Journées nationales des IAE 3 et 4 avril 2006 Montpellier «Les sciences de Gestion, acquis et perspectives»



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«Les sciences de Gestion, acquis et perspectives» L analyse des réseaux sociaux, quels apports pour les sciences de gestion? Séverine VENTOLINI seventol@yahoo.fr Centre de recherche Magellan IAE, Université Lyon 3 6 cours albert thomas 69008 Lyon Résumé Depuis plusieurs années, les recherches en sciences de gestion proposent des cadres théoriques qui permettent de prendre en compte les relations entre les acteurs économiques et sociaux. Parmi ces derniers, on trouve les théories du capital social et l analyse des réseaux sociaux issus de la sociologie. Ce cadre d analyse est, en effet, de plus en plus utilisé dans les recherches en gestion. Cependant toutes les études ne mobilisent pas les mêmes théories ou concepts. Avant de prolonger cette voie de recherche, il nous semble important d avoir une vision claire de ce que représentent le capital social et l analyse des réseaux sociaux. En partant d une grille de lecture basée sur les niveaux d analyse, nous distinguerons l approche basée sur les relations dyadiques de l approche structurale. A travers cette distinction, il s agira de revenir sur les différentes théories de l analyse des réseaux sociaux et de comprendre à quelles problématiques ce cadre d analyse permet de répondre. Nous reviendrons également sur les perspectives de recherche qu offre encore l analyse des réseaux sociaux. 1

Depuis plusieurs années, les recherches en sciences de gestion proposent des cadres théoriques qui permettent de prendre en compte les relations entre les acteurs économiques et sociaux. En effet, avec la fin de la grande entreprise paternaliste fordienne, l attention des chercheurs se porte davantage sur la gestion des relations entre les organisations (partenariats, sous-traitance.) ou entre les individus (liens entre le subordonné et son superviseur, les conflits interindividuels ). Au cours des années 1980 ont ainsi émergé trois grands ensembles de théories portant sur l analyse des liens inter-organisationnels mais aussi inter-individuels. Un premier ensemble de théories, issues des sciences économiques, est constitué par les différentes ramifications de la théorie des contrats, avec notamment la théorie des coûts de transaction et la théorie de l agence. Un deuxième ensemble de théories d origine sociologique cette fois, regroupe les approches institutionnalistes. Il comprend le néo-institutionnalisme américain, l analyse sociétale et les systèmes d affaire. Enfin, on a développé les théories du capital social et des réseaux sociaux. C est à ces dernières que nous allons nous intéresser dans cet article. L analyse des réseaux sociaux se distingue par les nombreux objets d analyse auxquels elle peut s appliquer et la diversité des outils de mesure qui peuvent être utilisés. Jusque là réservés à la sociologie, le capital social et l analyse des réseaux sociaux sont désormais utilisés dans un champ plus large des sciences sociales et en particulier en sciences de gestion. Depuis plusieurs années, les sciences de gestion connaissent un réel engouement pour l analyse des réseaux sociaux. Cette dernière présente un intérêt pour l ensemble des sciences de gestion. Elle permet, en effet, un éclairage nouveau de problématiques anciennes ou récentes dans des domaines de la GRH, de la stratégie ou du comportement organisationnel. Mais les différentes études qui ont recours à l analyse des réseaux sociaux ne mobilisent pas toujours les mêmes théories et concepts. Il nous paraît donc important d avoir une vision claire de ces derniers afin de pouvoir continuer à avancer dans ce courant de recherche. Le but de cet article est de les présenter et de montrer comment l analyse des réseaux sociaux peut être utilisée dans les différents champs de la gestion. Nous allons donc dans un premier temps montrer que les réseaux sociaux sont un cadre conceptuel important dans la mesure où ils permettent une analyse au niveau 2

