STAGE DE PLONGEE SCIENTIFIQUE DE VILLEFRANCHE/MER (1-12 septembre 2008) EXERCICE DE CARTOGRAPHIE DES BIOCÉNOSES SOUS-MARINES Dr. Jean de Vaugelas, HDR ECOMERS
Déroulement de l exercice Le déroulement de l atelier «Cartographie de l herbier de Posidonies et des biocénoses marines» est articulé autour de 4 phases : 1) Lundi 8 septembre, soir : présentation générale des techniques de cartographie des herbiers de Posidonies et des biocénoses sous-marines ; relation coût/précision selon les méthodes ; des cartes pour quoi faire? 2) Mardi 9 sept. ap-midi : exercice pratique sur le terrain : a) Présentation de l exercice (30 mn) : buts, matériel utilisé, mise en œuvre, milieux à cartographier, b) Etablissement des couloirs et description en plongée (90 mn). 3) Mardi 9 sept., soir : debrieffing de la manip et instructions pour la mise au propre des résultats (60 mn), 4) Mercredi 10 sept. ap-midi : commentaires des résultats ; comparaison avec l image aérienne de référence ; intérêt de telles opérations de «vérité-terrain» pour la cartographie des herbiers de Posidonies (60 mn). Nota : pour optimiser le déroulement de cet atelier, il est recommandé de lire au préalable les pages suivantes, de manière à pouvoir demander des précisions dès le topo du lundi soir.
SOMMAIRE Introduction 4 Principe 4 Matériel 4 Méthode * Mise à l'eau des palanquées 7 * Pose des filins délimitant les couloirs 9 * Description des couloirs 12 * Relevés 13 * Positionnement au GPS 15 * Récupération du matériel 16 Résultats * Dépouillement des données 17 * Intégration dans une carte de référence 18 * Intégration dans un SIG 18 Conclusion 19 Remerciements 19
Introduction Parmi les opérations à mener avant toute intervention dans le domaine sous-marin, la cartographie est l'une des plus importantes. "Décrire un territoire, c'est se l'approprier" (Clausewitz). Nous allons étudier dans l'exercice suivant la façon de mener une opération de cartographie sous-marine destinée à fournir une carte très précise de petits fonds sous-marins situés dans la zone de profondeurs allant de 0 à 40 m. La cartographie en milieu sous-marin demeure un exercice difficile et délicat, coûteux en temps et en énergie. Ceci tient au fait que la télédétection aéroportée ou satellitaire est inopérante au-delà de 10 mètres de profondeur, même si les eaux sont claires. Un positionnement précis, de l'ordre du mètre, n'est possible qu'à l'aide d'un matériel sophistiqué (GPS différentiel, balises acoustiques, théodolite à laser, etc.) et une description plus ou moins automatique des fonds nécessite généralement un sonar latéral multifaisceaux dont les signaux sont traités en temps réel par un ordinateur, avec couplage GPS et bathymétrique. De telles configurations représentent un investissement trop lourd pour de petites unités de recherche. La plongée reste alors la seule alternative pour une description fine de petits territoires (quelques hectares au maximum). Lorsque des expérimentations in situ sont prévues (biologie, écologie, archéologie, etc.) il est souvent nécessaire d'établir au préalable une carte précise de la zone, ne serait-ce que pour pouvoir retrouver facilement les marques, balises, filins, etc. laissés en place, ou calculer les surfaces couvertes par les divers types de biocénoses. L'exercice de cartographie proposé a donc pour but de fournir aux stagiaires un protocole permettant d'établir de telles cartes des fonds marins. Cet exercice permet de réaliser, au cours d'une seule plongée, une carte précise (1:100 ème : 1 cm = 1 m) d'une zone d'environ 2000 m 2 à l'aide de 3 palanquées de 3 plongeurs. Cependant, avec une trentaine de plongeurs et un peu d'expérience, on peut établir jusqu'à 6 ou 7 couloirs, soit la cartographie d'une zone d'environ 4500 m2, presque un demi-hectare! Les