SORTIE LE 9 AVRIL 2014



Documents pareils
programme connect Mars 2015 ICF-Léman

CAP TERTIAIRE/INDUSTRIEL

DEBAT PHILO : L HOMOSEXUALITE

Pour travailler avec le film en classe Niveau b Avant la séance...4 L affiche...4 La bande-annonce...4 Après la séance... 5

«Selon les chiffres de la BNS, l évasion fiscale prospère»

Y A-T-IL COUPLE? Introduction. Pour qu il y ait couple, il faut du temps

QUELQUES MOTS SUR L AUTEURE DANIELLE MALENFANT

FICHES DE REVISIONS LITTERATURE

NON MAIS T AS VU MA TÊTE!

Que fait l Église pour le monde?

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

Garth LARCEN, Directeur du Positive Vibe Cafe à Richmond (Etats Unis Virginie)

A.-M. Cubat PMB - Import de lecteurs - Généralités Page 1 Source :

01 - BRIGITTE, Battez-vous

Pony Production. mise en scène : Stéphanie Marino. Texte et Interprètation : Nicolas Devort. création graphique : Olivier Dentier - od-phi.

Par: Bridget Clarke et Kathlyn Pascua

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site

PARLEZ-MOI DE VOUS de Pierre Pinaud

Organisation de dispositifs pour tous les apprenants : la question de l'évaluation inclusive

Réception de Montréal Secteur des valeurs mobilières. Discours d ouverture

Blogue / Philips Lumec

LES CONSEILS CRÉATIFS DE DOUG HARRIS ET DAN O DAY

NOUVEAU TEST DE PLACEMENT. Niveau A1

LA MAISON DE POUPEE DE PETRONELLA DUNOIS

Pourquoi investir en bourse? Pour gagner nettement plus qu avec un livret

Journée sans maquillage : une entrevue entre ÉquiLibre et ELLE Québec

Présentation du programme de danse Questions-réponses

Anne Golaz - Portfolio - NEAR Intentions: Chasses

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site. Ce texte est protégé par les droits d auteur.

La petite poule qui voulait voir la mer

«Toi et moi, on est différent!» Estime de soi au préscolaire

Trouver sa façon de flotter : quelle est la mienne?

Activités autour du roman

HISTOIRE / FRANCAIS CYCLE 3 TITRE : L UNION FAIT LA FORCE (1915), LA FRANCE ET SES ALLIÉS

AGNÈS BIHL, Elle et lui (2 14)

DISCOURS DIRECT ET INDIRECT

ADVENTURES IN FRONT OF THE TV SET Dossier pédagogique

France métropolitaine, juin 2008 SUJET 7. Série ES, France métropolitaine, juin 2008

PRÉSENTATION DE FRANÇOIS-MARIE MONNET. Aucun moteur de recherche, interrogé sur le tableau attribué à Jérôme Bosch et intitulé «l escamoteur»

VISITE DE L EXPOSITION AU THÉÂTRE DE PRIVAS :

LE DISCOURS RAPPORTÉ

Dropbox par un nul et pour des nuls

MÉDECINE PSYCHANALYSE DROIT JURISPRUDENCE QUESTIONS À FRANÇOIS-RÉGIS DUPOND MUZART. première partie

Remise de l Ordre National du Mérite à M. David LASFARGUE (Résidence de France 7 novembre 2014)

b) Fiche élève - Qu est-ce qu une narration de recherche 2?

Lorsqu une personne chère vit avec la SLA. Guide à l intention des enfants

À propos d exercice. fiche pédagogique 1/5. Le français dans le monde n 395. FDLM N 395 Fiche d autoformation FdlM

RENAN LUCE, On n'est pas à une bêtise près (3 36)

Thomas Dutronc : Demain

L enfant sensible. Un enfant trop sensible vit des sentiments d impuissance et. d échec. La pire attitude que son parent peut adopter avec lui est

C était la guerre des tranchées

Planification financière

Un autre signe est de blâmer «une colère ouverte qui débute par le mot TU».

