FICHE N 4 L évaluation de l exposition radiologique des personnes au radium et à ses descendants sur des sites pollués

Documents pareils
LA RADIOACTIVITE NATURELLE RENFORCEE CAS DE LA MESURE DU RADON - A L G A D E

Les ambigüités et les difficultés d application du décret travailleur

Le but de la radioprotection est d empêcher ou de réduire les LES PRINCIPES DE LA RADIOPROTECTION

La radioprotection des travailleurs

20 ans après l accident nucléaire de Tchernobyl: Les conséquences en Suisse

Sensibilisation à la protection contre les rayonnements ionisants

L INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE (IRSN)

Médecine nucléaire Diagnostic in vivo

Présentation des règles et procédures. environnement nucléaire

La dosimétrie physique, mesurer pour optimiser

TECHNIQUE DU FROID ET DU CONDITIONNEMENT DE L AIR. confort = équilibre entre l'homme et l'ambiance

POINT SUR LES CONSEQUENCES SANITAIRES DE L ACCIDENT DE TCHERNOBYL

Complément: Sources naturelles de rayonnement

Médecine nucléaire Diagnostic in vivo

L IRSN VOUS OUVRE TOUTES SES PORTES

Notice UTILISATION DE SOURCES RADIOACTIVES (domaine non médical)

Circulaire DGT/ASN n 04 du 21 avril 2010 relative aux mesures de prévention des risques d exposition aux rayonnements ionisants

CONTROLES DEFAILLANTS Des contaminations radioactives à répétition

Actions de l Autorité de Sûreté Nucléaire. Le contrôle de la dépollution & L information des publics

Le Plomb dans l eau AGENCE NATIONALE POUR L AMÉLIORATION DE L HABITAT

Conséquences radiologiques et dosimétriques en cas d accident nucléaire : prise en compte dans la démarche de sûreté et enjeux de protection

DOSSIER DE PRESSE. L IRSN présente sa stratégie de surveillance de la radioactivité dans l environnement de la Vallée du Rhône.

«Actualités réglementaires en radioprotection»

L IRSN et la surveillance de l environnement. Etat des lieux et perspectives

AVIS. de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l alimentation, de l environnement et du travail

Les leçons tirées de l accident de Fukushima feront éventuellement l objet d une version révisée dans le futur. H. Métivier SFRP

Éditorial. La gestion des sites et sols pollués par de la radioactivité. Jean-Christophe NIEL Directeur général de l ASN

Les conséquences sanitaires de l accident de Fukushima Dai-ichi : point de situation en février 2012

Avant-propos. Paris, le 15 novembre Le Directeur de l habitat, de l urbanisme et des paysages. Le Directeur général de la santé.

Ressources pour l école élémentaire

Gestion de la crise sanitaire grippe A

Pourtant, la preuve est faite, de manière scientifique, que le tabagisme passif comporte des risques réels pour la santé.

ETAT DES LIEUX DE LA RADIOPROTECTION DANS LES SERVICES DE MEDECINE NUCLEAIRE

MODULE NATIONAL D ENSEIGNEMENT DE RADIOPROTECTION DU DES DE RADIOLOGIE

Comme les précédentes,

N/Réf. : CODEP-PRS Hôpital d'instruction des Armées du Val de Grâce 74 boulevard de Port Royal PARIS

Domaine Santé. Plan d études cadre Modules complémentaires santé. HES-SO, les 5 et 6 mai PEC Modules complémentaires santé

THEME 2 : CORPS HUMAIN ET SANTE : L EXERCICE PHYSIQUE

Jauges nucléaires et sécurité au travail

Guide d établissement des budgets des propositions soumises aux appels à projets de

Calcul des pertes de pression et dimensionnement des conduits de ventilation

Devenez point de chute d une ferme du réseau québécois d agriculture soutenue par la communauté (ASC)

Acides et bases. Acides et bases Page 1 sur 6

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

La physique nucléaire et ses applications

eduscol Santé et social Enseignement d'exploration

Le plomb dans les peintures Quelles obligations pour les propriétaires?

