BASSIN HYDRAULIQUE DU SEBOU ETAT DES LIEUX ET DÉFIS MAJEURS Samira EL HAOUAT 1

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BASSIN HYDRAULIQUE DU SEBOU ETAT DES LIEUX ET DÉFIS MAJEURS Samira EL HAOUAT 1 1. CONTEXTE GENERAL DU BASSIN DU SEBOU 1.1 CADRE PHYSIQUE Le bassin du Sebou, s étend sur une superficie d environ 40 000 km², qui représente 6% de l aire du territoire national. Il abrite une population de l ordre de 6.2 millions d habitants répartis sur : 17 Préfectures et Provinces 82 Commune Urbaines 287 Communes Rurales Ce bassin qui comprend globalement 30% des ressources en eau de surface du Maroc, est drainé par l oued Sebou qui prend naissance dans le Moyen Atlas et parcourt environ 500 km avant de rejoindre l océan Atlantique près de Kénitra. Situé au nord ouest du Maroc, le bassin du Sebou est marqué par un contexte géographique très diversifié : Dans la partie amont du bassin, on trouve, au Nord, le massif du Rif s élevant jusqu à 2450 m, et au Sud la chaîne du Moyen Atlas, Entre ces deux massifs, dans la région de Fès / Meknès, se situe la plaine du Saïss, et plus en aval, on trouve les affluents rive droite et rive gauche du Moyen Sebou que sont les oueds Ouergha et Beht. Dans la partie la plus avale, le bas Sebou est constitué d une grande plaine alluviale, la plaine du Gharb, qui s ouvre largement sur la côte Atlantique. Fig.1 : Découpage administratif du bassin du Sebou 1 Directrice de l ABHS HTE N 155 MARS 2013 8

Fig.2 : Carte du bassin du Sebou Fig.3 : Carte géologique du bassin du Sebou 9 HTE N 155 MARS 2013

D un point de vue géologique, les terrains du Rif sont constitués essentiellement de formations argilo-marneuses imperméables. Au niveau des hauts sommets de l Ouergha, on rencontre des formations gréseuses. Les bassins du Gharb, du Saiss et le couloir de Fès-Taza sont à remplissage essentiellement tertiaire et quaternaire perméable. Les deux dernières unités renferment également des formations calcaires du Lias. Le Beht est constitué par des formations permo-triasiques et primaires imperméables. Le Haut Sebou qui fait partie du domaine atlasique est constitué essentiellement par les calcaires jurassiques perméables. 1.2 CLIMAT Le climat régnant sur l ensemble du bassin du Sebou est de type méditerranéen à influence océanique et devient continental vers l intérieur. Il se manifeste par des vents pluvieux de secteur Ouest et des précipitations qui diminuent en s éloignant de la mer et dans les vallées protégées comme celles du Beht ou du haut Sebou avant d augmenter rapidement sur les versants du Rif. Ces influences de l altitude, de la latitude et de l exposition se combinent pour constituer des microclimats locaux où le froid, le gel, la neige et les pluies d hiver peuvent s opposer aux chaleurs et orages d été. - Précipitations Les précipitations annuelles moyennes sur l ensemble du bassin du Sebou, calculées sur la période 1973-2008, sont de 600 mm environ (640 mm sur la période 1939-2008). Les valeurs minimales, comprises entre 400 et 550 mm sont observées sur les bassins du Haut Sebou, puis du Moyen Sebou (région de Fès, oued Rdat, oued R dom, oued Beth). Elles sont légèrement supérieures (500 à 600 mm) en bordure côtière et dépassent très largement ces valeurs en zone de relief (700 à 900 mm sur le Moyen Atlas à Ifrane, 1 000 à 1 500 mm sur les reliefs du Rif (bassin supérieur de l oued Ouergha). - Températures En hiver, les épisodes froids et périodes tièdes ou même chaudes alternent, mais les températures minimales basses ne sont jamais absentes. Ces températures basses subissent des variations spatiales traduites par des gelées rares à Meknès (protégée par sa position en cuvette) et des gelés plus nombreuses à Fès. Enfin, Taza située sur le flux d air continental, apparaît particulièrement touchée. En été, la température se caractérise par deux types de comportement, un beau temps à températures maximales élevées ou modérées mais avec un refroidissement nocturne et un temps chaud aux températures très fortes sans refroidissement nocturne appréciable. Les températures sont maximales en juillet et août et minimales en janvier. Les températures moyennes annuelles varient suivant l altitude et la continentalité entre 10 et 20 C. Fig.4 : Carte des isohyètes actualisée du bassin du Sebou HTE N 155 MARS 2013 10

