grands hommes de guerre.= Et il l'a paseée en revue sous les yeux des l'rusfilens, vict~rieiix et gouailleurs. Il n'est pas no- + cessaire d'attendre le jugement de l'histoire puur faire justice de ces exagérations. J~R Cnmmiitic ri'ciit point, rl'nrrnre réritnl)lt.,

l c'e~t.i-<lirc un ensemble solide de discipline, &e science ct d'entrain courageux. Certes, ni l'cntrain ni lc courage ne manqubrent aux fddhrés, iiiais 1s discipline, des chefs, une administration. Iiistitu6e pour l'étude et le travail, antithese de la centralisation et de la dictature, la Comiiiunr, si prompte a relever tous les services publics, était incapable d'improviser une organisation militaire.' Ce fut rnêine l'mxetd de Versailles de l'entraîner sur les champs de I~ataille où sa défaite était assurée. Réduite pour se (léfendre k nianier les inêmes armes que la inonarchie, la Commune n'avait point les ïexsources cle son savant despotisme. Cette révoliition politique et sociale ne conlportait pas et ne pouvait susciter de génie militaire. Lx 4 i. l'"se ei'armes (lu 18 mars srait été aussi spontanée que le 14 juillet 1789. A la nouvelle du eoupd'ittat manqué, les bataillons republicains. i s'étaient trouvés descencliis dans la rue pousses i i i par lc mkme instinct secret, sans autre but tluc de défendre la République, sans niot d'orrlre, sans chefs, h tel point.qu'ils errèrent au hahard une partie de la journde. IJc Comité central, pris à l'improviste autant que le gouvernement, se r6unit fort tard, (1) hésita des '1) ~ I I P ilasfroicl, ad faiihourp Saint-Ailtoine, trh 1 111'11res entiiires, enfin noinma Liillier génornl en chef. La situatio~i voulait un homme de tôte, nu coup d'mil prompt, froid et; audacieux. Ce fou, qui était un sot avant de devenir un mal-! honnéte hoinnie, perclit en quelques heures toute l'avance conquise le matin. Fermer iinb m0diat&nent leu portes do la ville et retenir 1 prisonniers ministres, miiiistkres, g6néraux, gendarmes et sergents de ville, marcher (le nuit sur Versailles ii peine gardé, surprendre et ramener l'dsaeinblée à Paris, telles étaient " 1' les indications du plus vrtlgaire bon sens. Lull lier n'en fit rien et, grâce P lui, le gouvernemrnt l'ut, Bvacuer Paris avec armes, per~ionnel et bagages. On lui doit également la terrible siirpriqe du Mont-Valérien, abanclonné (lu 18 nu 20 - par les Versaillais. Plus tafil, la Commune nomma Cluseret. Mai ce n'était qu'un brochurier militaire sans idéer I loin ainsi de hiontinarti*c. II &ait donoinatérielleiner impossible qiie le Cornit6 pût prendre aucune part 8 I'cx6ciition dcs g0116raiix. ClOment-Thomas fiit arrft6 h qnatre heures, fusillé aquatitc heurcs ettlemie, et sri iriori entraina cellc de Lceointe, deinaiidi.~ dcpuis le irintin pais les soidatsdec.cg6néral. Le Coinil6crntralest toiif aussi responsable de ocs 6vi;neinents qiic la miiniril~alilo du 14 juillet 1789 pouvait 1'étre)le la inort tlc l:lrsselles, Foiilfin, Rerlliier, @te., ~tv.