méso-social, nous reviendrons ensuite sur les théories et montrerons à quelles problématiques de gestion elles peuvent répondre. 1. Les réseaux sociaux dans le paysage théorique L originalité de la théorie des réseaux sociaux est de prendre pour objet d étude les relations entre les individus et non pas les individus ou groupes d individus euxmêmes. «Le moteur social causal derrière ce que les gens ressentent, croient, font repose sur les formes des relations sociales entre acteurs au sein d une situation sociale donnée» (Burt, 1991, cité par Mercklé, 2004). Les théories des réseaux sociaux vont permettre de prendre en compte l ensemble des interactions sociales qui peuvent influencer le choix des individus et des organisations. De ce fait elles vont intéresser les sciences de gestion. Ce type d analyse apporte également un nouvel éclairage sur la performance, qu elle soit individuelle ou organisationnelle. Pour Granovetter (2000), à l origine du concept d embedness (traduit par encastrement), les institutions et comportements économiques sont inscrits dans une sphère sociale dont il est impossible de faire abstraction. L analyse des réseaux sociaux s inscrit dans ce cadre théorique plus large, dans cette logique d encastrement de l action des individus dans un ensemble de relations sociales. Les réseaux sociaux sont, pour Granovetter, la «troisième voie» face à une vision sursocialisée (qui est celle de la théorie institutionnaliste en économie et holiste en sociologie) ou sous-socialisée (de la théorie néoclassique en économie et de l individualisme méthodologique en sociologie) des individus et des organisations. L intérêt principal de l analyse réticulaire est de considérer les actions des individus (ou des organisations en tant qu acteur) ni totalement contraintes, ni totalement libres (ou absolument rationnelles), mais des actions dans le cadre d une rationalité «contextualisée» (Mercklé, 2004 p.95). En effet, les théories des réseaux sociaux permettent de mettre l accent non pas sur un individu isolé mais inséré dans un ensemble de relations qui vont avoir une influence sur ses choix. L analyse des réseaux sociaux autorise donc une analyse au niveau «méso-social», c est à dire élargie aux relations de l acteur. Or, comme le rappelle I. Huault (1998), au niveau de la firme, on peut noter «la présence de situations où les réseaux sociaux jouent un rôle central [qui] ne saurait être négligé». L analyse des réseaux sociaux va donc permettre un éclairage de ces situations. 3

Par ailleurs, elle contribue à l analyse des performances individuelles et organisationnelles. Du point de vue de l individu elles permettent de montrer comment la structure des relations sociales peut favoriser l atteinte des buts des individus (progression de carrière (Burt 1992; Seibert & al., 2001), la créativité ou l innovation des équipes (Soda & al., 2004). En effet, être inséré dans un réseau social peut permettre de trouver plus facilement des solutions à un problème rencontré et de réduire toute sorte de coûts (transaction, coordination, opportunité.) (Burt, 2000). D un point de vue organisationnel, l ajustement par les relations sociales permet d apporter des éléments favorables à la performance des firmes tels que la confiance, le transfert d information ou l arrangement à l amiable, éléments qu on ne retrouve pas dans l ajustement par le marché (Uzzi, 1997). Même s il faut être conscient des limites et des contradictions internes des théories de l analyse des réseaux sociaux, ces dernières, qu elles soient perçues comme un nouveau paradigme ou une simple boîte à outils (le débat n est pas tranché), sont utiles pour les sciences de gestion (Huault, 2004). Il existe une confusion courante entre ce qu on appelle les réseaux sociaux et le concept de capital social. Si le capital social existe à l intérieur d un réseau social, il ne se superpose pas à ce dernier. En effet, l existence de relations entre acteurs est une condition nécessaire mais non suffisante à l existence de capital social. Comme le soulignent Degenne & Forsé (2004), pour être mobilisée encore faut-il qu une relation soit mobilisable. Par exemple, si un individu a besoin de l aide de certains membres de son réseau pour atteindre un objectif, il faut que ces derniers détiennent les ressources nécessaires, mais il faut qu ils soient prêts à lui accorder leur aide. Deux conditions supplémentaires sont donc nécessaires : il faut d une part que le contact auquel on est connecté ait une ressource utile pour l individu et, d autre part, que ce contact soit prêt à donner accès à cette ressource à l individu. Le capital social est, de ce fait, la ressource que l on peut tirer d une ou des positions occupées par les acteurs dans un réseau (une structure). Même s il n existe pas de définition unanime, la proposition centrale de la théorie du capital social ou l hypothèse implicite sur laquelle s appuie l analyse des réseaux sociaux, et sur laquelle la plupart des auteurs sont d accord, est que les relations sociales sont une ressource pour l action sociale. 4