plongeurs doivent avoir l'équivalent du Niveau 1 de plongée (confirmé) et être très à l'aise dans l'utilisation du gilet stabilisateur. Ils doivent être capables d'évoluer à ras du fond sans perturber celui-ci à grands coups de palmes, en particulier dans les zones sableuses ou vaseuses et le long des tombants. Il est recommandé, pour la partie qui se déroule dans les petits fonds, de rajouter 2 kilos au lestage habituel. Principe de l exercice Chaque palanquée doit décrire un couloir de 5 m de large sur 150 m de long environ. Trois couloirs sont établis côte à côte et perpendiculairement à la ligne de rivage, de façon à couvrir un rectangle de 15 x 150 m, soit 2250 m 2. La description consiste à noter les limites des principales biocénoses, qui sont identifiées au fur et à mesure de l'avancée de la palanquée. La qualité du travail final est proportionnelle à la cohérence des descriptions d'un couloir à l'autre. En particulier, il doit y avoir une excellente correspondance au niveau des structures qui traversent les 3 couloirs. La description part du large, de la zone la plus profonde, et progresse vers le rivage, ce qui facilite le respect des paliers de décompression. Matériel Pour mener à bien cette opération de cartographie il est nécessaire de préparer : * Quatre bobines de fil blanc ou jaune (diamètre 2 ou 2,5 mm) de 200 m de longueur chacune (Fig. 1), * Trois petits filins de 5 m équipés de mousquetons à chaque extrémité, * Douze plombs de 1 kg (zones rocheuses) ou 24 plombs de 1 kg (zones sableuses), équipés de mousquetons (anneaux en plastique),
* Quatre bouées grenades lestées à 1 kg (Fig. 2), * Trois décamètres plastifiés, * Six petites balises mobiles avec filin gradué et lestées à 1kg (Fig. 3), * Trois grandes ardoises de plongée au format 250 x 300 mm, équipées de calques polyester et munies de crayons plastifiés (Fig. 4), * Six profondimètres digitaux, que l'on s'efforcera de calibrer entre eux avant la plongée, * Un GPS «normal» pour cet exercice, mais de type «différentiel» s il s agit d une opération de cartographie réelle, * Une carte de référence la plus précise possible de la zone (1:25000 ème au minimum mais une carte cadastrale au 1: 2000 ème est recommandée), * Une photo aérienne IGN au 1:1000 ème, * Une boîte de crayons ou de feutres de couleur (prévoir une dizaine de couleurs au minimum), * Un ordinateur disposant d'un logiciel de traitement d'images (type PhotoShop ou GIMP). Fig. 1 : bobine de 200 m de fil Fig. 2 : bouée grenade («galito») Fig. 3 : balise mobile Fig. 4 : ardoise de plongée format A4
Chaque palanquée dispose du matériel suivant : * 1 bobine de fil attachée à un plomb de 1 kg (zones rocheuses) ou 3 kg (zones sableuses), * 1 petit filin de 5 m avec ses mousquetons, * 2 plombs de 1 kg équipés de mousquetons, * 1 bouée grenade, * 1 décamètre, * 2 petites balises mobiles, * 2 profondimètres digitaux, * 1 ardoise avec calque et crayon. Chaque palanquée est composée de 3 plongeurs (2 au minimum). Les plongeurs ont au départ un rôle spécifique dans la palanquée, mais rien n empêche de permuter durant la plongée, si chacun veut s essayer aux divers rôles. Chaque plongeur dispose du matériel suivant : Plongeur n 1 1 * 1 bobine de fil munie d'un plomb de 1 kg (zones rocheuses) ou 3 kg (zones sableuses), * 2 plombs de 1 kg équipés chacun d'un mousqueton et conservés dans une poche de la stab, * 1 profondimètre digital. Plongeur n 2 2 * 1 petit filin de 5 m muni de ses mousquetons, * 1 ardoise de plongée pour les relevés, Plongeur n 3 3 * 2 petites balises mobiles, * 1 bouée grenade, * 1 profondimètre digital, * 1 décamètre. 1 ) rôle assez «physique», comme de trainer un mannequin lors des exercices de sauvetage du Niveau 4. 2 ) bon dessinateur si possible! 3 ) vif et mobile si possible!
