«NATURE» «CULTURE» i LA NATURE

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Sección Bilingüe Isabel Blasco «NATURE» «CULTURE» i En principe on fait référence aux deux éléments fondamentaux pour comprendre le comportement humain. L'être humain est une synthèse de Nature : vient du latin nasci (naître). Rousseau en donne la définition suivante : «état dans lequel naissent. les hommes». Culture : tout ce qui est acquis, transmis par la société à laquelle nous appartenons. La culture supposse la transmission d'information sociale aux membres d'un certain groupe au moyen de processus d'apprentissage. (multiples sociétés => diversité des cultures). Existe-t-il une nature humaine universelle? Quelque chose qui se retrouve de manière permanente et qui caractériserait l'espèce humaine? Nature et culture posent ainsi le problème de l'inné et de l'acquis. LA NATURE D abord, une aclaration terminologique : Dans l'utilisation du terme «Nature» on peut déceler différentes significations : 1. La nature comprise comme l'ensemble de tous les êtres de l'univers. Dans ce sens, on parle aujourd'hui de dégradation de la nature et du besoin de la protéger de certains abus de l'activité de l'être humain. 2. La nature peut aussi être comprise comme essence ou manière d être permanente et constante des choses. Parler de la nature humaine impliquerait donc parler des traits qui la caractérisent comme telle et qui permettent son activité propre et différenciée, de caractéristiques spécifiquement humaines, comme la bipédie, la libération des mains, etc 3. La nature comme ce qui est contraire à artificiel et conventionnel. Naturel est tout cela qui apparaît dans le monde sans intervention humaine; ce que l'homme n'a pas fait et la société n'a pas établi. 4. La nature comprise comme ce qui répond à ce qui est habituel et normal. On dit ainsi qu'il est naturel que les parents prennent soin de leurs enfants. "Il ne paraît pas que nous nous référions à la même chose quand nous disons que la gravitation est une loi de la nature découverte par Newton, qu il est naturel que les mères prennent soin de leurs enfants, que la nature est très belle, que naturellement celui qui est attaqué réagit contre son agresseur, que les êtres humains nous sommes égaux par nature et que le plus naturel est de descendre par l'escalier ou dans l ascenseur plutôt que de sauter depuis un sixième étage." Fernando SAVATER: Penser sa vie. Activité Commentez les différentes utilisations qu'on donne aux mots nature et naturel et cherchez d'autres exemples pour chacune des différentes acceptions de ce mot. LA NATURE fait donc référence à ce avec ce que l on naît ; dans d'autres termes, ce qui est biologiquement déterminé. Dire que l'être humain possède une nature serait se référer donc à son information génétique, à ce qui le caractérise dans son origine. Ce qui est naturel est commun à toute l espèce humaine. LA QUESTION DE LA NATURE HUMAINE Que serait un homme, si on le privait de sa relation à une culture? Il suffit pour cela d examiner ce que devient un être humain qui a été coupé de toute société et laissé à lui-même dans la nature.

