La rivière à Lizy-sur-Ourcq l Ourcq Les mésaventures de l Ourcq Le Canal de l Ourcq en roue libre Aqueduc parisien sur ordre impérial Mary-sur-Marne Congis-sur-Thérouanne Meaux Trilbardou Claye-Souilly Villeparisis 13
Les mésaventures de l Ourcq L Ourcq a dû être une grande rivière ; la force de sa vallée, dans le paysage, en témoigne. Bien avant qu il devienne canal des ducs, par le creusement de son propre cours, puis qu il s adjoigne le canal que nous lui connaissons aujourd hui, il a dû forcer le passage, coincé contre la roche, pour parvenir jusqu à la Marne. Entre ce qui deviendrait Lizy «sur Ourcq» et Mary «sur Marne», il a dû longtemps hésiter, comme la Marne elle-même, en cherchant son passage dans les graviers que celle-ci, sauvage et puissante, déplaçait : tantôt îlots, tantôt terre ferme, où plantes et arbres croissaient rapidement, s étouffaient, s écroulaient et les barraient, les contraignant à creuser de nouveaux cours à la prochaine saison de crues. De ces péripéties annuelles, il reste cette vaste étendue presque plane, de sables et de graviers, où Marne et Ourcq se réunissent, au pied de la corniche qui leur a résisté, laissant encore deux îles : de Mary, et de la Cornaille. Aujourd hui discipliné, l Ourcq serpente toujours, en contrebas de son canal. Ses marais, drainés de rigoles et fossés, sont Marais et peupleraie au bord de l Ourcq à Ocquerre.
L Ourcq au fil de l eau Paysage de la vallée du ru de Chaton. devenus peupleraies, mais lorsqu on les découvre, des hauteurs de la route, sinueuse, qui s élève de Crouy-sur-Ourcq à May-en-Multien, on devine aisément ce long travail de l eau, dissimulée, mais toujours présente, sous l exubérante végétation qu elle génère. L Ourcq vient du département de l Aisne, où il a pris naissance à plus de 50km de son entrée en Seine-et-Marne : 40 km de cours naturel, une dizaine pour la rivière canalisée à partir de l amont de La Ferté-Milon jusqu à Mareuilsur-Ourcq où le canal lui-même débute et 4 km ensuite pour atteindre son principal affluent de rive gauche : le Clignon, qui sert de limite aux deux départements. L Ourcq parcourt encore une vingtaine de km, avant de confluer avec la Marne. En rive droite, il ne recevra alors que la Gergogne à May-en-Multien, tandis qu en rive gauche, le rejoignent le ru de la Croix Hélène à Crouy, le ru de Chaton à Ocquerre et celui de Méranne à Lizy. De 4 mètres de large à la confluence du Clignon, il en fait à peine le double en arrivant en Marne, où il sépare les territoires de Lizy et de Mary. L importante forêt de Retz, dans la région de Villers-Cotterets, constituait autrefois l une des sources d approvisionnement en bois de Paris, comme le fut aussi, plus au sud la forêt de Crécy sur les rives du Grand Morin. Au milieu du 18 e siècle, afin d améliorer les transports par voie d eau, Louis de Régemortes fut chargé, sur ordre du Duc d Orléans, de l aménagement de la rivière Ourcq; d anciens ouvrages, dont certains avaient été réalisés avant même cette époque, se devinent encore parfois, de nos jours, sur le cours de la rivière. Depuis la création du canal de l Ourcq, la gestion de la rivière est devenue complexe, l existence et le mode de fonctionnement de celui-là ayant conduit à 15
prélever une grande partie du débit de la rivière et de ses affluents, pour l alimenter. La canal étant devenu propriété de la Ville de Paris, c est elle qui détient les «droits d eau» sur la rivière Ourcq, et qui en dérive les quantités nécessaires au maintien du fil d eau dans cet ouvrage. Dès lors, le niveau de la rivière varie, parfois brutalement, provoquant érosion puis envasement. En période d étiage, à la fin des étés secs, le débit de l Ourcq peut n être que de 600 litres par seconde, ce qui est bien peu au regard du bassin versant qu il draine avec ses affluents. En période de crue, lorsque, proportionnellement, la gestion du canal nécessite moins d eau que d habitude, l Ourcq peut manifester des débits de 30 à 60 m 3 /s à Lizy-sur-Ourcq, soit cent fois plus qu en étiage, y provoquant de conséquentes inondations. De son ancien caractère de rivière navigable, l Ourcq a gardé un statut particulier, la domanialité, expression de sa propriété par la collectivité et non plus les riverains traduite par une contrainte imposée à ceux-ci : la servitude de marchepied, permettant son entretien. Pour mieux assurer celui-ci, une structure originale de gestion s est créée en 1985 : le Syndicat intercommunal pour l aména- Pavillon d entrée du château de Gesvres-le-Duc. 16
