SYNDROME DES JAMBES SANS REPOS. B. Carlander Département de Neurologie Hôpital Gui-de-Chauliac

Documents pareils
Syndrome des jambes sans repos et mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil

Migraine et Abus de Médicaments

Sommeil, fatigue au volant et jeunes conducteurs

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 1 er octobre 2008

IRBMS. Institut Régional de Biologie et de Médecine du Sport N ORD PAS- DE-CALAIS WWW. IRBMS. COM. Titre : «DECALAGE HORAIRE ET SPORT»

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Troubles du sommeil, de l enfant et de l adulte (43) Marc Rey Juillet 2005 (mise à jour 2008/2009)

Place et conditions de réalisation de la polysomnographie et de la polygraphie respiratoire dans les troubles du sommeil

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

7- Les Antiépileptiques

Sommeil et sport Dr. Arnaud PRIGENT (Pneumologue à St LAURENT) sport et sommeil 01/06/2010

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

Service d Urologie - Hôpital de la Conception - APHM. 2. Service de Gynécologie Obstétrique - Hôpital de la Conception - APHM. 3

Gina Sanders. Troubles du sommeil : banal... mais pas fatal!

la maladie de Parkinson

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 31 janvier 2007

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

Place de la PSP et des AMS. «Parkinson plus!» Ce qui doit alerter. Paralysie supra-nucléaire progressive (PSP) Ce qui doit alerter

Prise en charge du patient adulte se plaignant d insomnie en médecine générale

Douleurs des mains. Douleurs des mains les plus fréquentes: pertinence, causes, traitements. C.Zenklusen septembre 2013

Le bilan neuropsychologique du trouble de l attention. Ania MIRET Montluçon le

Objectifs d apprentissage

Le tremblement orthostatique primaire TOP

Les mécanismes de la récupération neurologique. PPradat-Diehl DU de Rehabilitation neuropsychologique 2007

Syndrome d'apnées du Sommeil

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

Séminaire 1 «Sommeil Normal» Coordination J Adrien / MF Vecchierini Lieu : Faculté de Bichat Amphithéâtre A1, Niveau 1, 16 Rue Henry Huchard Paris 18

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

Migraine : traitement de la crise. Comment utiliser les triptans?

1. Mandat des autorités. 2. Principes pour la certification de "Centre de Médecine du Sommeil"

SOMMEIL ET TRAVAIL 6

La migraine chronique

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Notes sur les technologies de la santé en émergence

Maternité et activités sportives

Protocole pour l évaluation des patients inclus dans l'étude

Neurologiques gq Centrales EMPR LE NORMANDY GRANVILLE

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

Marseille 21 > 23. Novembre

Notice : information de l utilisateur

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Hémochromatose génétique non liée à HFE-1 : quand et comment la rechercher? Cécilia Landman 11 décembre 2010

Sport et traumatisme crânien

paris descartes le sommeil le 16 mars!

«Les jeux en ligne, quelle influence en France?»

Fiche Produit Profils Médicalisés PHMEV

dmt Sommeil et rythme de travail Tours, 29 janvier 2010 En résumé notes de congrès

II - DIABETE DE TYPE 1 : ÉPIDÉMIOLOGIE - PHYSIOPATHOLOGIE - DIAGNOSTIC- DÉPISTAGE

Fonctionnement neural et troubles cognitifs chez le patient bipolaire: preuve ou surinterprétation

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

L ATROPHIE DU SPHINCTER ANAL EXTERNE en ENDOSONOGRAPHIE TRIDIMENSIONNELLE. Vincent de PARADES PARIS

La dépression qui ne répond pas au traitement

Autisme Questions/Réponses

NEUROPATHIES PERIPHERIQUES MIGRAINE ET ALGIES NEUROPATHIES PERIPHERIQUES

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Prise en charge de la migraine

CAPACITE DE GERIATRIE

TDAH et adaptations scolaires - niveau primaire et secondaire-

L abus médicamenteux Critères IHS : 1. La prise médicamenteuse est régulière et dure depuis plus de 3 mois

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

Diabète Type 2. Épidémiologie Aspects physiques Aspects physiologiques

Sérodiagnostic de la polyarthrite rhumatoïde

Définition. Spasticité. physiopathologie. Le réflexe d étirement. Spastikos : étirer

Groupe 1 somnovni 12/12/14

Psoriasis et travail dans le BTP. Pr E. Delaporte

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

Les Français et leur sommeil Dossier de presse Mars 2008

Au programme. Les blessures fréquentes chez les coureurs de fond

Céphalées en soins primaires Docteur, j ai mal à la tête. Dr Donald Rivest Neurologue MD FRCPC

Un danger vous guette Soyez vigilant

La migraine : une maladie qui se traite

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 27 avril 2011

La prise en charge de votre maladie de Parkinson

Vignette clinique 1. Femme, 26 ans; caissière. RC : Dorsalgie depuis 18 mois. ATCD : Tabagisme 20 paquets/année; pas de maladies chroniques HMA :

Le diabète en pédiatrie

Sophie Blanchet, Frédéric Bolduc, Véronique Beauséjour, Michel Pépin, Isabelle Gélinas, et Michelle McKerral

Le s t r o u b l e s d u

A. BONNEFOND Maître de conférences en neuroscience cognitive Laboratoire d imagerie et de neuroscience cognitive Université de Strasbourg

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Troubles de la vigilance au travail. Tests d aide à la décision d aptitude et structures de dépistage du syndrome d apnées du sommeil à Grenoble

Évaluation et traitement de l insomnie associée au cancer

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

Se libérer de la drogue

déclarations d assurabilité en cas d accident (invalidité ou soins hospitaliers)

Recommandation Pour La Pratique Clinique

Qu est-ce que la fibrillation auriculaire? (FA)