Nota : 1. la première bobine de fil (Fig. 5) est confiée à un plongeur externe (plongeur-assistant), si possible expérimenté, 2. le GPS est confié à un assistant embarqué sur l'un des bateaux qui surveillent en surface. Il sert à relever la position des bouées grenade situées à la fin de chaque transect (cf. sur le positionnement des bouéesgrenades). Méthode L'exercice sur le terrain est divisé en 4 phases : 1) mise à l'eau des palanquées, 2) établissement des couloirs, 3) description des couloirs et 4) récupération du matériel. Au retour, les relevés sont mis au propre et chaque biocénose est affectée d'une couleur caractéristique. Puis les trois relevés sont disposés côte à côte pour créer la carte de la zone décrite en plongée. Enfin, cette carte peut être recalée dans une carte de référence de manière à s'intégrer dans les documents officiels (cartes IGN ou du SHOM) ou un Système d'informations Géographiques (SIG). 1) Mise à l'eau des palanquées Le soin apporté à la mise en oeuvre initiale est déterminant pour le succès de toute l'opération. Il faut agir vite et de manière synchronisée, en particulier s'il y a un peu de courant latéral. L'expérience malheureuse de Roscoff en 98, où toutes les palanquées ont dérivé et ont emmêlé les filins dans une ligne de casier à homard, a montré qu'il est illusoire de tenter cette opération lorsqu'il y a un fort courant latéral. Mais on a bien rigolé Les palanquées sont numérotées de I à III. Elles doivent être prètes à partir l'une après l'autre à 2 mn d'intervalle maximum. Aussitôt à l'eau, les 4 plongeurs qui ont les bobines (i. e. le plongeur assistant et les 3 plongeurs n 1) et les plongeurs n 2 se dirigent vers le rivage où des petites balises flottantes (préalablement installées) indiquent les endroits d'où doivent partir les filins délimitant les couloirs à cartographier. Ils fixent le début du filin en se servant du plomb de 1 kg comme ancre coincée dans les rochers. Si le fond est sableux (plage), prévoir 3 kgs en début de ligne (Fig. 5). Nota : chaque début de filin peut être muni d'une bobine vide qui sert à la fin de l'exercice pour rembobiner et récupérer le filin.
Fig. 5 : phase I de l exercice : attacher les 4 lignes au rivage, espacées de 5 m les unes des autres.
2) Pose des filins délimitant les couloirs Dès que les 4 filins sont fixés au rivage à une distance approximative de 5 m les uns des autres, les 3 plongeurs n 1 et le plongeur-assistant déroulent les bobines sur une vingtaine de mètres puis les bobines sont reliées entre elles par les plongeurs n 2 qui ont les petits filins de 5 m munis de mousquetons. Cette étape doit aller assez vite et les plongeurs n 2 doivent veiller à ne pas emmêler les filins de 5 m avec ceux des bobines. Les plongeurs n 1, reliés entre eux par les petits filins de 5 m, peuvent alors continuer à dérouler les bobines en se calant sur le plongeur-assistant qui donne la direction générale. Le plongeur-assistant se dirige vers une balise située au large, à 150 m du rivage (balise préalablement installée)(fig. 5). Comme les plongeurs qui tiennent les bobines doivent nager sur le dos pendant cette phase de la manip, il est utile qu'une personne située dans le bateau d assistance aide le plongeur-assistant à coordonner l'avancée des plongeurs n 1 qui déroulent les filins. Les 3 autres plongeurs (plongeurs n 2) s'efforcent de ne pas gêner ceux qui déroulent les bobines en se maintenant toujours plus au large et à gauche des plongeurs n 1 (Fig. 6).
