Rapport de mission n 1



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Transcription:

Guénola et Xavier Professeur de français et gestionnaire Université Catholique ASJA Antsirabe - Madagascar 91 boulevard Auguste Blanqui 75013 Paris - France Tél.: +33 (0)1 58 10 74 80 Courriel : contact@fidesco.fr www.fidesco-international.org blog.fidesco.fr Date : Décembre 2013 Rapport de mission n 1

Chers parents, Chers amis, Chers parrains, Nous vous avions laissé en France, nous vous retrouvons à Madagascar. Tout d abord merci à vous tous parrains, amis, parents, merci de nous accompagner dans l aventure qui commence. Grâce à vous, nous voici sur l île rouge. Merci pour votre participation à cette chaîne du don, un don gratuit, une chaîne de coopérants qui se perpétue depuis des années ici à Antsirabe. Chacun d entre vous est ici avec nous, dans nos cœurs et nos prières. Certains seront étonnés de constater que la destination initiale n a pas été respectée. Nous devions partir à Fianarantsoa. Notre fille Zélie s est révélée très asthmatique durant le premier semestre de cette année. Les infrastructures sur place ne permettaient pas d envisager raisonnablement un séjour prolongé. L une de nos motivations au départ était de voir ce que nous pouvions abandonner de notre vie actuelle pour aller vivre avec les plus pauvres. Nous nous étions vite projeté dans nos missions de Fianarantsoa. Nous avions rencontré et eu des contacts nombreux au sujet de cette ville. Ville que tous nous vantaient comme l idéal pour les familles. Il a fallu envisager tous les scénarios (repousser, changer de destination,.) et même penser à annuler. Nous avions déjà tout mis en œuvre pour notre départ (vente de la maison, du cabinet, obtention des visas,.) et cette idée nous a été impossible à accepter. Sans doute devions nous aussi passer par l abandon de la mission «rêvée» et devenir plus docile. Fidesco ne nous a pas laissé tomber. Rapidement on nous a proposé une autre destination. Nous avons été heureux d apprendre que celle-ci était toujours à Madagascar, mais cette fois à Antsirabe. Cette période à été difficile à traverser et nous avons vécu une grande incertitude. Cependant nous nous sommes sentis extrêmement soutenus. Nous remercions nos familles et nos amis pour leur présence attentive, le soutien et les attentions que nous avons reçus. Nous y avons été particulièrement sensibles et cela nous a aidé à rester positif. Nous voici donc tous les 7 à Antsirabe pour 2 ans. Dans les pages qui suivent, nous allons vous détailler notre arrivée et notre installation ici. Vous donnez le détail de nos nouvelles missions. Madagascar Lors de nos premières lectures sur cette ile lointaine nous avions noté l expression suivante : «Madagascar, le touriste peut en parler pendant des heures, celui qui y a passé 10 ans vous en parle en 10 minutes, celui qui y a passé sa vie ne vous en parle pas». Cette phrase nous a posé question. Bien sur nous avions en tête les généralités : l ancienne colonie, les paysages magnifiques, une biodiversité prodigieuse, un peuple accueillant, les lémuriens,.. Mais derrière ces lieux communs qu allions nous trouver? Madagascar (Mada pour les initier), la grande île, l île rouge, l île continent. Que de noms pour ce morceau de terre séparant l Afrique et l Asie et qui conserve en ses veines ce melting-pot séculaire. Nous sommes frappés par cette dualité qui se lie jusque dans les visages de ses habitants. A Madagascar nous sommes sur le pas de l Afrique et sur le seuil de l Asie. Certains estiment que Madagascar serait aujourd hui le pays le plus pauvre du monde, en particulier la représentante locale de la

