Le Maquis de Rochefort du Gard

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Transcription:

Le Maquis de Rochefort du Gard 7 juin 1944 19 août 1944 Texte de la Conférence des Journées du Patrimoine 2009 Création de l' Organisation de Résistance de l'armée, ORA. Le maquis de l'ora, sera fondé en mars 1943, avec l'apport d'éléments issus de la dissolution de l'armée de l'armistice en zone libre, après le 24 novembre 1942. Son champ d'action, est, à ses débuts, le haut Gard cévenol. Par la suite après la création du maquis de Rochefort, situé entre la ferme du Grand Belly et la forêt de Malmont, il s'étendra jusqu'au Gard Rhodanien Les fondateurs de ce groupe armé sont d'anciens officiers supérieurs et généraux de l'armée Française. Ils payeront un lourd tribut. Leur premier chef, le général Frère, sera arrêté avec ses adjoints en juin 1943, pour être déportés et exécutés en Allemagne par les SS. Le général Verneau prendra la suite du commandement, pour une courte période, il sera lui-même arrêté le 23 septembre 1943 et déporté dans un camp, toujours en Allemagne, d'où il ne reviendra jamais. C'est le général Revers, qui reprendra le flambeau de l'ora, est l'assumera jusqu'à la libération. Cet homme, doué d'une intelligence supérieure, intègrera les actions de l'ora dans un mouvement beaucoup plus large, en devenant lui-même Conseiller Militaire du Conseil Supérieur de la Résistance. Mal perçu par certains français, donneurs de leçons, qui accusaient ces éléments de l'armée française d'être responsable de la débâcle et par la suite de collaboration avec Vichy, cette résistance aura beaucoup de peine à tisser les relations indispensable de confiance permettant de fournir des renseignements et la logistique aux futures implantations des maquis dans le département. Edition www.nemausensis.con - Page 1/6

Georges Vigan-Braquet et le Corps Franc des Ardennes Nous sommes fin août 1943, le capitaine SAPIN (Jacques Lecuyer), chef régional de l'ora, demande à Georges Vigan-Braquet de prendre en main l'organisation de la résistance dans le Gard. Il avait au préalable, organisé un maquis dans les Basses Alpes. Recherché par les Italiens occupant ce département, il avait dû se replier dans les Cévennes. À cette époque, Georges Vigan-Braquet, est un homme de 44 ans, grand, mince, les cheveux déjà grisonnants, avec un visage fin et agréable éclairé par des yeux vifs. Son premier travail, consistera à établir des relations avec des personnes sures et bien placées susceptibles d'apporter divers soutiens à cette Armée de l'ombre naissante. Il fallait contacter, des militaires encore en poste, des agents de l'administration et surtout établir des relations de confiance avec les autres mouvements de la résistance, rude tâche, car cette multitude de mouvements de résistants n'avaient pas du tout le même objectif final. Il fallait aussi discipliner les nouveaux arrivés, toujours prêts à prendre des risques inutiles. Cette armée faite de passion, manque d'efficacité, elle n'a pas de formation militaire, on ne peut pas appliquer les mêmes règlements que dans des cantonnements. Cet amateurisme face à l'armée la plus disciplinée du siècle sera la cause de nombreuses catastrophes. Ces erreurs se paieront au prix fort, à cela, il faut ajouter la trahison de certains Français collaborateurs. Décidément, dans cette époque troublée, beaucoup de Français tiraient volontairement ou involontairement contre leur camp. Mais tout n'est pas négatif, un évènement important va apporter un renfort inattendu à la résistance cévenole, la plupart des gendarmes du Vigan vont rejoindre le maquis avec armes et bagages. Imaginez, la tête que devait faire leur chef de brigade au petit matin, au moment de la relève dans sa caserne désertée. Ce dernier, considéré comme suspect, n'avait pas été averti de cette situation. Le Maquis de Rochefort C'est au cours du rigoureux hiver 43-44 que A.F. Versini mandaté par G. Vigan-Braquet va parcourir à bicyclette avec le lieutenant Schmilewski (en congé d'armistice et travaillant dans une exploitation forestière de Rochefort) tous les bois de Rochefort, Tavel, Malmont, Saint-Victor, etc... Le terrain retenu sera situé dans la commune de Rochefort, entre la forêt de Malmont et la ferme du Grand Belly. Un terrain de parachutage, situé non loin du Grand Belly, sera homologué. Le premier et dernier largage destiné au maquis de Rochefort sera effectué dans la nuit du 24 au 25 mai 1944. (Nous verrons par la suite pourquoi ce maquis ne sera plus approvisionné par les alliés). Un petit groupe d'hommes, dirigé par G. Vigan-Braquet et le Maréchal des logis Georges Sénéchaux, sera là pour signaler le terrain et recevoir et planquer le précieux butin. Il sera enterré dans une terre du Grand-Belly, immédiatement labourée par les fermiers, Louis et Justin Vache. Ces derniers, véritables patriotes vont faciliter l'implantation des maquisards non loin de leur ferme. Pour faire diversion, l'avion avait, au préalable, lâché des tracts et leurres argentés sur les villages des environs. Cet épisode a laissé des traces dans la mémoire des anciens. Edition www.nemausensis.con - Page 2/6

