La gestion individuelle des comptes de chèques postaux

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Transcription:

Monsieur André Villeneuve La gestion individuelle des comptes de chèques postaux In: Economie et statistique, N, Avril 970. pp. 53-56. Citer ce document / Cite this document : Villeneuve André. La gestion individuelle des comptes de chèques postaux. In: Economie et statistique, N, Avril 970. pp. 53-56. doi : 0.3406/estat.970.939 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-454_970_num 939

SUR TROIS COLONNES des La gestion comptes individuelle de chèques postaux # L'existence et surtout l'importance de la monnaie postale sont une caractéristique originale du système monétaire français. 2% de la masse monétaire sont en effet constitués par les dépôts des particuliers et des entreprises aux comptes de chèques postaux (C.C.P.) soit quel que 27 milliards à la fin de 969. Cette monnaie présente des traits spécifiques : elle est moins détenue par des entreprises que par des particuliers ; elle paraît plutôt considérée par ceux-ci comme une une encaisse de transaction. que. comme un mode de réserve. Une étude effectuée par l'i.n.s.e.e. en 966, en collaboration avec le minis tère des Postes et Télécommunications *, s'est t efforcé d'analyser, de façon encore sommaire s'agissant d'une première étude, les types de corn portements*[des][titu lai res de compte postal.' Les dépôts des ménages représentent un peu moins de 40 % de l'ensemble des dépôts sur C.C.P. Mais la masse globale de ces dépôts comprend ceux des comptables publics et des banques, qui doivent être considérés à part. Dans l'ensemble des dépôts des mé nages et des entreprises, les premiers représentaient, au début de 966, 79 %, soit à peu près les 4/5. C'est à ces seuls titulaires de C.C.P.i les ménages, à l'exclusion donc des entreprises," des banques, des comptables publics qu'est consacrée» la.«suite de cette chronique. Plus précisément nous nous intéresserons aux comptes de. chèques détenus par les chefs de, ménage. Avoir, débits vitesse de rotation Comment étudier la gestion d'un compte? Nous nous sommes tenus à des concepts simples, réservant à des études ultérieures l'introduction des concepts plus complexes qui paraî traient utiles. A tout instant un compte est caracté risé par son avoir (ou solde). Nous avons retenu, comme base de nomb reuses analyses, l'avoir au let jan vier 966 : le calcul de l'avoir moyen sur l'ensemble de l'année, assez lourd, n'a pas été fait pour cette première étude. Mais nous nous intéresserons aussi à l'avoir maximum et à l'avoir minimum enregistrés au cours de l'année (966) sur chaque compte. Les avoirs au er janvier 966 des chefs de ménage, qui représentaient 82 % des avoirs totaux des ménages, se situaient à un niveau moyen de 300 F. L'avoir peut être, plus ou moins fréquemment, modifié par des opé rations de crédit (dépôts) ou débit (retraits). Pour caractériser l'impor tance de ces opérations, nous avons retenu la somme des débits intervenus au cours de l'année 966; retenir la somme des crédits conduit d'ailleurs pratiquement aux mêmes résultats. 87 % des débits totaux des ménages en 966 ont été le fait des chefs de ménages/ correspondant à, un débit annuel moyen de 24 570 F par compte de chef de ménage. Intuitivement, il doit exister une relation entre le niveau de l'avoir et le montant des opérations : un avoir élevé sur le compte permet de se livrer à des opérations importantes (ou, en sens inverse : des opérations importantes impliquent un avoir samment élevé). Mais cette relation n'est pas rigide, elle dépend largement du comportement de chaque titulaire de compte. Le rapport entre la somme des débits et l'avoir est donc une caractéristique très significative de lagestion d'un compte. Ce rapport a les mêmes dimensions et le même sens que la vitesse de rotation d'un stock : si un compte a un solde de 000 F et donne lieu en un, an à 6 000 > F de débits, on peut dire que le solde a «tourné» 6 fois. Nous appellerons vitesse de rotation le rapport de la somme des débits en 966 à l'avoir., au er janvier 966. Lorsque cette vitesse de rotation est faible ~ nous : dirons que les dépôts correspondants sont stables. Ainsi, la vitesse de rotation des dépôts des chefs de ménage a été de 7,9 (24 570/300) en 