Fig. 6 : début du déroulement des bobines, chacune étant séparée de 5 m de ses voisines. Le plongeur-assistant donne la direction générale. Les plongeurs n 1 s efforcent de rester bien alignés entre eux (ni trop lent ni trop rapide), de manière à ce que les couloirs soient toujours larges de 5 m.
Lorsque le plongeur-assistant est parvenu à la balise située au large, il attend 1 ou 2 minutes pour que : * les 3 autres plongeurs n 1 soient bien positionnés et que chacun ait pris soin de retendre son filin de manière à ce qu'il soit le plus rectiligne possible, * les autres plongeurs (plongeurs n 2 et 3) se regroupent bien par palanquée, à gauche et en arrière du plongeur n 1. Ensuite, au signal du plongeur-assistant, tous les plongeurs s'immergent simultanément et descendent jusqu'au fond. La synchronisation est capitale durant cette phase! Il ne faut donc pas de plongeurs ayant des difficultés à compenser les oreilles parmi les plongeurs n 1! Arrivés sur le fond, les plongeurs réalisent les opérations suivantes pour terminer la pose des couloirs (Fig. 7) : * Plongeur n 1 : tendre le fil puis le bloquer sur la poignée de la bobine par une double clé (noeud de cabestan). Fixer le filin au fond grâce aux 2 plombs de 1 kg munis de mousquetons, * Plongeur n 2 : détacher les filins de 5 m et les récupérer dans une poche de la stab. Chaque ligne est alors indépendante des autres, * Plongeur n 3 : installer les bouées grenades à proximité des bobines et les libérer en s'assurant qu'elles se déroulent librement jusqu'à la surface. Fig. 7 : chaque ligne est indépendante des autres et terminée par une bouée grenade qui permettra de relever sa position au GPS.
Pour terminer l installation des couloirs il ne reste plus qu à : * Sortir l'ardoise (plongeur n 2), le décamètre (plongeur n 3), les profondimètres (plongeurs n 1 et 3) et les petites balises mobiles (plongeur n 3), * Se regrouper au début de chaque couloir pour commencer la description. 3) Description des couloirs Chaque couloir est large de 5 m et long de 150 m. Les filins ne sont pas gradués 4 et servent seulement à guider la palanquée latéralement. Pour décrire le couloir du large vers le rivage, les 3 plongeurs procèdent ainsi (Fig. 8) : Nota * Les plongeurs 1 et 3 déroulent le décamètre et placent une petite balise mobile à 0 m et +5 m, sur l'axe médian du couloir. Ceci permet au plongeur n 2, chargé du relevé, de se situer dans un "carré" de 5 x 5 m délimité latéralement par les filins blancs et devant et derrière par les balises mobiles, * Le plongeur n 2 muni de l ardoise se met à 1 ou 2 mètres au-dessus du fond pour bien voir la zone à la verticale et dessiner les limites des principales biocénoses (objets métriques ou décamétriques seulement), * Le plongeur n 2 indique aux plongeurs 1 et 3 les endroits pour lesquels il souhaite avoir une mesure de profondeur. Ceux-ci utilisent alors leurs profondimètres et transmettent par signes la valeur mesurée, * Lorsqu'une zone de 5 x 5 m a été décrite, les plongeurs 1 et 3 se déplacent de 5 m en repositionnant les balises mobiles et ainsi de suite jusqu'au rivage. Il est conseillé pour les deux étapes précédentes (pose des filins et description des couloirs) d'organiser une répétition générale à terre. Cette répétition permet aux stagiaires de se familiariser avec le matériel et de tester leur coordination. Le mieux est de s'installer sur une aire dégagée (un parking par exemple) pour pouvoir dérouler les filins sur une cinquantaine de mètres, poser les bouées-balises, utiliser le décamètre et les balises mobiles, etc. 4 ) Les filins gradués peuvent être utiles si les fonds sont plats ou en pente très douce. Ils sont inopérants lorsque le relief est accentué (tombants, failles, chaos de gros blocs, etc.) car il faudrait alors s'assurer, tout en les déroulant de manière rectiligne, qu'ils épousent toutes les aspérités du relief
Fig. 8 : les plongeurs progressent de 5 m en 5 m en délimitant des carrés avec les filins (latéralement) et les balises mobiles (longitudinalement). Relevés sur le terrain Le plongeur 2, chargé des relevés et du dessin sur l'ardoise, doit être très à l'aise d'un point de vue stabilisation et être capable de réaliser rapidement des croquis réalistes et précis. Il vaut mieux pour ce poste prendre un plongeur qui est un peu doué pour le dessin. La grille imprimée sur le calque polyester fixé à l'ardoise de plongée est quadrillée de manière à ce que chaque secteur de 5 x 5 m sur le terrain soit représenté par un carré de 5 x 5 cm sur le calque. L'échelle est donc de 1 : 100 ème (1 cm papier = 100 cm terrain). La graduation latérale est marquée de 5 en 5 m, de 0 (départ) à 150 m (arrivée).
