COUR DE CASSATION 30 septembre 2014

Documents pareils
COUR DE CASSATION R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E

COUR DE CASSATION R E P U B L I Q U E F R A N C A I S E. Audience publique du 21 septembre 2011 Rejet M. LACABARATS, président. Arrêt n o 1054 FS-P+B

COUR DE CASSATION R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E. Audience publique du 16 janvier 2014 Cassation Mme FLISE, président. Arrêt n o 47 F-P+B

M. Lacabarats (président), président SCP Lyon-Caen et Thiriez, SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Coudray, avocat(s)

REPUBL QUE FRANCA SE

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l arrêt suivant :

M. Petit (conseiller doyen faisant fonction de président), président REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l arrêt suivant :

SCP Célice, Blancpain et Soltner, SCP Nicolaý, de Lanouvelle et Hannotin, avocat(s) REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

SCP Lyon-Caen et Thiriez, SCP Meier-Bourdeau et Lécuyer, avocat(s) REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Cour de cassation. Chambre sociale

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIERE ET ECONOMIQUE, a rendu l arrêt suivant :

SCP Coutard et Munier-Apaire, SCP Peignot, Garreau et Bauer-Violas, SCP Potier de La Varde et Buk-Lament, avocat(s) REPUBLIQUE FRANCAISE

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Cour de cassation Chambre commerciale Cassation partielle 30 mars 2010 N

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l arrêt suivant :

SCP Thouin-Palat et Boucard, SCP Tiffreau, Corlay et Marlange, avocat(s) REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Cour de cassation de Belgique

SCP Célice, Blancpain et Soltner, SCP Thouin-Palat et Boucard, avocat(s) REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l arrêt suivant :

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l arrêt suivant :

Droit du travail - Jurisprudence. Inaptitude médicale résultant de faits de harcèlement moral

SCP Boré et Salve de Bruneton, SCP Delaporte, Briard et Trichet, avocat(s) REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Droit social R È G L E M E N T A T I O N. Fraude au détachement de travailleurs et travail illégal Décret du 30 mars 2015

M. Mazars (conseiller doyen faisant fonction de président), président

COUR DE CASSATION R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E. Audience publique du 18 décembre 2013 Cassation partielle M. TERRIER, président

EFFICACITE EN FRANCE D UNE PÉRIODE SUSPECTE ÉTRANGÈRE

Conclusions de Madame l avocat général Gervaise TAFFALEAU

TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DENICE

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l arrêt suivant :

A Nancy 14 novembre 2012 n 12/00388, Ch. soc., M. c/ Sté Lorraine Environnement

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Mme Renard-Payen, assistée de Mme Sainsily-Pineau, greffier en chef, conseiller apporteur REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

M. Gosselin (conseiller le plus ancien faisant fonction de président), président REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

ARRÊT DU 30 Novembre Décision déférée à la Cour : Jugement du Tribunal de Commerce de SAINT ETIENNE du 16 novembre N rôle: 2004/369

Président : M. Blin, conseiller le plus ancien faisant fonction., président REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Audience publique de la Cour de cassation du Grand-Duché de Luxembourg du jeudi, premier décembre deux mille onze.

TABLEAU COMPARATIF

Loi du 20 décembre 2002 portant protection des conseillers en prévention (MB )

N 46 Septembre

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS


Audience publique de la Cour de cassation du Grand-Duché de Luxembourg du jeudi, dix-neuf mai deux mille onze.

Me Balat, SCP Boré et Salve de Bruneton, SCP Boulloche, SCP Odent et Poulet, SCP Ortscheidt, SCP Rocheteau et Uzan-Sarano, avocat(s)

PARTIE I : LES RELATIONS INDIVIDUELLES DE TRAVAIL

Le champ d application de l article 1415 du code civil

Mme Aldigé (conseiller le plus ancien faisant fonction de président), président

comparante par Maître MILLIARD, avocat au barreau de NOUMÉA,

L'AN DEUX MIL QUATRE et le 21 Avril. LE TRIBUNAL D'INSTANCE DE SENLIS Siègeant à Senlis, Cité Judiciaire. a, dans la cause entre: DEMANDEUR:

M. Frouin (conseiller le plus ancien faisant fonction de président), président

2. Le contrat de location ne comporte aucune stipulation visant le cas de résiliation à l'initiative du locataire.

AUDIENCE PUBLIQUE DU 30 OCTOBRE 2014

Objectifs et insuffisance de résultat

dans la poursuite pénale dirigée contre en présence du Ministère Public l arrêt qui suit :

COUR D'APPEL DE PARIS. Pôle 5 - Chambre 1 ARRET DU 01 FEVRIER (n, 5 pages)