1.3 - LACS NATURELS ET ZONES HUMIDES Parmi les divers types de zones humides présents dans le bassin de Sebou, on peut distinguer : Des lacs naturels permanents, concentrés essentiellement dans le Moyen Atlas et atteignant pour le plus grand 300 ha environ de superficie et près de 40 m de profondeur (Aguelmam Sidi Ali). Un grand nombre de zones humides temporaires localisées surtout en bioclimats semi-arides et subhumides (Daya de la subéraie de Maamora, Dayas du Gharb). La durée de mise en eau est comprise entre 4 et 11 mois, débutant en général dans la seconde moitié de l'automne avec les premières pluies, parfois même plus tardivement. Des cours d'eau dont les chaînes montagneuses en constituent des châteaux dont le plus important est le Moyen Atlas, qui donne naissance aux trois principaux cours d'eau du pays dont le Sebou. Des estuaires dont les plus importants au Maroc est celui de l'oued Sebou. La lagune de Merja Zerga, le lac côtier de Sidi Bou Ghaba, les lagunes et les fameuses Merjas du Gharb drainées presque en totalité. De nombreuses sources, connues pour leur fraîcheur et la stabilité de leur température. Elles sont les plus abondantes au Moyen Atlas et au Rif. Pratiquement chaque source a ses propres particularités physicochimiques ce qui explique les cortèges d'espèces endémiques, inféodées à chacune d'entre elles. Sur le plan biodiversité, les sources les plus importantes au point de vue faunistique sont celles du Moyen Atlas (Aghbalou Abekhbakh, Aïn Soltane, Aïn Taoutaou, Sources de l'oued lfrane, Sources Ras El Ma d'azrou et Sources Ras El Ma de Taza); et du Rif (Bou Abdel et leur émissaire; El Anacer) Les lacs de barrages et les petits plans d eau piscicoles représentent une bonne proportion des eaux lacustres du Sebou. Oued Ain Chifa province de Sefrou Forêt: La forêt représente une richesse naturelle importante. Elle couvre une superficie totale de près de 1.200.000 ha et elle est constituée principalement de chênes, de cèdres, de thuya et de matorrals. En plus de son rôle d espace de pâturage et de gisement de bois de feu pour les populations riveraines, la forêt participe de manière significative à la stabilisation des terres et par conséquent à la réduction de l érosion et de l envasement des retenues de barrages. 1.4 - POPULATION Le Bassin du Sebou est le deuxième bassin le plus peuplé du royaume, il compte 6,2 millions d habitants, soit 21,3% du total de la population marocaine. Sa population augmente plus rapidement que la moyenne nationale, avec un Taux d accroissement moyen interannuel entre 1994 et 2004 de 2,0% contre 1,4% pour le Maroc. La population atteindra 7.8 millions d habitants en 2020 et 9 millions d habitants en 2030. Le taux d urbanisation reste sensiblement inférieur à la moyenne nationale (taux d urbanisation de 49% contre 55% au niveau national). Le nombre de centres urbains est de 74 dont les plus importants sont Fès (près de 1 millions d habitants) et Meknès (700 000 habitants). Source Titzil Province de Boulemane 11 HTE N 155 MARS 2013

Fig.5 :Carte de la population urbaine du bassin du Sebou 1.5 - ACTIVITES ECONOMIQUES - C uir et Textile : L industrie du cuir et du textile est très développée dans le bassin. La région est riche en tanneries, elles son reparties dans les villes de Fès, Meknès, Kenitra, et produisent 60% de la production nationale. Le bassin du Sebou dispose d une économie agricole et industrielle qui contribue de façon importante à l économie nationale. Agriculture Tourisme Le bassin du Sebou est une des régions à vocation agricole les plus importantes du Maroc, avec près de 20% de la surface agricole utile irriguée (soit 357 000 ha), et 20% de la SAU du Maroc (soit 1 800 000 ha). Le potentiel touristique est constitué des villes impériales (Fès et Meknès), des zones de montagne, des sources thermales et des plages. L activité touristique a renoué avec la croissance notamment grâce à la mise en place de liaisons aériennes directes reliant Fès à d autres capitales européennes. L occupation des sols est relativement très diversifiée avec une dominance des céréales (60%), le reste est occupé par de plantes fruitières (14.4 %), légumineuses (6.6 %), cultures industrielles -betterave et canne à sucre- (4.2 %), cultures oléagineuses (3.6 %), cultures maraichères (3.1 %), cultures fourragères (1.7%). Industrie Le secteur industriel est très développé dans le bassin du Sebou, en particulier en agro-alimentaire (huilerie, sucrerie), cuir et textile ; c'est-à-dire des activités demandeuses en eau : - Agroalimentaire : Il y a 200 huileries importantes, produisant 120.000 tonnes d huiles d olives et 70 000 tonnes d huiles végétales, ce qui représente plus de 65% de la production nationale. 184 000 tonnes de sucre est produit par an dans le bassin, ce qui représente la moitié de la production nationale Station Michlifene, Ifrane HTE N 155 MARS 2013 12

