Prise en charge d un corps étranger des voies aériennes chez l enfant au domicile et aux urgences

Documents pareils
Contrôle difficile non prévu des voies aériennes: photographie des pratiques

Equipe de Direction : -Docteur Christine BOURDEAU Responsable médical. - Annie PAPON Cadre responsable

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Evaluation d un nouveau vidéo endoscope bronchique à usage unique avec canal opérateur en réanimation

DEMONSTRATION DE FONCTIONNEMENT DU DÉFIBRILLATEUR

Ce document est destiné à vous permettre de découvrir l offre de formation du Centre d enseignement des soins d urgence du Bas-Rhin (CESU 67).

Accueil du nouveau-né en cas d accouchement extra-hospitalier

Consignes de remplissage - Grille de recueil - Thème DAN2

Actualité sur la prise en charge de l arrêt cardiaque

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

25/09/2014 CR : BRASSIER Julia. LEVERRIER Floriane L2 Médecine d'urgence (AFGSU) P. MICHELET 8 pages. Détresse vitale Arrêt cardiaque Alerte

Mémoire pour le Diplôme Inter Universitaire de Pédagogie Médicale. Par Valeria Martinez. Titre. Nouveau programme d enseignement des urgences à

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Urgence de terrain : conduite à tenir Actualisation de la réanimation cardio-pulmonaire

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

Atelier gestes d urgences

Vous intervenez en équipage SMUR sur un accident de la voie publique : à votre arrivée sur les lieux, vous trouvez un homme d environ 30 ans au sol à

Groupe 1 somnovni 12/12/14

Manuel d utilisation du Défibrillateur automatisé externe (DAE)

Pro. EPN- Education Nationale Initiation grand public ACR et DAE Page - 1 -

Le sevrage de la trachéotomie

Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire (CFRC) Recommandations pour l organisation de programmes de défibrillation


URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

Objectifs et Modalités. Présentation : Dr M. Hours, INRETS

quelques points essentiels

informations pratiques

Or 4 victimes sur 5 qui survivent à un arrêt cardiaque ont bénéficié de ces gestes simples pratiqués par le premier témoin.

Formation à l utilisation du défibrillateur semi-automatique (DSA)

Des produits et des services qui optimisent les performances des défibrillateurs

Échographie normale et pathologique du grand pectoral

Prise en charge de l embolie pulmonaire

LES FORMATIONS CONTINUéES

LA SIMULATION: INTERETS EN FORMATIION MEDICALE CONTINUE. C Assouline

Le Kin-AP Évaluation des Aptitudes paramédicales

La douleur induite par les soins

Délivrance de l information à la personne sur son état de santé

dmt Organisation des urgences dans l entreprise Sauvetage-secourisme du travail (89 TC 85)

Qui et quand opérer. au cours du traitement de l EI?

PLATE-FORME COMMUNE UNE SOLUTION LOGICIELLE UNIQUE POUR AMÉLIORER LA PRODUCTIVITÉ. Logiciel DIRECTVIEW V5 pour CR et DR

Transport des victimes d accidents par les taxis de Ho Chi Minh ville

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Approche centrée e sur le patient

Essais cliniques de phase 0 : état de la littérature

Défibrillation et Grand Public. Méd-Cl JAN Didier Médecin chef Méd-Cne PIVERT Pascaline

Lombalgie inflammatoire. François Couture Rhumatologue Hôpital Maisonneuve Rosemont Avril 2010

INAUGURATION DU CESU Centre d Enseignement des Soins d Urgence

Carte de soins et d urgence

Diagnostic et Monitoring de la pathologie respiratoire du sommeil en Peut-on faire plus simple?

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

Formation aux Premiers Secours

Les solutions en Kiné Respiratoire par Portex. Améliorer la qualité de vie THÉRAPIE RESPIRATOIRE

L INFIRMIER (ERE) DIPLOME(E) D ETAT SEUL DEVANT UNE

Fiche d'inscription PARENTS

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

URGENCES. Conférence sur la nouvelle téléphonie et l informatique au sein du Centre de réception et de régulation des appels.

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

Journées de cardiologie Jeudi 31 mai 2012 Dr JM DUPUIS Service de cardiologie CHU ANGERS

NAVA pourquoi pas. Stéphane Delisle RRT, PhD, FCCM Mohamed Ait Si M Hamed, inh. BSc.

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Ken Bell s Sommaire des Abréviations

Fiche descriptive de l indicateur : Tenue du dossier anesthésique (DAN)

o Non o Non o Oui o Non

Certificat SSO de formation postgrade en médecine dentaire générale

Le laboratoire Laerdal, leader du marché du matériel de simulation adhère à ce projet et se propose d en être le principal partenaire.

