conjuguées à une réflexion sur l efficacité des dépenses publiques.

Documents pareils
Actifs des fonds de pension et des fonds de réserve publics

Âge effectif de sortie du marché du travail

Quel est le temps de travail des enseignants?

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

Le creusement des inégalités touche plus particulièrement les jeunes et les pauvres

Le point sur les marchés des pensions. des pays de l OCDE OCDE

à la Consommation dans le monde à fin 2012

Principaux partenaires commerciaux de l UE, (Part dans le total des échanges de biens extra-ue, sur la base de la valeur commerciale)

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

Le coût du rachat de trimestres pour carrière à l étranger multiplié par 4 au plus tard le 1 er janvier 2011

La révision des indices du cours du franc suisse, nominaux et réels, pondérés par les exportations

Thème 1: l environnement pédagogique et scolaire dans le primaire et le secondaire

RETRAITES : Y A-T-IL UNE SOLUTION IDÉALE EN EUROPE POUR UN AVENIR?

L IMMIGRATION AU SEIN DE L UE

Premières estimations pour 2014 Le revenu agricole réel par actif en baisse de 1,7% dans l UE28

LES RETRAITES. Dossier d information. Avril 2010

Étude EcoVadis - Médiation Inter-Entreprises COMPARATIF DE LA PERFORMANCE RSE DES ENTREPRISES FRANCAISES AVEC CELLE DES PAYS DE L OCDE ET DES BRICS

ECONOMIE. DATE: 16 Juin 2011

Base de données sur l'économie mondiale Alix de Saint Vaulry *

Régimes publics de retraite État de la situation. Perspectives des différents régimes publics de retraite. Plan

OBSERVATOIRE DE L EPARGNE EUROPEENNE

Pension AOW pour les assurés hors des Pays-Bas

QUELLE DOIT ÊTRE L AMPLEUR DE LA CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE POUR RAMENER LA DETTE À UN NIVEAU PRUDENT?

Les perspectives économiques

L Épargne des chinois

LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL : UNE COMPARAISON DE LA POLITIQUE DES «35 HEURES» AVEC LES POLITIQUES D AUTRES PAYS MEMBRES DE L OCDE

BASE DE DONNEES - MONDE

Taux de risque de pauvreté ou d exclusion sociale le plus élevé en Bulgarie, le plus faible en République tchèque

L Europe des consommateurs : Contexte international Rapport Eurobaromètre 47.0

LES ASSURANCES DE PERSONNES. Données clés 2011

DES PAROLES ET DES ACTES : LES 4 MENSONGES DE MONSIEUR LENGLET

Aide pour une complémentaire santé

Les enfants laissés pour compte

Le travail est-il le meilleur antidote contre la pauvreté?

Prix du gaz et de l électricité dans l Union européenne en 2011

Les comptes nationaux et le SEC 2010

La situation en matière de pension privées et de fonds de pension dans les pays de l OCDE

EGALITÉ ENTRE LES FEMMES

3La charge fiscale effective induite par les. 3Les pouvoirs publics consacrent déjà plus. 3Si nous voulons garantir la compétitivité

REPÈRES ÉCONOMIQUES POUR UNE RÉFORME DES RETRAITES JUILLET 2015

12. Le système monétaire

Veufs MARS Veuvage, vos droits. B Retraite de réversion. B Allocation de veuvage. B Autres prestations

Prendre sa retraite en France Droits, conditions et formalités de résidence. Natasha Lavy-Upsdale Service des Relations avec les Pays-hôtes

REGARDS SUR L ÉDUCATION RAPPORT INTERMÉDIAIRE MISE À JOUR DES INDICATEURS RELATIFS A L EMPLOI ET AU NIVEAU DE FORMATION

REVOIR LE FINANCEMENT DE L ASSURANCE MALADIE EN BASCULANT DES COTISATIONS SOCIALES VERS D AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT

OBSERVATION ET STATISTIQUES

Préparez-vous au virement SEPA

Les perspectives mondiales, les déséquilibres internationaux et le Canada : un point de vue du FMI

Le marché de l assurance de protection juridique en Europe. Octobre 2013

Le PACK Expat CFE. Retraite. Offre individuelle

Couverture maladie universelle complémentaire

LA SOCIETE DE PARTICIPATIONS FINANCIERES «LA SOPARFI»

Préparez-vous au virement

Le PACK Expat CFE. Retraite. Offre individuelle

Résultats techniques de la mortalité au Canada

Atlas économique de Paris 2013 du greffe du tribunal de commerce de Paris

Les concepts et définitions utilisés dans l enquête «Chaînes d activité mondiales»

Financement du sport, crise économique et politique sportive

PROGRAMME ERASMUS+ Toute mobilité Erasmus+, financée ou non par la bourse, doit faire l objet de justification sur la base des documents suivants

Click to edit Master title style

Couverture Maladie Universelle

chemins, Quo Vadis? innover ou délocaliser?

