Séminaire de méthodologie de l ED1 Compte-rendu de la séance du 14 décembre 2011, 1 ère partie Présents : Caroline Carrier, Barbara Falleiros, Matthieu Fernandez, Ana Maria Misdolea, Elisabeth Piazza, William Pillot, Florian Réveilhac et Georgios Vassiliades. Présentation de quelques outils pour l épigraphie grecque et romaine (William Pillot) L épigraphie est l étude de l ensemble des inscriptions gravées sur des supports tels que la pierre, le métal, le bois, les ostraka (tessons de céramique), etc. L usage a parfois eu tendance à en restreindre la définition en ne voyant dans l épigraphie gréco-romaine que l étude des inscriptions officielles de l Antiquité gréco-latine, excluant donc les graffitis et autres inscriptions informelles telles que les dédicaces privées, les inscriptions votives et l instrumentum domesticum (instruments de la vie quotidienne antique portant des inscriptions à usage utilitaire, domestique ou commercial, comme des estampilles de potiers, des timbres d amphores, etc.) Mais l étude de l ensemble de ces documents relève bien de l épigraphie au sens strict. Sur cette question, cf. les réflexions de Philippe Bruneau dans la revue Ramage, par exemple : Philippe BRUNEAU, «L épigraphie moderne et contemporaine», RAMAGE 6 (1988), p. 13-39, qui s ouvre par un questionnement de la définition de l épigraphie classique. Pour une définition plus canonique de la science épigraphique, mais avec de stimulants questionnements sur ses méthodes et ses enjeux, cf. les réflexions développées par le grand épigraphiste français Louis Robert, notamment dans : Louis ROBERT, «Les épigraphies et l épigraphie grecque et romaine», in L histoire et ses méthodes, Encyclopédie de la Pléiade, 1961, p. 453-497 (repris dans le recueil posthume d articles : Louis Robert. Choix d écrits, Paris, Belles Lettres, 2007, p. 87-114. Les sources épigraphiques peuvent donc intéresser de nombreux doctorants de notre ED qui n ont pas forcément eu l occasion de suivre les séminaires d initiation à l épigraphie dispensés par notre université. Pour l épigraphie grecque, le cours d initiation a lieu le vendredi de 8h à 9h, dans la bibliothèque d épigraphie de l UFR de grec (rez-de-chaussée). Le séminaire d épigraphie grecque a lieu le lundi de 17h à 18h30, dans la même salle. Ces deux cours sont assurés par le Professeur François Lefèvre. Un ouvrage incontournable pour commencer : François BERARD, Denis FEISSEL, Pierre PETITMENGIN, Denis ROUSSET, Michel SEVE, Guide de l'épigraphiste. Bibliographie choisie des épigraphies antiques et médiévales 4, 2010 (428 p.)
Recueil bibliographique régulièrement mis à jour (1 ère éd. 1986, 4 e éd. 2010), disponible en usuel dans la plupart des bibliothèques universitaires et de recherche. Outil conçu à l origine pour les usagers de la bibliothèque LSH de l ENS rue d Ulm, mais élargi ensuite pour être utile à tous. Mise à jour en ligne : http://www.antiquite.ens.fr/img/file/pdf_guide_epi/cotes_bib_ens.pdf La présentation d aujourd hui tire l essentiel de ses informations de ce guide. Plan : I. Grands corpus synoptiques II. Principales revues critiques et de référencement III. Principales anthologies commentées IV. Quelques recueils spécialisés V. Outils de travail I. Grands corpus synoptiques Voici les principaux corpus d épigraphie grecque et leurs abréviations : Corpus Inscriptionum Graecarum (CIG) Premier corpus synoptique, projet de l Académie de Berlin. Lancé par August Boeckh dès 1828, index fini en 1877. Des compléments régionaux ont rapidement été rendus nécessaires par les nouvelles découvertes, voici les plus importants : Corpus Inscriptionum Atticarum (CIA), 1873-1895, 8 vol. Corpus Inscriptionum Peloponnesi et insularum vicinarum (CIGPel),1902 Corpus Inscriptionum Graecarum Septentrionalis (CIGS), 1892-1897 L ensemble CIG et compléments régionaux est ensuite intégré en 1903 dans un nouveau programme appelé à faire date : Inscriptiones Graecae (IG), projet lancé par Ulrich von Wilamowitz en 1903. Corpus plus à jour, mais qui exclut l Orient grec. Classement géographique. Ex : IG, I-III : inscriptions de l Attique ; IG, IV-VI : Péloponnèse ; IG VII : Béotie ; etc. Certains fascicules ont connu des rééditions. Le premier volume des inscriptions de l Attique en est ainsi à sa 3 ème édition, que l on signale ainsi : IG, I 3 (puis le n correspondant à l inscription citée). Les IG (entreprise allemande) ne couvrant pas l Orient grec, ce sont les Français qui se sont chargés de combler ce vide en proposant le premier recueil général des inscriptions d Asie Mineure : LE BAS WADDINGTON (souvent abrégé LBW), Inscriptions grecques et latines recueillies en Grèce et en Asie Mineure, 1870. Qui complète efficacement les tomes II et III du CIG.