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

Toutes les animations sont gratuites et ouvertes à tous!

',5(&7,9((85$720'8&216(,/ GXPDL

CONSOLIDATION OFFICIEUSE

LE ROLE DES INCITATIONS MONETAIRES DANS LA DEMANDE DE SOINS : UNE EVALUATION EMPIRIQUE.

levenok.com Identification du lot sur le document four ni par le demandeur

Grilles de lecture données environnement 2013 Tableau de bord de suivi des opérations de démantèlement

Le Centre industriel de regroupement, d entreposage et de stockage

ACOUSTIQUE REGLEMENTATION ISOLEMENT AUX BRUITS AÉRIENS ISOLEMENT AUX BRUITS DE CHOCS

Lutte contre l étalement urbain

Concertation relative à la mise en place du compte personnel de prévention de la pénibilité Michel de Virville

Parties communes et services

Principes généraux de la modélisation de la dispersion atmosphérique

2.0 Interprétation des cotes d évaluation des risques relatifs aux produits

Réf. : Code de l environnement, notamment ses articles L et L Code de la santé publique, notamment ses articles L et R.

1. LES ESTIMATIONS DE COÛTS DOIVENT ÊTRE EXHAUSTIVES ET FOURNISSENT AINSI UNE VUE D ENSEMBLE

CRIIRAD. Mars n 51. Commission de Recherche et d Information Indépendantes sur la Radioactivité GAZ DE SCHISTE

Transmission des données de la surveillance de l exposition interne au système SISERI Description du format de fichier

Données de base et données en fonction du type d affectation

Rosemont- La Petite-Patrie. Îlots de chaleur urbains. Tout. savoir! ce qu il faut

Re-Certification 2012 Programme complet > 8 modules

DIAGNOSTIQUEUR IMMOBILIER. Cursus complet théorique et pratique

Récapitulatif de l audit énergétique de la copropriété 1 relais de la Poste à RANTIGNY 25/11/13

Table des matières. Date 31/01/2007 Remplace la version du 11/01/2006. Auteur et mise à jour Approuvé Type de document CBP monitoring de l air et MPP

Saisie des chauffe-eau thermodynamiques à compression électrique

CHAPITRE 4. APPLICATION DE LA NOTION D ETABLISSEMENT STABLE

Programme détaillé de la formation AVEC PRE REQUIS ( Bac+2 bâtiment ou 3ans d expérience dans les techniques du bâtiment)

Installations classées pour la protection de l'environnement Campagne de mesure de bruit SOMMAIRE I. OBJET DE L ETUDE... 3

L IMPACT DE LA MUTUALISATION SUR LES RESSOURCES HUMAINES

Direction du Logement et de l'habitat Sous-Direction de l'habitat

TABLE DES MATIÈRES. 1- Historique Types de ventilateurs et leurs différents usages... 1

1. Identification de la substance ou préparation et de la Société. 2. Composition/ informations sur les composants

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMPs)

L opération étudiée : le SDEF

1 ROLE ET DESCRIPTION DES DIESELS D ULTIME SECOURS

1. L'été le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années.

La surveillance biologique des salariés Surveiller pour prévenir

DEMANDE DE RECONNAISSANCE D UN CERTIFICAT D ESSAI CB

ANF Becquerel Assurance qualité Normalisation.

N/Réf. : CODEP-PRS Monsieur le Directeur Institut Gustave Roussy (IGR) 39, rue Camille Desmoulins VILLEJUIF

RÉNOVATION ET ENTRETIEN DU PARC DE LOGEMENT SOCIAL ET RÉGION WALLONNE: BESOINS EN FINANCEMENT

Campagne de mesures d exposition aux fibres d amiante par microscopie électronique à transmission analytique (META)

La solution santé et prévoyance modulable de Generali.

JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LES RISQUES

Veuillez trouver ci-joint le devis concernant notre proposition Responsabilité Civile.

