Présentation de l ordonnance



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Transcription:

ORDONNANCE DE 1673 Édit du roi servant de règlement pour le commerce des négociants et marchands tant en gros qu'en détail Présentée par M. Edouard Richard Présentation de l ordonnance...1 Texte de l ordonnance...3 TITRE I : Des apprentis, négociants et marchands, tant en gros qu en détail...3 TITRE II : Des agents de banque et courtiers...4 TITRE III : Des livres et registres des négociants, marchands et banquiers...4 TITRE IV : Des sociétés...5 TITRE V : Des lettres et billets de change, et promesse d en fournir...7 TITRE VI : Des intérêts du change et du rechange...9 TITRE VII : Des contraintes par corps...10 TITRE VIII : Des séparations de biens...10 TITRE IX : Des défenses et lettres de répit...11 TITRE X : Des cessions de biens...11 TITRE XI : Des faillites et banqueroutes...12 TITRE XII : De la juridiction des Consuls...13 Présentation de l ordonnance L ordonnance de 1673 est en réalité un Édit, voilà qui est dit. 1

Le but cette mesure légale est bien, sur le plan du commerce évidemment, de rechercher une uniformisation qui paraît faire défaut. Uniformiser pour le pouvoir c'est aussi mieux contrôler ce qui n est pas un vain mot dans la France de Louis XIV ou la centralisation sert de fil conducteur à l action du monarque. Était-il toutefois utile, opportun de légiférer dans une matière traditionnellement liée au respect des usages, pratiques coutumes, éléments si chers aux négociants? Colbert franchit le pas. Il ne s agissait pas pour lui d intervenir dans une matière commerciale envisagée comme ne relevant pas de la seule orbite du droit privé. Au contraire, c est l aspect publiciste qui prévalait dans l acception que l on avait du commerce à l époque, puisque du bien être de la nation était intimement lié à celui des particuliers la composant. Il était manifeste que le commerce relevait de la police d un état et légiférer en cette matière était donc somme toute assez naturel. Tout cela participait de qui restera aussi sous le nom de colbertisme. Un des soucis majeurs qui participa de la philosophie de la rédaction de l'ordonnance fut également celui de rentabilité économique en particulier en songeant à réduire le temps perdu en procédures au détriment du commerce. Ces procédures, par leur nombre même, illustraient l'insécurité chronique du monde des affaires. Enfin, mais cela restera un vœu pieux, la sécurité devait également passer par la publicité des actes. Cette publicité légale ne prendra pas son véritable essor avant le XIXe siècle et, en attendant, il avait fallu se contenter de mesures assez inefficaces se heurtant aux mentalités des contemporains toujours très attachés au secret des affaires. Tenant compte de ces divers constats de carence(s), Colbert avait donc pris alors la décision de désigner une commission, le Conseil des réformes dans le but d'inventorier lesdites questions (abus etc ). Parmi les personnes qui furent consultées à ce titre se trouve le fameux Jacques Savary*, un ancien marchand mercier spécialiste en droit italien, juriste consulte commercial réputé. L'ordonnance de 1673 (en réalité "Édit du roi servant de règlement pour le commerce des négociants et marchands tant en gros qu'en détail") sera aussi appelée Code Savary ou "Code marchand". Le code comporte XII titres divisés au total en 122 articles et ce suivant un plan qui globalement repris par le code de 1807. Le Code Savary ne sera pas sans connaître un certain succès, même à l'étranger. Même si le fond du Code n'apporte rien de neuf, il n'en fixe pas moins le droit commercial existant et, même s'il ne le fige pas (heureusement dans un sens), c'est bien l'idée d'unité qui donne toute sa valeur à cette ordonnance. Déjà dépassée dès sa rédaction l'ordonnance suscite dès lors tout un mouvement de discussion et de tentatives de réformes au cours du siècle qui suit. Ces tergiversations pas toujours improductives, conduisent doucement sur la voie d'une identification toujours plus nette de ce qui deviendra le "droit commercial terme que Savary des Bruslons aura au bout de la langue lorsqu il évoquera, aux côtés de la loi [ ] l usage établi entre les marchands, négociants et banquiers (qui est leur droit) [ ] Il faudra pourtant attendre 1807 et le Code de commerce pour que naisse officiellement l expression droit commercial et que Pardessus enseigne pour la première fois à la Faculté de Droit de Paris un cours de Droit commercial. Jacques Savary (Doué-la-Fontaine 1622 - Paris 1690) est un ancien mercier qui tire progressivement son épingle du jeu dans la finance nonobstant les difficultés rencontrées plus tard lors de la disgrâce de Fouquet dont il était un proche. C'est en 1670 qu'il entre dans le Conseil des réformes pour le commerce 2

