ENTENTE DE LUTTE INTERDEPARTEMENTALE

Documents pareils
ENTENTE INTERDEPARTEMENTALE

Epidémiologie appliquée aux sciences vétérinaires DES DAOA DES - DEA

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

Infestation par Dipylidium caninum,

Parasites externes du chat et du chien

Dracunculose Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie (ANOFEL)

Tuberculose bovine. Situation actuelle

des banques pour la recherche

Prévenir la colonisation par Campylobacter chez les poulets de chair. Dr. Wael Abdelrahman Consultant technique, Probiotiques volailles

Bienvenue sur la planète des insectes!

Les débouchés des diplômés de L LMD Sciences de la Nature et de la Vie

République de Côte d Ivoire NOTE D INFORMATION UN INSTRUMENT PROFESSIONNEL AU CŒUR DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DES FILIERES DE PRODUCTION

ÉCOLOGIE, ENVIRONNEMENT

Programme «maladie» - Partie II «Objectifs / Résultats» Objectif n 2 : développer la prévention

Les vers de nos compagnons

«Politique des ARS pour les seniors»

CONSERVATION DU PATRIMOINE VIVANT DU MARAIS POITEVIN ENJEUX ET PERSPECTIVES. CREGENE: 2 rue de l église COULON cregene@gmail.

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

CROPSAV POITOU-CHARENTES. Section spécialisée domaine vétérinaire Tuberculose bovine

AMAMI Anaïs 3 C LORDEL Maryne. Les dons de cellules & de tissus.

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

La reconnaissez- vous?

Q & R: De nouvelles règles concernant les déplacements des animaux de compagnie et leur passeport

ACTION N 1 Réseau d élevages bovins laitiers en Agrobiologie

Bonnes vacances! Je voyage avec mon chien ou mon chat

Liste des matières enseignées

Nouveaux produits antiparasitaires aux extraits naturels pour chiens et chats.

MASTER (LMD) PARCOURS MICROORGANISMES, HÔTES, ENVIRONNEMENTS (MHE)

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Conférence technique internationale de la FAO

COMPLEMENT D AVIS de l Agence nationale de sécurité sanitaire de l alimentation, de l environnement et du travail

Archivage électronique et valeur probatoire

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

2.0 Interprétation des cotes d évaluation des risques relatifs aux produits

STATUTS le 4 février 2011

DON D ORGANES Donneur ou pas

Le contexte. Définition : la greffe. Les besoins en greffons en constante augmentation

QU EST-CE QUE LA RFID?

Incertitude et variabilité : la nécessité de les intégrer dans les modèles

Dr E. CHEVRET UE Aperçu général sur l architecture et les fonctions cellulaires

de l air pour nos enfants!

Item 127 : Transplantation d'organes

Référentiel Officine

Les parasites externes

ROTARY INTERNATIONAL District 1780 Rhône-Alpes Mont-Blanc Don volontaire de cellules souches

L ASSURANCE TOUS RISQUES CHANTIER

Domaine : Sciences, Technologies et Santé Mention : Nutrition, Sciences des aliments, Agroalimentaire

EOLIEN EN MER : Projet de Saint Nazaire. 15 Novembre Instance de Suivi et de Concertation

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

Les méthodes de luttes : De la protection «systématique» à la Protection Intégrée (P.B.I.)

La lutte contre la tuberculose est régie par l arrêté royal du 17 octobre 2002.

Je voyage avec mon chien ou mon chat. Conseils pratiques sur le site spécifique de l OVF

CENTRALES HYDRAULIQUES

Savez-vous ce qu'est exactement un vaccin à part un produit qu'on injecte et qui protège contre une maladie?

Guide à l intention des patients sur les thérapies à base de cellules souches

Hygiène alimentaire. Introduction

FORMATION OBLIGATOIRE A L HYGIENE ALIMENTAIRE

Introduction. CRA-W- Département Productions et Filières, Unité Mode d élevage, bien être et qualité

Etat des lieux de l immobilier d entreprises en Guadeloupe

Retour du bison d Europe dans le Jura : ébauche de projet

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Qu est-ce que la peste?

LES MISSIONS DE LA DDPP 13 s organisent autour de 3 axes :

Z I G U I N C H O R SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE REGIONALE Service Régional de la Statistique et de la Démographie de Ziguinchor

Instructions aux auteurs

LUTTE ANTI-VECTORIELLE EN ETABLISSEMENT DE SANTE

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Avecvous. Au 1er avril : vos remboursements en un clic. Décomptes santé par Internet. Quels sont les avantages de ce service?