Multichronomètre SA10 Présentation générale

Qualité de l environnement intérieur de bâtiments performants en énergie : premiers résultats d exploitation des données de la base nationale OQAI-BPE

RESUME SYNTHETIQUE DE L IMPACT DES DELESTAGES SUR L ACTIVITE ECONOMIQUE ET LE BIEN ETRE DES POPULATIONS

Vos assurances à la retraite

LA DÉMARCHE GLOBALE DE PRÉVENTION

Panneau solaire ALDEN

Chapitre 2 RÉACTIONS NUCLÉAIRES

ACCESSION. Prêts ACCESSION dans le neuf (construction d une maison individuelle ou achat d un logement neuf) Prêt ACCESSION dans l ancien sans travaux

Transcription:

FICHE N 4 L évaluation de l exposition radiologique des personnes au radium et à ses descendants sur des sites pollués Cette fiche présente l objectif et la démarche générale suivie par l IRSN pour évaluer l exposition au radium et à ses descendants à laquelle peuvent être soumises les personnes occupant ou fréquentant des sites pollués par du radium. La méthodologie mise en œuvre pour chaque voie d exposition est décrite. 1. LES PRINCIPES GENERAUX DE L EVALUATION DOSIMETRIQUE 1.1. L Objectif L évaluation des doses dues à l exposition au radium et à ses descendants sur les sites pollués vise à estimer le niveau de risque qui résulte de cette exposition pour la santé des personnes occupant ou fréquentant ces sites. Les résultats de cette évaluation ne sont pas directement utilisés pour décider des actions de réhabilitation qui pourraient, le cas échéant, être entreprises à l issue du diagnostic, mais ils peuvent contribuer à guider le choix de ces actions. Les personnes occupant des lieux pollués par du radium et ses descendants radioactifs peuvent être exposées aux rayonnements ionisants émis par ces radionucléides, selon différentes voies, de manière concomitante (fiche IRSN n 3). La dose efficace est utilisée pour évaluer l impact sanitaire global lié à cette exposition. Rappelons que la dose efficace est un indicateur de radioprotection défini par la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) ; elle prend en compte les doses délivrées à chacun des organes du corps humain exposés à des rayonnements ionisants et leur sensibilité propre à ces rayonnements. Elle s exprime en millisievert (msv). Siège social 31, av. de la Division Leclerc 92260 Fontenay-aux-Roses Standard +33 (0)1 58 35 88 88 RCS Nanterre B 440 546 018 1.2. La démarche L évaluation des doses efficaces reçues par une personne nécessite d une part, de disposer de toutes les caractéristiques radiologiques du site concerné (ces données sont obtenues lors de la campagne de diagnostic réalisée par l IRSN, cf. fiche IRSN n 2), d autre part de prendre en compte les paramètres individuels liés au mode de vie dont sont susceptibles de dépendre les différentes voies d exposition (en particulier les temps passés à différents endroits, compte tenu des variations du niveau de la radioactivité d un endroit à l autre du site). Le calcul de la dose efficace dans des situations où les sources et les voies d exposition sont multiples peut être relativement complexe ; ce calcul doit être effectué de manière d autant plus fine que le niveau de pollution est élevé. Inversement, la précision du calcul n est pas nécessairement requise si le niveau d exposition est très faible, l ordre de grandeur de la dose étant dans ce cas suffisant pour conclure à l absence de risque ou de nécessité d engager des actions de radioprotection. L approche retenue par l IRSN pour procéder aux évaluations de dose est de type graduée (figure 1). Système de management de la qualité IRSN certifié