Le commerce de détail en Europe : la diversité des tissus commerciaux

Qui sont les enseignants?

Étude de marché. Critères de qualification Travaux de génie civil et construction de bâtiments industriels au CERN

Kit Demande de Bourse Etude Erasmus

TARIFICATION DES INSTRUMENTS FINANCIERS AU 01 JANVIER 2015

Conditions tarifaires des principaux services financiers et bancaires au 1 er février intermédiaire en opérations de banque de Socram Banque

Nom. les. autres États. n de l aviation. Organisation. ATConf/6-WP/49 14/2/12. Point 2 : 2.2. Examen de. des accords bilatéraux. consultées.

CONFERENCE DE PRESSE > LANCEMENT DU «MANIFESTE POUR UNE SOCIÉTÉ POSITIVE»

Les réformes récentes des retraites et leur impact redistributif

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Louvain School of Management The Preferred International Management School in Belgium CAMPUS UCL MONS

Vous avez eu ou élevé des enfants Vos droits

DEMANDE D IMMATRICULATION D UN TRAVAILLEUR notice explicative

Les Français ais et à la consommation

La BRI. Au service de la stabilité monétaire et financière

GUIDE RETRAITE COMPLÉMENTAIRE AGIRC ET ARRCO LE LIVRET DU RETRAITÉ. n o 2. Le livret du retraité

Janvier. Extrait des conditions tarifaires applicables aux

La situation financière des SNF françaises Quelques éléments de diagnostic élaborés à partir des comptes nationaux

Vous avez du talent, nous protégeons votre indépendance. Demande de pension d invalidité Notice explicative

SPÉCIMEN. Couverture Maladie Universelle. Protection de base. Nous sommes là pour vous aider

Améliorer la gouvernance des Services Publics d'emploi pour de meilleurs résultats sur l'emploi

COMPRENDRE, EVALUER ET PREVENIR LE RISQUE DE CORRUPTION

LES ASSURANCES DE BIENS ET DE RESPONSABILITÉ. Données clés 2012

Le virement SEPA. Novembre 2007 LES MINI-GUIDES BANCAIRES. Le site d informations pratiques sur la banque et l argent

Mobilité de l enseignement supérieur

Prix de l énergie dans l Union européenne en 2010

SOUSCRIPTION DU CONTRAT : TERRITORIALITE

COMMENT COMMANDER? Par courrier. En ligne sur le site Par fax. Par

Livre blanc Compta Le SEPA : Comment bien préparer sa migration?

les étudiants d assas au service des professionnels

B o u r s e d e m o b i l i t é B E E p o u r l e s d é p a r t s e n

Transcription:

la lettre édition spéciale La Française AM 11 mai 2012 Quelques réflexions sur une répartition équitable des revenus De Xavier Lépine Président du Directoire de La Française AM conjuguées à une réflexion sur l efficacité des dépenses publiques. Dans une économie en faible croissance où le clivage droite-gauche se réduit trop souvent à l impact positif ou négatif, de la mondialisation sur le taux chômage et le niveau de vie des pays occidentaux, la question du modèle économique entre le libéralisme et l Etat providence sous tend les débats politiques et in fine les orientations qui vont être prises dans les semaines et mois qui viennent. Sans parti pris politique, je vous livre quelques observations autour de deux questions fondamentales : les pays où la distribution des revenus est la plus égalitaire ont-ils un PIB par habitant plus ou moins faible que ceux où la distribution des revenus est la plus écartée? Existet-il une corrélation entre le PIB par habitant et le taux des prélèvements obligatoires sur le PIB? Pour répondre à la première question, l ONU parmi les critères de développement humain utilise le coefficient de Gini du nom de son inventeur. Ce coefficient représente le niveau de distribution des revenus, où le 0 signifierait que les revenus sont uniformément répartis entre les habitants alors que le chiffre 1 correspondrait à l accaparement par une seule personne de toute la richesse nationale. Bien évidemment, la problématique de la répartition des richesses renvoie à celle de la comparabilité des économies sur le plan économique et politique, mais il n en demeure pas moins qu une comparaison entre le coefficient de Gini, le PIB par habitant et le taux de croissance est un révélateur intéressant.