Aucun ouvrage postérieur ne couvre l ensemble de l Asie Mineure (donc cf. partie IV pour quelques exemples par régions). C est pourquoi le LBW n est pas remplacé. D autre part, il propose de beaux fac-similés, fort utiles pour certaines pierres qui depuis ont été perdues. A l imitation du CIG d August Boeckh, Theodor Mommsen lance à partir de 1863 le Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL). Plan géographique : CIL II : Espagnes ; CIL III : Asie, Grèce, Illyricum ; CIL V : Cisalpine ; CIL VI : Rome ; CIL VII : Bretagne ; CIL VIII : Afrique ; etc. Sauf pour certains volumes : I (inscriptions antérieures à la mort de César), IV (inscriptions pariétales de Pompéi), XV (instrumentum domesticum de Rome), XVI (diplômes militaires) et XVII (milliaires). Comme pour le CIG, le CIL a très vite été dépassé, et la mise à jour s est faite par l ajout de volumes supplémentaires, ce qui peut en rendre l utilisation parfois un peu compliquée (une même inscription est éditée à plusieurs endroits dans différents volumes, sans que les index ne soient toujours mis à jour d un volume à l autre). Certains volumes ont cependant récemment connu des rééditions mises à jour, ce qui en facilite la consultation. Ex : CIL II 2, 1995, pour les inscriptions de la péninsule ibérique. II. Principales Revues critiques et de référencement - le SEG (Supplementum Epigraphicum Graecum) Lancée en 1923 par l université de Leyde pour suivre les progrès de la recherche en épigraphie grecque et constituer une sorte de supplément aux IG, cette collection s'était donné pour but de publier le texte des inscriptions nouvellement découvertes et de signaler les travaux portant sur des inscriptions déjà connues. En fait, certains volumes sont devenus comme de petits corpus provisoires consacrés à tel ou tel pays (SEG IX, par exemple, contient l'essentiel des inscriptions de Cyrène). Le rythme annuel n'a pu se maintenir, et la publication a pris du retard : le dernier volume paru, LIV, couvrant l année 2004, est sorti en 2008. Les 25 premiers volumes (couvrant les années 1923-1971) sont écrits en latin, mais à partir du vol. XXVI (couvrant les années 1976-1977, et publié en 1979), la langue d'usage est l'anglais. - le Bulletin épigraphique (Bull.ou Bull.Ep.), qui paraît dans la dans la Revue des Études Grecques (REG ). Publication annuelle qui suit le plan des IG, par région : recense et critique toutes les nouvelles éditions d inscriptions grecques, anciennes ou nouvelles (rééditions). Tenu de 1938 à 1984 par Jeanne et Louis Robert, référence absolue et qui fit longtemps régner une certaine terreur par la sévérité de ses comptes rendus. - L Année épigraphique (AE) recense, pour chaque année, toutes les nouvelles inscriptions grecques ou latines relatives au monde romain.
