Accueil inopiné de victimes d attentat chimique dans un SAU non doté d un module de décontamination préhospitalière

Documents pareils
ANNEXES de la circulaire n 700/SGDN/PSE/PPS du 7 novembre 2008

Equipe de Direction : -Docteur Christine BOURDEAU Responsable médical. - Annie PAPON Cadre responsable

Protection du personnel

Formation à l utilisation du défibrillateur semi-automatique (DSA)

Ken Bell s Sommaire des Abréviations

Acides et bases. Acides et bases Page 1 sur 6

L entretien en radiologie conventionnelle. Comment procède t on? Radiologie conventionnelle. Quel mobilier et matériel?

GUIDE DE BONNES PRATIQUES POUR LA COLLECTE DE PILES ET ACCUMULATEURS AU LUXEMBOURG

Solvants au Travail. Guide pour travailler en sécurité avec les solvants.

Fiche documentaire FAIRE LES PRODUITS D USAGE DOMESTIQUE SANS DANGER POUR L AIR

FICHE DE DONNÉES DE SECURITÉ Demand CS

Quelles sont les maladies hautement contagieuses susceptibles d être hospitalisées en réanimation en France?

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Ce document est destiné à vous permettre de découvrir l offre de formation du Centre d enseignement des soins d urgence du Bas-Rhin (CESU 67).

MONITOR 480 Insecticide Liquide À USAGE RESTREINT

Chapitre VI : Gestion des risques épidémiques

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

BDL2, BDL3 Enviro Liner Part A. Dominion Sure Seal FICHE SIGNALÉTIQUE. % (p/p) Numéro CAS. TLV de l' ACGIH Non disponible

Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

4 PROTOCOLES DE NETTOYAGE ET DE DESINFECTION A APPLIQUER 1 - PROCEDURE APPROFONDIE DE NETTOYAGE ET DE DESINFECTION DES VEHICULES

Pandémie grippale et réorganisation des soins primaires. Le travail de la Maison Médicale de Garde d Ambérieu

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

FICHE DE SECURITE FUMESAAT 500 SC

1.2.1 Enlever et disposer, en tant que déchets de fientes de pigeon, tous les matériaux et les débris des surfaces situées dans la zone des travaux.

Agent d entretien des locaux

Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire (CFRC) Recommandations pour l organisation de programmes de défibrillation

LES DOUCHES ET LES BASSINS OCULAIRES D URGENCE

Plans de secours NOMBREUSES VICTIMES

mode d emploi PROTÉGEZ LA VIE DE CEUX QUE VOUS AIMEZ 18 Sapeurs-Pompiers 15 Samu 112 N d urgence européen d urgence gratuits

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Procédure de tri et traitement des déchets Pro 032

DEMONSTRATION DE FONCTIONNEMENT DU DÉFIBRILLATEUR

1. Identification de la substance ou préparation et de la Société. 2. Composition/ informations sur les composants

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Grattage et évacuation des peintures écaillées contenant du plomb dans les cages d escalier n 4 et 16.

Ce qu il faut savoir en matière d habitat et de santé, de plomberie et d installations de chauffage ou d eau chaude sanitaire

SECTION 1- Identification de la substance/du mélange et de la société / entreprise

Evaluation des risques professionnels dans les établissements de santé (dr.l.sctrick)

APPAREIL DE PROTECTION RESPIRATOIRE NBC M 95 DE SCOTT POUR LES FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE

1 Organiser et gérer. son poste de travail

Insuffisance cardiaque

BRICOLAGE. Les précautions à prendre

A-ESSE s.p.a. FICHE DE SÉCURITÉ

Vulcano Pièges Fourmis

CONSTRUCTION DES COMPETENCES DU SOCLE COMMUN CONTRIBUTION DES SCIENCES PHYSIQUES

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

Après l intervention des varices. Informations et conseils sur les suites du traitement. Réponses aux questions fréquemment posées

Fiche de données de sécurité Selon l Ochim (ordonn. produits chim.) du , paragr.3

RAID PIEGES ANTI-FOURMIS x 2 1/5 Date de création/révision: 25/10/1998 FICHE DE DONNEES DE SECURITE NON CLASSE

Conseils pratiques sur l utilisation des produits chimiques agricoles

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

EVALUER LA MAITRISE DU RISQUE INFECTIEUX EN EHPAD

LES FORMATIONS CONTINUéES

informations pratiques

Simulation en aviation

Séquence 1 : La place du MSP et de l ISP

Soins Inrmiers aux brûlés

RETOUR D EXPERIENCE. Exercice Départemental DAREGAL 2012 Milly la forêt DESCRIPTION DE L EXERCICE

Présentation des règles et procédures. environnement nucléaire

Fiche de données de sécurité

PRODUITS PHYTOSANITAIRES

ACADÉMIE D ORLÉANS-TOURS NOTE D INFORMATION n 25

EVALUATION DU RISQUE CHIMIQUE

1. Identification de la substance / préparation et de la société / entreprise. Peinture Aimant

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

Document unique d évaluation des risques professionnels

Fiche de données de Sécurité

INAUGURATION DU CESU Centre d Enseignement des Soins d Urgence

alarme incendie (feu non maîtrisable)

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

HUMI-BLOCK - TOUPRET

Prévention des accidents lors des travaux en espaces confinés R 447 RECOMMANDATION

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

GUIDE DE L AGENT ÉCORESPONSABLE. pour économiser les fournitures et les ressources

L organisation de chantier

Qu est ce qu un gaz comprimé?

