Dépendance et liberté. Du plaisir à l aliénation TABLE DES MATIERES



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Transcription:

Dépendance et liberté. Du plaisir à l aliénation Ouverture TABLE DES MATIERES Introduction : «Message d accueil Hélène Aronis-Brykman, Présidente de la CLASS». «Témoignages», Collectif de citoyens «Libérer l examen» Première partie : «Les différentes dépendances» «Le plaisir du jeu, entre passion et souffrance» «Dépendances aux sectes et religions» «La violence conjugale, expression d'une dépendance affective douloureuse?» «Au sujet des troubles alimentaires» «Chat, jeux, vidéo, Internet : une nouvelle forme d'addiction?» «Dépendances et conduite à risques. Les questions sociales et l économie de la rue» Deuxième partie : «Etiologie. La dépendance : quelle est son origine et comment s'entretient-elle?» «Dynamique d'ensemble des différentes dépendances» «Génétique et assuétudes : le gène de la dépendance existe-t-il?» C.L.A.S.S. Publications 2003-1

«Prédispositions éthologiques aux comportements de dépendance?» «Conclusions de la première journée» Troisième partie : «Rôle et influence de la loi et de la publicité «Dis-moi comment tu consommes, je te dirai de quoi tu dépends» «Les techniques marketing : outils de manipulation du consommateur?» Quatrième partie : «Prévention et ébauche de solutions» «Mais que fait la justice ou plutôt que peut-elle faire?» «Notre responsabilité d éducateur ou d intervenants de santé vis-à-vis des dépendances aux produits» «La transe hypnotique comme outil en alcolothérapie» «Tableau de bord de la santé des jeunes» «A propos des interventions psychologiques destinées à modifier la perception des risques de cancer et à traiter la dépendance nicotinique» «Qualité et sens de la vie» «Apport du concept de résilience» «Dépendances et libertés : le sujet entre les contraintes de la loi et les exigences des pulsions» C.L.A.S.S. Publications 2003-2

OUVERTURE Mme Aronis-Brykman, Présidente de l'asbl " La CLASS " C.L.A.S.S. Publications 2003-3

Dr Philippe HENNAUX Diplômé de médecine en 85, neuropsychiatre en 90, travaille d'abord en psycho-oncologie à l'institut Bordet avec le Dr Razavi, puis à l'hôpital Saint-Pierre (unité de crise, psychiatrie de liaison) où avec le Dr Zombek nous inaugurons les traitements à la méthadone à l'hôpital, puis médecin-directeur du Foyer de l'asbl L'Equipe (traitement extra-hospitalier en communauté thérapeutique de patients psychotiques), enfin création de La Pièce en 1997, premier lieu de traitement spécifique de patients à "double diagnostic" (psychose et toxicomanie), dont je suis médecin-directeur à ce jour. Actuellement président de la Ligue Bruxelloise francophone pour la Santé Mentale. Libérer l'examen Philippe HENNAUX Les concepts d assuétude, de dépendance et de liberté, de plaisir et d aliénation posent d évidents problèmes de délimitation. Il me paraît donc important, en liminaire de ce colloque qui leur est consacré, de rappeler ce qu est la spécificité de la laïcité dans la compréhension de l expérience humaine et donc sociale. J utiliserai la démarche que nous avons suivie dans la rédaction du texte «Une approche laïque du phénomène drogue», publié par le Centre d Action Laïque en 1999 : Quelles sont les valeurs mises en exergue par la laïcité? Sont-elles concrètement applicables? Sont-elles respectées? Qu en est-il dans le champ médical et psychiatrique en particulier? De cette réflexion j espère faire surgir non une définition des notions examinées, mais le cadre qui permette leur libre examen. Exposé de Philippe Hennaux du 28 novembre 2003 C.L.A.S.S. Publications 2003-4

«Les concepts de plaisir et de dépendances revisités» Je vais vous faire un témoignage, celui d un psychiatre qui, il y a exactement quatorze ans d ici travaillait à l institut Bordet en psycho-oncologie. L histoire que je vais vous raconter m a vraiment engagé sur diverses pistes de réflexion que je voudrais partager avec vous. A l époque, j avais dans le cadre de mon travail une consultation dans laquelle il m arrivait de répondre à des «prières». Des «prières», ce sont les demandes des autres médecins pour qu un autre spécialiste examine un patient. Je vois arriver dans mon cabinet une dame d une soixantaine d année et je lui demande ce qui l amène. Alors, elle me remercie de lui poser la question parce qu elle se le demandait aussi. J ai donc regardé le dossier, (je regarde toujours le dossier après pour ne pas avoir des idées préconçues sur le patient) et je vois que cette femme m est adressée pour tabagisme + + + Je lui dis qu à mon avis c est pour cela qu on lui a demandé de venir me voir, elle en convient et elle m annonce qu elle fume effectivement 2 paquets par jour depuis longtemps. Elle souffre d un cancer du poumon et c est son chirurgien qui est censé l opérer qui me l adresse car il refuse de l opérer tant qu elle n arrête pas de fumer. Hors, elle n a aucune intention de s arrêter et la situation est donc bloquée. J ai été très intrigué car en discutant avec cette dame qui me paraissait dotée d un solide bon sens je n ai rien entendu qui concerne mon métier. Nous sommes donc partis voir le chirurgien pour discuter avec lui et je lui ai demandé ce qu il voulait en me l adressant. Il m a expliqué que c était inutile pour lui d opérer un cancer du poumon si la personne continue à fumer. Je me suis opposé à cette logique et après bien des palabres il a accepté quand même d opérer malgré que la patiente refuse toujours d arrêter et promette de continuer à fumer même si on lui faisait une laryngectomie chose que j ai constatée à de nombreuses reprises à Bordet. Je retrouve cette patiente quelques semaines plus tard dans les couloirs de Bordet entourée de sa famille et elle était en train de fumer. Normalement, on ne peut évidemment pas fumer à l hôpital mais dans ce couloir il y avait un certain no man s land de tolérance. Et sa famille était en train de lui dire : «mais enfin bobonne, tu continues à fumer mais tu ne veux pas guérir hein, tu ne veux pas guérir, tu dois aider le docteur». Je passe sans insister et quand je redescends, elle était seule, elle m attrape et elle me dit : «Docteur Hennaux, vous savez, c est rien d avoir le cancer le pire c est d avoir une famille d imbéciles.» Je trouve cette histoire extrêmement éducative parce qu elle pose une série de questions pertinentes. Première question : qu est-ce qui fait croire à un chirurgien ou à un médecin que le tabagisme nécessite une intervention psychiatrique? Historiquement, il n en a pas toujours été ainsi. Comment se fait-il que quelque chose qui a priori n est absolument pas une pathologie mentale en devient brusquement une, ou, en tout cas, tombe sous le champ médical? C.L.A.S.S. Publications 2003-5

