Tirer les leçons du passé pour créer les conditions d un avenir meilleur. Tokyo, 28 septembre 2009

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Transcription:

Discours de M. Koïchiro Matsuura, Directeur général de l UNESCO, à l occasion de la cérémonie d ouverture de la Conférence UNESCO/UNU sur l Afrique et la mondialisation Tirer les leçons du passé pour créer les conditions d un avenir meilleur Tokyo, 28 septembre 2009 Messieurs les Présidents, Monsieur le Recteur Osterwalder, Monsieur le Secrétaire d État aux affaires étrangères, Monsieur le Vice-Ministre principal de l éducation, de la culture, des sports, des sciences et de la technologie, Excellences, Mesdames et Messieurs, J ai le grand honneur et le grand plaisir d ouvrir cette 7 e internationale UNESCO/UNU sur la mondialisation. Conférence Tous les ans depuis 2003, l UNESCO et l Université des Nations Unies (UNU) réunissent des décideurs politiques et des experts du monde entier pour débattre des incidences de la mondialisation dans un large éventail de domaines, de l enseignement supérieur et des sciences et de la technologie au patrimoine culturel immatériel et à la diversité linguistique. Cette année, nous adoptons un point de vue régional et portons notre attention sur ce que la mondialisation signifie pour l Afrique. Ce thème est d actualité. Un demi-siècle après la décolonisation, l Afrique se trouve face à une nouvelle série de défis et d opportunités sans précédent, à laquelle la communauté internationale dans son ensemble se doit de répondre. Sur un plan plus personnel, je suis également ravi de voir l Afrique au centre de l attention. J ai commencé ma carrière de diplomate japonais au Ghana au début des années 1960, et couvert 10 pays de l Afrique de l Ouest. Au cours des décennies qui ont suivi, je me suis employé à renforcer la coopération en matière DG/2009/123 - Original anglais

de développement entre mon pays et ce continent, ouvrant la voie à un renforcement considérable de l aide du Japon à l Afrique dans les années 1980 et 1990 et au lancement du processus de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l Afrique (CITDA). C est avec la même détermination que depuis 1999, j ai entrepris à l UNESCO d intensifier le soutien de l Organisation aux États membres africains, mais aussi de nouer des liens étroits avec le vaste réseau des organisations régionales et sous-régionales africaines. Et cela a été fait. Aujourd hui, je suis fier de dire que répondre aux besoins de l Afrique est pour l UNESCO la priorité des priorités. Je suis donc très heureux que la dernière conférence UNESCO/UNU à laquelle j assisterai en tant que Directeur général soit axée sur un continent à la croissance et au développement duquel j ai œuvré tout au long de ma carrière. J ai maintenant le très grand honneur de vous présenter nos invités de marque. Nous avons le privilège de compter parmi nous de nombreux acteurs et artisans du développement de l Afrique durant les cinquante dernières années. Je voudrais souhaiter très chaleureusement la bienvenue à M. Olusegun Obasanjo, ancien Président du Nigéria, à M. John Kufour, ancien Président du Ghana, à M. Alpha Konaré, ancien Président du Mali et Président de la Commission de l'union africaine, à M. Sam Nujoma, ancien Président de la Namibie, et à M. Antonio Eanes, ancien Président du Portugal. Excellences, je vous remercie d être venues éclairer nos débats de votre expérience et de votre sagesse. Permettez-moi également d accueillir et de remercier nos autres distingués invités. Des décideurs politiques, des experts reconnus et des représentants de la société civile d Afrique et d ailleurs participent à cette conférence. Je leur souhaite la bienvenue à Tokyo. J aimerais remercier le Gouvernement japonais d avoir apporté son soutien à la présente réunion, comme à toutes les conférences organisées depuis 2003. J adresse des remerciements tout particuliers à M. Tetsuro Fukuyama, Secrétaire d État aux affaires étrangères, qui, malgré un emploi du temps chargé, a trouvé le temps de prendre la parole à cette séance d ouverture. Permettez-moi enfin d exprimer ma gratitude et mon estime à notre partenaire et notre hôte, l Université des Nations Unies, et en particulier à mon collègue, le recteur Konrad Osterwalder et à son prédécesseur, le professeur Hans Ginkel, DG/2009/123 - page 2