sans ressources propres, un diminutif de Trochir. Rossel, venu trop tard, entièrement ignorant dc ce milieu, oh il fallait surtout un homme - politique, plus homme de critique qi ie d'initiative, se débattit dans los ténébres et ne sut pas innover. Seule, la Commune l'aurait pu. Maie c'dtait la garde nationale qui avait fait le 18 mars, le Comité central installe la Commune. CommOat dume$ des lois h cette force qui faisait et defaisait le# gouvernements? Ler 3 élus du L 26 mars n'étaient pas pour l'oser, 6 :t, timides 7 ils laissérent les gardes victoriei lx et d'au. n,,l",l,., tant moins disciplnables, maîtr~~ aunu~ud de leur organisation intérieure. Ceux-ci, après le 18 mars, reconstituèrent les cadres des bstaillons, et tous los officiers qai, dks le débtit, :'étaient pas ralliés à la Rdvolution, furent iiiiés sans piti8, plusieurs même poursuivi^ et a rrêtés. - Leurs successeurs, élus trop sou- Venl ". t var de petits groupes, n'eurent qu'une médioc :ri autorité,- Le ComitO oentral fut égalemet it renouvel é depuis le 18 mars, et moins Ileu teusement compose que le premier, prétendit --nn-ésenter,<y* comme lui la garde nationale. La Con Imune laissa vivre cette autorité, qui n'avait plur i de raison d'iiti+e. et le plus gr~nil (lhordt. asuivit. Tel bataillon, coinmand4 par In bmrnune exigeait le contreaseing du Comite ntral; tel antre se mettait en mouvement sur i simple ordre du Comit4. C'&tait bien la Coniune qui donnait les drapeaux, passait les rees, présidait au départ des bataillons; mais le Cofnité, s:appuyant sur la place Vendôme, réglait le roulement, etendait continuellement.ses attributions de conseil de famille,et, comme ceux de la Commune, sea mcmbree portaient l'écharpe et le ruban rouge, différ,encies seul fient par une frange d'argent. Aiissi le d6légué à le auerre ne p ut mettre j mais sur la garde nationale une -..:.. IUULII LA..& WUI, puissante. Cluseret, essayant de ruser, appela tlomité au ministére, l'y installa, crut l'aiinih ler ; le Comité vint et fut le maître. Encore, s avait exerce souverainement cette autorité qu' 'il disputait à la gucrse! Mais il se heurtait 1 ui aussi contre l'indiscipline engendrée par le principe fatal de l'élection. Tel chef de batai 1. lon trouvait le moyen de differer son dépar ayant reçu 1'01 -dre(le sort ir,pendant que tel auti hataillori der neurait qit inee et vil ngt jour^ c suite aux trail chées. 1 cete du Comité central de la 'ornité central rl'artillesie prétent

cles bouches h feu, et se voyait aussi peu obt?i qu'il obéissait peu à la guerre. Croirait-on qiie ni Cluseret, ni Rossel, ni 1)elescluze ne purent centraliser les pioces d'artillerie ni mhme en obtenir le relevé exact. Telle légion prétendait conserver les siennes dans l'arrondissement. Dans des circonstances pressantes, il fut irnpossible, malgr6 les ordresfomels de la guerre et meme ciu Comité, d'obtenir cle tel officier subalterne des pihces nécessaires au service des rcmparts ou de l'extérieur. Le SCN~CO do I'aimement ne put incme en deux mois fournir los chassepots ou de fusils B tabatihe tons les liomuies aux tranchées ou en expédition. Et cependant les Versaillais, quand ils désarmkrent Paris, saisirent 285,000 chassepots, 150,000 fusils à tabatière, 14,000 carabines Enfield -- do quoi armer dix fois les habillons de marche.. L'état-major continua les traditions du pre-, mier siége. Beaucoup d'ofliciers des bataillons (le marche rachetaient par une grande bravoure leur insuffisance d'instruction militaire. Mais, sauf de très rares excel~tions, les états-majors aux rctr.oussis rouges, aux bottes brillantes, aux larges ceintures, aux multiples