2. L analyse des réseaux sociaux : les théories Si les relations sociales sont une ressource à ne pas négliger, encore faut-il comprendre à travers quels mécanismes ils peuvent aider l individu ou l organisation. C est à cette question que répondent les théories des réseaux sociaux. Parce qu on peut distinguer les études sur les réseaux de relation en fonction de ce qui, dans la structure sociale va apporter des bénéfices à l acteur social nous choisissons de distinguer (Lazega,1998) les approches centrées plus spécifiquement sur l analyse des relations dyadiques et celles qui analysent l ensemble du schéma de relations dans lesquelles l acteur est inséré, approche qualifiée de structurale dans laquelle les structures sont décrites et comparées, et à travers laquelle on peut analyser la position de l individu dans une structure donnée de relations sociales. (cf schéma 1) Les auteurs qui s inscrivent dans l approche en termes de structure cherchent à montrer qu une structure en réseau particulière apporte des bénéfices soit pour la collectivité ou l ensemble des acteurs appartenant au réseau social (Putnam, 1993, 1995), (on retrouve alors l idée d un capital social comme bien public) i, soit pour l individu (le capital social est alors considéré comme étant un bien privé) i. L approche de la forme structurale met l accent sur la structure des relations dans laquelle l ego (i.e. la personne focale dont on va étudier le réseau de relations) est encastré, et le type particulier de bénéfices qu il peut en retirer. Deux écoles qui se complètent plus qu elles ne s opposent appartiennent à ce type d approche : celle qui s appuie principalement sur les travaux de Coleman(1988) pour qui une structure de réseau «fermée» (closure network) est plus bénéfique pour les individus, et celle de Burt qui montre qu une structure riche en trous structuraux (i.e. lorsqu il y peu de relations entre des contacts non redondants) sera plus performante. La seconde approche met l accent sur les relations dyadiques entre l ego et un alter (contact) donné. Le but des auteurs qui s inscrivent dans cette approche est de montrer que la nature d une relation particulière va jouer sur les bénéfices qu en retirera l individu. Dans cette approche, les auteurs étudient soit les types de liens qui apportent des bénéfices particuliers (par exemple, Granovetter montre que selon la 5

force des liens, les bénéfices pour l individu sont différents), soit les ressources auxquelles les contacts permettent d accéder (Lin, Ensel, Vaughn, 1981). 2.1. L analyse des relations dyadiques En s intéressant principalement aux relations dyadiques Granovetter puis Lin montrent que certains types de liens ou contacts auxquels ils permettent d accéder seront plus à même de profiter aux individus. L analyse de la nature des liens, proposée par Granovetter dans son article fondateur de 1973 «The Stengh of Weak Ties» part de l idée que les individus entretiennent une multitude de liens, mais que tous ne sont pas de même nature et n apportent pas les mêmes bénéfices. En effet, certains contacts vont être des proches, des amis, et d autres de simples connaissances. Or, seuls ces derniers, avec qui on entretient une relation caractérisée par un lien faible, c est à dire ceux que l on voit rarement ou avec lesquels on n a pas de relation très intime, vont apporter de nouvelles informations ou opportunités à l individu. En effet, pour Granovetter les liens forts ont tendance à créer des zones fermées (les amis de mes amis sont mes amis parce que les chances que je les voie souvent et que je les apprécie sont élevées) ce qui va, certes permettre une circulation rapide de l information, mais pas d en acquérir de nouvelles. Au contraire il y a de fortes chances pour que toutes les personnes appartenant au même cercle d amis ou au même cercle professionnel restreint partagent la même information. En conséquence, les nouvelles informations ou opportunités proviennent plutôt de liens faibles, car ce sont ces liens qui relient les individus à d autres groupes fermés où s échangent d autres informations. Les liens faibles sont donc, pour Granovetter, plus utiles que les liens forts lorsque l information originale est la ressource clé de l action. Cette utilité, Granovetter (1995) l a montrée dans ses travaux portant sur le processus de recherche d emplois des individus. L auteur montre que la majorité des emplois trouvés l ont été via des contacts personnels et, en particulier des contacts personnels avec qui le chercheur d emploi entretient une relation caractérisée par un lien faible. Les liens faibles sont donc, selon l auteur, plus utiles que les liens forts dans la mesure où ils facilitent le processus de diffusion des informations des offres 6

