Coopération Sud-Sud et mise en œuvre de la

Documents pareils
Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé

S engager pour la survie de l enfant: Une promesse renouvelée

Le Conseil d administration. L Article VI du Statut du PAM définit comme suit les fonctions du Conseil:

résumé un développement riche en emplois

S engager à agir pour le développement durable dans une période de changement

Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

Examen des activités de coopération technique de la CNUCED et de leur financement

Groupe de la Banque africaine de développement. ALLOCUTION D OUVERTURE DE M. OMAR KABBAJ Président du Groupe de la Banque africaine de développement

Cent huitième session. Rome, octobre 2011 FINANCEMENT DES ÉVALUATIONS - MISE EN ŒUVRE DES DÉCISIONS DU CONSEIL

Secrétariat d Etat auprès du Premier Ministre chargé des Technologies Nouvelles

PRESENTATION DU PROGRAMME D ACTION NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DES TERRES ET DES FORETS EN RDC

Conseil économique et social

Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté aux Comores

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

Commission des finances

Qu est-ce que le TIR?

Je suis honnorée de m' addresser à vous à l'occasion du Onzième Congrès des Nations Unis pour la Prevention du Crime et la Justice Penale.

Accord négocié régissant les relations entre la Cour pénale internationale et l Organisation des Nations Unies. Préambule

F Distribution: GÉNÉRALE QUESTIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE. Point 5 de l'ordre du jour

Conseil d administration Genève, mars 2000 ESP. Relations de l OIT avec les institutions de Bretton Woods BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL

Les foyers pauvres considèrent généralement que le terrain et la propriété sont

Comment les pauvres gèrent-ils le risque?

Négociation ministérielle pour un prêt de la Banque mondiale

Second communiqué 1 Conférence mondiale 2015 sur la réduction des risques de catastrophe (3 e édition)

PRODUITS MORTELS LES PESTICIDES DANS LE COTON

Assemblée générale. Nations Unies A/AC.105/772

Ministère des Mines, de l Industrie et des PME PROGRAMME NATIONAL «PLATE-FORME MULTIFONCTIONNELLE POUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE (PN-PTFM)

CADRE DECENNAL DE PROGRAMMATION CONCERNANT LES MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION DURABLES (10YFP) RIO + 20 ADOPTE LE 10YFP

L AIDE AU DÉVELOPPEMENT FRANÇAISE

ENQUÊTE SUR LE COMMERCE D'ESPÈCES SAUVAGES SUR L'INTERNET

DOCUMENT OFFICIEUX DES COPRÉSIDENTS. Chapitre Paragraphes Page. Comprendre les risques de catastrophe

Immobilier : le point sur la stratégie de rénovation des bâtiments à Genève

Convention de Minamata sur le mercure

Conseil d administration de l Entité des Nations Unies pour l égalité des sexes et l autonomisation des femmes

Texte final de la Convention. Note du secrétariat

DEUXIÈME CONFÉRENCE DES MINISTRES AFRICAINS CHARGÉS DE L ENREGISTREMENT DES FAITS D ÉTAT CIVIL

RÉSEAU MONDIAL DE BANQUES D IMPORT-EXPORT ET D INSTITUTIONS DE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT (G-NEXID) STATUTS. Juillet 2006

Les inégalités de conditions de vie dans le monde

Chapitre Paragraphes Page

DÉCLARATION SUR LES PROBLEMES ET ENJEUX FONCIERS EN AFRIQUE

exécutif session Conseil h) Rapport CE/98/3 I) h) Original : anglais pour que 2. Les Membres publique du Groupe 3. La l OCDE, de travail II.

RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES EUROPEENNES ELEMENTS DE CONTEXTE

RAPPORT DU SECRÉTAIRE

Plan d action de l ISO pour les pays en développement

à la Consommation dans le monde à fin 2012

Plateforme d informations climatiques au Niger Présentation de l opportunité

Définition et exécution des mandats : analyse et recommandations aux fins de l examen des mandats

Thème 2 : Le rôle du «secteur informel» dans l intégration régionale

INVESTIR AU TCHAD. Le Tchad est un pays d agriculture et d élevage, un pays dont le peuple est laborieux, un pays dont le sous sol est promoteur.