Je vous rappelle que l OMS déclare la santé comme un état de parfait bien être, mais qui ressent ce bien être? Est-ce que c est le sujet qui ressent du bien être, n en ressent pas enfin qui se positionne par rapport à cela ou est-ce qu il existe une catégorie de gens qui reçoivent un mandat pour dire qui est ou qui n est pas en état de bien être? Je pense que ce chirurgien adresse cette patiente à la psychiatrie parce que la psychiatrie a une longue pratique pour décider qui est malade et de dire malade des gens qui ont justement cette caractéristique de ne pas se dire malade. C est vraiment le point de départ de la psychiatrie, elle ne s en est jamais complètement dépêtrée. C est un problème qui accompagne la psychiatrie et dans laquelle elle se conçoit depuis maintenant plus de deux siècles. De la même façon, qui demande de l aide? Est-ce que quelqu un, qui fume, qui atteint le fond comme disait un intervenant tout à l heure et qui demande de l aide, comment s opposer à cette idée. Sa demande est légitime. Mais que fait-on avec quelqu un qui ne demande pas d aide? Parce que l entourage finit par dire que ce monsieur ou cette dame à besoin d aide, est-ce que l on doit intervenir avec quelqu un qui ne demande pas d aide? C est un problème, je ne dis pas insoluble mais mal abordé. Je pense que nous manquons de dispositifs qui permettent d entendre les demandes d aide des personnes qui n en demandent pas! C est encore quelque chose qui doit être amélioré. Deuxième question : pourquoi lier un acte chirurgical à une intervention de nature morale? Au fond, cette primauté de la morale dans ce cas-ci se fait au détriment d éthique médicale. Cette histoire se passe il y a quatorze ans. Maintenant, une loi sur les droits du patient a été promulguée. Celui-ci peut refuser un traitement, l accepter, et cette loi stipule également que toutes positions de la part du patient ne le prive pas d un accès aux soins de qualité. Aujourd hui, ce chirurgien serait hors la loi. Et ce médecin, quelqu un d extrêmement brillant, fait une drôle d hypothèse sur la complexité des rapports entre le fait de fumer et le fait de déclencher un cancer. Vous savez bien qu il y a relation, mais est-ce qu il y a une contre indication entre le fait d opérer et le fait de continuer à fumer? Evidemment, il n y en a pas. A ce moment, le médecin est en position d établir un jugement moral. C est-à-dire de transmettre un message insidieux à cette patiente en disant que si cette dame, c est sa faute et je trouve cela extrêmement grave. Troisième question : dans ces conditions, quand vous êtes psychiatre ou médecins d ailleurs, comment vous opposer aux idées courantes et aux idées même qui sont en train de s imposer? Je veux dire qu il est plus facile pour moi de prendre cette patiente et de lui dire qu elle a un grave problème et qu elle ne s en rend pas compte. C est-à-dire que je vais me trouver rapidement à faire de la morale, hors je ne pense pas que mon métier consiste à faire la morale aux gens. Je pourrais faire aussi et c est ce que feraient tous mes collègues dans un débat de conscience pareil, lui prescrire un patch. C est-à-dire quelque chose qui ne servira à rien parce que la patiente ne l utilisera pas mais j aurais l impression d avoir fait quelque chose d utile C.L.A.S.S. Publications 2003-6

Quatrième question : est-ce qu il faut être motivé au fond pour s en sortir, est-ce que la conscience à la moindre prise sur ce genre de chose? Est-ce que le cancer ou le tabagisme cela correspond à une compétition dans laquelle il faut se battre? Je reprends ici ce que disait la famille, pourquoi cette idée de VOULOIR guérir? Comme si la volonté avait la moindre prise sur la maladie et notamment sur le cancer. Enfin cinquième question : une famille, un entourage, un médecin et un psychiatre disent clairement qu ils veulent notre bien, ils pensent sincèrement vouloir notre bien. Moi je ne pense pas qu une famille et un médecin veuillent toujours et systématiquement, je dis bien toujours et systématiquement notre bien. En tous cas, une chose est certaine : une famille, une société, un médecin, pensent à notre place et dégager un espace qui me permette de penser moi-même à ce qui m arrive me paraît une entreprise difficile. Pour donner un cadre à mon intervention, je voudrais vous rappeler aujourd hui trois valeurs véhiculées par la laïcité et qui me semblent vraiment fort intéressantes. La première, c est l autonomie. J ai trouvé de belles définitions de l autonomie. Je vous en lis une : «chaque homme, chaque femme doit pouvoir faire usage de sa liberté, ses choix de vie lui appartiennent et il ou elle en assume la responsabilité.» Je ne sais pas ce qu il est advenu de ma patiente aujourd hui, peut-être est-elle décédée, peut-être est-elle vivante, mais je me demande vraiment ce qu elle aurait pensé des paquets de cigarettes qu on nous présente aujourd hui. Je pense qu elle aurait dit deux choses : «soit je vis dans une société d imbéciles, soit on me prend pour une imbécile.» Ce qui m intrigue, c est qu il y a consensus pour dire que c est bien de mettre cela sur les paquets. Eh bien, je trouve que là où tout le monde semble d accord, il est nécessaire d objecter. Deuxième point, la tolérance. «( elle ) implique le respect des personnes en tant qu individu ainsi qu une attitude d ouverture et d écoute.» La tolérance «suppose aussi le principe d égalité.» vous savez bien que dans toutes relations de pouvoir et la relation entre médecin et malade, est une relation dans laquelle le pouvoir existe et même est un des ressorts du traitement. Eh bien ce principe de tolérance n est clairement pas toujours appliqué. Et le troisième principe sur lequel je voudrais me fonder c est celui du libre examen. Alors ce principe du libre examen il est célèbre puisqu il fait l article 1 des statuts organiques de l ULB. Il dit, l Université Libre de Bruxelles fonde l enseignement et la recherche sur le principe du libre examen. Celui-ci postule en toute matière le rejet de l argument d autorité et l indépendance du jugement. Alors jusqu ici tout semble aller bien mais seulement une série de sites de l ULB manifestent quelques gênes par rapport à cela, c est qu on se dit qu au fond si le libre examen devient un dogme, alors est-ce qu il ne se contredit pas lui-même. D autre part, il y a cette idée un peu plus loin dans les statuts de l ULB qui dit : le libre examen est la base de la méthode scientifique. C.L.A.S.S. Publications 2003-7

