Chers frères et sœurs, que Dieu doit être bon puisque le père John- Thomas était si bon! Vous savez peut être que Saint Vincent de Paul avait eu cette remarque à propos de Saint François de Sales : «que Dieu doit être Bon puisque Mr de Sales est si bon!». Je n ai pas de mal à appliquer aujourd hui cette formule au père John-Thomas. Car, qu est-ce que cet homme était bon! Comme il a été pour nous une image de la Bonté de Dieu et du fait que le bien ne demande qu à se diffuser! Les anciens avaient cet adage : «bonum diffusivum sui», «le bien est diffusif de soi», le propre du bien est de rayonner sa bonté. Nous en avons eu un exemple éloquent en vivant auprès du père John-Thomas. Et si vous êtes si nombreux aujourd hui, c est parce que la bonté du père John- Thomas a touché tellement de monde! John-Thomas était un homme bon, il était un homme évangélique, un homme «johannique», si je puis dire, un vrai frère de saint Jean. L avant dernière fois qu il est venu à Rimont, en février, il avait dit aux
2 frères (et c est peut être son testament pour eux) : «n oubliez pas de méditer l évangile de saint Jean». Il en vivait de cet Evangile! Le père John-Thomas était d abord un homme de prière. Ceux qui ont vécu avec lui à Rimont savent combien il était fidèle à la prière quotidienne. Toujours là, tôt, à l oraison ; toujours là, le soir, à l adoration, malgré tout son travail d hôtelier. C était pour lui, une priorité. J ai été particulièrement impressionné par sa vie de prière dans les premiers mois de sa maladie, lorsqu il venait à la prière commune et que nous constations qu il était obligé de ressortir et revenir toutes les 10 minutes à cause des problèmes liés à sa maladie. Je me demandais pourquoi il ne restait pas dans sa chambre pour prier. Mais c est parce que pour lui, prier avec ses frères était si essentiel qu il s est battu jusqu au bout pour maintenir cela dans sa vie. John-Thomas était fraternel jusque dans sa vie de prière.
3 Le père John-Thomas était aussi un amoureux de la parole de Dieu. Quand je faisais mes études de théologie à Rimont, je me souviens d avoir remarqué qu il avait emprunté plein de livres à la bibliothèque. Il aimait lire et étudier ; tard le soir. Récemment encore, alors que j étais passé le voir à l hôpital, il m a demandé, de façon pathétique : «mais Thomas, qu est-ce que je peux travailler? Qu est-ce que tu me conseilles de lire?» John-Thomas était fraternel jusque dans sa vie d étude. Ceux qui ont donné parfois des cours ou des sessions à Rimont se souviennent avec un étonnement admiratif qu il assistait à ces sessions comme s il était un jeune étudiant. Il avait toujours soif de comprendre mieux le mystère de Dieu, et avec quelle humilité! Fr Nikodemus, un de nos frères nouvellement ordonné prêtre, célébrait, mardi dernier, le jour de la mort du père John-Thomas, une première messe à Rimont. Sans savoir que c était le dernier jour sur terre du père John-Thomas, il a offert cette messe à son intention en disant qu il avait été «le gardien de la charité fraternelle». Je trouve
4 que l expression lui va bien, et j espère que du haut du ciel, il va continuer de nous garder dans cette charité fraternelle. Cette charité fraternelle, elle s exprimait particulièrement dans son attention aux autres. Dans sa compassion. Il se souvenait du nom, du visage, de l histoire de toutes les personnes qu il rencontrait, même des années après. Il avait de ce point de vue une mémoire absolument phénoménale et hors du commun. Il restera vraiment pour nous le modèle du frère hôtelier, c est-à-dire du frère qui sait accueillir et prendre soin de ceux qui viennent. Il a été 27 ans à Rimont comme frère Hôtelier. Il nous a enseigné l hospitalité. Son témoignage à l hôpital fût aussi impressionnant. Après quelques semaines il connaissait le nom de tout le personnel hospitalier et de leurs enfants. Un médecin me disait que tout le monde était impressionné par son témoignage et l aimait. Il ajoutait : «C était facile, vous aviez l impression de voir Jésus en face de vous.»
5 Enfin, je voudrais dire un mot de son lien avec la vierge Marie. Quand un frère de Saint-Jean commence à parler de la vierge Marie dans une homélie, c est l indice que la fin du sermon approche! Mais dans le cas du père John-Thomas, ça pourrait être aussi l introduction. Car sa vie fut marquée d un bout à l autre par le mystère de Marie. Comme le père Thomas Philippe, comme le père Marie-Dominique Philippe, le père John-Thomas était un amoureux de la Sainte Vierge. Je l imagine arrivant au ciel et disant à Marie, avec son accent caractéristique : «Mais, c est merveilleux!» ; j imagine en tout cas le Seigneur lui disant : «bon serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur.» Mes frères et sœurs : comme Dieu doit être bon, puisque le père John-Thomas était si bon! Il n y a rien de mieux à faire que de vivre de la bonté de Dieu, sur la terre comme au ciel.