d emploi et sont, alors, des instruments indispensables aux individus pour saisir certaines opportunités qui s offrent à eux. La théorie des ressources sociales développée dans un premier temps par Lin et al. (1981) va au-delà de l analyse de la nature des liens. Cette théorie complète celle de Granovetter. En effet, pour ces auteurs, ce n est pas le lien en lui-même qui va aider l individu à atteindre son but mais les ressources accessibles par l intermédiaire de ce lien. Ces sociologues se sont dans un premier temps intéressés au statut de l emploi obtenu par des individus à la recherche d un emploi. Ils ont montré, qu à niveau de diplôme égal, les ressources sociales (qu ils définissent comme «la richesse, le statut, le pouvoir ainsi que les liens sociaux des personnes directement ou indirectement liées à l individu») jouent un rôle déterminant dans le statut de l emploi obtenu. Cette théorie s inscrit dans la lignée de la vision de Bourdieu, dans la mesure où la société est considérée comme stratifiée, chaque individu ayant une position sociale lui conférant un accès plus ou moins important aux ressources telles que le pouvoir, le statut, etc. Les auteurs vont montrer que le statut d emploi atteint par l individu est d autant plus élevé que la position du contact, qu il mobilise pour sa recherche d emploi, en termes de statut d emploi, est élevée. Ils montrent cependant que la position initiale de l ego affecte les possibilités de contacts avec des personnes situées plus haut dans les rangs de la société. C est donc l accès à un individu occupant cette position élevée qui sera critique, et non pas la nature du lien. Le rapport, entre la force du lien qui unit l individu à la recherche d un emploi et son contact, ne serait que indirect dans l acquisition du statut conféré par l emploi. Les liens faibles ne sont qu un moyen d atteindre des contacts éloignés dans la hiérarchie sociale. Cette théorie a été reprise en abandonnant la conception verticale des positions donnant un accès plus ou moins large aux ressources (Seibert & ali., 2001). C est dans cette perspective que cette théorie nous paraît d ailleurs être la plus intéressante : on ne s intéresse dans ce cas plus au niveau hiérarchique donc au niveau de ressources du contact mais à la pertinence i.e. aux types de ressources auxquelles il permet d accéder (Chollet, 2004). On peut ainsi discriminer en quelque sorte les contacts en fonction des ressources utiles pour l acteur dans l atteinte de 7

son but. Tous les contacts de l individu ne sont pas mis sur le même pied d égalité, car ils n ont pas la même utilité aux yeux de l acteur social. Cette utilité et donc les contacts qu il cherchera à mobiliser, à un moment donné, seront fonction du but qu il cherche à atteindre. L analyse de la nature des liens ou l analyse des ressources accessibles via ces liens s inscrit plus dans une analyse de contenu de ce qui est échangé dans une relation, et du processus selon lequel cela se produit. Cette étape de qualification des ressources échangées ou du type de relation que l on cherche à étudier est une étape essentielle dans la compréhension du fonctionnement des organisations. L analyse du contenu des liens n est d ailleurs pas à l opposé des analyses structurales que nous allons aborder maintenant. En effet, une analyse structurale suppose (entre autres) d avoir préalablement spécifié et délimité le réseau qui fera l objet de l étude et donc d avoir qualifié le contenu de ce qui est échangé dans ce réseau social. 2.2. L analyse en termes de structure De nombreux outils liés à la théorie des graphes sont utilisés pour l analyse structurale que ce soit pour mesurer les propriétés de la structure sociale et comparer ces structures (densité, connexité, équivalence structurale ) ou pour caractériser et comparer les individus à travers leur position à l intérieur du réseau social (centralité, prestige). Un pan de l analyse des réseaux sociaux s intéresse à l efficacité des structures des réseaux sociaux. Il s agira de comparer l efficacité de certaines structures de réseau en dégageant des propriétés de cette structure. La théorie la plus connue sur ce sujet est celle des «trous structuraux» (structural holes) de Burt (1992). Pour cet auteur l existence d opportunités exploitables va rendre une structure de réseau plus efficace pour un individu dans la mesure où elle lui permettra de développer des avantages concurrentiels. Le concept de trou structural, central dans la théorie de Burt, désigne l absence de relation entre des contacts non redondants (i.e. des contacts qui permettent un accès à des personnes ou des ressources différentes). Si une structure est riche en trous 8

