La problématique anguilles et les ouvrages hydroélectriques. Journée technique «management des centrales hydroélectriques» ARPE-ADEME du 22 mars 2011 1
1 1. Introduction sur la biologie de l anguille (Source des transparents IFREMER) 2
Caractéristiques biologiques Une aire de reproduction unique Migration anadrome Morphologie Serpentiforme, nageoire caudale, écailles rudimentaires, taille adulte de 0,3 à 1m Déplacement Record : 142 cm, 6,6kg Régime alimentaire Reptation, pas de saut, Vmax = 1,5m/s Longévité crustacés, larves d insectes, mollusques, poissons 5 à 15 ans pour les femelles 3 à 10 ans pour les mâles 3
Un cycle biologique complexe Cycle général de l anguille européenne en 4 actes Partie du cycle en eau douce Métamorphose 1 Mer Rivière Métamorphose 2 Leptocéphales Oeufs Mer des Sargasses Partie du cycle en eau de mer 4
Acte 1 : de l œuf à la leptocéphale où comment traverser l océan atlantique en mesurant moins de 0,5 cm Aucun œuf d anguille n a été péché à l heure actuel, Compte tenu des pêches de juvéniles, localisation de la reproduction en mer des Sargasses, Les juvéniles d anguille appartiennent au monde du zooplancton pélagique, Pas d activité natatoire, Se déplace au grés des courants Ponte en février Éclosion de mars Août septembre Le moteur de la migration transocéanique : le Gulf Stream 5
Acte 2 : la Vie en eau «douce» Adaptation physiologique obligatoire = deux métamorphoses nécessaire pour être capable de vivre en eau douce puis pour retourner en eau salée : Métamorphose 1 : du leptocéphale à la civelle Métamorphose 2 : de l anguille jaune à l anguille argentée Une aire de grossissement : l Europe 6
Métamorphose 1 : de la larve à la civelle Leptocéphale : Au grés des courants Arrêt de l alimentation jusqu à l entrée dans les estuaires et pigmentation Transformation au contact du talus continental 7
Colonisation du continent européen Passage en migration active avec le front dynamique de la marée dans les estuaires. Marée descendante = regroupement sur les bords et le fond voir enfouissement (qd v > 50cm/s) Reptation y compris à la verticale Marée montante 8
Une croissance en eau douce : les anguilles jaunes Répartition de l espèce en France 8 à 12 ans pour les mâles qui restent sur le bas des BV 12 à 18 ans pour les femelles qui montent plus haut sur les BV 9
Métamorphose 2 : Réadaptation à l eau de mer ou l argenture Début de la différenciation sexuelle Adaptation : épaississement de la peau, allongement des nageoires pectorales, dilatation des narines, augmentation de la taille des yeux (*4 avec pigment spécifique : la chrysoptine = comme poissons abyssaux), ligne latérale, couleur Fin de l alimentation (atrophie du système digestif et «fermeture» de l anus). 10
Acte 3 : Retour au berceau Trajet de la migration méconnue (voir programme de recherche européen Eeliad géolocalisation en mer de 200 anguilles argentées) Avalaison déclenché par rafraîchissement des eaux (9 c) et à l occasion d un coup d eau (radiopistage en rivière) 30 à 50 km par jour sur 6000 km Grandes profondeurs : - 2000 m La pression hydrostatique et la T C de l eau déclenche la maturation des gonades 11
Acte 4 : une reproduction méconnue jamais observée Une pression 40 fois supérieure à Patm Une température minimal de 17 c = Un secteur répondant aux critères : la plaine abyssale de la mer des Sargasses 1 femelle émet environs 1 millions d ovules 12
2 Contexte et Réglementation 13
Contexte De nuisible à menacée Baisse des captures d anguille à tous les stades depuis les années 1970 Appauvrissement du recrutement en civelle depuis les années 1980 1984 : fin du classement en espèce nuisible En 2005, au niveau européen, le stock d anguille à diminué de 50%, le stock de civelle de 95% au cours de la même période. Le Working Group on Eel conclu que le stock est en danger 14
% 1979-1994 Evolution du recrutement en civelles de 1985 à 2005 dans les estuaires européens 100 DenOever survey (NL) Loire landings (FR) Adour CPUE (FR) Severn landings (GB) Vilaine landings (FR) Nalon landings (ES) Tiber landings (IT) Gironde CPUE (FR) 80 60 40 20 0 1985 1990 1995 2000 2005 15
Pourquoi un tel déclin de l anguille? Modifications hydroclimatiques Courantologie (golf stream) Température Sécheresse Menaces naturelles Infestations parasitaires Protozoaire Trématodes Cestodes Nématodes Crustacés Acariens Prédations Poissons Oiseaux Mammifères Blooms phytoplanctonique Infections microbiennes Virus Bactéries Champignons 16 Dinoflagéllés
Pourquoi un tel déclin de l anguille (2)? Polluants Métaux lourds Pesticides Hydrocarbures Détergents Phénols Hormones Pêche Civelles Anguilles jaunes Anguilles argentées Menaces Anthropiques Barrages Montaison Dévalaison par les turbines Qualité des habitats Dragages Drainages (maïs) Extraction de granulats Remodelage des cours d eau Parasites allochtones Exemple d anguillicola crassus 17