FMC, EPP et Accréditation : adieu! Bonjour le Développement Professionnel Continu

Participation de l Assurance Maladie à l assurance en Responsabilité Civile Professionnelle des médecins libéraux

Le prélèvement d organes anticipé/prémédité. Ethique et Greffe Journée du 9 octobre 2012 Dr Laurent Martin-Lefèvre Réanimation La Roche-sur-Yon

L'oxygène. Rappel. plus d informations au : ou par mail à : gaz-medicaux@spengler.fr

La ventilation non invasive aux soins intensifs

Essais précoces non comparatifs : principes et calcul du nombre de sujets nécessaire

{ Introduction. Proposition GIHP 05/12/2014

INTUBATION DU NOUVEAU-NÉ LORS DE LA PRISE EN CHARGE PAR LES SMUR PÉDIATRIQUES : DONNÉES DE L ÉTUDE EPIPPAIN

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

MODULE D EXERCICE PROFESSIONNEL NOTION MÉDICO-ÉCONOMIQUE DES DE RADIOLOGIE ET IMAGERIE MÉDICALE. Dr F Lefèvre (1-2), Pr M Claudon (2)

La problématique de la prise en charge d un patient obèse. Pierre Vanaudenaeren CoAMU Province du Hainaut

ÉNONCÉ DE PRINCIPE CONJOINT DE L'AMERICAN COLLEGE OF SPORTS MEDICINE ET DE L'AMERICAN HEART ASSOCIATION

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

PANORAMA NORD AMÉRICAIN ET EUROPÉEN DES COMPÉTENCES DES INFIRMIERS DES URGENCES

RECOMMANDATIONS OFFICIELLES - DEFIBRILLATEURS AUTOMATISES EXTERNES

Les défibrillateurs POWERHEART G3

GHUPC Projet de transformation du site Hôtel Dieu. Pr S CHAUSSADE, Dr I. FERRAND

recommandations pour les médecins de famille

Respiration abdominale d effort encore appelée respiration abdominale inversée

FICHES FORMATIONS 2013

Question 5 Difficult airway algorithms and management Question 5

Formation à l'utilisation du défibrillateur semi-automatique Filière professionnelle

PRINCIPE ET FONCTIONNEMENT DES DÉFIBRILLATEURS AUTOMATIQUES IMPLANTABLES (DAI)

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

CONTROVERSE : IDR OU QUANTIFERON LORS D'UN CONTAGE EN EHPAD?

LE CHARIOT D URGENCE EN EHPAD POUR QUOI FAIRE?

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Conseils sur la conduite à tenir en cas de suicide d un salarié sur le lieu de travail

JURIDIC ACCESS. Le droit pour les professionnels de santé

Evaluation péri-opératoire de la tolérance à l effort chez le patient cancéreux. Anne FREYNET Masseur-kinésithérapeute CHU Bordeaux

7e ÉDITION. Secourisme en milieu de travail. en milieu de travail.

Transcription:

Urgences Dr JF Diependaele : pédiatre responsable du SMUR Pédiatrique Régional de Lille, SMUR 59, CHRU de Lille 59037 Lille cedex Prise en charge d un corps étranger des voies aériennes chez l enfant au domicile et aux urgences Le risque d inhalation d un corps étranger dans les voies respiratoires d un enfant est d autant plus fréquent que l enfant est petit (incidence de 4 pour 10 000 enfants en France en 1980). Des raisons anatomiques et des comportements particuliers de l enfant à cet âge de la vie expliquent cette incidence élevée. Cette inhalation peut être mortelle (jusqu à 7% des décès accidentels chez l enfant de moins de 4 ans aux USA en 1986). L objectif premier doit être de rétablir la perméabilité des voies aériennes supérieures. Toute manœuvre d expulsion intempestive peut néanmoins se révéler plus délétère que bénéfique. Le diagnostic est plus ou moins aisé car le syndrome de pénétration évocateur peut faire défaut si l accident est passé inaperçu ou a été minimisé par l entourage ou le médecin ; c est notamment le cas lorsque le CE est bronchique. Des errements diagnostiques peuvent retarder la prise en charge. Selon les circonstances, nous distinguerons de façon schématique 3 situations : Chacune de ces situations nécessite une prise en charge particulière de l enfant Un accès de toux brutal peut survenir en présence des parents (lors de jeux, au cours d alimentation) correspondant à un accès de suffocation ; rapidement régressif sans détresse respiratoire, alors la position choisie spontanément par l enfant doit être conservée. Il ne faut pas sous-estimer l accident, l appel à un médecin et le transfert qui sera souvent médicalisé, s imposent toujours. Une détresse respiratoire avec toux inefficace, cyanose, tirage, dyspnée (inspiratoire ou aux 2 temps) est rapidement mal supportée même si l enfant reste conscient. Il faut agir : appeler le SAMU, suivre les conseils d expulsion du CE (Monfenson, Heimlich selon l âge) Chez un enfant inconscient, en arrêt respiratoire dont les premières manœuvres de réanimation et notamment la ventilation au ballon ou au bouche à bouche se révèlent inefficace, on évoque une obstruction des voies aériennes par un corps étranger. Il faut commencer dès que possible le BLS suivi de la prise en charge particulière de l ALS adapté à cet accident qui sera rappelé par des algorithmes décisionnels. Quelque soit la situation, l hospitalisation est obligatoire et le transport et l orientation vers un service adapté est fonction de l état clinique de l enfant.