RAPPORT ANNUEL DU COMITE D AUDIT ET DES RISQUES AU CONSEIL D ADMINISTRATION EXERCICE 2012

SEMINAIRE REGIONAL AFRICAIN SUR LA GOUVERNANCE LOCALE Octobre 2008 a Saly Portudal - Senegal L initiative d Apprentissage Mutuel entre Pairs

Comprendre les négociations internationales sur le climat. Contexte, historique et enjeux

Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

Favoriser la création d emplois et la croissance dans l industrie et l innovation

STATUTS DE LA COMMISSION SUISSE POUR LA CONSERVATION DES PLANTES CULTIVEES (CPC)

DONNER NAISSANCE NE DOIT PAS ÊTRE UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT

CONGRES REGIONAL CTA/ ATPS DE LA JEUNESSE EN AFRIQUE

Comité du développement et de la propriété intellectuelle (CDIP)

estion de la dette Nouveau programme u CR I ARCHIV pt. 2 pro jets DRMS Formation relative aux Deuxieme partie

CONVENTION DE BÂLE SUR LE CONTRÔLE DES MOUVEMENTS TRANSFRONTIÈRES DE DÉCHETS DANGEREUX ET DE LEUR ÉLIMINATION.

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

Formation des Partenaires en Fundraising/Récolte de fonds. Termes de référence

Nations Unies A/CONF.216/L.1* L avenir que nous voulons I. Notre vision commune * * Distr. limitée 19 juin 2012 Français Original : anglais

Renforcement des systèmes de santé

La Banque européenne d investissement. en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique ainsi que dans les pays et territoires d outre-mer

PARTENARIAT ENTRE LE SYSTEME DES NATIONS UNIES ET LE SENEGAL POUR UN DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL INCLUSIF ET DURABLE

Programme statistique du Secrétariat Exécutif de la CEDEAO

CULTURE D ENTREPRISE ET GESTION DES RISQUES. Favoriser la performance des organisations publiques par l influence des valeurs opérantes

Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Commissaire aux Comptes

APERÇU GÉNÉRAL RAPPORT SUR L ÉCONOMIE DE L INFORMATION. Science et technologie pour le développement: Le nouveau paradigme des TIC

QUESTIONS D ORGANISATION. Ordre du jour provisoire annoté INTRODUCTION

- Introduction : la globalisation commerciale d hier et d aujourd hui

SENSIBILISATION À LA CYBERSÉCURITÉ : LE COMPORTEMENT À RISQUE DES INTERNAUTES

À quelles lacunes en matière de données doit-il être remédié?

COMMISSION EUROPÉENNE DES FORÊTS TRENTE-TROISIÈME SESSION. Zvolen (Slovaquie), mai 2006

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

Le Protocole de Nagoya sur l accès et le partage des avantages

SITUATION DE LA CAISSE D'ASSURANCE-MALADIE ET MISE EN PLACE DE LA NOUVELLE STRUCTURE DE GOUVERNANCE PRÉSENTATION

Stratégie de partenariat de la Commission économique pour l Afrique

Harmonisation pour la santé en Afrique (HHA) Cadre d action

CONSEIL DE COORDIN AT I O N DU PROGRAM M E DE L ONUSID A

Les perspectives économiques

Deuxième Examen global de l Aide pour le commerce

PROGRAMME BRAFITEC BRAsil France Ingénieurs TEChnologie. 8ème Forum Brafitec Saint-Étienne Juin 2012

THESAURUS ENTREPRISES PUBLIQUES

BUREAUX DE LIAISON 29

ANNOTATIONS À L ORDRE DU JOUR PROVISOIRE

Accès équitable aux médicaments essentiels : cadre d action collective

La BRI. Au service de la stabilité monétaire et financière

LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHINOIS DEPUIS LA CRISE: QUEL RÉÉQUILIBRAGE?

