Prévision fine de la météo du parapente à la Réunion.

Documents pareils
Colloque des arbitres et des commissaires aux résultats Moulin mer

METEOROLOGIE. Aéroclub Besançon La Vèze. Cours MTO - Ivan TORREADRADO 1. F-SO au FL65 over LFQM

Science et technologie : Le truc de Newton

L inégale répartition de l énergie solaire est à l origine des courants atmosphériques

Cours Météo, Club Alpin Suisse, Section de Neuchâtel

Météo Marine. Benjamin Aymard. Cours CNIF 18 Février 2014 Université Pierre et Marie Curie. ./IMAGES/logo-n

B- Météorologie. En présence de cumulus alignés en bande parallèles vous prévoyez un vent: R : de même direction que les alignements

METEOROLOGIE CAEA 1990

METEO n 1. !"#$%$&$'%() enveloppe gazeuse qui entoure la terre, sur quelques centaines de kilomètres. ( ( ( ( ( (

The Tropical Warm Pool-International Cloud Experiment TWP-ICE

ACTIVITÉ. Configuration de la pression en surface. Matériel. Pointage et analyse de la pression aux stations sur cartes météorologiques.

L'atmosphère est subdivisée en plusieurs couches qui ont pour nom troposphère, stratosphère, mésosphère et thermosphère.

Principes généraux de la modélisation de la dispersion atmosphérique

Tout commence avec une histoire de masses d'air. Lorsque 2 masses d'air se rencontrent, des fronts se forment.

Généralités. Front froid

Rapport. sur l incident survenu le 18 mars 2007 en croisière entre Lyon et Montpellier à l ATR immatriculé F-GVZY exploité par Airlinair

DEMYSTIFIONS L EMAGRAMME, LE «TEMP» ET L ECHAUFFEMENT DE L ATMOSPHERE, première partie.

Circulation générale et météorologie

Etudes des nuages et de la convection autour des dépressions intenses des moyennes latitudes

Grille de planification Expédition météo. Spécialiste de la cartographie Graffiti de ce que l équipe sait de la météorologie (10 minutes).

Ecran : Processeur : OS : Caméra : Communication : Mémoire : Connectique : Audio : Batterie : Autonomie : Dimensions : Poids : DAS :

MODULE 2.7A NÉPHANALYSE. Introduction et techniques

METEOROLOGIE. Test : Les NUAGES.

Monitoring de surface de sites de stockage de CO 2 SENTINELLE. (Pilote CO2 de TOTAL Lacq-Rousse, France) Réf. : ANR-07-PCO2-007

1. L'été le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années.

1- Durant votre vol, vous entrez dans un thermique. Décrivez, par un schéma simple, l incidence sur votre voile.

Du Thermostat à l ordinateur climatique. Vincent Aubret Hortimax

Le CEL exprime la quantité d eau liquide condensée présente dans un mètre cube d air humide (g/m 3 )

MANUEL UTILISATEUR DU RECEPTEUR HAICOM HI-303MMF

Rayonnements dans l univers

La météo aéropour le vol en AL : les éléments essentiels.

NOTICE TECHNIQUE SSC : Système Solaire Combiné eau chaude sanitaire / appui chauffage maison / appui eau chaude piscine

Sommaire. Séquence 2. La pression des gaz. Séance 1. Séance 2. Séance 3 Peut-on comprimer de l eau? Séance 4 Je fais le point sur la séquence 2

août La météo Congrès provincial de l AEFNB Journée de perfectionnement professionnel

FAITS SAILLANTS : 1. CONDITIONS CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES EN AFRIQUE

Exemples d utilisation de G2D à l oral de Centrale

Celestia. 1. Introduction à Celestia (2/7) 1. Introduction à Celestia (1/7) Université du Temps Libre - 08 avril 2008

Station météo sans fil avec température, Alerte Gel et horloge radio pilotée Modèle: BAR386

Calcul du niveau de transition

PHOTO PLAISIRS. La Lumière Température de couleur & Balance des blancs. Mars 2011 Textes et Photos de Bruno TARDY 1

DISPERSION ATMOSPHERIQUE DES REJETS DU SITE SVPR à SAINTE-MARGUERITE (88)

Activité 1 : Rayonnements et absorption par l'atmosphère - Correction

METEO MARINE. Un talweg correspond à des vallées qui se situent entre les dépressions et les hautes pressions.

Les objets très lointains

Le séchage en grange du foin à l énergie solaire PAR MICHEL CARRIER AGR. CLUB LAIT BIO VALACTA

Etudier le diagramme température-pression, en particulier le point triple de l azote.