Tout d abord, si l on prend une liste assez représentative des pays occidentaux (source World Factbook, CIA), la première surprise est que la France est loin d être parmi les pays occidentaux où la répartition des revenus est la plus «équitable». De fait, l Allemagne, en dépit d une réunification récente, l Autriche, la Finlande, mais l on pouvait s y attendre, et les pays nordiques, ont une répartition beaucoup plus homogène des revenus au sein de la population. Sans grandes surprises, les pays anglo-saxons sont ceux où la répartition des revenus est la moins redistributrice, et c est dans les pays émergents que nous trouvons les plus grandes inégalités. Pays Pays CIA(Gini CIA(Gini( Année PIB/Hab($( (2010) Tx(Croissance(PIB( 2010!Suède 23,0 2005!!!!!!!!!!! 39!100!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!5,50!!!!Norvège 25,0 2008!!!!!!!!!!! 54!600!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!0,40!!!!Autriche 26,0 2007!!!!!!!!!!! 40!400!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2,00!!!!Luxembourg 26,0 2005!!!!!!!!!!! 82!600!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3,40!!!!Finlande 26,8 2008!!!!!!!!!!! 35!400!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3,10!!!!Allemagne 27,0 2006!!!!!!!!!!! 35!700!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3,50!!!!Belgique 28,0 2005!!!!!!!!!!! 37!800!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2,00!!!!Danemark 29,0 2007!!!!!!!!!!! 36!600!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2,10!!!!Irlande 29,3 2009!!!!!!!!!!! 37!300! I!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,00!!! Union!européenne 30,4 2009!est.!Australie 30,5 2006!!!!!!!!!!! 41!000!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2,70!!!!PaysIBas 30,9 2007!!!!!!!!!!! 40!300!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,70!!!!Espagne 32,0 2005!!!!!!!!!!! 29!400! I!!!!!!!!!!!!!!!!!!!0,10!!!!Italie 32,0 2006!!!!!!!!!!! 30!500!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,30!!!!Canada 32,1 2005!!!!!!!!!!! 39!400!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3,10!!!!France 32,7 2008!!!!!!!!!!! 33!100!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,50!!!!Grèce 33,0 2005!!!!!!!!!!! 29!600! I!!!!!!!!!!!!!!!!!!!4,50!!!!Suisse 33,7 2008!!!!!!!!!!! 42!600!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2,60!!!!RoyaumeIUni 34,0 2005!!!!!!!!!!! 34!800!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,30!!!!Pologne 34,2 2008!!!!!!!!!!! 18!800!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3,80!!!!NouvelleIZélande 36,2 1997!!!!!!!!!!! 27!700!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,50!!!!Japon 37,6 2008!!!!!!!!!!! 34!000!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!3,90!!!!Portugal 38,5 2007!!!!!!!!!!! 23!000!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1,40!!!!Israël 39,2 2008!!!!!!!!!!! 29!800!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!4,60!!!!Turquie 39,7 2008!!!!!!!!!!! 12!300!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!8,20!!!!Russie 42,2 2009!!!!!!!!!!! 15!900!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!4,00!!!!ÉtatsIUnis 45,0 2007!!!!!!!!!!! 47!200!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!2,80!!! CIA(Gini CIA(Gini( Année PIB/Hab($( (2010) Tx(Croissance( 2010!Corée!du!Sud 31,4 2009!!!!!!!!!!! 30!000! 6,1!Inde 36,8 2004!!!!!!!!!!!!! 3!500! 10,4 Chine 41,5 2007!!!!!!!!!!!!! 7!600! 10,3!Philippines 45,8 2006!!!!!!!!!!!!! 3!500! 7,3 Brésil 51,9 2012!!!!!!!!!!! 10!800! 7,5 2/6

