L E FOU. Oiseaux des jardins. Opération. n 76 GROUPE D ÉTUDES ORNITHOLOGIQUES DES CÔTES-D ARMOR

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L E FOU n 76 Opération Oiseaux des jardins GROUPE D ÉTUDES ORNITHOLOGIQUES DES CÔTES-D ARMOR

10 boulevard Sévigné 22 000 SAINT-BRIEUC http://geoca.club.fr Le GEOCA a pour buts (extraits des statuts) : l observation, l étude et la protection de l avifaune sauvage ainsi que des milieux dont elle dépend dans le département des Côtes-d Armor ; développer le goût et l intérêt pour les oiseaux sauvages vivant en milieu naturel dans un but scientifique et culturel ; entreprendre toute recherche, de mener toute enquête, de donner tout avis, de poursuivre toute étude se rapportant directement ou indirectement à toutes ces questions. Conseil d administration Patrice BERTHELOT Frédéric GUYOMARD Philippe CHAPON Alain BEUGET François GUIDOU Julien HOURON Nicolas LE CLAINCHE Sylvain LEPAROUX Geoffrey STEVENS Président Secrétaire Trésorier Membre Membre Membre Membre Membre Membre Relecture du Fou Sébastien NÉDELLEC, Renaud LE ROY Mise en page du Fou Sylvain LEPAROUX (sylvainleparoux@yahoo.fr) Mise en page de La Plume du Fou Julien HOURON (julienhouron@hotmail.com) Les propositions d articles et de notes sont à envoyer à Frédéric Guyomard (fred.guyomard@orange.fr)

Sommaire Patrice BERTHELOT : Éditorial remerciements... 5 Geoffrey STEVENS : Avant-propos... 7 Yann FÉVRIER : Un comptage des oiseaux du jardin. Pourquoi et comment?... 9 Yann FÉVRIER, Geoffrey STEVENS : Résultats et analyses 2009... 13 Sylvain LEPAROUX : Critères d identification des 4 espèces de grives hivernant dans les Côtes-d Armor... Cahier central Patrice Berthelot : Fiche d identité : l Accenteur mouchet... 25 Images d observateurs... 27 Revue de presse... 31 Geoffrey STEVENS : Bilan et perspectives... 35 Sauf mention contraire, les photographies sont de Yann Février

Éditorial remerciements Malgré un développement indéniable, l ornithologie de terrain reste, en France, une affaire de «spécialistes» alors qu elle se présente dans des pays voisins comme une activité grand public. L un des objectifs de ce premier comptage des oiseaux des jardins était de faire participer un maximum de personnes afi n de prouver que chacun peut pratiquer l ornithologie à sa mesure. Les jardins ou les espaces de nature qui nous entourent au quotidien sont pour cela d excellents terrains d initiations. En hiver, ils révèlent bien des surprises et les débutants pourront s essayer à nommer les différents passereaux attirés par les mangeoires, les baies de des arbustes ou les pommes tombées à terre. Certains reportages télévisés nous rapportent des images de pays lointains qui nous font rêver par la variété des espèces et les couleurs qu elles arborent. Mais si nous portons un regard un peu plus attentif au petit monde qui nous entoure, nous nous apercevons très vite qu il peut être aussi intéressant et nous émerveiller autant que n importe quel autre endroit sur cette planète. Un grand merci pour votre participation à ce premier comptage des oiseaux des jardins en Côtes d Armor et à l année prochaine. Patrice BERTHELOT Président du GEOCA