structuraux, l acteur pourra alors se poser en intermédiaire entre ces contacts non redondants. Il sera ainsi une sorte de pont, un point de passage obligé entre deux contacts qui sont ou ont eux-mêmes des accès à des ressources différentes. En s appuyant sur l idée de tertius gaudens de Simmel (1908), Burt montre alors que cette position d intermédiaire, peut procurer à l individu deux types de bénéfices ou d opportunités de bénéfices. Des bénéfices de contrôle, d une part, notamment de ce qui circule entre les deux contacts ou groupes de contacts, dans la mesure où il deviendra l intermédiaire de communication privilégié ; des bénéfices en informations, d autre part. En effet, lorsque le réseau est riche en trous structuraux, les gains en information sont renforcés car, d une part leur volume est plus élevé, du fait d un plus grand nombre de contacts et, d autre part, la qualité des gains est plus grande car les liens sont variés. Etre le point de passage entre des contacts (ou groupes de contacts) non redondants permet donc de bénéficier d informations plus nombreuses, plus variées, d être plus tôt informé et d être plus que d autres, un candidat pris en compte lorsque de nouvelles opportunités apparaissent, c est ce que rappellent Degenne & Forsé (2004), en citant les bénéfices d accès, les bénéfices de synchronisation et de ceux de renvoi d opportunité liés aux bénéfices d informations. Dans la théorie de Burt, les avantages en termes d informations et de contrôle se cumulent et se renforcent. Les individus avec des réseaux de contacts riches en trous structuraux sont des individus qui sont en position d exercer un contrôle et d exploiter les opportunités de récompenses présentes dans ce réseau. Burt (1992) va montrer que les directeurs d une grande entreprise de haute technologie qui ont le plus de capital social i.e. ayant des réseaux plus riches en trous structuraux et donc en information et contrôle bénéficient de promotion plus rapide (atteignent le grade manager senior plus rapidement) au sein de l organisation. La détention de capital social, qui est pour Burt (2000), une métaphore qui se réfère à l opportunité, permet d accéder au rang hiérarchique supérieur à un âge plus précoce que l âge attendu de la promotion (Burt, 1992). En développant un outil d analyse précis (la contrainte de réseau mesurée à partir de la taille, de la densité et de la hiérarchie du réseau), la théorie de Burt permet de tester dans quelle mesure le «capital social d un individu peut expliquer un niveau 9

de performance particulier. Par ailleurs, il faut noter que beaucoup d études sur le capital social s inscrivent dans le prolongement des travaux de Burt et utilisent son outil de mesure pour appréhender de manière opérationnelle le «capital social». Contrairement à Burt, Coleman (1988) défend l idée selon laquelle ce sont surtout les structures fermées (closure networks) qui vont apporter des bénéfices à l individu. C est donc une structure sociale fermée (ou dense) i.e. des contacts fortement connectés entre eux qui va faciliter l existence des différentes formes de capital social i.e. pour Coleman, des normes sociales mais également de la confiance à l origine des obligations et attentes sociales, et de la réputation dont peut jouir un individu. Les relations sociales structurées ainsi créent et permettent de maintenir un cadre normatif clair dans lequel chaque individu peut rationnellement déterminer quels chemins d action sont dans son intérêt. La structure en réseau la plus efficace pour Burt ou pour Coleman n est pas la même. Cependant plus qu une opposition, c est une complémentarité qu il faut voir entre les théories de ces deux auteurs. En effet, le désaccord ne tient plus à partir du moment où on considère que chaque type de structure de réseau (riches en trous structuraux versus contacts fortement connectés) apporte des bénéfices différents. Si la structure en réseau défendue par Burt est la plus efficace pour l acquisition de nouvelles informations, ressources et opportunités, une structure où les relations sont fortes et cohésives entre les membres du réseau va apporter à l individu un sens d appartenance personnelle à une collectivité et des attentes normatives claires par rapport à son rôle. Or les deux types de bénéfices peuvent être utiles à l acteur pour l atteinte de ses objectifs (Podolny & Baron, 1997). 3. L analyse des réseaux sociaux en sciences de gestion : apports et perspectives La plupart des travaux en gestion utilisent une ou plusieurs de ces théories. Cela dépend de l objet d étude de la recherche. Dans la mesure où l analyse des réseaux sociaux s impose de plus en plus dans la littérature de gestion, il nous semble important de revenir sur les grandes problématiques qu elle permet de traiter et sur les champs de recherche les moins explorés. 10