La France est donc «in between» en matière de répartition des revenus et il n est donc pas étonnant que nos débats sur l Etat providence versus libéralisme soient virulents. De fait, on constate, qu au sein de l Europe, en tant que continent, la droite de régression entre le PIB par habitant et la distribution des revenus tend plutôt à démontrer qu une répartition plus homogène des revenus se réalise dans les pays où le PIB par habitant est plus élevé. Ainsi, à l exception de l Angleterre, tous les pays européens qui affichent un PIB/hab supérieur à celui de la France ont également une répartition plus homogène du revenu par habitant Coeffecient)de)Gini)) 40,0$ 38,0$ 36,0$ 34,0$ 32,0$ 30,0$ 28,0$ 26,0$ 24,0$ 22,0$ France$ Allemagne$ $Luxembourg$$Norvège$$Autriche$$ Pays@Bas$$Suède$$Belgique$$Irlande$$ Danemark$$Allemagne$$Finlande$$ Royaume@Uni$$France$$Italie$$Grèce$$ Espagne$$Portugal$$Pologne$ Norvège$ 20,0$ $18$000$$$$ $23$000$$$$ $28$000$$$$ $33$000$$$$ $38$000$$$$ $43$000$$$$ $48$000$$$$ $53$000$$$$ $58$000$$$$ PIB)/)Hab)$)4)2010)4) Et l Allemagne avec qui nous nous comparons sur beaucoup de points affiche également une concentration sensiblement plus faible des revenus et un PIB par habitant plus élevé. Bien évidemment, cette photographie ne signifie pas que les pays les plus «égalitaires» en terme de redistribution des revenus sont les plus créateurs de richesse nationale (le PIB total n étant jamais que la multiplication du PIB par habitant par le nombre d habitants), car bien évidemment de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte. 3/6

Ma réponse à cette première question, face au choix politique qui vient d être fait par les Français, est plutôt de trois ordres : Tout d abord, il n existe pas de corrélation entre le taux de croissance de l économie et le coefficient de distribution des revenus avec implicitement comme conséquence essentielle qu une répartition plus «égalitaire» des revenus n aura pas d impact sur la création de richesse, et donc le chômage, si elle ne s accompagne pas d autres mesures. $Suède$$Norvège$$Autriche$$Luxembourg$$ Finlande$$Allemagne$$Belgique$$Danemark$$ Irlande$Union$européenne$$Australie$$Pays( Bas$$Espagne$$Italie$$Canada$$France$$Grèce$$ Suisse$$Royaume(Uni$$Pologne$$Nouvelle( 45,0$ 40,0$ Coefficient)de)Gini) 35,0$ 30,0$ 25,0$ 20,0$ (6,00$$$$ (4,00$$$$ (2,00$$$$ $($$$$$$ $2,00$$$$ $4,00$$$$ $6,00$$$$ $8,00$$$$ $10,00$$$$ Croissance)du)PIB)2010) Deuxièmement, il est logique qu avec un taux de croissance atone et une relativement faible égalité de la distribution des revenus, les français fassent le choix d un président socialiste pour réduire ces inégalités. Enfin, si effectivement les impôts des classes moyennes supérieures augmentent, un programme économique réussi c est surtout une création de richesse nationale dont tous bénéficient, y compris ceux qui payent plus d impôts! Ainsi, si en première lecture on ne peut opposer modèle de répartition des revenus et richesse par habitant, l analyse ne peut être objective si elle n est pas complétée par celle du Taux des Prélèvements Obligatoires (TPO). On peut ainsi tout aussi bien se demander si cette plus grande égalité de répartition du revenu ne proviendrait pas du fait qu il y a plus de richesses à distribuer et donc de questionner l efficacité des services publics et de la fiscalité, répartition par contributeur de l impôt et destination de cet argent public : question qui devient alors centrale compte tenu du poids relatif du TPO. 4/6