La nouvelle réglementation européenne relative à l hygiène des aliments: «Paquet Hygiène»

Le monitoring de la qualité

1 cadre. 3 c 5 c. 7c 9 c. Actu Api n 19

Formulaire de demande d un apport de trésorerie remboursable sur la fin de l année 2015

COMPTE RENDU FINAL D EXECUTION DE PROJET

REPUBLIQUE TOGOLAISE. Travail Liberate Patria MINISTERE DE L AGRICULTURE, DE L ELEVAGE ET DE LA PECHE -PNIASA - PLAN D ACTION DU VOLET NUTRITION

Le but de la radioprotection est d empêcher ou de réduire les LES PRINCIPES DE LA RADIOPROTECTION

AVIS. de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l alimentation, de l environnement et du travail

LIDO DU PETIT ET DU GRAND TRAVERS A MAUGUIO-CARNON

L IRSN et la surveillance de l environnement. Etat des lieux et perspectives

MASTER (LMD) GESTION DE DONNEES ET SPATIALISATION EN ENVIRONNEMENT (GSE)

Comité Drôme Ardèche de Badminton Compte-rendu formation Maïf 18 novembre 2014

MASTER 2 CONTAMINANTS EAU SANTE

Objet : Critères microbiologiques applicables aux auto-contrôles sur les carcasses d'animaux de boucherie. Destinataires d'exécution

RENDEZ-VOUS D AUTOMNE DE L ADRECA. 17 novembre 2003

Annexe 7. Fiche standardisée pour l enquête auprès des responsables des différents systèmes.

Campagne de mesures d exposition aux fibres d amiante par microscopie électronique à transmission analytique (META)

Les parasites externes du chien

ÉVALUATION DU TYPE DE DOMMAGE CAUSÉ PAR LA PUNAISE PENTATOMIDE VERTE, ACROSTERNUM HILARE (SAY) SELON LE DÉVELOPPEMENT DES FRUITS

Caisse Nationale de Mutualité Agricole

SOCLE COMMUN: LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE. alain salvadori IA IPR Sciences de la vie et de la Terre ALAIN SALVADORI IA-IPR SVT

THEME 2 : CORPS HUMAIN ET SANTE : L EXERCICE PHYSIQUE

LIVRET DE PRESENTATION

Rapport d évaluation du master

Nous avons tous un don qui peut sauver une vie. D e v e n i r. donneur de moelle. osseuse

La résistance d'agents infectieux aux médicaments antimicrobiens

De nouveaux indicateurs pour suivre la construction de logements

DU COMITE TECHNIQUE NATIONAL DES INDUSTRIES DES TRANSPORTS, DE L EAU, DU GAZ, DE L ELECTRICITE, DU LIVRE ET DE LA COMMUNICATION

Transcription:

ENTENTE DE LUTTE INTERDEPARTEMENTALE CONTRE LES ZOONOSES ETAT D AVANCEMENT DES TRAVAUX 2012 SUR LES ZOONOSES : ECHINOCOCCOSE ALVEOLAIRE ET LEPTOSPIROSE Note de Synthèse n 12 à l attention des Conseils Généraux, des Administrations, des Collectivités Territoriales, des Fédérations Départementales des Chasseurs et des professionnels ou acteurs concernés par les zoonoses E.L.I.Z. Domaine de Pixérécourt 54220 MALZEVILLE Tel : 03-83-29-07-79 fax : 09-85-39-59-94 Site Internet : http://www.e-l-i-z.com

TERRITOIRE ELIZ 2012 TERRITOIRE ELIZ ATTENDU? Optimiser la puissance d étude et d action en rassemblant les Conseils Généraux limitrophes. Sur les végétaux Sur le pelage des carnivores contaminés Le ver adulte chez le renard ou le chien la larve métacestode, dans le foie du campagnol ou de l homme Variation temporelle des cas humains Répartition spatiale des cas humains 1982 1987 1992 1997 2002 2007 2011 512 Cas humains Sex ratio (H/F) : 1.07 Echinococcose alvéolaire : Coût moyen de prise en charge médicale d un patient : 108 000 source. Torgerson & al 2008.