Cela c est un point qui me tient particulièrement à cœur et que je voudrais aborder, vous savez bien que le médecin est en quelque sorte un vulgarisateur scientifique par excellence, un informateur scientifique et qu évidemment dans son métier, science et technique se mélange pour produire son savoir. Mais il y a un problème évident, c est cette propension si vous voulez que la laïcité à une fois, que si vous voulez la question du Dieu d origine du point de référence dogmatique est réglé ou est-ce que c est humain de faire fonctionner à la place de ce Dieu manquant d autres formes de croyance, d autres formes de pouvoirs, d autres formes d autorités et évidemment que la science en est une. Je ne vous dirais pas cela si une série d évidence montre que le discours scientifique fonctionne à bien des égards comme une croyance et je pense que c est une croyance qui ne se montre pas comme croyance. Imaginons que si le discours scientifique disait explicitement qu il se fonde sur la croyance, on saurait d emblée qu il n est plus scientifique. Mais il est nécessaire qu il fonctionne évidemment comme une croyance pour produire des effets. Il existe en médecine comme ailleurs et en psychiatrie aussi une série de gens qui parlent au nom de la science et qui commencent par dire il est prouvé que il a été montré que il est établi que. ou ils commencent leur discours par : la recherche inlassable depuis tant d année nous a montré que ce sont des choses qu on peut critiquer et on les critique du point de vue scientifique, c est-à-dire que quand quelqu un vous dit cela si vous vous arrêtez à l argument d autorité scientifique eh bien vous n êtes pas en train de faire à mon sens un acte laïque parce que l acte laïque ce serait de dire mais au fond, c est quoi l étude que vous présentez comme scientifique, combien de patients ont été pris dedans, comment vous vous y êtes pris, c est-à-dire que vous êtes conscient des biais inhérents à ce travail. Et donc je pense qu il est important de considérer la science comme quelque chose qui doit aussi être critiqué en fonction, pas comme un discours de savoir ni un discours autoritaire. D ailleurs c est du même acabit quand on vous désavoue, quand vous êtes psychanalyste par exemple ou que vous êtes travailleur social en disant que vos pratiques ne sont pas scientifiquement validées. Il est évident que la validation scientifique d un médicament est si vous voulez scientifiquement construite mais elle est inapplicable au champ de la psychothérapie par exemple. Mais, cela ne veut absolument pas dire que ce n est pas scientifique de faire une psychothérapie, que de prescrire un médicament l est, évidemment c est une question de pouvoir. Pour renchérir sur le problème de la scientificité, j avais trouvé par contre cet article qui disait, la liberté de conscience c est le rationalisme, le rationalisme doit être scientifique, il propose un mode de raisonnement pour conduire sa pensée en fondant solidement sur l expérience des échecs et des réussites de la pensée scientifique. C est-à-dire un attachement clair de la pensée scientifique et la laïcité, ce qu évidemment je ne suis pas. Au dicton de l ULB qui est scientia vincere tenebras c est-à-dire par la science vaincre les ténèbres on pourrait faire ce petit mot d esprit en latin qui est scientia vincire tenebras qui voudrait dire quelque chose comme par la science je produis des ténèbres. C.L.A.S.S. Publications 2003-8

Et ces critiques, c est là, où je voulais en venir se retrouvent sur Internet avec cette belle définition nouvelle du libre examen pour l ULB, le libre examen implique le refus de tout argument d autorité notamment en matière scientifique, philosophique, moral ou politique. La remise en question permanente des idées reçues, la réflexion critique, la recherche active de l émancipation de l homme à l égard de toute forme d assujettissement, de cléricalisme et de discrimination. Je pense que c est fondamental. Je voudrais venir quand même un peu sur le champ des assuétudes. Les assuétudes c est évidemment un concept bien plus large que la toxicomanie puisqu on ajoute si vous voulez aux dépendances aux produits illégaux, qui sont donc il y a loi qui fait légiférer des produits, des substances comme l alcool, le tabac, certains médicaments alors on a l audace d aller jusqu au benzodiazépine mais en fait, on devrait pouvoir inclure les antidépresseurs et les neuroleptiques, le chocolat, le thé, le café, le sucre et même les aliments en général. Une petite recherche rapide m a montré que l assuétude signifiait aussi pour des jeux de hasard, pour Internet, pour l ordinateur, pour les jeux vidéos, pour la TV, pour la conduite à grande vitesse, pour le sexe, pour le travail, pour les sectes, pour les sports, vous voyez que la liste est longue et peut encore être étendue à loisir. Donc les avantages évidemment c est par rapport au concept de toxicomanie, c est qu on se décale d un modèle purement légal dans laquelle la médecine est soit appelée à confirmer la nuisance supposée du produit, soit à suppléer aux conséquences de sa prohibition. On a évidemment quelque chose de plus variable et de plus extensible, c est l étendue du champ médical qui si vous faites attention sort du terrain de fondation de la médecine, c était l examen des signes et des maladies pour rentrer dans l examen des comportements. Je voudrais quand même bien dire cela, c est que la psychiatrie ne se fonde pas sur des prises de sang ou sur des radiographies, elle se fonde sur l étude des comportements, cela c est une chose qu on ne doit jamais oublier. Ce qui me paraît curieux c est que cette évolution de la médecine, c est à dire de faire comme une rivière qui sort de son champ, sait que cette extension semble absolument naturelle et qu elle ne pose question semble-t-il à personne. Evidemment qu un autre point positif des assuétudes c est d enclencher une approche disons moins répressive puisque moins fondée sur la loi, plus proche puisque plus médicale. Cependant ce que je dirais c est que l extension du regard médical qui en fait généralise un champ social vraiment plus étendu, le problème de la toxicomanie ne produit pas nécessairement un désenclavement puisqu on entend constamment les mots d usage de la toxicomanie se reporter en dehors du champ de la toxicomanie. Par exemple, le vélo c est ma drogue ou comme je regardais hier dans une émission sur A2, une jeune femme qui était anorexique et boulimique, le présentateur n hésitait pas à dire elle se jette sur la nourriture comme une droguée en manque. C.L.A.S.S. Publications 2003-9