Medina de Fès : patrimoine universel 2. ETAT DES LIEUX DES RESSOURCES EN EAU 2.1 - POTENTIEL DES RESSOURCES EN EAU a) Eaux de surface D un point de vue hydrologique, le bassin peut être divisé en quatre ensembles : - Le Sebou, issu du moyen Atlas et constitué par les bassins du haut Sebou (6 000 km 2 ) de l Inaouène (5 200 km 2 ) et du moyen Sebou (5 400 km 2 ); - L Ouergha, qui a une superficie de l ordre de 7 300 km 2 ; - Le Beht, qui a une superficie de l ordre de 9 000 km 2, reçoit l oued R dom avant de rejoindre le Sebou dans la plaine du Gharb ; - Le bas Sebou, dont la superficie couvre environ 6 000 km 2, et qui constitue un chenal instable et insuffisant pour supporter les débits de crues. Les apports en eau moyens annuels de la zone d action de l Agence de bassin hydraulique du Sebou s élèvent à 5 600 Mm³ par an, soit 887 m³/hab en moyenne. C est un des niveaux les plus élevés du Maroc (moyenne nationale 604 m³/hab). Comme le reste du Maroc, le Sebou doit faire face à une grande variabilité des apports en eau, temporaire mais aussi spatiale qui peuvent varier dans un rapport de 1 à 20. Fig.6 : Carte des ressources en eau de surface du bassin du Sebou 13 HTE N 155 MARS 2013

Les phénomènes de variations spatiales, saisonnières et interannuelles déjà observés sur les précipitations se retrouvent amplifiés sur les apports des différents sous bassins. Le coefficient de variation (rapport de l'écart type à la moyenne) est en général compris entre 0,60 et 0,80 traduisant une forte variation annuelle. Variation spatiales : Les débits spécifiques (débits moyen inter annuels par unité de surface de bassin versant) sont d'environ 1l/s/ km 2 (Haut Sebou, oued Mikkès, Bas Sebou) à 3-4 l/s/ km 2 sur les oueds Inaouène Lebene, et 10 à 15 l/s/km2 sur le bassin de l'oued Ouergha. Les coefficients de ruissellement (rapport entre les écoulements annuels moyens, mesurés en mm et les précipitations annuelles moyennes) varient entre 10 % environ (Haut et Moyen Sebou), de l'ordre de 20 % sur les oueds Inaouène, Lébène, Beht et Bas Sebou, et 40 % sur l'oued Ouergha. Deux points peuvent expliquer de telles variations : - La nature géologique du sol dans chacun des bassins versants. Par exemple, le sol du bassin de l Ouergha, à l amont du barrage Al Wahda, est constitué essentiellement de terrains argilo-marneux imperméables du Crétacé alors que dans le sud de Khémissset, on rencontre du schiste réputé par sa grande perméabilité. - Les très fortes précipitations enregistrées sur le bassin de l'oued Ouergha. L accroissement du déficit d'écoulement annuel (précipitation - ruissellement) se fait à un rythme plus faible que l accroissement de la pluie. À un certain moment, le déficit d écoulement paraît tendre vers une valeur asymptotique de l'ordre de 600 mm. On notera que les déficits d'écoulement sont beaucoup plus stables spatialement car ils ne varient que dans une fourchette de 450 à 600 mm environ alors que les coefficients d'écoulement varient dans une fourchette de 1 à 4 (10 % à 40 %) et que les écoulements eux-mêmes (exprimés en mm) varient de 1 à 10 (40 à 400 mm). Variations interannuelles : Les apports annuels peuvent varier dans un rapport de 1 à 28 entre deux années (année très sèche 1994/95 et année humide 1995/96 et 2009/2010). Fig.7 : Variation temporelle des apports d eau de surface du bassin (Mm3/an) Entre les deux séries 1939/40-2009/10 et 1973/74-2009/10, comparables à celles utilisées pour les précipitations, on trouve une diminution de 23 % en moyenne des apports sur la dernière période. Cette diminution relative est encore plus forte (40 à 50 % selon les sous bassins) si on compare la période 1973/74-2009/10 à la période précédente 1939/40-1972/73. L'effet de la sècheresse est donc considérablement marqué sur les apports, contrairement à l effet des précipitations. En effet, lorsque ces dernières diminuent, le déficit d'écoulement reste à peu près constant, c est et le ruissellement (différence entre la pluie et ce déficit) qui diminue donc très fortement en valeur relative. Le graphique ci-après montre l évolution des apports au cours de la période 1939/40-2009/10 et fait bien apparaitre la diminution des apports au cours des trois dernières décennies. Fig.8 : Evolution des apports en eau de surface du bassin du Sebou HTE N 155 MARS 2013 14