Avant-propos Depuis la ratification de la Convention sur la diversité biologique, négociée à Rio de Janeiro en 1992, les gouvernements ont pris des responsabilités concernant la conservation de la biodiversité mais aussi son utilisation durable. Pourtant, comment s assurer que les actions entamées pour faire face à ces responsabilités ont vraiment réussi ou, à l inverse, comment juger des erreurs commises? Les oiseaux sont des exemples cités régulièrement comme indicateurs des milieux. Faciles à identifier, situés assez hauts dans les chaines alimentaires, pour certains très liés à leur qualité d habitats, ils sont devenus des modèles de choix dans bien des pays. Néanmoins, il faut un grand nombre d observations pour déceler des modifications de répartition ou des chutes de population. A l échelle d un pays, d une région ou d un département, une présence assidue de quelques observateurs professionnels ou scientifiques ne suffit plus. Il faut donc pallier à ce manque par un accroissement du nombre d observateurs. Deux anecdotes me viennent à l esprit pour illustrer cette idée. La première concerne mon installation en Bretagne. En consultant les documents de synthèse ornithologique, je fus surpris de constater l absence de données de Buse variable autour de Lézardrieux. Pourtant, dès ma première semaine sur place, j observais cette espèce très commune dans nos campagnes. Il n y avait donc pas un manque d oiseaux mais bien un manque d observateurs à cette époque. La seconde correspond à ma première observation de Moineau domestique dans mon jardin, à peu près 1 an après mon installation. Je trouvais cette observation remarquable (je ne l ai d ailleurs jamais revu depuis) et pourtant la consultation des ornithologues locaux n eut pas l effet escompté : considéré comme une espèce banale et sans intérêt, le Moineau domestique ne semblait pas mériter alors une si grande attention! Pourtant, quelques années plus tard, tous les scientifiques semblent s accorder sur la chute importante des effectifs de cette espèce, simplement moins visible du fait de l importance des populations d origine. Ceci reflète assez bien le danger à vouloir trop se concentrer sur les espèces rares. Il est aujourd hui nécessaire de se pencher sur toutes les espèces, y compris les plus communes. En France, comme souvent, nous accumulons un important retard sur nos voisins européens ou américains qui sont capables d estimer précisément les variations de populations de nombreuses espèces. C est dans cette optique que plusieurs opérations de suivi ont été mises en place ces dernières années, principalement par le Muséum d Histoire Naturelle. Le programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) puis plus récemment le programme SHOC (Suivi Hivernal des Oiseaux Communs) sont les principaux

8 Avant-propos exemples concernant les oiseaux. Basés sur le volontariat d ornithologues déjà confirmés, ces programmes ont le mérite de couvrir de nombreux sites à travers la France. Hélas, les sites suivis ne représentent qu une partie très limitée du territoire. Le GEOCA, qui relaie l opération en Côtes-d Armor ne compte par exemple qu une vingtaine de sites suivis. En Angleterre, les premières opérations de recensement des Oiseaux du jardin ont vu le jour en 1979 sous l égide de la RSPB (Royal Society for Protection of Birds). D abord ciblée vers les enfants, cette initiative fut vite reprise par les adultes pour aujourd hui dépasser les 552 000 sites suivis annuellement! De grandes tendances sur les populations d oiseaux ont donc pu être détectées par cette méthode et validées ensuite par des scientifiques. Outre-manche, il n est pas vraiment question de manque d observateurs. Il faut rappeler que l on estime à 16 000 le nombre d ornithologues réellement investis dans les recensements et suivis d oiseaux au sein d Associations de Protection de la Nature. En Côtes-d Armor, et plus spécialement au GEOCA, nous avons seulement une vingtaine d observateurs réguliers qui alimentent de manière assidue notre base de données. Le calcul est simple et de manière arithmétique, il faudrait 500 sites suivis pour obtenir l équivalent dans notre département. Même s il n a pas été atteint cette première année, je pense qu il est raisonnable de croire que ce chiffre sera obtenu et dépassé dans les années à venir. Nous avions noté, au fil de rencontres ou de sorties que de nombreuses personnes s intéressent aux oiseaux et sont vraiment capables de décrire en détail les plumages et comportements des individus qui fréquentent leur jardin. Nous sommes donc persuadés qu il existe un fort potentiel d observateurs susceptibles de participer à ce type d opérations dans notre région. Voilà donc, un moyen très simple de rejoindre la lutte pour l étude et la préservation de la biodiversité, en devenant ce que les Américains nomment un «citoyen scientifique» ou devrais-je dire «un scientifique citoyen». À vous de choisir et de participer. Geoffrey STEVENS