Vous voyez la métaphore se présenter et puis, quand elle a trop mangé elle frise l overdose, donc vous voyez qu on définit un champ extra-toxicomaniaque avec les mots de la toxicomanie. Et je me demande bien ce qui est gagné dans l opération. Enfin et je voudrais terminer par-là, c est que je me suis livré à un petit travail disons étymologique sur le mot assuétude parce que ce mot m intriguait beaucoup. En fait vous le trouvez depuis peu dans le dictionnaire et vous ne le trouvez surtout pas dans les dictionnaires étymologiques. Avec l aide de deux latinistes distingués je me suis penché sur ce mot et je voulais vous faire-part de ce que j y avais trouvé parce que c était en tous cas peut-être une bonne entrée en matière pour le colloque. Donc assuétude cela vient semble-t-il enfin on en est presque certain du latin atsuesquere, atsuesquere cela veut dire s habituer à, la racine c est solere donc le verbe solere, solere tutsum avoir l habitude. Alors dans cette racine vous entendez qu il y a un mot quand même qui est sol et j ai été vraiment très épaté d entendre qu il y avait deux groupes de mots en français qui provenaient de cette racine. Le premier est évident, c est solus, c est seul qui a donnez en français solitaire, solitude, isolement, mais il y a dans cette même racine le mot sous c est à dire soi, soi mais comme membre d un groupe social donc vous voyez ces deux racines ou ces deux embranchements tout à fait étonnant. L un qui vise la solitude et l autre qui vise le groupe social, la preuve on vous l a trouvée dans des mots comme solennel, donc cérémonie sociale, rituel, habitude dans le sens que tout le monde à cette habitude donc le rituel c est une habitude partagée par tous au fond. Vous trouvé cela aussi dans obsolète quelque chose qui n est plus rituel, qui n est plus utilisé. Plus impressionnant encore vous trouvé dans cette même racine l origine du mot sorore qui désigne la sœur et vous trouvé enfin curieusement ce mot qui signifie mais en latin qui est cede. Donc ce que je viens de faire, je ne suis pas latiniste et je n ai pas l habitude de travailler en disant que tout cela veut absolument dire quelque chose, mais je pense que j ai simplement créé une chaîne signifiante qui lie au fond le processus de séparation et celui d appartenance à un même groupe. C est surprenant parce qu on oppose généralement individu et groupe, individu et société et qu on pense généralement c est une idée reçue au fond que le problème se situe dans un conflit perpétuel entre un sujet qui à des désirs, à qui on suppose des aspirations individuelles et des contraintes sociales qu on prétend des contraintes. Alors que quand on fait un peu attention au mot assuétude et avoir l habitude on peut risquer ceci, c est qu il faut être comme tout le monde pour pouvoir se distinguer, il en découle et cela c est une thèse que certains philosophes comme Ulrich Bec mais d autres encore pourraient mieux décrire que moi, c est que plus l individu se sent libre, plus il est assujetti, au fond réciproquement aussi. C.L.A.S.S. Publications 2003-10

Plus quelqu un est dépendant d une structure, plus il se sent libre. Je ne pense pas m engager sur un terrain vaseux parce qu il faut se rappeler deux choses, c est que les latins étaient un peuple comme beaucoup de peuples anciens fondé sur l identité comme appartenant au groupe, vous étiez fils de.. Vous aviez votre identité qui découlait clairement de votre appartenance sociale. Il n y avait pas au fond de contradiction du tout entre les deux. Et d autre part, c est là que je voulais en venir c est que les latins sont vraiment de polythéistes quand vous lisez des documents sur la vie des romains au tournant du premier siècle vous voyez que ces gens ne fus-ce que pour rentrer chez eux ont à peu près quatre ou cinq rituels tellement il y a de Dieux à honorer pour franchir le pas de la porte. Donc la vie des latins est quelque chose qu on oublie souvent d extrêmement ritualisé parce qu il faut apaiser tous les Dieux qui ne nous veulent pas du bien. Alors au fond je me demandais ceci, c est que quand on ressuscite parce que c est cela qui a été fait, un mot qui est vieux de plus de vingt siècles est-ce qu au fond nous n aurions pas affaire à une résurgence de cette structure sociale là. C est la question à laquelle je voulais en venir, c est-à-dire qu au lieu de parler comme on le fait actuellement de déclin des valeurs, de déperdition de la morale et de perte de limite, estce qu on ne devrait pas plutôt avoir l hypothèse que cette disparition de Dieu comme référence générale j entends, à nos actes et nos pensées, est-ce que cette place là est-ce qu elle a vraiment été laissée vacante? je ne crois pas, je crois qu elle a été difractée en de multiplex petits Dieux ce qui fait qu il me semble que nous vivons en quelque sorte non pas le déclin des valeurs, mais quelque chose que j appellerais le retour du polythéisme. Alors quel peut-être le combat de la laïcité dans un tel climat, c est-à-dire que c est un combat qui devient difracté, qui devient difficile mais en tout cas moi je trouve cela plutôt encourageant et je voulais terminer en vous encourageant aussi à poursuivre dans ce travail et je vous remercie de m avoir écouté. C.L.A.S.S. Publications 2003-11