L Ourcq au fil de l eau La rivière Ourcq à Lizy-sur-Ourcq. gement et la gestion de la rivière d Ourcq, constitué par la Ville de Paris, et 9 communes appartenant à 3 départements : l Aisne, l Oise, et la Seine-et- Marne. Dans le but de maîtriser les variations de débit de la rivière, le syndicat a automatisé la manœuvre de deux vannages, à Crouy et Lizy, et recruté un garderivière qui veille constamment au bon état du lit de l Ourcq et de ses berges. Au plan piscicole, cette rivière est dite «de seconde catégorie» (cf p. 52-53); la police de l eau (cf p. 34-35) y est assurée par la Direction départementale de l agriculture et de la forêt. Deux associations se partagent le droit de pêche sur le cours seine-et-marnais de l Ourcq : l Epinoche crouycienne et le Gardon rouge lizéen. La qualité des eaux de la rivière est assez satisfaisante, malgré un traitement parfois insuffisant des effluents domestiques ; elle est plutôt meilleure au niveau de la confluence avec la Marne qu à son entrée en Seine-et- Marne, l importance des zones de marais, une faible population, et la rareté des entreprises industrielles en étant probablement la cause. A l aval, les activités développées dans le secteur de Lizy et Mary, avec principalement l imprimerie Québécor (anciennement Didier) font l objet de traitements limitant leur impact sur le cours d eau. Néanmoins, si l on voulait redonner à l Ourcq une plus grande richesse piscicole, quelques travaux dans le lit de la rivière, et la garantie d un débit minimum, augmenteraient la productivité d une rivière attrayante, qui se dissimule dans un paysage de qualité, franchi fièrement par un récent viaduc permettant aux trains à grande vitesse de rapprocher l est de la France et la région capitale. M. B. 17
18 Le canal à Ocquerre.
Le Canal de l Ourcq en roue libre Le canal de 108 km qui se termine après le bassin de La Villette dans les prolongements souterrains de Saint-Martin et Saint-Denis est une œuvre d art aquatique qui complète et transfigure le réseau naturel. Il s agit d un jardin glissant côtoyé par ses chemins de halage et d une rangée d arbres assurant le gardiennage de l ombre. Sa pente qui est constante paraît si limpide qu on penserait à une eau immobile avec des mouvements légers jusqu au moment où le réseau se plisse au gré du vent. Le canal peut être séparé en fragments autonomes. Le fleuve canalisé va de Port-aux-Perches jusqu à Mary-sur-Marne où l Ourcq plus ou moins délivré se jette dans la Marne sous le regard du canal qui les surplombe de haut. Le canal suit à peu près fidèlement les méandres de la Marne jusqu à Fresnes. Désormais divorcé, il s élance d un seul jet avant de réaliser son entrée triomphale dans le bassin de la Villette couronné par la Rotonde de Ledoux sur laquelle il bute pour traverser la rivière souterraine qui s en va en direction de la Seine. Ce canal notamment sa partie supérieure a une très longue histoire d au L Ourcq temps au fil du Usine élévatoire de Villersles-Rigault. 19
