Eboulement rocheux sur la commune de la Roche Noire (63) - Examen du 25 mai 2005 Rapport final BRGM/RP-53980-FR juin 2005
Eboulement rocheux sur la commune de la Roche Noire (63) - Examen du 25 mai 2005 Rapport final BRGM/RP-53980-FR juin 2005 Étude réalisée dans le cadre des opérations de Service public du BRGM 2005 05PIRA04 J.-L. Nedellec Avec la collaboration de M. Lombard, C. Monoy Vérificateur : Nom : C. Mathon Date : 20/07/2005 Signature : Approbateur : Nom : P. Rocher Date : 20/07/2005 Signature : I Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2000.
Mots clés : falaise, éboulement, la Roche-Noire, Puy-de-Dôme En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : J.-L. Nedellec avec la collaboration de M. Lombard, C. Monoy (2005) Eboulement rocheux sur la commune de la Roche-Noire (63) - Examen du 25 mai 2005 - Rapport final. BRGM/RP-53980-FR, 19 p., 5 ill.. BRGM, 2005, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l autorisation expresse du BRGM.
Synthèse Dans le cadre de ses missions de Service public d appui aux administrations, et suite à une demande de la Mairie de La Roche Noire, la Préfecture du Puy-de-Dôme a confié au BRGM une mission d expertise concernant un éboulement rocheux survenu dans cette commune. La visite du site a été réalisé le 25 mai 2005 en présence de M. Testard (Maire), de plusieurs adjoints et de la gendarmerie. L éboulement s est produit le 22 mai 2005. L essentiel des éléments éboulés se sont arrêtés dans la zone boisée large d une vingtaine de mètre, hormis un bloc qui a légèrement endommagé la maison de M. Gourcy. Ce secteur avait fait l objet de précédents désordres qui avait conduit, en 2002, le LRPC de Clermont-Ferrand à établir un rapport indiquant les mesures à prendre pour la mise en sécurité de la falaise. Les risques résiduels, liés à la présence de blocs instables et d une importante fracturation, sont forts. Il convient donc : - immédiatement, d interdire tout accès à une bande de terrain de 10 mètres en pied de falaise et tout déboisement derrière les habitations, de ne pas autoriser l usage des pièces le long des pignons côté falaise. - à court terme, de confectionner un matelas amortisseur en pied de paroi, de purger ou stabiliser le bloc pluri-métrique le plus au Sud ; - à moyen terme, de procéder à des inspections régulières et de réaliser les travaux préconisés par le LRPC de Clermont-Ferrand. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -3 -
Sommaire 1. Introduction...7 2. Contexte...9 3. Examen de la paroi... 14 3.1. GÉNÉRALITÉS :... 14 3.2. ZONES PARTICULIÈRES :... 17 3.3. FACTEURS DÉCLENCHEURS :... 17 4. Diagnostic en terme de risques... 19 4.1. A COURT TERME (UNE DES PROCHAINES FORTES INTEMPÉRIES) :... 19 4.2. A MOYEN TERME (À ÉCHÉANCE DE QUELQUES ANNÉES) :... 19 5. Recommandations...21 5.1. IMMÉDIATEMENT :... 21 5.2. A COURT TERME ( LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE) :... 21 5.3. A MOYEN TERME (DE PRÉFÉRENCE AVANT LES PREMIÈRES PLUIES DE L AUTOMNE) :... 21 BRGM/RP-53980-FR Rapport final -5 -
Liste des illustrations Illustration 1 - Bloc ayant atteint la maison de M. Gourcy... 10 Illustration 2 - Bloc en équilibre précaire derrière les habitations.... 11 Illustration 3 - Blocs instables... 13 Illustration 4 - Localisation de l éboulement sur le fond cadastral à 1/1000... 14 Illustration 5 - Zone sous-cavée et fracturation importante... 17 BRGM/RP-53980-FR Rapport final -6-
1. Introduction A la demande de la Préfecture du Puy-de-Dôme et dans le cadre de sa mission d appui aux administrations, le BRGM est intervenu sur la commune de La Roche Noire afin de fournir un avis géologique sur l éboulement rocheux survenu le 22 mai 2005. L avis du BRGM est fondé sur une visite du site effectuée le 25 mai 2005 en présence de M. Marc Testard (Maire de La Roche Noire) assisté par plusieurs adjoints et deux officiers de gendarmerie, ainsi que M. Lombard et C. Monoy (stagiaires BRGM) et Jean-Louis Nedellec (ingénieur géotechnicien expert en risques mouvements de terrains). Afin d établir un rapport des plus complet, il a été nécessaire d exploiter les éléments suivants : - témoignages de riverains recueillis lors de la visite - rapport du LRPC de Clermont-Ferrand n 63.02.15613 du 03/09/2002 Commune de La Roche Noire - Etude diagnostic de stabilité de la falaise au droit du bourg ; - courrier du LRPC de Clermont-Ferrand n JR/CM/63.02. 15613 du 17/09/2002. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -7 -