UN COMPTAGE DES OISEAUX DU JARDIN POURQUOI ET COMMENT? Yann Février Le Groupe d études ornithologiques des Côtes d Armor (GEOCA) a organisé et relayé le premier comptage des oiseaux du jardin en Côtes d Armor les samedi 7 et dimanche 8 février 2009. Basée sur des expériences déjà réalisées dans des régions ou pays voisins, cette opération se veut à la fois un moment de sensibilisation et d information sur les oiseaux les plus communs mais aussi un outil de connaissance sur l évolution des populations de ces espèces qui connaissent, pour certaines, de dramatiques chutes d effectifs ces dernières années. Un moment de sensibilisation et d information sur les oiseaux communs L érosion de la biodiversité et les dramatiques évolutions environnementales des dernières décennies n ont pas encore marqué tous les esprits. Si une évolution de la société semble amorcée comme l attestent les grandes orientations actuelles (développement durable, grenelle de l environnement ou encore le développement du «Bio»), il reste malgré tout de grands pas à franchir vers une plus large sensibilisation du public aux problèmes écologiques. La connaissance des espèces et de leur mode de vie est la première étape à la compréhension des systèmes biologiques et à leur intégration dans nos propres modes de vie. Mieux connaître, c est aussi mieux protéger. Il semble donc crucial que tout un chacun soit sensibilisé au monde qui nous entoure. Les oiseaux représentent pour cela un parfait exemple. Présents partout, même au cœur des villes, ils égayent nos hivers comme nos printemps. Colorés, de grande taille, souvent bruyants et faciles à distinguer les uns des autres, ils représentent des modèles de choix pour une première approche de la nature. L Opération de comptage des Oiseaux du Jardin vise donc à la fois à confirmer l intérêt que chacun éprouve pour la nature dite «ordinaire» qui nous entoure mais également à pousser les observateurs à une plus grande attention sur la diversité présente. Plusieurs témoignages et questionnements sur de «nouvelles espèces» découvertes dans les jardins à l occasion du comptage ont confirmé cet attrait naissant pour l ornithologie et le naturalisme de manière plus générale. Dans une société

10 Yann Février de consommation où tout, même le vivant, semble catalogué et identifiable d un simple click ou code-barres, la Nature impose encore sa diversité et son mystère Un outil de connaissance sur l évolution des populations Outre l aspect sensibilisation, cette initiative vise aussi à recenser, de manière ponctuelle, l abondance des principales espèces d oiseaux visibles dans les jardins en hiver. Elle ne se soustrait en aucun cas à une étude scientifique pointue mais vient au contraire compléter les connaissances fragmentaires obtenues par les scientifiques et naturalistes. Susceptible de s intégrer aux initiatives nationales qui se développent ces dernières années pour mieux connaître la biodiversité ordinaire (Programme Vigie Nature du Muséum National d Histoire Naturelle), cette action locale doit permettre de mieux connaître les grandes tendances d évolution des peuplements d oiseaux communs. Elle permet, de par une méthodologie simple, et surtout de par le grand nombre de données obtenues, de comparer des populations ou espèces dans l espace et dans le temps. Ainsi, les chiffres obtenus en Côtes d Armor pour une espèce, pourront être comparés aux effectifs observés en Angleterre ou Belgique pour la même espèce. De même, les résultats obtenus sur plusieurs années permettront de déceler d éventuelles régressions ou progressions d effectifs. Ceci est d autant plus important que plusieurs espèces connaissent aujourd hui un déclin important. L opération sera donc reconduite chaque année, afin de permettre d assurer cette «veille écologique», indispensable pour tirer la sonnette d alarme. Les enquêtes de nos voisins Ce type d opération est déjà mené dans d autres régions ou pays : outre-manche, c est la RSPB [http:// www.rspb.org.uk/] qui a lancé cet événement au Royaume-Uni il y a maintenant de nombreuses années ; en Belgique, l association NATA- GORA a mené la même opération durant le même week-end : [http://www.natagora. be/index.php?option=content&task=view&id =687&annee=2009] ; en Normandie, le GONm (Groupe Ornithologique Normand) [http://gonm.org/] mène la même opération depuis 2004 ; en région Rhône-Alpes, le CORA (Centre Ornithologique Rhône Alpes) [http:// coraregion.free.fr/spip.php?rubrique62] organise un suivi des jardins de manière plus durable mais qui comprend ce type d opérations. Comment participer à cette opération Tout le monde peut participer à ce type d initiative, même les plus jeunes, car il s agit de recenser ce que l on est capable d identifier. Nul besoin d être un ornithologue confirmé. Les résultats présentés plus loin le confirment. Même si les ornithologues expérimentés décèlent un peu plus d espèces et d individus, la grande majorité des observateurs peut obtenir un comptage relativement fiable pour peu qu il soit fait en toute rigueur : en cas de doute sur une espèce, on appliquera donc un principe de précaution en ne l inscrivant pas sur la fiche. La méthode de recensement se base également sur la simplicité d identification. Il est en effet difficile, lorsque l on n est pas expert et que l on ne dispose pas d ouvrages d identification, de différencier