Figure 1 - Approche graduée de l évaluation dosimétrique Lorsqu aucun marquage radiologique 1 par du radium n a été mis en évidence sur le site, aucune évaluation de dose n est entreprise. A contrario, lorsqu un marquage radiologique par du radium a été identifié, les évaluations de dose sont réalisées en tenant compte de l ampleur du marquage et de sa localisation. Si le marquage se trouve en dehors de lieux où le temps de séjour est significatif (par exemple, une partie commune d un immeuble) l évaluation de dose est réalisée de manière simplifiée, en s attachant à estimer les doses maximales susceptibles d être reçues. Dans le cas contraire (par exemple dans une habitation : une chambre à coucher ou une salle à manger ; sur un lieu de travail : un bureau ), le débit de dose moyen dans les pièces concernées est déterminé à partir des mesures. Si ce débit de dose moyen (bruit de fond naturel déduit) est inférieur à 0,3 µsv/h, il est considéré comme peu vraisemblable que la dose efficace annuelle pour les occupants soit supérieure à 1 msv. La dose efficace est alors calculée sur la base de scénarios avec des profils d individus standards dont on estime forfaitairement les temps respectifs passés dans les différentes pièces et, le cas échéant, à l extérieur. Des exemples de profils standards sont donnés dans le tableau 1. 1 Désigne une pollution par le radium et ses descendants conduisant à dépasser 2 fois le bruit de fond naturel

Tableau 1 Exemples de temps de présence (heures par jour, en moyenne sur l année) pour des profils d individus standards, dans les différentes parties de la propriété et sur la voirie du quartier* chambre salon autres voirie sous-sol jardin pièces quartier profil 1 9,5 7 1 0,5 2 0,5 profil 2 9 3,5 2 0,5 1 0,5 profil 3 13 7 0 0 2 0,5 profil 4 12 4 0 0 2 0,5 * La somme des heures passées dans chaque partie de la propriété est inférieure à 24h, il est supposé que le reste de la journée est passé à l extérieur. Profil 1 : Personne adulte sans activité extérieure, restant à domicile Profil 2 : Personne adulte ayant une activité extérieure Profil 2 : Enfant de trois ans en permanence au domicile Profil 3 : Enfant de dix ans scolarisé. Si le débit de dose moyen (toujours bruit de fond naturel déduit) est supérieur à 0,3 µsv/h, le calcul est «personnalisé» : la dose efficace est calculée en prenant en compte les données propres aux individus concernés, recueillies directement auprès de ceux-ci. De manière exceptionnelle, au cas par cas (contamination labile significative avérée), des mesures individuelles de la contamination interne (examens anthroporadiamétriques et analyses radiotoxicologiques) peuvent être mises en œuvre ( 4). 2. L EVALUATION DOSIMETRIQUE L évaluation dosimétrique comprend la dose externe ainsi que les doses internes par inhalation et ingestion. Les données radiologiques et celles relatives à l individu sur lesquelles repose cette évaluation sont indiquées sur la figure 2. Données individuelles Données radiologiques Âge Catégorie : public /travailleur Activité (sommeil, exercice léger ) Lieux de séjour Temps d occupation dans les différents lieux (h/jour) Débit de dose gamma ambiant (µsv.h -1 ) Contamination surfacique labile (Bq.m -2 ) Activité volumique de radon (Bq.m -3 ) Activité du sol (Bq.kg -1 ) Scénarios d exposition personnalisés / standards Evaluations dosimétriques Dose externe Dose interne (hors radon)

