Démence et fin de vie chez la personne âgée. Dr Sophie HAMON Gériatre EMSP Hôpital NORD

Documents pareils
Démence et fin de vie chez la personne âgée

Quelles attitudes en fin de vie? Acharnement? Euthanasie? Soins palliatifs?

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Droits des personnes malades en fin de vie

Calendrier des formations INTER en 2011

droits des malades et fin de vie

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

Migraine et Abus de Médicaments

Référentiel Officine

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Moteur de recherche : Daniel Goutaine Page d'accueil Rubrique : contentions

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Semaine de la sécurité des patients: novembre 2012

Droits des malades en fin de vie. Connaître la loi Leonetti et l appliquer

La migraine : une maladie qui se traite

L approche éthique en gérontechnologie

Information destinée aux proches. Comment communiquer avec une personne atteinte de démence? Conseils pratiques

GUICHET D ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE

Des dispositifs de prise en charge et d accompagnement de la maladie d alzheimer

Maltraitance Technophobie Technophilie Technopénie Pr Robert Moulias Commission Age Droits Liberté Fédération contre la Maltraitance (ex ALMA

Ethique, don d organe et Agence de la Biomédecine

PROCEDURE D EVALUATION ET DE PREVENTION DU RISQUE DE CHUTE ET DE MAINTIEN DE LA MOBILITE

Prise en charge palliative chez les personnes ayant une démence

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

L arthrose, ses maux si on en parlait!

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

L E C O U T E P r i n c i p e s, t e c h n i q u e s e t a t t i t u d e s

Renseignements : Secrétariat Dispositif Diabest Tél rubrique diabétologie

testez-vous! Préparez vos partiels en toute sénérité!

Le guide. pour tout comprendre. Agence relevant du ministère de la santé

Spécial Praxies. Le nouveau TVneurones est enfin arrivé! Les métiers. NOUVEAUX JEUX de stimulation cognitive, orientés praxies.

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Définition, finalités et organisation

Repérage de la perte d autonomie

LEURS SERVICES ET LEUR CADRE DE PRATIQUE LES OPTOMÉTRISTES : LEUR FORMATION, LEURS SERVICES ET LEUR CADRE DE PRATIQUE

Traitement de l insuffisance rénale chronique terminale: Place de la greffe de donneur vivant

HABITAT INDIGNE, SOUFFRANCE PSYCHIQUE. ET DEFENSES DELIRANTES DANS LES EXCLUSIONS (internes et externes) Lyon, 2014

Insuffisance cardiaque

Autisme Questions/Réponses

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

LE MALADE EN FIN DE VIE

HISTORIQUE DES SOINS PALLIATIFS ET ENJEUX POUR LE FUTUR

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

prise en charge paramédicale dans une unité de soins

PARTENAIRES POUR UNE PLUS GRANDE QUALITÉ DES SOINS DE SANTÉ LA LOI RELATIVE AUX DROITS DU PATIENT

LES PROFESSIONNELS DE LA SANTE

Mention : STAPS. Sport, Prévention, Santé, Bien-être. Objectifs de la spécialité

Un guide à l attention des familles et proches COMA ET ÉTATS DE CONSCIENCE ALTÉRÉE SUITE À UNE ATTEINTE CÉRÉBRALE

prise en charge médicale dans une unité de soins

COMMENT PROUVER QUE LES SOINS NÉCESSAIRES NE SONT PAS DISPONIBLES OU ACCESSIBLES DANS VOTRE PAYS D ORIGINE?

GMS-Santé 2008 La Responsabilité du médecin du travail

le guide DON D ORGANES : DONNEUR OU PAS, je sais pour mes proches, ils savent pour moi L Agence de la biomédecine

CONTRAT D ACCUEIL. Parents Assistant(e)s Maternel(le)s. Proposé par les Relais Assistantes Maternelles du Haut-Rhin

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

eduscol Santé et social Enseignement d'exploration

Les tests génétiques à des fins médicales

Les stagiaires, au nombre de 12 maximum, disposent de tables de travail et de chaises.

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

Le décret du 2 mars 2006 a institué le Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique de niveau V.

Comment la proposer et la réaliser?