Serge MINET Assistant social en psychiatrie Psychothérapeute Service de Psychiatrie et de Psychologie Médicale (Prof.I.Pelc) Unité d Alcoologie et des Dépendances (Prof.P.Verbanck) - C.H.U Brugmann à Bruxelles Professeur-visiteur d Art-Thérapie, Haute Ecole Fransisco Ferrer - (section infirmiers psychiatriques) Théâtrothérapeute Consultant - coordinateur Cellule Jeu pathologique Rodin Foundation Thérapeute clinicien Quelques publications et contributions: L enfer du joueur de fonds, Carte blanche, Le Soir, 1990 Parle à mon coeur, ma tête est malade, Carte blanche, Le Soir,1991 De la Parole à l Acte Théâtral, un chemin thérapeutique, Ed..Gamin, 1995 Joueurs dépendants: Quand le démon du jeu frappe...l enfer surgit!, Best of Psychiatry, 1995 Le héros et le choeur, résonance d une rencontre et appui à ma singularité, Maldague, Rouveau, Minet,Goffinet. 1er Prix Psychiatrie Sociale - Société Royale de Médecine Mentale de Belgique 1996 Proposition de résolution relative au problème de la dépendance au jeu, Sénat de Belgique,1997/98 La pathologie du jeu,colloque sur le Jeu pathologique à la Loterie Romande, Lausanne, 1999 Le Plaisir du jeu: entre passion et souffrance.-la joueuse-, Ed. l Harmattan, Paris,2000, De la scène à l obscène, Conférence à la Société Royale de Médecine Mentale de Belgique 2000 La solitude du joueur de fonds, Formation des Magistrats- Ministère de la Justice - 2000 Consultant (depuis 1999) auprès de la Commission des Jeux de hasard, Ministère de la Justice. Participations : Ca se discute (A2, France), L Ecran Témoin (1995)(2000), RTBF, Controverse (RTL),invité de Matin Première (2001), à propos de la problématique des jeux de hasard. Le plaisir du jeu: entre passion et souffrance,-la Joueuse-, Contribution à une approche thérapeutique du joueur dépendant, Edition l Harmattan, Paris, 2001 Le plaisir du jeu, entre passion et souffrance Serge MINET C.L.A.S.S. Publications 2003-12

La Joueuse est à la vie ce que la Faucheuse est à la mort, annonce sournoise et sourde de l irrévocable. Elle guette au loin, dans la froideur de l éternité et joue sa coquette, avant d arracher sans cris ni chuchotements. A l insu de tous. Comparable à d autres dépendances, comme l alcoolisme ou la toxicomanie, le jeu pathologique s en distingue par sa dépendance à une action: dépenser, jeter, déglutir son argent, par hasard. L acte de jouer peut en devenir incontrôlable, compulsif. Ce problème provoque de graves difficultés sociales, financières, familiales et de santé mentale. La pathologie du jeu, idée fixe, passion et souffrance, est à l image d Alexeï Ivanovitch, le Joueur de Dostoïevski, amoureux tourmenté, lacéré par l amour et la passion du jeu, dans une même étreinte Écrire sur le jeu, c est faire état d une rencontre avec un univers impitoyable qui ne laisse indemne ni le cœur, ni l intelligence, rencontre audacieuse, souvent pénible, avec le monde du jeu dans l entrelacs des joueurs accrocs, des flambeurs. Monde fascinant et terrible. Parler du jeu, c est faire écho d une passion qui englue un homme ou une femme dans les méandres de l irréparable, ou de l imparable, hors des sentiers de la raison. Le mystère de l attirance pour les jeux à risque, les jeux de hasard et d argent, se décrit comme un processus lent et suicidaire. Le jeu, rapproche, un peu plus, le joueur de la mort: mort économique, mort symbolique, mort affective, mort psychique, mort physique, parfois. S en suivent des luttes implacables entre Éros et Thanatos, pulsions de vie et de mort, avec pertes et fracas. Le joueur est-il en avance sur sa mort? Il flirte avec elle. Parfois elle le séduit. Les jeux de hasard et d argent ont toujours occupé une place importante dans toutes les cultures. Le jeu, dans son principe, associé à une atmosphère de divertissement en opposition au travail, est la recherche du temps à perdre, par opposition au temps bien employé. A ce titre, il peut être considéré comme inutile, peu sérieux, improductif, stérile et ne créant pas la richesse mais la déplaçant. Les jeux, et particulièrement les jeux de hasard et d argent, ont survécu à une condamnation séculaire les classant sous le vocable de vice attentatoire à la morale, de proscription à l éthique, d atteinte à la productivité et à la noblesse du travail. Le jeu, jusqu alors considéré comme abject, incivique est reconnu d utilité publique lorsque nous sommes contraints d en subir les assauts médiatiques ou publicitaires sous toutes les formes jusqu à nous inviter à, peut-être devenir millionnaire ou gagner une rente viagère de 1000 euros par mois Si pour la plupart des gens le jeu est une activité de détente sans conséquence, certaines personnes vont développer des symptômes de la pathologie du jeu qui vont se traduire par une impulsion incontrôlable de miser de l argent et de jouer. Précisons que nous entendons par jeux de hasard et d argent, le fait que l individu réalise une mise d argent ou d un objet de valeur, que cette mise est irréversible et que l issue repose principalement ou totalement sur le hasard. Pour Dostoïevski, jouer était une méthode d auto-punition. Jour après jour, il promettait à sa jeune femme qu il ne jouerait plus, mais chaque fois, il se parjurait. Quand ses pertes les avaient réduits tous deux au besoin le plus pressant, il tirait une deuxième satisfaction pathologique de cet état: il pouvait alors s accuser et s humilier devant elle, l invitant à le C.L.A.S.S. Publications 2003-13

mépriser et à regretter d avoir épousé un tel vieux pécheur. Quand il avait ainsi calmé sa conscience, tout était à recommencer le lendemain. La grande chance que cherchait Dostoïevski était la Fortune. Il espérait grâce au jeu rembourser ses innombrables dettes. Quelle est donc cette dette du père que le joueur tente de payer. Cette dette d argent est la métaphore d une autre dette, celle que Lacan appelle la dette symbolique: ce que le sujet doit à l ordre symbolique, au langage, au phallus, à la filiation, au père. Maladie des passions ou maladie morale, comme la présentaient bien des auteurs ou des moralistes du 19e et début 20e siècles en opposition à la psychiatrie officielle, la passion n a jamais été considérée comme une maladie physique ni une maladie mentale, elle est une maladie hors de la norme de toutes les maladies, une maladie anormale? En effet, la norme de la maladie mentale est la raison, celle de la maladie physique, la santé. Peut-être que celle de la passion est la vertu? Intervention : Serge Minet Serge Minet Plaisir du jeu entre passion et souffrance Je vous salue d abord et ce dont je voudrais vous entretenir ce matin, je crois que Philippe Hennaux l a permis et à bien introduit cette matière à la fois terrible mais qui rejoint peutêtre deux notions que Philippe à bien mises en évidence, la notion de croyance et cette notion, ce concept aussi de solitude. Ce dont je voudrais vous entretenir c est justement une solitude particulière que nous appelons avec cette petite phrase la solitude du joueur de fond, qui est cette solitude imparable de personnes qui un moment donné, qui sont minoritaire, dont on parle peu, dont on parle plus aujourd hui parce qu elle vient toucher une population qui est évidemment minoritaire. Et je dirais que l important comme le concept de certaines maladies qu on appelle des maladies orphelines en médecine, la maladie ou la pathologie ou la dépendance ou l assuétude du jeu est une dépendance, une assuétude, une habitude particulière qui vient toucher une population particulière et à la fois une population tout à fait générale, cela touche n importe qui, mais qui développe en son sein et derrière elle une souffrance au niveau social, au niveau familial, au niveau économique et qui touche un nombre de personnes insoupçonnées. C.L.A.S.S. Publications 2003-14