Intoxications collectives en entreprise après incendies de locaux Proposition d une conduite à tenir

Pour la création d une maison d assistants maternels

Fiche de données de sécurité

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

évaluation des risques professionnels

Défibrillation et Grand Public. Méd-Cl JAN Didier Médecin chef Méd-Cne PIVERT Pascaline

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

SatisFection Transfection Reagent, Catalog # SatisFection Transfection Reagent, Catalog # Contact cutané. Inhalation. Ingestion.

Eau (N CAS) Non classifié Urea (N CAS) Non classifié. Version : 1.0

SECTION 3: Composition/informations sur les composants 3.2. Mélanges % CAS # (EC) No 1272/ /45/EC Deuterium oxide 99.

Actualité sur la prise en charge de l arrêt cardiaque

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ Version du: 01/05/07

7e ÉDITION. Secourisme en milieu de travail. en milieu de travail.

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

«CLIENT» CHANTIER DESIGNATION LOT : PPSPS CEMLOC SERVICES Version 2 Page 1 sur 10

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ Barbarian Super 360

APRES VOTRE CHIRURGIE THORACIQUE OU VOTRE PNEUMOTHORAX

Infection par le VIH/sida et travail

Transcription:

Accueil inopiné de victimes d attentat chimique dans un SAU non doté d un module de décontamination préhospitalière Module d information destiné à l ensemble des personnels soignants

Objectifs pédagogiques Faire face dans les meilleures conditions à une situation possible : l arrivée inopinée de victimes contaminées au cours d un attentat par les toxiques chimiques

Position du problème La stratégie préhospitalière actuelle repose sur un dispositif de décontamination des victimes sur le terrain, puis leur admission dans «un hôpital qui reste propre» Cependant un grand nombre de victimes contaminées souvent peu symptomatiques peuvent se rendre spontanément à l hôpital malgré la mise en œuvre du dispositif

Les 2 types d hôpitaux Hôpitaux de référence : - implantation d un module de décontamination préhospitalière (MDPH) - site privilégié de regroupement des victimes - consignes de regroupement diffusés en ce sens Hôpital avec SAU non référent : - accueil inopiné ou par défaut Objet du document

Circonstances (1) Le victimes se présentent avec des symptômes mineurs dans les hôpitaux les plus proches du site Les victimes après un certain délai se rendent à l hôpital le plus proche de leur domicile ou de leur travail

Circonstances (2) L alerte par le SAMU peut ne pas encore avoir été déclenchée L attentat chimique est probable devant plusieurs victimes présentant simultanément des signes oculaires, respiratoires cutanés, neurologiques

Les principaux risques La dissémination du toxique à l hôpital La contamination du personnel soignant L aggravation de l état des victimes

Les risques de contamination au personnel et de dissémination du toxique Par contact direct avec le patient et ses vêtements Par les vapeurs se dégageant de la victimes et de ses vêtements Des précautions simples réduisent considérablement le risque

Les précautions simples Protection du personnel Isolement des victimes Décontamination précoce

Protection du personnel Tenue légère de décontamination : - Gants - Combinaison - Masque avec cartouche Cette tenue est obligatoire avant tout contact avec les patients

Tenue de protection Tenue légère de décontamination «TOM»

Tenue Tenue légère légère de de protection protection ««TOM TOM»» Permet de se protéger efficacement au contact des victimes

Matériel alternatif Gros gants de cuisine Combinaison usage unique pour mécano Masque avec cartouche filtrante ou cagoule de fuite incendie

Gants de protection Latex NON Butyle OUI Vinyle à défaut

Isolement des victimes Circuit différent du flux des urgences classiques Local vaste, à proximité immédiate du SAU Importance de l aération pour éviter une concentration de vapeur Arrêter le recyclage de l air

Prise en charge psychologique initiale Pour limiter l angoisse et la panique Rassurer en expliquant et en justifiant les procédures Donner des ordres simples et précis Obtenir l adhésion du plus grand nombre

Décontamination rapide (1) Demander à la victime : - de se déshabiller - de placer ses vêtements dans un sac plastique étanche - de mettre les objets précieux et papier d identité dans un sac transparent étanche

Décontamination rapide (2) Demander à la victime de se doucher soigneusement pendant 10 minutes Enrichir l eau de la douche avec l eau de Javel dilué (1/20) ou du bicarbonate Attention à l évacuation des eaux usées Lavage chlorée des douches

