LES QUÉBÉCOIS ET L ALCOOL 2012
978-2-923548-34-0 Dépôt légal 2012
TABLE DES MATIÈRES PRÉSENTATION 1 SOMMAIRE 5 RÉSULTATS 9 1. Habitudes de consommation d'alcool 9 2. Perception de l'évolution de la consommation personnelle 16 3. La sensibilisation à la modération 19 4. Attitudes à l'égard de la consommation d'alcool dans diverses circonstances 21 5. Opinions et préjugés sur l'alcool 25 6. L'alcool et la conduite automobile 32 7. La publicité sur la modération 37 7.1 Identification des commanditaires 37 7.2 Notoriété du slogan d'éduc'alcool 38 7.3 Éduc'alcool 39 7.4 Les motivations de l'industrie à s'impliquer dans des campagnes sur la modération 41 8. Champs d'intérêt reliés à l'alcool 43 ANNEXES : 45 RAPPORT MÉTHODOLOGIQUE Méthodologie du sondage Profil des répondants QUESTIONNAIRE ET RÉPONSES
PRÉSENTATION Ce qui frappe le plus dans les résultats de l enquête de 2012 sur les Québécois et l alcool, c est, d une part, la stabilité des réponses depuis dix ans et, d autre part, une certaine tolérance envers la consommation excessive occasionnelle combinée à une crainte des effets de la consommation régulière sur la santé et sur le développement de la dépendance. La consolidation des attitudes et des opinons est telle que nous observons souvent des résultats semblables à ceux de 2002 et de 2007, ou qui se situent à l intérieur de la marge d erreur, notamment sur le plan de l acceptabilité sociale de l alcool, des circonstances de consommation et même des opinions et attitudes de nos concitoyens en ce qui concerne l alcool. Les croyances évoluent lentement. Il y a toujours plus de 8 Québécois sur 10 qui consomment de l alcool, le vin consolide sa position de boisson la plus fréquemment consommée, et ce, par le plus grand nombre : les trois quarts des Québécois l apprécient. La consommation de bière baisse légèrement, quoique prisée par 6 Québécois sur 10, alors que l on observe une stabilité des spiritueux que consomme près d un Québécois sur deux. Mais ce qui est le plus rassurant dans les données que révèle cette enquête, c est que les Québécois ont, dans l ensemble, fort bien intégré la consommation d alcool dans leur quotidien, qu un certain modèle de consommation d alcool fait désormais sereinement partie de leur mode de vie et qu ils sont de plus en plus sensibilisés aux divers aspects de leur consommation. En outre, ils sont fort intéressés à en apprendre davantage sur l alcool, notamment sur les niveaux de consommation à faible risque et, surtout, ils nous confortent dans nos affirmations relativement à la lutte contre la conduite avec les facultés affaiblies. LA MODÉRATION, UNE VALEUR INTÉGRÉE Naturellement, Éduc alcool, ne peut que se réjouir de constater que son slogan, «La modération a bien meilleur goût», trône encore au zénith de la notoriété. Que la quasi-totalité des Québécois francophones le connaît et que sa notoriété ait atteint les 85 % chez les non-francophones est impressionnant. Mais c est davantage son intégration dans la pratique et dans la vraie vie qui constitue la bonne nouvelle de cette enquête. De fait, nous ne pouvons que nous féliciter de constater que la consommation moyenne des Québécois est d un peu plus de 3 verres standard par semaine et que l on consomme en moyenne 2,5 verres par occasion de consommation. Et, ce n est certainement pas une coïncidence, elle correspond aussi au nombre de verres d alcool à partir desquels ils estiment qu il devient criminel de conduire un véhicule automobile. C est d une cohérence certaine. Nous pouvons également nous réjouir de constater que, pour la très grande majorité des Québécois, la consommation d alcool se fait dans des lieux et dans des cadres de consommation modérée : à la maison, chez des amis ou au restaurant. Quant aux circonstances de consommation, elles sont aussi rassurantes : célébration d un événement heureux, accompagnement des repas, association à la détente une consommation conviviale, plutôt que dépendante. 1