Assemblée générale de l OMPI

REPUBLIQUE TOGOLAISE. Travail Liberate Patria MINISTERE DE L AGRICULTURE, DE L ELEVAGE ET DE LA PECHE -PNIASA - PLAN D ACTION DU VOLET NUTRITION

Imprimé par le service de production des documents de l OMS, Genève, Suisse.

relative à l établissement d un bureau international des poids et mesures

Le creusement des inégalités touche plus particulièrement les jeunes et les pauvres

Le HCR est pleinement conscient. Le budget du HCR pour l exercice Le processus de planification

ECE/AC.21/SC/2014/3 EUDCE /1.6/SC12/3. Conseil économique et social

Initiative allemande BACKUP pour l éducation en Afrique

Transcription:

Conférence des Parties à la Convention-cadre de l OMS pour la lutte antitabac Quatrième session Punta del Este (Uruguay), 15-20 novembre 2010 Point 6.5 de l ordre du jour provisoire FCTC/COP/4/18 15 août 2010 Coopération Sud-Sud et mise en œuvre de la Convention-cadre de l OMS pour la lutte antitabac Rapport du Secrétariat de la Convention Cadre général 1. Le présent rapport a été demandé par la Conférence des Parties à sa troisième session (Durban, Afrique du Sud, 17-22 novembre 2008), dans le plan de travail pour l exercice 2010-2011, 1 afin de dresser un bilan indiquant dans quelle mesure la coopération Sud-Sud peut contribuer à la mise en œuvre de la Convention-cadre de l OMS pour la lutte antitabac. 2. La Convention reconnaît l importance de la coopération internationale pour aider les pays en développement et les pays à économie en transition à mener des activités de lutte antitabac et la nécessité de mettre au point des mécanismes appropriés pour remédier aux conséquences sociales et économiques à long terme des stratégies efficaces de lutte antitabac. Elle reconnaît par ailleurs que les pays ont besoin d une assistance technique et financière pour appliquer des stratégies nationales de développement durable. 3. Compte tenu de ce qui précède et des éléments de plus en plus nombreux montrant que le tabagisme touche de façon disproportionnée les populations démunies dans les pays en développement, la Conférence des Parties, à sa première session (Genève, Suisse, 6-17 février 2006), a prié le Secrétariat de la Convention de promouvoir la coopération Sud-Sud pour l échange de compétences scientifiques, techniques et juridiques, dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention. 2 À sa deuxième session (Bangkok, Thaïlande, 30 juin-6 juillet 2007), la Conférence des Parties a rappelé que les pays en développement Parties et les Parties à économie en transition avaient besoin d un appui. 3 À sa troisième session, elle a décidé d intégrer la coopération Sud-Sud dans le 1 Voir la décision FCTC/COP3(19). 2 Voir la décision FCTC/COP1(13). 3 Voir la décision FCTC/COP2(10).

plan de travail pour l exercice 2010-2011, sous la rubrique de l aide aux Parties pour la mise en œuvre de la Convention, dont les grandes lignes avaient été définies lors des sessions précédentes. Toutefois, l exécution de cette tâche dépend des contributions extrabudgétaires et le Secrétariat de la Convention s emploie à obtenir les ressources nécessaires pour la mener à bien comme prévu d ici la fin de l exercice. 4. Le présent rapport a pour objet d informer la Conférence des Parties pour qu elle fasse le point des progrès accomplis et il donne des éléments d orientation dans ce domaine d activité relativement nouveau. Coopération Sud-Sud : historique et tendances 5. Dans le contexte international dynamique et changeant des années 1950 et 1960, les pays en développement nouvellement indépendants étaient très désireux de coopérer entre eux. Ce type de coopération a commencé dans les années 1950, mais ce n est qu en 1978, à la Conférence des Nations Unies sur la coopération technique entre pays en développement, tenue à Buenos Aires (Argentine), qu elle a été intégrée dans un cadre stratégique. 6. D après un rapport sur la promotion de la coopération Sud-Sud au cours des 30 dernières années présenté en 2009 par le Secrétaire général de l Organisation des Nations Unies, 1 les pays en développement ont acquis collectivement une série de compétences techniques, beaucoup d entre eux deviennent des pays à revenu moyen et contribuent dans une large mesure à la coopération Sud-Sud, l intégration régionale donne un élan supplémentaire à la coopération Sud-Sud et les organismes et programmes des Nations Unies ont contribué de façon cruciale à promouvoir la coopération entre pays en développement. 7. Dans son rapport, le Secrétaire général note aussi l importance de la Déclaration de Marrakech sur la coopération Sud-Sud, 2 dans laquelle les participants à la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud, tenue à Marrakech (Maroc) en 2003, ont convenu de tout faire pour assurer l interface nécessaire entre les modalités de la coopération Nord-Sud et de la coopération Sud-Sud. Cet événement a donné naissance à ce qu on a appelé par la suite la «coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire». Fait qui n est pas sans intérêt, le Plan d action de Buenos Aires énumère cinq points au sujet du rôle des pays développés et souligne que l intensification des liens avec le Nord est «nécessaire», présageant ainsi la coopération triangulaire. 8. Les pays développés ont approuvé les efforts déployés pour intensifier la coopération Sud-Sud et celle-ci occupe une place de plus en plus importante dans les délibérations du Groupe des Huit. Avec la formation récente du Groupe des 20, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire acquièrent une nouvelle dimension géopolitique. 9. Le Japon a été le premier pays à prendre des mesures concrètes pour promouvoir la coopération triangulaire en 1993 et, au cours des dix dernières années, l Union européenne et les pays scandinaves ont fourni des moyens de financement substantiels pour de nombreuses initiatives de coopération Sud-Sud. Le Comité d Aide au Développement de l Organisation de Coopération et de Développement économiques a formé des partenariats avec un certain nombre de pays en développement à revenu intermédiaire pour fournir une aide au développement aux pays les moins 1 Document A/64/504 de l Assemblée générale des Nations Unies. 2 Voir le document A/58/683 de l Assemblée générale des Nations Unies. 2

