PLACE FORTE DE MONT-DAUPHIN

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Transcription:

PLACE FORTE DE MONT-DAUPHIN Eléments d architecture et de décor Dossier enseignant Centre des monuments nationaux Place forte de Mont-Dauphin Place Vauban 05600 MONT-DAUPHIN 06 70 58 54 62 04 92 46 12 68

POUR SE SITUER 1

LA CONSTRUCTION DE LA PLACE FORTE A la fin du 17 e siècle, la politique de grandeur et de conquête menée par Louis XIV suscite contre la France une coalition européenne. Afin de protéger son royaume le roi charge Vauban, son commissaire aux fortifications, d aménager les frontières par des places fortes. Vauban veut réaliser ce qu il appelle le «pré carré» ou bien encore la «ceinture de fer», c'est-à-dire une frontière facile à défendre. En 1692, à la suite de l invasion du Haut-Dauphiné par le duc Victor-Amédée II de Savoie, Vauban vient inspecter les fortifications des Alpes. Il propose à Louis XIV la construction d une nouvelle place forte à proximité de Guillestre et de la frontière avec les Etats de Savoie. Après avoir visité le plateau des Mille Vents, lieu d implantation de la future place forte, il rédige un mémoire dans lequel il est tout à la fois : Géographe et économiste : il décrit le lieu, ses ressources et ses communications. Urbaniste : il prévoit de bâtir une ville avec un plan en damier à l intérieur des fortifications. Architecte : il dessine les plans des remparts, des bâtiments militaires et donne aussi des instructions pour la construction des maisons civiles. Vauban se préoccupe aussi de savoir comment : Se procurer les matériaux nécessaires à la construction : bois des forêts alentour, ardoises provenant des exploitations de l Embrunais, calcaire rose extrait d une carrière ouverte à Eygliers, galets des rivières, charbon de terre des mines de Saint-Crépin. Les acheminer sur place : chariots et traîneaux tirés par des mulets, des ânes, des chevaux ou des bœufs. Les travailler pour les rendre utilisables : tailler les pierres, préparer le mortier de chaux, couper le bois, fabriquer et entretenir les outils du chantier (pics, pioches, brouettes, grues ). Répartir le travail entre les différents corps de métier : les marchés sont adjugés à des entrepreneurs locaux ou de plus loin qui font appel à des carriers, maçons, forgerons, charpentiers. Outre ces spécialistes, c est une véritable armada d ouvriers qui s emploie sur le chantier. Des hommes mais aussi des femmes et des enfants auxquels il faut ajouter les soldats. Plan de Mont-Dauphin - Vauban 1700 L ORGANISATION DU CHANTIER ROYAL Les documents d archives indiquent que dès le mois de février 1693, Louis Anglart et Pierre Rankin, qui arborent le titre d entrepreneurs généraux des fortifications, s engagent vis-à-vis des services des fortifications à exécuter tous les travaux prévus par ceux-ci à la suite d une première adjudication commanditée par le gouvernement royal et que supervise l intendant du Dauphiné. Pour mener à bien cette vaste entreprise, ils cherchent des soustraitants qui s engagent à effectuer telle partie de l ouvrage à un prix fixé devant notaire et versé par les entrepreneurs généraux. La distribution des travaux se fonde sur le devis établi par Vauban lors de sa visite à Mont- Dauphin et dont le montant s élève à 772 000 livres. Au printemps 1693, de nombreux corps de métiers soumissionnent devant les notaires royaux de Guillestre et d Eygliers. Les minutes notariales mentionnent la répartition des travaux aux sous-entrepreneurs, la date des premières passations de marchés ainsi que l origine de ces soumissionnaires qui viennent majoritairement des villages de Taninges, Samoëns et Morillon de la province du Faucigny en Savoie, province qui se caractérise depuis longtemps par l émigration de sa population masculine versée dans l art de la maçonnerie (Vauban n hésite pas à faire appel à des maçons originaires d un Etat alors en rupture d alliance avec la France!). Quelques autres viennent des Flandres, de Franche-Comté, de Suisse ou de l Embrunais. La plupart des adjudicataires du marché de Mont-Dauphin ont déjà travaillé sur les chantiers des fortifications de Franche-Comté ou des Flandres et bénéficient d un savoir-faire spécialisé. Certains ont sans doute travaillé sur les chantiers royaux d Embrun et de Briançon. Vauban revient à Mont-Dauphin en 1700 en tournée d inspection. Malgré quelques critiques sur les matériaux employés ou sur les défauts de surveillance du directeur des fortifications du Dauphiné et des entrepreneurs généraux, il remarque néanmoins que les travaux sont bien conduits depuis le remplacement de Louis Anglart et Pierre Rankin par un nouvel entrepreneur. Vauban fait quelques commentaires sur les bâtiments qui sont en voie d achèvement : casernes, pavillons, arsenal Sur ce dernier édifice, il note : «Le grand hangar de l arsenal s achèvera cette année, cet ouvrage sera bon et bien fait». 2