Master professionnel Création, production, images

Cour suprême. simulation d un procès. Canada. Introduction génér ale. Comment réaliser une simulation de procès?

TÂCHE 1 - INTERACTION FICHE Nº 1

Il n'y a rien de plus beau qu'une clef

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

INITIATIVE DE RENOUVELLEMENT DE L AUTHENTIFICATION ÉLECTRONIQUE FOIRE AUX QUESTIONS À L INTENTION DES UTILISATEURS

UN AN EN FRANCE par Isabella Thinsz

EXAMEN MODULE. «U4 Le client au cœur de la stratégie des entreprises» Jeudi 5 septembre h30 11h30. Durée 2 heures

Je veux apprendre! Chansons pour les Droits de l enfant. Texte de la comédie musicale. Fabien Bouvier & les petits Serruriers Magiques

Le Programme virtuel MentorVirtuel contribue à créer de précieux liens!

Absence ou présence erronée d un mot ou d un groupe syntaxique

Accompagnement personnalisé 6e

Mickael Miro : Ma scandaleuse

UN REVENU QUOI QU IL ARRIVE

Mylène a besoin d aide!

1. La famille d accueil de Nadja est composée de combien de personnes? 2. Un membre de la famille de Mme Millet n est pas Français. Qui est-ce?

Ariane Moffatt : Je veux tout

Règlement du Concours "Filme nous la Comté"

Citizenship Language Pack For Migrants in Europe - Extended FRANÇAIS. Cours m ultim édia de langue et de culture pour m igrants.

Poste 4 le montage. Le montage

TIM S.A., une aventure d Homme

Distinction entre le pronom leur et le déterminant leur

«la mouche» : 1958 / 1987, l'adaptation au travers des affiches.

Utilisation des portables en classe, des problèmes et des solutions.

«Le Leadership en Suisse»

ÉPREUVES D'ADMISSION 2011 QUESTIONNAIRE SOCIO-CULTUREL RC-R/TV

«Qu est-ce qui fait courir les gens aisés?» Aspirations, valeurs et styles de vie Etude HSBC Premier / CSA

Parent avant tout Parent malgré tout. Comment aider votre enfant si vous avez un problème d alcool dans votre famille.

L Illusion comique. De Corneille. L œuvre à l examen oral. Par Alain Migé. Petits Classiques Larousse -1- L Illusion comique de Corneille

GROUPE DE SPECIALISTES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS (CJ-S-CH) QUESTIONNAIRE POUR LES ENFANTS ET LES JEUNES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS

Rappels. Prenons par exemple cet extrait : Récit / roman

Janvier Enquête CLCV Assurances et sinistres

les Carnets du p a ra d oxe

Paroisses réformées de la Prévôté - Tramelan. Album de baptême

Camus l a joliment formulé : le seul. introduction

A propos du spectacle

Animer une association

A vertissement de l auteur

Document Pourquoi ce discours de 1995 marque-t-il un moment important?

Le mécénat d entreprise

23. Le discours rapporté au passé

DW Radio Learning by Ear Ordinateurs et Internet Programme 9 Richard Lough

DIRECTIVES. 2. Vous devez joindre au présent formulaire les documents originaux ou des copies certifiées conformes à l original suivants :

Financement Obsèques + Assistance Obsèques. Pour tout prévoir dès aujourd hui en toute sérénité

La rue. > La feuille de l élève disponible à la fin de ce document

«Si quelqu un veut venir après moi qu il renonce à lui-même, qu il se charge chaque jour de sa croix et qu il me suive» Luc 9 : 23.