Texte de l ordonnance Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir salut : - Comme le commerce est la source de l abondance publique et la richesse des particuliers, nous avons, depuis plusieurs années, appliqué nos soins pour le rendre florissant dans notre royaume. C est ce qui nous a porté, premièrement, à ériger parmi nos sujets plusieurs compagnies, par le moyen desquelles ils tirent présentement des pays les plus éloignés ce qu ils auparavant que par l entremise des autres nations. C est ce qui nous a engagé ensuite à faire construire et armer grand nombre de vaisseaux pour l avancement de la navigation, et à employer la force de nos armes par mer et par terre pour en maintenir la sûreté. Ces établissements ayant eu le succès que nous en attendions, nous avons crû être obligé de pourvoir à leur durée par des règlements capables d assurer parmi les négociants de bonne foi contre la fraude, et prévenir les obstacles qui les détournent de leur emploi par la longueur des procès, et consomment en frais le plus liquide de ce qu ils ont acquis. A ces causes, de l avis de notre conseil, et de notre certaine science et à pleine puissance et autorité royale, nous avons dit, déclaré et ordonné, disons et déclarons, ordonnons et nous plaît ce qui suit : TITRE I : Des apprentis, négociants et marchands, tant en gros qu en détail. ARTICLE PREMIER. Es lieux où il y a maîtrise de marchands, les apprentis marchands seront tenus d accomplir le temps prescrit par les statuts ; néanmoins les enfants de marchands seront réputés avoir fait leur apprentissage lorsqu ils auront demeuré actuellement en la maison de leur père ou de leur mère, faisant profession de la même marchandise, jusqu à dix-sept ans accomplis. ART. 2. Celui qui aura fait son apprentissage sera tenu de demeurer encore autant de temps chez son maître, ou un autre marchand de pareille profession ; ce qui aura lieu pareillement à l égard des fils de maître. ART. 3. Aucun ne sera reçu marchand qu il n ait vingt ans accomplis, et ne rapporte le brevet et les certificats d apprentissage et du service fait depuis. Et en cas que le contenu ès certificats ne fût véritable, l aspirant sera déchu de la maîtrise ; le maître d apprentissage qui aura donné son certificat, condamné en cinq cent livres d amende, et les autres certificateurs chacun en trois cents livres. ART. 4. L aspirant à la maîtrise sera interrogé sur les livres et registres à partie double et à partie simple, sur les lettres et billets de change, sur les règles d arithmétique, sur la partie de l aune, sur les livres et poids du marc, sur les mesures et les qualités de la marchandise, autant qu il conviendra pour le commerce dont il entend se mêler. ART. 5. Défendons aux particuliers et aux communautés de prendre ni recevoir des aspirants aucuns présents pour leur réception, ni autres droits que ceux qui sont portés par les statuts, 3

sous quelque prétexte que se puisse être, à peine d amende qui ne pourra être moindre de cent livres. Défendons aussi à l aspirant de faire aucun festin, à peine de nullité de sa réception. ART. 6. Tous négociants et marchands en gros ou en détail comme aussi les banquiers seront réputés majeurs pour le fait de leur commerce et banque, sans qu ils puissent être restitués sous prétexte de minorité. ART. 7. Les marchands en gros ou en détail, et les maçons charpentiers, couvreurs, serruriers, vitriers, plombiers, paveurs, et autres de pareille qualité, seront tenus de demander payement dans l an après la délivrance. ART. 8. L action sera intentée dans six mois, pour marchandises et denrées vendues en détails par boulangers, pâtissiers, bouchers, rôtisseurs, cuisiniers, couturiers, passementiers, selliers, bourreliers et autres semblables. ART. 9. Voulons le contenu ès deux articles ci-dessus avoir lieu encore qu il y eût continuation de fourniture ou d ouvrage, si ce n est qu avant l année ou les six mois, il y eût un compte arrêté, sommation ou interpellation judiciaire, cédule, obligation ou contrat. ART. 10. Pourront néanmoins les marchands et ouvriers déférer le serment à ceux auxquels la fourniture aura été faite, es assigner et les faire interroger ; et, à l égard des veuves, tuteurs de leurs enfants, héritiers et ayants cause, leur faire déclarer qu ils savent que la chose est due, encore que l année ou les six mois soient expirés. ART. 11. Tous négociants et marchands, tant en gros qu en détail, auront chacun à leur égard des aunes ferrées par les deux bouts et marquées, ou des poids et mesures étalonnées. Leur défendons de se servir d autres, à peine de faux et de cent cinquante livres d amende. TITRE II : Des agents de banque et courtiers ARTICLE PREMIER. Défendons aux agents de banque et de change de faire le change ou tenir banque pour leur compte particulier, sous leur nom ou sous des noms interposés, directement ou indirectement, à peine de privation de leurs charges et de quinze cents livres d amende. ART. 2. Ne pourront aussi les courtiers de marchandises en faire un trafic pour leur compte, ni tenir caisse chez eux, ou signer des lettres de change par aval. Pourront néanmoins certifier que la signature des lettres de change est véritable. ART. 3. Ceux qui auront obtenu des lettres de répit, fait contrat d atermoiement, ou fait faillite, ne pourront être agents de change ou de banque, ou courtiers des marchandises. TITRE III : Des livres et registres des négociants, marchands et banquiers. 4