2. Contexte La zone examinée concerne les parcelles n 195 à 111 du plan cadastral. Elle est constituée d une paroi rocheuse basaltique d une trentaine de mètres de hauteur dont le pied est situé à environ trente mètres derrière les habitations les plus proches. Cette bande de terrain séparant la falaise des constructions, dont la pente est assez modérée (10 à 20 ), est généralement boisée, sauf au droit de la propriété de M. Fonfreyde (parcelle 211) où des jardins en terrasse sont cultivés. Cette falaise est connue pour être très instable, ce qu ont confirmé les habitants ainsi que le rapport du LRPC, qui qualifie l aléa «chutes de blocs» comme étant «élevé» avec une imminence d instabilité à «très court terme». On notera que ce rapport signale : «Les indices de chutes de blocs récentes ayant atteint le pied de la falaise sont nombreux. Un cas est signalé avec une propagation ayant atteint la hauteur de la première maison, coté falaise, de la rue des Côtes, il y a quelques dizaines d années». Par ailleurs, le courrier du LRPC indique : «plusieurs chutes de petits blocs et de pierres ont été notées dans la zone 8 le 9 septembre 2002 (près du «parking» sud). Ces évènements ont pour cause déclenchante les fortes précipitations récentes». On constate donc que ce secteur est fréquemment le siège d instabilités rocheuses, les premières habitations étant parfois touchées par des blocs se propageant dans le versant. M. Fonfreyde nous a indiqué un éboulis qui s est produits voici deux ans dans la parcelle n 196, où des blocs métriques se sont arrêtés à une dizaine de mètres du pied de la paroi. Les travaux de mise en sécurité recommandés par le LRPC en 2002 n ont pas été mis en œuvre à la date de notre visite. Seul un merlon piège à blocs a été confectionné au Sud de la zone la plus instable sur la parcelle 112. Suite à de fortes pluies survenues les 21 et 22 mai 2005, un éboulement de plusieurs dizaines de mètres cubes s est produit le 22 mai vers 21h15 au niveau de la falaise rocheuse surplombant le bourg de La Roche Noire. Bien que l essentiel du matériau éboulé se soit naturellement arrêté à l aplomb de la falaise dans une bande de terrain d une largueur de 20m en pied de paroi, une dalle rocheuse d environ cinq tonnes (2 m 3 ) a atteint l angle sud de l habitation de M. Gourcy (parcelle n 214). BRGM/RP-53980-FR Rapport final -9 -
Illustration 1 - Bloc ayant atteint la maison de M. Gourcy Fort heureusement, ce bloc n a occasionné que des dégâts superficiels (seul l enduit extérieur paraît endommagé). Il est probable que cette dalle rocheuse soit tombée sur la tranche et ait roulé dans le versant, ce qui lui a permis d atteindre une distance plus importante. D autre part, deux blocs plus volumineux de près de cinq mètres cubes se sont arrêtés dans la zone boisée située entre la paroi et la zone d habitation. Le bloc le plus au Sud semble être en équilibre précaire. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -10-
Illustration 2 - Bloc en équilibre précaire derrière les habitations Enfin, au droit de la zone éboulée, la paroi laisse deviner à mi-hauteur quelques blocs décimétriques à métriques très instables. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -11 -
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Illustration 3 - Blocs instables BRGM/RP-53980-FR Rapport final -13 -
3. Examen de la paroi Illustration 4 - Localisation de l éboulement sur le fond cadastral à 1/1000. 3.1. GÉNÉRALITÉS La zone plus particulièrement examinée correspond à un tronçon de falaise d une centaine de mètres de longueur entre les parcelles n 195 et n 111. La paroi rocheuse s y révèle particulièrement instable. En effet, plusieurs facteurs de prédisposition se remarquent : - sa verticalité, avec de nombreux passages surplombant ; - une fracturation horizontale assez dense et verticalement dense qui se traduit par la génération de blocs décimétriques à pluri-métriques (altération naturelle de la coulée). BRGM/RP-53980-FR Rapport final -14-
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Illustration 5 - Zone sous-cavée et fracturation importante Localement, de la végétation arbustive se développe sur la paroi, la croissance des racines pouvant être un facteur aggravant. Cependant, cette végétation reste très localisée. De façon générale dans cette zone, la paroi est fortement démantelée, sa stabilité vis-à-vis de la génération des blocs étant médiocre et localement mauvaise. Par ailleurs, nous avons examiné la crête de falaise depuis la planèze qui la domine. Aucun indice de mouvement du sol n est à noter sur une bande de 10 m en arrière de la crête, si ce n est la fissuration d un mur de clôture bordant la tête de falaise, sans pour autant que l on puisse associer ces désordres à des mouvements de la paroi rocheuse. L absence de fissuration permet d écarter tout risque d effondrement en masse de la paroi rocheuse dont le volume avoisinerait plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes. 3.2. ZONES PARTICULIÈRES Un secteur particulièrement menaçant est la zone fortement sous-cavée en amont de la maison de M. Fonfreyde, où plusieurs dizaines de mètres cubes peuvent se détacher de la paroi sans signe avant-coureur. Cette menace avait déjà été soulignée dans le rapport du LRPC. En effet, c est à cet endroit que la fracturation et l érosion sont les plus importantes, d où un aléa très élevé. Par ailleurs, au droit de la zone récemment éboulée, il est possible d observer à mi-hauteur de la falaise quelques blocs décimétriques à métriques très instables. 