Ultra trails contraintes nutritionnelles et organiques A.X. Bigard Agence Française de Lutte contre le Dopage, Paris Institut National du Sport, de l Expertise et de la Performance, Paris Président de la Société française de médecine de l exercice et du sport
Quelques caractéristiques communes
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? Etude du comportement en course d ultra-marathoniens (162 km) (Stellingwerff 2015)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apports pré-course (dans les 3h qui précèdent) 70 g CHO, 29 g protéines, 22 g lipides - Apports en course 93% de l apport énergétique sous forme de barres, gels boissons énergétiques, etc.
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - glucose absorbé par le transporteur SGLT1 (sodium-dépendant), dépendant), avec débit max de 1 à 1,2 g/min, quelle que soit sa forme d apport. - fructose absorbé par Glut-5, transporteur non sodium-dépendant. dépendant. - intérêt potentiel de l apport de différents types de glucides, utilisant différents transporteurs intestinaux.
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) intérêt de la combinaison glucose + fructose (2:1) 9% glucose 6% + 3% fructose (Jentjens et coll., 2006)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) (Stellingwerff et coll., 2015)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Chez les ultra-marathoniens ne faisant pas partie de l élite, les apports en glucides sont plus faibles : 41 g/h. Déficit de 1300 2000 kcal (Eden et Abernathy, 1994 Glace et coll., 2002 Moran et coll., 2011 Stuempfle et coll., 2013) (Knechtle et coll., 2014)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Au cours d un trail en montagne, 44 km, 2890 m de dénivelé, Coureurs amateurs.. (Kruseman et coll., 2005)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Au cours d un trail en montagne, 44 km, 2890 m de dénivelé, Coureurs amateurs. (Kruseman et coll., 2005)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Course sur terrain varié de 60 ou 120 km, sans dénivelé (NL), 40 coureurs amateurs très entraînés. - 24% des coureurs atteignent les recommandations d apport glucidique, - 14,6% atteignent les recommandations d apport hydrominéral. (Wardenaar et coll., 2015)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Au cours d un ultra-marathon de 24 h, 3 19 C Coureurs très entraînés, performances 122 à 208 km. (Costa et coll., 2014)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Au cours d un ultra-marathon de 24 h, 3 19 C Coureurs très entraînés, performances 122 à 208 km. (Costa et coll., 2014)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement Au cours d un ultra-marathon de 24 h, 3 19 C Coureurs très entraînés, performances 122 à 208 km. L apport énergétique (glucides) est un vrai challenge qui conditionne les performances (Costa et coll., 2014)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement - Les apports hydrominéraux Au cours d un ultra-trail de 160 km, en 24 h 18 min de moyenne, Etude sur 19 coureurs. - presque 18 L de fluides consommés pendant la course, dont 30% par les aliments, - moyenne de consommation 103 ml/km, soit 170 ml toutes les 15 min. (Glace et coll., 2002)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement - Les apports hydrominéraux Au cours d un ultra-marathon de 24 h, 3 19 C Coureurs très entraînés, performances 122 à 208 km. - de 3,2 à 16,2 L, soit de 152 à 673 ml/h, - 62 % d eau plate, 38 % de boissons énergétiques. (Costa et coll., 2014)
Quelles pratiques en course? Les recommandations sont elles appliquées? - Apport massif en glucides pendant la course (71 g/h) - Les apports semblent dépendre du niveau d entraînement - Les apports hydrominéraux Au cours d un ultra-marathon de 24 h, 3 19 C Coureurs très entraînés, performances 122 à 208 km. - pas d état de déshydratation nette pour la plupart des coureurs, - ce n est pas un état systématique en course. (Costa et coll., 2014)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs - Très fréquents en course à pied, - 50 à 80% des coureurs s en plaignent, - Expliquent 50% des abandons sur marathon. Tous Hommes (n=159) Femmes (n=12) n % n % n % Nausées 25 Vomissements 4 14,7 2,4 22 4 13,9 2,5 3 0 25 0 Gastralgies 19 11,2 19 12 0 0 «Points de côté» 32 18,8 27 17,1 5 41,7 Douleurs intestinales 15 8,8 12 7,6 3 25 Diarrhées 10 5,9 7 4,4 3 25 (Rehrer et coll., 1992) - trail 67 km dans les Alpes, - étude sur 170 coureurs à l arrivée, - 43% des coureurs ont présentés des signes digestifs.