Transcription:

TAMASA et VIDEO MERCURY présentent un film de LUIS BERLANGA P SORTIE LE 9 AVRIL 2014 P Relations Presse Frédérique Giezendanner fredzen@wanadoo.fr T. 06 10 37 16 00 Distribution TAMASA contact@tamasadiffusion.com T. 01 43 59 01 01

Synopsis Carmen est la fille d Amadeo, le bourreau de la Cour de Madrid. Ses relations amoureuses sont une catastrophe. Tous les garçons qu elle rencontre finissent par la quitter dès qu ils apprennent la profession de son père. José Luis est quant à lui un employé de pompes funèbres qui souffre les mêmes déboires avec les femmes. Sa rencontre avec Amadeo, dans le cadre de leurs activités professionnelles, débouchera sur son mariage avec Carmen. De par son travail, Amadeo possède un logement subventionné qu il est sur le point de perdre, car il va partir à la retraite. Pour le conserver, il va tenter de convaincre son gendre d accepter le poste de bourreau ainsi laissé vacant.

Entretiens avec Luis Berlanga Comment est né Le bourreau? Il y a une dizaine d années, un avocat de mes amis m a parlé d une exécution au garrot. Il m a raconté qu au dernier moment le bourreau avait eu une crise d hystérie et qu on avait dû lui faire des piqûres pour l obliger à exercer son métier. De cette histoire est née une image, que j ai d ailleurs conservée. Je voyais deux groupes, l un trainant le bourreau et l autre le condamné. Je n imaginais pas que cette idée optique pût inspirer un film. Un jour, pourtant, un producteur me l a suggéré, et Rafael Azcona (scénariste de Marco Ferreri pour El Cochecito), Ennio Flaiano et moi avons préparé un scénario. Pour moi, faire Le Bourreau, c était une façon d utiliser l image qui m avait frappé et aussi de dire que je suis contre la peine de mort. Je n ai pas voulu évoquer simplement un cas spécial ou individuel. J ai voulu montrer que, dans le monde actuel, on peut perdre sa liberté pour assurer sa sécurité matérielle, si modeste soit-elle. Ici il s agit d un appartement, parce que la question du logement est aujourd hui très importante. A travers le bourreau, qui triche avec lui-même car il sait bien qu il ne peut pas ne pas tuer, j ai voulu montrer la soumission de l homme à la société. N est-ce pas la société qui fait les victimes et les bourreaux? Je crois du reste que les Espagnols sont un peu en retard : je veux dire que nous avons à exprimer les rapports entre les hommes et la société et nous ne sommes pas encore prêts pour aborder des problèmes plus psychologiques, plus intimes. Avez-vous eu des difficultés avec la censure? Il existe chez nous deux sortes de censures. L une s exerce au stade du scénario, l autre une fois le film terminé. Mon scénario a été accepté avec la simple mention de faire attention aux scènes amoureuses. Après avoir vu Le Bourreau, les censeurs ont coupé la répétition de l exécution (un fonctionnaire de la prison essayait le garrot) et quelques dialogues. J ai protesté, bien sûr, mais au fond c était peu de chose. On ne peut pas savoir s il est bourreau ou plombier... Les ennuis ont commencé après le festival de Venise. L ambassadeur d Espagne à Rome a vu Le Bourreau et m a dit : «C est la plus féroce diatribe» qu on ait jamais faite contre la société espagnole.» Je lui ai répondu que j avais le visa de censure, mais il a envoyé un rapport à Madrid, dans lequel il expliquait que le film était communiste.