Créée par René Cagnat en 1888, elle a paru jusqu en 1964 dans la Revue Archéologique, puis est devenue une publication autonome. C est aujourd hui un centre de recherche du CNRS à part entière, dont voici le site internet : http://www.anneeepigraphique.msh-paris.fr/spip.php?rubrique1 III. Principales anthologies commentées Jean-Marie BERTRAND, Inscriptions historiques grecques, Paris, Belles Lettres, 1992, 273 p. De l époque archaïque à l époque romaine, commentaires brefs et synthétiques, ouvrage très accessible et très utile pour une première découverte des inscriptions grecques les plus célèbres. Jacques POUILLOUX, Choix d inscriptions grecques, Paris, Belles Lettres, 1960, 205 p. Célèbre recueil réédité en 2003 avec un supplément bibliographique par Georges Rougemont et Denis Rousset. Texte grec, traduction et commentaire. Index très utile des formulaires. Ouvrage complété ensuite par : Nouveau choix d inscriptions grecques, Institut Fernand Courby, 1971, 242 p. Le Nouveau Choix a lui aussi été réédité en 2005 avec une mise à jour bibliographique. Choix et Nouveaux Choix sont particulièrement utiles pour l initiation : - introduction méthodologique expliquant comment lire et commenter une inscription - «culture générale» de l épigraphie, inscriptions célèbres ou représentatives de leur catégorie : décrets honorifiques, conventions (synthekai), actes d affranchissement par vente fictive à la divinité, maximes delphiques, etc. - index par «mots grecs» et «mots notables», très pratique : formule hortative, formule de sanction, etc. Plus ancien, mais grande référence qui n a pas été remplacée : Wilhelm DITTENBERGER, Sylloge Insccriptionum Graecarum, 3 e éd., 1915-1924 (Syll. 3 ). C est de loin l anthologie la plus complète. Ses commentaires servent de référence. Mais plus difficile d accès : texte grec sans traduction, commentaire en latin (!) Du même auteur : Orientis Graeci Inscriptiones Selectae, Leipzig, 1903-1905 (OGIS). B. REMY, Fr. KAYSER, Initiation à l'épigraphie grecque et latine, Paris, 1999. (192 p.) Ouvrage pédagogique, conçu pour une initiation aux méthodes de l épigraphie. IV. Quelques recueils spécialisés (épigraphie grecque uniquement) Recueils par périodes Inscriptions de l époque archaïque : Henri VAN EFFENTERRE, Françoise RUZE, Nomima. Recueil d inscriptions politiques et juridiques de l archaïsme grec, 1994, 403 p. Texte grec, traduction, commentaire.
époque archaïque et V e s.: Russel MEIGGS, David LEWIS, A Selection of Greek Historical Inscriptions to the End of the Fifth Century B.C.², 1988, 317 p. Texte grec sans traduction, commentaire en anglais. IV e s. : P. J. RHODES, R. OSBORNE,, Greek Historical Inscriptions 404-323 BC, 2003. époque hellénistique : Luigi MORETTI, Iscrizioni storiche ellenistiche, Florence, 1967 [réimpr. 2002] époques hellénistique et romaine : B. H. MCLEAN, An Introduction to Greek Epigraphy of the Hellenistic and Roman Periods: From Alexander the Great to the Reign of Constantine (323 BC-AD 337), Ann Arbor, University of Michigan Press, 2002, 516 p. Gros manuel à l anlgo-saxonne, pratique pour de multiples raisons : - anthologie d'inscriptions des époques hellénistique et romaine jusqu'à Constantin (337 ap. J.- C.) - méthodes de déchiffrement - chapitres sur l'évolution de la forme des lettres, de la prononciation ; sur la titulature romaine traduite en grec, sur les poids et mesures, etc. Athènes : Recueils par territoires spécifiques (monographies) Patrice BRUN, Impérialisme et démocratie à Athènes. Inscriptions de l époque classique, Paris, Armand Colin, 2005. Ne donne pas le texte grec. Délos : Félix DURRBACH, Choix d inscriptions de Délos, I. Textes historiques, Paris, 1921-1923. Texte grec, traduction et commentaire. Contient quelques inscriptions bilingues et quelques inscriptions latines. Cités d Asie Mineure : La collection des Inschriften Griechischen Städte aus Kleinasien (IK). Recueils d inscriptions classées par cités. Ex. : Peter FRISCH, Inschriften von Ilion, 1984 (IK 3 ou I. Ilion). Delphes :