Un comptage des oiseaux du jardin : pourquoi et comment? 11 les différentes grives qui fréquentent nos jardins en hiver (voir cahier central). C est pourquoi la fiche d aide à l identification ne présente qu une seule espèce de grive. Si vous possédez une ou plusieurs mangeoires, la tâche sera d autant plus facile. Pour vous aider dans l identification des espèces, une petite fiche descriptive est fournie en plus du formulaire et plusieurs adresses de sites web vous sont indiquées sur notre site internet pour affiner vos connaissances. Chaque personne intéressée a été invitée à participer de manière simple en téléchargeant le formulaire de comptage sur le site internet du GEOCA : [http://geoca.club.fr] puis en le renvoyant rempli par courrier ou par mail à l association : [contact-geoca@ orange.fr] GEOCA, 10 boulevard Sévigné, 22 000 Saint-Brieuc. Méthode Choisir d abord son lieu d observation : jardin, école, lieu de travail, parc ) et une journée (samedi ou dimanche). Observer et noter pendant une heure tous les oiseaux observés ou contactés (entendus) sur ce lieu. Afin d éviter de comptabiliser plusieurs fois les mêmes oiseaux (par exemple lors de va-et-vient à la mangeoire), ne compter que le chiffre maximum d oiseaux vu en même temps. Si vous voyez 2 mésanges, puis 4, puis 2 : notez 4. Cette première étape peut être reportée sur la fiche d aide à l identification qui présente 21 espèces parmi les plus susceptibles d être rencontrées (elle comprend à la fois des espèces plutôt visibles en milieu Fiche d aide à l identifi cation

12 Yann Février rural [Mésange nonnette, Pic épeiche ] mais également des espèces plus «citadines» [Rougequeue noir, Bergeronnette grise ]. Les totaux seront ensuite reportés sur la fiche de comptage à proprement parlé où seront également renseignés les différentes caractéristiques du lieu (adresse, nature du site, présence de postes de nourrissage ) Si vous observez une ou plusieurs espèces qui ne sont pas dans la liste et que vous avez réussi à les identifier, utilisez les cases vides situées en bas du tableau. Si vous observez des oiseaux que vous n arrivez pas à identifier, ne les noter pas dans le tableau. Vous pouvez éventuellement essayer de les prendre en photo pour une identification ultérieure. Fiche de comptage

RÉSULTATS ET ANALYSES 2009 Yann FÉVRIER, Geoffrey STEVENS La première opération de comptage des Oiseaux des jardins en Côtes d Armor s est déroulée le week-end des 7 et 8 février 2009. Relayée par la presse départementale et régionale et présentée dans le cadre du festival Naturarmor à Dinan, cette initiative portée par le GEOCA s est basée sur des opérations similaires organisées en Angleterre, Belgique ou chez nos voisins normands. Bien qu avec une ambition moindre en termes de retour puisque avant tout départementale, cette action de sensibilisation et d étude de la biodiversité dite «ordinaire» a permis d enregistrer plus de 300 fiches d observations totalisant plus de 3 300 données. Chaque observateur a comptabilisé une moyenne de 10, 8 espèces pour une moyenne de 36, 2 oiseaux par site. Résultats globaux Au final, 311 fiches d observations ont été transmises au GEOCA, soit par le biais de la messagerie électronique (112 fiches/36 %), soit par courrier postal (199/64 %). Les comptages opérés durant le weekend des 7et 8 février 2009 ont permis d enregistrer 3 316 données, totalisant 11 111 oiseaux pour 55 espèces différentes identifiées. Le nombre moyen d oiseaux observés par site durant l heure de comptage a été de 36,2 ± 1,6 tandis que le nombre moyen d espèces présentes a été lui de 10,8 ± 0,2. Les effectifs totaux comptabilisés par site varient entre 2 et 344 oiseaux, mais la majorité des comptages se situent plutôt entre 10 et 50 oiseaux (Fig. 1). Le nombre d espèces observées varie lui entre 2 et 23 espèces et se répartit de façon normale autour d un «pic» de sites situés entre 9 et 11 espèces (Fig. 2). L heure de comptage durant le weekend a débuté, en moyenne, légèrement avant 12 h 00. Couverture départementale et régionale Les 311 fiches d observations ont concerné au total 139 communes des Côtes-d Armor soit 37 % des 373 communes du département (Fig. 3). Elles ont également concerné 7 communes d Ille et Vilaine (8 fiches), 5 communes du Morbihan (6 fiches) et 1 commune du Finistère. A noter que les observateurs sont essentiellement localisés sur le littoral, ce qui