avancés. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) actualise et soumet régulièrement au Comité de haut niveau sur la coopération Sud-Sud et à l Assemblée générale des Nations Unies des rapports sur la coopération Sud-Sud et sur l aide fournie par les pays développés dans ce domaine. 10. La coopération Sud-Sud comprend toute une gamme d activités, des plus simples aux plus complexes, comme la mise en place de systèmes de communication électronique et la réalisation de travaux de recherche. En termes de ressources et d aide au développement, la coopération Sud-Sud représente environ 10 % du montant total de l aide publique au développement (US $12,6 milliards en 2006). 1 11. Depuis la réunion de 25 des pays les plus importants convoquée en 1997 par le Groupe spécial pour la coopération Sud-Sud, la coopération Sud-Sud s est rapidement développée. Des pays comme l Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l Inde illustrent comment des années d efforts nationaux pour renforcer les compétences techniques permettent de développer les capacités en matière de fourniture d assistance, de transfert de technologie et de financement. 12. Les initiatives régionales et interrégionales ont donné un élan supplémentaire à la coopération Sud-Sud. L action de groupements régionaux comme la Communauté des Caraïbes, la Communauté andine, le Marché commun du Sud, le Marché commun de l Afrique de l Est et de l Afrique australe, la Communauté de développement de l Afrique australe, l Association des Nations de l Asie du Sud-Est, les organisations de coopération économique en Asie centrale et occidentale et l Association pour la coopération régionale en Asie du Sud illustre les avantages de la coopération Sud-Sud et la rapidité avec laquelle elle s est développée. La Convention-cadre de l OMS pour la lutte antitabac et la coopération Sud-Sud Corrélations et perspectives 13. Les mesures complètes prévues dans la Convention-cadre de l OMS pour lutter efficacement contre le tabagisme couvrent l offre et la demande, les mécanismes de coopération scientifique et technique, l échange d informations entre les pays et, plus généralement, la coopération internationale. En incluant des dispositions relatives à la coopération internationale dans un instrument juridique international, la Convention a beaucoup augmenté non seulement les possibilités de coopération pour sa propre mise en œuvre, mais, plus généralement, les possibilités de coopération mondiale en matière de santé publique. 14. De façon pertinente, certains pays en développement ont donc prôné la coopération Sud-Sud dans la mise en œuvre de la Convention. L action de sensibilisation à cet égard a été renforcée par le fait que l augmentation de la charge de morbidité dans les pays en développement, notamment la progression des maladies non transmissibles, est directement liée au tabagisme. D après certaines études, 80 % des décès imputables au tabagisme se produiront dans les pays en développement. 2 Ces maladies représenteront donc un fardeau énorme pour les systèmes de santé des pays pauvres déjà fragilisés par le manque de financement, de personnel et de matériel. 1 Document E/2009/85 du Conseil économique et social des Nations Unies. 2 Voir le document E/2008/59 du Conseil économique et social des Nations Unies. 3