Quels cause au déclin? %? Des causes encore mal identifiées et quantifiées mais des mesures d urgence à prendre dès maintenant Menaces naturelles %? Menaces Anthropiques %? %? %? %? %? Diminution du Stock d anguille %? Pêche Barrages Polluants Qualité des habitats Parasites 18 Mesures d urgence Et long terme Mesures long terme
Les mesures prises pour la protection de l espèce Le règlement européen de 2007 Adoption par le conseil des ministres européens du Règlement* Européen du 18 sept 2007 pour restaurer le stock d anguille européenne. Chaque État membre élabore un Plan de Gestion Anguille Objectif à long terme : atteindre un taux d échappement d au moins 40% de la biomasse d anguille adulte. La pêche Professionnelle et l hydroélectricité sont les principales activités ciblées. Le PG peut contenir (liste non exhaustive) les mesures suivantes : Réduire l activité de pêche commerciale ou récréative, l alevinage, limiter les prédateurs, rendre les rivières franchissables, piégeage transport des adultes, arrêt temporaire des turbines hydroélectriques. *un Règlement européen s impose de fait aux états membres et ne nécessite pas de transposition en droit national comme les directives 19
Le Plan de Gestion Français Elaboré de 2007 à 2008 avec les différents acteurs (Services état, pêcheurs pro et amateurs-scientifiques, hydroélectriciens..) Déposé en décembre 2008 et validé par l Europe le 15 février 2010 Il définit 4 axes d actions: pêche, ouvrages, repeuplement, suivi et évaluation Stratégie adoptée pour la réduction des mortalités anthropiques Réduction de 50% de la mortalité par la pêche Réduction de 75% de toutes les autres sources de mortalité anthropiques (turbinage, braconnage, pollutions, habitats : barrages, zones humides) Définition de Zones d Actions Prioritaires (ZAP) Zones où des gains importants sont possibles dans les 6 ans par Mise en conformité des ouvrages prioritaires, d ici 5 ans. Définition d une liste d ouvrages prioritaires révisable tous les 6 ans 1555 ouvrages prioritaires (Adour : 106, Garonne : 192) Volets locaux du plan par bassin Renforcement des classements Loi «pêche» (L436-6 code de l Envt) par classement systématique liste 1 et 2 LEMA (L214-17) 20
ZAP du bassin Adour-Garonne ZAP «Adour» ZAP «Garonne» 21
3 Quelles mesures pour les hydroélectriciens? 22
Action 1 _ Acquisition de connaissance Signature d un accord cadre de collaboration sur la R&D entre Onema, Ademe et les producteurs (EDF,Sociétés du Groupe Suez, France hydroélectricité) en 2008. 18 actions (4,8 Millions, financé à 60% par EDF) portant sur les thématiques suivantes: Travailler sur l efficacité des dispositifs de montaison et le comptage pour tous les stades d anguilles Acquérir une meilleur connaissance du comportement de dévalaison au niveau des prises d eau Acquérir une meilleure connaissance des rythmes de dévalaison (arrêt ciblés) Evaluer l impact cumulé des aménagements Développer de nouvelles techniques permettant de réduire la mortalité (prise d eau et turbines ichtyophiles, barrières comportemantales). 23
Les films.. Quelques exemples d expérimentation: Film Baigts: compréhension phénomènes de dévalaison, permet l élaboration de formules d échappement Film Rhin: tests in situ de mortalité selon les types de turbines 24
Gave de Pau, modélisation franchissement 25
Action 2 Amélioration du franchissement sur les ouvrages en ZAP 22 ouvrages EDF concernés dont 8 pour UPSO: Adour: Légugnon, Itxassou, Halsou, Castetarbe, Puyoô, Baigts Garonne: Golfech, Bazacle Pour EDF un pilotage en mode projet Déroulement du projet Elaboration de diagnostics en 2010 et partage avec l ONEMA, DDT Etudes et travaux entre 2011 et 2014 26
Exemple Fiche diagnostic Halsou 27
La fiche diagnostic : - sert de base d échange avec l'onema et les services de l Etat - permet de tracer les dates et les CR rédigés et approuvés par tous lors des différentes rencontres. 28
Principe de la démarche Calcul de la mortalité et du taux d échappement de chaque ouvrage Le taux d'échappement dépend : - du ratio débit déversé / débit entrant - du ratio taille de l'anguille / espacement des grilles exp P 1 exp où P : pourcentage d anguilles dévalantes Qdev : débit déversé au barrage Qtotal : débit du cours d eau à l amont Lt : longueur de l anguille Qdev 6.89 4.28 0.273 Qtotal e : espacement entre barreaux : compris entre 2 et 6-7 cm Lt e 29
Actions ou équipements prévus Proposition d actions en simulant l efficacité globale après équipement 30
CONCLUSION Une mobilisation importante pour améliorer les connaissances Des actions définies au cas par cas sur chaque ouvrage à mettre en œuvre avant 2014 Des attentes fortes sur de nouvelles technologies ichtyophiles.. 31