LES MODULES ETRANGES 20 MARS - 27 AVRIL 2014 Julie Tocqueville, Julie Savoye, Britt Sprogis Elles sont trois. Trois jeunes artistes, diplômées de l Ecole des Beaux-Arts de Rouen. Trois invitées pour une exposition collective composée de trois courtes monographies, présentées tour à tour au 180. Trois épisodes d une petite série les Modules étranges, première saison. Episode 1 : la vitrine est traversée par un arbre, qui s est abattu dans la galerie ; un arbre planté, comme son jumeau, dans une haute jardinière en bois, marquant l entrée de l Aître Saint-Maclou et de l école des Beaux-Arts ; un arbre tombé, comme cet autre arbre (un tilleul) enraciné derrière l église Saint-Maclou, qui s était abattu, bruissant, sur la rue Martainville à l automne 2012 ; un arbre qui, en tombant ici, aujourd hui, à travers la vitrine, l a gardé miraculeusement intacte. L événement est spectaculaire et impossible. Accident sans dégât, la fiction mise en scène par Julie Tocqueville a le caractère théâtral des spectacles de prestidigitation et l apparence fantastique des films de science-fiction. L artiste intervient au seuil du lieu d exposition qui déborde, pour l occasion sur le trottoir qui le longe. Episode 2 : la vitrine est complètement brouillée vous voyez flou et rose. Julie Savoye a choisi de laisser l espace vide, pour n intervenir que sur ses contours. La cimaise principale est utilisée comme support d un geste répété : des bandes de scotch rouge translucide, coupées à la mesure de l écartement des bras de l artiste, sont apposées, les unes à la suite des autres, sur toute la hauteur et toute la largeur du mur. Conséquences de ses hésitations, des fluctuations de sa concentration ou de sa fatigue, les irrégularités (dans la longueur, l espacement, l horizontalité des bandes) font vibrer la surface du mur. Le protocole défini par l artiste se trouve ainsi incarné et trahi par son exécution non pas mécanique mais humaine (comme on parlerait d une erreur). Appliquée au pinceau sur le verre, une colle transparente habituellement utilisée pour relier des livres brouille la transparence de la vitrine, en faisant un écran. Depuis l intérieur du lieu, la perception de l extérieur est modifiée : la rue ressemble à une peinture, la vitrine recouverte de colle à un vernis. Depuis l extérieur, la perception de l intervention de l artiste à l intérieur est également altérée : le lieu ressemble à une masse rose, la vibration du rouge annulée, aplatie par la colle.
Episode 3 : la vitrine est occultée par de l isolant gris et l espace rétréci : réduit à un couloir étroit et sourd, une sorte de sas où les sons semblent absorbés par la masse grise de la ouate de cellulose, où la lumière des néons filtre à peine des issues ménagées aux deux extrémités du couloir. Puis vous voyez des gaufrages de grilles d aération, légèrement décollés du mur : un discret halo fluorescent flotte sur leurs pourtours. Britt Sprogis introduit au 180 la notion de circulation, proposant ainsi une visite en deux étapes. L expérience d un espace aux sensations étouffées, d un vide perceptif, vient préparer la découverte des dessins. Les artistes invitées pour cette exposition en trois temps ont en commun de transformer les espaces dans lesquels elles interviennent ou plus précisément d en altérer la perception : en jouant sur ses limites, en bouleversant la temporalité de l exposition (trace, témoignage, conséquence, résultat d un enchaînement d actions hors-champ), elles modifient le rapport que nous entretenons au lieu et nous offrent ainsi trois expériences de l étrangeté. Julie Faitot, mars 2014
Liste des œuvres Sans titre (Module étrange 1), Julie Tocqueville, 2014 Jardinières à arbre, arbres, terre, dispositif de maintien. Dimensions variables Module étrange 2, Julie Savoye, 2014 Ruban adhésif inactinique rouge, colle transparente Planatol BB. Dimensions variables. Sans titre, Britt Sprogis, 2014 Ouate de cellulose, polystyrène, ossature bois. Dimensions variables Sans titre, Britt Sprogis, 2014 Gaufrages de grilles d aération, 50 x 80 cm Editions du 180, collection Revoir, n 11 Photographies : Myriam Tirler (Module 1-20 mars 2014 et Module 3-17 avril 2014) et Catherine Lancien (Module 2-3 avril 2014) Réalisée à l occasion de l exposition Les Modules étranges, exposition en trois volets : Module 1, Julie Tocqueville, du 20 au 30 mars ; Module 2, Julie Savoye, du 3 au 13 avril ; Module 3, Britt Sprogis, du 17 au 27 avril 2014 Remerciements à Philippe Inemer, Aurèle Orion, Guillaume Ginet et au Jardin des Plantes de la Ville de Rouen Curatrice : Julie Faitot Médiation et accueil : Sophie Grassart, Zoé Autin, Magali Decaen, Julie Tocqueville Le 180, espace d art contemporain de la Ville de Rouen 180, rue Martainville I 76 000 Rouen 02 32 08 13 90 I le180@rouen.fr www.rouen.fr/le180
Revoir #11