Dans les places fortes, Vauban soumet les constructions à des conditions particulières liées à des impératifs de sécurité. Voici ce qu il écrit dans son projet de Mont- Dauphin à propos des maisons privées : «Il faut obliger ceux qui voudront y bâtir à le faire solidement avec le moins de bois qu il sera possible, d élever leur maison à deux étages et d y faire des caves voûtées (pour être à l épreuve de la bombe), des latrines et des citernes avec des façades honnêtes qui fassent une symétrie agréable et le tout sans leur faire trop de contraintes». Réalisées en moellons enduits, les constructions civiles et militaires sont couvertes d une toiture d ardoise (la tôle sera utilisée pour couvrir le bâti civil au 20 e siècle). Les éléments en pierre de taille du bâti confèrent toutefois une note décorative qui tranche avec l aspect massif et austère de l ensemble. LA NORMALISATION DES BATIMENTS MILITAIRES SELON VAUBAN Dans les années 1680, Vauban commence à normaliser les bâtiments militaires. Poudrières, arsenaux, casernes, corps de garde sont conçus selon des plans-types préétablis. La standardisation de l architecture militaire permet à la fois de réduire les délais d exécution et de programmer des projets et des investissements à distance, pour éviter les détournements de fonds et les malfaçons. Dans les constructions sur plans-types, les seules variantes sont apportées par la diversité des matériaux locaux et par les habitudes constructives propres à chaque terroir : toitures, enduits Vauban s intéresse aussi aux constructions civiles. Son mémoire «Plusieurs maximes bonnes à observer par tous ceux qui font bâtir» est un résumé de l ensemble des règles de normalisation, de proportionnalité et d alignement ainsi qu un modèle pour les constructions à l intérieur d une place. Son texte s adresse aux maîtres d ouvrage : ceux qui doivent mener l opération de bâtir jusqu au bout et qui ne sont pourtant que des non professionnels enclins à subir les tromperies, les malversations des gens du bâtiment! LES ELEMENTS D ARCHITECTURE L ARC Les éléments d architecture comme l arc et la voûte requièrent un savoir-faire particulier que des maçons expérimentés ont mis en œuvre à Mont-Dauphin. Pour soutenir et éviter l écroulement de la maçonnerie située au-dessus, fenêtres et portes sont surmontées d un linteau ou d un arc clavé. Le linteau, simple poutre horizontale en pierre, prédomine dans la rue Colonel Cabrié où les maisons conservent l empreinte des activités artisanales et agricoles d antan. Dans la rue Catinat, les arcades des portes d entrée et des anciennes boutiques prédominent. Les arcs sont formés de pierres appelées claveaux qui se bloquent mutuellement. La clef d arc est la pierre qui se trouve au centre et qui bloque l ensemble de l arc. L arc repose sur des piédroits par l intermédiaire d impostes ou de chapiteaux. Construction de l arc en plein cintre Les arcs présentent différentes formes : Arc en plein cintre Oculus En plein cintre (portes d entrée des maisons, porte de la poudrière...) Clé d arc Ancienne arcade En anse de panier (les baies boutiquières) Chapiteau Piédroit Habitation - Place Vauban 3