Questionnaire pour enfants avec trouble de voix

Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum Q19. Psychiatrie adulte Module D Pr Jean Louis Senon Année universitaire

Le soin diététique réalisé par un diététicien en établissement de santé

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

Ministère chargé de la santé Diplôme d Etat d infirmier. Portfolio de l étudiant

Domaine Santé. Plan d études cadre Modules complémentaires santé. HES-SO, les 5 et 6 mai PEC Modules complémentaires santé

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

MIGRAINE - TRAITEMENT

LA LETTRE DE MOTIVATION


Introduction. Les articles de la presse spécialisée tendent à nous laisser penser que c est en effet le cas :

TIC pour la santé et l'autonomie : évaluation des services rendus et modèles économiques, une approche nécessairement pluridisciplinaire

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

Information sur les programmes d autorisation préalable, de pharmacie désignée et de gestion des dossiers médicaux. Autorisation préalable

L articulation Hôpital de jour Accueil de jour

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

Les nouveaux anticoagulants oraux (NAC)

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

Devoirs, leçons et TDA/H1 Gaëtan Langlois, psychologue scolaire

Projet de santé. Nom du site : N Finess : (Sera prochainement attribué par les services de l ARS) Statut juridique : Raison Sociale :

REFLEXIONS POUR LE DEVELOPPEMENT D UNE PRATIQUE DE CONCERTATION PROFESSIONNELLE ENTRE MEDECINS ET PHARMACIENS DANS L INTERET DES MALADES

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Placebo Effet Placebo. Pr Claire Le Jeunne Hôtel Dieu- Médecine Interne et Thérapeutique Faculté de Médecine Paris Descartes

La notion de besoin peut décrire : La notion de besoin peut décrire :

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

La contention physique au service des urgences : indications et principes de mise en œuvre

IMR PEC-5.51 IM V2 19/05/2015. Date d'admission prévue avec le SRR : Date d'admission réelle : INFORMATIONS ADMINISTRATIVES ET SOCIALES

Le contexte. Définition : la greffe. Les besoins en greffons en constante augmentation

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

Assurance invalidité de courte durée. Guide du salarié

Le parcours en greffe de cellules hématopoïétiques : greffe allogénique

Doit on et peut on utiliser un placebo dans la prise en charge de la douleur?

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Journées de formation DMP

Transcription:

Démence et fin de vie chez la personne âgée Dr Sophie HAMON Gériatre EMSP Hôpital NORD

Plan Attitude palliative en gériatrie Douleur et démence Soins de confort, communication non verbale Ethique

Attitude palliative en gériatrie Fragilité, polypathologies, perte d autonomie, contres indications médicamenteuses =schéma thérapeutique alternant avec des phases curatives et palliatives Notion de lent mourir, état crépusculaire Objectifs des soins: qualité de vie, qualité des soins, respect de la dignité

Attitude palliative et démence 100 000 patients déments décèdent/an Démence=maladie incurable Médiane de survie au moment du diagnostic=4,2 ans pour les H; 5,7 ans pour les F. Début de la phase palliative difficile à déterminer, elle doit s inscrire dans un continuum de PEC au long court.

Attitude palliative et démence Les causes de décès chez les patients déments dépendent du stade de la maladie, du statut nutritionnel (albuminémie), du degrés de dépendance, des comorbidités. Pathologies entrainant le décès: pneumopathie, fracture iatrogénie

Douleur et démence Les processus d intégration corticaux de la douleur semblent parfois altérés au cours de la démence expliquant la modification des comportements douloureux Lien entre douleur, dépression et anxiété Troubles du langage= expression verbale de la douleur impossible

Douleur et démence douleur exprimée par une majoration des troubles du comportement: Cris, agressivité, prostration, refus alimentaire, déambulation incessante syndrome confusionnel Origine des douleurs: douleur musculo-squelletique ++, rétraction tendineuse, séquelle d AVC, neuropathie (DNID, ischémique, médicamenteuse )

Douleur et démence Evaluation de la douleur : DOLOPLUS 2 basée sur l observation du comportement (retentissements somatique, psycho-moteur, psychosocial), ALGOPLUS. Modification physiologique et altération de la fonction rénale= adapter les posologies Eviter les molécules potentiellement confusiogènes: acupan, codéine, tramadol Préférer les morphiniques+++ et la voie per os ou s/c

Soins de confort et communication non verbale Prise en soins primordiale, savoir être +++ Bienveillance, empathie Etablir une capture sensorielle avant de toucher le patient, voix douce, phrase simple, prosodie (langage non verbal) Ne jamais s opposer à un comportement agressif, ne pas s entêter à rétablir la vérité en cas de délire ou de DTS=anxiogène.