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs - Très fréquents en course à pied, - 50 à 80% des coureurs s en plaignent, - Expliquent 50% des abandons sur marathon. Exercice Déshydratation Débit sanguin splanchnique Perméabilité digestive Endotoxémie Signes digestifs
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs Au cours d un ultra-trail de 160 km, en 24 h 18 min de moyenne, Etude sur 19 coureurs, 9 d entre eux ont souffert de troubles digestifs (47%). - pas d influence de l apport alimentaire pendant la course, - tendance statistique à la sensibilisation par la consommation d AINS avant la course, - relation avec l état d entraînement. (Glace et coll., 2002)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs Au cours d un ultra-trail de 160 km, en 24 h 18 min de moyenne, Etude sur 19 coureurs, 9 d entre eux ont souffert de troubles digestifs (47%). - pas d influence de l apport alimentaire pendant la course, - tendance statistique à la sensibilisation par la consommation d AINS avant la course, - relation avec l état d entraînement. A. Biopsie de muqueuse gastrique avant un exercice prolongé à la course. Coloration au PAS montrant l abondance du mucus. B. Après la course, érosion de l épithélium de surface et disparition du mucus. (Gaudin et coll., 1990)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs Course sur terrain varié de 60 ou 120 km, sans dénivelé (NL), 40 coureurs amateurs très entraînés. - 83% des coureurs déclarent une gêne (Wardenaar et coll., 2015)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs Course sur terrain varié de 160 km, sans dénivelé, température ambiante 15-28 C 15 coureurs amateurs très entraînés, 8 abandons. - 60% des coureurs déclarent une gêne digestive (n=9), - nausées (89%), - crampes abdominales (44%), - diarrhée (44%), - vomissement, (22%). - pour la plupart, début des signes entre le 50 ème et le 100 ème kilomètre, - seules associations retrouvées, avec - l apport de boissons, - la consommation de graisses. (Stuempfle et coll., 2013)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles digestifs Course sur terrain varié de 160 km, sans dénivelé, température ambiante 15-28 C 15 coureurs amateurs très entraînés, 8 abandons. L origine des troubles digestifs est multifactorielle. Il existe de nombreux facteurs associés, liés à : - apport hydrique, - apport alimentaire (trop faible apport en graisse, fibres en excès, etc.), - prise d AINS, etc. (Stuempfle et coll., 2013)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Définitions. Troubles caractérisés par des perturbations psychologiques et des désordres physiologiques de l appétit et/ou de la consommation alimentaire (Inserm). Souvent associés à un trouble de l image du corps. Comportement alimentaire non-perturbé :
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Définitions. Troubles caractérisés par des perturbations psychologiques et des désordres physiologiques de l appétit et/ou de la consommation alimentaire (Inserm). Souvent associés à un trouble de l image du corps. Comportement alimentaire non-perturbé : - répondant à l ensemble des facteurs biologiques périphériques et centraux impliqués dans la prise alimentaire. Présentations. Très différentes : anorexie mentale, boulimie, binge eating. Chez les sportifs (sportives), - surtout anorexie et boulimie. - principalement anorexie, anorexia athletica.
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Anorexia athletica.
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Prévalence chez les sportifs. Pour de multiples disciplines (96 athlètes vs 31 non-sportifs) EAT = eating attitude test 21 questions pour la forme adaptée aux sportifs. (Filaire et coll., 2007)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Prévalence chez les sportifs. Pour de multiples disciplines (356 athlètes vs 31 non-sportifs) Identification de 6 sports à risque Facteurs de risque. Sports à catégories de poids, Esthétique comme critère de performance, Faible poids corporel considéré avant tout comme un facteur d amélioration des performances (+++). (Andrés et coll., 2010)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Intégration dans le syndrome de la triade de la femme athlète. Association faibles apports énergétiques, oligo- aménorrhée, altération de la densité minérale osseuse. Importance fondamentale à restaurer les réserves énergétiques dans le cadre de disciplines à forte dépense. A l origine du syndrome de la triade de la femme athlète : - faible disponibilité en énergie après des dépenses énergétiques très importantes, - restriction spontanée des apports, - troubles du comportement alimentaire.
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Est-ce que les ultra-trails sont à risque? Enquête sur plus de 300 femmes ayant participé à un ultramarathon Le déficit 80% d apport n ont jamais énergétique entendu parler (et les de troubles ce syndrome, du comportement 1% en connait associés les 3 placent signes principaux, les femmes 48% considèrent comme normal leur aménorrhée, athlètes à risque de Triade). 33% sont en déficit d apport énergétique régulier, Les conséquences à terme sont importantes 5% ont des signes cliniques évidents de trouble du comportement - devenir alimentaire. masse osseuse - devenir masse musculaire, etc. 68% considèrent que le contrôle de leur poids corporel est essentiel à leur réussite sportive. 44% des femmes interrogées sont à risque de triade. (Folscher et coll., 2015)
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Détection des troubles du comportement alimentaire Identification des facteurs de risque : Début de la compétition, Antécédents traumatologiques (blessures musculaires, articulaires, etc.), Pressions de l entraîneur, de l entourage, Obsession de la performance (démarches personnelles, motivation, perfectionnisme, etc.), Faible estime de soi. Relations avec l alimentation : Fluctuations pondérales Faibles capacités à auto-réguler son alimentation Préoccupation obsessionnelle.
Quelles conséquences de ces pratiques? Les troubles du comportement alimentaire Conduite à tenir devant les demandes de régime restrictif : Enquête diététique, bilan des apports (et dépenses), Evaluation de la composition corporelle (DEXA), Re-discuter l intérêt e la démarche avec l athlète.
Conclusions Les ultra-trails ou les «ultras-» sont des disciplines qui bénéficient d un énorme engouement, mais ce sont des disciplines qui restent 1. très contraignantes, 2. l atteinte des recommandations nutritionnelles reste rare, pour lesquelles le diététicien tient une place fondamentale pour la réussite sportive et le maintien de l état de santé, en 1. éduquant le sportif 2. assurant sa surveillance, et son accompagnement nutritionnel.