du sein Le cancer LE JOURNAL DE L INSTITUT CURIE SÉLECTION D ARTICLES DOSSIER COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER



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Transcription:

LE JOURNAL SÉLECTION D ARTICLES DE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER Le cancer du sein # 64 ter - NOVEMBRE 2005-1,25 - ISSN 1145-9131

LE CANCER DU SEIN CANCER DU SEIN Noak/Le bar Floréal/Institut Curie SOMMAIRE Le cancer du sein p. 2 Deux questions p. 5 au D r Brigitte Sigal-Zafrani Fice pratique p. 7 Cimiotérapie Fice pratique p. 8 Dépistage Face à une lésion découverte par imagerie, il est souvent nécessaire de faire un prélèvement (ici, cytoponction radioguidée). Près de 80 % des lésions se révèlent alors bénignes. En France, une baisse de la mortalité est constatée malgré le nombre croissant de cancers du sein : 42 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en l an 2000. Car dépistage et diagnostic permettent aujourd ui, grâce à des tecniques de plus en plus performantes, une prise en carge précoce des cancers du sein. Proposer des traitements ajustés à caque cas, donc plus efficaces, c est possible grâce à une meilleure connaissance de la maladie. COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L INSTITUT CURIE - 26 RUE D ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - JOURNAL.CURIE@CURIE.FR - WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : P R CLAUDE HURIET - RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE - ICONOGRAPHIE: CÉCILE CHARRÉ ET YASMINE BENZOUGAR (01 44 32 40 51) - DONS ET ABONNEMENTS: YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) - ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN: 5 - PHOTO DE COUVERTURE: PHOTOALTO - CRÉATION ET RÉALISATION: CITIZEN PRESS (01 53 00 10 00) - FABRICATION: TC GRAPHITE (PARIS) - IM- PRESSION: VINCENT - 26 AVENUE CHARLES-BEDAUX 37000 TOURS - NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE: 0907H82469 - DÉPÔT LÉGAL DU N 64 TER: NOVEMBRE 2005 - CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 200 000 EXEM- PLAIRES. IL COMPREND UN ENCART DE 4 PAGES LE SAVIEZ-VOUS? Avec la ricesse de l expérience acquise en accueillant caque année près de 3 500 patientes toucées par un cancer du sein (1 400 nouvelles patientes et 2 100 en cours de traitement ou de suivi), l expertise des soignants fait de l ôpital de l Institut Curie une référence en France. GÉNÉROSITÉ Soutenir l Institut Curie, un geste solidaire contre le cancer Vous pouvez faire un don en ligne sur notre site sécurisé. Avec Internet, vous êtes immédiatement assuré de l enregistrement de votre don et vous permettez à l Institut Curie de réduire ses frais de gestion. Vous pouvez également utiliser le bulletin et l enveloppe ci-joints ou envoyer directement votre cèque à l ordre de l Institut Curie sous enveloppe affrancie. ttps://soutenir.curie.fr Institut Curie Gestion des dons 26 rue d Ulm 75248 Paris Cedex 05 Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent cez la femme. Dans les pays occidentaux, une femme sur dix est toucée. En France, 42 000 cas ont été diagnostiqués en 2000 contre 21 000 en 1980. Le nombre de cas a augmenté du fait de l allongement de la durée de vie et des performances du dépistage notamment. Ainsi, on dépiste des tumeurs de plus en plus petites. Près de la moitié des cancers du sein sont décelés entre 50 et 69 ans, mais cette patologie peut survenir à tout âge, tout en restant exceptionnelle avant 25 ans. Le cancer du sein existe cez l omme, même s il est extrêmement rare (moins de 1 % des cas). Des inégalités face au cancer Le risque d avoir un cancer du sein augmente avec l âge, le vieillissement favorisant l apparition de la plupart des cancers. Les facteurs ormonaux, et notamment l exposition