2.1. Dose externe Figure 2 Données nécessaires à l évaluation dosimétrique D une manière générale, il est admis que le débit de dose moyen mesuré dans chaque pièce est représentatif de celui auquel est exposé en moyenne un individu qui s y trouve. La dose cumulée sur une année est alors calculée en considérant les temps moyens d occupation de chacune de ces pièces au cours de l année. Lorsque des niveaux de débit de dose très variables sont mesurés et que le temps de présence n est pas le même en tout point, la dose efficace peut être calculée de manière plus réaliste à partir des mesures de débit de dose gamma ambiant aux différents points et en tenant compte des temps passés en ces points. La même démarche est suivie, le cas échéant, pour une exposition à l extérieur des bâtiments. 2.2. Dose interne Le calcul de la dose interne est réalisé dans le cas où une quantité significative de radium présent sur les surfaces accessibles aux personnes n est pas fixée (pollution dite labile). Le calcul prend alors en considération les différents radionucléides identifiés (radium 226 et ses descendants). 2.2.1 Inhalation La principale voie d exposition interne est l inhalation de poussières de radium (et de ses descendants) dans l air des pièces de bâtiment, par suite d une remise en suspension de particule radioactives présentes en surface dans ces pièces, ou par transfert de la pollution du sol extérieur puis remise en suspension également (fiche IRSN n 3). Les quantités de radionucléides remises en suspension dans l air sont estimées à l aide de coefficients de remise en suspension déterminés expérimentalement : 10-5 m -1 pendant les heures de sommeil (cas d une circulation d air sur la pollution radioactive labile, provoquée par la ventilation ambiante) et 5.10-5 m -1 pendant les heures de veille (cas de la marche d une personne sur une surface présentant une pollution radioactive labile). La dose due à l inhalation des particules présentes dans l air est ensuite calculée à l aide des coefficients de dose fixés par le code de la santé publique (tableau 2), tenant compte des temps passés et des débits respiratoires des individus issus de la publication 66 de la Commission internationale de protection radiologique (tableau 3). Tableau 2 - Coefficients de dose pour l inhalation (Sv par Bq inhalé) 226 Ra 210 Pb 210 Po Adulte 3,5.10-6 1,1.10-6 3,3.10-6 Enfant de 10 ans Enfant de 3 ans* 4,9.10-6 1,5.10-6 4,6.10-6 9,0.10-6 3,0.10-6 8,9.10-6 * la réglementation ne fournit pas de valeurs pour les enfants de 3 ans ; les valeurs données ici ont été obtenues en faisant la moyenne des valeurs correspondant aux enfants de 1 à 2 ans et de 2 à 7 ans

Tableau 3 - Débits respiratoires (m 3 /h) en fonction de l'âge et de l'activité (CIPR 66) Adulte Enfant de 10 ans Enfant de 3 ans* Repos 0,5 0,4 0,2 Activité modérée 1,4 0,9 0,4 Activité intense 2,9 0,9 0,40 * La CIPR ne propose pas de valeur pour les enfants de 3 ans. Les valeurs utilisées ont été calculées par interpolation linéaire entre 1 an et 5 ans. Les débits respiratoires correspondant aux périodes de repos sont appliqués aux temps passés dans les chambres. Le séjour dans toutes les autres pièces d'habitation est considéré comme une activité modérée. 2.2.2 Ingestion Si les investigations menées sur un site montre l existence d un jardin potager sur un sol pollué par du radium, les doses efficaces annuelles dues à l ingestion de produits récoltés dans ce jardin peuvent être calculées en fonction, d une part de l activité de radium et de ses descendants dans les produits, d autre part des quantités de ces produits consommés annuellement. L activité est estimée pour chaque type de légume ou fruit, à partir de l activité de ces radionucléides dans le sol, en appliquant des coefficients de transfert sol-végétaux, ou, lorsque cela est possible, à l aide des mesures d activité du radium et de ses descendants dans les légumes cultivés. Bien que plus délicat en raison des incertitudes sur les paramètres d exposition, il est également possible d estimer l activité incorporée par inadvertance par un individu, en particulier si celui-ci ingère de la terre polluée par du radium ou encore s il porte ses doigts à la bouche alors que ceux-ci avaient été contaminés par du radium, par exemple en frottant la main sur une surface ou un matériau qui présente une pollution en radium non fortement fixée sur son support. Le calcul de la dose efficace engagée par ingestion (d aliments ou involontaire) de radium 226 et de ses descendants à période longue, le plomb 210 et le polonium 210, prend en compte des coefficients de dose fixés par le code de la santé publique dont les valeurs sont fonction de l âge de l individu (tableau 4). Tableau 4 - Coefficients de dose pour le calcul de la dose efficace liée à l ingestion (Sv par Bq ingéré) 226 Ra 210 Pb 210 Po Adulte 2,8.10-7 6,9.10-7 1,2.10-6 Enfant de 10 ans 8,0.10-7 1,9.10-6 2,6.10-6 Enfant de 3 ans* 7,9.10-7 2,9.10-6 6,6.10-6 * la réglementation ne fournit pas de valeurs pour les enfants de 3 ans ; les valeurs données ici ont été obtenues en faisant la moyenne des valeurs correspondant aux enfants de 1 à 2 ans et de 2 à 7 ans