D abord la collection des Fouilles de Delphes (FD), dont le volume III est consacré aux inscriptions et remplace le volume VIII des IG, abandonné. FD III est lui-même divisé en différents fascicules qui suivent un plan topographique : FD III, 1 : De l entrée du sanctuaire au trésor des Athéniens, par Émile Bourguet, 1910-1929 FD III, 2 : Trésor des Athéniens, par Gaston Colin, 1909-1913 Etc. FD III est en partie complété et mis à jour (mais en partie seulement) par le Corpus des Inscriptions de Delphes (CID), qui suit désormais un plan thématique : CID I, Lois sacrées et règlements religieux, par Georges Rougemont, 1977 CID II, Les comptes du IVe et du IIIe siècle, par Jean Bousquet, 1989 CID III, Les hymnes à Apollon, par Annie Bélis, 1992 CID IV, Documents amphictioniques, par François Lefèvre, 2002 Liste du phoros de la Ligue de Délos : Quelques recueils thématiques célèbres ou récents B. MERRITT, H. WADE-GERRY, M. MACGREGOR, The Athenian Tribute Lists, Cambridge, 1939-1953 (ATL) Traités internationaux : Hermann BENGTSON, Hatto Herbert SCHMITT, Die Staatsverträge des Altertums, Munich, 1962-1969 Kent RIGSBY, Asylia. Territorial Inviolability in the Hellenistic World, Berkeley, 1996 V. Outils de travail pour la traduction et le commentaire d'inscriptions. Dictionnaires Le dictionnaire grec-anglais Liddell-Scott est plus utile que le Bailly pour l'épigraphie, car ce dernier ne prend pas en compte les mots qui ne sont connus que par les inscriptions. Onomastique Lexicon of Greek Personal Names (LGPN) A utiliser pour une recherche portant sur des anthroponymes (très utile pour la prosopographie) Le volume Va est récemment paru : il couvre l Asie Mineure On peut passer par leur site internet pour effectuer des recherches par mots clés : http://www.lgpn.ox.ac.uk/ Inventory of Archaic and Classical Poleis (IACP)
A utiliser pour les cités : localisation, testimonia, typologie (controversée : taille, population, influence, etc.) dialectes R. HODOT, Le dialecte éolien d'asie. La langue des inscriptions. VII e s. a.c. - IV e s. p.c., Paris, 1990 (Recherche sur les civilisations, Mémoire, 88). (327 p.) correspondances entre différentes éditions d'une même inscription (pour le lemme) site internet Claros : projet espagnol lancé par Juan Rodriguez Somolinos, de l'université de Madrid http://www.dge.filol.csic.es/claros/cnc/3cnc.htm En rentrant la référence d'une inscription, on obtient ses correspondances (autres éditions) inscriptions et traductions en ligne Thesaurus Linguae Graecae (TLG) http://www.tlg.uci.edu/ à utiliser avec le logiciel Diogenes, libre de droit Banque de Données du Greek Epigraphy Project du Packard Humanities Institute (PHI, ou PackHum) Texte grec, sans traduction. En cliquant sur le texte grec, on peut choisir d enlever les restitutions. Dictionnaires Pour le vocabulaire des inscriptions, privilégier le Oxford Latin Dictionnary de P. G. W. Glare, plutôt que le Gaffiot. Onomastique O. SALOMIES, Die römischen Vornamen. Studien zur römischen Namengebung, Helsinki, 1977, 466 p. Utile surtout pour son index, très complet. Inscriptions et traduction en ligne Epigraphische Datenbank Heidelberg http://www.uni-heidelberg.de/institute/sonst/adw/edh/ Base de données recensant environ 30 000 inscriptions. Possibilité de recherche par mots, par noms, par provinces, par lieux de découverte, etc. n. b. : Pour accéder à certains de ces sites internet, il faut passer par le serveur de notre bibliothèque universitaire, qui nous fournit le droit d accès à certains sites d accès restreint (comme le TLG par exemple).