avec lequel j ai lancé cette série de conférences annuelles qui est devenue un symbole de la coopération croissante entre nos deux institutions. J espère que cette collaboration continuera à se renforcer à l avenir. Excellences, Mesdames et Messieurs, Cette conférence intervient à un moment crucial pour l Afrique. Au cours de la dernière décennie, des progrès majeurs ont été accomplis sur une grande partie du continent : croissance économique en hausse, baisse des taux de pauvreté, consolidation de la gouvernance démocratique et renforcement de la coopération à l échelle régionale et sous-régionale. Néanmoins, une série de crises - économique, alimentaire, énergétique, climatique, environnementale - menacent de remettre en cause ces progrès. Nous devons empêcher cela. Nous ne pouvons pas permettre que les avancées de ces dernières années soient stoppées, ou pire, balayées. C est la raison pour laquelle l UNESCO et l UNU ont organisé cette conférence, qui doit servir de cadre à une réflexion sur les types de politique nécessaires à la poursuite du développement de l Afrique. Comment pouvons-nous transformer cette période de crises multiples en une chance de susciter un changement positif? Je voudrais faire trois remarques. La première concerne les dirigeants africains. Il est essentiel qu existe au plus haut niveau une volonté politique en faveur de la paix et de la démocratie. Elle est la condition indispensable d un développement inclusif et durable. La crise doit inciter les gouvernements africains à agir avec une bien plus grande diligence pour remédier aux inégalités et protéger les libertés et les droits fondamentaux. Cela exige notamment des mesures spéciales pour mettre les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables à l abri des répercussions de la crise économique et d autres chocs mondiaux. Les femmes et les filles étant généralement les premières victimes, il faut redoubler d efforts pour faire de l égalité des sexes une priorité dans toutes les initiatives en faveur du développement. Toutefois, même la volonté politique la plus forte et les meilleures politiques nationales échoueront sans une aide internationale accrue. C est l objet de ma deuxième remarque : le temps de la solidarité internationale est venu. DG/2009/123 - page 3

La crise économique, pas plus que la crise du changement climatique, n est le fait de l Afrique. Pourtant, ce sont les pays les plus pauvres, les moins à même de faire face, qui sont les plus touchés. Le monde développé a le devoir de contribuer à réparer cette injustice. Le G-8 et le G-20 ont pris de nombreux engagements, mais les pays africains attendent toujours de voir ces promesses se transformer en fonds rapidement disponibles et utilisables sur le terrain. Pour des raisons humanitaires et de sécurité mondiale, les pays riches doivent faire beaucoup plus, et ce, de toute urgence, pour aider les pauvres en Afrique. Ma troisième remarque concerne la direction dans laquelle doivent se porter nos efforts et nos ressources. En temps de crise, il faut faire des choix et définir des priorités. La décision la plus sensée pour l avenir à long terme de l Afrique consiste à se concentrer résolument sur le renforcement des connaissances et des compétences des Africains en investissant dans l éducation, la science et la culture. Ces trois secteurs forment l assise de tout développement inclusif et durable. Ils sont aussi les moteurs de la croissance dans l économie du savoir d aujourd hui, où la créativité humaine est la ressource la plus précieuse. Ce sont, tout simplement, les investissements les plus sages qu un pays puisse entreprendre. Durant les dix dernières années, les dirigeants africains se sont engagés dans des initiatives audacieuses visant à réformer leur système éducatif, à stimuler le secteur des sciences et de la technologie et à faire de la richesse du patrimoine culturel du continent un levier de la renaissance de l Afrique. L Union africaine a joué un rôle central dans la conduite de ces réformes. J aimerais rendre un hommage appuyé à M. Konaré, qui, en tant que Président de la Commission de l Union africaine, a tant fait pour que l éducation, les sciences et la culture soient au cœur des efforts de développement du continent. J ai eu le privilège d assister à des sommets de l UA en tant qu invité spécial lorsque ces initiatives ambitieuses ont été lancées, et l UNESCO collabore étroitement avec les pays africains pour assurer leur succès. Permettez-moi de dire quelques mots de notre action dans chacun de ces trois domaines prioritaires. DG/2009/123 - page 4