966, contre à peu près 25 pour l'ensemble des dépôts sur C.C.P. (y compris entreprises, banques,. comptables pu blics) : les dépôts des ménages consti tuent une masse relativement stable. Enfin, avant de présenter les résul-, tats obtenus, examinons deux exemples T de gestion de compte, certes théo riques, mais qui correspondent à des schématisations assez suggestives de la réalité : Supposons un compte postal al imenté uniquement chaque fin de mois par un versement (salaire) de 000 F. Supposons que cette somme est dépensée complètement et cont inûment au cours du mois. Dans ce cas : l'avoir au er janvier est 000 F (le salaire de décembre vient d'être, versé) ; l'avoir moyen est de 500 F; l'avoir maximum est de 000 F, l'avoir minimum de 0 F; dans * Les les résultats Collections détaillés de l'i.n.s.e.e., de l'étude séries paraîtront < Ménag es». 53

la somme des débits est de 2 OOO F; la vitesse de rotation utilisée ici 2 000 est de 000 = 2. Si un autre compte est alimenté et géré de la même façon mais comporte en plus un solde permanent de 200 F au-dessous duquel l'avoir ne descend jamais : l'avoir au er janvier est de 200 F; l'avoir moyen de 700 F; l'avoir maximum de 200 F, l'avoir minimum de 200 F; la somme des débits est toujours de 2 000 F; la vitesse de rotation s'est donc abaissée»., a,, -t-thût 2 000 ~ Ar. ***' Par sulte.. "e j l'existence de ce < solde. Ce second schéma est plus proche que le premier de la réalité : il est en effet raisonnable de supposer > * un solde permanent minimum.-. Peu de réserves placées sur C.C.P. Nous allons d'abord nous intéresser à la façon dont évoluent ces différentes grandeurs quand varie le niveau de revenu du titulaire du compte (t ableau ). Le résultat le plus frappant est que l'avoir augmente peu quand le revenu croît. Or on sait par plusieurs enquêtes que les réserves totales des ménages augmentent sensiblement avec le re venu. On en déduit donc immédiate ment que les excédents de réserve ne sont guère placées sur C.C.P. Au contraire, le montant des débits effectués est. lié étroitement au revenu. On peut calculer qu'en moyenne quand 54 on passe d'une classe de revenus à la suivante les débits s'accroissent rel ativement comme les revenus (élasti cité = ). Telle était d'ailleurs l'hypo thèse adoptée dans les exemples cités plus haut, où le débit mensuel était strictement égal au revenu mensuel : les titulaires de C.C.P. sont nombreux à percevoir leurs revenus par virement sur leur compte. Quand le revenu croît, les débits croissent proportionnellement, mais non les avoirs; il en résulte que la vitesse de rotation s'accroît. Une autre façon de le voir est d'énoncer que les titulaires de C.C.P. dans les tranches de bas revenu (moins de 0000 F de revenu annuel du ménage) repré sentent,6 % des avoirs en début d'année et seulement 4,8 %'dé la masse des débits effectués; à l'autre extré mité, les tranches de revenus supérieurs (plus de 20 000 F) représentent 54,4 % des avoirs et 64,8 % des débits. Effet de génération Attachons-nous maintenant à l'i nfluence de l'âge du titulaire du compte. Trouver que les débits passent par un maximum entre 40 et 50 ans confirme que ceux-ci sont liés au revenu. Trouver d'autre part que le niveau de l'avoir croît régulièrement, mais modérément, avec l'âge confirme à la fois l'existence et la relative faiblesse du rôle du C.C.P. comme composante du patr imoine. C'est la comparaison des avoirs et des débits par le calcul de la vitesse de rotation qui est le plus révélateur. A cet égard une coupure très nette se dessine : en-deçà de 60 ans, la vitesse de rotation est relativement élevée, de l'ordre de 8, et est presque TABLEAU. Encaisses et mouvements selon le revenu Moins de 3 000 F 3 000 à 6 000 F 6000àl0000F 0 000 à 5 000 F 5 000 à 20 000 F 20 000 à 30 000 F 30 000 à 50 000 F Plus de 50 000 F. Revenu annuel du ménage Avoir en début d'année (966) 2 040 2 730 260 2 000 3 40 330 3 70 6 000 Montant des débits pendant l'année (966) F 2 770 7 790 7 850 490 22 390 27 920 3 690 64 630 Vitesse de rotation,36 2,85 3,63 7,09 7,3 8,92 8,54 0,80 indépendante de l'âge. Au-delà, ce qui représente à peu près un quart des C.C.P. des chefs de ménage, elle est faible, de l'ordre de 5. On peut se demander si à un effet de l'âge, ne s'ajoute pas, aussi, un effet de géné ration : les jeunes générations auraient pris l'habitude de se servir davantage de leur compte de chèque (cet effet doit s'appliquer d'ailleurs à l'ensemble de la monnaie scripturale), habitude qu'us pourraient conserver, même en vieillissant : dans ce cas, il faudrait prévoir que la vitesse de rotation globale des comptes de chèques pos taux détenue par les ménages aura tendance à s'accroître. - Forte rotation dans les professions indépendantes On retrouve en partie, les effets du revenu et de l'âge, mais indirectement et mêlés à des effets spécifiques, dans les résultats par catégorie. socio-pro fessionnelle. La vitesse dé. rotation des C.C.P. détenus par les professions indépendantes est considérable (5,2)*: c'est que leur avoir reste en effet moyen (2 880 F), alors que le montant des débits annuel est plus élevé (49 540 F) que dans aucune autre catégorie. A l'autre extrême se trouvent les inactifs (avoir 3 740 F, montant des débits : 2 860 F, vitesse de rotation : 3,5). Assez proches des professions indé pendantes,» les cadres supérieurs (vi tesse de rotation : 9,2), s'ils ont des débits - de la même importance, présentent I une '. encaisse > plus forte (5 400 F).* Cadres moyens, ouvriers, employés occupent une situation inte rmédiaire (vitesse de rotation de l'ordre de* 6). La diversité très marquée des vitesses de rotation explique que les différentes catégories socio-profession nelles sont loin de tenir la même part dans les encaisses et dans les mou vements sur comptes (tableau 2). Dernier critère examiné : le critère Paris-province. Les avoirs ' sont ' plus élevés dans le complexe résidentiel parisien qu'ils ne le sont dans le reste de la France (3 830 F et 2 80 F), tandis que les - débits y sont moins importants : (20 980 F et 25 980 F). C'est là un résultat intéressant qui ne s'explique nullement par l'influence du revenu, puisque les revenus ' sont plus importants à Paris qu'en province. Exprimée en termes ' de vitesse de rotation (5,5 et 9,3). la différence est frappante. Il faut toutefois noter que ce n'est pas tant à Paris même ou dans

TABLEAU 2. Part des catégories socio -professionnelles dans les encaisses et les mouvements Catégorie socio-professionnelle Cadres supérieurs Inactifs Cadres moyens Professions indépen dantes Ouvriers contre maîtres Employés Autres actifs culteurs rxploilants salariés agricoles Personnel de service Ensemble Part représentée par chaque caté gorie dans :. des encaisses (% de l'avoir en début d'année) 2. des mouvements sur compte (% du montant annuel des débits) 25 29 2 9 7 5 8 30 9 8 6 4 3 Agri 3 2 00 00 les zones immédiatement voisines qu'apparaît une tendance à la moindre activité relative des C.C.P. que dans les zones moins centrales : zones d'habitations mixtes, couronne sub urbaine, zone d'attraction. Ces quelques indications suffisent à montrer que les sommes déposées sur un compte chèques postal ont principalement un caractère ' d'«en caisses de transaction» : on observe d'ailleurs» que,, lorsque le C.C.P. est associé à un compte bancaire détenu par le même titulaire, les avoirs sont diminués, les flux augmentés : l'a ccroissement de la vitesse de rotation dans cette association fait bien res sortir la vocation propre du C.C.P. Mais il s'en faut de beaucoup que tous les comptes «travaillent» autant, et les facteurs qui agissent à cet égard sont nombreux : âge, revenu, catégorie socio-professionnelle, situation géogra phique, et d'autres encore. La clientèle des comptes à forte vitesse de rotation est formée de chefs de ménage à revenu élevé, âgés de 40 à 50 ans, appartenant aux milieux de professions indépen dantes ou de cadres supérieurs, pro vinciaux enfin plutôt' que parisiens. Fluctuations en cours d'année Les deux grandeurs retenues ici, avoir en début d'année et somme des débits, même complétée par leur rapport, vitesse de rotation, n'épuisent nullement l'analyse du mode de gestion des C.C.P. Elles ignorent en parti culier l'inégale répartition dans le temps des opérations de crédit ou de débit. Les premières, liées, avons-nous vu, à la perception des revenus, sont relativement périodiques. Encore faut-il noter un important gonflement des avoirs en décembre, phénomène que connaissent aussi les avoirs sur Caisse d'épargne, qui traduit l'effet des primes, treizièmes mois.., et