Quelques instruments du Moyen-Âge et de la Renaissance LES CORDES * la vielle à roue : La vielle est le seul instrument à cordes et à clavier dont la roue sert d'archet. Il en existe sous de multiples formes (rondes, rectangulaires, plates... suivant les luthiers et les exigences des musiciens) dans toute l'europe. Elle est également connue sous les noms d'organistrum et de chifonie. Il y a sur la vielle à roue - en règle générale - six cordes : * 4 cordes libres, à note continue, qui donne l'accompagnement : - la mouche (tout petit bourdon) - le petit bourdon - le grand bourdon - la trompette, qui est le système percussif de l'instrument. Cette corde repose sur un chevalet très mobile (le chien) qui vibre très vite sur la table d'harmonie avec les accélérations de la roue (dits "coups de poignets") * 2 cordes mélodiques, les chanterelles. Fonctionnement de l'instrument : Pour obtenir un premier son, il faut actionner la roue à l'aide de la poignée et de la manivelle, ce qui a pour effet de faire vibrer les cordes posées sur la roue. On agit sur ces deux cordes par le clavier, munis de touches. Contrairement au violon, ce n'est pas l'application directe des doigts sur les cordes qui permet l'obtention de la note, mais des petits marteaux de bois - les sautreaux - qui raccourcissent la longueur vibrante de la corde (comme les doigts sur le manche d'une guitare). La roue joue le rôle d'un archet continu. 1
* le tympanon : Le tympanon est un instrument posé à plat où les cordes sont frappées au moyen de petites mailloches en bois. La technique de jeu consiste à faire rebondir ces mailloches très légères sur les cordes, fortement tendues. * la vièle à archet : C'est un instrument à cordes frottées, à l'aide d'un archet, dont les premières traces remontent au Moyen-âge. Il n'a cessé d'évoluer ce qui explique le fait qu'on le rencontre sous des formes extrêmement variées (triangulaire, ovale, ronde, etc.). Il en existe également de différentes tailles, donc de tessiture plus ou moins grave ou aiguë. 2
* le luth : C'est un instrument à cordes pincées ou grattées. Il a été rapporté en Occident par les Chrétiens au retour des croisades et descend d'un instrument persan ou arabe joué depuis l'antiquité : l'oud (ou l'ud). En Europe, aux XVIème et XVIIème siècles, c'est un instrument domestique, principalement utilisé pour accompagner le chant et la danse. Il est en forme de demi poire avec un manche à frettes et un cheviller en angle droit. De nombreux ornements sculptés et incrustations de bois de couleur ou de nacre font de chaque luth une véritable création artistique. * la citole : C'est un petit instrument à cordes pincées ou grattées ressemblant à une petite guitare avec, cependant, quelques caractéristiques propres : - elle est creusée dans la masse - elle comporte 4 à 8 cordes selon les modèles - les frettes, habituellement en boyau, sont remplacées par de petites plaquettes en bois. - le manche est largement creusé, laissant un large " trou de pouce". 3
* la cithare : C'est un instrument à cordes pincées dont on trouve les premières traces dès l'antiquité. Là encore, de nombreuses évolutions de l'instrument ont entraîné une grande variété de formes et de tailles selon les époques et les lieux. Les cordes sont tendues au-dessus d'une table de résonance et l'on en joue soit en posant la cithare à plat, soit en la tenant un peu comme une guitare. Il semble que le musicien devait fixer à l'extrémité de ses doigts de petits ustensiles permettant de pincer les cordes avec plus d'agilité. Maintenant, on utilise plutôt pour ce faire un plectre. * la cetera : La cetera est un instrument à cordes pincées, de la famille du cistre (en Corse, cistre se dit cetera). Sa caisse de résonance, en forme de poire, est à fond plat. Elle à 8 cordes métalliques doublées à l unisson, pour les trois premiers chœurs, et à l octave pour les cinq autres chœurs. 4
LES VENTS * la cornemuse Appelée également cornemuse à bourdon, elle est issue de la chevrette. La chevrette est un instrument à vent relativement simple qui se compose d'un réservoir d'air, en peau de chèvre, auquel sont hermétiquement fixés deux tuyaux percés de trous (appelés chalumeaux). Tout en jouant, l'instrumentiste remplit régulièrement le réservoir d'air en soufflant par un petit tube en roseau. Un système de valve ferme ce tube lorsque le musicien reprend son souffle. C'est l'évolution de cet instrument qui va donner naissance à la cornemuse à bourdon. A partir du XIVème siècle, on trouve donc un instrument plus élaboré du fait de plusieurs ajouts : - un, parfois deux ou trois chalumeaux supplémentaires sont ajoutés. Ils ne sont pas percés de trous car leur rôle se limite à tenir un bourdon (note tenue pendant tout le morceau). - le chalumeau principal (celui qui est percé de trous permettant ainsi l'exécution de plusieurs notes) est souvent remplacé par un hautbois à anche double, donnant beaucoup plus de puissance. 5