banque mondiale. Pour cette dernière 92% de la population vit avec moins de 2$ par jour. La crise politico-économique qui subsiste depuis des années continue à faire plonger le pays. Le chômage explose et le nombre d habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté est en constante évolution (7 millions, soit le tiers des habitants). Pourtant l état n est pas délaissé et profite d une aide financière étrangère généreuse. La gestion jugée approximative de ces fonds a amené plusieurs institutions à se retirer. En conséquence les dotations étrangères ont diminué de 30% en 2013. Malgré les difficultés quotidiennes, nous découvrons un peuple d un courage exemplaire et plein de vie. Nous croisons partout des hommes et des femmes dont les métiers sont d une grande pénibilité : pousse-pousse, porteurs, paysans, et pourtant personne ne semble ce plaindre. Ainsi va la survie. Il faut se remplir l estomac et celui de ses proches. Chaque jour est une victoire. Nous sommes époustouflés par les efforts que chacun réalise. Des étudiants qui marchent plusieurs heures par jour pour venir à l université. Un plombier qui fait 84km (aller-retour) à vélo pour venir chez son employeur. Ces professeurs surdiplômés qui par passion de leurs métiers passent 6 à 8h quotidiennement (Tananarive-Antsirabe) dans le taxi brousse pour venir enseigner. Cette femme dont le métier est de porter de l eau du puits aux maisons du quartier. Chacun nous donne à sa façon une leçon de vie et d humilité. Notre arrivée : Nous avons quitté Nantes le 1 er Septembre à 6h45. Notre passage dans l aérogare n est pas passé inaperçue. Et pour cause, nous embarquions : 5 enfants, 18 bagages en soute, 10 bagages à main,.. Le transfert à Charles de Gaulle nous a permis de nous dégourdir les jambes avant un vol de 10h30. Nous avons posé le pied sur l île rouge à 23h00. Les enfants étaient levés depuis 4h du matin et commençaient à perdre leur calme. C est donc dans une ambiance inoubliable que nous avons passé successivement : le contrôle de police, le tapis roulant pour nos bagages et le passage de la douane avec nos 8 chariots. Sur place nous attendaient Père Pierre (en charge de l intendance de l université ASJA à Antsirabe) et Tanguy (coopérant Fidesco). Nous avons passé la nuit à Tananarive dans la communauté des frères du sacré cœur. Après une courte nuit et 4h de route nous arrivons «enfin» à Antsirabe. Le Père Joseph (créateur et directeur de l ASJA) nous attendait devant notre nouveau toit. C est avec une certaine émotion que nous avons découvert cette maison qui est devenue la notre pour 2 ans. Nous nous y sommes tout de suite sentis chez nous. La route de Tananarive à Antsirabe nous a permis de traverser la partie nord de la région des «Hautes terres». Cette région montagneuse (située à plus de 800m d altitude) coupe en deux l île. Les paysages sont magnifiques et surprenants. La déforestation a supprimé une grande partie des forets et donne par endroits une vision lunaire. La latérite offre à cette terre sa couleur rouge. La route y est tortueuse et sillonne entre les rizières et les champs de fabrication de briques. Antsirabe Nous vivons dans le centre d Antsirabe. C est la troisième plus grande ville de l île avec presque 200 000 habitants. Elle est située à 1 500 m d'altitude dans une cuvette entourée de volcans et à 167 km au sud de la capitale Antananarivo. Antsirabe possède le climat le plus frais de Madagascar. En hiver, la température peut descendre jusqu'à zéro degré. Malgré la crise économique, Antsirabe reste le poumon économique de l île et la capitale industrielle. On y trouve principalement des activités liées au coton et à l agroalimentaire (laiteries, brasseries,.). Antsirabe fut dénommée la Vichy Malgache par les colons français. Ce nom lui vient de ses thermes. Aujourd hui encore ses sources d'eau thermale ou minérale sont exploitées.