REPUBLIQUE FRANCAISE

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l arrêt suivant :

N Section du Contentieux Publié au recueil Lebon M. Stirn, président M. Bernard Stirn, rapporteur SCP BOUZIDI ; BLONDEL, avocats

Cour de cassation de Belgique

REPUBLIQUE FRANCAISE. Contentieux n A et A

E n t r e : appelante aux termes d un exploit de l huissier de justice Jean-Lou THILL de Luxembourg du 14 août 2009,

L INFORMATION DU CREANCIER MUNI DE SURETE... 2

PROJET DE LOI Article 1 er. I. - L article L du code du travail est ainsi modifié :

REPUBLIQUE FRANÇAISE AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS. LA COUR DES COMPTES a rendu l arrêt suivant :

COUR DU TRAVAIL DE BRUXELLES DU 28 MAI 2013

dans la poursuite pénale dirigée contre

CONSEIL NATIONAL DES BARREAUX 22 rue de Londres PARIS. Société JURISYSTEM SAS 51 rue de Seine PARIS

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Juin. Modernisation du Marché du Travail

Jurisprudence. COUR D'APPEL Lyon CH mai 2014 n 13/01422 Sommaire : Texte intégral :

R E P U B L I Q U E F R A N C A I S E

Décision déférée à la Cour : Ordonnance du 15 Janvier Tribunal d'instance de BOBIGNY - RG n

Cour de cassation de Belgique

COUR DU TRAVAIL DE LIEGE Section de Liège. ARRÊT Audience publique du 17 décembre 2008 AH/SC

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU NOM DU PEUPLE FRANçAIS

ci Monsieur BElLA ARMAND

On vous doit de l argent en Europe... Deux procédures judiciaires simplifiées à portée de main!

inaptitude quelles sont les obligations?

Décrets, arrêtés, circulaires

La Faculté de Droit Virtuelle est la plate-forme pédagogique de la Faculté de Droit de Lyon

TITRE IER DISPOSITIONS GENERALES

TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS

ARRET DU 2 SEPTEMB:RE 1999

-d- DU T~~~Ut~Al Oil~~STA,~C! Di. RliiNES. D'p~mment rj~~ll! i.t WLA9Nf.

COUR D'APPEL DE PARIS. Pôle 1 - Chambre 1 ARRET DU 26 AOUT (n, 5 pages)

N 25/ 07. du Numéro 2394 du registre.

N Q.)~ ARRET COUJ~ D'APPEL D'AMIENS ARR~=T DU 06 AVRIL 2006 PARTIES EN CAUSE: : &L: INTIMEE DEBATS PPELANTE RG :,05/00092 SA A: PARIS.

REPUBLIQUE FRANCAISE

ARRET du 18 SEPTEMBRE Siège social: 2 des E 42 S: Avocat: Me Trombetta. MR C( Demeurant: Ch L avocat: Me Pignarre INSTRUCTION CLOTUREE LE

(Confédération générale du travail Force ouvrière et autre)

Catherine Olivier Divorcer sans casse

SOMMAIRE A - CONTRAT DE TRAVAIL, ORGANISATION ET EXÉCUTION DU TRAVAIL 3 B - DURÉE DU TRAVAIL ET RÉMUNÉRATIONS 10 C - SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL 11

CONTRAT OBSEQUES ET TUTELLE : UN ARRET* PRECISE LES MODALITES D APPLICATION

Décision du Défenseur des droits n MLD

AUDIENCE PUBLI~UE ORDINAIRE DU 11 DECEMBRE Madame FlAN A. ROSINE MOTCHIAN Président; Messieurs BAGROU B. Isidore" Assesseurs,

Numéro du rôle : 4767 et Arrêt n 53/2010 du 6 mai 2010 A R R E T

Tribunal de Ière Instance de Bruxelles

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, TROISIÈME CHAMBRE CIVILE, a rendu l arrêt suivant :

TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE CAEN F D

Transcription:

SOC. IK COUR DE CASSATION Audience publique du 30 septembre 2014 Rejet M. LACABARATS, président Pourvoi n o G 13-16.297 Arrêt n o FS-P+B+R R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt suivant : Statuant sur le pourvoi formé par Mme Catherine Carrel, épouse Cenet, domiciliée 41 chemin Croix Pivort, 69110 Sainte-Foy-lès-Lyon, contre l'arrêt rendu le 14 février 2013 par la cour d'appel de Lyon (chambre sociale B), dans le litige l'opposant à la société Strand Cosmetics Europe, société anonyme, dont le siège est usine de la Source, 124 route de Charpenay, 69210 Lentilly, défenderesse à la cassation ; La demanderesse invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen unique de cassation annexé au présent arrêt ; Vu la communication faite au procureur général ;