Le relevé consiste à délimiter et identifier les principaux objets ou structures dans chaque carré de 5 x 5 m vu à la verticale : * Les limites de biocénoses (vase = V ; sable fin = SF ; graviers = G ; herbiers de Posidonia oceanica = HP ; prairies de Caulerpes = CAU ; etc.). Selon la zone à cartographier, il est utile d'informer les plongeurs sur les biocénoses qu'ils vont rencontrer et de normaliser d'une palanquée à l'autre la façon de coder ces biocénoses. Les limites les plus intéressantes à repérer et dessiner sont celles qui sont à cheval sur plusieurs couloirs, donc en gros perpendiculaires à l'axe des couloirs, * Les limites des gros blocs rocheux (de dimensions métriques ou décamétriques). Il n'est pas nécessaire de dessiner tous les petits blocs de quelques décimètres de diamètre. Si ces petits blocs sont nombreux, on définit globalement une biocénose de "blocs décimétriques". Les gros blocs rocheux doivent être positionnés avec précision, en particulier s'ils sont à cheval sur deux couloirs. Par ailleurs, il est important de noter un maximum de profondeurs, en particulier à la base et au sommet des gros blocs et dans les reliefs situés à cheval sur 2 couloirs. Cela permet, lors du dépouillement des résultats, de caler les couloirs l'un par rapport à l'autre, en repérant les structures qui sont à cheval sur plusieurs couloirs. Pendant que les 3 palanquées s'occupent de décrire les fonds, le plongeur-assistant remonte sur le zodiac et, à l'aide du GPS, il relève la position des bouées-grenades qui matérialisent la fin de chaque filin. Remarques sur le positionnement au GPS La position des bouées de début et de fin de transect est mesurée à l'aide d'un GPS. Actuellement, depuis que la précision du signal a été améliorée par l'armée américaine (i. e. "moins dégradée" qu'avant), un GPS simple donne une position assez fiable à 5 m près (au lieu de 30 à 100 m il y a quelques années).
