FICHE DYS EXEMPLE D EVALUATION AMÉNAGÉE P. 28 LECTURE Les trois souhaits Pendant le chemin, mesdemoiselles, je vais vous raconter un joli conte que j ai lu quelque part. Les trois souhaits Il y avait une fois un homme qui n était pas riche ; il épousa une jolie femme. Un soir, en hiver, qu ils étaient auprès de leur feu, ils s entretenaient du bonheur de leurs voisins, qui étaient plus riches qu eux. «Oh! si j étais la maîtresse d avoir tout ce que je souhaiterais, dit la femme, je serais bientôt plus heureuse que tous ces gens-là. Et moi aussi», dit le mari. Au même instant, ils virent dans leur chambre une très belle dame qui parla : «Je suis une fée, je vous promets de vous accorder les trois premières choses que vous demanderez. Mais prenez-y garde, après avoir souhaité trois choses, je ne vous accorderai plus rien.» La fée ayant disparu, cet homme et sa femme furent très embarrassés. «Pour moi, dit la femme, si je suis la maîtresse, je sais bien ce que je voudrai : je ne souhaite pas encore, mais il me semble qu il n y a rien de si bon que d être belle, riche et grande dame. Mais, 1
répondit le mari, en étant de la sorte, on peut devenir malade, chagrin ; on peut mourir jeune : il serait plus sage de souhaiter de la santé, de la joie et une longue vie. Et à quoi servirait une longue vie si l on était pauvre? repartit la femme. En vérité, la fée aurait dû nous promettre de nous accorder une douzaine de dons. Cela est vrai, dit le mari, mais prenons du temps. Examinons d ici à demain matin les trois choses qui nous sont le plus nécessaires, et nous les demanderons ensuite. En attendant, chauffons-nous, car il fait froid.» En même temps la femme prit les pincettes et raviva le feu ; comme elle vit qu il y avait beaucoup de charbons bien allumés, elle dit sans y penser : «Voilà un bon feu, je voudrais avoir une aune de boudin pour notre souper, nous pourrions le faire cuire bien aisément.» À peine eut-elle achevé ces paroles, qu il tomba une aune de boudin par la cheminée. «Peste soit de la gourmande avec son boudin! s écria le mari ; ne voilà-t-il pas un beau souhait! nous n en avons plus que deux à faire. Pour moi, je suis si en colère, que je voudrais que tu eusses le boudin au bout du nez.» Dans le moment, l homme s aperçut qu il était encore plus fou que sa femme ; car, par ce second souhait, le boudin sauta au bout du nez de cette pauvre femme qui ne put jamais l arracher. «Que je suis malheureuse! s écria-t-elle ; tu es un méchant d avoir souhaité ce boudin au bout de mon nez. Je te jure, ma chère femme, que je 2
n y pensais pas, répondit le mari ; mais que ferons-nous? Je vais désirer de grandes richesses, et je te ferai faire un étui d or pour cacher ce boudin. Gardez-vous-en bien, reprit la femme, car je me tuerais s il fallait vivre avec une pareille chose à mon nez : croyez-moi, il nous reste un souhait à faire, laissez-le moi, ou je vais me jeter par la fenêtre.» En disant ces paroles, elle courut ouvrir la fenêtre ; et son mari, qui l aimait, cria : «Arrête, ma chère femme! je te donne la permission de souhaiter tout ce que tu voudras. Eh bien, dit la femme, je souhaite que le boudin tombe à terre.» Dans le moment, le boudin se détacha, et la femme, qui avait de l esprit, dit à son mari : «La fée s est moquée de nous, et elle a bien fait. Peut-être aurions-nous été plus malheureux étant riches, que nous le sommes à présent. Crois-moi, mon ami, ne souhaitons rien, et prenons les choses comme il plaira à Dieu de nous les envoyer ; en attendant, soupons avec notre boudin, puisqu il ne nous reste que cela de nos souhaits.» Le mari pensa que sa femme avait raison : ils soupèrent gaiement, et ne s embarrassèrent plus des choses qu ils avaient eu dessein de souhaiter. Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, Les Trois Souhaits, dans Le Magasin des enfants, 1757. 3
Vérifie que tu as compris l essentiel 1. a. Lis ce résumé de l'histoire. b. Trouve les six erreurs et corrige-les. C'est l'histoire d'un homme et de sa jolie femme qui discutent un soir d'hiver au coin du feu : ils envient leurs voisins qui sont plus beaux qu'eux. Au même instant, une fée apparaît et leur propose d'accomplir douze vœux. La fée ayant disparu, l'homme et la femme discutent de ce qu'ils souhaitent mais n'arrivant pas à se mettre d'accord, ils décident de remettre le choix des vœux au lendemain matin. Comme la femme a faim, elle souhaite avoir une aune de boudin pour le cuire sur le feu et celui-ci apparait. L'homme, en colère car sa femme a gâché un de leur vœux, souhaite que le boudin soit accroché à jamais à l'oreille de sa femme, ce qui est exaucé. Alors que sa femme menace de quitter son mari, celui-ci, parce qu'il l'aime, l'autorise à utiliser le dernier vœu pour retrouver son aspect normal. Finalement, le mari et la femme mangent le boudin en regrettant d'avoir gâché leurs trois vœux à cause de leurs disputes. 4
2. a. Relis la définition du conte : Un conte est un récit court qui commence parfois par une formule d'entrée qui fait entrer le lecteur dans un monde merveilleux, magique. L'action se déroule dans un lieu et une époque imprécises. Les personnages sont peu décrits et n'ont pas de nom de famille. Le conte a souvent une portée morale: il sert à donner une leçon de vie au lecteur. b. Complète la phrase suivante en recopiant au moins trois indices du texte qui prouvent que ce récit est un conte. Ce récit est un conte car: Indice 1:... Indice 2 :... Indice 3 :... Deviens un lecteur expert 3. Surligne les bonnes réponses : Dans ce conte, pour rendre son récit plus vivant, la conteuse : a. interpelle le lecteur. b. raconte l'histoire au présent. c. répète les mêmes phrases et les mêmes mots (comme des refrains) d. varie les types de phrases. e. fait parler directement les personnages en utilisant le dialogue. 4. Dans la phrase en bleu, a. Souligne les deux verbes à l'imparfait. b. Pourquoi le narrateur a-t-il conjugué ces verbes à l'imparfait? 5
c. Souligne le verbe au passé simple. d. Essaye de conjuguer ce verbe à l'imparfait. Pourquoi n'est-ce pas possible ici? 5. a. Relie ou réécoute les trois passages en orange. b. Explique ce qui, dans chaque passage, peut faire rire le lecteur: 6. a. Relie ou réécoute les paroles des personnages en vert. b. Explique ce qui a changé pour les personnages entre le début et la fin de l'histoire. c. Surligne la morale qui pourrait figurer à la fin du conte: Il ne faut pas parler sans réfléchir. Pour être heureux, il ne faut pas souhaiter autre chose que ce que l'on a mais savoir apprécier ce que l'on possède déjà. La beauté est éphémère. 6