Les plus récentes données relatives à la vente d alcool au Québec font état d une baisse des achats moyens par habitant de 0,1 litre d alcool pur par an, mais d une baisse d un demi-litre d alcool pur par consommateur d alcool. Cela est cohérent avec le fait que les Québécois ne semblent pas avoir plus de problèmes liés à leur consommation d alcool qu il y a cinq ou dix ans. La plupart des indicateurs sont même en baisse à cet égard, bien qu ils se situent à l intérieur de la marge d erreur. UNE VIGILANCE NÉCESSAIRE, DES PROBLÈMES RÉELS Ces bonnes nouvelles ne doivent cependant pas nous faire perdre de vue le fait que la vigilance s impose et qu elle est plus que jamais nécessaire. En effet, nous ne pouvons pas être indifférents au fait que 10 % des buveurs réguliers ont senti que leur consommation nuisait à leur santé au cours de la dernière année. Pas plus que nous ne pouvons ignorer les 6 % à 7 % de consommateurs qui disent boire des quantités excessives d alcool sur une base hebdomadaire. À présent que les niveaux de consommation d alcool à faible risque sont connus et largement diffusés, nous ne pouvons pas demeurer insensibles au fait que 27% de consommatrices d alcool et 37% des consommateurs ont dépassé au moins une fois par mois au cours de la dernière année, les limites recommandées de 3 verres pour les femmes et de 4 verres pour les hommes. Il importe plus que jamais de faire valoir que la modération est une règle qui ne souffre pas d exception et que prendre un coup, ne serait-ce qu une fois, c est prendre un coup de trop. On ne peut pas non plus être indifférent au fait que 6 % des conducteurs québécois admettent avoir conduit un véhicule avec un taux d alcoolémie supérieur à la limite légale. Par ailleurs, nous pouvons certes nous réjouir du fait que la quasi-totalité des Québécois connaît les recommandations d Éduc alcool aux femmes enceintes : s abstenir de consommer de l alcool à partir du moment où l on choisit de devenir enceinte et durant la grossesse. Cependant c est sans doute parce que des preuves scientifiques irréfutables n existent pas à ce sujet, une majorité de Québécois pensent que la consommation occasionnelle d alcool comporte un faible risque ou pas de risque du tout pour le fœtus. Il n est donc pas étonnant que près de 3 Québécois sur 10 considèrent acceptable qu une femme enceinte consomme occasionnellement de l alcool durant sa grossesse. DES PROJETS QUI S'IMPOSENT L enquête de 2012, à l occasion de laquelle nous avons posé de nouvelles questions relativement aux niveaux de consommation d alcool à faible risque a fait ressortir une relation parfois contradictoire des Québécois avec l alcool et certains préjugés sans doute hérités des croyances du passé. Ainsi, on observe une certaine tolérance envers la consommation excessive lorsqu elle est occasionnelle, même pour les femmes enceintes, et l on reconnaît volontiers que l on a dépassé les seuils de consommation recommandés de temps à autre, souvent au moins une fois par mois. 2
Par contre, la méfiance est forte à l égard de la consommation régulière, même si elle se situe à l intérieur des limites de consommation d alcool à faible risque. De fait, une femme qui boirait 2 verres par jour, 5 jours par semaine et un homme qui en boirait 3 sur 5 ou 6 jours sont considérés comme des alcooliques en puissance par 7 Québécois sur 10. Et même lorsque leur consommation est ramenée à un verre par jour 5 ou 6 jours par semaine, près de la moitié de nos concitoyens évoquent l alcoolisme. Il y a là un défi considérable pour Éduc alcool pour rééquilibrer chez les Québécois le rapport quantitéfréquence dans la consommation d alcool. Il nous faudra dédramatiser la consommation régulière pourvu qu elle se situe dans les paramètres à faible risque et mettre en garde contre la consommation excessive, même occasionnelle. Nous sommes conscients que nous devrons affronter des opinions et des perceptions solidement enracinées, mais c est là le lot de tout organisme d éducation. Une autre grande leçon de ce sondage est qu il ne faut pas baisser la garde ni abandonner le terrain de la sensibilisation. Ainsi, il n est pas réjouissant de constater qu il n y a plus que 3 Québécois sur 10 qui savent qu il y a autant d alcool dans un verre de bière que dans un verre de