prolongée à l action des œstrogènes, jouent également un rôle dans l apparition de ce cancer. Si toutes les femmes sont susceptibles de développer un cancer du sein, certaines sont davantage exposées en cas de : > premières règles avant l âge de 12 ans, ménopause après 55 ans ; > absence de grossesse ou première grossesse après 35 ans ; > traitement substitutif (THS) de la ménopause prescrit pendant plus de dix ans. La consommation abusive d alcool, de sucres et de graisses animales semble également exposer à un risque plus important. Quant à l existence d une relation entre le risque d apparition d un cancer du sein et le stress, elle fait toujours l objet de recerces. Entre 5 et 10 % des femmes atteintes de cancer du sein seraient porteuses d une prédisposition génétique, soit au moins 1 femme sur 200. Toutefois, une accumulation familiale de cas n est pas synonyme de prédisposition génétique. Ce n est qu en étudiant l istoire familiale que le médecin peut conseiller une consultation cez un spécialiste en oncologie génétique pour déceler une éventuelle prédisposition éréditaire. Ce spécialiste pourra alors prescrire une analyse moléculaire. Si le test révèle une altération d un gène BRCA 1, une prise en carge spécifique sera proposée. 1. BRCA (BReast CAncer): ensemble de gènes dont les mutations prédisposent à un risque élevé de cancer du sein et-ou de l ovaire. TÉMOIGNAGE «La mammograpie? Une tecnique très confortable» CHRISTIANE, 62 ANS, suivie après un cancer du sein. Atteinte à l âge de 60 ans d un cancer du sein diagnostiqué en mars 2003, Cristiane, directrice d école à la retraite, raconte : «Comment vous dire? Tout s est passé de manière très douce. Les examens que j ai faits n avaient rien de traumatisant. C est peut-être ça aussi qui m a aidé à prendre de la distance avec la maladie. Ce cancer, ce n était pas le mien. Quand j en parlais, j avais l impression que c était quelqu un d autre qui était concerné.» Tout commence en novembre 2002 quand cette mère de deux enfants passe une mammograpie de contrôle à Cartres (Eure-et-Loir). «Là, on m a demandé d effectuer des examens plus poussés. J ai alors pris rendez-vous à l Institut Curie», préciset-elle. Sur place, il lui est fait une biopsie sur une table de prélèvement équipée d un mammotome. «Cette ponction n est absolument pas douloureuse : le sein est endormi. Vous repartez une eure après et il n y a aucune cicatrice.» Cristiane prend connaissance des résultats de ses examens. Sans appel : c est bien un cancer. «J ai été opérée quelques jours plus tard, un 1 er avril, c était mon poisson à moi, sourit-elle. J ai eu droit ensuite à six semaines de rayons. Je n ai jamais véritablement souffert. Si j ai un conseil à donner, ce serait de dire aux femmes : n ésitez pas à faire ces examens.» Stépane Sellami A. Lombard/Institut Curie 2,, 3

CANCER DU SEIN Pour la seconde fois, l Institut Curie est classé premier au «Palmarès des ôpitaux 2005» du magazine Le Point (25 août 2005) sur 461 établissements pratiquant la cirurgie du cancer du sein. Ce résultat onorable est le fruit du travail en équipe pluridisciplinaire et de l incessante remise en question des savoir-faire. Plus vite diagnostiqué, plus facilement soigné En France, les médecins (généralistes, gynécologues ) conseillent à leurs patientes, selon leur âge, de réaliser une radiograpie des seins appelée mammograpie. De plus, depuis début 2004, le programme national de dépistage du cancer du sein concerne toutes les femmes de 50 à 74 ans. Entièrement gratuit, il consiste à pratiquer une mammograpie tous les deux ans. Objectif : déceler des petites lésions de quelques millimètres, n entraînant encore aucun symptôme. Toute anomalie ou modification du sein doit conduire à consulter, en particulier une grosseur, une