A la suite de quoi il y a eu diverses pressions officieuses et le film est sorti quand même, mais sérieusement amputé. Par exemple, on a enlevé tout ce qui a un rapport avec le garrot. On ignore que le protagoniste a le garrot dans sa petite valise et, par boutade, on dit en Espagne qu on ne peut pas savoir s il est bourreau ou plombier. Avez-vous tourné en décors naturels? On ne m a pas permis de tourner dans une prison ni non plus à côté. Le torero El Cordobes a eu plus de chance que moi. Il jouait dans Chantage pour un torero et on l a filmé dans la prison de Carabanchel, où quelques détenus ont même fait de la figuration. La prison, ainsi que l appartement neuf, ont donc été reconstitués en studio. Nous avons surtout travaillé en décors naturels, à Madrid et aux Baléares. L exécution a lieu à Palma. Là-bas aussi il y a une prison et le soleil, le tourisme, et tout l aspect folklorique de cet endroit m ont semblé constituer un contrepoint à la fois plus dramatique et plus inhabituel. On vous a donné le prix de l humour noir. Est-ce là ce qui caractérise votre film? Pour moi, l humour noir, est-ce là une invention anglo-saxonne? Pourquoi l humour espagnol serait- il noir? Nous vivons avec la mort, elle nous entoure de la naissance à la mort. L humour anglo-saxon procède d un mécanisme mental, le nôtre est lié davantage à la réalité. On a dit qu avec Le Bourreau, en raison de la collaboration d Azcona, j avais changé de ligne et de style. Ce n est pas vrai. Mes premiers films étaient peut-être plus sentimentaux, plus bucoliques et d un esprit plus patriarcal mais tout aussi pessimistes. Je n apporte pas de solutions aux problèmes et je pense qu il n en existe pas. Avant, je le croyais et j avais le sentiment de ne pas faire un effort suffisant pour en trouver. Maintenant que j essaie de faire cet effort, je n en trouve pas davantage. Peu-être Le Bourreau est-il mieux construit? Cela, je le devrai à Azcona. Il est plus cartésien que moi, il m aide à contrôler ce que j ai de méditerranéen, de baroque, de compliqué. Si je n ai pas tourné plus de film, c est 40% par paresse, 30% à cause des difficultés avec les producteurs et 30 % à cause des complications bureaucratiques. Le Monde - 18 février 1965

Luis Garcia Berlanga Fils d un propriétaire foncier, Luis García Berlanga suit des études chez les jésuites à Valence et en Suisse. Lorsque la guerre civile éclate en Espagne, il s engage dans la division Azul qui combat avec les Allemands sur le front russe. De retour en Espagne, il étudie le droit, les lettres et la peinture avant d entrer, en 1947, à l Instituto de Investigaciones y Experiencias Cinematograficas. Il en sort avec la première promotion, en 1949. Considéré comme un maître par ses pairs espagnols, Luis García Berlanga est l auteur d une oeuvre qui ne se rattache à aucune école. Les cinéphiles se souviennent de son premier film, Ce couple heureux (1951), réalisé en collaboration avec Juan Antonio Bardem, un autre monstre sacré du cinéma espagnol durant le franquiste. Suit Bienvenue, Monsieur Marshall (1952), toujours d après un scénario coécrit avec Bardem. Cette aimable satire de la société espagnole obtient un certain succès au festival de Cannes. C est sans compter la censure du régime. Les Jeudis miraculeux (1957) sont ainsi bloqués durant quatre ans.

A partir de Placido (1961), le cinéaste entame une collaboration fructueuse avec le scénariste Rafael Azcona. Ensemble, ils construisent une oeuvre grinçante, anticonformiste, qui met le plus souvent en scène des personnages dérisoires bercés par l illusion de la réussite sociale. El Verdugo - Le Bourreau (1963), qui ridiculise le principe de la peine de mort, connaît encore de sérieux problèmes de censure, et le cinéaste doit attendre Grandeur nature (1974) pour véritablement se relancer. Une fois le régime de Franco disparu, Luis García Berlanga retrouve sa veine anarchiste avec La Carabine nationale (1977), fable grotesque qui ne pardonne rien aux anciennes moeurs politiques espagnoles.