Nous vivons dans un quartier semi-résidentiel et semi-populaire. Notre voisinage est donc éclectique. En face : le patron de la Cotoline (une des plus grandes entreprise de l île) et à notre droite une vieille femme vivant seule de quelques subsides adressées par son fils chauffeur de Taxi à Tananarive. A gauche un gardien et sa famille qui vivent dans un garage pendant que la maison principale est inhabitée. Nous nous sentons bien dans ce quartier qui vit au rythme malgache. Levée à 5h00 et plus personne dans la rue à partir de 19h00. Notre rue ou piste (en terre) est aussi connue pour être un excellent boulodrome. Tous les jours ce sont plusieurs dizaines de joueurs qui viennent faire des parties endiablées. Pour ajouter du piment, les parties font toujours l objet de paris. Sur un terrain clairement inadapté le malgache montre un talent particulier et une adresse qui nous épate. Nous faisons petit à petit connaissance avec notre entourage. Dès la première sortie matinale, il faut faire de longues salutations rituelles et systématiquement les conclurent par «rien de neuf». Notre malgache encore balbutiant nous freine dans la rencontre. Ce qui est certain c est que nous ne passons pas inaperçu dans le quartier. La famille vahaza (étrangère ou blanche) est clairement identifiée de tous. Les enfants ont rapidement noué des liens avec leurs homologues. Nous avons donc souvent des visites des enfants du quartier souhaitant profiter de notre ballon de foot (une denrée rare pour eux). Nous avons aussi en bas de notre piste, les frères de la charité. Nous passons 4 fois par jour devant leur portail pour aller à l école. Il y a toujours beaucoup de monde à attendre. Ces personnes attendent un repas, un peu de savon, un médicament Nous leur disons gentiment «Salama» (bonjour) avec de grands sourires. C est pour l instant la seule chose concrète que nous pouvons leur apporter. La vie à ici Nous découvrons une vie qui nous change profondément de la France. Les enfants s adaptent à vitesse grand V, les parents sont plus lents. Nous commençons à nous adapter! Nous avons les œufs de la ferme des parents d un ami de la classe d Axel, le lait d une autre ferme (avec la crème une fois bouilli!), le jus naturel d une amie malgache, le canard d un copain qui tient un café Comme dit Victoire : «nous nous organisons!». Nous sommes aussi passés aux couches lavables, tout un programme! Nous nous Sortie en pousse-pousse rendons compte de la pauvreté du pays, le prix des choses : le papier, l eau potable, les livres, le gaz, le charbon Nous nous apercevons qu avoir une maison propre est déjà pour nous un vrai confort! Le reste est plus superficiel. Nos voisins n ont ni eau ni électricité mais un toit. Maintenant la prochaine étape de notre adaptation c est d apprendre la langue! Là encore les enfants nous ont déjà dépassés, même Gabriel! Gros changement aussi pour notre famille, Madagascar est un pays très rural. Nos balades familiales ont bien changé de Nantes. Notre grande occupation est de voir des fermes et tout le monde est ravi! Le rythme : Les Malgaches vivent au rythme du soleil. On se lève à l aube (au sens propre), c'est-àdire vers 5h00. A compter de 19h00 il n y a plus âmes qui vivent. 92% de la population vit sans électricité. La matinée est souvent bien remplie et l après-midi passe très vite. Nous arrivons en période de pluies. Celles-ci arrivent vers 15h et c est un vrai déluge! La saison des pluies correspond aussi à la saison chaude. Elle durera jusqu en mars. Nous avons la chance d avoir trouvé Madame Henriette, elle «tient» la maison quand Guénola n est pas là. Elle s occupe de Gabriel, va chercher les grands à l école, fait déjeuner tout le monde, s occupe du ménage, de la cuisine. Nous vous parlerons d elle dans un prochain rapport! Pour vous donner une idée de notre quotidien, à chaque rapport vous aurez les impressions d une personne de la famille.