Information immédiate Information immédiate : du chef de service de la direction de l hôpital du SAMU Le SAMU informe dès identification de la nature du toxique et de son traitement Après la décontamination : établir une liste exhaustive des victimes prises en charge

Après la décontamination (1) Séchage : linge à usage unique Habillage avec «pyjama» à usage unique Regroupement des victimes Stockage des sacs de vêtements fermés dans un local aéré et à distance Mise en oeuvre des soins nécessaires

Après la décontamination Soins non spécifiques (2) Comme pour tout patient mais : Ports de gants Limiter les déplacements dans l hôpital Limiter les examens complémentaires Traitements spécialisés et antidotes : Après communication de la nature du toxique par le SAMU En respectant les protocoles établis en annexe

Hospitalisation et transfert Hospitalisation dans un service libéré ou libre suivant la procédure «Plan Blanc» Transfert secondaire seulement vers un service spécialisé après régulation et à limiter au maximum Retour à domicile de la majorité des victimes

Circonstances Cas particulier (1) Patient grave inopiné Hôpital à proximité immédiate du site Aggravation retardée (dans les 24 heures) Procédures : par du personnel protégé La réanimation prime sur la décontamination Gestes de survie immédiats Décontamination, déshabillage et douche

Cas particulier Le personnel s est contaminé Circonstances : Contact sans protection avec une victime Déshabillage imprudent de la tenue de décontamination Procédures : Douche soigneuse Changement complet de vêtement Mise au repos Traitement si symptômes

Principales classes de toxiques Les classes Les neurotoxiques Les suffocants Les vésicants Les caractéristiques Toxicité et latence : influent sur la prise en charge médicale Persistance et transmissibilité : influent sur l organisation des secours et des soins

Clinique Les neurotoxiques organophosphorés Sarin,Tabun, Soman, Vx Exposition massive ou inhalation Paralysie centres respiratoires Paralysie motrice flasque Bronchospasme Hypersécrétion Coma et convulsions Décès Exposition brève aux vapeurs Myosis serré + douleur frontale Rhinorrhée, hypersialorrhée, ventilation sifflante + toux Larmoiement

Les neurotoxiques organophosphorés Sarin,Tabun, Soman, Vx Contamination Liquide + vapeurs Effets systémiques retardés si contact cutané Traverse les vêtements, le cuir, le caoutchouc Traitement initial Apport oxygène ventilation assistée en O2 pur Atropine 2 mg/15 min IM ou IV puis 1 à 2 mg/h Valium 10 mg IM à répéter Contrathion 200 à 400 mg IV lent à renouveler après 30 min, puis toutes les 4 à 6 h

Suffocants : Phosgène Clinique Irritation des yeux Signes respiratoires, oppression OAP après intervalle libre Etat de choc Contamination Par les vapeurs, odeur classique de «foin coupé» Effets toxiques immédiats si fortes concentrations Rarement contact liquide

Suffocants : Phosgène Traitement initial Soustraire le patient à l atmosphère contaminée ++ Mise au repos : effort majore la survenue d OAP lésionnel Réchauffement Oxygène, ventilation assistée avec PEP si besoin Les corticoïdes sont discutés Morphine si douleurs, attention à la dépression respiratoire

Vésicants : Ypérite et Lewisite Clinique : signes Respiratoires: asphyxie mécanique, œdème pulmonaire lésionnel, puis surinfection et septicémie Cutanés : érythème, prurit, phlyctènes, nécrose, infection Oculaires : picotement, atteinte cornéenne, cécité Digestifs : nausées, vomissements, diarrhées sanglantes Contamination Liquide + vapeurs Persistance sur le sol Ypérite: effet insidieux et retardé de 1 à 48h Lewisite : effet plus rapide, douleurs immédiates

Vésicants : Ypérite et Lewisite Traitement initial Ypérite : Pas d antidote spécifique Lewisite : BAL 3mg/kg/24h IM profond dans une seringue en verre Ventilation assistée + oxygène si besoin Antalgiques majeurs et sédatifs Si possible saupoudrage de la peau avant lavage Lavage très abondant des yeux

Préparation à l accueil (1) Elaboration d un plan local complémentaire du Plan Blanc Reconnaissance des locaux Détermination du circuit patient Localisation des douches fixées ou mobiles

Préparation à l accueil (2) Acquisition du matériel par SAU: 10 tenues de décontamination légère 100 sacs poubelle épais 100 sachets transparents Médicaments : pour 20 patients Atropine Valium Methyl sulfate de pralidoxime (Contrathion )

Préparation à l accueil (3) Information pour tout le personnel Consignes écrites dans le SAU avec fiches réflexe et protocole de traitement Si possible exercice de mise en situation

Conclusion Un matériel simple mais adapté Le respect des consignes rudimentaires mais efficaces Limite les risques de contamination améliore la prise en charge des victimes