b) Ressources en eau souterraines Le bassin du Sebou fait partie des bassins les plus riches en eau souterraine du Maroc. Ses ressources mobilisables (1020 Mm 3 ) représentent environ 25% du potentiel mobilisable du Maroc. Les ressources en eau souterraines du bassin du Sebou sont contenues dans plusieurs nappes, dont les plus importantes sont : la nappe de Dradère-Souière ; la nappe de la Mamora ; la nappe du Gharb ; la nappe de Bou Agba ; l es nappes du bassin du Fès-Meknès (phréatique et profonde) ; les nappes du couloir de Fès-Taza (phréatique et profonde) ; les nappes du Causse du Moyen Atlas (basaltes quaternaires et calcaires et dolomies du Lias); la nappe du Moyen Atlas plissé. Le tableau ci-après indique le bilan moyen des nappes sur la période 1939-2002. On notera que les valeurs négatives (nappes en déficit) signifient que ces nappes ont des sorties d eau supérieures aux entrées, en général à cause de prélèvements excessifs, qui entrainent une baisse continue de leur niveau. Fig.9 : Carte des nappes du bassin du Sebou 15 HTE N 155 MARS 2013

Nappe Entrées Prélèvements directs Sorties Oueds et sources Abouchement Total Moyen Atlas plissé 286 20 266 286 0 Couloir Fès-Taza 157 13 48,5 95 157 0 Taza 13 12 8 19-6,6 Moyen Atlas Tabulaire 691 74 454 162 691 0 Fès-Meknès 242 260 82 342-100 Gharb 224 248 13 261-37 Maamora 160 117 7 48 172-12 Dradère Souiere 111 22 20 69 111 0 Bouagba 3 4 4-1 Total net 1579 769 878 89 1737-157 Tab.1 : Bilan des ressources en eau souterraines en Mm 3 /an Bilan Les apports nets des nappes du bassin du Sebou s élèvent à 1579 Mm 3 /an. Toutefois, le potentiel mobilisable annuel est de 1020 Mm 3 seulement en raison de : 300 Mm 3 : de sorties de sources drainés directement par les oueds (débits de base) et déjà comptabilisés dans le bilan des eaux de surface 170 Mm 3 : sorties vers l oued Oum Erbia à partir de la nappe du Moyen Atlas Tabulaire (zone de Timahdit-Guigou) 89 Mm 3 de sorties directes vers l océan et la merja Zerga (Gharb-Maamora et Dradère-Souier Les prélèvements directs sont de 769 Mm 3 /an dont 22% pour l alimentation en eau potable, et 78 %, pour l Irrigation Privée notamment. Les nappes les plus sollicitées sont celles de : Fès-Meknès : déficit de 100 Mm 3 /an Gharb : déficit de 37 Mm 3 /an Maamora : déficit de 12 Mm 3 /an Le bilan «eau souterraine» global du bassin est donc déficitaire d un volume d environ de 157 Mm 3 /an. Ce déficit explique la baisse continue, depuis plusieurs années, du niveau des aquifères, cette baisse pouvant être très importante pour certains d entre eux (- 65 m par exemple, entre 1979 et 2004, pour la nappe du Lias au sud du plateau de Meknès). Piézomètre N IRE 290-22 Fig.10 : Piézométrie de la nappe de Fès-Meknès HTE N 155 MARS 2013 16