Nous commençons par Annouck,( 8 ans et demi en classe de CM1). Annouck aime : Aller à l école, prendre le pousse-pousse, boire des jus naturels, être en famille, jouer aux playmo avec son frère et sa sœur, s occuper de Gabriel, faire de la danse malgache, se promener dans la brousse. Annouck n aime pas : ranger sa chambre, faire ses devoirs, être réveiller à 5h30 par sa sœur Zélie, les Messes en malgaches, trop longues! Se disputer avec son frère et sa sœur! Voir les gens pauvres en bas de la rue. Nos missions : Nous sommes ici au service de l Université ASJA (Athénée St Jospeh Antsirabe). L ASJA a été fondée en 2000 par le Père Joseph, prêtre de la congrégation du Sacré Cœur de Saint Quentin (Pères Déhoniens du nom du fondateur, le père Léon Déhon). Agé de 67 le Père Joseph est un missionnaire originaire de Naples, vit à Madagascar depuis 36 ans. C est un visionnaire et un bâtisseur. Il est érudit et a enseigné plusieurs années en Italie avant d embrasser le sacerdoce. Passionné des sciences et de la nature, plus particulièrement d élevage et d agriculture, il adore les animaux. De son esprit en constante ébullition sortent mille idées qui ne cherchent qu à se réaliser pour le développement des pauvres. Depuis 3 ans le père Joseph est responsable de sa congrégation pour Madagascar. Il est donc par monts et par vaux entre Tananarive, maison mère des déoniens, Antsirabe et le sud de l île. Au-delà de former et éduquer les jeunes pour atteindre la maturité humaine et intellectuelle, l ASJA est attachée à l excellence académique et à la formation morale. Située à 10 km au nord d'antsirabe, l Université bénéficie d un cadre verdoyant et offre un calme admirable pour étudier. Les portes des classes sont toujours ouvertes, même pendant les cours, la bibliothèque offre une vue sur le «campus» et la cantine est constituée de petites maisons rondes éparpillées autour de quelques conifères. Vue panoramique de l intérieure de l université. Au premier plan le futur amphithéâtre L université compte aujourd'hui plus de 1.200 étudiants répartis en 5 filières : Droit, Economie et commerce, Sciences agricoles, Sciences de la terre, Informatique. Les étudiants sont intégrés au cursus LMD (Licence/Master/Doctorat).L ASJA est la première université privée de Madagascar à être homologuée pour délivrer ce type de diplôme. Nous sommes admiratifs du fonctionnement de cette université. Celle-ci fonctionne avec 4 personnes salariés (appelées «fonctionnaire») et qui sont nos principales contacts sur place. Nous sommes heureux de vous les présenter : Père Pierre et Axel le jour de notre arrivée Père Pierre seconde le Père Joseph dans de nombreuses tâches administratives quotidiennes et est assez présent à l'économat, mon principal lieu de travail (Xavier). Il est aussi l'oreille des étudiants qui viennent souvent lui confier leurs difficultés. Le Père Pierre a été formé par la congrégation des Déhoniens installée à Madagascar. Il est une oreille bienveillante mais sait faire preuve d autorité lorsqu il le faut!

Ancienne étudiante de l ASJA, Toky travaille à l économat et donne des cours en Sciences Agricoles ; elle est ma principale collègue (xavier). Elle a organisé l économat à sa façon et aime être le maître à bord. Elle fait preuve de rigueur et de fermeté. Son bureau gère : l encaissement des frais de scolarité (écolages), les inscriptions, les absences, les retards, Du coté de guéno! La rentrée des premières années a eu lieu fin octobre. Je suis donc officiellement professeur de français depuis le jeudi 24 octobre! J ai fais connaissance avec ma classe de première année de droit et tout c est bien passé, ouf! Comme beaucoup d entre vous le savent, à priori ce n est pas ma matière de prédilection! Je ne suis pas encore très à l aise mais je travaille beaucoup mes cours ce qui me sert aussi pour moi. Ils sont 32 élèves et ce qui m a marqué dès le premier cours c est l image qu ils ont de l ASJA! Ils sont là car c est une université catholique, qui a un bon niveau, qui ne fait pas grève et ou les professeurs sont excellemment