LA VOÛTE La plupart des édifices civils et militaires sont couverts de voûtes pour assurer leur solidité et leur durée en cas de siège. Ces dernières sont construites avec des pierres recueillies aux environs de la place forte. A la poudrière, les maçons ont utilisé le tuf. Une voûte est formée d un assemblage de claveaux qui lui permettent de transmettre son poids en direction de ses points d appui (murs, piliers, colonnes). Elle nécessite également un cintre durant sa construction. A Mont-Dauphin on observe différents types de voûtes : 1. Les maisons civiles : Voûte en plein cintre (caves, couloirs) Voûte d arêtes (rez-de-chaussée) 2. Les bâtiments militaires et religieux : Voûte en cul de four choeur de l église Saint-Louis Voûte en plein cintre (arsenal, église, caserne Rochambeau) Voûte en plein cintre brisé (poudrière) Voûte d arêtes (arsenal) Voûte en cul de four (abside de l église) La poudrière Les voûtes sont très lourdes, elles exercent une force qui écarte les murs sur lesquels elles reposent d où la nécessité de prévoir des obstacles ou forces contraires pour éviter leur effondrement. La solution est d essayer de ramener les forces d écartement (forces obliques) à des charges (forces verticales). Plusieurs moyens ont été adoptés à Mont-Dauphin : L épaississement des murs (poudrière). L épaulement des murs par des contreforts (arsenal et poudrière). La pose de tirants métalliques (arsenal). L utilisation de la voûte en berceau brisé. Les forces exercées sont plus faibles que celles des voûtes en plein cintre (poudrière). Les contreforts - arsenal Le support de la voûte par des arcs doubleaux. Ceux de l arsenal soulagent les voûtes de leur poids (ils sont doublés à l extérieur par des contreforts). Tirant arsenal La concentration des forces en des points précis. Contrairement à la voûte en berceau plein cintre dont le poids s exerce sur toute la longueur des murs, une voûte d arêtes permet de reporter ce poids vers quatre points précis (arsenal). Voûte d arêtes de l arsenal Le contrebutement. Contrairement à un contrefort, il exerce une force active et engendre une poussée qui dévie la force (la construction du remarquable arcboutant de la caserne Rochambeau a permis de renforcer les murs et de contenir les forces d écartement dues au voûtement des chambrées superposées sur trois niveaux). Contrefort de la caserne Rochambeau 4

LA CHARPENTE DE LA CASERNE ROCHAMBEAU Construite à la fin du 18 e siècle, la caserne Rochambeau s élève sur le front sud de la place. A l origine elle était protégée par une terrasse constituée d un blindage de terre et de lauzes. Au début du 19 e siècle, le capitaine Massillon, chef du génie, en poste à Mont-Dauphin, ordonne d établir un toit pour arrêter les nombreuses infiltrations dues aux intempéries. Les travaux de la charpente commencent en 1819 et s achèvent en 1823. Réalisée selon un procédé original que l on doit à l architecte d Henri II, Philibert Delorme, elle couvre un espace de deux cent soixante mètres de long. La charpente de la caserne Rochambeau Contrairement aux autres bâtiments de la place qui comportent une charpente traditionnelle faite de grandes poutres, la caserne Rochambeau est couverte par des planches courtes assemblées par des chevilles et formant des fermes semi-circulaires. Au nombre de quatre cent trente, ces fermes confèrent à la charpente la forme d une carène renversée. Cette technique est une adaptation à la surexploitation des forêts sous l Ancien Régime qui ne pouvaient plus fournir de grandes grumes. Ce type de charpente permet également de disposer de vastes combles dégagés de tout entrait ou poinçon et propres à tous les usages. Ces combles ont d ailleurs servi de hangar pour stocker du matériel et comme écurie (mulets et ânes y étaient en stabulation au 19 e siècle). Aujourd hui encore cette charpente en mélèze est en parfait état de conservation. Elle supporte une couverture en ardoise. LES ELEMENTS D ARCHITECTURE CLASSIQUE L art classique est un héritage de l architecture grecque et romaine de l Antiquité. Il se développe en France aux 17 e et 18 e siècles. Le classicisme prône les lignes droites (façades rectilignes), les angles droits ainsi que la courbe régulière issue du cercle. Plusieurs règles doivent également présider à toute construction : l égalité des travées, l alignement des baies et la symétrie. L art classique se veut un reflet de la perfection, de la juste mesure et de l ordonnancement élégant (les surfaces sont sobrement décorées). Il se caractérise par l utilisation de différents éléments comme les colonnes, les pilastres, les frontons triangulaires ou curvilignes, les arcs et les arcades. Ces éléments sont détournés de leur fonction structurelle (colonnes, chapiteaux et frontons des monuments antiques) en décor. Le château de Versailles, construit sous le règne de Louis XIV par les architectes Louis Le Vau et Jules Hardouin-Mansart est représentatif de l art classique avec ses façades ordonnancées, ses baies encadrées de pilastres et de colonnes surmontées de chapiteaux. Une balustrade cache le toit très aplati (toit à la Mansart). Les balustres sont surmontés de vases à feu. On retrouve cet élément de décor couronnant les contreforts de l église Saint- Louis de Mont-Dauphin. 5

