Quelle prévention de la consommation d alcool en entreprise? Pr F. PAILLE



Documents pareils
9 % 7 % 5 % 4 % 2 % 2 % 11 %

Analyse de l enquête de consommation de boissons énergisantes

ÉTUDE AD HOC RECHERCHE Printemps objectifs: 1) Analyser le comportement des consommateurs 2) Mieux comprendre vos besoins et attentes

"La santé des étudiants en 2015"

Pour réduire sa consommation Ouvrons le dialogue

"La santé des étudiants en 2013"

Alcool : Oui, on peut dire «non» au verre de trop

LES QUÉBÉCOIS ET L ALCOOL

2Exemplaire à conserver par le destinataire

Comment bien s hydrater pendant l été?

Enquête de Santé par Interview Belgique 2001

Guide pratique sur les débits de boissons

Mémento législatif. En 1916, l absinthe est interdite.

DOSSIER DE PRESSE 27 AVRIL MILLIONS DE FRANÇAIS ONT UN PROBLEME AVEC L ALCOOL. ET SI LES AUTRES C ETAIT VOUS?

ÉTAT DES LIEUX DES DROGUES ET DÉPENDANCES EN AUVERGNE

N O S L I M I T E S?!

Sport et alpha ANNEXES

MERCI DE RETOURNER LE BON DE PRISE EN CHARGE ET/OU LA FICHE RÉCAPITULATIVE DANS L ENVELOPPE T

9.11 Les jeux de hasard et d argent

Description de poste en vue d un recrutement Commis / Commise de cuisine. Description du poste

«Boire est un besoin, mais c est aussi un plaisir, un acte social lors d évènements ou de bons moments»

Partie III : Les déterminants de la santé

Ce document constitue un outil de documentation et n engage pas la responsabilité des institutions

ALCOOL AU TRAVAIL. Sources :

Directives sur la publicité de TF1 Fenêtre publicitaire en Suisse

Le risque TMS chez les intervenants à domicile

Que manger le jour de la compétition (Athlétisme - concours)?

Lors de son activité médicale,

CE QU IL FAUT SAVOIR SUR

Carlo Diederich Directeur Santé&Spa. Tél / c.diederich@mondorf.lu

DEBIT DE BOISSONS I. DONNEES RELATIVES AUX ELEMENTS DU FONDS. A. La clientèle et l enseigne. B. La licence 23/07/2012

Santé des ans : Comment se portent et se comportent les jeunes?

Comment développer les métiers agroalimentaires en Afrique subsaharienne? Extraits d étude

Skol LES PROMOTIONS 6

CPA Canada Tendances conjoncturelles (T1 2015)

Les attentes des consommateurs, changements de comportement et révolution digitale

Guide. d ivresse. de gestion de la crise. en entreprise

NOUVELLE VIE PROFESSIONNELLE Toutes les clés pour réussir

LES ENSEIGNEMENTS DE L OBSERVATOIRE DE L ENDETTEMENT DES MENAGES. LES CREDITS DE TRESORERIE AUX PARTICULIERS EN FRANCE

Estimations 2014 des consommations de produits psychoactifs à 17 ans

L'Obésité : une épidémie?

L INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

Règlement de Jeu DESTINATION PLAISIR MARS 2014

TROP, C EST COMBIEN? Chaque verre compte

Droits et obligations

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

LICENCE DE DEBITS DE BOISSONS ET RESTAURANTS

APS résumé partie III

Pourquoi consomme-t-on de l alcool? Raisons et motifs

Cahier d'exercice n 7 :

COMMENTAIRE PORTAIT COMPARÉ DES CONSOMMATEURS CANADIENS ET AMÉRICAINS. Services économiques TD. Quelques faits stylisés

Le Candidat paramédical Test d aptitude physique. Trousse d information. Élaboré et administré pour Ambulance Nouveau-Brunswick par

Patrice Roy, Director & Associate at European Data Hub S.A.

Confectionner des plats, des mets en mettant en œuvre des techniques et des règles de fabrication culinaire.

Qui sont les enseignants?

Comment utilisons-nous notre argent?

