LES DECHETS GENERENT DE L ENERGIE Méconnue et souvent critiquée, voire bloquée par les associations de défense de l environnement, l incinération des déchets est une source d énergie qui ne peut aujourd hui être négligée et dont l impact effectif sur l environnement est de mieux en mieux maîtrisé. Les émissions de dioxine, tant décriées, de cette source d énergie s avèrent inférieures à celles générées par la combustion du bois. L incinération des déchets produit, chaque année, 9,1 millions de MWh d'énergie thermique et électrique, soit 1,17 million de tep (tonne équivalent pétrole), ou l'équivalent des besoins en électricité de plus de 520 000 foyers (3 % de la population française). Cela représente également une production de chaleur pour plus d'un million de foyers (7 % de la population française 1 ). A l'horizon 2020, 4 à 5 Mtep, en moyenne, pourront être produites par an, selon les scénarios, grâce au traitement des déchets avec récupération d'énergie et au captage du gaz de décharge. Quels déchets pour quelle énergie? 42 % des déchets ménagers en France sont traités par incinération 2. Et sur les 13 millions de tonnes incinérées, 95% font l'objet d'une valorisation énergétique. La valorisation énergétique des ordures ménagères se place ainsi au 2ème rang pour la production de chaleur ou d'électricité à partir d'énergies renouvelables : 2ème source d'électricité renouvelable après l'hydraulique 2ème source de chaleur renouvelable après le bois 1 «Etat du parc des UIOM en 2002»,TSM, juin 2003 2 (source Ademe/ITOM 2000, Le traitement des déchets ménagers)
Dans une usine d incinération normale, il faut environ 5 à 7 tonnes de déchets pour avoir l équivalent d une tonne de fioul. Ce rendement peut s améliorer si on recycle, avant l incinération, le verre, les métaux, les déchets fermentescibles humides et il diminue si on recycle papiers et cartons. Le rendement énergétique pour la production de chaleur est assez élevé sur l année (75% en moyenne, soit 1 500 kwh thermiques par tonne d ordures, chiffre supérieur en hiver et inférieur l été car le besoin de chaleur est moindre) et beaucoup plus faible pour la production d électricité (de 20 à 25 %, soit 300 à 400 kwh par tonne d ordures). L utilisation directe de la chaleur présente donc un plus grand intérêt économique et environnemental. La cogénération (production simultanée de chaleur et d électricité) permet d augmenter ce rendement. On estime que si la moitié des déchets ménagers produits était utilisée, 1 % de la consommation énergétique de la France serait couverte.
Les différentes méthodes La Combustion La méthode la plus habituelle est la combustion dans des unités d'incinération d'ordures ménagères (UIOM). La thermolyse produit, d'une part, de la chaleur (provenant surtout de la combustion des gaz dégagés par les ordures portées à haute température) et d'autre part, un combustible très chargé d'impuretés et de faible pouvoir calorifique. La chaleur de combustion, si elle est récupérée, produit de la vapeur qui peut être utilisée comme vecteur de chaleur ou pour faire de l'électricité. Le compostage et la méthanisation C'est une transformation biologique à basse température des fractions organiques, aérobie (compostage) ou anaérobie (méthanisation). Ces deux organismes donnent un produit qui peut servir, tel quel ou en mélange avec d'autres produits, d'amendement organique, de support de végétation ou d'engrais. Le compostage libère dans l'atmosphère sous forme de gaz carbonique une partie du carbone organique. La méthanisation, quant à elle, s'opère en milieu fermé et transforme une partie du carbone en méthane ce qui forme le biogaz : gaz combustible qui peut servir à produire de la chaleur ou, après épuration, être injectée dans le réseau de gaz (sous réserve que le produit ne soit ni corrosif ni toxique) ou enfin comme carburant. En effet, le biogaz comporte : - 55 à 70 % de méthane CH 4 (qui est présent à 90% dans le gaz naturel fossile) - 30 à 45 % de dioxyde de carbone CO 2 ; - de petites quantités d ammoniac NH 3 et de sulfure d hydrogène H 2 S ; - les résidus solides de la méthanisation qu'on appelle le digestat. Celui-ci peut être séché et utilisé comme engrais. La valorisation énergétique dépend beaucoup de l'usage qui sera fait des composts ou digestats qu'elles génèrent.
On peut appliquer la méthanisation à toute matière organique qui peut fermenter naturellement : - les papiers et cartons ; - les déchets de cuisine (épluchures, fanes de radis ); - les déchets agricoles ; - les fumiers et les lisiers d animaux domestiques (les fumiers étant plutôt solides car ils contiennent beaucoup de litière, les lisiers étant essentiellement liquides) ; - les boues de stations d épuration des eaux Le recyclage Le recyclage est opéré à la source, c'est à dire par l'habitant lui-même ou l entreprise, et/ou dans un centre de tri ou chez l'industriel qui emploie le produit recyclé. Aujourd'hui plus de la moitié du verre est recyclé, soit 1,6 MT pour une production de 3 MT. Un quart de ce verre recyclé provient des entreprises, et les trois quarts viennent des ménages, presque exclusivement en apport volontaire. Le tri des métaux (fer et aluminium) se fait sur site et leur recyclage est habituel, sans aide publique quand il s'agit de DIB (Déchet Industriel Banal) 220 000 tonnes de plastique, provenant des entreprises et n'empruntant pas les collectes municipales, sont recyclées sans subvention. Le recyclage de plastique provenant des ordures ménagères et assimilées est quant à lui subventionné, et permet de recueillir seulement 50 000 T après tri sur les 2,9 MT de tonnes présentes dans les ordures ménagères. Incinération et environnement Afin de lutter contre la pollution, des normes très sévères ont été émises. Les émissions de dioxines des usines d'incinération d'ordures ménagères, qui avaient déjà été divisées par 10 entre 1995 et 2005, ont une nouvelle fois été diminuées d'un facteur 10 en 2006 (réduction d'un facteur 100 entre 1995 et aujourd'hui). Aujourd'hui, les émissions totales de dioxines dues aux usines d'incinération d ordures ménagères sont estimées à 10g. Un chiffre à comparer avec les émissions dues à la combustion du bois s élèvent quant à elles à 30g. 3. 3 http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/etud_impact/646_ei.htm http://www.ecologie.gouv.fr/pose-de-la-premiere-pierre-de-l.html
Source : http://www.ecologie.gouv.fr/img/pdf/evolution_dioxines_uiom_20061128.pdf En matière de directive, le Parlement a décidé qu'après 2002 ne pourraient être mis en décharge que les déchets "ultimes" c'est à dire ceux qui, aux conditions économiques et techniques du moment, n'auront pas pu être utilisés comme matière ou comme source d'énergie. Cela permet dès lors de libérer les décharges et de maximiser la revalorisation des déchets. Recyclage, mise en décharge et incinération en Europe
Sources: CEWEP Confederation of European Waste-to-Energy Plants http://www.incineration.org/ http://www.ifen.fr/donindic/indicateurs/perf2000/8.pdf http://www.ecologie.gouv.fr/img/pdf/010731-rapport-prevot-dechets-energie.pdf