bien formés. Pour l instant c est la remise à niveau, nous revoyons les bases. Après nous ferons des exposés et nous irons travailler au «labo de langue» (salle informatique dotée d un programme pour les étudiants non français pour apprendre notre langue). C est un très bon outil, cela me rappelle mes années lycées au labo de langue. Ce labo a été financé par la France! Il en existe deux à Mada, l autre est à Tana mais hors service car personne n a jamais été formé pour cela A l ASJA je suis aussi responsable de l aumônerie. Pour l instant c est la mise en place! Nous avons déjà eu une réunion avec le Père Pierre et maintenant nous allons faire une réunion avec les étudiants motivés et engagés pour reprendre le flambeau! Nous aurons une fois par semaine un temps de prière (pendant la pause du déjeuner). Cela commence «mora mora!» : expression traditionnelle pour dire «doucement-doucement» Il faut savoir qu à l ASJA, il y a la prière en classe Guénola donnant un cours de français aux étudiants en première année de droit tous les matins et un cours obligatoire une fois par semaine de doctrine sociale de l Eglise. Dans cette mission qui m ait confiée, je dois apprendre la patience. Voila mes deux missions principales à l ASJA. J aide aussi des sœurs Africaines qui tiennent un foyer pour jeunes filles qui sortent de brousse et qui sont déscolarisées. Je vais tous les mercredis matin donner des cours de «savoir vivre» et «d éducation à la vie et à l amour». C est très intéressant, ca me permet de découvrir de l intérieur une culture, un univers différent. Mon petit souci reste la barrière de la langue. Les filles ne parlent absolument pas français et moi absolument pas malgache. Donc pour l instant nous faisons des mimes et nous rigolons bien. Espérons que l on trouve une solution. Je suis aussi allé visiter les sœurs missionnaires de la charité (sœurs de Mère Teresa). Elles tiennent un orphelinat qui accueille des enfants d une semaine à trois ans. C est très impressionnant et nous sommes vraiment au cœur de la pauvreté et du don de soi. Je me suis occupée des bébés. Le travail consiste à changer les langes, en profiter pour les masser. Ils sont très tendus et ont un besoin de câlins énorme! C est beau mais c est dur! Du côté de Xavier : Ma mission consiste à prendre en charge l économat et la gestion financière de l université. L économat est un endroit de passage, de rencontres entre tous, professeurs, enseignants, visiteurs étudiants, les visages défilent en nombre! Et il nous faut jongler entre plusieurs tâches administratives dont voici quelques exemples : Préparer les salaires des professeurs,

Etablir les autorisations d entrée ou de sortie pour les étudiants, Tenir quelques comptes courants, Reporter et communiquer les notes d examens, Enregistrer les frais de scolarité des étudiants Petit à petit on me demande aussi de prendre en charge la gestion comptable et financière. Il s agit principalement de l élaboration d outils de reporting et de surveillance. A ce jour l organisation comptable ne permet pas d avoir de visibilité sur la trésorerie, sur la rentabilité, les charges à venir,.. La première étape de ma mission a donc été de remettre à plat le travail fait précédemment. En particulier de partir sur une base saine et la plus proche de la réalité. Dans le passé l ensemble des opérations comptables étaient correctement saisies, mais la situation en banque et en caisse était totalement erronée. Le travail à l économat est encore réalisé sur des supports papiers (reçus, livre de caisse, ) Cela ne me semble pas cohérent avec une université qui forme des cadres et des informaticiens bac+5. En concertation avec le Père Joseph, nous réfléchissons à l informatisation. Dans les prochains rapports nous reviendrons plus en détail sur notre travail à l ASJA. Nous découvrons aussi que notre mission n est pas essentiellement de «faire». Nous devons aussi «être». Nous avons à nous rendre disponible aux étudiants. Leur prêter une oreille attentive. Mais c est également un témoignage. Le témoignage de la