L Inferno 23/08/2014, par Laurent C. Après Embrun, j étais à la recherche d un nouvel objectif. Après quelques hésitations et discussions avec Alice (qui l a fait en 2012), je me suis arrêté sur l inferno triathlon. Il a l avantage d avoir du dénivelé et de se dérouler dans un cadre exceptionnel. J hésitais avec l Altriman mais après avoir visionné quelques vidéos sur youtube j ai opté pour ce magnifique triathlon. L objectif étant fixé, il n y avait plus qu à réfléchir à la préparation sachant que, fait nouveau, il y a du VTT en plus! En effet, l inferno c est 3,1 km de natation, 100km de vélo avec 2200m D+, 30 km de VTT avec 1100m D+, et une «promenade» de 25 km avec 2200m D+ avec l arrivée à 3000m d altitude. Séjour en Suisse et reconnaissance des parcours Direction lac de Thun lieu du départ natation où nous avons prévu, avec la petite famille, de venir quelques jours avant pour profiter de cette région magnifique. Arrivé sur place, j en profite pour aller reconnaître une partie du parcours vélo qui est constitué de deux montées : une première roulante puis une deuxième plus sérieuse. Après avoir reconnu la première côte en voiture, Muriel et moi allons reconnaître la seconde montée qui se termine à la «Grosse Scheidegg» : 16 km de montée, 1300m D+, des pourcentages variés et assez marrants (je vous invite à aller voir sur internet. C est grandiose!) Pour le VTT, le profil semble plus simple avec 11km de montée régulière pour 1100m D+. L arrivée est à la «Kleine Scheidegg», au pied de 3 sommets de 4000M (EIGER, MONCH, et JUNGFRAU). Le site est magique! La CAP est constituée de 2 parties : d abord 5 Km en faux plat descendant, puis 7 km de montée avec 900M D+ et 5km de chemin en balcon pour arriver à Mürren (à 1640m d altitude). Ensuite, les choses sérieuses commencent : 8 km avec 1300M de D+ pour arriver au Schiltorn à 2900m d altitude. Deux jours avant le jour J, nous nous motivons, Muriel et moi, pour aller nager dans le lac L eau n est pas très chaude (environ 16 ) Dur d y rentrer mais après l alpe d huez tout est chaud... La veille de la course, je fais le tour des différents parcs vélo et cap afin de tout installer Grosse organisation car on ne repasse jamais au même endroit et donc pas le droit de se rater!!! En arrivant au 1 er parc vélo (sortie de la natation), je vois les autres triathlètes repartir avec leur dossard et j interroge l arbitre qui me dit «the swimming is canceled». Il m explique que l eau du lac est à 13 et que la natation est remplacée par 3 Kms de cap car c est trop dangereux Génial! J ai pris qu une paire de basket pour courir Après une réorganisation rapide, je termine mon tour des parcs vélo frustré de ne pas faire l inferno complet et d avoir fait de longues séances de natation assidues, rigoureuses et sérieuses pour rien!!! Même si la natation n est pas mon truc, ce n est plus un triathlon Bref, on est tous dans les mêmes conditions!
Du coup, je refais mes calculs : l objectif est de finir en moins de douze heures et j avais compté 1h pour la natation et la transition Le départ est reculé à 7h15 au lieu de 6H30. Etant donné que j envisage de courir les 3 kil de départ en 15 mn, l objectif reste donc une arrivée au Schiltorn vers 18H30. Le jour J Nous sommes environs 400 triathlètes prêts à partir courir les 3 Kms dans les rues d Oberhofen et pour la première fois l ambiance commence à monter. Je pars dans la queue de peloton (l habitude de la natation.) ça se bouscule un peu sur les 500 premiers mètres puis on tourne sur une jolie montée dans une grande rue fermée.ne pas s emballer car je n ai pas préparé ce genre de transition La CAP se passe globalement bien et j arrive au parc vélo en 14 mn sans me mettre dedans. Muriel et les filles donnent de la voix et m encouragent Le vélo commence par 500m de plat pour attaquer directement par le gros de la première montée avec des pentes entre 9 et 11% sur trois kilomètresl. Les sensations ne sont pas très bonnes et je n ai pas de jambes, je décide alors de tout mettre à gauche et de mouliner je me rends compte que ça monte assez vite mais sans plus. Puis, jusqu au kil 22, les montées- plat descentes s enchaînent avant une jolie descente rapide et peu dangereuse : peu de coups de pédale avec des jolies pointes à 75km/H (petit souvenir des descentes d Espagne sans pédaler ). Arrivé à Interlaken on retrouve un peu de spectateurs et n ayant pas encore vu Muriel et les filles, je pensais que la route était fermée aux voitures. Les 40 Kms suivants sont plats et très roulants C est toujours