15. De plus, l objectif de la Convention, défini dans l article 3 «protéger les générations présentes et futures des effets sanitaires, sociaux, environnementaux et économiques dévastateurs de la consommation de tabac et de l exposition à la fumée du tabac en offrant un cadre pour la mise en œuvre de mesures de lutte antitabac par les Parties aux niveaux national, régional et international» suppose à l évidence une coopération d une ampleur et d une portée importantes entre les Parties. 16. Les dimensions de la Convention qui touchent à l action multisectorielle et au développement, définies dans les articles 5 (Obligations générales) et 7 (Mesures autres que financières visant à réduire la demande de tabac), transcendent les frontières locales et appellent un renforcement des compétences et de la coopération multisectorielles au niveau international pour seconder les Parties dans la mise en œuvre de la Convention. 17. Certaines dispositions de la Convention, par exemple celles qui concernent les mesures axées sur la demande, justifieraient tôt ou tard une coopération régionale, sous-régionale ou interrégionale. D après les tendances observées dans la mise en œuvre de la Convention et les éléments de plus en plus nombreux relevés dans les rapports des Parties, une telle coopération est probable dans les domaines de la politique fiscale, de la publicité transfrontières, du conditionnement, de l étiquetage et de la réglementation des produits. 18. S agissant de l offre, on ne saurait trop insister sur l importance de la coopération régionale, sous-régionale et interrégionale, en ce qui concerne notamment le commerce illicite des produits du tabac. Les tendances de la coopération Sud-Sud en matière d harmonisation régionale pourraient avoir une influence déterminante sur l efficacité des efforts déployés par les Parties pour mettre un frein au commerce illicite des produits du tabac. 19. De même, en ce qui concerne les articles 17 (Fourniture d un appui à des activités de remplacement économiquement viables) et 18 (Protection de l environnement et de la santé des personnes) de la Convention, les réseaux d experts et l appui institutionnel au sein des institutions spécialisées des Nations Unies seront d une importance capitale pour fournir aux Parties, de façon adéquate et appropriée, l assistance technique dont elles ont besoin pour appliquer des stratégies nationales de développement durable. Parmi ces institutions figurent l Organisation des Nations Unies pour l Alimentation et l Agriculture (FAO), le Fonds international de Développement agricole et l Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel. À cet égard, la coopération entre les Parties du Sud sera cruciale car ce sont les principaux cultivateurs de tabac et, bien souvent, d importants producteurs de produits du tabac. Pour aider ces Parties, il faudra réaliser des études pilotes, définir les meilleures pratiques et mettre en place avec succès des cultures de remplacement ainsi que les techniques et technologies qu elles nécessitent. Mais surtout, en plus de la coopération Sud-Sud, cet appui devra s accompagner de l aide des pays du Nord principalement financière, mais aussi technique, et prendra ainsi une dimension triangulaire. 20. Les rapports des Parties sur la mise en œuvre de la Convention mettent en lumière un autre domaine d une importance cruciale : l élaboration d une législation nationale en conformité avec la Convention. La tâche n est pas facile pour les Parties, même s il semble, d après les données disponibles, qu une plus grande prise de conscience et une meilleure coopération aux niveaux régional et sous-régional peuvent supprimer de nombreux obstacles techniques. Il devrait être possible et commode de promouvoir la création de «banques de savoir» dans ce domaine, qui non seulement seraient utiles aux niveaux régional et sous-régional, mais pourraient aussi aider au niveau interrégional à élaborer une législation antitabac nationale qui soit efficace et conforme à la Convention. 4