présence d une famille chrétienne et française parmi eux. L image de l étranger est assez dégradé ici (colonialisme, richesse tape à l œil, tourisme sexuel,..). Par notre présence simple, désintéressé nous espérons faire un peu changer leurs regards. Une autre mission plus familiale est l accueil à la maison. Depuis notre arrivée nous avons accueilli des coopérants de Fianarantsoa, leur famille, leurs amis, des parents de coopérants, des coopérants MEP, DCC, des collègues Malgaches de coopérants, des retraités qui viennent donner un peu de leur temps, des amis d amis vacanciers à Mada. Notre maison est grande et nous sommes vraiment heureux de faire ca en famille, tout le monde joue le jeu et se met au rythme de la famille! Si vous êtres de passage ou que vous connaissez du monde qui vient à Mada, notre maison est sur le chemin du Sud et nous nous ferons une joie d accueillir! Vie spirituelle Père Pierre, Père Pontenza (économe national) et Xavier lors d un point comptable Après touts ces considérations plus ou moins matérielles parlons un peu de ce qui nous anime et nous porte jusque là! Nous avons trouvé une messe en langue française (ouf!!!) et en plus elle est tard, 9h30! Nous arrivons toujours à prendre un temps de prière le matin en couple entre la préparation du petit déjeuner, et le levé des enfants, temps plus ou moins long selon Nous avons inauguré la louange du matin en famille (chants). Nous tenons toujours bon avec la prière du soir même si c est un peu dur pour tout le monde avec la fatigue. Comme nous vous le disions un peu pus haut nous avons aussi rencontré les frères de la charité, ils ont l adoration tous les soirs, nous essayons d y aller tous les deux une fois par semaine, c est vraiment très beau il faut que l on persévère Nous vous faisons part de tout cela pour vous dire que nous vous portons dans nos prières et que sans ces temps de prières se serait dur de tenir. Nous nous confions donc humblement aussi aux vôtres!

La rencontre Lors de chaque rapport, nous vous proposerons une rencontre ou une interview. Le but est de vous faire rencontrer des personnes, des métiers atypiques et qui vous sortirons de l ordinaire. Nous commençons cette rencontre avec Johnny. Il est 17h00 le jour de notre rencontre. Comme chaque soir, la pluie est de la partie. Je retrouve Johnny devant un hôtel pour touriste. Il est entouré de ses compagnons de galère. Ca rigole, ca chahute. Derrière ces sourires de façade, je découvre un visage buriné et marqué par la fatigue physique Tout comme le corps que l on devine musclé. Vêtu d un t-shirt (d un candidat aux dernières élections), d un short et le tout recouvert d un morceau de plastique, notre homme se protège des éléments avec les moyens du bord. Son français est approximatif mais nous nous comprenons. Je laisse volontairement les réponses dans leurs jus. Quel est votre métier : Je suis pousse-pousse Depuis combien temps faites vous ce métier : Je fais cela depuis 2001 à 2013 Quel est votre âge? Je suis né en 1952. Avez-vous une famille? Oui je suis marié avec ma femme. Nous avons 9 enfants. Le grand a 32 ans et la petite 11 ans. Nous habitons au sud d Antsirabe sur la route de Fianarantsoa. C est un quartier pour les pauvres. Avant d être pousse que faisiez vous? Je viens de la campagne. Je travaillais dans les champs. Je suis arrivé à Antsirabe un peu avant 2000. Pourquoi avoir changé de vie ; Le métier des champs étaient difficile. Je n arrivais pas à nourrir ma famille. La vie à la campagne était trop dure. En venant à la ville je pensais que cela allait changer. Est-ce le cas? Non la vie ici est encore plus dure. Pousse c est un métier trop dur. Ca fait mal partout. En plus maintenant je suis vieux, mais je n ai pas le choix. Il y a des courses vraiment durs surtout quand ca monte ou dans les cailloux (Johnny est pied nu) Le seul bien à la ville, mais derniers enfants ont été à l école. Êtes-vous propriétaire de votre pousse? Non je le loue à la journée. Soit du matin au soir. Soit du soir au matin. En ce moment je fais la nuit. Ca fait moins de course, mais elles sont bien payées. Combien louez-vous votre pousse? 