galons, traînant nrrr fracas cles sabres vierges, ne firent bonne iiiine que dans les cafés. On les voyait, à cinq heures, venir prendre l'absinthe sur les boulevards, à cheval, quelquefois suivis de leurs ordonnances. La presse, indignée, les dénonça à la Commune, aux délégués à la Guerre. Un ordre de Rossel prescrivit un examen et une révision des titres; mais ce délégué n'eut pa,~ le temps d'accomplir sa réforme. Plus radical, le Comité de salut public fit op6rer un soir une razzia dans les restaurants de filles.' Le 22 mai, ils disparurent, eux et leurs uniformes ; on en vit bien peu derribre les barricades. Les vivres ne manquaient pas, grâce aux approvisionnements antérieurs, mais le gaspillage fut considérable. Un instant, Varlin, esprit net ot rigoureux, dirigea. la manutention; le Comité central l'élimina. L'organisation mddicale fut pitoyable ; là où il fallait des hommes spéciaux, on bombarda les premiers venus sans leur faire subir le moindrc examen préparatoire. En revanche, les plus capables furent souvent Bcartés. Un républicain dévoué à la révitlution du 18 mars, qui avait desservi pendant la campagnf: une des plus gaiides ambulances del'arm6e du Rhin, vint s'offrir à, la Guerre, et se vit préférer de bruyantes nullitds. Il faut tout dire. Dans les commencements

surtout, une exylosian de ~dvouerneiit se fit vers la Commune ; les hommes qpbles afib rent. S'ils furent éoonhits, ilupplantos 1 mr des impuissantu, la faute en est B ceux dm m embrea (lu Comité central et (le la Commune, q ni con-,. suitèrent plus leurs sympathies, et quelaue~ois leurs intrr8ts permnds quo le salut public. L'assembléc ne la Commune, saisie de e as particuliers, fit bien quelques exemples, m ais ces n; A', rigueurs accidentelles iio tenaient lieu.." AL& discipline ni su~tont de direct ion. Elle rnqnait absolument, La Comm nne, la Commission militaire, le dd1éf p6, mcoml braient..*-. do leurs ordres contradictoires l'uflceer, sans s'inquiéter do savoir s'ils étaient réalisables ou exbcutds. Quana Cluseret créa les trois commandements de Dombrowski, Wrobleski, L:a Cécilia, Dombrowski s'indigna, vouluk donner se démission. - " Que signifient ces dt tcrets P.s'écria-t-il. Et des hommes? où me trouvc rra-t-2 hnmmes?,- Il nous avoua n'avoir jamais -..--.----- eu à sa dispositior i, à AsniEr es, plus d e deux mille ga rdes natior 1aux. - Li ' 3, Quelquefoi: ajouta-t-il, j e pourrais opérer dcs mouverne nts im-..--c^..l" 1"""nuw, entelopper des corps entit.,, deinandt : uii reiifort de quh cmts ou deux mille ho mmes, on rn'eii envoie... tnis cents! ri sait la rksistance lcgendairo clo la porto,t, commaildée par le colonel X, A~rèzi six semai nes de bombardemer it, I'armde laise, i couverte cependant pi ar le Mont- versail- Valerien, n'osa pas tenter l'assaut dc! ces remp arts, Or, irrn r1;v yrùces n: 7. seulement répomaient... au feu des Ver~ai Ilais, et il n'y eut presque jamais plus lx servant: 3 par pibec. Souvent le @me 1 artille ur charge ait, pointait et rcmettsit en "," place. LOIW ceux qui ont osé aventurer dans ces knible.,rages,ontpu voir un arti1ieurma- 1. rin, nommé Craon, mort depuis à Bon poste, marr ncenvrant à lui seul deux pièceede 7. Un tirc+feu 'ii de chaque main, il faisait paartir en mên 70 temlm les deux coupa. BiIRlgré lus obus et les boîtes à P.', mitraille, - on cn compta plus de tren $8 -Z jamais les canons do la porte MaiIlou te iiiille,,- Y tèrent muets. Et cependant, certains soirs, il ii'y eut pas six hommes pour les servir. be pnste voisin, -la porte des Teme 4 $3, - nc contenait pas quelquefois cinquante ga riic<i -..--.- na, tionaux. Les rondc bs-~e long 61 es rempaiti? étaient L peu prés inconr lues, ou du moins tn b-rares. Vingt fois depuis Le 18 mars, une coloi saillale. usant 1 1 certaines.. me ver-, --- -- ~ pr4cautionc. ^-.-L $, UUlHlC pu, par ' une nuit ni oire, shppr, ocher des fi wtifieations, fi rsnchir les fossés et leil portes et,, snns