Contrôle de la convection profonde par les processus sous-nuageux dans LMDZ5B

Profils verticaux de la couverture nuageuse, de ses propriétés et des aérosols: données du lidar CALIOP et du radar CLOUDSAT (DARDAR) de 2006 à 2012

FORD C-MAX + FORD GRAND C-MAX CMAX_Main_Cover_2013_V3.indd /08/ :12

4 ème PHYSIQUE-CHIMIE TRIMESTRE 1. Sylvie LAMY Agrégée de Mathématiques Diplômée de l École Polytechnique. PROGRAMME 2008 (v2.4)

Comprendre l Univers grâce aux messages de la lumière

II. REVOD Plongée à l ordinateur. Septembre Plan de l exposé

Chapitre 02. La lumière des étoiles. Exercices :

Rt 5. L isolant Thermo-réfléchissant. Isolation Maximum... Épaisseur Minimum! Système de recouvrements plats

FÊTE DE LA SCIENCE 2005 (Village des Sciences)

La météo aéro pour le vol en aviation légère les éléments essentiels. Février 2013

Panorama de l astronomie

TEMPÉRATURE DE SURFACE D'UNE ÉTOILE

PROJET ACCLIMATE ETUDE SIM-CLIM THEME 3 Etude bilan des possibilités d une simulation climatique régionale

PARAPENTE PARAPENTE. Manuel de formation. Ce manuel a été téléchargé sur

Paysage de nuages. Objectif. Matériel. Vue d ensemble. Résultats didactiques. Durée. Niveau

EXERCICE II. SYNTHÈSE D UN ANESTHÉSIQUE : LA BENZOCAÏNE (9 points)

UNE TECHNIQUE ÉPROUVÉE : LE ZONE SYSTEM

Manuel d utilisation Alarme Auto na-2018 Attention :

Le séchage des ateliers :

I- Définitions des signaux.

Datacentre : concilier faisabilité, performance et éco-responsabilité

Table des matières. Pour commencer... 1

la climatisation automobile

Projet SENTINELLE Appel àprojets «CO 2»Déc. 2007

Prise en main par Guy BIBEYRAN Chevalier médiéval époque XIII / XIV siècle métal 75mm Atelier Maket Référence AM Sculpteur: Benoit Cauchies

Rôle des nuages dans l'anomalie de température de l'hiver 2007 en Europe

Caractérisation de défauts par Magnétoscopie, Ressuage, Courants de Foucault

-12. Dispersion atmosphérique (Mécanismes et outils de calcul)

Séminaire 3 jours. Premier Jour

# 1. PERSONNES ASSURÉES 1.1 PERSONNES VISÉES PAR L'ACCORD

FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES (Outils Mathématiques 4)

Application à l astrophysique ACTIVITE

Chapitre 1 : Qu est ce que l air qui nous entoure?

Solutions pour le chauffagiste et le plombier

Économie d énergie dans les centrales frigorifiques : La haute pression flottante

TS Guide de l'utilisateur Français

Collection de photos échantillons

RISQUES MAJEURS. Notice d information sur la prévention des risques majeurs À NIORT. Toutes les informations sur

5 Applications. Isolation intérieure des murs de fondation. ISOFOIL est un panneau isolant rigide laminé d un pare-vapeur d aluminium réfléchissant.

1S9 Balances des blancs

Station météo autonome avec transmission par GSM DATA

LUT QU EST-CE QUE C EST? Version 1.0 Mars 2010

TP DOMOTIQUE. 01 avril Objectifs : Etre capable : Découvrir quelques possibilités domotiques.

CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE

CONSTRUCTION D UN CHAUFFE EAU SOLAIRE

LES REGLES DE VOL VFR

en Appartement Besoins, Choix du Système, Coûts...

Chapitre 6 La lumière des étoiles Physique

Lecteur éditeur de chèques. i2200. Manuel utilisateur. Solutions de transactions et de paiement sécurisées

Caractéristiques des ondes

Maison au bord de l eau 5 chambres Piscine Jacuzzi Dock A proximité immédiate du Normandy Shores Golf Club.

Mémento. pour partir en montagne l été en. sécurité.