rétraction de la peau ou du mamelon, un écoulement ou une érosion du mamelon. Si près de 80 % des lésions sont bénignes, il est toutefois indispensable de s en assurer. L examen clinique permet aussi de repérer une éventuelle atteinte des tissus voisins et des ganglions proces. Les femmes porteuses d une prédisposition génétique sont, quant à elles, surveillées de façon rapprocée afin de diagnostiquer le plus rapidement possible une lésion, même minime. Palpations, écograpies, mammograpies voire IRM sont effectuées CHIRURGIE «MINIMALISTE» Le ganglion sentinelle ors de l ablation de la tumeur (1) mammaire, le cirurgien doit L faire des prélèvements pour connaître l extension de la maladie. Validée à l Institut Curie, la récente tecnique du ganglion sentinelle consiste à injecter un produit au niveau de la tumeur. Celui-ci irrigue les ganglions sentinelles (2) qui, ainsi désignés, sont retirés pour examen (3). Ce prélèvement du seul relais ganglionnaire le plus proce de la tumeur permet, lorsqu il est indemne, d éviter l ablation systématique des autres ganglions lympatiques de l aisselle. Une ospitalisation courte, peu de gêne postopératoire et un risque minime de séquelles sont les principaux avantages que les patientes en retirent. A. Lescure/Institut Curie très régulièrement dès l âge de 30 ans, voire avant dans certaines situations. Toutes les femmes à aut risque ne développeront pas un cancer du sein, mais près de la moitié ont, ou auront, eu un cancer du sein à l âge de 60 ans. Une panoplie d outils diagnostiques En premier lieu, la mammograpie précise l aspect, la taille de la lésion et sa localisation. Les deux seins sont examinés. Sur l image, une tumeur se traduit le plus souvent par une masse opaque et de petits points blancs, qui peuvent témoigner à eux seuls de la présence d un cancer à un stade très précoce. Dans certains cas, il sera proposé une écograpie et/ou une IRM (imagerie par résonance magnétique) complémentaire. Des unités de sénologie (médecine du sein) interventionnelle, regroupant radiologues, patologistes et cirurgiens, sont aujourd ui créées dans les centres de lutte contre le cancer. Ces structures permettent en une journée de réaliser tous les examens dans un lieu unique et d avoir un diagnostic précis en quelques jours. Ces nouvelles unités sont équipées d une table de prélèvement, qui permet de réaliser des biopsies sous anestésie locale, sans ospitalisation. En limitant les séjours à l ôpital, cette organisation améliore considérablement le confort des patientes. L analyse des prélèvements fournit des informations précises qui vont guider les traitements ultérieurs : type de cancer, agressivité de la tumeur, présence de récepteurs ormonaux à la surface des cellules tumorales, etc. Des térapeutiques personnalisées Cirurgie, radiotérapie et traitements médicaux sont diversement associés. Caque cas étant différent, il nécessite «son» traitement approprié. 3 1 2 a.i.m-aventis oncologie LE SAVIEZ-VOUS? Il faut environ cinq ans pour qu une tumeur atteigne 1 mm, deux ans de plus pour arriver à 5 mm et encore un à deux ans pour mesurer 1 cm de diamètre, ce qui peut alors la rendre palpable. Quand le diagnostic est suffisamment précoce, l acte cirurgical se limite souvent à une tumorectomie, acte de cirurgie conservatrice enlevant la tumeur et conservant le sein. Lorsque la tumeur est plus volumineuse, ou qu elle s accompagne de lésions précancéreuses étendues, une ablation du sein (mammectomie) est parfois indispensable. Mais une telle intervention ne signifie pas forcément que le cancer soit plus grave. Dans la majorité des cas, au cours de l intervention, le cirurgien effectue, soit un curage axillaire, c està-dire qu il prélève plusieurs ganglions de l aisselle pour les examiner au