14 Yann Février, Goeffrey Stevens Figure 1 : Distribution des sites d observation en fonction du nombre d oiseaux contactés (ont été exclus de la Figure les 9 sites comptant chacun plus de 100 oiseaux contactés) Figure 2 : Distribution des sites d observation en fonction du nombre d espèces contactées correspond bien aux densités de population, mais que bon nombre de communes intérieures, dont certaines peu peuplées et de petite surface, ont également fourni des données. Ceci nous conforte dans les objectifs de l opération qui visent à obtenir des informations sur l ensemble du territoire, y compris sur des sites peu connus des ornithologues et donc mal prospectés.

Résultats et analyses 2009 15 Figure 3 : Localisation et pression des observations par commune en Côtes-d Armor Fréquence des espèces observées Le nombre important de données et d observateurs a permis d enregistrer des résultats fiables en termes de fréquentation des espèces et d effectifs. Même si quelques corrections minimes ont pu être apportées sur des erreurs probables ou certaines d identification (confusion avec des espèces absentes de la région en hiver par exemple), la majorité des données ont été conservées telles quelles. Nous avons choisi de présenter la fréquence et la distribution des différentes espèces contactées de manière hiérarchisée. La première figure nous permet de découvrir la fréquence d observation de chaque espèce (Fig. 4). Le Rougegorge familier n a jamais aussi bien porté son nom puisqu il arrive en tête avec un taux de présence de 95 %. Il devance le Merle noir (90 % des sites), les Mésanges bleue et charbonnière (autour de 85 % des sites), le Pinson des arbres (près de 80 %) et le Moineau domestique qui apparaît encore bien présent avec près de 75 % des sites occupés par l espèce. Logiquement, la majeure partie des espèces pré-inscrites sur la fiche de comptage arrivent parmi les espèces les plus fréquemment observées, à l exception du Rougequeue noir qui n a fourni que quelques données. A l inverse, quelques espèces qui n étaient pas préinscrites ont été souvent notées comme le Geai des chênes (21 %) ou la Mésange noire (14 %). Ces résultats nous permettront donc d affiner notre fiche pour les années futures. A noter aussi la présence régulière de Grosbec cassenoyaux (7 sites), une espèce peu notée en Côtesd Armor mais qui semble avoir été particulièrement abondante cet hiver. Au registre des grands absents, citons le Pic épeichette qui fréquente de temps à autres les jardins ou encore la Linotte mélodieuse qui recherche les graines dans les friches notamment. Parmi les espèces sans doute