Dans la nuit du 6 au 7 juin, le matériel parachuté sera transféré sur l'emplacement définitif du camp, à l'aube tout est terminé. La surveillance aux abords est organisée immédiatement. Au cours des trois jours suivants, les recrues vont arriver d'avignon, Alès, Lussan, Bagnols, Roquemaure et Pont-St-Esprit. Les premiers volontaires seront pour la plupart des aviateurs, beaucoup vont arriver à bicyclette. Le Corps Franc des Ardennes sera formé, avec comme devise «Fonce et venge» et pour totem un sanglier symbole de l'homme des bois agressif. Il est à préciser qu'aucun des cadres et aucune des recrues n'est originaire de la région, question sécurité. Il ne fallait pas être reconnu par un civil lors des déplacements, et surtout, la tentative de communiquer avec des proches aurait été trop forte. A ses débuts, la mission du Maquis était précise et claire : il fallait organiser sans attendre des actions de guérilla, c'était le plan vert. Une semaine après le début de la mise en place du camp arrive un ordre émanant du général Koening, Commandant en chef des FFI anéantissant ces grands projets. Un conseil de guerre réunissant les gradés sera tenu le 14 juin, le contenu de ce document leur est communiqué. Le haut commandement donnait la priorité aux actions dans les zones sensibles du débarquement, et ordonnait la mise en sommeil des actions de guérilla en dehors des zones de combats, avec dispersion des camps concernés, et renvoi des hommes dans leurs foyers jusqu'à une nouvelle alerte. Cet ordre émanant d'un pouvoir éloigné du terrain était inapplicable. La plupart des partisans ne pouvaient pas retourner chez eux, car certains étaient recherchés et d'autres ne pouvaient justifier leur absence prolongée. Cette directive ne sera pas intégralement appliquée, elle ne sera pas non plus communiquée aux hommes de troupe pour préserver leur moral. Il est décidé de mettre en sommeil la structure, pour cela on va envoyer en permission, pour 48 heures, ceux qui peuvent retourner chez eux sans danger. À partir de cette date, la vie au camp se fera au rythme des prises de garde, corvées et entrainements. Pour entrainer les hommes en situation réelle, un plan de manœuvre limité aux petits sabotages est établi. Isolé administrativement, le maquis le sera aussi matériellement, plus de ravitaillement officiel, plus d'espoir de parachutage, les communications avec la France Libre ne pourront pas se faire, car le maquis ne recevra jamais le poste émetteur récepteur prévu initialement. Seule une radio bricolée, alimentée grâce à une batterie de voiture, permettra d'écouter Radio Londres. Un central téléphonique complet, avec 4 postes et câblage de liaison, récupéré chez l'ennemi, permettra d'équiper les postes avancés de surveillance du camp. Ils auront ainsi un moyen de communication efficace et discret. Le choix de l'emplacement ne faisait pas, loin de là, l'unanimité des recrus, soldats de métier, ils savaient juger les forces et les faiblesses de telle ou telle position. Seule sa situation stratégique située non loin des voies de replis des armées allemandes penchait en sa faveur. En négatif, il y avait le terrain de Pujaut, véritable base aérienne avec ses 4000 hommes, ainsi que les villages des alentours équipés de garnisons, Rochefort, Remoulins, la Bégude de Saze et Uzès. Il fallait ajouter à cela, la garrigue qui servait de camp d'entrainement à l'infanterie et aux Penzer-Truppe. Les bois de Rochefort riches en Sangliers, accueillaient aussi des battues, organisées par les officiers Allemands des garnisons environnantes. Il y avait aussi, la proximité de la départementale 111, allant de Rochefort à Valliguières, c'est, nous en en étudierons les détails plus loin, cette dernière caractéristique qui déclenchera le départ précipité et non programmé des résidents du Maquis de Rochefort. Edition www.nemausensis.con - Page 3/6