12 000 FMG (francs malgaches, mais monnaie n ayant plus court et remplacé par l Ariary. Soit 80 centimes d euros). Est-ce toujours le même? Oui je prends toujours le bleu. Je l aime bien et je le trouve beau. Il y a des gens qui me reconnaissent. J aime bien qu il soit propre. Je le lave tous les jours. Combien gagnez-vous par jour? Ca dépend. Il y a les bonnes journées et les mauvaises. En ce moment c est la période des touristes alors ca va un peu. Combien faites vous de courses par jour? Ca dépend aussi des journées. Ce métier vous permet-il de vivre? Je gagne un peu ma vie. Je réussie à manger avec ma famille. Mais c est le métier qui est difficile. Comment voyez-vous votre avenir? Je suis vieux maintenant. Je dois continuer pour ma famille. Je ne sais pas. Qui monte dans votre pousse? Souvent c est des malgaches mais il y a aussi les touristes. Je préfère les touristes c est plus d argent. Un malgache il me donne 3 000 FMG (0,20 ) et un touriste ca peut être 15 000FMG (1 ). Je laisse notre héros d un jour à son métier. De retour je fais mes calculs. Le salaire moyen ici est d environ 600 000 FMG (40 ). Pour gagner cela, Johnny doit réaliser entre 6 et 10 courses par jour. Un ouvrier agricole gagne 500 000 FMG

Voilà, nous arrivons au terme de notre premier rapport de mission. Aujourd hui si nous faisons le bilan de ces deux mois passés ici à Madagascar, nous pouvons vous dire que nous sommes vraiment heureux! Que de changements, pour nous, nos enfants! Nous commençons déjà à changer notre vision de la vie : vivre au jour le jour, au rythme des contre temps et des nouvelles rencontres. Nous aimons passés du temps ensemble, et nous nous rendons compte comme c est important de toujours se rappeler pourquoi nous sommes là : servir Jésus à travers les pauvres. Nous sommes impressionnés par nos enfants. Ils comprennent les choses plus vite et acceptent facilement ce dépaysement total! Encore un immense merci de nous accompagner dans ce beau projet un peu fou. Sans vous nous ne serions pas là! Merci pour vos dons, vos pensées, vos prières. Pour toutes remarques, réflexions interrogations, nous serons heureux de vous répondre par mail! Nous restons vraiment à votre disposition. Nous vous retrouvons dans trois mois pour la suite de nos aventures. Nous vous laissons un dernier message de Benoit XVI à méditer! "Chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu, chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire» Benoit XVI Un dernier message sous le soleil de Mada. Nous vous souhaitons un bon et joyeux Noel à vous, à vos familles et à vos proches! Nous vous souhaitons aussi une année 2014 à la Malgache : pleine de rires, de sourires, de joie de vivre, et d espérance Guénola, Xavier, Victoire, Annouck, Axel, Zélie et Gabriel

Un coup d pouce... En ce moment, à travers le monde, 150 volontaires Fidesco travaillent au développement des populations défavorisées : accueil de personnes handicapées, création de centres de formation, gestion d entreprise et d œuvres sociales, orthophonie, médecine, consulting, ingénierie pour la construction ou l adduction d eau en brousse, refonte des systèmes de gouvernance d ONG, etc. Pour mener tous ces projets, former les volontaires avant leur départ, assurer le coût de leur mission (vol, assurances, mutuelles, ), Fidesco s appuie à 80% sur la générosité de donateurs. Fidesco a besoin de votre aide pour que toutes ces missions perdurent! Nous vous proposons donc de partager notre mission en nous parrainant! Ce peut être soit par un don ponctuel, soit par un parrainage, c est-à-dire un don de 15 euros (ou plus) par mois le temps de notre mission (ou l équivalent de manière ponctuelle) ; et tout est déductible des impôts! Nous nous engageons à envoyer à nos parrains notre rapport de mission tous les trois mois pour partager avec vous notre quotidien et l avancée de nos projets. De nouveau, un grand MERCI pour votre soutien, et pour nos parrains : rendez-vous dans 3 mois pour notre prochain rapport!