moins quatre siècles. Elle débute avec François I er et se poursuit avec la famille d Orléans propriétaire de la forêt de Retz qui avait intérêt à faire descendre ses bois coupés vers Paris. Au XVI e siècle, il s agit de faire naviguer les bateaux sur l Ourcq. Un travail vite interrompu débute en 1529 puis Catherine de Médicis relance le projet et en 1562, le premier navire arrive dans Paris en liesse. Le canal des Ducs, autonome, est engagé par Riquet pour Louis XIV à l est de Meaux et par Louis de Régemortes au XVIII e. Puis tout s arrête jusqu à Bonaparte qui fait réaliser le bassin d arrivée et, dès 1822, souvent grâce à la main d œuvre prussienne, le premier navire venant de La Ferté-Milon arrive au bassin chargé de la circulation commerciale et de l alimentation en eau de la capitale. Bien sûr, une guerre larvée demeurera entre les transporteurs qui veulent faire marcher l eau et les meuniers qui veulent la retenir. Après la cinquantaine de kilomètres de la rivière depuis sa source à Courmont, on atteint le réseau canalisé à Port-aux-Perches jusqu à Mareuil. Puis c est la traversée émerveillée de La Ferté-Milon où apparaît comme un fantôme la forteresse branlante du XIV e siècle dominant l église à mi-pente et la maison d enfance de Racine ainsi que celle de la belle-famille de La Fontaine. En aval, des frondaisons étendues cachent une écluse, l église et le château du grand Veneur. Plus loin, un bassin circulaire devient déversoir de la rivière à Mareuil. Désormais, pendant que l Ourcq divague dans les forêts et les marécages, nous nous trouvons dans le canal impérial où à Neufchelles le pont suspendu qui porte le Clignon trace la frontière du département. Car le canal vorace a tôt fait d avaler une partie de ses affluents mercenaires. A Crouy-sur-Ourcq se trouve le donjon de cinq étages. Il faut monter jusqu à May pour regarder la grande vallée marécageuse où flirtent le canal et l Ourcq. En plein centre des Marais, Pompes de l usine élévatoire de Trilbardou. 20
Affiche des bâteaux-poste. L Ourcq temps au fil du au croisement de deux avenues, un superbe pavillon solitaire se reflétait dans les douves alimentées par l Ourcq jusqu en 1732. C est à ce moment que le duc de Gesvres fit appel à l hydraulicien Drancy qui eut l idée de capter la Gergogne et de la faire passer par-dessus le canal pour emplir les fossés Ce château de la Belle aux bois dormant qui possédait une superbe galerie de peintures demeura la maison de plaisance de cette famille. Ne fut-elle pas par son argent et ses extravagances une des principales à la Cour pendant trois siècles? Puis le canal aborde Lizy-sur-Ourcq après Ocquerre où se trouve en aval du pont l emplacement de l entreprise Bourgeois spécialisée jadis dans la fabrication des flûtes de l Ourcq. Le bateau poste à voyageurs, particulièrement filiforme (22 m 70 de longueur et 2 m de large), a circulé de Paris à Meaux de 1837 à 1860, tiré par des chevaux rapides, arborant au mat une flamme rouge, et annoncé par un cor de chasse. Ce salon flottant, pendant son passage, évinçait Écluse de Vignely. 21
Usine élévatoire de Trilbardou. tout autre navigation. Il fallait toujours un homme pour la conduite du cheval et un autre au gouvernail. En plus des voyageurs, il y avait toujours au XIX e siècle le flottage du bois, et le transport de la pierre et du plâtre. A partir du XX e siècle le canal travailleur fut remplacé par le chemin de fer. L instrument de transport outre le bateau de plaisance devint celui de la promenade à vélo pour aller plus vite que l eau, à pied pour se trouver en retrait, ou la pêche et la demi-somnolence qui nous mène à la rêverie au bord de la poésie qui coule. Lizy fut au XVI e siècle une cité protestante. Les familles du Broullat et d Angenne firent établir le prêche dans le château du XVI e dont le beau parc est étalé sur une île où les bras de l Ourcq se multiplient avant d atteindre la confluence à Mary qui autrefois construisait des bateaux. La comtesse d Harville héritière de la Trousse y fit construire une belle demeure de style colonial. Elle fut enterrée en 1821, au cimetière de Mary où se trouvent désormais d innombrables mausolées des gens du voyage. Tout à côté, Mary est le site confluent où la Marne absorbe l Ourcq. A Villersles-Rigault se trouve une usine élévatrice qui aspire l eau de la Marne pour la porter 12 mètres plus haut. Dans ce lieu, construit par Louis Dominique Girard, on n a jamais pu réaliser un élévateur qui permettrait aux navires de passer de l Ourcq à la Marne et viceversa ce qui éviterait cent kilomètres de détour. A Congis le canal pompe une partie de la Thérouanne et s étend sur de vastes espaces d eau. Puis le canal suit les circonvolutions de la Marne à Varreddes ressemblant à un jardin flottant. A Beauval se trouvait un transbordeur et un parc d aérostation de dirigeables. Détente et pêche au bord du canal à Trilbardou. 22