LYJUII fkrir, yenktrer au cceur de Paria. Sur dis points différents, ln même tentative ailrait cii Ie même succbs. Aucune barricade sérieuse n'aurait arrêté les envahisseurs. Je ne parle l'as de celle de l'avenue de la Grande-Arnléc, qui est toujours restée à l'état embryonnaire, ni dii massif de pierres si sottemcnt construit i~ l'int4rieur de l'arc de Triomphe, où il ne prote'- geait rien du tout. Comment conaenser la garde nationale au milieu de ces conflits de pouvoir, faire surgir une armée résistante dc ces elémenix désordonnés? Les deux seuls delégués un peu entendus aux choses militaircs n'avaient même pas une idée nette dc la situation. ils crurent tous les ileuxque la fermetéet quelques semaines d'exercices suffiraient à transformer la garde nationale en une troupe regulière. Aucun ne coniprit que l'esprit de cette institution Etait comljlétement opposé aux règles de la discipline ordinaire ot qu'il fallait lui créer une tactique spéciale. Disons à leur décharge qu'aucun d'eux n'avait assez cl'autorité pour opérer de pareils changements et que la Commune leur liait les mains. soit (léfiance, soit surtout crainte du Comité central. Mais, puisque In Coinmuno n'oaait ni remanier la garde natio- I 1 riale, iii dibsoudre ce fatal Comité, il fallait, usant d'un moyen terme, lui abandonner la garde sédentaire et organiser des voloi~taircs recrutés parmi les bataillons. Ces r&giincnts nouveaux, bien équipés, bien armé,, auraient reçu des Cadres, non plus Blus ct dans la dépendance timide de leurs Glecteurs, niais choisis après examen de la délégation B la Guerre. Aulieu de provoquer à grands frais la création de corps francs, tels que les Veqzgetc~.~, les Xounres, les Xnfarqts de Paris, les E;)P fhts perdzcs, les Cavaliers, les Garibaldie~~s (il' y en eut plus de 32 comprenant environ 10,000 honimes), et d'éparpiller ainsi des effoit:, 1x6- cieux, on aurait dû refondre toutes les activitg:, particulières dans une organisation iiiiiforiiic. Dès lors, les opérations d'ensemble, qui cleinarident de la précision et de la discipline, seraient devenues possibles. On ne put, Iiélas! obtenir cctte discipline mfiinc en préaetice des plus pressants dangers. Les gardes discutaient les oiliciers g6iiéraux, les ofliciers supérieurs, et les ordres de leurs sous-oeciers. A Issy, le capitaine X, envoye pour occuper le fort quand mênie, fut méconnu, chassé. Des patrouilles rebrous~aient clienilii. nialgré leurs officiers, sous prétexte qu'ellci 2

n'étaient pas en nombre. A la moindre diaculté avec leurs commandants, les gardes portaient plainte au Cornite central, qui, pour ménager sa popularité, donnait presque toujour~ raison aux réclamants. La discipline était aussi Incannue aux officiers qu'aux simples gardes. Les chefs de Iégion etaient disciités par les: chefs de bataillons et les officiers inferieurs. Bien plus. Rossel casse un colonel d'état-major; il le revoit le lendemain dans les bureaux de la Guerre. - Ir VOUS n'&te8 plus colonel,,, lui dit le d6ldgiie. -- IL Pardon, répondl'officier, Dombrowski m'a prié de rester avec lui. n Dans leu tranchées, des ofliciers abandonnaient leurs hommes pour aller faire le coup de feu. A Issy, un lieutenant caserné dans le fort avec sa compagnie, voyant I'actioii engagse au Val-Fleury, s'écrie qu'il n'y tient plus, et prend un fusil. u Qui ni'aiine rue suive! dit-il ; on me fiiaillera si l'on veut.,, Et abaridonnant son postc, il s'élance au deliors. D~lutres, au contraire, refusaient netternerit de marcher. La cour martiale voulut faire un exemple el prononça une condamnation inort, commuée en trois ans de prison par la Commission exécutive. Contradiction perpétuelle et fatble. La Commune forcde de faire la guerre ne voulait pas, se soumettre à ses nécessités. AprèsRossel tout craqua. Cluseret, incapable d'action et vaniteux (l), avait lais86 faire; - In Commuile, qui déplaçait les bataillons sana le consulter, l'accusade trahison.rosse1, actif, énergiqlie, mais trop jeune, prétendit faire par luim&me et, étant responsable, Etre aussi le maître ; -oni'accusade trahisonet de tyrannie.11 voulut briser les bataillons pour forincr des régiments dc 2,500 hommes, lescaserner horsparis. Mesurcs impolitiques et inopportunes. Toutes les oppositions se coalisérent contrelui,les chefsde légion, le Comité central, le Comité d'artillerie, et loin de chercher à les ramener ou à les convaincre, il les exaspdra par des rudesses maladroites. Il aurait passe outre, mais la Commune, à l'exception de quelques membres, le voyait avec défiance, ne le soutenait pas. Le mauyais génie de la Commune, M. Félix Pyat, lui en voulait mortellement d'avoir dédaign6 ses Blucubrations militaires. Impuissant, dégoûtd, il se retira, dans un de ces mouvemenb d'liumeur qui (4) Et d'une vanit4 siiigulière. a Savez-vous, dit-il un jour Delescluze, que Versailles m'a fait offrir un million? a - s Taisez-vous, n rependit Delescluze en lui tournant le dos.

lui étaielit trop familiers. Il.eut tort, eiitibrc?- ment tort, Avant d'accepter, il avait pli se reiidre un compte exact de la situation, ayant Oté le chef d'état-major de Cluseret. Dès lors le chaos s'epaissit. Beaucoup dans la Commune s'écribrent qu'elle venait d'&happer au grand danger de la clictature militaire, et, symptijme de leur incapacité politique, beaucoup en fui-eiit convaincus. D'un commun accord on nomma un ddlégué civil, et l'on supprima toute direction militaire, au moment même où l'on périssait faute de direction. Lepouvoir retombait dés lors entre les mains du seul orgnnisme existant. le Comité central. Delcscluzc, imposant par l'intégrité de son caractére, mais absolument incapable de contrôle, se perdant dans les détafis et d'une grande faiblesse sous une apparente roideur, fut nommé à la Guerre. Son chef d'état-major, le colonel X, se crea dcs diiiicultés'avec les commandants de corps d'armée. Un mandat fut lancé contre lui par la prtifecture de police. Delescluze laisse faire. lloiiis débonnaire, le colonel X montra aux comn~icisaires chargés de l'arrêter une dizaine (le grands gaillards bien décidés à ne pas laisser emmener leur chef, piiis, lcs ayant fait dinrr, il les renvoya fort dcbaiiffés. son p111s que Cluseret, Delescluze ne p11t parvenir à rassembler les canons ni même connaître le nombre d'artilleurs véritables dont la Commune disposait.-il eût été pourtant bien simple de ne payer que les canonniers n leurs pièces. - Les rapporh militaires ne parvenaient au délégué que d'une faqon intennittente. Les services fonctionnaient en dehors de son action, sous la dépendance du Comité central, seul administrateur de la garde nationale, et ce dernier, àdeuxpasdudélégud, souvent sans prendre son avis, tranchait les questions 5% guise. Déldgués, généraux, cliefu de légions, chefs de bataillons, chacun, sur le même sujet, donnait des ordres différents. En attendant, les remparts restaient à peu prbs sans gardes, et Delescluze, qui, incapable de mensonge, avait une égale confiance dans la parole d'autrui, publiait de bonne foi les rapports fantaisiste8 que des états-majors indignes puisaient dans leur imagination. Ainsi, le 20 au soir, le bureau de la Guerre commiiniquait aux journaux la dépêche suivante : u Hidi, Petit Vanves. n Les garibaldiens ont mis en fuite les ruraux. n Nous avons eu encore l'avantage du côté de Clamart.,,