ARTICLE PREMIER. Les négociants et marchands, tant en gros qu en détail, auront un livre qui contiendra tout leur négoce, leurs lettres de change, leurs dettes actives et passives, et les deniers employés à la dépense de leur maison. ART. 2. Les agents de change et de banque tiendront un livre-journal dans lequel seront insérées toutes les parties par eux négociées pour y avoir recours en cas de contestation. ART. 3. Les livres de négociants et marchands, tant en gros qu en détail, seront signés sur le premier et le dernier feuillet par l un des consuls, dans les villes où il y a juridiction consulaire, et dans les autres, par le maire ou l un des échevins, sans frais ni droits ; et les feuillets parafés et cotés par premier et dernier, de la main de ceux qui auront été commis par les consuls, ou maire et échevins, dont sera fait mention au premier feuillet. ART. 4. Les livres des agents de change et de banque seront cotés, signés et parafés par l un des consuls sur chaque feuillet, et mention sera faite, dans le premier, du nom de l agent de change ou de banque, de la qualité du livre, s il doit servir de journal ou pour la caisse, et si c est le premier, second ou autre, dont sera fait mention sur le registre du greffe de la juridiction consulaire ou de l Hôtel de ville. ART. 5. Les livres-journaux seront écrits d une même suite, par ordre de date sans aucun blanc, arrêtés en chaque chapitre et à la fin, et ne sera rien écrit aux marges. ART. 6. Tous négociants, marchands et agents de change et de banque, seront tenus, dans six mois après la publication de notre présente ordonnance, de faire de nouveaux livres-journaux et registres, signés, cotés et parafés, suivant qu il est ci-dessus ordonné, dans lesquels ils pourront, si bon leur semble, porter les extraits de leurs anciens livres. ART. 7. Tous négociants et marchands, tant en gros qu en détail, mettront liasse les lettres missives qu ils recevront, et en registre la copie de celles qu ils écriront. ART. 8. Seront aussi tenus tous les marchands de faire, dans le même délai de six mois, inventaire sous leur seing de tous leurs effets mobiliers et immobiliers, et de leurs dettes actives et passives, lequel sera récolé et renouvelé de deux ans en deux ans. ART. 9. La représentation communication des livres-journaux, registre, ou inventaires, ne pourra être requise ou ordonnée en justice, sinon pour succession, communauté et partage de société en cas de faillite. ART. 10. Au cas néanmoins qu un négociant ou un marchand voulût se servir de ses livresjournaux et registres, ou que la partie offrit d y ajouter foi, la représentation pourra en être ordonnée, pour en extraire ce qui concernera le différend. TITRE IV : Des sociétés ARTICLE PREMIER. Toute société générale ou en commandite sera rédigée par écrit, ou par-devant notaires, ou sous signature privée, et ne sera reçue aucune preuve par témoins contre ou outre le contenu en l acte de société, ni sur ce qui serait allégué avoir été dit avant, lors ou depuis l acte, encore qu il s agit d une somme ou valeur moindre de cent livres. 5

ART. 2. L extrait des sociétés entre marchands et négociants, tant en gros qu en détail, sera registré au greffe de la juridiction consulaire, s il il y en a, sinon en celui de l hôtel commun de la ville ; et s il n y en a point, au greffe de nos juges des lieux, ou ceux des seigneurs, et l extrait inséré dans un tableau exposé en un lieu public ; le tout à peine de nullité des actes et contrats passés tant entre les associés qu avec leurs créanciers et ayants-cause. ART. 3. Aucun extrait de société ne sera enregistré s il n est signé ou des associés, ou de ceux qui auront souffert la société, et ne contient les noms, surnoms, qualités et demeures des associés, et les clauses extraordinaires, s il y en a, pour la signature des actes, le temps auquel elle doit commencer et finir ; et ne sera réputée continuée s il n y en a par un acte écrit, pareillement enregistré et affiché. ART. 4. Tous actes portant changement d associés, nouvelles stipulations ou clauses pour la signature, seront enregistrés et publiés, et n auront lieu que du jour de leur publication. ART. 5. Ne sera pris par le greffier, pour l enregistrement de la société et la transcription dans le tableau, que cinq sous, et pour chaque extrait qu il en délivrera trois sous. ART. 6. Les sociétés n auront effet à l égard des associés ; leurs veuves et héritiers, créanciers et ayants-cause, que du jour qu elles auront été enregistrées et publiées au greffe du domicile de tous les contractants, et du lieu où ils auront magasin. ART. 7. Tous associés seront obligés solidairement aux dettes de la société, encore qu il n y en ait qu un qui ait signé, au cas qu il ait signé pour la compagnie et non autrement. ART. 8. Les associés en commandite ne seront obligés que jusqu à concurrence de leur part. ART. 9. Toute société contiendra la clase de ses soumettre aux arbitres pour les contestations qui surviendront entre les associés ; et encore que la clause fût omise, un des associés en pourra nommer, ce que les autres seront tenus de faire ; sinon en sera nommé par le Juge pour ceux qui en feront refus. ART. 10. Voulons qu en cas de décès ou de longue absence d un des arbitres, les associés en nomment d autres ; sinon il sera pourvu par le juge pour les refusants. ART. 11. En cas que les arbitres soient partagés en opinion, ils pourront convenir de surarbitre sans le consentement des parties ; et s ils n en conviennent, il sera nommé par le Juge. ART. 12. Les arbitres pourront juger sur les pièces et mémoires qui leur seront remis, sans aucune formalité de justice, nonobstant l absence de quelqu une des parties. ART. 13. Les sentences arbitrales entre associés pour leur négoce, marchandises ou banque seront homologuées par la juridiction consulaire, s il y en a ; sinon ès sièges ordinaires de nos Juges ou de ceux des seigneurs. ART. 14. Tout ce que dessus aura lieu à l égard des veuves, héritiers et ayants-cause des associés. 6