microscope, soit le prélèvement du ganglion sentinelle (lire encadré p. 4). Après une ablation du sein, deux modalités sont possibles: le port d une protèse mammaire externe dans le soutien-gorge ou la reconstruction du sein. La radiotérapie est un traitement local du cancer qui a pour but de détruire les cellules tumorales en exploitant l énergie des radiations ionisantes. La combinaison de la radiotérapie et de la cirurgie conservatrice, lorsqu elle est indiquée, permet de garder le sein dans 70 % des cas. On sait maintenant que cela donne les mêmes résultats qu une ablation totale, avec une meilleure qualité de vie après traitement. La curietérapie est utilisée dans certains cas. Cette métode consiste à introduire des fils radioactifs à travers les tissus pour traiter directement la tumeur et réduire le risque de récidive. Dans certains cas, une cimiotérapie est proposée comme traitement complémentaire à la cirurgie et à la radiotérapie. Elle peut être prescrite dans un premier temps pour réduire la taille de la tumeur et permettre un traitement cirurgical Un précieux équipement L engagement des donateurs de l Institut Curie a permis le financement complet de l acat plus de 1,5 million d euros d un appareil d imagerie par résonance magnétique (IRM) en 2003. L IRM permet l exploration du corps umain, avec la possibilité de prélèvements ou de biopsies guidés par cette tecnique. C est un examen complémentaire qui peut, dans certains cas, fournir des informations pour le traitement du cancer du sein ou le suivi des femmes après traitement. Pour préciser son efficacité, une étude a été menée avec le centre René-Huguenin (Saint-Cloud) et l Institut Gustave-Roussy (Villejuif) cez 132 femmes à aut risque de cancer du sein. En effet, cez ces femmes, le plus souvent jeunes, donc aux seins très denses, certaines anomalies peuvent écapper aux examens classiques (mammograpie, écograpie). Les premiers résultats publiés en 2004 confirment les avantages de l IRM qui devient donc une imagerie de qualité particulièrement adaptée au suivi de ces femmes. A. Lescure/Institut Curie DEUX QUESTIONS AU... D R BRIGITTE SIGAL-ZAFRANI responsable du Pôle de pilotage et d évaluation en sénologie 1. En quoi le dépistage du cancer du sein a-t-il modifié à l Institut Curie la prise en carge des femmes ayant une lésion mammaire? La généralisation du dépistage à l ensemble du territoire, ainsi que l amélioration des tecniques de repérage et de prélèvement des lésions de très petite taille, non palpables, permettent un diagnostic de plus en plus précoce, favorable à la guérison. Pour cette raison, une Unité de sénologie interventionnelle a été installée en 2001 à l Institut. Elle apporte un certain confort aux patientes et des progrès substantiels pour établir rapidement un diagnostic et coisir le traitement le mieux adapté. Quels sont les derniers grands progrès térapeutiques enregistrés? En cirurgie, la mise au point à l Institut Curie de la tecnique du ganglion sentinelle a constitué une avancée majeure (lire encadré p. 4). Les tecniques d oncoplastie (cirurgie réparatrice après un cancer) et de reconstruction du sein ont également beaucoup progressé. Dans le domaine de la radiotérapie, le développement des tecniques de repérage par l imagerie et de planification du traitement (dosimétrie) permet de réduire la toxicité et les effets secondaires. Une tecnique nouvelle est en cours d évaluation. Elle devrait permettre de libérer la patiente de la contrainte de bloquer sa respiration lors de l irradiation (lire encadré p. 6). Côté médicaments, les nouvelles molécules de cimiotérapie ou d ormonotérapie complémentaire, dite «adjuvante», réduisent significativement le risque de recute. Enfin, il existe aujourd ui de nouveaux médicaments «ciblés» qui agissent différemment de la cimiotérapie ou de l ormonotérapie. Ce sont des anticorps spécifiques qui vont se lier à des récepteurs de facteurs de croissance (HER2) situés à la surface des cellules cancéreuses et qui vont bloquer la multiplication cellulaire. Des résultats très encourageants sont ainsi observés cez les patientes dont la tumeur surexprime la protéine HER2. 1. Médecine du sein. POUR EN SAVOIR PLUS «Les nouveaux atouts de la radiotérapie», Journal de l Institut Curie n 57, mars 2004. 4,, 5