Alors, «le combat que nous menons» lorsque nous rencontrons quelqu un qui à une dépendance du jeu, s est d abord d essayer de comprendre finalement comme le disait le Docteur Hennaux tout à l heure que la souffrance de la maladie du jeu ne touche pas immédiatement celui qui subit cette dépendance, elle vient d abord toucher l environnement, elle vient d abord toucher la famille. Ceux qui nous consultent au préalable, c est en général la famille, l épouse d un joueur dépendant qui vient en disant voilà j ai un membre de ma famille, j ai mon mari qui est malade du jeu qui dépense tout l argent, tout le salaire dans le jeu et je ne sais pas ce que je dois faire, aidez-moi à pouvoir aider mon mari joueur. Cette hypothèse de départ qui fait qu un moment donné la famille est en état d alerte montre bien ce que disait le docteur Hennaux tout à l heure c est que dans l immédiat quand bien même lorsqu on entend le discours d un joueur dépendant, cette souffrance est l attente, c est une dépendance qui est silencieuse, sans toxique si ce n est «le toxique de l argent» qui vient nourrir cette dépendance mais elle est silencieuse, elle est secrète, elle se tait, on en parle pas, elle ne regarde personne et en même temps elle est là en train d agir dans un contexte de souffrance relativement importante. S il fallait vous faire comprendre de l intérieur et c est ce que je voudrais faire ce matin, vous faire entrer à l intérieur d une consultation d un joueur qui un moment donné décide de frapper à la porte en disant tout simplement je n en peu plus je n ai pas d autre solution éventuellement que de me faire aider parce que je n ai plus d argent, parce que je ne joue pas parce qu il n y a plus d argent, si j avais de l argent je jouerais et quand je joue j ai besoin d argent et pour avoir besoin de l argent il faut jouer et en même temps je perd tout cet argent. Alors à un moment donné le débat ou la question est trop importante, le joueur ayant, on l a dit tout à l heure aussi touché ce fond et ayant perdu tous les fonds qui lui permettent d atteindre ce fond par lequel il va pouvoir un moment donné rebondir, ce joueur alors fait cette démarche de frapper à la porte d un bureau pour consulter. S il fallait vous faire comprendre de l intérieur ce que représente la passion du jeu puisque nous parlerons, enfin moi je ne parlerez pas de maladie du jeu aujourd hui quand bien même elle est reprise dans le DSM4 avec les différentes compulsions et autres peu importe c est pas mon métier, moi je suis pas médecin ni psychiatre, je suis un humble clinicien qui accompagne et vous verrez tout à l heure le mot accompagnement est terriblement important dans cette démarche, qui accompagne des personnes qui ont cette difficulté et qui ont cette passion du jeu. S il fallait vous faire comprendre, ressentir avec les tripes ce qu est la passion du jeu, à la fois j ai envie de vous renvoyer chacun et de me renvoyer moi-même d abord à ce qu est la passion amoureuse, alors peut-être l avez-vous vécu, à la fois je l espère pour vous et en même temps je dis que c est terrible la passion amoureuse. C.L.A.S.S. Publications 2003-15

Peut-être, ne la vivrez vous jamais et je vous le souhaite de ne jamais la vivre et en même temps je vous dis que cela risquerait à un moment donné de vous tomber dessus cette passion amoureuse. Cette passion amoureuse elle vient à tout instant, on ne s y attend pas, tout à l heure on a évoqué aussi je ne sais plus un de nos amis à évoqué par rapport à l alcool que quelque part la joueuse, l alcool, la mort, qu on appel dans la philosophie, dans la littérature, la faucheuse, vient vous prendre un jour par derrière, vous surprendre et vient vous tirer et vous amènes avec elle. Quelque part ce que j ai appelé la joueuse en hommage notamment à Dostoïevski évidemment cet invétéré joueur qui jurait aux pieds de sa femme que jamais plus il ne prendrait part aux jeux de hasard, a peine avait-il juré, il se retourne, il quitte la chambre et il se rend au casino le plus proche. Et cette joueuse quelque part le texte vous l exprime de manière poético dramatico existentiel que sais-je, peut importe, elle vient vous prendre par derrière et elle est à la vie pour le joueur ce que la faucheuse quelque part est à la mort. Elle vient par derrière, elle prend par derrière et emmène avec soit. Ce petit texte traduit ce que j entends tous les jours dans la consultation du jeu, le joueur est celui qui s est fait prendre à un moment donné par le jeu et dans cette passion comme dans la passion de l amour, il y a un homme ou il y a une femme, si je tombe passionnément amoureux pour moi ce sera je vous le confesse une femme, pour d autres vous allez rencontrer un être duquel vous ne sortirez plus, vous serez dans un lien, ce lien qui est impossible, qui est noué dans un instant, ce lien qui est aliéné en même temps et hors duquel il n y a pas de salut, de ce lien là plus rien ne compte, tout est dans le lien aliéné. Et le rapport passionné, le rapport amoureux comme le rapport aux jeux, procède de ce même processus. Lorsque le joueur lui n a pas rencontré une femme ou n a pas rencontré un homme, il est tombé comme on dit au Québec en amour avec un dieu et nous sommes ici effectivement dans ce lieu du libre examen, alors il me plait de parler de ce dieu et ce dieu c est le hasard. Alors, est-ce par hasard que le hasard un moment donné vient frapper à la porte du joueur et qu un moment donné dans un processus de jeu, un processus qui va connaître et je vais vous le décrire brièvement tout à l heure un certain temps, un certain long temps le hasard et vous le voyez dans la publicité, dans la presse, regardez la campagne que fait encore aujourd hui la loterie nationale sur la promesse de gain, le hasard est ce dieu d aujourd hui qui vient enfin dans notre ère économique de société d appauvrissement, d économiquement faible, ce hasard procède de la recherche du rêve pour les uns d être riche, très riche, on nous promet même une rente à vie de je ne sais plus combien de milliers d à vie, si dieu hasard frappe à votre porte, procède du cauchemar chez les autres surtout de ne plus être pauvres. Et le jour, cette relation aux jeux et ici je ne parle pas des jeux de la loterie nationale, principalement je parle des jeux de hasard, des jeux de casino, des salles de jeux C.L.A.S.S. Publications 2003-16