Et le lendemain, les Versaillais entraient. Nous abrégeons, ayant h&te de rentrer dans le rdcit. Disons seulement, pour compléter cet exposé, que l'on ne doit pas évaluer au-dessus de 15,000 le nombre des hommes qui pendant deux mois de siége firent un service actif en dehors des fortifications ou sur les remparts. C'est cette poignée d'hommes saa cohésion, bans officiers suîfisants, sans Btats-majors, sans intendance, sans discipline, qui a arrêté deux inois la fameuse armée de M. Thiers. C'est cette artillerie, sans autres artilleurs que quelque! volontaires, à deux ou trois hommes par pièce, qui a tenu tête deux mois aux six cents bouches ù, feu du Nont-Valérien, de Courbevoie, d'asnieres, de Montretout, des Moulineaux, de Meudon. Et maintenant, qui oserait diro que sans la trahison de Ducatel, - car il y eut trahison, servie et rendue possible, je le veux bien, par l'incapacité des chefs, mais enfin trahison, - qui oserait affirmer que Pans aurait Bté pris d'assaut en plein jour? On ne peut refuser aux fédérés le courage, on ne peut nier que, en cas d'assaut, ils aur~ient garni les remparts, eux et leur artillerie, au lieu de s'éparpiller dans leurs quartiers comme ils durent le faire plus tard. Les 17e~snillais, ail contraire, n'étant plils sou- tenus par leur artillerie,nécessaireinent muette, auraient da, sous la grêle des balles et des mitrailleuses, descendre les fossés, les traverser, gravir les remparts et les emporter ê, la balonnette. - Les Prussiens ne l'ont pas rêvé. Pouvait-on raisonnablement l'attendre de ces jeunes soldats versaillais, incapables, après deux mois d'attaques renouvelées, d'enlever de vive force à quelques francs-tireurs le village de Neuilly 'rl M. Thiers a pu enfler ses bulletins ; il n'en est pas moins vrai que, pour qu'il entrât dans Faris, il a fallu, d'un cûté, l'ineptie absolue des états-majors, l'indiscipline toujours croissante, la coupable indolence de certains officiers chargés des avant-postes; et de l'autre, pour soumettre les rues, cent trente mille hommes luttant contre douze mille. Se glorifier d'être entré par une trahison, aprbs deux mois de siége et ae bombardement infructueux, dans une ville ainsi gardée, ainsi défendue, de l'avoir subjuguée à, plus de dix contre un, c'est triompher à bon compte et prêter à sourire aux hommes de guerre sdrieux. Dix heures. - Vingt-cinq mille Versaillais sont dans Paris, et Paris l'ignore! Le ciel resplendissait et les boulevards avaient repris It.rir anrionne animation, Ri ~4kilt0 ~JPS 311118

htllefi nr~wir.~ que Zr6 Ficcnce nit jn~nrsis ~ ws ~vnit poussé en ce moment sur l'hôtel de ville ri l\lontmartre, clle eût d'un sciil bond conquis toute la ville, Dans les groupefi abusés on racontait les engagenienfs 7ceuretcx de la veille nu IJO~S de Boulogne. Le canon se taisait partoiit. A onze Iicures, on sut au ministére de la giici~c, d'une façon positive, l'entrée en inasse des Ve~saillais. L'état-major n'y voulait pas croireet affirmait, avec son ignorance et sa vanité habituelles, qu'il ne s'agissait que d'un ddtachement, que les envaliisseurs Etaient perdus, clu'ils allaient htre enveloppés et faits prisonniers. Cependant, B une heure, le doute ne fut plus possible. On entendait le bruit de la fusillade enxagéd nu Trocadéro. Cette importante hautcur, qui comi~iande les