16 Yann Février, Goeffrey Stevens Figure 4 : Fréquence des espèces contactées (% de sites avec présence de l espèce)

Résultats et analyses 2009 17 sous-évaluées par ce type de comptage, citons les 2 espèces de Roitelets mais aussi et surtout le Grimpereau des jardins qui se détectent surtout par leurs cris aigus et sont plus communs qu il n y paraît, ou encore la Grive draine, sans doute souvent confondue avec la Grive musicienne. De manière générale, des espèces très communes mais discrètes comme l Accenteur mouchet sont vraisemblablement sousévaluées par ces comptages. Le nombre moyen d individus par espèce et par site nous renseigne également sur la densité des populations qui fréquentent les jardins (Fig. 5). Et la bonne surprise vient de la première place occupée par le Moineau domestique, avec près de 5 individus présents en moyenne par site. Il est donc encore l oiseau le plus abondant des jardins et zones d observation malgré un déclin annoncé. Il peut toutefois exister un biais concernant l importance des sites urbains en comparaison des sites ruraux (non demandé sur la fiche de comptage). Viennent ensuite 4 espèces granivores habituées des mangeoires et qui affectionnent particulièrement le tournesol : Mésange bleue, Pinson des arbres, Verdier d Europe et Mésange charbonnière. Le Rougegorge familier, qui est quasimment présent dans chaque jardin (95 % des sites) n arrive qu en 8 e position en terme d effectifs car il estle plus souvent représenté par 1 ou 2 individus : les mœurs territoriales de ce passereau réputé agressif envers ses congénères expliquent certainement cette faible densité. Pour mieux évaluer les effets de groupe, il est plus intéressant d observer l abondance relative des espèces uniquement sur les sites où elle est présente (Fig. 6). Dans ce cas, l Étourneau sansonnet arrive en tête avec plus de 7 individus présents en moyenne. Il est parfois présent en grand nombre (maximum de 250 individus notés dans une ferme). La Grive mauvis arrive logiquement en seconde position car elle est toujours présente en groupe et peut être abondante à proximité des vergers et des pommiers, surtout lors des hivers froids comme celuici. La Grive litorne arrive également en 5 e position pour les mêmes raisons. Le Moineau domestique confi rme sa bonne représentativité avec une 3 e place logique du fait de ses effectifs globaux. Plus étonnante, la 6 e place de la Mésange à longue queue s explique par l erratisme marqué des groupes familiaux en hiver. Comparaison avec la Belgique Il est également très intéressant de comparer les résultats obtenus avec ceux enregistrés en Belgique le même weekend [http://www.natagora.be/index.php?op tion=content&task=view&id=687&annee= 2009]. On y découvre un nombre moyen d oiseaux par site strictement similaire (37) mais quelques différences en termes de fréquence et d effectifs par espèce : le Merle noir arrive en tête avec 88 % de taux de présence (pour 2,9 individus présents en moyenne), suivi de la Mésange charbonnière (84,6 % et 4 individus), du Rougegorge familier (73,4 % et 1 individu), de la Mésange bleue (72,3 % et 2,8 individus) et du Moineau domestique (64,3 % et 5,8 individus). Influence du nourrissage Sur les 311 fiches reçues, 267 nous renseignent sur la présence ou non de postes de nourrissages. Parmi celles-ci, 246 font état de

18 Yann Février, Goeffrey Stevens Figure 5 : Nombre moyen d individus observés par site pour chaque espèce

Résultats et analyses 2009 19 Figure 6 : Effectifs moyens d individus observés par site lorsque l espèce est présente (exception faite de l Alouette des champs dont 1 seul groupe de 27 oiseaux a été observé)

20 Yann Février, Goeffrey Stevens la présence de nourrissage (soit 92 %) contre seulement 21 sans nourrissage (8 %). Dans 91 % des cas de nourrissages, les observateurs ont précisé la nature des aliments proposés. Nous en avons distingué 4 types : boules de graisses, graines et mélanges de graines, boules de graisses et graines associées, les autres types d aliments (ne comprenant ni boules de graisse, ni graines). Les résultats présentés mettent en évidence la grande domination de l association boules de graisse + graines qui se retrouve dans presque la moitié des sites d observation (Fig. 7). L utilisation simple de graines (16 %) ou de boules de graisse (22 %) est également courante. L effet du nourrissage sur l observation des oiseaux a une influence significative et ce aussi bien sur le nombre moyen d oiseaux (36,3 contre 22,8 : p=0,047) que sur le nombre moyen d espèces (10,84 contre 7,9 : p < 0,001) (Fig. 8). Il y a donc à la fois plus d espèces et plus d oiseaux observés sur un site lorsqu un poste de nourrissage est présent. Bien entendu, ces chiffres sont aussi directement liés au milieu environnant. Les oiseaux attirés aux mangeoires proviennent des environs immédiats et l on observera donc pas la même diversité en lisière forestière ou en plein centre-ville. Il est également intéressant de savoir si les mêmes espèces fréquentent indifféremment les sites avec ou sans nourrissage. Pour cela, nous avons focalisé sur les sites sans apport de nourriture qui sont bien moins nombreux. On constate tout d abord que les 3 espèces les plus fréquentes restent les mêmes dans un ordre quelque peu modifié : Merle noir, Rougegorge familier et Mésange bleue (Fig. 9). Le Merle noir est un peu plus présent que sur l ensemble des sites (95 % contre 90 %). Par contre, le Rougegorge est seulement présent dans 52 % des sites sans nourrissage (contre 95 % sur l ensemble des sites) et toutes les autres espèces sont contactées dans moins de 50 % des cas. En termes d effectifs, le Merle noir est également en tête avec près de 3 individus contactés en moyenne par site, loin devant la Mésange bleue (1 individu par site) et le Moineau domestique (Fig. 10). Des espèces peu ou pas associées aux mangeoires sont relativement bien placées également : Mésange à longue queue, Corneille noire, Choucas des tours, Pigeon ramier et ceci est encore plus flagrant si l on observe uniquement l abondance relative des espèces présentes. La Mésange à longue queue arrive alors en tête devant le Choucas des tours (Fig. 11). Figure 7 : Répartition des différents types de nourrissage