21. En ce qui concerne les activités en cours dans ce domaine, la Conférence des Parties souhaitera peut-être noter que, dans le cadre du processus d élaboration de directives pour la mise en œuvre, la Convention a contribué à promouvoir la coopération triangulaire. L élaboration de ces directives a offert la possibilité aux Parties du Sud et du Nord de se rassembler autour d un projet et de mettre en commun leurs données d expérience et leurs compétences pour concevoir des instruments d application du traité. Pendant la phase pilote des évaluations des besoins, le Secrétariat de la Convention a assuré une étroite coordination avec les représentants résidents du PNUD au niveau des pays pour intégrer la mise en œuvre de la Convention dans le Plan-cadre des Nations Unies pour l aide au développement. Le Secrétariat de la Convention collabore également avec le Groupe spécial pour la coopération Sud-Sud au sein du PNUD pour élaborer et coordonner une stratégie commune visant à intégrer la mise en œuvre de la Convention dans leurs plans d action futurs aux niveaux mondial, régional et national. Le Secrétariat de la Convention continuera à promouvoir les créneaux de ce type et à mettre à profit les enseignements tirés de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. Possibilités d exploiter les réseaux et mécanismes de coopération Sud-Sud existants 22. La coopération Sud-Sud, les priorités correspondantes en matière d action multisectorielle et de développement, ainsi que les cadres institutionnels et opérationnels apparentés, ont évolué en fonction des impératifs de développement. Ces cadres ont pris de l importance grâce à leur capacité à favoriser la coopération Sud-Sud aux niveaux national, régional, interrégional et international. Depuis 2003, le PNUD a intégré la coopération Sud-Sud dans ses six domaines d intervention. Par ailleurs, il héberge le Groupe spécial pour la coopération Sud-Sud et supervise le système des coordonnateurs résidents, qui favorise la coopération Sud-Sud par l intermédiaire des équipes de pays. Le Groupe spécial suit, coordonne et encourage la coopération Sud-Sud dans le système des Nations Unies pour le développement. Différents organismes des Nations Unies, comme la FAO, l Organisation des Nations Unies pour l Éducation, la Science et la Culture, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement, le Fonds des Nations Unies pour la Population ou encore l Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel, offrent des services pour soutenir les mécanismes de coopération Sud-Sud. 23. La coopération Sud-Sud a aussi débouché sur la création d un réseau de centres d excellence pour le transfert de savoir et de technologie, moyennant la formation d experts dans de nombreux pays en développement comme l Afrique du Sud, la Chine, l Égypte, l Inde et la République-Unie de Tanzanie. En collaboration avec le Gouvernement brésilien, le PNUD a créé le Centre international de la pauvreté à Brasília. De plus, le PNUD a plusieurs réseaux qui couvrent cinq de ses domaines d intervention et relient son personnel et des experts dans le monde entier. Les institutions spécialisées encouragent aussi des réseaux de ce type et échangent des informations avec le Groupe spécial pour la coopération Sud-Sud. L OMS dispose par exemple de «centres de connaissances» qui, dans le cadre de la formation et de l assistance technique, génèrent, adaptent, diffusent et échangent des connaissances et des données d expérience. En outre, face aux impératifs de développement, la société civile a, partout dans les pays du Sud, joué un rôle actif. L ampleur de ce rapport ne permet pas de présenter en détail tous les réseaux de coopération Sud-Sud, mais ce sera là l un des aspects des activités futures du Secrétariat de la Convention. 24. La possibilité d échanger des informations, des données et les résultats de travaux de recherche à l intérieur de réseaux déjà en place ou nouvellement créés avec le concours du système des Nations Unies serait une incitation pour les pays en développement et, dans la plupart des cas, ces réseaux seraient complétés par les réseaux institutionnels existants dans l ensemble du monde, y compris dans les pays du Nord, ce qui favoriserait la coopération triangulaire. Par conséquent, le cadre des Nations Unies existant, conjugué aux réseaux du Sud, pourrait être utilisé judicieusement non seulement aux fins de la coopération Sud-Sud, mais aussi pour la coopération triangulaire. 5