Telle est la problématique de l enfant sauvage. Aussi avons-nous tendance à penser que le sauvage, ce serait à peu de chose près un homme actuel mis dans la Nature. Le cinéma nous a souvent présenté une image du sauvage vivant seul dans la jungle, comme le Tarzan d Hollywood : un héros bien rasé, maquillé avec de la gomina dans les cheveux, parlant un bel anglais et connaissant déjà les bonnes manières! Cette représentation du sauvage ne correspond à rien de réel, elle relève du mythe. Nous vivons en Occident avec le mythe de l'homme naturel, mythe qui exprime toute notre nostalgie d'une vie au milieu de la Nature. Les enfants que l on a pu découvrir seuls dans la nature étaient assez peu humains par leur comportement. Victor de l Aveyron par exemple, a été trouvé à l âge de 6 ans par des chasseurs près d un village. Il avait vécu comme un jeune animal dans les bois. Sa gorge n émettait qu un cri rauque, il cherchait constamment à fuir, il était indifférent aux mauvaises odeurs, à l hygiène en général, il ne reconnaissait même pas son image dans un miroir. Il faisait le tour du miroir pour savoir qui était caché derrière. C'était une sorte de petit animal farouche. En bref, il ne semblait manifester aucune des caractéristiques «humaines» : le langage articulé, la sociabilité, la connaissance réflexive de soi, jusqu'à la station debout. Était-ce normal.? L étude des enfants sauvages paraît démontrer qu il n y a pas vraiment de nature humaine qui soit proprement innée, les éléments de la nature humaine étant plutôt acquis en société. Si Victor est privé de la sociabilité, du langage, de la connaissance réflexive de soi, ce n est pas parce qu il est idiot, mais parce qu il ne les a pas appris, n ayant pas été mis ne contact avec ses semblables dans une société. La preuve fut donnée par les progrès que pu accomplir l enfant avec des soins attentifs. Victor pu apprendre à parler, à lire et même à écrire quelques mots. Il ne devint pourtant jamais complètement adapté. Il semble qu il y ait des éléments de l éducation qui doivent être acquis très tôt et qu il est difficile d apprendre plus tard. Si les caractéristiques de l humain étaient innées comme les instincts sont innés chez l animal, l enfant sauvage les aurait possédées. Qu il puisse apprendre dans une relation sociale les éléments de l humanité nous oblige à reconnaître qu en fait, on ne naît pas vraiment homme, on le devient. L enfant sauvage était un animal pas tellement plus doué que les autres. Il ne pouvait devenir un homme qu au sein d une société humaine. L homme privé de tout environnement social n est pas un homme «dans l état de nature», c est un animal. On peut affirmer, donc, que tandis que dans d'autres animaux la nature paraît dire presque tout, l'animal humain ne s explique pas simplement par la nature ; il est en outre, et surtout, un être culturel. L éducation n est pas un luxe pour l homme, c est une nécéssité. "Il n'y a pas une humanité naturelle dans un sens strict, c'est-à-dire, il n'y a pas une société sans arme, sans feu, sans aliments préparés et artificiels, sans toits et sans formes de coopération élaborées. La culture est donc la seconde nature: ceci veut dire que c est la nature humaine élaborée par l homme même et la seule dans laquelle il peut vivre." Arnold GEHLEN : L'homme.

LA CULTURE Le mot «culture» s entend en deux sens très différents : Niveaux et éléments de la réalité culturelle Les anthropologues distinguent généralement entre 1) Au singulier, la culture, c est l éducation que reçoit un être humain qui va faire de lui un homme de savoir, un homme civilisé par l assimilation d une richesse de culture physique, intellectuelle, esthétique. 2) Culture se prend aussi au pluriel, au sens d un milieu dans lequel un être humain est élevé, milieu qui varie d une région à l autre du monde. La culture, c est l ensemble des productions signifiantes d une société humaine organisée, ce qui implique le langage, les mœurs, les traditions, la politesse, la manière de vivre et de se comporter, telle qu elle existe dans une société donnée. (Taylor) Nous vivons dans notre culture, nous y sommes habitués, comme le poisson dans l'eau et il nous paraît de ce fait tout à fait normal qu'elle soit naturelle. Cette définition sert à détecter quelques caractéristiques propres de toute notion de culture: complexe, apprise, sociale, symbolique et historique. Une culture consiste dans les manières socialement acquises de penser, sentir et agir des membres d'une société concrète. Marvin HARRIS: Anthropologie générale De manière générale trois caractéristiques fondamentales apparaissent toujours: caractère complexe, caractère acquis et caractère social. Ainsi, on pourrait dire que la culture consiste, par conséquent, en des contenus de connaissance, des règles de conduite et des instruments qui sont socialement appris et sont transmis, surtout au moyen du langage. culture matérielle (constituée par des objets, des produits, des matériels et des techniques) etc culture immatérielle (constituée par des systèmes symboliques, des valeurs, des idées, des croyances, des institutions, des traditions et des sciences). Cette division se correspond avec ce que Bronislaw Malinowski appelle des "éléments instrumentaux et idéologiques" de la culture. Les premiers, de caractère principalement physique ; les deuxièmes, de caractère préférentiellement immatériel. En tout cas, il paraît inadéquat d'établir des lignes de division entre les deux classes, parce qu elles sont toujours généralement et d'une certaine manière en rapport entre elles. Si on établit la relation intime entre culture et société et si, en outre, on accepte que les trois sous-systèmes fondamentaux qui définissent la structure sociale sont l aspect économique, le politique et l idéologique, il paraît alors logique d'indiquer ces mêmes niveaux dans toute culture : a) Niveau techno-économique (ressources et biens matériels). b) Niveau socio-politique (normes, lois et institutions). c) Niveau axio-idéologique (valeurs et idées).