2 LA COUR, composée conformément à l'article R. 431-5 du code de l'organisation judiciaire, en l'audience publique du 8 juillet 2014, où étaient présents : M. Lacabarats, président, Mme Vallée, conseiller rapporteur, M. Bailly, conseiller doyen, MM. Chollet, Mallard, Ballouhey, Frouin, Mmes Goasguen, Guyot, Aubert-Monpeyssen, Schmeitzky-Lhuillery, conseillers, M. Alt, Mmes Mariette, Wurtz, Ducloz, M. Hénon, Mme Brinet, M. David, conseillers référendaires, M. Beau, avocat général, Mme Piquot, greffier de chambre ; Sur le rapport de Mme Vallée, conseiller, les observations de la SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Coudray, avocat de Mme Cenet, de la SCP Gatineau et Fattaccini, avocat de la société Strand Cosmetics Europe, l'avis de M. Beau, avocat général, et après en avoir délibéré conformément à la loi ; Sur le moyen unique : Attendu, selon l arrêt attaqué (Lyon, 14 février 2013), que Mme Carrel, épouse Cenet, engagée le 11 février 1983 par la société Strand Cosmetics Europe, victime d un accident du travail le 27 janvier 2009, s est trouvée en arrêt de travail jusqu au 8 février 2009 ; qu elle a repris son activité professionnelle sans avoir été convoquée à une visite de reprise par le médecin du travail ; qu une convention de rupture du contrat de travail conclue le 7 juillet 2009 a été homologuée par l inspecteur du travail le 10 août 2009 ; que la salariée a saisi la juridiction prud homale ; Attendu que la salariée fait grief à l arrêt de la débouter de ses demandes tendant à la nullité de la rupture conventionnelle de son contrat de travail et au paiement de dommages-intérêts pour licenciement nul, subsidiairement dépourvu de cause réelle et sérieuse, alors, selon le moyen, qu au cours des périodes de suspension du contrat de travail, l employeur ne peut rompre ce dernier que s il justifie soit d une faute grave de l intéressé, soit de son impossibilité de maintenir ce contrat pour un motif étranger à l accident ou à la maladie ; qu il en résulte qu au cours des périodes de suspension consécutives à un accident du travail ou une maladie professionnelle, l employeur ne peut faire signer au salarié une rupture d un commun accord du contrat de travail et qu une telle résiliation du contrat est frappée de nullité ;qu en jugeant que l article L. 1226-9 du code du travail prohibe uniquement la rupture unilatérale du contrat de travail pour dire la rupture conventionnelle exempte de nullité, la cour d appel a violé l article L. 1226-9 du code du travail ; Mais attendu que la cour d'appel a retenu à bon droit que, sauf en cas de fraude ou de vice du consentement, non invoqués en l'espèce, une rupture conventionnelle peut être valablement conclue en application de l article L. 1237-11 du code du travail au cours de la période de suspension

3 consécutive à un accident du travail ou une maladie professionnelle ; que le moyen n est pas fondé ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; Condamne Mme Cenet aux dépens ; demandes ; Vu l article 700 du code de procédure civile, rejette les Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé et signé par M. Lacabarats, conseiller le plus ancien en ayant délibéré, conformément à l article 456 du code de procédure civile, en l audience publique du trente septembre deux mille quatorze.

4 MOYEN ANNEXE au présent arrêt Moyen produit par la SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Coudray, avocat aux Conseils, pour Mme Cenet Le moyen fait grief à l arrêt attaqué d AVOIR débouté Madame Catherine CENET de ses demandes tendant à voir dire nulle la rupture conventionnelle de son contrat de travail et à voir condamner la société STRAND COSMETICS EUROPE au paiement de dommages-intérêts pour licenciement nul ou, subsidiairement, sans cause réelle et sérieuse. AUX MOTIFS QUE selon l article L.1226-9 du Code du travail au cours des périodes de suspension du contrat de travail, l employeur ne peut rompre ce dernier que s il justifie soit d une faute grave de l intéressé, soit de son impossibilité de maintenir ce contrat pour un motif étranger à l accident ou à la maladie ; que selon l article L.1226-13 du même Code la rupture du contrat de travail prononcée en méconnaissance de cette disposition est nulle ; que la rupture conventionnelle du contrat de travail instituée par la loi 2008-596 du 25 juin 2008, qui relève de la volonté des deux parties, n entre pas dans le champ d application de ces dispositions ; qu en effet le législateur n a pas expressément exclu son application dans le ; cas d une suspension prévu à l article L. 1226-9 précité, qui prohibe seulement la rupture unilatérale du contrat par l employeur ; que selon l article L. 1237-11 du code du travail l employeur et le salarié peuvent convenir en commun des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie ; que la rupture conventionnelle, exclusive du licenciement ou de la démission, ne peut être imposée par l une ou l autre des parties. ; qu elle résulte d une convention signée par les parties au contrat ; que selon l article L. 1237-13 alinéa 3 du même code chaque partie bénéficie à compter de la date de la signature de la convention d un délai de quinze jours calendaires pour exercer son droit de rétractation ; que ce droit s exerce par écrit ; que l auteur de la rétractation n est pas tenu de motiver sa décision ; que la convention est ensuite soumise à l homologation de l Inspection du Travail ; que l accord national interprofessionnel du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail a conçu la rupture conventionnelle du contrat de travail comme un dispositif destiné à minimiser les sources de contentieux ; qu il s agissait en effet de sécuriser les conditions dans lesquelles l employeur et le salarié peuvent convenir en commun des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie en inscrivant ce mode de rupture dans un cadre collectif garantissant la liberté de consentement des parties et l accès aux indemnités de rupture et aux allocations du régime d assurance chômage ; qu aux cours des travaux parlementaires ayant conduit à l adoption de la loi n o 2008-596 du 25 juin 2008, le rapporteur de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l Assemblée nationale a souligné l utilité d options négociées, non prédéterminées, permettant d échapper à l alternative entre la démission et le licenciement ; que l inscription dans la loi de la procédure prévue par