TITRE V : Des lettres et billets de change, et promesse d en fournir. ARTICLE PREMIER. Les lettres de change contiendront sommairement le nom de ceux auxquels le contenu devra être payé, le temps du payement, le nom de celui qui en a donné la valeur, et si elle a été reçue en deniers, marchandises ou autres effets. ART. 2. Toutes lettres de change seront acceptées par écrit purement et simplement. Abrogeons l usage de les accepter verbalement, ou par ces mots :Vu sans accepter, ou Accepté pour répondre à temps, et toutes autres acceptations sous condition, lesquelles passeront pour refus et pourront les lettres être protestées. ART. 3. En cas de protêt de la lettre de change, elle pourra être acquittée par tout autre que celui sur qui elle aura été tirée ; et au moyen du payement, il demeurera subrogé en tous les droits du porteur de la lettre, quoiqu il n en ait point de transport, subrogation ni ordre. ART. 4. Les porteurs de lettres qui auront été acceptées ou dont le payement échet à jour certain, seront tenus de les faire payer ou protester dans dix jours après celui de l échéance. ART. 5. Les usances pour le payement des lettres seront de trente jours, encore que les mois aient plus ou moins de jours. ART. 6. Dans les dix jours acquis pour le temps du protêt seront compris ceux de l échéance et du protêt, des dimanches et des fêtes, même les solennelles. ART. 7. N entendons rien innover à notre règlement du second jour de juin mil six cent soixante-sept, pour les acceptations, les payements et autres dispositions concernant le commerce dans notre ville de Lyon. ART. 8. Les protêts ne pourront être faits que par deux notaires, ou un notaire et deux témoins, ou par un huissier ou sergent, même de la justice consulaire, avec deux recors, et contiendront le nom et le domicile des témoins et recors. ART. 9. Dans l acte de protêt, les lettres de change seront transcrites avec les ordres et les réponses, s il y en a, et la copie du tout, singée, sera laissée à la partie, à peine de faux et des dommages et intérêts. ART. 10. Le protêt ne pourra être suppléé par aucun autre acte. ART. 11. Après le protêt, celui qui aura accepté la lettre pourra être poursuivi à la requête de celui qui en sera le porteur. ART. 12. Les porteurs pourront aussi, par la permission du juge, saisir les effets de ceux qui auront tiré ou endossé, encore qu elles aient été acceptées : même les effets de ceux sur lesquels elles auront été tirées, en cas qu ils les aient acceptées. 7