J évoquerai tout d abord nos efforts collectifs en vue de la réalisation de l Éducation pour tous (EPT) et des Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à l éducation. Alors que les deux tiers du chemin jusqu à la date butoir de 2015 ont été parcourus, nous pouvons noter de réels progrès. La dernière décennie a vu les taux de scolarisation dans l enseignement primaire bondir de 42 % en Afrique. C est la hausse la plus importante dans le monde et l une des plus belles réussites du continent. Il s agit maintenant d accélérer ce progrès, tout en améliorant la qualité et en élargissant l accès aux niveaux supérieurs de l éducation. La dimension qualitative est primordiale. Nous devons faire en sorte que l éducation donne aux apprenants les compétences nécessaires pour se prendre en main et améliorer leur existence : des compétences professionnelles, mais aussi la capacité de promouvoir la paix et d être des citoyens actifs et de mener une vie respectueuse de l environnement. Lors de leur réunion au Caire, en juin dernier, les ministres africains des finances et de l éducation se sont déclarés fermement déterminés à soutenir les avancées en matière d éducation malgré la conjoncture économique. Cependant, la plupart des pays africains ne peuvent y parvenir seuls. Ils ont besoin d une aide extérieure. En tant que chef de file du mouvement de l EPT, l UNESCO continuera d appeler énergiquement les donateurs à fournir les ressources qui font défaut. Le G-8, en particulier, doit tenir sa promesse de reconstituer les fonds de lancement de l Initiative pour la mise en œuvre accélérée de l'éducation pour tous de façon que les pays dotés de plans solides dans le domaine de l éducation aient les moyens de les mettre en œuvre. L UNESCO s emploie également à renforcer la coopération multilatérale, afin que les gouvernements reçoivent une aide coordonnée, adaptée à leurs besoins en matière d éducation. La deuxième priorité de l action en Afrique est le développement des capacités dans le domaine des sciences et de la technologie. À ce jour, l UNESCO collabore avec plus de 20 pays africains pour imprimer un nouvel élan à leur politique scientifique. L un de nos premiers partenaires a été le Nigéria, après la décision du Président Obasanjo de mettre les sciences au cœur de la stratégie nationale pour l indépendance économique de ce pays. DG/2009/123 - page 5

Un engagement politique aussi fort en faveur des sciences est particulièrement important dans le contexte mondial actuel. Le relèvement et la croissance des économies africaines exigent un secteur scientifique dynamique. Il est également primordial de trouver des solutions aux grands défis du développement, depuis les crises alimentaires et énergétiques jusqu à la dégradation de l environnement et au changement climatique. Demain, vous examinerez comment l Afrique peut devenir un acteur clé dans l économie verte qui se dessine. La première étape essentielle consiste à bâtir aux niveaux national et régional des systèmes solides pour promouvoir la science, la technologie et l innovation. J en viens à la troisième priorité de notre action : la culture. L un des atouts majeurs de l Afrique est la richesse de son patrimoine culturel. Le savoir et les traditions autochtones sont riches d enseignements inestimables sur le développement durable et la préservation de la biodiversité, non seulement en Afrique mais dans l ensemble du monde. Les dirigeants africains ont été les premiers à reconnaître l importance pour le développement de la protection et de l exploitation des différentes traditions culturelles du continent. La culture occupe une place de choix dans le plan d action de l UA pour la science et la technologie, et est au cœur de la vision de la seconde Décennie de l'éducation. Il va sans dire que l UNESCO approuve pleinement cette orientation. Nous faisons tout pour que la culture ait sa place dans le Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement et les programmes de financement bilatéraux. Trop d initiatives en faveur du développement échouent parce qu elles ne tiennent pas compte de cette dimension fondamentale. Excellences, Mesdames et Messieurs, Nous sommes réunis à un moment particulièrement difficile pour l Afrique. Cependant, cette période de crise offre une occasion unique de changer. Nous devons saisir cette chance et tracer une voie nouvelle pour le développement de l Afrique. Une volonté politique sans faille, s appuyant sur des politiques appropriées et le soutien de la communauté internationale, est nécessaire à cet effet. Forts de cette volonté et de cette solidarité, nous pouvons faire émerger une mondialisation plus inclusive et durable dans laquelle l Afrique jouera pleinement son rôle. Je vous remercie. DG/2009/123 - page 6