vin que dans un verre de spiritueux. Ils étaient 53 % il y a dix ans et 43 % il y a cinq ans. Nous avons perdu 20 points en dix ans et sommes pratiquement revenus au niveau de 1996, alors que nous étions 28 % à le savoir. L explication est simple : au cours des dix dernières années, nous avons peu traité de ce thème. Les résultats nous le rappellent clairement. Enfin, les Québécois nous ont dit clairement sur quels sujets nous devrions les renseigner davantage : comment parler d alcool avec les enfants, les plus récentes données scientifiques relatives aux effets bénéfiques ou nocifs de la consommation et enfin l alcool et la santé. Ces trois thèmes sont en tête de leurs préoccupations. Les Québécois nous ont aussi fait part de leurs besoins concrets. Ils souhaitent consommer de l alcool, mais ils veulent aussi que nous continuions à les aider à mieux boire. Nous répondrons donc à ces besoins en leur donnant des informations pratiques : la responsabilité des hôtes lorsqu ils reçoivent des invités à la maison, des outils pour mesurer le taux d alcoolémie, la quantité d alcool que l on peut consommer avant de conduire, ce que signifie un verre standard. En un mot, les Québécois nous demandent de continuer à les responsabiliser concernant leur consommation d alcool. L ALCOOL AU VOLANT : UNE VISION CONFORTÉE Cette année, notre enquête a approfondi la question de l alcool au volant. Et ses résultats démontrent clairement qu Éduc alcool avait visé juste en préconisant des mesures fondées sur des recherches menées ici et ailleurs ou encore qu il préconisait de manière intuitive. De plus en plus de Québécois (83 %) estiment que ce qui est criminel, c est de conduire après avoir abusé de l alcool et non pas d avoir conduit après avoir pris un verre. Ils étaient 76 % à le penser il y a cinq ans. Par ailleurs, alors qu une faible majorité de Québécois était en faveur d une loi imposant le zéro alcool à tous les conducteurs, il y a désormais une bonne majorité (62 %) qui s y oppose. De fait, seuls 3 Québécois sur 10 estiment que la loi actuelle n est pas assez sévère. 3
Éduc alcool a pris une position claire sur la conduite avec les facultés affaiblies. Notre organisme a soutenu, sur la base de données scientifiques reconnues, que le premier déterminant des changements de comportements sur les routes est la perception que l on va se faire arrêter si l on viole les lois. Et il a revendiqué haut et fort, comme préalable à toute discussion sur le taux d alcoolémie, l accroissement de barrages policiers et leur publicisation. Et les Québécois lui ont donné raison. Si 6 % des conducteurs ont pris le volant, alors qu ils avaient dépassé la limite légale pour conduire, c est en bonne partie parce que les deux tiers des conducteurs considèrent qu ils ont peu ou pas de risque de se faire intercepter pour alcool au volant au Québec. Cela est parfaitement normal lorsque l on sait maintenant que 7 conducteurs sur 10 n ont pas passé une seule fois par un barrage policier au cours de la dernière année (ce résultat augmente à 75 % dans la région de Montréal) et, pire encore, que près des deux tiers n en ont même pas aperçu un seul au cours des 12 derniers mois. Nous continuerons donc à revendiquer la mise en œuvre des mesures essentielles comme préalable à toute discussion sur le sujet de l alcool au volant. UNE CRÉDIBILITÉ RÉJOUISSANTE ET ENGAGEANTE On ne nous en voudra pas de conclure sans souligner avec une certaine satisfaction et sans la moindre prétention le taux de crédibilité d Éduc alcool, qui se maintient à un sommet de 92 %. Mais, au-delà des chiffres, cette donnée est à la fois réjouissante et engageante. Elle constitue certes une reconnaissance du travail que nous avons accompli et une responsabilité indiscutable envers ce qu il nous reste à accomplir de façon que les Québécois améliorent encore leur relation à l alcool et qu ils soient plus que jamais convaincus que la modération a bien meilleur goût. Le conseil d administration d Éduc alcool 4