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

Prise en charge des troubles du sommeil chez la femme enceinte à l issue d une demande spontanée : intérêt du conseil officinal

Critères de Choix d une Echelle de Qualité De Vie. Etudes cliniques dans l autisme. Introduction

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Diabète de type 1 et haute montagne. Revue de la littérature

Transcription:

SYNDROME DES JAMBES SANS REPOS B. Carlander Département de Neurologie Hôpital Gui-de-Chauliac

Historique Willis 1685 : restlessness et rôledes opiacés Boissierde Sauvages 1731: inquiétudedes pieds Gilles de la Tourette1898 : États neurasthéniques RLS - restless legs syndrome (Ekbom1945) Symonds 1953 : myoclonus nocturne impatiences musculaires de l éveil (Montplaisir) Coleman 1980 : mouvements périodiques Akpinar1982 : lévodopa

Critères cliniques du SJR sensation désagréable déclenchéepar l immobilité soulagéepar le mouvement accentuée le soir au coucher MbInf ±MbSup E plainte d insomnie

Impatiences des membres inférieurs EEG EEG EOG EMG EKG Jambier polysomnographie non impérative dans le SJR

Critères additionnels du SJR histoire familiale positive réponseaux dopaminergiques présencede mouvements périodiques

PLM (periodiclimbmovements) : dans le sommeil mouvements périodiques (flexion lentedu pied sur la jambe, voire de la jambesurla cuisse) insomnie, sommeil agité, coups de pied, usuredes draps E somnolence diurne mais aussi: asymptomatique ++ (pas de corrélation avec la plainte, niavec les paramètres du sommeil ou la vigilance) tandis quesjr présence de PLM

PLM en polysomnographie PLM éveillants ou non

Différents patterns 1 sec. myoclonique polyclonique twitches, puis tonique polyclonique, puis tonique

Questionnaire Degré de sévérité du SJR Total de points: Très sévère = 31-40 points, Sévère = 21-30 points, Moyen = 11-20 points, Léger = 1-10 points Nul = 0 points

Tests d immobilisation (Montplaisir) Suggérée demi-décubitus pendant 1 h enregistrement des jambiers antérieurs durée 10 s calcul de l index score d inconfort des jambes [Michaud et al, MovDisord 2002] Forcée (en recherche) : analyse de la composante motrice et sensorielle, analyse spectrale de l EEG

Epidémiologie âge de début the REST PrimaryCare Study-population de 23.052 sujets > 18 ans (US + EU) 9.6% : symptômes > une fois par semaine 5.6% : > deux fois par semaine 3.4% : > deux fois par semaine + retentissement important sur leur qualitéde vie 68.1% des sujets atteints étaient des femmes la prévalence augmente avec l âge et avec le nombre de grossesses aggravation précise après 50 ans

Epidémiologie 2 France : Tison et al, Neurology 2005 le plus fréquent des troubles moteurs

Disease mongering?? rôle de l industrie médias médicaux et généraux dramatisation surestimation de l étude REST minimisation des effets secondaires tics d agitation des membres inférieurs sous-diagnostic et sous-traitement

Génétique héréditéautosomique dominante 40-50 % des cas (Québec) début plus précoce ; prévalence lors de la grossesse phénomène d anticipation vlocus de susceptibilitésituéen 12q Desautels, Am J Hum Genet 2001

HÉRÉDITÉ âge Facteurs favorisants grossesse ++ (20-40 %) carence en fer ++++ Parkinson, neuroleptiques (±antidépresseurs IRS) polyneuropathies (urémie++, diabète) ; neuropathies infracliniques?? affections médullaires polyarthrite rhumatoïde

Affections associées narcolepsie syndrome d apnées et résistance des VAS PLM lors de la reprise ventilatoire? persistance sous CPAP

SJR chez l enfant problèmes d interrogatoire cause d insomnie de l adolescent douleurs de croissance! syndrome hyperactivitéet déficit attentionnel 1/3 ont un SJR 1/5 des SJR ont un THADA importance de la carence en fer traitements??

Diagnostic différentiel vartériopathie des MI vinsuffisance veineuse vakathisie des neuroleptiques vcrampes nocturnes vsursauts d endormissement

Physiopathologie & pathogénie atteinte périphérique? polyneuropathies? EMG, PES atrophie axonale? désinhibition corticale déficit en fer grossesse transferrine et ferritinedu LCR contenu en fer dans les pédoncules cérébraux

Diminution du contenu en fer locus nigeret noyau rouge RLS Allen et al, Neurology 2001 témoin

Hypothèse dopaminergique efficacité des traitements D/A aggravation par les neuroleptiques récepteurs D2 striataux (SPECT & PET)? rôle du fer comme cofacteur de la synthèse de dopamine et du fonctionnement du récepteur D2

Les traitements dopaminergiques AMM : ropinirole (Adartrel ) ±dompéridone autres agonistes dopaminergiques (Sifrol ) Dostinex : longueduréed action L-dopa + inhibiteur (Sinemet, Modopar ) risque de rebond Ł intérêt des formes retard «augmentation» effet durable? dyskinésies?

Benzodiazépines (clonazépam= Rivotril ) v doses progressives (½ mg au départ, soit ¼cp) v risque de somnolence résiduelle +++ v apnées? v problèmes de tolérance àmoyen terme E SJR occasionnel

opiacés (codéine, Oxycontin, Temgésic ) risque de tolérance et dépendance résultats satisfaisants à long terme intérêt en cas d augmentation autres gabapentine (Neurontin ) 600 à 1800 mg prégabaline (Lyrica ) 75 à 300 mg

Traitements non médicamenteux traitement d une cause fer si < 50 ng/ml (gare àl hémochromatose!) hygiène de sommeil (température, caféine ) et