3.1. Quelle utilité pour la gestion? Si l approche centrée sur les relations dyadiques et celle centrée sur l analyse de la structure peuvent être complémentaires, elles ne soulèvent cependant pas les mêmes problématiques. L approche focalisée sur les relations dyadiques va plus se concentrer sur la nature des relations et le contenu de ce qui est échangé à travers les liens qui rapprochent les individus. En effet, il s agira de comprendre quels liens sont les plus utiles pour l individu et pourquoi c est à dire quelles ressources sont accessibles à travers ces liens. Ainsi Hansen (1999) qui s intéresse à 120 groupes de projet dans une entreprise du secteur électronique montre que les liens faibles qui relient un membre de l équipe à d autres parties de l organisation facilitent la recherche d informations, ils ne permettent cependant pas d accumuler des connaissances complexes ou approfondies (qui se transmettent plutôt par des liens forts). En gestion des ressources humaines, Wegener (1991) va également montrer la contingence des liens forts et faibles. En effet, selon cet auteur, en termes de promotion, les liens faibles sont surtout utiles pour les individus qui se situent au bas de la hiérarchie organisationnelle alors que ce seront les liens forts qui vont être les plus profitables aux salariés qui se situent aux niveaux élevés. Cette théorie peut être une grille d analyse intéressante pour la gestion. Elle peut permettre de comprendre le comportement des individus au sein des organisations voire des entreprises dans leur stratégie d alliance ou de partenariat. L approche centrée sur la structure permet de répondre à la question de la forme de réseau la plus bénéfique pour l acteur et de comprendre pourquoi,. Elle autorise ainsi, dans un premier temps, une analyse en termes de pouvoir et de performance. L analyse des propriétés de la structure d un réseau permet en effet d éclairer un niveau de performance qu elle soit individuelle ou organisationnelle. Pour Ancona & Caldwell (1992) les équipes de recherche-développement sont plus performantes lorsque les individus qui la composent proviennent d horizons divers et conservent de nombreux contacts professionnels en dehors de l équipe. L analyse de Burt en particulier à été appliqué à plusieurs domaines comme la créativité et l apprentissage (McEviliy & Zaheer, 1999 ; Lofstrom, 2000), la carrière (Burt,1992 ; Gabbay & Zucherman,1998 ; Podolny & Baron, 1997). Une analyse en termes de structure d un réseau de relations permet également de comprendre quels sont les acteurs 11

clés d un réseau. En effet, si l on suit l analyse de Burt, certains acteurs peuvent occuper des positions vitales pour un réseau dans la mesure il s agit de points de passage obligé pour relier deux contacts du réseau. Que ce soit pour éviter de mettre ces positions en péril ou pour multiplier intermédiaires afin d éviter une trop grande dépendance vis-à-vis de certains acteurs du réseau, l analyse du réseau de relations peut s avérer utile. Ce sera le cas, par exemple, pour des réseaux de production ou de distribution, pour une analyse du pouvoir des commerciaux dans une entreprise également. L analyse des réseaux sociaux permet également de comprendre quels sont les acteurs incontournables i.e. ceux qui peuvent via seulement quelques contacts proches avoir accès à l ensemble des membres du réseau (hiérarchie de réseau). Enfin, l analyse de la structure d un réseau de relations peut permettre de comprendre les processus sociaux à l œuvre dans une organisation. A travers son étude d un cabinet d avocats, Lazega (2005) montre que les théories du capital social et l analyse des réseaux sociaux permettent de comprendre les processus de solidarité et de contrôle social à l œuvre dans l organisation. Pour cet auteur, la question du capital social dans l organisation rejoint la problématique de la recherche accrue de l individualisation des pratiques managériales et de l autonomie dans les organisations versus le besoin de processus sociaux par définition collectifs. Analyse des réseaux sociaux Analyse dyadique Analyse structurale Analyse des ressources Analyse de la nature des liens Analyse des propriétés de la structure Analyse d une position dans la structure Contenu et nature de l échange Processus sociaux pouvoir / performance Schéma 1 12