ART. 13. Ceux qui auront tiré ou endossé les lettres seront poursuivis en garantie dans la quinzaine s ils sont domiciliés dans la distance de dix lieues et au-delà, à raison d un jour pour cinq lieues, sans distinction du ressort des parlements : -savoir, pour les personnes domiciliées dans notre royaume ; - et hors icelui les délais seront de deux mois pour les personnes domiciliées en Angleterre, Flandre ou Hollande ; de trois mois pour l Italie, l Allemagne et les cantons suisses ; de quatre mois pour l Espagne, de six pour le Portugal, la Suède et le Danemark. ART. 14. Les délais ci-dessus seront comptés du lendemain des protêts jusqu au jour de l action en garantie exclusivement, sans distinction de dimanche et jours de fêtes. ART. 15. Après les délais ci-dessus, les porteurs de lettres seront non recevables dans leur action en garantie, et toute autre demande contre les tireurs et endosseurs. ART. 16. Les tireurs ou endosseurs des lettres seront tenus de prouver en cas de dénégation que ceux sur qui elles étaient tirées leur étaient redevables, ou avaient provision au temps qu elles ont dû être protestées ; sinon ils seront tenus de les garantir. ART.17. Si, depuis le temps réglé pour le protêt, les tireurs ou endosseurs ont reçu la valeur en argent ou marchandises, par compte, compensation ou autrement, ils seront aussi tenus de la garantie. ART. 18. La lettre payable à un particulier, et non au porteur, ou à ordre, étant adirée, le paiement pourra être poursuivi et fait en vertu d une seconde lettre sans caution, et faisant mention que c est une seconde lettre et que la première ou autre précédente demeurera nulle. ART. 19. Au cas que la lettre adirée soit payable au porteur, ou à ordre, le paiement n en sera fait que par ordonnance du Juge, et en baillant caution de garantir le paiement qui en sera fait. ART. 20. Les cautions baillées par l événement des lettres de change seront déchargées de plein droit, sans qu il soit besoin d aucun jugement, procédure ou sommation, s il n en est fait aucune demande pendant trois ans, à compter du jour des dernières poursuites. ART. 21. Les lettres ou billets de change seront réputés acquittés après cinq ans de cessation de demandes et poursuites, à compter du lendemain de l échéance ou du protêt, ou de la dernière poursuite. Néanmoins les prétendus débiteurs seront tenus d affirmer, s ils en sont requis, qu ils ne sont plus redevables : et leur veuve, héritiers ou ayant cause, qu ils estiment de bonne foi qu il n est plus rien dû. ART. 22. Les contenu ès deux articles ci-dessus aura lieu à l égard des mineurs ou des absents. ART. 23. Les signatures au dos des lettres de change ne serviront que d endossement, et non d ordre, s il n est daté, et ne contient le nom de celui qui a payé la valeur en argent, en marchandise ou autrement. ART. 24. Les lettres de change endossées dans les formes prescrites par l article précédent appartiendront à celui au nom duquel l ordre sera rempli, sans qu il ait besoin de transport ni de signification. 8

ART. 25. Au cas que l endossement ne soit pas dans les formes ci-dessus, les lettres seront réputées appartenir à celui qui les aura endossées, et pourront être saisies par ses créanciers, et compensées par ses redevables. ART. 26. Défendons d antidater les ordres, à peine de faux. ART. 27. Aucun billet ne sera réputé billet de change, si ce n est pour lettres de change qui auront été fournies, ou qui le devront être. ART. 28. Les billets pour les lettres de change fournies feront mention de celui sur lequel elles auront été tirées, qui en aura payé la valeur, et si le paiement a été fait en deniers, en marchandises ou autres effets, à peine de nullité. ART. 29. Les billets pour lettres de change à fournir feront mention du lieu où elles seront tirées, et si la valeur en a été reçue, et de quelles personnes, aussi à peine de nullité. ART. 30. Les billets de change payables à un particulier y nommé ne seront réputées appartenir à un autre, encore qu il y eût transport signifié, s ils ne sont payables au porteur, ou à ordre. ART. 31. Le porteur d un billet négocié sera tenu de faire ses diligences contre le débiteur dans dix jours, s il est pour valeur reçue en deniers, ou en lettres de change qui auront été fourniers ou qui le devront être ; et dans trois mois s il est pour marchandises ou autres effets ; et seront les délais comptés du lendemain de l échéance, icelui compris. ART. 32. A faute de payement du contenu dans un billet de change, le porteur fera signifier ses diligences à celui qui aura signé le billet ou l ordre, et l assignation en garantie sera donnée dans les délais ci-dessus prescrits pour les lettres de change. ART. 33. Ceux qui auront mis leur aval sur les lettres de change, sur des promesses d en fournir, sur des ordres ou des acceptations, sur des billets de change, ou autres actes de pareille qualité concernant le commerce, seront tenus solidairement avec les tireurs prometteurs, endosseurs et accepteurs, encore qu il n en soit fait mention dans l aval. TITRE VI : Des intérêts du change et du rechange. ARTICLE PREMIER. Défendons aux négociants, marchands, et à tous autres, de comprendre l intérêt avec le principal, dans les lettres ou billets de change, ou aucun autre acte. ART. 2. Les négociants, marchands et aucun autre, ne pourront prendre l intérêt d intérêt, sous quelque prétexte que ce soit. ART. 3. Le prix du change sera réglé suivant le cours du lieu où la lettre sera tirée, eu égard à celui où la remise sera faite. ART. 4. Ne sera dû aucun rechange pour le retour des lettres, s il n est justifié par pièces valables qu il a été pris de l argent dans le lieu auquel la lettre aura été tirée ; sinon le 9