Tout savoir sur les taux d alcoolémie

FAMILLES ET PREVENTION SANTE

Les français et les jeunes conducteurs

9 Septembre Déclaration de soutien au Pacte Mondial

Les durées d emprunts s allongent pour les plus jeunes

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

Si seulement j avais su. Informations sur les effets de l alcool sur la conduite automobile.

Enquête publique sur les changements climatiques Compléments aux graphiques

Le débat actuel sur loi Evin

UN REGAIN D OPTIMISME

La protection sociale en France

missive des Réservations Ceci est votre contrat de service; il comporte des clauses légales, lisez-le attentivement

2 Service de Pharmacologie médicale et toxicologie 191, avenue du doyen Gaston Giraud Montpellier cedex 5

Le dispositif de la maladie imputable au service

PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DES RÉSULTATS QUESTIONNAIRE LAP Campagne 2013/2014

UN 1 ER SEMESTRE EN DEMI-TEINTE

: un risque a chassé l autre

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

COLLECTES SECTEUR A. Veuillez noter que les collectes ont lieu même les jours fériés, à l exception de Noël et du jour de l An.

Tableau de bord sur les addictions en Bretagne

Les Français et le handicap visuel

Sommaire. 1ère Partie: L analyse. 2ème Partie: Le concept. 1. Etude du rosé et de la concurrence. 2. Etude du Bordeaux rosé 3.

Bellevue - Chantenay - Sainte-Anne

DEBITS DE BOISSONS FICHE PRATIQUE R1 LES CATEGORIES DE LICENCES LE PERMIS D'EXPLOITATION LES FORMALITES PREALABLES A L'OUVERTURE.

LES FRANÇAIS, LEUR BANQUE ET LEUR MOBILE Novembre BVA Opinion Céline BRACQ Directrice adjointe Pierre ALBERT Chargé d études

Le secteur agroalimentaire en Provence-Alpes-Côte d Azur

La consommation de tabac chez les jeunes, de 2001 à 2009/10

notre système de consigne sur les boissons gazeuses est menacé d abolition?

Analyse prospective des marchés à l export, par secteur et par pays

Dares Analyses L ACCÈS À L EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPÉES EN 2011

[EN FINIR AVEC LE REFLUX GASTRIQUE]

Q&A Novembre A. Le marché de la location meublée. B. Le marché de la location touristique. C. La location meublée, un marché lucratif?

LES ÉLÈVES INSCRITS EN FORMATION PROFESSIONNELLE ET LEURS BESOINS SPÉCIFIQUES DE SOUTIEN À LA PERSÉVÉRANCE ET À LA RÉUSSITE. QUI SONT-ILS VRAIMENT?

Nicolas DEPORTE Observatoire du GIS Août 2013

Comment les entreprises anticipent-elles le vieillissement de l emploi?

Contrat de Professionnalisation ou Stage? Tout savoir pour bien choisir

CECOP. Centre d études et de connaissances sur l opinion publique LES FRANCAIS ET LEUR RETRAITE. Une enquête CECOP/CSA pour Le Cercle des épargnants

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

Comment détecter les risques psychosociaux en entreprise?

Moyens de production. Engrais

3ème Enquête Nationale sur la Santé des Étudiants

Transcription:

1 Quelle prévention de la consommation d alcool en entreprise? Pr F. PAILLE

Malgré une diminution de consommation depuis une quarantaine d années les Français restent parmi les plus gros consommateurs d alcool en Europe. Luxembourg : 12,2 l d alcool pur/an/habitant Irlande : 11,6 l Portugal : 11 l France : 10,7 l 2

3 Evolution de la consommation totale d alcool pur en litres par adulte (20 ans ou plus) et par an (source : INSEE) 1960 1970 1980 1990 1999 27,4 25 23 18,3 13,4

Evolution de la consommation de boissons alcoolisées en litres par habitant et par an en France (Source : ANPA) BOISSONS Consommation totale en milliers d'hectolitres 1960 1970 1980 1990 1999 Vin Bière Spiritueux 126,9 35,4 2,0 109,1 41,2 2,3 91 44,3 2,5 73,1 41,5 2,5 57,2 38,7 2,4 Dans le même temps, entre 1970 et 1990, la consommation de jus de fruits a été multipliée par près de 6 et celle d eaux minérales par 2,5. 4