Pour l'exercice de cartographie cette précision n'est théoriquement pas suffisante car la distance entre chaque transect est de... 5 m! En pratique on s'en contentera car on ne retiendra que les positions des extrémités du premier et du dernier transect, qui seront distantes de plusieurs dizaines de mètres l'une de l'autre si on pose 6 ou 7 couloirs. Pour une plus grande précision avec un GPS simple il suffirait de rester plus longtemps sur le même point de manière à créer un "nuage de points" dont le centroïde serait la position, précise à ± 1 m. Si une précision "décimétrique", voire "centimétrique", est requise, il faut travailler en mode différentiel, avec un deuxième GPS positionné sur un point dont les coordonnées géographiques sont connues avec précision. Ce GPS "fixe" envoie alors par ondes radio des "corrections" vers le GPS "mobile", corrections qui permettent alors d'atteindre une grande précision de positionnnement. 4) Récupération du matériel Lorsque les 3 palanquées ont terminé leur description elles sont à proximité du rivage. Les décamètres et les bouées-balises sont soigneusement ramassés, ainsi que les ardoises avec les relevés. L'un des plongeurs va alors détacher le filin à terre et commence à rembobiner le filin sur la bobine vide qui est fixée à l'extrémité du filin. Ce plongeur peut confier son bloc à ses collègues de palanquée qui le ramèneront, de manière à être plus à l'aise pour re-parcourir les 150 m. En restant en surface pour éviter tout problème de plongées successives, il rembobine le filin en se dirigeant vers l'extrémité au large. Pendant ce temps, au large, le plongeur-assistant détache et récupère les plombs qui ont servi à fixer les lignes au fond. Cela facilite le travail du plongeur chargé de récupérer le filin depuis la surface. De même, le plongeur-assistant récupère les bouées-grenades avec l'aide du conducteur du zodiac. Les 3 plongeurs qui se sont chargés de rembobiner les filins rentrent à la base avec le zodiac et le plongeurassistant. Les autres rentrent avec le bateau principal.
1) Dépouillement des données Au retour de la plongée, il faut immédiatement : Résultats * Mettre au propre les relevés originaux, en particulier re-écrire les légendes griffonées à la hâte sous l'eau, * Normaliser la présentation (mêmes symboles et couleurs pour les différentes biocénoses) des résultats de manière à pouvoir comparer les 3 couloirs décrits, * Découper la feuille du relevé de manière à mettre bout-à-bout les sections décrites et reconstituer ainsi une bande continue présentant la totalité du couloir décrit, * Poser bord à bord les bandes pour reconstituer l'ensemble de la zone décrite. A ce stade du traitement des résultats, on peut déjà apprécier la qualité du travail réalisé par les trois palanquées. En particulier, la continuité, d'un couloir à l'autre, des structures situées perpendiculairement à l'axe des filins est un bon indice de la qualité des relevés. Cependant, il arrive que l'une des palanquées ait "oublié" un
secteur de 5 x 5 m ou compté 2 fois le même secteur! Il se produit alors, pour une même structure, un décalage d'un couloir à l'autre. Le traitement des relevés consiste donc à rechercher ces éventuels décalages et à re-caler les couloirs entre eux. La notation précise des profondeurs lors de la description est très utile à ce stade de l'analyse, pour la recherche des incohérences. Une fois que les couloirs ont été correctement recalés et qu'il n'y a plus d'incohérences, on colle bord à bord les bandes. Ensuite le meilleur dessinateur du groupe s'attache à reprendre les contours des biocénoses et à améliorer la présentation de l'ensemble pour que le document puisse être intégré dans une carte de référence. 2) Intégration dans une carte de référence Pour la suite des opérations il est nécessaire de travailler avec un ordinateur équipé d'un véritable logiciel de cartographie. Un logiciel de dessin n'est pas suffisant car il ne possède pas certaines fonctions de déformation dont nous avons besoin pour intégrer la carte de terrain (sans projection) dans une carte de référence (qui relève d'un système de projection : projections cylindriques, projections coniques, etc.). Dans le cadre de cet exercice, la carte des biocénoses réalisée par les stagiaires sera positionnée sur une photo aérienne géoréférencée. Il sera alors possible de comparer les biocénoses «réelles» (celles de la carte des stagiaires) aux biocénoses «potentielles» de la photo aérienne de manière à simuler une opération de «vérité-terrain». Et c est alors seulement que l on pourra analyser - et