rechange ne sera que pour la restitution du change avec l intérêt, les frais du protêt et du voyage, s il en a été fait, après l affirmation en justice. ART. 5. La lettre de change, même payable au porteur, ou à ordre, étant protestée, le rechange sera dû par celui qui l aura tiré que pour lieu où la remise aura été faite, et non pour les autres lieux où elle aura été négociée, sauf à se pourvoir par le porteur contre les endosseurs, pour le payement du rechange des lieux où elle aura été négociée suivant leur ordre. ART. 6. Le rechange sera dû par le tireur des lettres négociées pour les lieux où le pouvoir de négocier est donné par les lettres, et pour tous les autres, si le pouvoir de négocier est indéfini et pour tous les lieux. ART. 7. L intérêt du principal et du change sera dû du jour du protêt encore qu il n ait été demandé en justice. Celui du rechange, des frais du protêt et du voyage, ne sera dû que du jour de la demande. ART. 8. Aucun prêt ne sera fait sous gage qu il n y en ait un acte par-devant notaire, dont sera retenu minute, et qui contiendra la somme prêtée, et les gages qui auront été délivrés, à peine de restitution des gages, à laquelle le prêteur sera contraint par corps, sans qu il puisse prétendre de privilèges sur les gages, sauf à exercer ses autres actions. ART. 9. Les gages qui ne pourront être exprimés dans l obligation seront énoncés dans une facture ou un inventaire, dont sera fait mention dans l obligation ; et la facture ou inventaire contiendront les quantité, qualité, poids et mesure des marchandises ou autres effets donnés en gages, sous les peines potées par l article précédent. TITRE VII : Des contraintes par corps. ARTICLE PREMIER. Ceux qui auront signé des lettres ou billets de change pourront être contraints par corps ; ensemble ceux qui y auront mis leur aval, qui auront promis d en fournir, avec remise de place en place, qui auront fait des promesses pour lettres de change à eux fournies, ou qui le devront être, entre tous négociants ou marchands qui auront signé des billets pour valeur reçue comptant, ou en marchandise, soit qu ils doit être acquittés à un particulier y nommé, ou à son ordre, ou au porteur. ART.2. Les mêmes contraintes auront lieu pour l exécution des contrats maritimes, grosses aventures, chartes parties, ventes et achats de vaisseaux, pour le fret et le naulage. TITRE VIII : Des séparations de biens. ARTICLE PREMIER. Dans les lieux où la communauté de biens d entre mari et femme est établie par la coutume ou par l usage, la clause qui y dérogera dans les contrats de mariage des marchands, grossiers ou détailleurs, et des banquiers, sera publié à l audience de la juridiction consulaire, s il y en a, sinon dans l assemblée de l hôtel commun des villes, et 10

insérée dans un tableau exposé en lieu public, à peine de nullité ; et la clause n aura lieu que du jour qu elle aura été publiée et enregistrée. ART. 2. Voulons le même être observé entre les négociants et marchands, tant en gros qu en détail, et banquiers, pour les séparations de biens d entre mari et femme, outre les autres formalités requises. TITRE IX : Des défenses et lettres de répit. ARTICLE PREMIER. Aucun négociant, marchand ou banquier, ne pourra obtenir des défenses générales de le contraindre, ou lettres de répit, qu il n ait remis au greffe de la juridiction dans laquelle les défenses ou l entérinement des lettres devront être poursuivis, de la juridiction consulaire, s il y en a, ou de l hôtel commun de la ville, un état certifié de tous les effets, tant meubles qu immeubles, et de ses dettes, et qu il n ait représenté à ses créanciers, ou à ceux qui seront par eux commis, s ils le requièrent, ses livres et registres, dont ils sera tenu d attacher le certificat sous le contre-scel des lettres. ART. 2. Au cas que l état se trouve frauduleux, ceux qui auront obtenu des lettres de défenses en seront déchus, encore qu elles aient été entérinées ou accordées contradictoirement ; et le demandeur ne pourra plus en obtenir d autres, ni être reçu à bénéfice de cession. ART. 3. Les défenses générales et les lettres de répit seront signifiées dans huitaine aux créanciers et autres intéressés qui seront sur les lieux, et n auront effet qu à l égard de ceux auxquels la signification aura été faite. ART. 4. Ceux qui auront obtenu des défenses générales ou des lettres de répit ne pourront payer ou préférer aucun créancier au préjudice des autres, à peine de déchoir des lettres de défense. ART.5. Voulons que ceux qui auront obtenu des lettres de répit, ou des défenses générales, ne puissent être élu maire ou échevins des villes, juges ou consuls des marchands, ni avoir voix active et passive dans les corps et communautés, ni être administrateurs des hôpitaux, ni parvenir aux autres fonctions publiques, et même qu ils en soient exclus, en cas qu ils fussent actuellement en charge. TITRE X : Des cessions de biens. ARTICLE PREMIER. Outre les formalités ordinairement exposées pour recevoir au bénéfice de cession de biens les négociants et marchands en gros et en détail, et les banquiers, les impétrants seront tenus de comparoir en personne à l audience de la juridiction consulaire, s il y en a, sinon en l assemblée de l hôtel commun des villes, pour y déclarer leurs nom, surnom, qualité et demeure, et qu ils ont été reçus à faire cession de biens, et sera leur déclaration lue et publiée par le greffier, et insérée dans un tableau public. 11