que l'importance des dépenses de fin d'année ne suffit pas à contre-balancer. Les opérations de débit sont évidem ment plus irrégulières. Même si on considère comme périodique l'effet du versement de l'impôt direct (effet qui se traduit nettement sur le montant global des avoirs : baisses en février et mai tiers provisionnel et en octobre-novembre solde ) il reste d'importants facteurs d'irrégul arité liés bien davantage à l'initiative individuelle, comme le règlement de grosses dépenses. Aussi une grande diversité règne-t-elle : bien que décemb re soit une période de gonflement global des avoirs, 0 % des comptes atteignent leur niveau le plus bas pendant ce mois; inversement, 5 % des comptes atteignent leur * niveau le plus haut en mai, qui est une période de régression globale des. avoirs. Un autre type de régularité est celle qu'on observe à l'intérieur du mois : comme dans les exemples cités, où le revenu est versé régulièrement en fin de mois, on constate que les avoirs minimum et maximum se situent le plus souvent en fin de mois. Toutefois, il n'est pas rare qu'il en soit autre ment; il suffit" qu'interviennent des rentrées ou dès dépenses exceptionn elles, ou même des retards ou dés décalages anormaux. Encaisse inactive et encaisse de transaction La gestion des comptes chèques se rapproche plutôt du deuxième de nos exemples. On constate en effet l'existence d'un solde permanent, com plètement inactif, au-dessous duquel les avoirs ne descendent pas. Mais quelle est l'importance et le sens de ce solde permanent? Le montant moyen des avoirs min imum enregistrés en cours d'année pour chaque compte, quelle qu'en soit la date, est en 966, de 060 F. Faut-il considérer ce solde comme élevé ou comme faible? Rapproché de l'avoir en début d'année (3 00 F en moyenne), il apparaît assez élevé : le /3 à peu près des encaisses détenues au début de l'année sont restées totalement inactives en cours d'année. Mais comparons aussi montant moyen de l'avoir minimum et montant de l'avoir maximum (7 40 F). Calculer le rapport de l'écart entre les avoirs extrêmes (maximum et minimum) ' à la somme des débits conduit à une va leur de (7 40 060/24 570) = 0,26; ce rapport est fortement supérieur à la valeur qu'il prend dans les exemples de référence (écart entre avoir max imum et minimum = 000 F; somme des débits = 2 000 F; rapport = ^ soit 0,08). Cette différence traduit essen tiellement l'existence d'opérations de crédit, ou surtout de débit «exceptionnelles» c'est-à-dire inter venant en dehors du schéma idéal de régularité mensuelle. De telles opé rations agissent sur le niveau de l'avoir maximum et de l'avoir minimum, et perturbent en tout cas la régularité de gestion du compte. L'existence de ces opérations excep tionnelles fait aussi problème quant à la définition de * «encaisse passive» et de ' «encaisse de transaction» : faut-il en effet ranger la part d'encaisse liée à ces opérations exceptionnelles dans l'une ou l'autre catégorie? En d'autres termes, faut-il prendre de «l'encaisse passive» une définition plus ou moins stricte? Ce. type de problème peut sembler a priori la rgement indéterminé. Convenons que CHRONIQUES 55

nous définissons, provisoirement, comme «encaisse inactive» d'un compte l'avoir minimum enregistré en cours d'année. Une première constatation, et des plus frappantes, s'impose : le montant de l'avoir minimum est pratiquement indépendant du montant annuel des débits (le coefficient de corrélation linéaire entre ces deux variables est inférieur à /00) : l'hypothèse sou vent admise dans la théorie, selon laquelle l'encaisse inactive serait liée à l'encaisse de transaction, croissant avec, elle même sans lui être proport ionnelle, ne semblerait donc pas confirmée par l'expérience. Par contre le niveau de l'avoir minimum paraît lié à bien d'autres éléments divers. De l'épargne à l'indifférence On constate d'abord que, médio crement lié au revenu, ce niveau paraît en relation avec l'âge; ceci traduit la présence d'une légère composante d' épargne au sens large. D'autre part, l'avoir minimum augmente quand le titulaire du compte déclare qu'il uti liserait volontiers son C.C.P. pour régler une «grosse dépense», telle que l'achat d'une voiture ou le règlement de tr avaux importants, ou quand il déclare l'utiliser ' habituellement