2.3. Exposition au radon L activité volumique du radon dans l air des bâtiments fluctue de manière importante selon les heures et les mois de l année, en fonction de phénomènes météorologiques et du mode de vie des occupants (les valeurs observées la nuit sont généralement supérieures à celles de la journée, de même les valeurs observées en hiver sont plus élevées qu en été). L évaluation précise de l exposition des individus au radon nécessite par conséquent de disposer de mesures sur de longues périodes de manière à intégrer ces fluctuations et permettre de calculer une activité moyenne de radon représentative à l échelle de l année. Etant donné que seules des mesures de radon instantanées ou sur une courte durée sont réalisées au cours d un diagnostic radiologique, il n est pas envisageable de déterminer avec précision l activité moyenne à l échelle d une année. Il s agit seulement de fournir une estimation du niveau approximatif d exposition des occupants et de le comparer au niveau moyen ambiant dans les bâtiments de la région considérée. 3. MESURE INDIVIDUELLE DE LA CONTAMINATION INTERNE Après inhalation ou ingestion de radium-226, la quantité de radionucléide présente dans l organisme peut être mesurée, soit par examen anthroporadiamétrique, soit par analyse radiotoxicologique des excréta (urines ou selles). L examen anthroporadiamétrique est réalisé en laboratoire, en plaçant des détecteurs de rayonnements à proximité du corps. Cet examen permet d évaluer la quantité de radium retenue dans l organisme. L analyse des excréta consiste, quant à elle, à déterminer la quantité de radium éliminée quotidiennement par l organisme. Quel que soit le type d examen réalisé, une estimation des doses efficaces reçues peut être réalisée à partir du résultat de la mesure et des données recueillies sur les conditions d exposition de la personne. Les doses efficaces minimales détectables dépendent de la voie d incorporation (ingestion ou inhalation), de la limite de détection des analyses, du temps pendant lequel la personne a été exposée à la source de contamination et de son âge lors de cette exposition. En pratique, ce sont les analyses de selles qui permettent de détecter les plus faibles niveaux de contamination interne par du radium, suivies des analyses d urines. Les examens anthroporadiamétriques ont des seuils de détection nettement plus élevés et sont réservés à des cas de contamination particuliers ou plus importants que ceux attendus. Le tableau 5 montre les doses efficaces annuelles minimales détectables pour un adulte séjournant depuis 10 ans dans un lieu pollué par du radium 226, compte tenu des limites de détection des analyses mises en œuvre. Les limites de détection considérées sont de 800 Bq de radium 226 pour la mesure anthroporadiamétrique corps entier, de 20 mbq/l pour la mesure urinaire et de 10 mbq/échantillon dans les selles (valeurs IRSN). Tableau 5 - Activités incorporées minimales détectables et doses efficaces minimales détectables selon la voie d incorporation et l examen pratiqué Analyse Activité ingérée ingestion Dose efficace annuelle Activité incorporée inhalation Dose efficace annuelle Urines 5 Bq/j 0,5 msv 7 Bq/j 9 msv Selles 10 mbq/j 1 µsv 0,03 Bq/j 39 µsv Anthroporadiamétrie corps entier 43 Bq/j 4 msv 30 Bq/j 38 msv

L interprétation de la mesure doit tenir compte du radium 226 naturellement présent dans l organisme (charge corporelle de 1,3 Bq environ en moyenne), qui provient de l alimentation. Comte tenu des performances de ces méthodes d analyses et de la relative lourdeur de leur mise en œuvre, les mesures individuelles de contamination interne ne sont réalisées qu au cas par cas, et restent donc exceptionnelles.