Chapitre 6 : les groupements d'étoiles et l'espace interstellaire

BALAIS Moteur (charbons)

Transcription:

A) Les modèles numériques Prévision fine de la météo du parapente à la Réunion. Il y a deux types de modèles : les modèles globaux (prévision à l échelle de la planète entière) et les modèles locaux (adaptation plus fine des sorties d un modèle global sur une petite région, avec prise en compte du relief et maillage fin à 5-10 km) 1) Modèles globaux a) Présentation Sur internet, on dispose principalement des sorties d ECMWF, GFS, Nogaps, CMC et UKMET. Les trois principaux modèles sont ECMWF (modèle européen), GFS (modèle US), Nogaps (US Navy). fiabilité : ECMWF (courbe bleue) > GFS (courbe noire) et UKMET > Nogaps. Raison : meilleure initialisation des données (méthode 4D Var) chez ECMWF. Mais : ECMWF rend peu d informations publiques (isobares, vent et T850 hpa), alors que GFS rend quasiment tout disponible au public. Pour déduire le vent à partir des isobares, il suffit de savoir que le vent dévie de 15 vers les basses pressions par rapport à la ligne de l isobare (typiquement à la Réunion : isobare horizontal = flux d ESE 105. Dès que l isobare monte vers la gauche, le flux est SE et rentre sur St-Leu.

Utilisation conseillée : - Prévision fine à 1-2 j : privilégier GFS (beaucoup plus d infos disponibles) - prévision à 3-5j : Commencer par ECMWF (le modèle le plus fiable à 3-5j), compléter par GFS pour affiner si accord entre les deux. - Tendance à 7-10j : privilégier ECMWF, version ensembliste (détecte uniquement les grands changements de tendance). b) Sites internet : - Un seul site pour ECMWF - Nombreux sites basés sur GFS : windguru, ARL, FNMOC etc. Si on est pressé (recherche uniquement de la direction du vent), et que la situation météo est simple, windguru peut suffire. Sinon il faut affiner la prévision à l aide des cartes et des émagrammes : WXMAP, ARL, ZYgrib. 2) Modèles locaux Deux modèles existent pour la Réunion : Aladin (MF, données non publiques) et WRF (modèle ouvert), public repris par le site husseren-wesserling. Aladin est basé sur le modèle global ECMWF, Husseren/WRF est basé sur GFS. B) Le logiciel ZYgrib. C est un logiciel gratuit (open source) développé par un français, qui permet d obtenir des cartes, meteogrammes, animations et tableaux chiffrés entièrement paramétrables, à tous les niveaux de la troposphère. Il permet aussi d obtenir des emagrammes de meilleure qualité que ceux d ARL, et va chercher les données directement sur le site du modèle GFS. Outil très utile et simple d accès pour tous ceux qui s intéressent à la prévision météo! C) Les emagrammes. Ce sont des coupes de l atmosphère, qui regroupent sur un même schéma tous les paramètres importants : vent, température, humidité, stabilité ou instabilité. Ils permettent d affiner la prévision obtenue par la lecture de cartes ou diagrammes (windguru), en donnant notamment des informations sur la hauteur des plafonds, le risque de pluie ou de surdéveloppement. On les trouve (emagrammes prévisionnels) sur le site ARL/CMET ou via le logiciel Zygrib (plus précis). Les émagrammes réels (ballons sondes lâchés) sont disponibles sur le site de Wyoming university, le code de l aéroport de Gillot est : 61980 ou «FMEE», choisir l option «type of plot -> skew T» pour obtenir un diagramme. Le principe est expliqué avec les schémas en page suivante, voici quelques liens détaillés en complément : lien 1 lien 2.

Les éléments d un emagramme Courbe des points de rosée (humidité) Courbe d état (température de la masse d air) Adiabatique humide isotherme Adiabatique sèche ligne de rapport de mélange (tirets) Définitions : Adiabatique sèche : courbe de température d une particule d air qui monte en air sec (baisse de 1 par 100m). C est ce que fait l air qui monte dans un thermique sous un nuage ou un thermique bleu. Adiabatique humide : courbe de température d une particule d air qui monte en air saturé (nuage) : baisse de 0,6 par 100 m en basses couches. C est ce qui se produit dans une ascendance à l intérieur d un nuage. Isotherme : ligne de points situés à une même température. Rapport de mélange (droite de mélange) : ligne de points contenant une quantité de vapeur d eau donnée (en g/kg)

Un émagramme typique d hiver, masse d air stable (subsidence anticyclonique d alizé) Couche d inversion, air stable Subsidence anticyclonique, air très sec. Couche humide et instable sous l inversion Couche instable à fort gradient (gradient proche de l adiabatique sèche) Air stable : quand le gradient de température est inférieur à celui de l adiabatique humide (moins de 0,6 /100m en basses couches) : bloque les développements nuageux. Air instable : quand le gradient de température est supérieur à celui de l adiabatique humide ( plus de 0,6 /100m en basses couches) : permet la poursuite d un développement nuageux vers le haut.