SOMMAIRE Les résultats de l étude s appuient sur 1101 entrevues téléphoniques effectuées du 22 février au 6 mars 2012 auprès d un échantillon représentatif de la population du Québec âgée de 15 ans et plus et apte à s exprimer en français ou en anglais. La marge d erreur est estimée à + ou - 3 % pour les résultats portant sur l ensemble des répondants. À moins d indication contraire, les faits saillants portent sur l ensemble des répondants québécois, francophones et anglophones, âgés de 15 ans et plus. PRINCIPAUX CHANGEMENTS ENTRE 2007 ET 2012 Cette année, il appert que les consommateurs québécois sont plus nombreux qu en 2007 à affirmer que le domicile (2012 : 65 % c. 2007 : 60 %) est l endroit privilégié, comparativement à tous autres endroits lorsque vient le temps de consommer de l alcool (total autres endroits en 2012 : 33 % c. 39 % en 2007). De plus, les Québécois se considèrent plus sensibilisés à une consommation modérée et équilibrée d alcool qu en 2007 (2012 : 73 % c. 2007 : 69 %). Les Québécois sont moins nombreux qu en 2007 (de 41 % à 32 %) à savoir qu un verre de bière, un verre de vin et un verre de spiritueux contiennent tous les trois la même quantité d alcool. Les Québécois ne sont plus aussi nombreux qu en 2007 à penser que «le risque d accident routier» soit un problème lié à la consommation abusive d alcool (de 16 % à 9 %). Toutefois, ils sont plus nombreux cette année à penser qu une consommation de ce type peut causer des problèmes de santé (2012 : 36 % c. 2007 : 28 %). Cette année, l opinion des Québécois penche en défaveur de la mise en application d une loi restreignant à 0 mg la limite d alcool dans le sang pour conduire un véhicule automobile : 41 % y sont favorables, alors que 58 % y sont défavorables. Lors de l étude précédente, ils étaient 51 % en faveur et 48 % en défaveur. CONSOMMATION Au cours des 12 derniers mois, 6 femmes québécoises sur 10 (62 %) ont bu au moins une fois 3 consommations ou plus en une même occasion, tandis que les deux tiers des hommes québécois (67 %) en ont bu 4 ou plus. En excluant les autres boissons (cidres, coolers, porto, etc.), une nouvelle catégorie introduite en 2007, plus de 8 Québécois âgés de 15 ans et plus sur 10 (83 %) consomment de l alcool : 25 % en consomment plus d une fois par semaine, 20 %, une fois par semaine et 38 %, à l occasion ; 17 % n en consomment jamais. 5
En tenant compte de cette nouvelle catégorie, la proportion des consommateurs de boissons alcooliques demeure sensiblement la même (84 %) et se répartit comme suit : 25 % en consomment plus d une fois par semaine, 21 %, une fois par semaine et 38 %, à l occasion ; 16 % n en consomment jamais. Le taux de consommateurs selon les catégories de boissons se présente de la manière suivante vin : 74 % ; bière : 61 % ; spiritueux : 47 % et les autres boissons : 36 %. Tel qu observé en 2007 et en 2002, le vin est encore, cette année, la boisson qui est consommée le plus régulièrement contrairement aux années 1990 où c était la bière qui détenait ce titre. De nos jours, plus du tiers des Québécois de 15 ans et plus (32 %) consomment du vin une fois ou plus par semaine, ce qui représente une hausse considérable depuis 1991 (13 %). En moyenne, les Québécois consomment 3,3 verres d alcool par semaine. Au cours de la dernière année, les endroits où l on a consommé le plus fréquemment de l alcool sont à la maison (65 %) et chez des amis ou des membres de la famille (18 %). Comme c était le cas en 2007 et en 2002, les principales circonstances menant à la consommation d alcool en 2012 sont la célébration d un événement heureux (94 %), à l occasion d un repas au restaurant (79 %) ou d un repas à la maison (77 %). Au cours des 12 derniers mois, plus d un consommateur sur vingt (6 %) a senti que sa consommation d alcool nuisait à sa santé physique. Une proportion stable par rapport à 2007 (8 %). OPINIONS ET ATTITUDES La majorité des Québécois (53 %) estime que la consommation occasionnelle d alcool par une femme enceinte ne comporte pas ou peu de risques pour la santé du fœtus. Un résultat similaire à ce qui avait été observé en 2007 (52 %). Près des trois quarts des répondants (73 %) pensent que les Québécois sont plus sensibilisés qu il y a cinq ans à une consommation