L Entente de Lutte Interdépartementale contre les Zoonoses est le plus grand établissement de coopération interdépartementale par la surface qu il couvre. Outil au service de 45 collectivités départementales en 2012, son terrain d études s étend au nord d une ligne allant du Morbihan jusqu aux Hautes-Alpes et couvre environ 260 000 km 2. Depuis sa création en 1973, les Conseils Généraux qui le constituent lui ont confié une seule compétence, trouver les moyens de lutter contre les maladies infectieuses présentes dans la faune sauvage et transmissibles à l homme, appelées zoonoses. La rage fut l une des grandes victoires de l Entente, archétype parfait d une collaboration quasi symbiotique entre les services de l Etat et les collectivités locales. Si son étude jusqu à la mise en place des mesures appropriées pour parvenir à lutter contre ce fléau a duré plus de trente ans, l ELIZ peut se targuer d avoir été le coordonnateur de cette alliance durable et son bras armé pour parvenir à l éradication totale de la rage vulpine en France. A la lutte contre cette maladie virale de sinistre réputation, ont succédé de nombreuses études et expérimentations permettant d espérer contrôler une pathologie parasitaire gravissime en plein développement, l échinococcose alvéolaire. Evaluation du risque épidémiologique, outils de communication appropriés et stratégies de contrôle de cette zoonose ont été les maîtres-mots de ces douze dernières années. A présent, une autre zoonose en pleine réémergence, d origine bactérienne cette fois, est l objet de toutes les investigations. Connue sous le pseudonyme de «maladie des égoutiers», la leptospirose est aujourd hui sous les feux de la rampe de surveillance de l ELIZ. Cette note de synthèse a pour objet de décrire les avancées et résultats obtenus en 2012 par l ELIZ. Dans une première partie nous rappellerons ce qui est acquis pour ces deux zoonoses importantes. Dans une deuxième partie seront abordés les programmes expérimentaux en cours. I) D UNE ZOONOSE PARASITAIRE GRAVISSIME DE L HEMISPHERE NORD A UNE INFECTION BACTERIENNE MONDIALE Leptospirose et échinococcose alvéolaire sont des maladies zoonotiques très répandues dans le monde. La France n est pas la moins touchée et la progression géographique de l échinococcose est confirmée en ville comme dans les campagnes. La leptospirose qui touche plus sévèrement les zones tropicales, faisait déjà des ravages dans les tranchées de la guerre 14-18 et connait depuis quelques années une augmentation sensible d intensité. A) L ECHINOCOCCOSE ALVEOLAIRE TOUJOURS PLUS A L OUEST L échinococcose alvéolaire est cette maladie parasitaire gravissime pour l homme. Cette parasitose s inscrit dans un cycle complexe dans lequel l homme représente une impasse. L échinocoque, petit tænia hermaphrodite de 2 à 4mm de long, présent à l état adulte dans l intestin du renard émet des œufs dans la nature grâce aux crottes déposées par l animal et non pas l urine comme souvent ancré dans l imagination collective. Les œufs microscopiques reposent libres sur les végétaux ou dans la terre et sont ingérés par les campagnols (rongeurs des champs) chez qui ils vont évoluer vers le stade larvaire et se multiplier dans leur foie. Quand les rongeurs contaminés auront été consommés par les renards ou les chiens, ces larves vont se développer en adultes dans les intestins de ces derniers. Parfois l homme ingère accidentellement ces œufs qui comme chez le campagnol, vont devenir larves se multipliant dans son foie provoquant la maladie appelée «échinococcose alvéolaire». Une vingtaine de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Bien que faible, ce nombre a cru de 30% dans les dix dernières années. Déjà décrite dans la précédente note de synthèse, l expansion de l échinococcose alvéolaire a fait l objet en 2012 d une publication dans une revue scientifique de renommée mondiale, «Emerging Infectious Diseases». L ELIZ et ses partenaires dans ce projet l Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) et l Université de Franche-Comté ont mis à jour trois découvertes importantes sur le plan épidémiologique : son taux de contamination, son expansion géographique, sa localisation physique qui ont en effet été sérieusement revus à la hausse.