délicat de choisir entre perdre du temps ou se griller bêtement... Mais bon, le revêtement offre un bon rendement et ça roule entre 38 et 45Kms/H un petit groupe se forme C est le moment où Muriel et les filles me rattrapent et m encouragent. Ensuite, les routes deviennent plus étroites et les voitures accompagnatrices peuvent difficilement passer surtout que cela roule quand même plutôt vite. Avec les encouragements de la famille je n ai pas vu passer les 40 kms et j arrive à Meiringen, début de la montée vers la «Grosse Scheidegg». Je voulais arriver à Meiringen vers 10h au plus tard et il est 9 H20 super, j ai de l avance et je vais pouvoir gérer sereinement la montée. La montée fait 18 km. Les 2 premiers sont à 5% puis après la montée se fait en trois parties avec deux gros plats de 1 ou 2 kilomètres qui permettent de récupérer et s alimenter. Entre ces replats les pourcentages sont plutôt marrant surtout les 6 derniers kilomètres où il y a un mur de 400m à 14% puis du 9 à 10%. Bref, ayant reconnu le parcours, j adopte toujours la même méthode (tout à gauche) et je laisse partir le petit groupe qui roulait avec moi où il y avait trois filles qui feront 1 ère, 2 ème et 3 ème à l arrivée. Les jambes répondent mieux et je décide de ne pas remettre de dents et de continuer à faire tourner les jambes mais plus vite Je me rends compte que plus on monte et plus je reprends de monde, l effet de l altitude commence à en attaquer quelques-uns. Pas de chance coté météo car on est dans le nuage à partir de 1800m et c est vraiment dommage car le spectacle est magnifique C est le
pays d Heidi, on distingue les 4000, les ruisseaux, les chemins, les chalets, les cloches des vaches qui raisonnent partout. C est fabuleux.. On attaque la descente raide et technique sur une dizaine de kilomètre pour arriver à Grindelwald. Bonne descente j essaie de m alimenter mais je manque de m étouffer en mangeant ma barre de céréales C est impossible de lâcher les freins pas moyen de boire quoique ce soit J arrive enfin à l aire de transition pour récupérer le VTT où je retrouve la petite famille qui donne encore de la voix! Transition un peu longue : j avais choisi de changer de maillot de vélo en mettant tout le ravito dedans pour le VTT et changement de chaussures également. On attaque le VTT directement par une montée régulière qui est goudronnée sur les 2/3. J ai plutôt de bonnes sensations et la transition se passe bien car je tourne les jambes quasiment à la même vitesse qu en route direction la «Kleine Scheidegg» (allez voir sur internet c est magique ). Un peu déçu d être toujours dans ce nuage qui nous empêche de voir tous ces 4000 qui nous entourent, ces glaciers suspendus Avant d arriver au sommet il y a un gros «coup de cul» où tout le monde descend du vélo. Je me rappelle de la conversation que j avais avec les amis d Alice qui offraient une bière à celui qui resterait sur le vélo Etant pas trop mal, je tente de voir jusqu où je vais monter et si il y a de l adhérence on ne sait jamais. Mauvaise idée! En effet, c est très raide et les cuisses commencent à piquer, incendie dans les cuisses puis méchantes sensations à l adducteur droit je descends alors vite du vélo et fais comme tout le monde (de toute façon je ne bois pas de bière ). A la Kleine Scheidegg on bascule et n étant pas hyper serein dans les descentes VTT, je décide d y aller tranquillement. Cela se passe bien et j arrive même à prendre du plaisir! Je suis resté sur le vélo et il y aura seulement 200m difficile où j ai préféré ne pas prendre de risques en descendant du vélo. Enfin, les 5 derniers kms sont en faux plat montant pour arriver à l aire de transition CAP J arrive à Stecheilberg où je retrouve les filles, ça fait du bien de les voir et les entendre Muriel me dit que je suis bien et que c est super je suis en avance sur le timing En entrant dans la tente de transition pour récupérer mes affaires de cap, je suis surpris par le nombre de sacs encore là et je me dis : «super, tu as bien gazé!» jusqu au moment où je me rends compte que tu reposes ton sac là où tu l as pris ( LOL ). Les 5 premiers kil permettent de bien retrouver ses jambes. Je pars à mon rythme et ma montre indique 14-15Kms/H. J ai de bonnes sensations jusqu à ce qu une nana me dépose facilement puis un gars ils sortent d où??? En fait, il y a une course relais et ils sont frais!!! Mais bon ça met toujours un coup au moral. Après les 5 kilo, on attaque la montée, pas très raide au départ, en lacets et je cours sur les 3 premiers kil, puis je prends la décision d opter pour une marche rapide afin d économiser les jambes. Bonne option car quand ça monte, ceux qui continuent de courir ne prennent pas beaucoup de temps et se fatiguent cela va me permettre de les doubler sur les 5 kil avant Mürren qui sont en balcon et plus roulants. Je pensais mettre deux heures pour arriver à Mürren ( 17 km et 900m D+) et je suis un peu avance sur mes horaires. A Mürren, on retrouve un peu l ambiance d Embrun avec beaucoup de monde car