À Congis-sur-Thérouanne, l arrivée de la Thérouanne dans le canal de l Ourcq. A Crégy et à Meaux, le canal est enfoui dans la verdure. Vignely est dans l angle de la Marne et du canal : on y voit une écluse avec un moulin et une ancienne écurie pour les chevaux des bateaux de poste. Quant à Trilbardou, c est un site essentiel du canal avant que celui-ci ne se dissocie de la Marne à partir de Fresnes. C est là que se trouve aux pieds d un château néo-renaissance la station de pompage de l ingénieur Sagebien à laquelle est associé un récent musée du canal de l Ourcq. A Charmentray, les jardins descendent jusqu à la berge. Précy occupe une presqu île. A Fresnes, non loin de la belle église, s élevait le château de Guénégaud dont la chapelle, qui était une sœur du Val de Grâce, a été rasée en 1820. La ville de Claye se plait au bord de son canal étendu bordé de jardins d agréments. A Gressy, la Beuvronne sort de la propriété du savant Macquer à la grande pièce d eau et la rivière va donner une partie de son flot au canal, l autre s en allant en direction de Claye. L Ourcq temps au fil du Enfin à Villeparisis où l on va quitter la Seine-et-Marne, on garde le souvenir de Balzac et de Laure de Berny dont la maison a été détruite. Continuant à descendre en droite ligne il faut visiter le parc forestier de la Poudrerie, centre d arboriculture, mystère des ateliers disparus et la tranchée de Sevran, oasis linéaire d où l on ne devine absolument pas l environnement urbain contigu. Le canal de l Ourcq est sans aucun doute une des merveilles de Seine-et- Marne et un véritable centre de loisirs. Cette œuvre qui se situe du côté de l art et de la méditation a été évacuée de son trafic au profit des chemins de fer et camionnages. Qu on lui laisse la paix et qu on préserve sa beauté naturelle. Tout doit être réalisé pour en multiplier la paisible attraction. C. de B. 23
Aqueduc parisien sur ordre impérial Ci-contre, Meaux, écluse St Lazare. Avez-vous déjà vu l eau d un canal couler? aux écluses, certainement, mais ailleurs? et bien, si vous croisez, ou longez le canal de l Ourcq, vous le verrez couler, comme une rivière, et parfois même plus vite que nombre d entre elles, comme à Vernelle, ou Marnoue-la-Poterie. Et juste à côté, au fond du vallon, l Ourcq, la rivière, coule elle aussi, mais affaiblie de l eau qu elle a laissée à son canal. Celui-ci est un dévoreur de cours d eau ; tout ce qui lui vient d une rive plus haute que lui semble n avoir qu un seul but : satisfaire cette boulimique fausse rivière qui s alimente sans cesse pour avoir assez d eau lors de son arrivée dans Paris : le Clignon, la Thérouanne, la Beuvronne, et d autres en font les frais, qui achèvent ensuite, modestement, leur parcours, vers l Ourcq ou bien la Marne. Le canal, lui, laisse la rivière se fondre dans la Marne, feint de l ignorer, et continue sans elle ; après les méandres de l Ourcq, fidèlement copiés, il s approche de ceux de la Marne, et les fait siens à leur tour : s accrochant au coteau de Varreddes, enserrant Meaux, il ne manque aucun virage. C est en 1825 qu il fut mis en service ; on le qualifia d impérial, car Napoléon lui avait fixé pour objectif d alimenter Paris en eau potable, en plus d assurer le transport du bois et du blé vers la capitale. A l époque, l eau courante étant réputée potable, contrairement aux eaux dormantes, il fallait une pente à ce canal, qui fut créé à partir de Mareuil-sur-Ourcq, par creusement d une dérivation de la rivière anciennement