pour régler ses impôts, ou encore quand il envisage d'effectuer dans les deux ans une opé ration immobilière importante. Ici se manifeste un aspect d'accumulation en vue du règlement," possible ou déjà décidé, de dépenses exceptionnelles. Même pour les chefs de ménage qui déclarent avoir, des «réserves di sponibles» à tout instant à peu près négligeables, et ne pas placer, de toutes façons, ces réserves sur leur C.C.P., le montant de l'avoir minimum reste appréciable (de l'ordre de 500 F) ; une part donc de l'encaisse inactive cor respond,' vraisemblablement à un souci de prudence «technique» (éviter par exemple d'émettre des chèques sans provision). L'avoir minimum est plus faible pour les titulaires de C.C.P. qui détiennent également un compte- chèques bancaire : si l'on rappelle qu'en 966 les dépôts à vue sur compte bancaire pouvaient encore être rémun érés, cela révèle un certain souci de rentabilité : dans le placement - des encaisses inàctives. Mais k à l'inverse, il faut mentionner que l'avoir min imum s'élève, pour une proportion non négligeable des comptes, à des montants très importants (de l'ordre 56 de 0 000 F) apparemment hors de proportion avec tout- motif rationnel de constitution de réserves liquides non rémunérées :, ainsi, «l'encaisse inactive» peut tenir à un comporte ment de simple indifférence. On comprend après cela que, quel que définition qu'on prenne, ' «en caisse inactive» correspond à des moti vations assez diverses (ou à une ab sence de motivation). Dès lors, il n'est guère possible d'adopter une dé finition qui ait un contenu conceptuel bien précis. Aussi serait-il sans doute intéressant de retenir une définition de ' «encaisse inactive» qui soit proche de la notion qu'en ont, instinctivement, les chefs de ménage eux-mêmes (si complexes ou divers que soient les éléments qu'ils y font rentrer). C'est cette notion ellemême qui constitue, vraisemblable ment, la meilleure* variable de com portement». L'étude a. permis d'établir entre autres, que la notion de «réserves constamment disponibles», telle qu'elle est perçue et exprimée par les ménages, est sensiblement plus extensive que la notion d'avoir minimum, établie à partir de leurs seuls relevés de compt es ; elle comporte notamment une part Prix et revenus : mécanismes mal connus du public plus importante d' «encaisse d'accu mulation» constituée en vue de dé penses importantes. Elle diffère donc de l'avoir minimum non seulement par son niveau mais par le sens qu'il con vient de lui accorder. Plus généralement, il paraît impro bable dans ce domaine difficile et en core mal connu, des comportements monétaires et des comportements d'é pargne, d'obtenir de bonnes analyses descriptives ou explicatives sans asso cier deux types de données complé mentaires : des éléments factuels, précis et nombreux, recueillis sur dossiers ad ministratifs; des informations qualitatives sur les comportements et leur contexte, recueillis directement auprès des mé nages. C'est du moins, la voie qui a été choisie pour l'enquête' «Comptes chèques postaux 967», qui sert de base à cette étude; elle semble devoir prêter à d'intéressants développements susceptibles d'améliorer à la fois la connaissance et la théorie des phéno mènes monétaires. André VILLENEUVE # Le public ou, si l'on préfère, le «Français moyen» ne perçoit les réalités économiques qu'à partir de son expérience concrète. Une série d'enquêtes approfondies réalisées au er semestre 969, à la de mande et selon les orientations du Centre d'études des Revenus et des Coûts (C.E.R.C.) le laisse du moins supposer*. Le public ne participe pas à l'économie «savante» : à ce niveau, il semble qu'il ne soit pas informé ou qu'il le soit très mal. Toutefois, dans des domaines le touchant de près, tels que les prix et les revenus, il pressent confusément l'existence de certaines règles auxquelles il faut se soumettre. I. Prix Pour le public un prix est composé de deux éléments : ; une > partie de base (main-d'œuvre, matières premières, et, beaucoup moins clairement, amortissement des ments utilisés) ; cette partie, considérée comme une donnée technique, est généralement jugée «normale» et acceptée;. une partie variable,. qui comprend trois composantes : d'abord les impôts et taxes; secondairement r les bénéfices des producteurs ;