modérée et équilibrée d alcool. Notons qu ils étaient 69 % il y a cinq ans à partager cette perception et 76 % il y a dix ans. Précisons qu ils attribuent cette plus grande sensibilisation aux médias et à la publicité sur la modération (60 %). Comme par le passé, 9 Québécois sur 10 expriment leur accord avec la consommation d alcool lors d une soirée entre amis (90 %), pour souligner un événement heureux (90 %) ou lors d un souper à la maison (85 %). Cependant, la consommation d alcool pour se dégêner en public (18 %) ou pour oublier ses problèmes (6 %) obtient l approbation d une plus faible proportion de répondants. Les opinions suivantes : «boire deux ou trois verres par jour, 5 ou 6 jours par semaine, ça rend alcoolique» (76 %), «une cigarette est plus nocive qu un verre d alcool» (74 %), «la plupart des gens sont capables de boire sans abuser» (68 %), «pris modérément, l alcool est bon pour la santé» (65 %), «l alcool procure du plaisir» (64 %) et «l alcool est une drogue» (63 %) récoltent l appui d environ 7 Québécois sur 10. 6
Notons que le niveau d accord des Québécois à l égard de l énoncé «l alcool est une drogue» (63 %) a diminué cette année, comparativement à 2007 (67 %), tandis que celui envers l énoncé «la plupart des gens sont capables de boire sans abuser» (68 %) a augmenté par rapport à la dernière vague (64 %). 32 % des Québécois savent qu un verre normal de bière, de vin ou de spiritueux contient le même taux d alcool. Cette proportion est toujours en baisse par rapport aux deux dernières vagues. Les Québécois considèrent qu une consommation modérée d alcool équivaut en moyenne à 1,3 consommation par jour. Une femme sur deux (51 %) croit que le fait d avoir de l information complète et objective sur la question de l alcool et la grossesse pourrait la convaincre de ne pas consommer pendant la grossesse. Selon les Québécois, les principaux problèmes liés à la consommation abusive de l alcool sont les problèmes de santé (36 %), l alcoolisme et la dépendance (26 %), les problèmes dans les relations familiales (22 %), les problèmes de comportement (18 %), les problèmes financiers (15 %), ainsi que les problèmes dans les relations amicales et sociales (17 %). Les accidents de la route (9 %) comme problème lié à la consommation abusive d alcool ont connu une baisse de 7 points. 7 L'ALCOOL ET LA CONDUITE AUTOMOBILE La population québécoise considère comme criminel le fait de conduire après avoir abusé de l alcool (83 %) et non celui de conduire après avoir pris un verre (16 %). D ailleurs, les Québécois sont encore plus nombreux cette année à penser de cette manière, comparativement à 2007 (respectivement : 76 % et 21 %). Environ 6 Québécois sur 10 (62 %) estiment que la loi actuelle limitant à 0,08 g le taux d alcoolémie dans le sang pour conduire une automobile est juste assez sévère. Un résultat stable par rapport à 2007. Cependant, 41 % des répondants se disent favorables à ce qu on baisse cette limite légale à 0 mg, tandis que 59 % s y opposent. Lors de l étude précédente, ils étaient 51 % en faveur et 48 % en défaveur. En moyenne, les Québécois estiment à 2,5 le nombre de verres d alcool à partir duquel il est criminel de conduire un véhicule automobile. Ils avaient répondu sensiblement dans les mêmes proportions en 2007 (2,4). Parmi les conducteurs de véhicules automobiles sondés (83 %), près de la moitié (46 %) affirment qu il leur est arrivé de conduire un véhicule automobile après avoir pris de l alcool à l intérieur de la limite permise par la loi. De plus, mentionnons que plus d un conducteur sur vingt (6 %) admet avoir conduit quand sa consommation dépassait cette limite. Notons que tous ces résultats sont demeurés stables par rapport à 2007 (respectivement : 85 %, 47 % et 7 %). Près de 7 conducteurs sur 10 (69 %) n ont pas passé une seule fois par un barrage policier qui vérifiait l état des conducteurs en matière d alcool au volant au cours de la dernière année : cette proportion est de 75 % dans la région de Montréal. Plus de 6 conducteurs sur 10 (62 %) n ont même pas vu un barrage policier au cours des 12 mois précédant l enquête.