c est le Finish des relais. Le public reconnait les dossards orange de ceux qui continuent vers le Schiltorn et nous encourage d autant plus. Les filles sont là et leurs encouragements me donnent des ailes. On avait le droit à une assistance pour des affaires chaudes afin de monter à 3000 donc je récupère à l arrache une veste chaude puis continue ma course sur le même rythme. Les choses sérieuses commencent. 7 km pour 1300m de D+ ça va piquer. A partir de là, la question de savoir si tu cours ou pas ne se pose plus tu n as plus le choix et c est une pente sans cesse croissante! On entre de nouveau dans le nuage, le jour blanc avec un visu de 2 ou 3 mètres au mieux.il y a un ravito tous les 2 kil il devient compliqué de manger quoi que ce soit le bouillon et le thé proposés au ravito passent assez bien mais je sens que ça commence à tirer sérieusement cela fait plus de 2H30 que je cours et on vient de se faire plus de 600m de dénivelé sur 2km. Je regarde ma montre : encore 500m de dénivelé pour 3 kil environ. Je sais que maintenant c est tout dans la tête Je double un groupe de randonneurs qui essaient de voir les sommets. Ils parlent français, ça fait du bien, et je leur demande où est le Schiltorn. Ils me répondent : «ça doit être par là encore 600m». Je lui réponds : «non 500» et il insiste 600. En effet, quelques mètres plus loin, il y a une descente (ce n était pas prévu dans ma tête). La descente fait du bien aux jambes mais mentalement je viens de perdre 100m et ceux-là ils coutent cher!!! C est à ce moment-là que mon estomac réclame n importe quoi à manger mais mon cerveau ne veut plus rien avaler. De plus, le manque de repères visuels commence à me donner le tournis, plus de jambes ça sent l hypo et je me force à croquer deux cachets de sportenine en espérant que cela suffira. Dernier ravito à 2 kil de l arrivée : je prends du bouillon et miracle il y a du coca! Je réussis à le boire et repars sans m attarder trop longtemps... Une pensée me vient de notre sage Prez «L Inferno commence à Mürren et le reste n est qu une longue marche d approche» Je me concentre sur chaque pas qui est un de moins à faire avant l arrivée. Je vois le panneau 24 km plus qu 1!!! ma montre me donne 3km /h et il m est impossible de calculer combien de temps je vais mettre pour ce kil ( plus frais le garçon ). Je comprends mieux d où vient le nom INFERNO. On est plus proche de l escalade que de la CAP, je suis encore frustré de ne pas voir le paysage et, heureusement, le parcours est très bien indiqué avec des flèches jaunes tracées sur les rochers Panneau «500m» puis le son de l arrivée se fait de plus en plus fort c est toujours bon pour le moral! J aperçois un flash puis entend la voix de Muriel qui est descendue quelques mètres pour m accompagner. Elle m encourage et me devance en me disant : «aller 150m tu es arrivé, encore un virage, et c est bon» un virage puis encore un puis un autre ça finit jamais. Et enfin on arrive au pied de l escalier où on peut voir la plateforme d arrivée. Juliette m attend là, me prend la main et nous montons les marches ensemble. Là, une foule admirative applaudie et encourage. Agathe nous rejoint sur la plateforme pour courir jusqu à la ligne d arrivée. Je vois 10h12. Heureux et vidé. Je m assoie rapidement pour récupérer et apprécier, il fait 1. Satisfait du temps : l objectif «moins de douze heures» est atteint. Si on ajoute les 45 mn de natation à 10h12, je suis en dessous de 11h et je termine 69 ème (J aime bien aussi.)
En résumé c est vraiment un super triathlon dans un cadre magnifique, la partie VTT casse la monotonie de la partie vélo. La CAP vaut largement un marathon plat, l effort est différent Je le recommande à tous! Le plus difficile ce sont les barrières horaires.messieurs les Traileurs c est pour vous Max Je te vois bien faire un gros truc là-haut Je veux remercier tous ceux qui m ont aidé et supporté (dans tous les sens) durant la préparation et la course. Merci pour tous vos messages PS : je cherche des amis. J ai vu un truc sympa pour l année prochaine, Le SWISSMAN