5 l accord national interprofessionnel, rapide, peu onéreuse et entourée de garanties, devait permettre au plus grand nombre de salariés de recourir à un type d accord réservé auparavant "à une minorité de cadres supérieurs acceptant de se risquer (avec le soutien d un conseil juridique) dans des procédures au cas par cas" ; qu il n a jamais été question, au cours des débats parlementaires, de subordonner la mise en oeuvre d une rupture conventionnelle à l absence de litige antérieur ou concomitant entre les parties, exigence à l évidence incompatible avec l objectif que le législateur a assigné à ce mode de rupture ; qu éviter que les différends nés de la rupture soient portés en justice, cristallisant ainsi les antagonismes, n est en effet pas la même chose que subordonner la rupture conventionnelle à l absence de différend entre employeur et salarié ; qu en insérant les dispositions relatives à la rupture conventionnelle du contrat de travail dans le chapitre VII ("Autres cas de rupture") du titre II ("Rupture du contrat de travail à durée indéterminée") du livre II du code du travail, le législateur a fait de celle-ci un mode autonome de rupture du contrat de travail, distinct de la rupture à l initiative du salarié et du licenciement, auquel il emprunte seulement la référence faite par l article L1237-13 au montant de l indemnité légale de licenciement, qui constitue le minimum de l indemnité spécifique de rupture ; que le caractère spécifique de celle-ci ressort de ce qu elle emprunte à l indemnité de licenciement l intangibilité de son minimum et à l indemnité transactionnelle la libre fixation de son montant par les parties au-delà du seuil fixé par le législateur ; qu ensuite, le juge prud homal, saisi d un litige concernant la convention ou son homologation doit seulement vérifier le libre consentement des parties et la régularité de la procédure d homologation destinée à le garantir ; que Catherine CARREL épouse CÉNET n exerçait pas son droit de rétractation avant le 23 juillet 2009 ; que l Inspection du Travail homologuait l a convention de rupture le 10 août 2009 à l effet du surlendemain ; qu elle ne constatait aucun vice la rendant irrégulière ; que Catherine CARREL épouse CENET quittait la S.A. STRAND COSMECTICS EUROPE le 30 septembre 2009, soit un mois et demi plus tard, sans émettre entre-temps ou au moment de son départ la moindre contestation ; qu elle ne subissait pas de lésion dans ses droits ; qu elle n invoque présentement dans ses conclusions ni un vice du consentement ni une irrégularité de la procédure d homologation ; que la rupture conventionnelle du contrat de travail est ainsi parfaite et exempte de nullité, ce qui rend Catherine CARREL épouse CENET mal fondée en ses demandes ; que la décision des premiers juges doit être infirmée. ALORS QU au cours des périodes de suspension du contrat de travail, l employeur ne peut rompre ce dernier que s il justifie soit d une faute grave de l intéressé, soit de son impossibilité de maintenir ce contrat pour un motif ; qu il en résulte qu au cours des périodes de suspension consécutives à un accident du travail ou une maladie professionnelle, l employeur ne peut faire signer au salarié une rupture d un commun accord du contrat de travail et qu une telle résiliation du contrat est frappée de nullité ; qu en jugeant que

6 l article L.1226-9 du Code du travail prohibe uniquement la rupture unilatérale du contrat de travail pour dire la rupture conventionnelle exempte de nullité, la Cour d appel a violé l article L.1226-9 du Code du travail.