Diagnostic clinique, radiologique et intervention thérapeutique par fibroscopie ou endoscopie rigide sous anesthésie générale sont rappelés dans le diaporama. Un tableau récapitulatif est donné avec la fréquence de signes principaux et leur gravité. La conduite à tenir à domicile, lors du transport, aux urgences est abordée : A domicile En insistant sur le respect de la position de l enfant, les manœuvres d expulsion à ne pratiquer que lorsque la détresse met rapidement le pronostic vital en jeu. En Intervention SMUR et en transport En insistant sur les gestes d urgence, la mise en condition, les techniques de recours (ventilation en pression, intubation, cricoïdotomie) et les particularités du transport médicalisé qui doit être systématique, et l orientation de l enfant vers le service adapté. Aux Urgences En insistant sur le choix raisonné entre fibroscopie souple sous sédation, et endoscopie rigide sous AG. Un algorithme décisionnel actualisé (ERC) précise la conduite à tenir en cas de suspicion ou de certitude d inhalation d un CE dans les voies respiratoires d un enfant.

Référence : 1. Chiu CY, Wong KS, Lai SH, Hsia SH, Wu CT. Factors predicting early diagnosis of foreign body aspiration in children. Pediatr Emerg Care 2005;21(3):161-4. 2. Martinot A, Closset M, Marquette CH, Hue V, Deschildre A, Ramon P, et al. Indications for flexible versus rigid bronchoscopy in children with suspected foreign-body aspiration. Am J Respir Crit Care Med 1997;155(5):1676-9. 3. Esclamado RM, Richardson MA. Laryngotracheal foreign bodies in children. A comparison with bronchial foreign bodies. Am J Dis Child 1987;141(3):259-62. 4. Heyer CM, Bollmeier ME, Rossler L, Nuesslein TG, Stephan V, Bauer TT, et al. Evaluation of clinical, radiologic, and laboratory prebronchoscopy findings in children with suspected foreign body aspiration. J Pediatr Surg 2006;41(11):1882-8. 5. Even L, Heno N, Talmon Y, Samet E, Zonis Z, Kugelman A. Diagnostic evaluation of foreign body aspiration in children: a prospective study. J Pediatr Surg 2005;40(7):1122-7. 6. Heimlich HJ, Patrick EA. The Heimlich maneuver. Best technique for saving any choking victim's life. Postgrad Med 1990;87(6):38-48, 53. 7. Mofenson HC, Greensher J. Management of the choking child. Pediatr Clin North Am 1985;32(1):183-92. 8. Part 11: Pediatric Basic Life Support. Circulation 2005;112(24_suppl):IV156-IV166.

JLAR 2008 RESUMES www.jlar.com

Vérifier la sévérité de l obstruction Toux inefficace Toux efficace Inconscient Ouvrir les VA 5 ventilations Débuter la RCP 15:2 Conscient 5 tapes dorsales 5 compressions (thorax pour le nourrisson = Mofenson) (abdominal pour l enfant > 1an =Heimlich) Encourager la toux Surveiller si la toux devient inefficace ou extraction possible JLAR 2008 RESUMES www.jlar.com

Extraction de CE chez l enfant conscient Vérifier les VA Vérifier les VA 5 compressions thoraciques NOURRISSON Pas de respiration efficace ENFANT 5 compressions abdominales 5 tapes dorsales Détérioration de la conscience 5 tapes dorsales Algorithme Enfant INCONSCIENT Extraction de CE chez l enfant inconscient Réanimation cardio-respiratoire Ouvrir les VA NOURRISSON Essayer 5 insufflations Pas de soulèvement thoracique après 5 insufflations Essayer 5 insufflations ENFANT Ouvrir les VA Vérifier la bouche RCP RCP Vérifier la bouche 15 ou 30 compressions thoraciques 15 ou 30 compressions thoraciques 2 ventilations 2 ventilations JLAR 2008 RESUMES www.jlar.com