Le taux de prélèvements obligatoires est de fait relativement élevé en France par rapport aux autres grands pays développés. En 2006, le TPO calculé par l OCDE, selon des modalités légèrement différentes de celles de l INSEE, s élevait ainsi à 44,2 % en France (43,6 % en 2007), contre 37,1 % au Royaume-Uni, 35,6 % en Allemagne, 28 % aux États-Unis, 27,9 % au Japon et 35,9 % en moyenne dans l OCDE. 50,0 Taux de Prélévements Obligatoires (% du PIB) Source OCDE 45,0 40,0 35,0 France OCDE UE 15 30,0 25,0 Cependant, le taux des prélèvements obligatoires n est pas un indicateur totalement fiable du «poids» de l État. En effet, ce taux apparaît plus faible dans les pays, comme les États-Unis, où l assurance maladie et les régimes de retraite sont très largement hors du champ de l Etat. Les cotisations sont alors versées à des mutuelles, des assurances ou des fonds de retraite privés et ne constituent pas des prélèvements obligatoires. Il n en demeure pas moins que la France se singularise au sein de l Union Européenne par un taux de prélèvements obligatoires de 22 % supérieur (44 %/36 %) et en valeur absolue, 10 points d écart avec l Allemagne. Toute politique économique qui se traduirait par un accroissement du TPO conduirait inéluctablement à une perte de compétitivité supplémentaire et donc une augmentation du chômage. Il devient alors instructif de s intéresser à la structure des prélèvements obligatoires. La France est l un des pays industrialisés où la part des cotisations sociales dans le PIB est la plus élevée (16,3 % en 2006 selon l OCDE contre 13,7 % pour l Allemagne, 6,9 % pour le Royaume-Uni et 6,7 % pour les États-Unis), tandis que la part des impôts sur le revenu et les bénéfices y est relativement faible (10,7 % du PIB en 2006 contre 10,8 % en Allemagne, 19,4 % en Suède et 29,5 % au Danemark). Cette structure n est pas sans conséquences. D une part, le travail est relativement taxé en France. D autre part, la progressivité des prélèvements obligatoires payés par les ménages, c est-à-dire le fait que ces prélèvements croissent plus que proportionnellement aux revenus, repose pour l essentiel sur une base étroite : l impôt sur le revenu, dont le taux marginal est relativement élevé. 5/6

Enfin, bien évidemment se pose la question de la répartition des dépenses publiques et de son évolution où il apparaît clairement que, si une marge de manœuvre existe probablement dans le «train de vie de l Etat», c est bien dans le système même de fonctionnement entre l Etat, dont la dépense a globalement baissé de 3 % de PIB en 30 ans, et les collectivités locales qui ont pratiquement doublé leur dépenses en % de PIB que se situe une partie du problème l autre partie étant dans les dépenses de «sécurité sociale» qui sont passées de 15 % du PIB en 1978 à 22 % en 2009. Evolution du taux de prélèvements obligatoires de l'etat, des administrations de sécurité sociale et des administrations publiques locales (%du PIB) Etat - ASSO 23 22 21 20 19 18 17 16 15 14 13 Etat ASSO APUL 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 APUL En conclusion : oui, il est possible d avoir une répartition plus homogène des revenus au sein de la population sans nécessairement appauvrir la nation mais l atteinte de cet objectif ne passe pas par l imposition et/ou une dépense publique supplémentaire mais bien par une remise en question de l efficacité des dépenses publiques au sens large. Par ailleurs, il ne faut pas se tromper d objectif, le premier objectif est bien la création d emplois donc de richesses supplémentaires. A ce titre, les deux modèles, «socialiste et libéral», ne peuvent que difficilement se retrouver dans les méthodes si ce n est en acceptant des constats objectifs d efficacité historique : le poids de la dépense publique a bien augmenté de 50 % depuis la création de la 5 e république pour atteindre 45 % du PIB, les dépenses sociales ont augmenté (en relatif du PIB) de 50 % en 30 ans engendrant un sentiment d injustice sociale et d inefficacité. Nous avons une opportunité de faire évoluer nos systèmes en nous appuyant sur la construction Européenne et dans ce cadre l inclusion d un pacte de croissance apparaît comme une voie possible à condition qu il ne s engage pas sur la route des déficits et de la consommation mais celle de l utilisation de l épargne et de l investissement productif. Le chemin est difficile et plus long «politiquement» mais toute relance Keynesienne dans une économie ouverte est vouée à l échec. Xavier Lépine XX1509 - Mai 2012 La Française AM - 173, bd Haussmann 75008 Paris - France Tél. +33 (0)1 44 56 10 00 - Fax +33 (0)1 44 56 11 00 480 871 490 RCS PARIS - www.lafrancaise-am.com