Malgré son caractère robuste et massif, l architecture de la place forte présente des éléments de l architecture classique. Les édifices civils et militaires Les maisons civiles et les bâtiments militaires présentent une unité architecturale et décorative (ouvertures régulières, symétrie ) Dans le village, les façades sur rue sont symétriques. Elles offrent un contraste avec les façades côté jardin qui demeurent cachées au cœur des îlots d habitation et sont moins soignées. La pierre de taille en calcaire rose est utilisée pour les chaînages d angle, les bandeaux horizontaux, les oculi, les arcades à bossage couvrant les boutiques et les portes d entrée. Pavillon de l horloge Les maisons de la rue Cabrié présentent un caractère plus rural : encadrements de baies peints, pas de pierres roses en façade, symétrie moins marquée. Les quelques balcons en fer forgé ou en bois datent tous de la fin du 19 e siècle ou du début du 20 e siècle. Habitation rue Catinat La porte de Briançon : un exemple de décor classique Munie de plusieurs éléments défensifs (pont-levis, herse, vantaux cloutés) chaque porte est également un arc de triomphe par où on pénètre dans le domaine royal et qui cherche à exprimer la puissance et la majesté du souverain. La porte de Briançon date de la fin du 17 e siècle. La façade tournée vers la campagne est encadrée par deux pilastres surmontés de chapiteaux toscans portant un fronton triangulaire. Les sculptures prévues sur le tableau rectangulaire au-dessus du passage sont toujours en attente d exécution! Tympan Corniche Fronton Chapiteau toscan Plate-bande à claveaux rayonnants Fût Pilastre Façade appareillée en bossages Base La porte de Briançon 6

RENVOIS BIBLIOGRAPHIE BORNECQUE Robert : Mont-Dauphin place forte de Vauban Editions du Patrimoine 2007 COLE Emily : Grammaire de l architecture Editions Dessain et Tolra/Larousse 2004 COLLECTIF : Vauban la forteresse idéale livre DVD La Maison d à côté 2007 COLLECTIF : Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil Somogy éditions - 2007 DEMARTINI Elena PRIMA Francesca : Petite encyclopédie de l architecture Editions Solar 2006 DENIZEAU Gérard : Le dialogue des arts Larousse - 2008 FAUCHERRE Nicolas : La place forte de Mont-Dauphin Editions Actes Sud 2007 FAUCHERRE Nicolas : Vauban, les sites majeurs Editions Glénat - 2009 GIORGI Rosa : L art au 17 e siècle Editions Hazan - 2008 PEROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie : Architecture : méthode et vocabulaire Editions du patrimoine 2007 CARTES IGN : La France de Vauban N 923 IGN : France : forts et citadelles N 907 SITES INTERNET Les fortifications des Alpes : http://sentinelles-des-alpes.com L inscription des sites Vauban au patrimoine mondial de l UNESCO : http://unesco.org/fr/list/1283 Le réseau Vauban : http://site-vauban.org L actualité sur les sites UNESCO de Mont-Dauphin et Briançon : http://vauban.alpes.fr/ Le site du CMN : http://mont-dauphin.monuments-nationaux.fr SITES Les autres fortifications de Vauban classées à l UNESCO : 7