deux rives, n'était protegée que par un ouvrage ébauché à i'entrée de l'avenue de l'empereur, tournant ainsi le dos aux Versaillais. Ceux-ci, déployés en tirailleurs, surprirent les fécldrés. A cette attaque imprdvue quelques gardes résolus répondirent par un feu roulant, niais l'immense majorité se débanda. On vit bientôt les Iicmmes s'éparpiller par groupes (le quatre ou cinq dans les rues do hiihnurg Srtint-(lermnin. Vnineincnt,, (~CS ohiriers dii sninistbre de Is eene accoururcnt et s'efforckrent d'arrêter les fuyards. Ceuxci p~~saient outre, disant : U Maintenant, c'est la guerre des barricades, chacun dam ses quartiem.,, Un petit nombre?hommes seulement consentirent à demeurer it 1'Ecole militaire. Vers trois heures, la troupe occupait entièrement lc Trocadéro. Dans l'intervalle le d6légué àla Gucrrc avait fait sonner le tocsin dans tous les quartiers de la rive gauche.11 évacua à quatre heures le ministhre de la guerre et se replia avec tout son personnel sur 1'Hûtel de ville. La prison du Cherche-Midi ct la mairie du VIIme arrondissement furent égalcinent abandonnées. Au momont où les bagages de la guerre arrivaient à l'hôtel de ville, dans l'avenue Victoria, deux gardes porteurs d'une cai~lse furent asraillis h coups de hache par un individu vêtu cl'iine blouse et coiffe d'un béret. L'un des Iiommes tomba raide mort. L'assassin, imm6- cliatement saisi, criait, écumant de rage : VOUS Otcs foutus, vous Gtes foutus! Rendez-moi ma hache et je vais recommencer n. Le commiseaire de police de l'hôtel de ville ~ccounit et trouva sur ce furieux des papiers et un linet attestant c~u'il avait servi dm.; les sergents de villr. On

le fusilla seance tenante contre la bai~icade de l'avenue. La plus entière sécurité régnait à l'hbtel de Ville. - Un membre de la Commune affirina venir du Trocadéro, et n'avoir rien vu. Mais un autre, le citoyen X, moins confiant, sollicita immédiatement du Comité de salut public l'ordre de construire les barricades autour de l'bote1 de ville et d'armer la terrasse des Tuileries ainsi que In redoute Saint-Florentin, Cet ordre lui fut remispour le satisfaive. Mais il se trouva que Ics mitrailleuses de PHGtel de ville no pouvaient servir faute de quelques pieces. X obtint également de faire sonner le tocsin dans les arrondissements de la rive droite, et ordre fut envoyé aux mairies d'acheminer le plus d'hommes possible vers les Tuileries, le Louvre et l'hôtel de ville qui paraissaient les premiers menacés. A cinq heures du matin, la Muette était enlevée presque sans combat et l'armée occupait tous les bastions depuis le Point-du-Jour. Pendant qu'un détachement du général Vinoy s'établissait au Trocadéro, un autre, s'emparant du pont de Grenelle, allait ouvrir les portes de Vaugirard et de Montrouge au gpnkai Cisscy, qiii 8'Ptenrlit hien vite dans le XVme arrondissement. Il avait franchi les pontslevis et les remparts sans même rencontrer une sentinelle. A six heures et demie du matin, il touchait au Champ-de-Mars d'un côté, de l'autre, à la gare Montparnasse. DBs lors, le plan des Vervaillais commença à se dessiner. Dans l'ovale assez régulier que forine Paris, l'armée, entrée par l'extrémitd ouest, devait s'avancer en poussant devant elle des cercles concentriques appuyés des deux côtés sur les fortifications, s'dlargissant d'abord en avançant vers le centre, diminuant ensuite au fur et R. mesure que les barricades seraient emportées, jusqu'h ce qu'ils vinssent s'aplatir, à l'est, cjontre les remparts des XIXe et Xe arrondissements. Envelopper sur tous les points un ennemi dix fois inftjrieur en pombre, tel fut tout le gbnie de ces " grands homm de guerre.