3.3. FACTEURS DÉCLENCHEURS Etant donnée la configuration de la zone, plusieurs facteurs interviennent tel les caractéristiques de la falaise (verticalité et fracturation), l action du gel et du dégel, la végétation arbustive, mais le principal facteur déclencheur est la pluie : - mise en pression de l eau dans les fissures, - lubrification des joints rocheux, - érosion progressive des parties meubles dans la paroi (zones d altération). L examen des lieux en sommet de planèze nous conduit premièrement à établir : - l infiltration d eaux usées du fait de l utilisation de puits perdus pour l assainissement du lotissement ; - la collecte des eaux de ruissellement sur la chaussée puis leur rejet au bord de la falaise. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -17 -
- et secondairement, le rôle mineur de ces infiltrations à cause de leur trop faible volume en comparaison de celui des précipitations s infiltrant sur tout le bassin versant. En ce qui concerne l instabilité du 22 mai 2005, les forts orages sont le facteur déclencheur prépondérant. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -18-
4. Diagnostic en terme de risques 4.1. A COURT TERME (UNE DES PROCHAINES FORTES INTEMPÉRIES) Trois zones nous semblent particulièrement menaçantes : - au même emplacement que pour l éboulement du 22 mai 2005, les blocs instables à mi-paroi présentent un risque élevé de s ébouler. Si la dalle métrique observée se met sur la tranche, elle peut rouler et atteindre la maison de M. Gourcy ou traverser la rue. - de même, un des deux gros blocs pluri-métriques qui s est arrêté dans les bois dans la nuit du 22 mai (le blocs le plus au Sud) est en équilibre précaire et peut repartir dans la pente. - la zone surplombante en amont de la maison de M. Fonfreyde continue à se déliter et menace de s effondrer sans signe avant-coureur. 4.2. A MOYEN TERME (À ÉCHÉANCE DE QUELQUES ANNÉES) Sur la centaine de mètres entre la parcelle 111 et la parcelle 195, aucune habitation n est à l abri d être touchée par un bloc pouvant se détacher de la falaise. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -19 -
5. Recommandations 5.1. IMMÉDIATEMENT Nous recommandons : - de totalement interdire l accès à une bande de terrain de 10 mètres de largeur située en pied de falaise ; - de ne plus autoriser l accès aux jardins situés entre les habitations et la falaise sur les parcelles n o 196 / 211 / 212 / 213 / 214, sauf pour des interventions sporadiques des propriétaires ou locataires, et cela exclusivement en dehors des périodes de pluies importantes (y compris dans les 24 h qui suivent) ; - de ne pas autoriser l usage des pièces d habitations situées le long des pignons côté falaise pendant les périodes de pluies importantes (y compris les 24 h qui suivent) pour les habitations des parcelles n o 209 / 210 / 297 / 215 ; - de proscrire tout déboisage sur les parcelles n o 196 / 211 / 212 / 213 / 214 / 111. 5.2. A COURT TERME ( LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE) Nous recommandons : - de confectionner un matelas amortisseur en pied de paroi dans le prolongement nord de la fosse piège à blocs. Ce matelas de 1 m d épaisseur minimum et de 10 m de large environ (largeur justifiée par l extension de la zone d impact direct des blocs calculée dans les modèles de trajectographie faits par le LRPC) sera réalisé en tout venant propre ou en sable (non argileux et sans blocs). Le matériau devra être «foisonné» au maximum et pas du tout compacté ; - de démanteler ou de stabiliser le bloc pluri-métrique (le plus au Sud) qui s est arrêté dans le bois lors de l épisode du 22 mai. 5.3. A MOYEN TERME (DE PRÉFÉRENCE AVANT LES PREMIÈRES PLUIES DE L AUTOMNE) : Nous recommandons : - de procéder à des inspections régulières de la falaise afin d identifier les secteurs qui évolueraient rapidement ; - de mettre en œuvre les travaux de mise en sécurité préconisés dans le rapport du LRPC et complétés par leur courrier du 17/09/02. Seul l achèvement de ces travaux permettra de suspendre les interdictions préconisées ci-avant. Cependant l accès à la zone entre la barrière grillagée de protection et la paroi devra rester très sévèrement réglementé. BRGM/RP-53980-FR Rapport final -21 -
BRGM/RP-53980-FR Rapport final -22- Centre scientifique et technique 3, avenue Claude-Guillemin BP 6009 45060 Orléans cedex 2 - France Tél. : 02 38 64 34 34 Service géologique régional Auvergne 12, avenue des Landais Campus des Cézeaux 63170 Aubière - France Tél. : 04 73 15 23 00