évaluer - la qualité du travail réalisé par les stagiaires 3) Intégration dans un Système d'informations Géographiques (SIG) Un Système d'informations Géographiques (SIG) consiste à faire interagir une carte numérique et une base de données. Chaque objet (point, ligne, surface) de la carte possède une fiche dans une base de données, contenant tous les attributs descriptifs que l'on souhaite associer à l'objet. Par exemple, pour une surface d'herbier de Posidonies, la fiche signalétique précisera le nombre de feuilles par m 2, l'état physiologique, les espèces associées, etc. Pour une zone portuaire, on pourra fournir toutes sortes d'informations qualitatives et quantitatives sur les constructions, leur usage, etc. Il est intéressant d'intégrer une carte numérique dans un SIG car cela permet de "poser des questions " complexes à l'ensemble : * Requêtes "spatiales", que l'on pose à la carte : quels sont tous les objets qui sont dans tel périmètre? A quelle distance est tel objet de tel autre? Quels sont les voisins de cet objet? Quelles sont les coordonnées géographiques de cet objet? Une fois les objets identifiés on peut extraire leurs fiches de la base de données, pour des comparaisons, des statistiques, etc. * Requêtes "attributaires", que l'on pose à la base de données : quels sont les parcelles de Posidonies qui ont une densité de faisceaux comprise entre 30 et 45 par m2 ET qui contiennent telle ou telle espèce OU telle autre et situées à moins de tant de mètres d un trajet d une future canalisation, etc. Les requêtes dans la base de données font donc appel à des opérateurs booléens : et, ou, > à, < à, à l'exclusion de, etc. Dès que la requête a été traitée et qu'un certain nombre de fiches ont été sorties de la base, on peut visualiser sur la carte la position des objets identifiés. On voit donc que la combinaison "carte <-> base de données" permet de mener un certain nombre d'analyses sur un territoire. Les SIG sont largement utilisés dans de nombreux secteurs de l'économie (transports, vente par correspondance, implantation de sites industriels, etc.), de l'administration (police, armée, pompiers, etc.), de la recherche (environnement, aménagement, géographie, etc.), des gestionnaires de réseaux (EDF-GDF, Lyonnaise
des Eaux, etc.) et des gestionnaires de villes (cadastre électronique, banque de données urbaines, SDAU, POS, etc.). En fait partout où des données peuvent être associées à un point géo-référencé. Conclusion L'exercice de cartographie sous-marine présenté ici a pour but de tester la capacité des plongeurs à agir de manière synchronisée sur un territoire dont on désire connaître les caractéristiques essentielles : topographie et limites des principales biocénoses. Il peut être utilisé comme base pour réaliser la cartographie fine d'un site, en associant des scientifiques et des plongeurs amateurs. En effet, si les plongeurs amateurs sont bien encadrés, ils peuvent être d'une grande efficacité pour aider les scientifiques à établir les filins et même, pour les plus motivés, à participer aux opérations de description. Un tel chantier de cartographie s'apparente alors à un chantier d'archéologie sousmarine où des plongeurs bénévoles viennent assister les archéologues. Dans le cas d'une application de cet exercice à une véritable opération de cartographie, il est recommandé de prendre son temps et, en particulier de s'assurer que les filins pourront rester en place pendant toute la durée des opérations de description, qui peuvent parfois durer plusieurs jours. Il faut alors, tous les 50 mètres par exemple, fixer chaque filin au fond avec des plombs, pour éviter qu'ils soient déplacés par des courants latéraux. De plus, il faut surveiller la zone de manière à ce qu'aucun engin de pêche ou une ancre ne viennent s'accrocher dans les filins. Cette technique de cartographie convient pour des territoires relativement restreints, d'une surface maximale de quelques hectares. S'il faut cartographier des zones s'étendant sur des dizaines d'hectares, alors des moyens "lourds" sont nécessaires : sonars multifaisceaux, balises acoustiques, télédétection, etc. Remerciements Cet exercice a été mis au point par Jean de Vaugelas, Directeur de l association AquaScience, à l'occasion de la description de sentiers marins. Si vous utilisez tout ou partie de cet exercice, merci de signaler son origine de la manière suivante :...d'après le protocole mis au point par J. de Vaugelas (vaugelas@unice.fr) pour AquaScience (http://www.aquascienceunsa.org). Toute remarque constructive visant à améliorer cet exercice est la bienvenue.