Il faut ajouter à cela, une région désolée au caractère sauvage, s'apparentant au maquis Corse, qui rendra problématique l'approvisionnement en eau. Pas de sources et pas de puits, la ferme du Grand-Belly n'avaient qu'une petite citerne alimentée en eau de pluie. Cette réserve étant insuffisante pour la centaine d'hommes qui occupait le maquis, tous les jours, Louis Vache, le fermier, descendait avec sa charrette chargée de 2 touques à Rochefort situé à 4 kilomètres. Il les remplissait à la fontaine du village à la barbe des soldats Allemands, «c'était la sècheresse et les brebis boivent beaucoup», il pouvait ainsi ramener 600 litres d'eau, 400 pour le maquis et 200 pour sa famille et son troupeau. Ce précieux liquide, utilisé pour la lessive, la toilette, la cuisine et la boisson, sera très sévèrement rationnée. Certains jours, les hommes n'avaient qu'un quart d'eau par repas. Imaginez-les, en plein été, avec la gorge sèche, et une soif quasi permanente. Les frères Vache seront aussi les bouchers du maquis, ils n'avaient pas leur pareil pour tuer, dépecer, découper les bêtes et faire disparaître en les enfouissant les carcasses et les peaux. Le four de la ferme servira aussi à faire cuire le pain, un camion de farine de biscotte ayant été «réquisitionné». Pour assurer la logistique, il fallait aussi avoir des contacts avec les sympathisants locaux, Schmilewski bien introduit à Rochefort, contactera un gros propriétaire du village, M. Roux Antonin. Ce dernier, de façon discrète et sans dévoiler tous les détails de l'affaire, va monter un petit réseau local d'approvisionnement pour faire face aux premiers besoins. M. Roux sera arrêté et torturé par la Gestapo en juin, courageusement muet, il ne donnera aucun renseignement sur le maquis, et ne dénonçant pas ses amis du village, il leur évitera le pire. Fort heureusement, la débâcle allemande d'août 44 évitera sa déportation en Allemagne. "A la libération du village, le 3 novembre 1944, M. Roux sera placé par la résistance à la tête d'une délégation municipale (à ses débuts Comité National de Libération) en remplacement de l'ancienne Municipalité qui avait officié sous le gouvernement de Vichy. Il faut préciser que la gestion des affaires communales sous l'occupation était le seul reproche que l'on pouvait faire à cette précédente Municipalité. Car tous connaissaient les amis d'antonin Roux, et la plupart connaissaient l'emplacement du Maquis." Pour le maquis l'approvisionnement devient crucial. La demande étant très importante, avec un effectif d'une centaine d'hommes, il faudra étendre le périmètre de ravitaillement. Sénéchaux assumera en partie cette tâche. Entré comme fonctionnaire au Ravitaillement Général, et nommé à Roquemaure comme chef de district, il était bien placé pour renseigner le maquis sur l'emplacement des stocks de nourriture, ainsi que leurs déplacements. Il avait aussi, la possibilité de fournir de faux documents, cartes d'alimentations, bons de réquisitions, etc... Rendant souvent visite aux agriculteurs dans le cadre de sa fonction, et très perspicace, il s'efforçait de connaître leurs opinions. Grâce à ces renseignements, le Maquis se «servira» presque uniquement dans les exploitations où les propriétaires avaient l'esprit collabo. Il y avait aussi le père Colin, officier de réserve et ancien de la guerre de 14. Installé à Remoulins et militant de la première heure, il offrira, dès le 6 juin, ses services au groupe des corps Francs de Rochefort. Il fournira, grâce à sa débrouillardise, une partie du ravitaillement du maquis. Au cours des trois mois de l'existence du camp, il transportera avec l'aide de ses fils la nourriture récoltée chez un épicier en gros de Nîmes, chez des boulangers de St Geniès, d'avignon, de Rochefort. Les marchands de légumes et des paysans de la région seront aussi mis à contribution. Ses moyens de transport, utilisés toujours en plein jour, seront diversifiés pour ne pas attirer l'attention, véhicule personnel et camion. Une mule bâtée, plus discrète, servira à la Edition www.nemausensis.con - Page 4/6