Paysage périurbain Zone fortement urbanisée Aire exclusivement urbaine Renards positifs La présence régulière de renards contaminés en territoire urbanisé d Ile-de-France interroge sur l origine parisienne locale des contaminations humaines recensées dans cette région. Il serait vraiment intéressant de dessiner le paysage épidémiologique global de l ensemble de ces territoires. L épidémio-surveillance menée dans l Essonne confirme une présence continue importante en limite de Paris (en grisé) et dans tout le département. A l exception du Loiret, il en est de même des autres départements qui poursuivent l épidémio-surveillance (Oise, Yonne, Cher). leptospires Potentiellement présentes dans tous les territoires où l'eau est présente, les leptospires excrétés par les rongeurs peuvent affecter animaux d'élevage ou de compagnie et l'homme. La leptospirose : une zoonose sévère, une épidémiologie complexe, Une réalité dans chaque département, un nouveau défi pour l ELIZ

Taux de contamination : La prévalence vulpine, c est-à-dire la proportion de renards contaminés, a doublé en vingt ans dans les zones d endémie connues et atteint localement 60% des renards en Franche-Comté (cf. page ci-contre). Expansion géographique : le parasite a été découvert dans trente-six départements dont vingt-six où on ne le connaissait pas avant cette étude. Dernièrement, il a été trouvé dans l est de l Ille-et-Vilaine. Un programme continu d épidémio-surveillance, mis en place dans quelques départements, a permis de le déceler régulièrement notamment dans le nord de l Essonne, territoire très urbanisé autour de Paris. Localisation physique : Des vignobles bourguignons aux grandes plaines de la Beauce ou du Nord, grâce au renard, l échinocoque a conquis de nouveaux milieux où on ne le soupçonnait même pas. Mais le plus important c est cette découverte de plusieurs renards contaminés dans les villes et même en région parisienne (cf. page ci-contre). Enfin, par recoupements grâce à la biologie moléculaire, l Anses-Nancy a, en outre, mis à jour une filiation génétique (F.BOUE.emop 2012) et pu déterminer qu il s agit bien d une progression géographique venant des zones d endémie de l est de la France et se dirigeant vers le nord et l ouest et non pas une découverte inopinée d un parasite présent depuis longtemps à bas bruit dans l environnement. Tous ces éléments concourent à l impérieuse nécessité de poursuivre plus avant les investigations dans tous les territoires limitrophes de celui de l Entente et à mener de nouvelles expérimentations pour limiter l augmentation du risque pour l homme. B) LA LEPTOSPIROSE EN PLEINE REEMERGENCE DANS L HEXAGONE. Provoquée par des bactéries appelées leptospires pour leur forme spiralée, la leptospirose est une zoonose connue depuis longtemps. Les bactéries leptospires sont flexibles, mobiles, fines et souples, ce qui signifie qu elles sont capables de pénétrer facilement dans l organisme via les muqueuses ou des microlésions de la peau qui représentent les portes d entrée générales. Les leptospires sont présents dans l eau et véhiculés par les rongeurs qui les excrètent dans leurs urines. Ils sont répartis en vingt-cinq «sérogroupes» et 250 «sérovars». Ils représentent un monde bactérien très vaste dans lequel il existe des espèces saprophytes non vulnérantes et des bactéries pathogènes. Qu il s agisse d animaux d élevage ou de compagnie, ou encore de l homme, les préjudices causés par une infection leptospirosique sont importants et variés (cf. page ci-contre). Ainsi, le syndrome de Veil est la conséquence bien connue par les médecins d une infection induite par des leptospires du serogroupe Icterohaemorrhagiae qui se traduit par une inflammation du foie et des reins. Dans les pays en développement, le taux de mortalité de 15 à 20% des personnes infectées est parmi les plus élevés des maladies infectieuses zoonotiques. Actuellement des formes pulmonaires font aussi leur apparition en France. Jusqu à il y a quelques années, 30% des cas humains étaient d origine professionnelle (égoutiers, vétérinaires, agriculteurs). Or, de nos jours, la maladie est essentiellement liée aux loisirs, sports aquatiques, chasse, pêche, kayak, etc. Chez le chien, la leptospirose est connue sous l appellation «maladie de Stuttgart». Le chien est très sensible au sérogroupe répondant au nom de Canicola et paie régulièrement un lourd tribut à celui-ci. Chez les ruminants, le plus fréquent est Hardjo, entrainant des troubles de la reproduction. Chez les chevaux, c est Bratislava qui provoque une maladie de l œil (uvéite) conduisant à la cécité. Entre 2 000 et 5 000 cas d uvéites équines à leptospires sont recensés en France chaque année. Parmi toutes les espèces mammifères pouvant être en contact avec les leptospires, seulement quelques-unes vont être sensibles à cette maladie. Certaines n auront qu un souvenir immunologique de la contamination alors que d autres concentreront les bactéries dans leurs reins et pourront être alors excréteurs et responsables de la circulation des bactéries dans l environnement. Face à la complexité de ce groupe de bactéries pathogènes, identifier ces animaux excréteurs et déterminer génétiquement les bactéries le plus fréquemment émises est très attendue par les professionnels de santé humaine et vétérinaire pour définir des modèles de prophylaxie adaptés.