On peut donc, en généralisant ce genre de considérations faire un partage net, en s appuyant sur la dualité entre nature et culture qui donne ceci : nature culture ce qui est inné ce qui est acquis le corps l esprit pouvoirs du corps tels que ceux que permettent les mains humaines le langage, la politesse, les mœurs, les traditions, les coutumes, les règles sociales etc. besoins fondamentaux : désirs à caractère sociaux : faim, soif, sommeil, sexualité ambition, reconnaissance, pouvoir etc. ce qui est lié à l évolution ce qui est lié à un héritage culturel biologique Interaction de l'inné et de l'acquis : Deux positions extremes : DETERMINISME ÉDUCATIONNEL : Si l'homme en naissant est comme une «cire vierge», tout vient de la culture qui informe et imprime cette cire vierge. Les différences entre les hommes sont dues uniquement au milieu dans lequel chacun baigne. Tout est acquis. DÉTERMINISME GÉNÉTIQUE : En revanche, si tout est déjà inscrit dans les gènes, les différences sont innées (nées avec l'individu), inhérentes à l'être. Il faut les accepter comme telles - (le nazisme a justifié de cette façon le culte aryen de «l'übermensch»). Ce qui semble le plus probable, c est une position médiane : «le programme génétique met en place ce qu on pourrait appeler des structures d accueil qui permettent l apprentisage: l homme, contrairement à l animal, n est pas programmé pour agir, il est plutôt programmé pour apprendre. L animal, dès la naissance possède tout un bagage d instincts qui commandent ses actes : fuir devant un bruit, chercher la nourriture etc. L homme lui dispose de moins de ressources instinctuelles, mais il a un immense avantage, il peut apprendre toujours plus, il peut apprendre sans limite. Et tout ce qu il apprend le forme et le fait devenir ce qu il est. L enfant n est pas à la naissance une sorte de bande magnétique vide sur laquelle il suffirait d enregistrer un conditionnement. Il porte en lui une configuration individuelle, à la fois psychique et biologique. L expérience qu il acquiert vient se conjuguer avec son passé et former sa culture. «Ce qui paraît le plus vraisemblable c'est que, pour toute une série d'aptitudes mentales, le programme génétique met en place ce qu'on pourrait appeler des structures d'accueil qui permettent à l'enfant de réagir à son milieu, de repérer des régularités, de les mémoriser, puis de combiner les éléments en assemblages nouveaux.» (F. Jacob, Sexualité et diversité humaine). B. Diversité des cultures et humanité Nous n avons pris conscience de cette diversité culturelle que très récemment dans l Histoire. C est la leçon que délivre l ethnologie contemporaine, notamment l anthropologie structurale développée par Claude Levi-Strauss. Il nous est d abord assez instinctif de penser que ce qui est normal pour nous doit aussi l être pour tout être humain. Nous croyons que nos normes culturelles valent universellement. Nous pensons que ce qui est normal selon nous doit aussi être naturel. Par ethnocentrisme on entend cette manie qui consiste à ne juger une autre culture que par référence à la sienne, sous la forme de projection de jugements de valeur. L ethnocentrisme est le pendant, au niveau de la conscience collective de ce qu est l égoïsme au niveau de la conscience individuelle.