aménagée, ou «canal des ducs», dont il empruntait, et emprunte toujours, l essentiel de l eau. Dans le département voisin, c est la Ginette, affluent de rive droite, qui cède ses eaux au nouveau canal ; puis, en rive gauche, le Clignon, qui tout en séparant les départements de l Aisne de la Seine-et-Marne, est à son tour en grande partie dévié dans un petit ouvrage qui enjambe la rivière Ourcq, pour se déverser dans le nouveau canal C est plus des trois quarts du débit reçu par l Ourcq et ses affluents, entre Mareuil et sa con fluence en Marne, que le nouveau, l Impérial, est en droit d absorber, pour effectuer un périple d une centaine de kilomètres, dont plus de 70 rien qu en Seine-et-Marne. Deux passionnantes usines élévatoires, situées à Villers les Rigault sur la commune de Congis-sur-Thérouanne, et à Trilbardou, furent même créées pour lui apporter, en période de sécheresse, de l eau de la Marne. Page de droite, Congis, le pont levant, et une surverse du canal vers la Marne. 24
D une largeur moyenne de onze mètres, pour 1 mètre et demi de profondeur, le canal de l Ourcq compense les 12 mètres de différence d altitude entre son entrée et sa sortie seine-et-marnaises par le jeu de cinq écluses, situées à Varreddes, Meaux, Villenoy, Vignely et Fresnes-sur-Marne. On y naviguait encore au siècle dernier, sur des embarcations en bois adaptées à ses dimensions : les flûtes de l Ourcq (28m de long et 3 de large) d abord halées depuis la berge et guidées à la perche, puis métallisées et motorisées, comme le sont les quelques automoteurs de l Ourcq que conserve la Ville de Paris pour entretenir le canal. Le plus souvent bordé d arbres d alignement, le canal de l Ourcq continue d apporter quotidiennement 200 000 m 3 d eau à Paris, afin d y maintenir les plans d eau des canaux parisiens. Ne servant plus à l alimentation en eau potable, mais au lavage des voiries, il est le support de deux activités : la pêche, exercée, en Seineet-Marne, par environ 7 000 pêcheurs, regroupés en 11 associations, et la navigation de plaisance. Il faut cependant du temps pour le parcourir, comme en témoignent les panneaux d information qui le bordent : pour arriver à Claye-Souilly depuis le parc de la Villette à Paris, il vous faudra 5 heures distance : 25 km et de Claye-Souilly au Portaux-Perches, point d origine de la rivière canalisée à la Ferté-Milon, dans l Aisne, comptez encore 15 heures pour le suivre sur près de 80 km. Sachant qu à cet endroit, on ne peut que faire demi-tour, un projet d ascenseur à bateaux est évoqué depuis plusieurs années, qui permettrait, là où le canal et la Marne se trouvent côte à côte, à Congis-sur-Thérouanne, de passer du canal à la Marne, ou l inverse, en autorisant ainsi un parcours en boucle depuis Paris, ce qui augmenterait certainement le taux de fréquentation de ce paisible canal. La qualité de son eau, quant à elle, résulte directement de celle de ses diverses sources d alimentation : que l Ourcq, à l amont, ou la Beuvronne, à l aval, subissent des pollutions, et celles-ci se répercutent dans le canal. Généralement de qualité plutôt satisfaisante, régulièrement faucardé afin d empêcher un développement excessif de la végétation aquatique, il est classé en seconde catégorie piscicole, comme la rivière elle-même. A certains endroits, le canal tourne tellement qu il finit par surprendre : on le quitte, le redécouvre : on croit qu il coule à gauche, et c est à droite qu il va Puis d un coup, à Fresnes-sur-Marne, c est de celle-ci qu il se sépare, pour ne plus la retrouver. Encore quelques vagues boucles pour contourner les collines boisées de l Aulnoye, et le voilà qui se met à filer, presque droit, enfin, comme le feraient tous les canaux. Il a choisi la plaine de France pour en trer dans Paris, effleurer la Villette, donner le canal Saint-Denis, devenir Saint-Martin et, se cachant sous la Bastille, finir en Arsenal, juste à l amont de ces îles qui, elles, ont fait Paris. M. B. L Ourcq Incidences 25