Aussi, environ les deux tiers de tous les conducteurs (63 %), comme des conducteurs qui boivent de l alcool (64 %), pensent qu il est peu ou pas du tout probable de se faire intercepter par un barrage policier au Québec. LA PUBLICITÉ SUR LA MODÉRATION Neuf Québécois sur dix (90 %) connaissent le slogan «La modération a bien meilleur goût», soit une hausse de 5 points par rapport à 2007 (85 %). Toutefois, cette proportion se maintient à 94 % cette année chez les adultes francophones. Spontanément, 16 % des Québécois associent le slogan «La modération a bien meilleur goût» à Éduc alcool et 18 % à la SAQ. De plus, il s avère que le premier résultat a augmenté par rapport à 2007 (13 %), alors que le second à diminué (25 %). Un peu moins de la moitié des Québécois (44 %) pense que le slogan «La modération a bien meilleur goût» contribue à ce que les gens, lorsqu ils consomment de l alcool, le fassent avec équilibre et modération. Cette donnée est similaire à celle observée en 2007 (48 %). La notoriété totale d Éduc alcool s est maintenue cette année (68 %), comparativement à 2007 (68 %). Neuf Québécois sur dix (91 %) considèrent Éduc alcool comme un organisme très ou assez crédible. Encore cette année, les Québécois pensent que les principaux motifs de l industrie pour investir dans des campagnes publicitaires sur la modération sont : les accidents de la route (27 %), éduquer les gens et prévenir les abus (16 %), ainsi que la conscience sociale (12 %). Dans le cadre d une campagne d éducation populaire sur l alcool, les Québécois sont particulièrement intéressés par des sujets tels que l éducation des enfants en matière de consommation d alcool (71 %), les plus récentes données scientifiques relatives aux effets bénéfiques ou nocifs de la consommation d alcool (70 %), l alcool et la santé (67 %) et la façon dont les hôtes devraient servir l alcool pour assurer la sécurité de leurs invités (64 %). 8
RÉSULTATS 1. HABITUDES DE CONSOMMATION D'ALCOOL Les résultats de l étude menée du 22 février au 6 mars 2012 indiquent que 83 % des Québécois âgés de 15 ans et plus consomment des boissons alcooliques. Cette proportion est semblable à celle qui a été observée en 2007 (82 %). Lorsque l on tient compte de la catégorie «autres boissons (cidres, coolers, porto, etc.)», introduite en 2007, le pourcentage de consommateurs s élève à 84 % (83 % en 2007). Telle qu illustrée dans le tableau suivant, la proportion de Québécois qui consomment de l alcool «une fois par semaine ou plus» est demeurée stable cette année, se chiffrant à 45 % (47 % en 2007). Encore une fois, si l on inclut la nouvelle catégorie «autres boissons», ce pourcentage s élève à 46 % en 2012, alors qu il s établissait à 47 % en 2007. Comme en 2007 et en 2002, le vin est encore la boisson qui est consommée le plus régulièrement par les Québécois, contrairement à ce qu on pouvait observer dans les années 1990 où c était la bière qui détenait ce titre. De nos jours, le tiers des Québécois âgés de 15 ans et plus (32 %) consomment du vin une fois ou plus par semaine, ce qui représente une hausse considérable depuis 1991 (13 %). 9
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D abord, il s avère important de mentionner que la mesure de la fréquence de consommation de boissons alcooliques obtenue en 2012 ne peut être comparée à celle de 2007, puisque l échelle utilisée cette année est différente. Par contre, on constate encore cette année que les hommes consomment plus souvent des boissons alcooliques que les femmes (respectivement 1,5 fois/semaine c. 0,9 fois/semaine). En 2012, les consommateurs québécois boivent, en moyenne, environ 3 consommations hebdomadairement. Les résultats de l étude indiquent que ce nombre est nettement supérieur chez les consommateurs réguliers (5,3) que chez les consommateurs occasionnels (0,8), dont plus de la moitié (59 %) ne consomme aucun verre d alcool par semaine. 11