Résultats et analyses 2009 21 Figure 8 : Influence du nourrissage sur le nombre moyen d espèces et d oiseaux contactés par site Figure 9 : Fréquence des espèces contactées sur les sites sans nourrissages (% de sites où l espèce est présente)

22 Yann Février, Goeffrey Stevens Figure 10 : Nombre moyen d individus observés par site pour chaque espèce Influence de l observateur Pour clore ces résultats, nous avons voulu comparer les résultats obtenus par les adhérents du GEOCA ayant participé à l opération des observateurs non-adhérents. Même si un certain nombre d observateurs non-adhérents sont expérimentés en matière d ornithologie, nous sommes partis de l hypothèse que la moyenne des observateurs connaissait sans doute moins bien les espèces mais avaient aussi et surtout moins l habitude de ce type de comptage. Les résultats obtenus ont permis de mettre en évidence que les adhérents du GEOCA avaient compté significativement plus d oiseaux (47,5 contre 34,9 : p = 0,043) mais également plus d espèces (13,0 contre 10,4 : p = 0,001) que les non-adhérents (Fig. 12). Espérons donc que ces derniers chiffres poussent un grand nombre de personnes à se diriger vers les associations naturalistes qui sont, il faut bien le rappeler, les meilleures sources d informations sur la nature qui nous entoure et sur les moyens de la protéger.

Résultats et analyses 2009 23 Figure 11 : Nombre moyen d individus observés quand l espèce est présente sur le site Figure 12 : Effet de l origine des observateurs sur les résultats obtenus

24 Yann Février, Goeffrey Stevens Rougequeue noir Mésange nonnette

Critère d identification des 4 espèces de grives hivernant dans les Côtes-d Armor Texte et illustrations : Sylvain Leparoux L analyse des fiches reçues lors de l opération «Oiseaux des jardins» a révélé, dans bien des cas, une certaine confusion de détermination entre les 4 espèces de grives présentes en hiver dans le département des Côtes-d Armor, la Grive musicienne étant d ailleurs la seule représentée dans la Fiche d aide à l identification. À cette occasion, nous nous proposons de vous soumettre la double-page suivante, afin de vous faire une idée plus précise des caractères simples mais déterminants, permettant de reconnaître sans gros problème et rapidement ces 4 oiseaux attachants.

Grive draine (Turdus viscivorus) sédentaire 27 cm forêt claires, bocage, parcs urbains, grands jardins tête claire (œil visible même de loin) La Grive draine est la plus grande de nos 4 grives. Elle s en distingue également par la teinte générale claire, frappante surtout au niveau de la tête est des parties inférieures. Elle se remarque de loin lorsqu elle se nourrit sur les pelouses ou lorsqu elle égrène sa phrase mélancolique au sommet d un grand arbre. parties supérieures brun «froid» ponctuation ronde accentuant l allure replète Grive musicienne (Turdus philomelos) sédentaire 23 cm forêts, bocage, parcs urbains, jardins C est LA grive du jardin en toute saison ; celle qui casse les escargots sur le dallage de la terrasse et qui nous enchante par ses vocalises à partir du mois de janvier jusqu en juin. Les parties supérieures aux teintes chaudes et la forte ponctuation du poitrail sont caractéristiques. parties supérieures brun-ocre «chaud» poitrail et flancs teintés d ocre

Grive litorne (Turdus pilaris) hivernante 25 cm bocage, vergers, jardins dos et ailes marron-roux foncé tête à dominante gris-bleu La Litorne est une grande grive qui arrive chez nous en bandes bruyantes à partir du mois d octobre. Elle rejoindra ses zones de reproduction orientales et septentrionales à partir de mars. Son cri («tchac-tchac») et sa coloration générale tricolore la font repérer de loin. queue noire et croupion gris-bleu large bande pectorale orangée pattes sombres Grive mauvis (Turdus iliacus) hivernante 21 cm bois clairs, bocage, vergers, jardins le large sourcil blanc est le caractère distinctif le plus visible en toutes conditions La plus petite de nos grives. Elle n en est pas moins remarquable par le large sourcil clair et la grande tâche rouge ornant les flancs! C est un oiseau nordique qui arrive dans nos contrées à la faveur des froides nuits d octobre. Son cri (un fin «siii») est d ailleurs nettement perceptible lorqu elle migre au-dessus de nos têtes dans la pénombre. Les bandes hivernales de grives mauvis et litornes ont pour habitude de se délecter des pommes tombées à terre dans les vieux vergers. teinte générale sombre grande tâche rouge foncée, pas toujours visible par mauvaise lumière