ART. 2. Les étrangers qui n auront pas obtenu nos lettres de naturalité ou de déclaration de naturalité ne seront reçus à faire cession. TITRE XI : Des faillites et banqueroutes. ARTICLE PREMIER. La faillite ou banqueroute sera réputée ouverte du jour où le débiteur se sera retiré, ou que le scellé aura été apposé sur ses biens. ART. 2. Ceux qui auront fait faillite seront tenus de donner à leurs créanciers un état, certifié d eux, de tout ce qu ils possèdent et de tout ce qu ils doivent. ART. 3. Les négociants, marchands et banquiers seront encore tenus de représenter tous leurs livres et registres cotés, parafés en la forme prescrite par les articles 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 du titre III ci-dessus, pour être remis au greffe des Juge et consuls, s il y en a, sinon de l hôtel commun des villes, ou ès main de créanciers de leurs choix. ART. 4. Déclarons nuls tous transports, cessions, ventes et donations des biens, meubles ou immeubles, faits en fraude des créanciers. Voulons qu ils soient rapportés à la masse commune des effets. ART. 5. Les résolutions prises dans l assemblée des créanciers, à la pluralité des voix, pour le recouvrement des effets ou l acquit des dettes, seront exécutées par provision, et nonobstant toutes oppositions ou appellations. ART. 6. Les voix des créanciers prévaudront, non par le nombre des personnes, mais eu égard à ce qui leur sera dû, s il monte aux trois quarts du total des dettes. ART. 7. En cas d opposition et de refus de signer les délibérations par les créanciers dont les créances n excèderont pas le quart du total des dettes, voulons qu elles soient homologuées en justice, et exécutées comme s ils avaient tous signé. ART. 8. N entendons néanmoins déroger aux privilèges sur les meubles ni aux privilèges et hypothèques sur les immeubles qui seront conservés, sans que ceux qui auront privilège ou hypothèque puissent être tenus d enter dans aucune composition, remise ou atermoiement, à cause des sommes pour lesquelles ils auront privilège ou hypothèque. ART. 9. Les deniers comptants, et ceux qui procèderont de la vente des meubles et des effets mobiliers, seront mis ès mains de ceux qui seront nommés par les créanciers à la pluralité des voix et ne pourront être revendiqués par les receveurs des consignations, greffiers, notaires, huissiers, sergents ou autres personnes publiques, ni pris sur iceux aucun droit par eux ou les dépositaires, à peine de concussion. ART. 10. Déclarons banqueroutiers frauduleux ceux qui auront diverti des effets, supposé des créanciers, ou déclaré plus qu il n était dû aux véritables créanciers. ART. 11. Les négociants et les marchands tant en gros qu en détail, et les banquiers qui, lors de leurs faillites, ne représenteront pas leurs registres et journaux signé et parafés comme nous avons ordonné ci-dessus, pourront être réputés banqueroutiers frauduleux. 12

ART. 12. Les banqueroutiers frauduleux seront poursuivis extraordinairement, et punis de mort. ART. 13. Ceux qui auront aidé ou favorisé la banqueroute frauduleuse, en divertissant les effets, acceptant les transports, ventes ou donations simulées, et qu ils sauront être en fraude des créanciers, ou se déclarant créanciers ne l étant pas, ou pour une plus grande somme que celle qui leur était due, seront condamnés en quinze cents livres d amende, et au double de ce qu ils auront diverti ou trop demandé, au profit des créanciers. TITRE XII : De la juridiction des Consuls. ARTICLE PREMIER. Déclarons communs pour tous les sièges des Juges et Consuls l édit de leur établissement dans notre bonne ville de Paris, du moins de novembre 1563, et tous autres édits et déclarations touchant la juridiction consulaire, enregistrés en nos cours de parlement. ART. 2. Les Juges et Consuls connaîtront de tous billets de change faits entre négociants et marchands, ou dont ils devront la valeur, et entre toutes personnes, pour lettres de change ou remises d argent faites de place en place. ART. 3. Leur défendons néanmoins de connaître des billets de change entre particuliers, autres que négociants et marchands, ou dont ils ne devront point la valeur. Voulons que les parties se pourvoient par-devant les juges ordinaires, ainsi que pour de simples promesses. ART. 4. Les Juges et Consuls connaîtront des différents pour ventes faites par des marchands, artisans et gens de métier, afin de revendre ou de travailler leur profession, comme à tailleur d habit, pour étoffes, passements et autres fournitures ; boulangers et pâtissiers, pour blé et farine ; maçons, pour pierre, moellon et plâtre ; serruriers, maréchaux, taillandiers et armuriers, pour fer ; plombiers et fontainiers, pour plomb ; et autres semblables. ART. 5. Connaîtront aussi des gages, salaires et pensions des commissionnaires, facteurs ou serviteurs des marchands, pour le fait du trafic seulement. ART. 6. Ne pourront les Juges et Consuls connaître des contestations pour nourriture, entretien et ameublements, même entre marchands, si ce n est qu ils en fassent profession. ART. 7. Les Juges et Consuls connaîtront des causes et différends à cause des assurances, grosses aventures, promesses, obligations et contrats concernant le commerce de la mer, le fret et le naulage des vaisseaux. ART. 8. Connaîtront aussi du commerce fait pendant les foires tenues ès lieux de leur établissement, si l attribution n en est faite aux juges conservateurs du privilège des foires. ART. 9. Connaîtront pareillement de l exécution de nos lettres, lorsqu elles seront incidentes aux affaires de leur compétence, pourvu qu il ne s agisse pas de l état ou qualité des personnes. ART. 10. Les gens d église, gentilshommes et bourgeois, laboureurs, vignerons et autres, pourront faire assigner, pour vente de blés, vins, bestiaux, et autres denrées procédant de leur 13