Soins de confort et communication Eviter la dépersonnalisation avec des «mamie», «ma chérie» Perte de leur mémoire, de leur histoire, vécu abandonnique, donc utiliser leur prénom, leur nom. Etre «tout au patient» au moment du soin. Avoir une attitude rassurante, enveloppante.

Soins de confort et communication non verbale Utiliser les sens: toucher, la musique ou le chant, l odorat, la vue, le goût. Espace SNOEZELEN=lieu multi sensoriel relaxant où le soignant prend contact sans avoir la contrainte du soin. Rassurer les familles qui pensent que le patient les a aussi oublié = notion de mémoire émotionnelle.

Ethique et démence L éthique médicale va tenir compte de principes: Religieux(catholique, islam, israélite ) Philosophiques(autonomie, vie sacrée.) Légaux (code de déontologie médicale, loi léonetti)

Ethique et démence en fin de vie Quelques principes philosophiques Le caractère sacré de la vie: Il motive et justifie le maintien de la vie à tout prix. La mission du médecin est, par essence, de guérir par tous les moyens dont il dispose, le patient qui s est confié à lui.

Ethique et démence en fin de vie Le respect de la personne: Le respect de la vie ne va pas toujours avec le respect de la personne humaine. Maintenir en vie par des moyens artificiels une personne dans un état dégradant qui ne lui procure que douleur, dégoût de soi, c est respecter une survie biologique sans respecter la personne humaine. Ici, s érige une valeur supérieure au respect de la vie, celle de la qualité de vie.

La qualité de vie: Mieux vaut assurer un confort de vie qui vaille la peine d être vécue que de survivre plus longtemps dans d affreuses conditions. Il faut regarder la personne dans son ensemble au lieu de la réduire à un simple corps menacé par la mort, menacé de tomber en panne! La Q de V a deux paramètres: la douleur et la dignité.

Le principe d autonomie: Qui peut décider mieux que lui-même de sa propre mort, du droit de poursuivre sa vie ou de l interrompre? Si le médecin accepte le choix du patient, il devient alors un serviteur humain au lieu d être un maître tyrannique.

Principe de bienfaisance: Chercher à faire le meilleur pour le patient. Agir dans l intérêt de celui-ci avant de penser à faire avancer la science. Agir pour le bien du patient n est pas tjs en accord avec les désirs de celui-ci. Il faut donc accepter que le consentement du patient guide la décision médicale.

Ethique et démence la loi léonetti en gériatrie Décision médicale fondée sur le caractère déraisonnable ou non de l acte envisagé Décision relevant de la responsabilité médicale Obligation de prendre en compte la volonté du patient (refus implicite ou explicite du patient)

Ethique et démence Loi Léonetti en gériatrie Procédure collégiale: Rechercher des volontés antérieurement exprimées par le patient (directives anticipées, personne de confiance, famille, tuteur ) Concertation en équipe pluridisciplinaire Avis médical extérieur à l équipe (rôle des EMSP) Notifier la décision et les arguments dans le dossier médical+++

Ethique et démence Intergroupe SFAP/SFGG a créé en janvier 2011 un outil d aide au questionnement en équipe face à une situation gériatrique relevant de la loi léonetti 6 fiches d analyse: ex: il va mourir de faim, de soif Un organigramme d aide à l application de cette loi en gériatrie: patient conscient ou non, apte à décider ou non.

Les 10 questions du Dr R.Sebag- Lanoë Quelle est la maladie principale du patient? Quel est son degré d évolution? Quelle est la nature de l épisode actuel surajouté? Est-il facilement curable ou non? Y-a-t-il une répétition récente des épisodes aigus rapprochés ou une multiplicité d atteintes pathologiques diverses?

Les 10 questions du Dr R.Sebag- Lanoë Que dit le malade s il peut le faire? Qu exprime t-il à travers son comportement corporel et sa coopération aux soins? Quelle est la qualité de son confort actuel? Qu en pense la famille? Qu en pensent les soignants qui le côtoient le plus souvent?

Montaigne disait que l homme a besoin d une sage femme pour l aider à venir au monde, et d un homme encore plus sage pour l aider à en sortir. Merci de votre attention.