Vers une surveillance ciblée de la leptospirose : Phase opérationnelle, d un acteur à l autre. Bactérie leptospire Bactérie leptospire Plus de 650 prélèvements de reins sont déjà réalisés dans les départements qui ont commencé Un investissement départemental minime pour une collaboration interdépartementale unique qui mérite d être menée sur tout le territoire de l ELIZ.

II) L ELIZ EST SUR TOUS LES TERRAINS DES DEPARTEMENTS ADHERENTS. L Entente est constituée d une équipe de quatre personnes mais son terrain d étude est le plus grand jamais constitué. L échinococcose alvéolaire est aujourd hui le sujet d expérimentations plus localisées visant à être reproduites ailleurs si nécessaire alors que la leptospirose fait l objet d une investigation qui nécessite d être la plus étendue possible sur la totalité du territoire de l Entente. A) TROUVER LES MOYENS DE CONTROLER LA PRESENCE DE L ECHINOCOCCOSE PRES DE L HOMME ET DE PROTEGER LES POPULATIONS Le contrôle de l échinococcose alvéolaire peut se comprendre comme la suppression du parasite ou de ses vecteurs mais cela peut aussi être la limitation du risque par la prévention et l information. C est la présence de renards contaminés sur un territoire qui est le générateur de la présence du parasite près de l homme, notamment dans les zones périurbaines où l homme et le renard cohabitent régulièrement. La vermifugation des renards peut localement réduire la pression parasitaire. L ELIZ a aussi évalué l impact, d un point de vue épidémiologique, de la réduction des populations de renards dans et autour d un grand centre urbain comme la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN) en zone de forte endémie. Quatre ans ont été nécessaires pour réaliser cette étude financée par la CUGN. Pendant cette expérimentation, les estimations des populations de renards par comptages réguliers et de la prévalence par analyses des intestins de renards ont été réalisées chaque année sur une zone régulée et une zone témoin (cf. pge ci-contre). Il s avère très difficile de faire baisser une population de renards d année en année. En effet, après les premières saisons de régulation, la population est restée très proche de son niveau initial dans la partie régulée et identique au territoire témoin (cf. pge ci-contre). L effort de diminution des populations de renards, bien qu important, n a donc pas été suffisant pour faire chuter les effectifs. En revanche, la proportion de renards contaminés semble avoir augmenté dans la partie régulée (cf. pge ci-contre). Ce phénomène pourrait être expliqué par une modification de la structure des populations, notamment une augmentation de la proportion de renards subadultes plus sensibles au parasite et plus en déplacement. Les premières analyses des données récoltées laissent supposer que la régulation ne serait donc pas d un rapport coût/efficacité convenable pour contrôler correctement la présence du parasite près de l homme. Lutter contre un parasite dans la nature est donc extrêmement compliqué et nécessite une conjonction de facteurs et d actions. Il est vraisemblable que la prévention par l information soit un des moyens à mettre en œuvre pour parvenir à limiter le risque face à cette parasitose. C est en Haute-Saône que le nombre de cas humains a le plus augmenté ces dernières années. Or, en Moselle, qui présente la même prévalence vulpine sur le territoire, aucun nouveau cas n est recensé. L ELIZ envisage donc d orienter ses efforts de communication sur les communes de Haute-Saône où sont répertoriés les cas humains. L objectif, à présent, est d évaluer dans ces secteurs si la contamination des chiens, qui pourrait refléter une meilleure prise en compte de l échinococcose par les maîtres, est différente de celle décrite dans des territoires équivalents en Moselle et de mesurer l évolution du niveau de connaissance des habitants dans chacun de ces secteurs après une large campagne de communication sur le territoire Haute-Saônois. Impliquant un grand nombre d acteurs, Université de Franche-Comté, Caisse Centrale de MSA, Anses, c est un projet ambitieux et de longue haleine qui serait financé en partie par les Collectivités concernées. Accepté en 2012 par la Région Lorraine et le Département de Moselle, ce projet démarrerait en 2013 dès le consentement du Département de Haute-Saône et de la Région Franche- Comté.