cru, ou par-devant les Juges ordinaires ou par-devant les Juges et Consuls, si les ventes ont été faites à des marchands ou artisan faisant profession de revendre. ART. 11. Ne sera établi dans la juridiction consulaire aucun procureur syndic, ni autre officier, s il n est ordonné par l édit de création du siège, ou autre édit dûment enregistré. ART. 12. Les procédures de la juridiction consulaire seront faites suivant les formes prescrites par le titre seizième de notre ordonnance du moins d avril 1667. ART. 13. Les Juges et Consuls, dans les matières de leur compétence, pourront juger nonobstant tout déclinatoire, appel d incompétence, prise à partie, renvoi ou requis signifié, même en vertu de nos lettres de committimus, aux requêtes de notre hôtel ou du palais, le privilège des universités, des lettres de garde-gardienne, et tous autres. ART. 14. Seront tenus néanmoins, si la connaissance ne leur appartient pas de déférer au déclinatoire, à l appel d incompétence, à la prise à partie et au renvoi. ART. 15. Déclarons nulles toutes ordonnances, commissions, mandements pour faire assigner, et les assignations données en conséquence par devant nos juges et ceux des seigneurs, n révocation de celles qui auront été données par devant les Juges et Consuls. Défendons, à peine de nullité, de casser ou surseoir les procédures et les poursuites en exécution de leurs sentences, ni faire défense de procéder par-devant eux. Voulons qu en vertu de notre présente ordonnance elles soient exécutées, et que les parties qui auront présenté leurs requêtes pour faire casser, révoquer, surseoir ou défendre l exécution de leurs jugements, les procureurs qui les auront signées, et les huissiers ou sergents qui les auront signifiées, soient condamnés chacun en cinquante livre d amende, moitié pour profit de la partie, moitié au profit des pauvres, qui ne pourront être remises ou modérées ; au payement desquelles la partie, les procureurs et les sergents sont contraints solidairement. ART. 16. Les veuves et héritiers des marchands, négociants et autres, contre lesquels on pourrait se pourvoir par-devant les Juges et Consuls, y seront assignés, ou en reprise, ou par nouvelle action ; et en cas que la qualité, ou de commune, ou d héritier pur et simple, ou par bénéfice d inventaire, soit contestée, ou qu il s agisse de douaire, ou de legs universel ou particulier, les parties seront renvoyées par-devant les juges ordinaires pour les régler ; et, après le jugement de la qualité, douaire ou legs, elles seront renvoyées par-devant les Juges et Consuls. ART. 17. Dans les matières attribuées aux Juges et Consuls, le créancier pourra faire donner l assignation à son choix, ou au lieu du domicile du débiteur, ou au lieu auquel le payement doit être fait. ART. 18. Les assignations pour le commerce maritime seront données par-devant les Juges et Consuls du lieu où le contrat aura été passé. Déclarons nulles celles qui seront données pardevant les Juges et Consuls du lieu où le vaisseau sera partie, ou de celui où il aura fait naufrage. Si donnons en mandement à nos amès et féaux conseillers, les gens tenant nos cours de parlement, chambre des comptes, cours des aides, baillis, sénéchaux, et tous autres officiers, que ces présentes ils gardent, observent et entretiennent, fassent garder, observer et entretenir ; et, pour les rendre notoires à nos sujets, les fassent lire, publier et registrer, car tel 14

est notre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous y avons fait mettre notre scel. Donné à Versailles au moins de mars de l an de grâce mil six cent soixante-treize, et de notre règne le 30 e. Signé Louis, et plus bas, par le Roi, Colbert. Et à côté est écrit : Visa Daligre ; Edit pour le commerce et scellé du grand sceau de cire verte sur lacs de soie rouge et verte. Lu, publié et enregistré. Ouï et ce requérant le procureur général du Roi, pour être exécuté selon sa forme et sa teneur, à Paris, en parlement, le Roi y séant en son lit de justice, le vingttroisième mars mil six cent soixante-treize. signé : DU TILLET. 15