2.2- QUALITE DES RESSOURCES EN EAU a) Eaux de surface Les principales sources de pollution sur le bassin de l oued Sebou sont d ordre domestique, industrielle et agricole (on citera pour mémoire les pollutions accidentelles, à caractère aléatoire). La pollution des eaux a atteint des niveaux critiques qui risquent de menacer le développement économique et social du bassin. Plus du tiers des eaux de surface sont de mauvaise qualité ; Les enjeux économiques, environnementaux sont importants et risquent de constituer un handicap majeur pour le développement de plusieurs secteurs dont notamment celui du tourisme dans la région. Tous les segments principaux de la demande actuelle dans le Sebou sont polluants : activité domestique : - Les villes du bassin rejettent un volume annuel d eau usée estimé à 80 millions de m³, dont 86% sont déversés dans les cours d eau. Ces rejets représentent 25% du total national. - Fès est la ville qui pose le plus de problèmes de pollution, ses rejets représentent 40% de l impact total au niveau du bassin du Sebou. activité industrielle : - L activité industrielle génère près de 3,5 millions d équivalents-habitants de pollution organique - Les sucreries, les papeteries et les huileries sont à l origine de 70% de la pollution industrielle du bassin. activité agricole : - L'utilisation croissante des engrais et des produits phytosanitaires a pour résultat la contamination des eaux souterraines par des produits agrochimiques. - Les charges polluantes sont constituées essentiellement des nitrates dépassant souvent le seuil de potabilité de l eau. Ces différentes sources de pollution augmentent avec le développement démographique, économique et agricole, en dépit des actions de dépollution déjà entreprises. Les objectifs fixés en matière de réduction de la pollution sont ambitieux, avec un taux de réduction de 60 % à l horizon 2020 et de 80 % à l horizon 2030. Le réseau de suivi de la qualité des eaux mis en place par l Agence ABHS montre que 53 % des points contrôlés présentent un niveau de qualité moyenne à excellente, 22 % de qualité mauvaise et 25 % de qualité très mauvaise. La qualité de l eau est globalement bonne sur le haut bassin du Sebou, sur l oued Inaouène (sauf à l aval des rejets de la ville de Taza), sur tout le bassin de l oued Ouergha, sur le haut bassin de l oued Beht, sur l oued Beht en aval de sa confluence avec l oued Rdom. Elle est mauvaise à très mauvaise sur l oued Sebou en aval des rejets de la ville de Fès, sur l oued Beht en aval des rejets de la ville de Sidi Slimane, sur l oued R Dom en aval des rejets des villes de Meknès et de Sidi Kacem, ce qui rend difficile l usage de l eau pour l alimentation humaine et animale mais aussi pour l irrigation de certaines cultures (cultures maraîchères notamment). Fig.11 : Répartition de la qualité globale des eaux de surface 17 HTE N 155 MARS 2013

Fig.12 : Etat de la qualité des eaux superficielles b) Eau souterraine 47 % des points du réseau de suivi de la qualité des nappes mis en place par l ABH Sebou qui comporte 226 stations de contrôle, présentent une qualité moyenne à bonne mais 34 % sont de très mauvaise qualité, due principalement à une contamination par les nitrates dans les régions à forte activité agricole (Gharb, Saïss et Mamora). Cette pollution est le résultat conjugué d un usage abusif des produits agrochimiques et de systèmes d irrigation gravitaire, non économe en eau, permettant à une part importante des eaux d irrigation de migrer vers la nappe. La qualité des eaux souterraines du bassin de Sebou varie selon les nappes, mais peut être globalement ainsi résumée : Excellente pour les paramètres organiques pour l ensemble des nappes, Globalement bonne pour la qualité bactériologique, Par nappe, la situation est comme suit : Bonne pour les nappes du Moyen Atlas, Globalement bonne à moyenne pour la nappe du Gharb, Globalement moyenne à mauvaise pour la nappe de la Mamora, Mauvaise à très mauvaise pour la nappe phréatique de Fès-Meknès, Mauvaise pour les teneurs en nitrates au niveau des principales nappes avec des pourcentages de points dépassant la valeur maximum admissible (50 mg/l pour l eau potable) de 60 % pour les nappes de Fès- Meknès et du Gharb et de 45 % pour la Mamora. HTE N 155 MARS 2013 18