B) ET DETERMINER LES LEPTOSPIRES LES PLUS PRESENTS DANS LA NATURE ET QUELLES ESPECES MAMMIFERES LES VEHICULENT. Par une importante recherche bibliographique, l ELIZ a constaté que les données sur les rôles respectifs d autres mammifères que les rongeurs dans la contamination de l environnement étaient absentes, en raison vraisemblablement de la difficulté de les acquérir. Les spécialistes de cette zoonose ont confirmé qu il serait très précieux de disposer de ce type d information pour faire progresser les stratégies de prévention face à cette bactériose d importance croissante. Après trois ans de préparation, les Conseillers Généraux délégués à l ELIZ ont décidé de relever le défi : Obtenir la détermination des espèces mammifères susceptibles de transporter et d excréter les bactéries leptospires et identifier les souches bactériennes les plus présentes en France. Cela représente un échantillonnage inédit par sa variété et sa taille sur un territoire couvrant la moitié de la surface de l hexagone. Un comité de pilotage composé du laboratoire des leptospires de VetAgroSup Lyon, de représentants des laboratoires vétérinaires départementaux et des fédérations départementales des chasseurs a lancé cette opération sur la totalité du territoire de l Entente. Présenté aux 45 Départements pour un financement, l Entente a déjà obtenu une réponse favorable de 24 d entre eux et espère bien que cette dynamique continuera en 2013. Il s agit en fait d une opération impulsée et coordonnée par l ELIZ en trois phases précises. La première, confiée aux fédérations des chasseurs, consiste à collecter des reins de mammifères sauvages hors rongeurs et chiroptères. Dans un deuxième temps, les laboratoires vétérinaires départementaux recherchent les leptospires pathogènes en isolant leur ADN. Finalement, l identification génétique de ces leptospires sera effectuée par VetAgroSup. Dans chaque département qui participe, il est demandé exactement le même mode opératoire et le financement de cette opération est équivalent. Dix reins de chaque espèce de mammifères (de la belette jusqu au cerf) présents dans chaque territoire sont attendus pour analyse. L échantillon sur les 24 départements qui ont répondu favorablement est déjà totalement exceptionnel avec plus de 650 animaux dont les reins ont été prélevés (tableau ci-contre) quelques mois seulement après le démarrage de l opération. Par son aptitude à activer son réseau d acteurs et de partenaires locaux ou institutionnels, unique en Europe, l ELIZ a pu initier un nouveau chantier épidémiologique d une ampleur inégalée. L Entente compte aujourd hui que chaque département adhérent réalise l importance de participer à un tel travail. La mutualisation des moyens permettant de diminuer fortement les coûts et d en augmenter la qualité. Celui-ci est bien dans les compétences confiées aux Conseils Généraux car d une zoonose à l autre, l Entente est au service des Départements adhérents pour les aider à protéger leurs administrés de ces maladies qui, au-delà de l importance sanitaire qu elles revêtent, ne sont que le reflet de la richesse faunistique sauvage de chaque territoire. LE MOT DU PRESIDENT Plusieurs Départements ont souligné que nos domaines d activités relevaient des compétences de l Etat. Ils seront satisfaits de savoir que l Etat a pris ses responsabilités. A l heure où sont écrites ces lignes, je suis heureux de vous annoncer que l Etat s apprête à signer une convention pluriannuelle avec nous pour assurer une partie du financement de notre établissement. Toutefois, permettez-moi de rappeler qu il n existe aucune autre action concrète, quel que soit le domaine d activité, prise en charge par les Conseils Généraux, qui soit menée aussi homogènement dans autant de départements. De notre nombre vient notre capacité. Les résultats que nous obtenons servent nos populations en tout premier lieu. Ils sont juste la nécessaire prise en compte de la réalité de notre patrimoine naturel qui relève de NOTRE responsabilité localement. Il est difficile de trouver d autres exemples d actions interdépartementales qui, pour un investissement annuel bien modeste, mettent autant en valeur l importance et la puissance de nos collectivités départementales dont les fondements sont bien menacés par ailleurs. Jean-Paul BOLMONT Président de l ELIZ Conseiller général de Meurthe-et-Moselle.