Quel a été l accueil réservé à votre film? En Espagne mon film a été très bien accueilli par le public, mais la plupart des spectateurs ont cru à une histoire «Pour rire». Il n a pas été choqué et j en suis un peu déçu. J ai voulu exposer un problème qui tou che tous les Espagnols : la mort et la soumission. Nous perdons avec beaucoup trop de facilité la dignité d être libres. Dans mon film, le bourreau, pour trouver une place, abdique sa liberté. J aurais pu raconter la même histoire avec un employé de banque, mais J ai choisi le bourreau pour ajouter une singularité. Et aussi parce que je suis contre la peine de mort. Vous avez voulu adresser une manière de message. Comment a-t-il été compris? D abord, il faut dire que le bourreau est un personnage familier dans toute l histoire de la peinture espagnole, surtout chez Goya. Il y avait toute une documentation illustrée qui accompagnait mon film et qui reproduisait des gravures de Goya, mais elle a mystérieusement disparu. Ensuite, Il n y a pas de gouvernement qui n éprouve quelque honte quand on parle de la peine de mort en général. Les Espagnols sont-ils contre? En Espagne, on ne fait pas de référendum là-dessus, mais Je ne serais pas étonné que la majorité soit pour. Le supplice du garrot semble effrayant, mais les médecins affirment qu il provoque la mort instantanée, comme celle du taureau. Mais n épiloguons pas sur les diverses façons de tuer un homme, plus commodes ou plus «angéliques», même si certains romanciers ont fait des études là-dessus et prétendu que la pendaison est la manière la plus douce de quitter la vie. La chambre à gaz, cela doit être tout aussi terrible. Croyez-vous que votre film pourra contribuer à l abolition de la peine de mort? Je ne suis pas optimiste. Je ne crois pas que le cinéma puisse arranger la morale d un peuple. Et pourtant!... Dans mon film, j ai tourné une scène où l on voit la ségrégation entre riches et pauvres dans les cérémonies de l église à propos de deux mariages célébrés l un après l autre. Celui des riches terminé, on roule les tapis, on éteint les candélabres et celui des pauvres est expédié dans la pénombre. Eh bien, il y a un mois, on a institué à Madrid une cérémonie à tarif unique. Et on a cité l exemple du Bourreau. Le premier film de Berlanga, Bienvenue Mr Marshall, décrivait avec humour les réactions des paysans devant la manne américaine. Avec lui, et, plus tard, avec les films de Bardem, le cinéma espagnol s est affirmé. Depuis, Berlanga a-t-il évolué?

Je crois que j ai changé. La première partie de mon œuvre était pessimiste, mais elle se déroulait dans des paysages bucoliques. Aujourd hui, je suis plus amer. Je fais la dissection d un problème, mais je n apporte pas de solution. Pourquoi cette amertume? Pour vous le dire, il faudrait peut-être que j aille consulter un médecin. Et au point de vue esthétique? Je suis sorti de l école de cinéma de Madrid et j y suis maintenant professeur. Je n aime pas beaucoup le terme de nouvelle vague parce que je suis très individualiste, mais nous avons des jeunes cinéastes de trente ans qui feront parler d eux. Chaque année, une centaine de candidats se présentent à notre école. On n en admet que dix et il en sortira peut être seulement trois au bout des trois années d études. Quel est le cinéma qui influence le plus les jeunes réalisateurs? Le cinéma Italien, le réalisme un peu engagé. Après l influence d Antonioni et de Visconti, ils se sont découvert un nouveau patron, Joseph Losey, mais le Losey le plus idéologique, celui des Criminels et de Pour l exemple. Fellini, qui est pourtant le cinéaste le plus proche du caractère espagnol, n a aucune Influence. Avez-vous eu des difficultés avec la censure? Je les taquinerai jusqu à la mort! Le Figaro - 18 février 1965