La diminution de consommation se fait surtout au détriment des vins de table (encore que cette consommation tende à remonter depuis une dizaine d années). Les Français tendent à privilégier une consommation dite «d agrément», portant sur des vins de qualité. 5

La bière est la boisson privilégiée des jeunes. Ils sont de plus en plus attirés par des bières à fort degré vendues en canettes de grande contenance. La consommation de bière décroît très lentement depuis 1975. 6

La consommation de spiritueux est stable. 7

La consommation d alcool en milieu professionnel La consommation d alcool observée chez les salariés semble similaire à celle de la population générale d âge comparable (cohorte Gazel,, 1988). 8

9 Consommation d alcool chez les salariés EDF-GDF en verres par jour (d après l étude Gazel,, 1989) Consommation quotidienne d alcool 5 verres et plus 3 à 4 verres 1 à 2 verres 0 verre ou occasionnelle Hommes (%) 12,6 18,7 16,7 52 Femmes (%) 1,2 3,5 14,9 80,4

10 Il existe une pression sociale en matière de consommation d alcool : 40 % des personnes interrogées estiment qu il est «souvent difficile de refuser de boire quand on est invité». (IPSOS, 1988) 71 % des personnes interrogées es consomment de l alcool lors des repas d affaire, d avec pour 35 % d entre elles une consommation augmentée e par rapport à leur consommation habituelle. (IPSOS, 2001)

Toutes les professions sont exposées. es. Classiquement : Professions peu diplomées peu valorisées conditions pénibles p (extérieur,intemp rieur,intempéries ) traditions (bâtiment, agriculture ) Professions en contact avec le public 11

La quasi-totalit totalité des branches professionnelles est concernée e par une consommation excessive d alcool, d même si le secteur bâtiment - travaux publics demeure particulièrement rement sensible. Mais le pourcentage de consommateurs d alcool d s és élève sensiblement avec les diplômes : 81,4 % pour le niveau bac ou supérieur 69,6 % pour les autres niveaux d éd études Dans tous les cas, le nombre moyen de verres consommés s par les hommes dans le milieu du travail est 1,5 à 2 fois > à celui des femmes. 12

13 Les circonstances favorisantes Modification des conditions de travail : - moins de charge physique - plus de charge mentale et de stress Avant,, alcoolisation = hydratation + apports énergétiques Actuellement = anti-stress Dans tous les cas, la pénibilitp nibilité du travail reste un facteur de risque

Contraintes dans le travail et consommation d alcool (enquête Gazel) Conditions de travail Gros buveurs (%) En plein air plus de la moitié du temps Régulièrement en contact avec le public Déplacements longs, fréquents Charges lourdes Secousses ou vibrations Rester longtemps debout 16,4 13,7 13,7 16,5 17,1 14 14

Les habitudes sociales en milieu du travail - occasions de boire nombreuses (pots ) - Il est encore difficile de ne pas consommer : le milieu tend à exclure le non-consommateur d alcool Enquête IPSOS sur les 6 premiers mois de 2006-7 salariés sur 10 ont participé au moins une fois à un pot dans leur entreprise - Moyenne sur 6 mois = 2,5 pots/personne. 15

16 Les repas d affaires A l occasion des repas d affaire, 74 % des personnes interrogées disent boire de l alcool, dont : - 21 % qui ne le font pas habituellement - 14 % qui consomment plus qu habituellement

17 Les accidents du travail liés à la consommation d alcool - Problème important, mais peu d études - On estime que l alcool est directement responsable de 10 à 20 % de ces accidents - Parmi les personnes en cause, une proportion importante aurait des signes d alcoolisation chronique (1/4 hommes, 1/3 femmes).

18 Alcool et absentéisme, rendement, qualité du travail Plus généralement : les problèmes d accès au travail liés à l alcool (ou l alcool en tant que facteur d exclusion du travail)

19 Quelle prévention? - Rôle de la médecine du travail dans la prise en compte des problèmes d alcool au travail : - Conditions de travail - Aptitude - Information - Dépistage (RPIB) - Place dans le réseau de prise en charge

20 Quelle prévention? - Rôle des autres partenaires : Direction, syndicats, structures externes -Les moyens : Charte Règlement intérieur Campagnes