automatiques, cet appareil qui à un moment donné pourrait vous donner l illusion que vous allez devenir riche, ce hasard va occuper toute la bulle, tout l espace de la relation du joueur, le monde n existe plus, le hasard est là, est présent, mais le hasard est totalement imprévisible, il ne se maîtrise pas. Si vous entrez dans une salle de jeu, si vous allez jouer à un jeu automatique, vous pouvez essayer de manipuler la machine rien ne vous permettra jamais de contrôler la machine. Le hasard est incontrôlable et la seule loi du joueur devenu dépendant du jeu c est la loin du hasard, il n y a plus aucune loi qui compte comme dans la passion amoureuse il n y a plus aucune loi qui compte toutes les règles, tous les contrats sont rompus, toutes les règles sont enfreintes par la relation à cette passion. Le problème du hasard pour le joueur c est que son attente c est d être l élu du hasard mais en même temps c est sa crainte, si le hasard vient frapper à la porte aujourd hui mais peutêtre qu il ne viendra pas demain, donc hasard vient mais surtout ne viens pas. Brièvement pour cerner cette dépendance au jeu on verra simplement que le jeu est une rencontre particulière avec une personne et son histoire, avec un jeu en particulier dans des circonstances particulières qui sont heureuses ou malheureuses. Donc vous et moi à un moment donné on peut rencontrer un jeu, on peut se rendre dans un casino, dans une salle de jeu alors que nous sommes malheureux, triste ou heureux et avoir un moment donné la possibilité de pouvoir gagner de l argent. On verra dans le processus tout à l heure de cette dépendance au jeu qu il y a c est vrai un processus lent je l ai dit tout à l heure mais s est d abord un processus de plaisir, de détente. Lorsqu on regarde de plus près la personnalité des joueurs dépendants on verra que ces joueurs sont des êtres en général, on ne peut pas décrire un profil de joueurs dépendants, mais ceux que je rencontre quotidiennement, je rencontre des gens tout à fait saint d esprit, tout à fait intelligents je dirais remarquablement intelligents, tout à fait manipulateurs, remarquablement manipulateurs, ils ont un art extraordinaire de pouvoir conter, raconter, conter toutes histoires qui permettent de continuer le processus de la dépendance au jeu. Ils ont des facultés de rebondir dans les situations les plus imprévisibles, il y a un exemple que je voulais vous illustrer c est Icare, je l ai appelé Icare parce que c est un homme qui vole dans tous les sens du terme, c est un de mes vieux patients qui un jour a déclaré, effectivement il était parti à Paris, il était joueur dépendant mais abstinent, arrivé à Paris il a eu une envie folle d aller jouer au casino, y avait pas de casino, y a pas de casino à Paris mais il y a des salles de jeux et Icare n en tenait plus, il voulait absolument jouer, il a eu cette compulsion du jeu, il s est dit je reprend le train, il est remonté dans le train en fin de journée, il est revenu à Bruxelles, il s est rendu dans sa salle de jeu habituelle que je ne vais pas citer qui est place de Brouckère, arrivé dans la salle de jeu il a jouez tout l argent qu il avait sur lui et l argent des affaires qu il devait traiter à Paris, il est rentré chez lui à la maison, il est rentré dans la chambre de sa femme et il lui à dit tu me manquais, tu me manquais. Je crois que ce petit extrait de cette petite illustration d un cas montre bien combien cette capacité lorsque l impulsion, la compulsion, cette passion du jeu vous prend par derrière, elle vous amène même à voler de Paris à Bruxelles pour refaire se trajet et cette rencontre et C.L.A.S.S. Publications 2003-17

puis après se retrouver dans les bras de sa femme en lui disant effectivement tout l amour qu il a pour sa femme sans encore évidemment parler de ce qu il venait de vivre. Acta est fabula évidemment. Alors brièvement quels sont les critères de la dépendance du jeu, lorsqu on parle dépendance du jeu vous avez là les quelques critères que je vous cite simplement, le fait de perdre beaucoup d argent, le temps considérable passé au jeu, un joueur peut jouer entre 4 et 48 h par jour au jeu, il est pris, rien ne l arrête. Des symptômes de malaise et d anxiété apparaissent et enfin l incapacité évidemment à contrôler le jeu. Alors cette maladie ou cette dépendance se propage avec le temps et on voit que l évolution de cette dépendance passe par un temps de gain relativement important, c est vrai qu on gagne même si certains représentant des industriels du jeu me disent à moi dans des débats publics, vous savez Monsieur Minet lorsque moi je rencontre des personnes qui perdent, c est vrai que je suis très triste pour elles mais si vraiment elles sont malades de perdre je fais tout pour les aider. Je ne citerez pas le nom de ce monsieur à qui je disait effectivement mais c est l inverse, je crois que vous avez besoin pour entretenir votre industrie du jeu d avoir des joueurs dépendants, sans cette population là les industriels du jeu auraient du mal évidemment à pouvoir satisfaire leur industrie, et le seul gagnant au jeu c est bien entendu les industriels du jeu. Alors ce temps du gain précède le temps de la perte parce que c est vrai que le joueur à un moment donné va perdre, va rentrer dans une phase de désespoir et puis peut-être le temps thérapeutique sera le quatrième temps, le temps de l espoir. Si le joueur se retrouve devant l impossibilité de jouer, il devient évidemment irritable, le dégoût de la vie, la peur de l avenir et ayant des pensées même de mort physique, de mort économique, sont réellement vécues par le joueur et je vous passe peut-être les symptômes psychiques et physiques que vous allez simplement lire, je ne vais pas m attarder, pour votre information simplement citer que retenir finalement que chez le joueur pathologique il n y a pas de stigmate qui peuvent apparaître comme chez le dépendant alcoolique qui lui à peutêtre effectivement des problèmes physiques importants et on peut peut-être pour ceux qui connaissent bien la dépendance à l alcool, reconnaître quelqu un qui aurait une dépendance à l alcool, le joueur est quelqu un de secret, de silencieux et rien ne permets effectivement de pouvoir voir les stigmates physiques alors que quand bien même dans les autres symptômes physiologiques ou physiques on peut remarquer certaines manifestations. Des symptômes sociaux aussi sont évidemment présents et je vous les cite simplement en terme de vie sociale de rupture, de séparation, de divorce, de ruine, d emprisonnement, bref je dirais que le tableau social est un tableau qui est relativement important et qui montre combien cette dépendance vient surprendre le joueur dans sa réalité sociale et l empêche de vivre. C.L.A.S.S. Publications 2003-18