livraison du maquis. Au cours de ses déplacements, il collectera aussi des renseignements et recrutera des volontaires, gardés en réserve, pour le jour J. Bien encadré par des militaires de carrière, la vie au camp sera réglée comme dans un casernement, le confort en moins. Tour de garde, 24h sur 24, levé à 6h, toilette très succincte et à tour de rôle, à cause du manque d'eau. Absorption d'une boisson appelée très abusivement café et bien sûr sans aucun accompagnement solide, travail collectif d'aménagement et vers midi rapport quotidien. Ensuite, repas suivi d'une sieste pour ceux qui ne sont pas de corvée ou de service. Au milieu de l'après-midi formations aux sabotages, manipulation d'explosifs. À 19h heure dîner suivi d'une veillée où l'on ne manque pas d'écouter Radio Alger. Au cours de cette période de mise en sommeil, du 15 juin au 15 août, pour mettre en condition les maquisards et maintenir leur moral et leur esprit de combativité, des actions de sabotage seront menées, à plus de 30 kilomètres pour éviter de donner des soupçons sur l'emplacement du camp. Dans la nuit du 13 au 14 juillet les maquisards se glisseront dans les rues de Rochefort à la barbe des Allemands pour déposer au pied du monument aux morts, une gerbe avec une composition florale formant une superbe croix de Lorraine, cravatée comme il se doit d'un ruban tricolore. Le lendemain à 10 heures du matin ce sera le lever des couleurs au camp, avec la présence de tous les officiers en grande tenue, le drapeau sera redescendu immédiatement après, car il était visible depuis le monastère de Notre Dame de Rochefort, occupé alors par les Allemands. Le 8 août, vers 9h du matin, un événement important va troubler la routine qui s'était installée dans toute la région. Après une alerte due au survol du canton par des forteresses volantes américaines, un appareil sera touché et tombera en flammes dans la commune de Villeneuve. Trois aviateurs seront trouvés mort carbonisés dans la carlingue écrasée au sol, trois autres sauteront en parachute, un sera fait immédiatement prisonnier, les deux autres, plus chanceux, atterriront dans la Chartreuse où ils seront recueillis pas des habitants qui après maintes péripéties les conduiront au Maquis de Rochefort. Inutile de dire la stupeur et la joie des Maquisards qui rencontrent pour la première fois deux représentants des armées alliées. Et, même avec la barrière des langues, les questions vont pleuvoir sur la vie de ces hommes venus de Corse, territoire français récemment libéré. Le 15 août date du débarquement de Provence, le Maquis passera en phase active. Des actions de guérilla seront immédiatement menées dans les Cantons de Villeneuve, Roquemaure et Remoulins. Mais cette période d'activité, à partir du camp de base de Rochefort, ne durera pas. À partir du 18 août, c'est la retraite de la 11e Panzer Division, les bois de Rochefort servent de caches le jour aux véhicules allemands, ainsi que les remises des villages des environs, tous les jours des camions de munitions et des blindés seront stationnés à l'abri de la vue de l'aviation alliée. Les rochefortais se réfugieront dans des tranchées situées non loin du village, initialement utilisées lors des alertes aux bombardements. Au maquis la situation devient dramatique, on ne peut plus bouger les Allemands sont stationnés dans les bois à quelques centaines de mètres du camp. Plus de ravitaillement d'eau, le 19 août au soir, c'est le départ des hommes qui vont rejoindre un ancien pavillon de chasse, Vallonnière, situé à 8km de Cavillargues, où tout le monde sera en sécurité. Nous développerons ultérieurement les actions menées par ces hommes à partir de Vallonnière. Edition www.nemausensis.con - Page 5/6

Allemagne 1945 De Gaulle et de Lattre de Tassigny passent en revu le Commando Vigan-Braquet Le 29 août, le général d'armée Jean De Lattre de Tassigny rencontre Georges Vigan- Braquet à Bagnols, c'est la fin du Maquis et le début d'une grande aventure pour la plupart de ces hommes, qui enrôlés dans l'armée régulière vont poursuivre les occupants jusqu'au fin fond de l'allemagne. Le corps franc des Ardennes deviendra alors, le Commando Vigan-Braquet, il fera la campagne d'alsace et d'allemagne jusqu'au 8 mai 1945. Georges Mathon, septembre 2009 -ooo- Sources Bibliographique. - Les Maquis du Massif Central Méridional - Gérard Bouladou, 1975. - Nîmes et le Gard dans la guerre 1939-1945 - Armand Cosson, 1988. - Ardente Cévenne - Aimé Vielzeuf, 1971. - Quand le Gard se Libérait - Pierre Mazier, 1992. - Au Carrefour de la Trahison - Jean Lacipiéras, 1950. - Archives Municipales de Rochefort du Gard. - Archives Municipales de Nîmes. Edition www.nemausensis.con - Page 6/6