Varian CANCER DU SEIN Pour libérer la parole des femmes Pour aider les femmes atteintes de cancer, et tout particulièrement celles atteintes de cancer du sein à exprimer leurs sentiments et mieux vivre les conséquences de la maladie (perte de féminité, perturbation de l intimité ), Simone Pérèle, grande marque de lingerie en Europe, s est engagée aux côtés de l Institut Curie pour trois ans. Après le financement d une étude inédite sur le ressenti des femmes toucées par un cancer, Simone Pérèle poursuivra son implication en soutenant la mise en place d une consultation spécialisée, assurée par un médecin et un psycologue. conservateur, soit après une cirurgie pour détruire les éventuelles cellules cancéreuses résiduelles. Le plus souvent, la cimiotérapie est administrée en perfusion, en ôpital de jour. Certaines de ces substances cimiques anticancéreuses entraînent la cute des ceveux (alopécie). Dans la moitié des cas, ce problème peut être pallié grâce au port d un casque réfrigérant durant les séances. Quoi qu il en soit, les ceveux repoussent toujours après le traitement. Quant aux autres effets secondaires (nausées, vomissements ), fréquents mais temporaires, ils sont limités de façon efficace par des médicaments appropriés. Dernière option, l ormonotérapie, en cas de cancer ormono-dépendant, c est-à-dire quand les cellules tumorales possèdent des récepteurs d œstrogènes. Sont utilisées des antiormones qui empêcent l action des œstrogènes ou des antiaromatases, une nouvelle génération de médicaments qui bloque la syntèse des œstrogènes. Mieux tolérées, celles-ci ne sont efficaces que cez les femmes ménopausées. Actuellement, les équipes de l Institut Curie se concentrent sur plusieurs axes de recerce : identifier les facteurs de risque de recute propres à caque malade est un défi majeur. Ainsi, les traitements seront d autant plus adaptés à l agressivité de la maladie, autorisant la désescalade térapeutique. Enfin, les outils de la biologie moléculaire permettent d espérer définir la «carte d identité» de la tumeur, spécifique à caque malade, afin de personnaliser davantage le traitement. Apaiser aussi les douleurs de l âme La prise en carge psycologique est essentielle. Elle aide notamment les patientes et leur famille à faire Une radiotérapie perfectionnée En 2004, l Institut Curie a été le premier centre européen à coupler un appareil de radiotérapie et un scanner à un dispositif indiquant précisément, à caque clicé, le moment du cycle respiratoire auquel il a été pris. Cela permet d améliorer encore la précision de la radiotérapie dite «asservie à la respiration». Ce dispositif en cours d étude clinique est prometteur car il a le potentiel de mieux protéger les organes sains comme le poumon et le cœur. Les quelque 60 000 euros de financement nécessaires ont été apportés pour un tiers par l Association des retraités de la ville de Carenton-le-Pont, grâce à une vente de carité, et pour les deux tiers par le Comité de Paris de la Ligue contre le cancer. face aux difficultés émotionnelles et affectives comme aux autres traumatismes liés à cette patologie. Dans certains cas, ce soutien aide les patientes non seulement à suivre leurs traitements, mais aussi à mieux les vivre. À l Institut Curie, l unité de psyco-oncologie