S il fallait comprendre ce mécanisme de dépendance, c est simplement retenir qu un moment donné ce que demande le joueur dépendant, c est pas de gagner, ce n est pas de perdre, c est simplement d arriver à éprouver une sensation comme l éprouve d autres avec leurs dépendances et cette sensation on l a remarquée quand le joueur parle du jeu il dit au fond au moment ou je joue, ou je fais la mise du jeu, je suis en train de croire que je vais gagner et au moment ou la bille s arrête sur un numéro, je suis dans la certitude de la perte. Entre cette croyance du gain et la certitude de la perte, le joueur va éprouver une sensation particulière, ce qu on appelle le thrill, cette espèce de petite mort de jouissance qui donne au joueur toute l envie à ce moment là de ré-éprouver cette même sensation. Il va donc jouer remettre en marche ce désir de gagner et être confronté à cette certitude de la perte, cet enchaînement, ce cycle, cette répétition, cette petite mort permanente, cette jouissance permanente, vont entretenir cette dépendance au jeu. Je disais tout à l heure que nous avons affaire à la croyance et cette relation à cette divinité du hasard est terrible et lorsqu un joueur accepte de faire la démarche thérapeutique parce qu il n y a plus d autre solution que de frapper à la porte du bureau d un thérapeute en lui disant je n en peu plus ou je crève ou je me fais aider. Le travail que nous essayons de mettre en place très brièvement dans le cadre d un contrat thérapeutique c est de d abord voir avec le joueur dépendant au fond peut-être qu il à décidé, peut-être qu il à une motivation, en tout les cas peu importe il est là en face et la démarche du thérapeute n est pas de dire ce qui est bon pour lui, ce qu il devrait faire, lui est en train de dire je ne peux plus jouer, je vous demande de m aider à ne plus jouer. Alors la réponse du thérapeute est claire, je suis incapable de vous aider à ne plus jouer, je me sens tout à fait démunis devant cette réalité là, mon métier est peut-être de vous accompagner dans un processus. Et pour illustrer ce processus je le compare souvent et je le tiens en discours au patient, je dis au fond je compare le processus de la thérapie du joueur à la reconstruction d une maison, d une cathédrale fissurée de partout. Quand vous regardez la cathédrale humaine, le corps du joueur, à l intérieur du corps, quand vous observez toutes ces fissures ces trous, ces pierres qui sont tombées, c est ce qui maintient encore cette cathédrale debout, quelque chose la maintient debout et en même temps vous avez le joueur qui est là ne sachant pas très bien comment il va pouvoir reconstruire cette cathédrale. Il est incapable d utiliser les outils qui pourraient l aider à reconstruire sa cathédrale puisqu il demande véritablement de reconstruire. Le travail du thérapeute est un peu le travail de celui, comme les compagnons du tours de France vont apprendre un métier pour voir des maîtres charpentier, des maîtres menuisier, à un moment donné il vient voir un maître joueur, alors je ne suis pas joueur, je connais bien le jeu de l intérieur et le métier du thérapeute est de lui dire au fond moi je veux bien pendant un moment travailler avec toi et t apprendre le maniement des outils qui te permettront non pas d arrêter de jouer mais qui te permettrons peut-être de ne plus jouer et de maintenir ton abstinence au jeu. C.L.A.S.S. Publications 2003-19

Ces outils, il va d abord les entendre et une des particularités du travail thérapeutique, c est d abord de demander au joueur de faire silence de se taire et quand je dis de se taire, c est le rejoindre lui dans son silence de la dépendance. C est vrai que c est terrible dans la relation médicale lorsqu un médecin interroge son patient qu est-ce qu il se passe, tout à l heure tu disais le médecin reçois, dites mois qu est-ce qu il se passe, dites-moi. Dans le premier entretien je ne veux surtout rien entendre, quand je dis surtout rien entendre, il y a évidemment trois phrases qui sont dites par le patient ou par la famille mais ce qui est demandé directement de grâce taisez-vous, écoute. Quand je dis écoute je fais référence peut-être à deux traditions qui ne sont pas opposées du tout je crois, qui est la tradition de celui qui veut apprendre, être à l écoute, qui est en apprentissage de quelques chose, d une vie, d une recherche et qui a besoin peut-être d abord d être à l écoute de lui-même et c est les mots aussi peut-être qu on trouve dans la règle de Saint-Benoît quand Saint-Benoît reçoit ses premiers novices qui viennent faire un apprentissage d une vie monastique, le premier mot dans la règle de Saint-Benoît c est de dire écoute. A ce moment là le joueur lorsqu il va accepter l idée de pouvoir comprendre ce que sont les outils, d apprendre à manier les outils, va peut-être pouvoir apprendre à contrôler et à reconstruire sa cathédrale intérieure. Pour ce faire brièvement, je crois que le temps malheureusement est imparti, le contrat thérapeutique va élaborer le maniement de ces outils, le contrat c est d abord un contrat, c est une règle, la règle du tout dire et enfin c est l arrêt de tout les jeux pour maintenir cette abstinence, ensuite c est apprendre à gérer l argent et enfin c est le livre de bord malheureusement je ne peux pas vous le détailler, c est l histoire et la fonction du jeu et les rendez-vous thérapeutiques. J espère un jour pouvoir vous détailler peut-être ce contrat, mais je voulais terminer par cette phrase d un joueur qui avait été dites dans une émission sur Arte que je laisse à votre méditation. Je vous remercie. Pr. Anne MORELLI Anne Morelli est professeure à l'ulb où elle enseigne notamment l'histoire des églises chrétiennes contemporaines et les Textes chrétiens contemporains. Pendant 12 ans elle a mené avec ses étudiants de Sociologie des religions des enquêtes de terrain à Bruxelles sur ce qu'il est convenu d'appeler les "sectes". C.L.A.S.S. Publications 2003-20