Dans la presse La terrible ironie, la drôlerie féroce du Bourreau s inscrit dans une tradition typiquement espagnole, qui veut que la mort soit une compagne de tous les jours, dans l ombre de laquelle on peut aussi bien prier Dieu que rechercher la gloire et la fortune, et avec laquelle il semble naturel de discuter et de plaisanter. Par son style, par le thème qu il développe, par le comportement des personnages, Le Bourreau est d abord une farce. Certaines circonstances obligent un homme à jouer un rôle pour lequel il n a aucune disposition et qui lui inspire même de la répugnance. Situation parfaitement classique et qu ont exploitée les auteurs comiques du monde entier. Un détail pourtant : le rôle en question est celui de bourreau. L homme va devoir exécuter - de la manière la plus directe, la plus «manuelle», si l on ose dire, qui sait, par le garrot - un condamné à mort. Ce détail change évidemment tout l éclairage du film, et la farce prend soudain une allure singulièrement inquiétante. De péripétie en péripétie, l homme voit approcher l heure où il lui faudra tenir son engagement. L heure arrive, et c est un bourreau terrorisé, mal requinqué à coup de verres de rhum, que ses aides traînent sur le lieu de l exécution. Un bourreau qui ressemble étrangement à sa victime. Certains ont voulu voir dans Le Bourreau une diatribe contre la société franquiste. La satire existe, mais elle ne semble pas avoir eu dans l esprit de Berlanga et de son scénariste, l écrivain Rafael Azcona, dont on reconnaît ici la verve et la férocité, ce caractère restreint. En fait, au-delà de telle ou telle intention plus ou moins explicite, ce qui frappe avant tout dans le film est le parti pris foncièrement pessimiste - d un pessimisme rageur, dévastateur, sans rémission - des auteurs devant les problèmes qui se posent à l homme dans le monde moderne. Jean de Baroncelli - Le Monde 20 février 1965

Il est certes évident que l apport italien est dans El Verdugo, loin d être négligeable. Puisqu il intervient au niveau du scénario, de la photographie, des acteurs enfin. Mais plutôt qu emprunts superficiels, ou soumission à des influences extérieures. Il est permis de ne voir dans les causes de cette collaboration italienne qu un souci accru de sécurité technique, d assise matérielle plus précise et plus souple, dont Berlanga use avec une sécheresse et une autorité qui distingue sa manière, même lorsqu elle sollicite le grotesque et la dérision, de la profusion caricaturale d un Germi ou de l entrain volontiers boulevardier d un Monicelli. Tout ici se résume au tranchant du trait, au décollage progressif des situations familières vers une autre forme de quotidienneté que la présence de l exceptionnel, soudain, mine, juge et détruit. L exacte architecture du scénario permet ainsi à Berlanga d éviter les scènes explicatives, ou trop décoratives, ainsi que la tentation d un pittoresque hors de propos, facilitant au contraire la rigueur de l exposé et l économie de fable. Nulle fioriture ne vient détourner l intérêt des lignes de force essentielles du film, réduites à leur expression la plus efficace et la plus didactique : une attention si rare aux ressorts d un récit suffit à alerter la curiosité quant aux intentions des auteurs... Car Berlanga aime à distinguer le cinéma de foire (cine de baracca) du cinéma d Académie, aime à prétendre aussi qu il chérit d avantage la rudesse du premier que les subtilités du second. Il y a chez lui un désir évident de toucher le public, qui ne doit rien à la coquetterie ni au commerce : mais il truffe ses films de plaisanteries plus ou moins ésotériques, opposant volontiers, à un classique effet de pantalonnade, quelque petite notation rare, à peine drôle, ou très drôle, et sitôt disparue qu entrevue. Il préserve malignement plusieurs degrés de lisibilité à son film, permettant à El Verdugo une double justification qui en fait la saveur et le prix, côté foire et côté Académie. Jean-André Fieschi - Les Cahiers du Cinéma, Mai-Juin 1965

FICHE TECHNIQUE Le bourreau - [El Verdugo] Prix de la Critique - Venise 1963 Réalisation Luis Garcia Berlanga Scénario Rafael Azcona & Luis Garcia Berlanga Directeur de la photographie Tonino Delli Colli Montage Alfonso Santacana Musique originale Miguel Asins Arbó Producteur José Manuel M. Herrero Production Interlagar Films, Naga Films, Zebra Films Distribution Tamasa avec le soutien du CNC Espagne/Italie 1963 1h27 N&B - 1,85 VOSTF - Version restaurée Visa 30228

CASTING Nino Manfredi - José Luis Rodríguez Emma Penella - Carmen José Isbert - Amadeo José Luis López Vázquez - Antonio Rodriguez Ángel Álvarez - Álvarez Guido Alberti - le directeur de la prison

Distribution TAMASA 63 rue de Ponthieu, 75008 Paris - T. 01 43 59 01 01 www.tamasadiffusion.com