25. À cet égard, il est à noter que le PNUD exécute actuellement son plan stratégique pour 2008-2011, qui fait suite à l examen triennal complet des activités effectué en 2007 et à d autres décisions pertinentes du Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud et de l Assemblée générale des Nations Unies, et qui tend à promouvoir la coordination, l efficacité et l efficience de l appui des Nations Unies à la coopération Sud-Sud, en particulier au niveau des pays. 26. Compte tenu des effets dévastateurs du tabagisme, notamment dans les pays en développement, il peut être intéressant pour les Parties de soulever la question de la mise en œuvre de la Convention lors du quatrième examen triennal de la coopération Sud-Sud, prévu fin 2010. Une telle démarche jetterait les bases nécessaires pour que l ensemble du système des Nations Unies accorde une attention spéciale à la mise en œuvre du traité. Domaines possibles pour la coopération Sud-Sud 27. D après l analyse des informations communiquées par les Parties dans leurs rapports sur la mise en œuvre de la Convention, on pourrait commencer à promouvoir la coopération Sud-Sud et, le cas échéant, la coopération triangulaire, dans les domaines suivants : i) meilleures pratiques entraînant une baisse de la prévalence du tabagisme ; ii) élaboration d une législation nationale antitabac en conformité avec la Convention ; iii) élaboration et mise en place de mécanismes multisectoriels de lutte antitabac au niveau national ; iv) taxation du tabac et utilisation des taxes sur le tabac pour financer des activités de lutte antitabac ; v) conditionnement et étiquetage des produits du tabac ; et vi) domaines pouvant être considérés comme importants pour certaines régions ou certains groupes de pays, par exemple le tabac sans fumée. 28. Une fois que le travail aura commencé et sur la base des nouveaux éléments qui se feront jour, d autres domaines pourront être définis. Conclusions et recommandations 29. Même si la Convention-cadre de l OMS pour la lutte antitabac est un instrument juridique international relativement nouveau dans le domaine de l action sanitaire, l existence d un cadre institutionnel et opérationnel bien conçu contribuera à promouvoir la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. La Convention assigne aux Parties une mission de grande ampleur consistant à coopérer entre elles et à s entraider eu égard à «leurs obligations internationales individuelles, réciproques et collectives». 30. Certains aspects et certaines dispositions de la Convention peuvent contribuer dans une large mesure à la réalisation d objectifs de développement convenus au plan international, notamment les objectifs du Millénaire pour le développement. Les dimensions de la Convention qui touchent à l action multisectorielle et au développement sont trop cruciales pour être négligées, qu il s agisse de la menace croissante des maladies non transmissibles ou des dépenses de santé qu entraînent les 6

maladies dues au tabagisme pour les ménages démunis. Elles ont notamment une incidence sur la réalisation de l objectif 1 du Millénaire pour le développement. 31. La coopération triangulaire est essentielle pour la viabilité à long terme des mesures internationales de lutte antitabac, ce dont tient compte la Déclaration de Marrakech (voir plus haut), mais la Convention-cadre de l OMS apporte une dimension unique à ce type de coopération. Il existe des cas où pays développés et pays en développement ont été confrontés à des difficultés similaires, à la fois juridiques et de procédure, face à une industrie du tabac qui essayait d influencer les résultats de l action des pouvoirs publics, concernant par exemple le conditionnement et l étiquetage, les présentoirs en magasin et l interdiction de la publicité et du parrainage. 32. Dans le but de promouvoir la coopération Sud-Sud pour contribuer à la mise en œuvre de la Convention, et conformément aux décisions de la Conférence des Parties sur ce point, il est proposé que le Secrétariat de la Convention : i) continue à s efforcer d obtenir les ressources extrabudgétaires nécessaires pour exécuter le point 4.4 du plan de travail pour l exercice 2010-2011 défini par la Conférence des Parties à sa troisième session ; 1 ii) collabore activement avec le PNUD et le Groupe spécial pour la coopération Sud-Sud afin de voir s il serait possible d utiliser le cadre institutionnel pour la coopération Sud-Sud déjà en place dans le système des Nations Unies, y compris au titre de l initiative Unité d action des Nations Unies et du principe «Unis dans l action» au niveau du pays ; iii) organise une réunion d experts de différents groupes régionaux pour dresser un plan d action visant à promouvoir la mise en œuvre de la Convention par la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire ; iv) se tienne au courant des nouveautés dans les forums multilatéraux et continue à sensibiliser les décideurs à l importance que revêtent la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pour promouvoir la mise en œuvre de la Convention ; et v) établisse un rapport exhaustif sur la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire qui sera présenté à la Conférence des Parties à sa prochaine session ordinaire. MESURES À PRENDRE PAR LA CONFÉRENCE DES PARTIES 33. La Conférence des Parties est invitée à prendre note du présent rapport et à fournir des indications supplémentaires. = = = 1 Voir la décision FCTC/COP3(19). 7