Prenons quelques exemples. Pour un occidental, manger avec des fourchettes fait partie des habitudes culturelles. Mettre les doigts directement dans la nourriture lui procure une répulsion. «C est dégoûtant, ce n est pas propre, on ne devrait pas faire cela»... sous-entendu : «ce sont des manières qui ne sont pas civilisées». Ce n est pas dans nos habitudes culturelles et comme nous n avons de référence d ordinaire qu à travers nos habitudes nous sommes choqués par des mœurs, des manières de vivre etc. qui son trop éloignées des nôtres. Un indien répondrait aussitôt : «utiliser une fourchette, c est grossier et artificiel, c est ce priver du sens du toucher dans l acte de se nourrir. Il est tout à fait normal et sain de toucher la nourriture avec les doigts, c est ce que nous faisons en Inde et nous trouvons votre manière à vous de manger assez primitive. Notre art de vivre est plus civilisé, mais non pas selon votre interprétation hygiéniste de la manière de se nourrir». Il y a une leçon à tirer de cette relativité. Dans le monde cosmopolite dans lequel nous vivons, nous avons à apprendre la tolérance à l égard des autres cultures, nous avons à apprendre à relativiser nos jugements et nos barrières culturelles. Il nous faut apprendre à accepter la diversité de l homme. La position adoptée par Levi- Strauss est celle du relativisme culturel: aucune culture ne peut se dire supérieure à une autre. Il n y a pas de hiérarchie à opérer entre les cultures. C est comme dans un bouquet de fleurs, chaque fleur rehausse la beauté de l ensemble, beauté qui est faite de diversité. De même, la diversité des visages de l homme est un fait et en tant que fait, elle doit être acceptée. L être humain est un être de culture pour plusieurs raisons fondamentales : Parce que privé de toute relation avec ses semblables, il ne pourrait pas développer en lui l élément humain. On apprend à devenir homme, on ne naît pas homme. L homme est un être de culture parce que, de fait, il est formé par un environnement culturel, par une culture qui lui donne les premières normes de ses jugements. Or les modèles de l humains sont multiples autant que relatifs. Chaque culture propose un modèle de l homme. L homme est un être de culture au sens où il s épanouit en tant qu homme dans une société politique qu il a construit et qui lui donne les droits auquel il prétend et qui fait de lui un citoyen. Si le passage de la nature à la culture veut dire apparition de règles sociale, cela veut dire qu au fond l homme n est devenu humain que lorsqu il est entré en société. C est aussi dire que nous sommes sortis de la nature pour constituer la société civile qui est la nôtre. L entrée dans la culture coïncide avec l entrée dans la société. L homme est un être de culture enfin, au sens où il peut accéder à un étage plus élevé de lui-même à travers le raffinement de son éducation. L accomplissement de l humanité se fait à travers son éducation. Une véritable Culture n inculque pas une forme arbitraire et étrangère. Si le mot culture, pris en ce sens, ne se ramène pas à son interprétation ethnologique, c est qu il doit avoir un sens universel de la Culture. L éducation, c est ce qui vient former la culture, les humanités disait-on autrefois,. La tâche de la Culture est de se montrer capable de former un citoyen du monde. Mais attention, nous n avons pas encore tenté de cerner l essence de l homme. En disant qu il est un être de culture, nous n avons pas répondu complètement à la question: qu est-ce que l homme? Ce que nous avons montré, c est en quel sens il fallait prendre les mots «homme naturel», «homme primitif», ou «sauvage» et nous avons vu le lien nécessaire entre humanité et éducation. i Adapté de Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan. http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/nature2.htm