De même, la mesure du nombre de verres habituellement consommés par occasion ne peut être comparée à celle de 2007, puisque l échelle utilisée était différente en 2012. Par contre, on peut tout de même affirmer, comme c était le cas en 2007, que les consommateurs d alcool boivent en moyenne 2,5 consommations les jours où ils consomment de l alcool. De plus, on observe que les consommateurs réguliers en boivent généralement en plus grande quantité (2,7) que ceux qui ne boivent qu occasionnellement (2,1). Deux consommateurs réguliers sur dix (20 %) consomment 4 consommations ou plus par occasion, alors que cette proportion se chiffre à un peu plus d un consommateur sur dix (13 %) chez les consommateurs occasionnels. 12
13 D autre part, on constate que 6 femmes sur 10 (62 %) affirment avoir pris 3 consommations ou plus dans une même occasion au cours des 12 derniers mois. Sur la même période, les deux tiers des hommes (67 %) affirment quant à eux qu il leur arrive d en consommer 4 ou plus.
Comme par le passé, la majorité des Québécois consomme de l alcool souvent ou à l occasion chez des amis (81 %), à la maison (77 %) ou au restaurant (64 %). De plus, les endroits tels que les bars (32 %) et les discothèques (16 %) sont les moins liés à la consommation fréquente d alcool. Finalement, comme en 2007, on observe également cette année qu une minorité de Québécois sondés (8 %) consomment de l alcool en jouant à des jeux de hasard. En 2012, le foyer est encore l endroit privilégié par la majorité des Québécois pour consommer des boissons alcooliques. En effet, près des deux tiers des consommateurs d alcool (65 %) disent en consommer le plus fréquemment à la maison (60 % en 2007 et 58 % en 2002). Ensuite, c est le domicile d amis ou de parents qui est choisi par les consommateurs d alcool (18 %), suivi par les restaurants (7 %) et les bars (6 %). Enfin, c est dans les discothèques (1 %) que l on consomme le moins souvent. 14
Comme en 2007 et en 2002, les résultats de l étude effectuée cette année démontrent que les consommateurs occasionnels sont plus nombreux à consommer fréquemment chez des amis ou des parents (26 %) que les consommateurs réguliers (10 %). En revanche, ils sont moins nombreux à mentionner la maison comme lieu de consommation (52 % contre 75 % pour les consommateurs réguliers). Signalons toutefois qu en 2012, les Québécois privilégient davantage la maison que tous autres endroits (total autres endroits en 2012 : 33 % c. 39 % en 2007) lorsqu ils veulent consommer de l alcool (2012 : 65 % c. 2007 : 60 %). D ailleurs, notons que cette année les consommateurs occasionnels sont plus nombreux qu en 2007 à favoriser leur domicile comme endroit pour consommer de l alcool (2012 : 52 % c. 2007 : 45 %). Les résultats de 2012 démontrent que plus d un consommateur d alcool sur vingt (6 %) a senti, au cours des 12 derniers mois, que sa consommation d alcool a nui à sa santé physique. Elle était de 8 % en 2007. Comme en 2007, des proportions plus faibles de répondants affirment, quant à eux, que leur consommation a eu un impact négatif sur leur attitude envers la vie (3 %), sur leur situation financière (2 %), sur leurs relations avec leurs proches conjoint/partenaire (2 %), vie familiale (2 %), amis (1 %) et leurs enfants (1 %) et sur leur travail ou leurs études (1 %). Encore cette année, notons que les consommateurs réguliers sont, de manière générale, plus susceptibles que les «occasionnels» de signaler les effets néfastes de leur comportement en ce qui a trait à l alcool. 15