Un émagramme typique de période humide / orageuse d été (masse d air instable)

Exploitation d un émagramme : calcul de la hauteur du plafond et de l extension du nuage. Sommet du nuage = EL (equilibrium level). Couche d inversion CCL Recette très simplifiée : - On part du point le plus bas de la courbe des points de rosée (en bleu ici), et on suit la droite des rapports de mélange. - Cette droite vient toucher la courbe d état (en rouge ici) en un point appelé CCL (convective condensation level). Si le contact se fait sous l inversion : un nuage se forme et se développe jusqu à l inversion si il y en a une. Si le contact théorique se fait au dessus de l inversion ou dans une couche stable (voir en page suivante) : pas de nuages, thermiques bleus. Plafond, en théorie : Hauteur du plafond = CCL. Le logiciel ZYgrib fait le calcul automatiquement. En pratique : Adapté à la zone sous le vent de la réunion. Hauteur du plafond = CCL + 200m. Ici CCL à 894 hpa (environ 1050m) : plafond moyen attendu à 1250 m. Prévision du risque de pluie : - La couche humide et instable (couche sous l inversion) s arrête sous 2000m : simples farines. - La couche humide et instable s étend jusqu à 2500m : petites pluies possibles dans les hauts. - La couche humide et instable s étend jusqu à 3000-4000m : bonnes averses possibles dans les hauts, pouvant déborder jusqu à la cote. - Couche humide et instable > 5000m = absence d inversion en basses et moyennes couches : fortes averses possibles dans les hauts, risque d orage.

Un autre exemple : emagramme de masse d air très stable avec thermiques bleus : Couche stable / inversion Masse d air à 20 en basses couches. Un thermique qui part à 22 arrivera dans la couche stable / inversion à 925hpa (environ 750 à 800m) en suivant l adiabatique sèche. C est la hauteur du plafond dans cette masse d air. L ascendance sera ensuite bloquée. La droite de mélange ne rencontrera jamais la courbe d état, donc pas de formation de nuage.

D) La prévision fine des retours et ses limites! Le retour est un phénomène soumis à des influences multiples : phénomène ondulatoire (tourbillons de sillage / allées de von Karmann), relief de l île, direction du vent, inversion, ensoleillement etc. -> prévision impossible à simuler dans un modèle global ou même local. Seules quelques règles générales et empiriques peuvent être données. Facteurs favorisant un retour faible Hiver (soleil bas) Vent météo faible Inversion haute, air humide Fort ennuagement Facteurs favorisant un retour fort Eté (soleil haut) Vent météo fort Inversion basse, air sec Fort ensoleillement Direction des retours selon le vent météo Direction du vent Région SO (St Pierre à Etang Salé Région St Leu (entre les deux antennes) Région NO (l hermitage à Sans-souci ESE stable Vent météo Retour N Retour SO ESE tournant E puis ENE Vent météo puis retour NO Retour N plus marqué variable E stable Retour NO variable Retour SO E tournant ENE Retour NO marqué Retour N variable ENE stable variable Retour SO Retour SO ENE tournant E puis ESE Variable / retour SO Retour SO Retour SO

Les éléments d une photo satellite IR (infrarouge) A retenir : L intensité du blanc donne la température du sommet du nuage. Plus le blanc est intense, plus le sommet est froid et le nuage est haut. Gris = nuages de basses couches (stratocumulus en général) Gris clair / blanc «sale» = nuages de moyenne altitude type altocumulus Blanc «lumineux» = nuages de glace. Aspect en cheveux = cirrus ou cirro-stratus ; boules ou amas compacts = cellules orageuses. SOURCE DES IMAGES / http://www.sat.dundee.ac.uk/geobrowse/geobrowse.php Exemple 1 (16/11/2011) Zone sèche ZCIT / orageux Stratocumulus d alizé subsidence anticyclonique, temps à casquette) Instabilité modérée Nuages élevés

Exemple 2 (Juillet 2009) Front froid atténué Air stable et sec Stratocumulus d alizé, temps à casquette

Exemple 3 : fin janvier 2010 Air sec et stable (à confirmer par l image en vapeur d eau). Tempête tropicale Masse d air instable Stratocumulus d alizé ZCIT tendance orageuse