organise des groupes psyco-éducationnels pour les femmes ayant récemment terminé leur traitement. L objectif de ces groupes est d aider les femmes à mieux maîtriser les éventuelles difficultés de cette période de l après-traitement. Au cours de uit séances, au programme structuré, sont proposés un travail centré sur l écange d information et le partage d expériences, un soutien psycologique ainsi qu une initiation à la relaxation. D autres groupes de soutien sont destinés aux enfants dont un parent est atteint de cancer, accueillant les enfants et leurs parents sur deux temps différents. Ils permettent de favoriser la communication autour de la maladie et de son impact sur la vie de la famille au quotidien. Alice Devaux POUR EN SAVOIR PLUS www.curie.fr et Le Journal de l Institut Curie (voir bulletin d abonnement joint). Cancer info service: 0810 810 821 (coût d un appel local) Cancer du sein, guide à l usage des femmes. D r Alfred Fitoussi (Institut Curie). Éd. médicales Bas (2003). Comprendre le cancer du sein non métastatique. SOR savoir patients Éd. Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer: www.curie.fr, www.fnclcc.fr, www.ligue-cancer.net. Tél.: 01 44 23 04 62 Journal d un sein. Béatrice Maillard-Caulin. Éditions Pocket. Disponible en braille. Cimiotérapie et cancer du sein FICHE PRATIQUE TRAITEMENT La cimiotérapie occupe une place importante dans le traitement du cancer du sein. Il s agit de traitements qui ont pour objectif de détruire les cellules tumorales dans tout l organisme que celles-ci soient effectivement présentes ou supposées l être. Il existe plusieurs médicaments, utilisés seuls ou en association. LE TRAITEMENT La cimiotérapie consiste à administrer des substances cimiques qui détruisent les cellules et particulièrement les cellules cancéreuses. Elle peut être programmée avant et/ou après la cirurgie. Avant la cirurgie, on parle de cimiotérapie néo-adjuvante. Le traitement dure alors trois à quatre mois. Après la cirurgie, on parle de cimiotérapie adjuvante. Elle dure abituellement six mois et est destinée à diminuer au maximum le risque de réapparition de la maladie. La décision de traitement dépend de la taille, de la localisation et des caractéristiques biologiques de la tumeur. Si la maladie récidive, avec des métastases dans d autres organes que le sein, le traitement peut être une cimiotérapie. Dans ce cas, sa durée n est pas déterminée à l avance, mais elle est au minimum de six mois et peut aller jusqu à un an, ou plus. LES MODALITÉS DE DÉLIVRANCE DU TRAITEMENT Le traitement de cimiotérapie peut être délivré : En ospitalisation à l ôpital de jour, pour une durée d une à quelques eures; En ospitalisation classique d un ou quelques jours; À la maison, dans le cadre d une ospitalisation à domicile. Dans la majeure partie des cas, la cimiotérapie est délivrée par voie intraveineuse en perfusions. Certains médicaments de cimiotérapie peuvent être donnés par voie orale (comprimés). Une cure de cimiotérapie, dite «cycle», dure un ou plusieurs jours; la cure suivante a lieu deux à quatre semaines après. LA POSE D UN CATHÉTER Les médicaments de cimiotérapie sont souvent irritants pour les veines péripériques et il est alors nécessaire de poser un catéter central pour perfuser. Il s agit d un tube fin, souple, d un matériau toléré par l organisme. Il est introduit sous la peau dans une veine profonde de l organisme. La pose d un catéter dure environ trente minutes, sous anestésie locale. E. M. Des effets indésirables? Les effets secondaires sont liés en partie aux effets des médicaments anticancéreux sur les cellules normales. Ils sont variables suivant le protocole de cimiotérapie et sont transitoires. Ils disparaîtront à l arrêt de la cimiotérapie. Il peut s agir, par exemple, de : nausées, vomissements; cute des ceveux; inflammation, brûlures de la bouce et de la gorge; aptes; baisse des globules blancs, globules rouges et plaquettes; irrégularité, voire arrêt des règles, cez les femmes non ménopausées; sensation de séceresse sur l ensemble du corps; Des traitements spécifiques destinés à empêcer ou amoindrir ces effets secondaires sont administrés en même temps que la cimiotérapie (anti-nauséeux, etc.). D R BRIGITTE SIGAL-ZAFRANI RESPONSABLE DU PÔLE DE PILOTAGE ET D ÉVALUATION EN SÉNOLOGIE (MÉDECINE DU SEIN). Potos : A. Lescure/Institut Curie 6,, 7

FICHE PRATIQUE DÉPISTAGE Noak/Le Bar Floreal/Institut Curie Le dépistage du cancer du sein POURQUOI DÉPISTER LE CANCER DU SEIN? Le cancer du sein est le premier cancer féminin, tous ciffres confondus: 42000 nouveaux cas diagnostiqués et 11637 décès en 2000 en France. Ce fléau, en constante augmentation, touce tout particulièrement les femmes de plus de 50 ans. Pourtant, si au moins 60 % d entre elles se faisaient dépister en passant tous les deux ans une radiograpie des seins (mammograpie), leur risque de décès cuterait de 30 % en quelques années (7 à 13 ans). UN RENDEZ-VOUS GRATUIT Caque femme de la trance d âge 50-74 ans va recevoir (ou a déjà reçu) à son domicile: l invitation à se faire dépister ; un dépliant d information ; la liste des radiologues agréés participant au dépistage dans sa région. Il lui suffit de prendre rendez-vous cez le radiologue de son coix dans cette liste. La mammograpie est gratuite et, depuis mars 2005, exonérée du «forfait 1 euro». COMMENT SE DÉROULE L EXAMEN? La mammograpie est une radiograpie (examen aux rayons X) simple et efficace. Buste dévêtu, la femme est placée devant l appareil de mammograpie par le radiologue ou le manipulateur. Caque sein est progressivement comprimé lors de caque clicé (quelques secondes), l un après l autre, entre le porte-cassettes et le compresseur. Deux clicés (incidence de face et en oblique externe) sont réalisés pour caque sein. La mammograpie est complétée par un examen clinique. COMMENT SONT TRANSMIS LES RÉSULTATS? Si une anomalie est détectée: Des examens complémentaires peuvent être immédiatement réalisés (autres clicés, écograpie, ponction ) pour caractériser au mieux l anomalie détectée. Celle-ci peut d ailleurs être bénigne. Les conclusions sont envoyées dans les jours qui suivent à la patiente et à son médecin qui pourra les lui commenter. Si le clicé apparaît comme normal ou présentant une anomalie jugée bénigne: Le bilan sera adressé à la structure de gestion afin de réaliser une deuxième lecture par un autre radiologue dans les jours qui suivent. Cela permet de confirmer ou non le résultat. Le résultat final est envoyé dans les jours qui suivent à la patiente et à son médecin abituel qui pourra les lui commenter. POUR EN SAVOIR PLUS www.rendezvoussanteplus.net, le site du dépistage organisé du cancer du sein. Ce qu il faut savoir Toutes les femmes sont-elles concernées par ce cancer? OUI, même sans antécédents familiaux. Une femme sur dix sera atteinte d un cancer du sein au cours de sa vie. Aucun indicateur n exclut le risque, ni ne le confirme à 100 %. Peut-on prévoir un cancer du sein? NON. On n en connaît pas encore bien ni les causes ni tous les facteurs de risque. Le risque de cancer du sein est-il plus élevé après la ménopause? OUI. Deux tiers des cancers du sein se déclarent cez les femmes après la ménopause. Une palpation des seins ne suffit-elle pas? NON. La palpation ne permet de sentir que de grosses anomalies ; seule la mammograpie détecte les anomalies inférieures à un centimètre. La mammograpie est une radiograpie du sein. Elle participe au dépistage des lésions du sein, à leur diagnostic et à leur suivi. D R ANNE TARDIVON RADIOLOGUE À DIM/Institut Curie