2. PERCEPTION DE L'ÉVOLUTION DE LA CONSOMMATION PERSONNELLE Comme par le passé, plus de la moitié des Québécois (58 %) affirment ne pas avoir changé leur consommation d alcool par rapport à il y a cinq ans, tandis que le tiers (27 %) disent que leur consommation d alcool a diminué. En ce qui concerne la proportion de répondants qui disent boire plus, elle est demeurée stable (2012 : 14 % c. 2007 : 15 %). De plus, les adolescents de 15 à 17 ans (41 %) et les jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans (24 %) sont les plus nombreux à affirmer qu ils consomment plus d alcool qu il y a cinq ans. 16
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Les changements d habitude (en hausse à 25 %), l âge (en baisse à 17 %), les responsabilités familiales (en hausse à 12 %), la santé (en baisse à 11 %), les choix de vie personnels (11 %) et l évolution du goût (en baisse à 7 %) sont demeurés les principaux motifs cités par ceux qui disent consommer moins d alcool, comparativement à il y a cinq ans. Signalons toutefois que l âge (17 %), l évolution du goût (7 %) et la santé (11 %) sont moins souvent invoqués qu en 2007 (respectivement : 23 %, 15 % et 13 %). Pour ceux qui jugent que leur consommation d alcool a augmenté depuis cinq ans, 26 % le justifient par l âge, 16 % par l envie de se divertir et de s amuser entre amis, 13 % par le fait de disposer de plus d occasions de consommer et 9 % par une meilleure connaissance et appréciation de l alcool. De manière moins importante, le fait d avoir plus d argent à dépenser (6 %) et le fait que ça soit devenu une habitude (6 %) sont des éléments qui ont été également cités par les répondants. 18
3. LA SENSIBILISATION À LA MODÉRATION Près des trois quarts des Québécois âgés de 15 ans et plus (73 %) se considèrent plus sensibilisés qu il y a cinq ans à une consommation modérée et équilibrée d alcool. Signalons que cette proportion est plus élevée que celle observée en 2007 (69 %). Comme par le passé, on remarque que les répondants disposant d un revenu supérieur ou égal à 60 000 $ (80 %), ainsi que les répondants vivant à l extérieur de Montréal (76 %) sont plus nombreux à croire que les gens sont plus sensibilisés qu il y a cinq ans. Par ailleurs, cette opinion quant à la sensibilisation à une consommation modérée et équilibrée est plus répandue chez les consommateurs d alcool (76 %) que chez les non-consommateurs (60 %) et chez les conducteurs automobiles (76 %) que chez les non-conducteurs (64 %). En 2012, les médias et la publicité continuent de jouer un rôle prépondérant dans la sensibilisation des Québécois en ce qui a trait à une consommation modérée d alcool. En effet, plusieurs des principaux facteurs invoqués y sont reliés : les médias et la publicité sur la modération (60 %), la publicité sur l alcool au volant (4 %), ainsi que les campagnes d Éduc alcool (4 %). Les accidents routiers (6 %), une meilleure connaissance du public sur le sujet (5 %), la sévérité de la loi automobile (3 %), la sensibilisation gouvernementale (3 %), l influence familiale/entourage (3 %) et la sensibilisation des jeunes dans les écoles (3 %) influencent aussi la sensibilisation de la population à une consommation modérée et équilibrée d alcool. 19