Fig.13 : Etat de la qualité globale des nappes Des études récentes montrent que les nappes côtières (Mamora, Gharb, Dradere-Souière) sont menacées d invasion saline si les prélèvements d eau, agricoles ne sont pas maîtrisés ou remplacés par des amenées d eaux superficielles, soit directes soit par recharge des nappes. Fig.14 : Répartition de la qualité globale des eaux souterraines (2007) c) Impact de la pollution L impact de la dégradation de la qualité de l eau au niveau du bassin du Sebou peut être évalué comme suit : - impact sanitaire et maladies hydriques ; - perte de capital ressource en eau suite à la contamination par les rejets ; - lâchers d eau à partir des barrages pour faire face aux pics de pollution - surcoûts du traitement de l eau potable - impact sur les poissons, la flore aquatique et l avifaune. Le coût annuel engendré par la pollution est estimé à 3.5 milliards de DH. d) Efforts de lutte contre la pollution Soucieuse de la problématique de la pollution des ressources en eau, et s intégrant avec les orientations à la fois de la Stratégie National de du secteur de l Eau, et du Plan Directeur d Aménagement Intégré des Ressources en Eau du bassin du Sebou, notamment les axes en relation avec la protection des ressources hydrauliques et 19 HTE N 155 MARS 2013

leur préservation, l ABH/Sebou a élaboré un programme de la dépollution fixant comme objectif la réduction de la pollution de l eau au niveau bu bassin de 80% à l horizon 2030 pour atteindre les objectifs de la qualité. Ce programme s articule autour de trois composantes à savoir : L épuration urbaine et rurale La dépollution industrielle La Gestion des déchets ménagers Le coût de ce programme s élève à 5 milliard DH. Dépollution domestique : Plusieurs projets et actions visant à améliorer les conditions d hygiène et assurer le développement économique et social de la région ont été initiés ou réalisés dans le Sebou. Ces opérations s inscrivent dans le cadre du programme national d assainissement liquide et de l épuration qui requiert un soutien et un appui financier de la part de l Etat. 53 centres du bassin du Sebou seront dotés de stations d épuration à l horizon 2030, en plus de 60 centres ruraux : 4 Régies : Fès, Meknès, Kénitra et Taza 49 centres ONEP/Communes 4 STEP sont actuellement fonctionnelles au niveau du bassin : Meknès (1ère tranche), Ain Taoujdate, Mhaya, Dar Gueddari. STEP de la ville de Fès, qui est un projet de grande importance pour la réhabilitation de la qualité de l Oued Sebou, est en cours des essais et va être fonctionnelle courant 2013. 14 autres STEP sont en cours de réalisation. Dépollution industrielle : - Programme de dépollution industrielle de la ville de Fès : initié en 2008 avec la mise en place de la station d épuration de l usine Coca Cola avec 34 MDH, d autres stations de prétraitements sont en cours de réalisation pour les autres industries de la ville. - Pour les huileries d olives: Mise en place d une station d évaporation naturelle des margines de la ville de Fès en 1996, en collaboration avec l Union Européenne. Cette station permet de collecter et d éliminer 30% des margines générées par les huileries. Cependant cette technique s est avérée insuffisante, et 85% des margines continuent à être rejetées dans l Oued Sebou. - Pour l unité de transformation des algues : Mise en place d une station d épuration des rejets liquides de SETEXAM, société de traitement des algues maritimes, en 1996, avec l appui du FODEP. - Pour les tanneries : Mise en place en 2004 d une station de déchromatation des rejets des tanneries du quartier industriel Dokkarat à Fès, avec l aide d un don de l USAID. Elle permet de récupérer 90% du chrome toxique rejeté par les tanneries de ce quartier. Le reste des tanneries de la ville sont actuellement connectées à cette station de traitement. - La réalisation en 2008 de la station d épuration des eaux usées de la société SOTRAMEG (distillerie de mélasse) avec l aide financière du FODEP - La mise en service de la station d épuration de la papeterie CMCP de Kénitra en 2013 avec l aide financière du FODEP Les priorités du bassin sont axées sur le traitement : des rejets des huileries d olives à travers tout le bassin : Fès, Taounate, Meknès, Taza, Sefrou, Sidi Kacem, Ouezzane, Moulay Yacoub, des rejets des sucreries du Gharb des effluenst industriels des papeteries notamment la Cellulose du Maroc et la GPC de Kénitra En plus de l assistance technique moyennant des études pour le traitement des rejets liquides, l Agence a la possibilité d octroyer des aides financières dans le cadre du Mécanisme Volontaire de la Dépollution Industrielle Hydrique MVDIH qui a remplacé le FODEP pour plus de proximité vis-à-vis des industriels. HTE N 155 MARS 2013 20