3.2. Quelles perspectives de recherches pour les sciences de gestion? La plupart des recherches en sciences de gestion n utilisent que l une ou l autre des théories précédemment citées. On peut regretter que les études se contentent souvent d une analyse quantitative en termes de structure et force de liens en oubliant le contenu des ressources échangées ; et que peu cherchent à mixer l ensemble des théories pour mieux comprendre les interactions sociales. Lorsqu une analyse de contenu des échanges est associée aux mesures quantitatives des réseaux, cela offre une meilleure compréhension du fonctionnement des réseaux sociaux. En croisant les types de liens (basés sur des intérêts personnels/ professionnels) et les structures de réseau («fermée / ouverte») Podolny & Baron (1997) mettent en avant les différents bénéfices qui peuvent utiles pour l individu dans sa progression de carrière au sein de l organisation qui l emploie. L intérêt de cette étude est qu elle permet de mixer à la fois le type de lien et les ressources qu ils apportent, en utilisant les deux grandes théories (Burt / Coleman) de l analyse de structure comme cadre général. Les relations dyadiques peuvent également permettre de comprendre l ensemble de la structure de réseau. Seibert & ali (2001) montrent comment les liens faibles et les relations avec des contacts dans différentes fonctions permettent d expliquer une structure plus ou moins riche en trous structuraux qui elle-même va apporter des bénéfices utiles pour le succès de carrière à la fois objectif et subjectif de l individu. Par ailleurs, peu de recherche mettent l accent sur la dynamique des réseaux. En effet, il semble évident que les interactions sociales ne sont pas figées dans le temps. Or, peu de choses sont connues sur la formation, l évolution et la fin des relations inter-personnelles ou inter-organisationnelles. Enfin, il nous semble également important de souligner le manque de travaux sur les conséquences négatives des réseaux sociaux que ce soit au niveau de l organisation ou des acteurs (Huault, 2005). En effet, s il a été généralement retenu que les réseaux sociaux était une ressource pour l action sociale, certains auteurs ont cependant souligné leur dimension négative (Portes,1998 ; Adler & Kwon,2002). Toutefois, peu de recherches en gestion ont exploré cette voie qui pourtant 13

apporterait certainement une meilleure compréhension de certaines situations de gestion. CONCLUSION : Les travaux qui appliquent les théories du capital social et l analyse des réseaux sociaux dans le champ de la gestion sont de plus en plus nombreux. Plusieurs recherches ont cherché à montrer dans quelle mesure le capital social pouvait apporter des avantages aux individus, équipes ou organisations. Les théories du capital social et l analyse des réseaux sociaux ont été utilisées pour appréhender des domaines aussi variés que le pouvoir, le leadership, la mobilité, la performance individuelle, la créativité, l entrepreneuriat, la performance d équipe ii.que certains perçoivent ces théories comme un nouveau paradigme ou une simple boite à outils (Mercklé, 2004 ; Zaheer & Usai, 2004), personne ne peut contester leur apport pour les sciences de gestion. A travers cet article, nous avons essayé en utilisant une grille de lecture basée sur la distinction des approches dyadique et structurale de mieux appréhender les différentes théories de l analyse des réseaux sociaux et de comprendre à quelles problématiques de gestion elles pouvaient répondre. Par ailleurs, il nous semble que si l analyse des réseaux sociaux a déjà permis une meilleure compréhension de certaines situations de gestion cette nouvelle approche offre de nombreuses perspectives pour les recherches à venir. i Cf Leana & Van Buren III (1999), le capital social peut être considéré comme un bien public, il est alors vu comme un attribut d une unité sociale plutôt que d un acteur individuel, et l individu bénéficie de sa présence ou souffre de son absence dans un second temps. Le modèle de bien privé a été appliqué à l individu, à un groupe et même à des niveaux organisationnels ou d une industrie, mais l accent en termes de résultats est toujours porté sur la personne ou l unité sur laquelle porte l étude. ii Pour des revues de littérature plus complète, voir Borgatti & Foster (2003), Adler & Kwon (2002), Burt (2000) Adler P., Kwon S., (2002), Social capital: prospects for a new concept, The Academy of Management Review, vol 27 n 1, p. 17-40. Ancona D. & Caldwell (1992), Demography and design: predictors of new product team performance. Organization Science, vol. 3, p. 321-341 Borgatti S.P. & Foster P. (2003) The network paradigm in organizational research : A review and typology, Journal of Management vol 29, n 6, p. 991-1013. Burt R. (1991), Structure version 4.2, New York, Center for Social Sciences of Columbia University. 14

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