BOUBAKARI MANA Directeur de la Plannification, du Suivi Evaluation des Projets CBLT Siège Rond Point de Grand Armées, Ndjamena Republic of Chad boubamana@yahoo.fr
La plupart des pays de la région du bassin du lac Tchad sont parmi les plus pauvres du monde avec un revenu annuel respectivement de $ PPA de 641 (Niger), 707 (RCA) et 1 105 (Tchad) par habitant. La croissance économique est lente et variable dans la région Les faibles taux de croissance des économies des pays du bassin du Lac Tchad (2,65% entre 1991 et 2000 et 4,9% entre 2001 et 2010) sont insuffisants pour soutenir les efforts visant à réduire la pauvreté et à améliorer le niveau de vie de leurs populations. Cette faiblesse des taux de croissance économique s explique par une très faible productivité économique, l insuffisance des infrastructures, la vulnérabilité des pays aux chocs économiques internes et externes et le manque de dynamisme du secteur privé.
L assèchement progressif du lac et l avancée du désert dans le bassin ont énormément réduit et désorganisé les systèmes et les activités agricoles, pastorales et piscicoles, ce qui constitue une grave menace pour les 30 millions de populations qui y vivent. Baisse d environ 60% de la production halieutique, Dégradation des pâturages et fourrage de l ordre de 46,5% dans certaines zones (en 2006) Réduction du cheptel. Ainsi, depuis des décennies, les écosystèmes productifs et les ressources naturelles se sont rétrécis et appauvris.
Agriculture est la principale activité de + 60% de la population du bassin Principales cultures: mil, riz, mais, sorgho, coton, arachide, oignon, manioc Agriculture pluviale et de décrue, cultivée et récoltée a la main Utilisation minimale d engrais et autres produits agrochimiques Cultures mixtes largement pratiquées Large éventail de types de sols, plus de 20 Agriculture irrigué considérée comme une solution aux déficits d eau Systèmes agricoles actuels non durables Production animale très importante dans la région, 3eme source de revenu Pêche, élément fondamental pour la subsistance de + 10 millions de pers. Commerce dans les pays riverains en hausse, + de 24 millions USD par an
Tableau : Typologie des aménagements (hectares) Cameroun Niger Tchad RCA Nigéria Total Grands périmètres 13 300 1 974 9 831 20 43 060 68 185 Périmètre sucrier 3 700 3 700 Petits périmètres 7 000 4 300 2 014 67 000 80 314 Périmètres traditionnels 1 800 1 800 Total 20 300 6 274 17 345 20 110 060 153 999 Pour un potentiel d irrigation de 1 163 200 ha
Pêche: 45,1 millions de dollars US Cultures de contre saison: 26,6 millions de dollars Elévage: 14,7 millions de dollars Irrigation a petite échelle: 10,8 millions de dollars Irrigation a grande échelle: 9,4 millions de dollars
Conditions naturelles dans le bassin du Lac Tchad favorables à la promotion de l agriculture irriguée (aménagements hydro agricoles avec maîtrise partielle ou totale de l'eau). Nigeria: 72% du bassin Efforts d investissement (public ou privé) faibles Faible productivité des investissements (financement inadapté?) car couts investissement très élevés (10-15 MFCA/ha alors que le seuil d efficacité du capital est de 4,5 MFCFA/ha) Absence d autofinancement des petits exploitants des campagnes Conséquences: dégradation accélérée des exploitations, pertes importantes d eau, risques environnementaux (pollution des eaux, acidification des sols), insuffisance de recouvrement des charges récurrentes
Mode de financement actuel des exploitations constitue une des contraintes au développement de la grande irrigation, parce qu'il implique des taux d'usure élevés, ce qui réduit au bout du compte la capacité d'autofinancement de l'exploitant. Le morcellement des parcelles dilue la capacité d'autofinancement propre de l'aménagement. L'imposition d'une monoculture au niveau des périmètres ne permet pas une adaptation des productions à l'évolution du marché et pénalise ainsi la rentabilité des périmètres. Les rendements constatés au niveau des périmètres ne sont pas réalisés à l'optimum, ce qui conduit souvent à une perte de valeur de l'investissement.
Besoins pour le maintenir le capital physique existant (maintenance et de réhabilitation des ouvrages hydrauliques pour restaurer le capital productif) Besoins pour de nouveaux programmes d investissement seront nécessaires pour répondre aux besoins des populations de plus en plus croissants et des économies locales en pleine expansion (sur un horizon de 30 ans, il sera le double de la valeur du capital fixe actuel). Besoin de renforcer la CBLT pour construire dans le bassin une politique de l eau qui soit au service de la croissance régionale Besoins pour consolider et promouvoir les secteurs porteurs de croissance économique du bassin
Documents Stratégiques Vision Commune 2025 Plan Directeur Plans d Actions Stratégiques Nationaux et Regional Plans de Gestion des Sous-bassins Plan d Investissement Quinquennal Charte de l Eau 11
INTERVENTIONS Programme de Développement Durable du Bassin du Lac Tchad (PRODEBALT) sur la réhabilitation et la conservation des capacités productives des écosystèmes du bassin du lac Tchad dans un contexte de nécessaire adaptation des systèmes de production aux changements climatiques. 60 millions U.C Une augmentation moyenne des apports d eau au lac; Une réduction de la sédimentation du lac; Une augmentation de productions végétales, animales et halieutiques la fixation d environ 8 000 ha de dunes et la protection d environ 50 000 ha de berges et des terres ; La préservation de l espèce bovine Kouri menacée d extinction; L élaboration de 50 plans de gestion des ressources naturelles ; Le financement d environ 200 micros projets de diversification des activités (dont 60% au bénéfice de femmes) ; La formation d environ 15300 cadres, techniciens, responsables des organisations des producteurs et populations 12
Projets de développement de l irrigation (a financer) No Désignation Cout en US$ 1 Restauration des périmètres rizicoles sur le fleuve Kano, Nigeria 74 millions 2 Restauration des Périmètres rizicoles SEMRY, Cameroun 54 millions 3 Restauration des Périmètres sucrières de Banda, Tchad 40 millions 4 Ménagement des Petits périmètres d irrigation sur la Komadougou, 45 millions Niger 5 Projet pilote de récupération d eau de pluies, lac Fitri, Tchad 1, 250 million 6 Projet pilote de récupération d eau de pluies, Kousseri, Cameroun 1, 250 million 7 Projet pilote de récupération d eau de pluies, Maine Soroa, Niger 1, 250 million 8 Projet pilote de récupération d eau de pluies, Gubio, Nigeria 1, 250 million
CONCLUSION Le bassin du lac Tchad est un système naturel et social dynamique qui possède de nombreux atouts et défis a relever; La dégradation généralisée des écosystèmes productifs des ressources naturelles constitue une menace pour plus de 30 millions d habitants riverains au Lac; Le bassin du lac Tchad se veut un exemple dans la gestion transfrontalière de l eau a l ombre d un climat changeant; La mise en œuvre du PAS et des PANGIRE a travers le financement du PQI 2013-17 vont concourir à la protection durable du potentiel productif du Lac, à l amélioration de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté dans l ensemble du bassin.