* la flûte à bec : C'est peut-être l'instrument ancien le plus connu, parce qu'aujourd'hui encore fréquemment utilisé dans l'enseignement musical au collège. Mais quand est-il réellement né? Pour fabriquer des flûtes ou des pipeaux, on a utilisé, pendant longtemps, des matières préalablement creuses : sureau, roseau, os, corne... Ce n'est semble-t-il qu'à partir du XIVème siècle que l'on a pu tourner et surtout percer régulièrement des pièces en bois de façon cylindrique. On peut donc considérer qu'à compter de ce moment, on dispose d'une véritable flûte à bec. Les améliorations techniques vont ensuite porter sur le sifflet et sur le nombre de trous (sept ou huit, plus un pour le pouce) offrant ainsi de plus larges possibilités d'expression et une tessiture (écart entre la note la plus grave et la note la plus aiguë) plus étendue. A partir du XVème siècle, sans doute grâce aux progrès dans la technique de tournage du bois, il devient possible de fabriquer des modèles de grande taille. A la Renaissance, il existe donc toute une famille de flûtes à bec, fréquemment jouées en ensemble. Sur les plus grands modèles, certaines distances entre les trous deviennent trop grandes pour l'écartement des doigts. Des clés, sortes de rallonges au doigt, ont donc été installées pour boucher les trous les plus éloignés. Leur 6
forme indique que l'on pouvait jouer aussi bien avec la main gauche qu'avec la main droite. Ces clés sont le plus souvent protégées par une fontanelle. * la flûte traversière Bien qu'elle soit aujourd'hui en métal, la flûte traversière est un instrument à vent de la famille des bois. Cela s'explique par le fait, qu'à l'origine, elle était fabriquée en bois. Assez peu répandue au Moyen-âge, elle est surtout utilisée à partir de la Renaissance, période à laquelle on la rencontre également sous le nom de traversaine, flûte d'allemagne ou de Bohême. L'instrument n'a commencé à se répandre en France qu'à la fin du XVe siècle, avec l'arrivée de mercenaires suisses, marchant au son du fifre. * la flûte de corne 7
C'est en fait une flûte taillée dans une corne évidée. La tessiture (écart entre la note la plus grave et la note la plus aiguë) en est relativement restreinte : de l'ordre d'une octave (de Do à Do ou de Ré à Ré...). Le fait que l'extrémité de l'instrument soit fermée, lui confère un son plus grave qu'un pipeau de taille semblable. On la trouve également sous le nom de gemshorn. Citons aussi la pivana, en Corse, à la différence près que cette dernière est ouverte à son extrémité. * la chalémie Présente dans toute l'europe, la chalémie est un instrument à anche double (petite lamelle de roseau pliée en deux) relativement proche des nombreux instruments à anche double répandus de la Chine au Maghreb. Il est probablement apparu dans le monde occidental par l'intermédiaire de l'espagne musulmane. Comme le montre la première photo, les lèvres du musicien viennent s'appuyer sur une pièce en bois couvrant en partie l'anche : la pirouette. La chalémie appartient à la catégorie des hauts-instruments (instruments à fort volume sonore destinés à être joués en plein air) et était souvent associée à une cornemuse. On pouvait également l'entendre en Alta Capella (ensemble de hauts-instruments qui accompagnait les fêtes et les danses). Par la suite, la manière de tailler les anches a évolué : ces dernières, plus fines, étaient mieux maintenues entre les lèvres serrées du musicien, ce qui permit l'évolution vers un instrument au son moins perçant et plus stable : la bombarde (à ne pas confondre avec l'instrument traditionnel 8
breton portant le même nom). De plus, le jeu se vit facilité par l'ajout d'une puis de plusieurs clés. * le hautbois à capsule Apparu vers le XVème siècle, le hautbois à capsule est un instrument proche de la chalémie, mais son anche double n'est plus serrée directement entre les lèvres. Elle est maintenue hermétiquement à l'intérieur d'une «capsule» et vibre librement dès que l'on souffle par l'étroite ouverture de celle-ci. Ce système présente l'avantage de minimiser l'usure de l'anche et s'avère moins fatigant pour le musicien. Mais les inconvénients en sont une sonorité trop égale, souvent puissante, mais sans nuances et sans variété. Par la suite, les hautbois à capsule se diversifient. La perce de l'instrument, la grandeur et la taille de l'anche leur confèrent des sonorités et des noms différents : Hautbois du Poitou, Cromorne, CornAmuse,... Comme les flûtes à bec, ils sont fréquemment joués ensemble, en famille de quatre instruments de tailles différentes. 9