Pour une première approche Claude Feigné, Gérard Schmitt, 2005. Guide des oiseaux de nos jardins, Sud-Ouest Éditions, 56 p. Marc Duquet, Alban Larousse, François Desbordes, 2007. Les oiseaux par la couleur, Delachaux et Niestlé, 222 p. Pour aller plus loin Lars Svensson et al., 1999 (rééd.). Le guide ornitho, Delachaux et Niestlé, 400 p. Mark Beaman, Steve Madge, 1998. Guide encyclopédique des oiseaux du Paléarctique occidental, Nathan, 872 p. Paul Géroudet, 1998 (rééd.). Les passereaux d Europe, 2 tomes, Delachaux et Niestlé.

Fiche d identité Texte de Patrice BERTHELOT L ACCENTEUR MOUCHET (Prunella modularis) Taille : 14 à 15 cm Envergure : 21 cm Poids : 19 à 20 gr Longévité maximale connue : 9 ans et 8 jours pour un oiseau bagué en Grande Bretagne Bien répandu et sédentaire, ce passereau très discret, sauf quand il chante pendant la saison des amours, est peu connu. Il fréquente pourtant volontiers nos jardins, surtout en hiver où il se mêle aux moineaux, à terre sous les mangeoires et avec lesquels on le confond si l on ne regarde pas attentivement car il n a rien qui retienne le regard. Du moineau domestique, il possède, à première vue, la taille et les couleurs dominantes de brun rayé et de gris sans relief. À regarder de plus près, on s aperçoit qu il est plus svelte, qu il a un bec fin de fauvette, que sa tête gris bleuté strié de brun ne comporte pas de joues claires. Du moineau, il n a pas non plus la hardiesse et la sociabilité. On le voit toujours en isolé et très furtif, prompt à se réfugier dans un fourré, son domaine de prédilection. De ce point de vue, il ressemble au Rougegorge familier, mais avec l agressivité en moins, une des caractéristiques de ce dernier qui se fâche «rouge» lorsque des congénères pénètrent sur son territoire. La discrétion de l accenteur mouchet se manifeste même dans ses communications vocales. En toutes saisons, il émet des cris peu audibles, fins, allongés et un peu plaintifs : sie tsih Ce n est qu au printemps qu il sort vraiment de sa réserve. N ayant pas de plumage spectaculaire, le mâle est bien obligé de compenser cette infériorité pour se faire remarquer par une partenaire. Perché, pour une fois bien à découvert, à quelques mètres du sol, voire sur la cime d un arbre, il égrène sa mélodie ressemblant quelque peu, en moins puissant, à celle joyeuse du troglodyte. Elle est inattendue de la part d un oiseau habituellement si secret. Son chant, facilement identifiable, est vraiment le seul moyen pour repérer sûrement les sites qu il occupe. Habituellement, en effet, il évolue dans la végétation touffue et basse : buissons, haies, taillis et jeunes plantations, broussailles et ronces. Il se hasarde rarement sur des surfaces bien découvertes, mais reste toujours sous et à proximité des buissons, y compris dans les jardins. Quand on l aperçoit, c est généralement à terre où il trouve l essentiel de sa pitance en picorant activement. C est avec un zèle appliqué qu il fouille les feuilles mortes à coups de bec, explorant systématiquement l espace parcouru. À petits pas ou

26 Fiche d identité sautillant, il se déplace les pattes courtes pliées et donc ventre au sol faisant un peu penser à une souris. Son bec fin et pointu est caractéristique d un insectivore et en effet il se nourrit d insectes et de leurs larves, d araignées, de vers et de petits mollusques. Mais il glane aussi des semences et graines diverses et il n est pas rare de le voir en hiver au pied des mangeoires parmi les pinsons et les moineaux, avec lesquels il se fond, pour ramasser les restes de graines de tournesol broyées par les verdiers et les chardonnerets. Évoluant à terre ou dans la végétation arbustive, il n est pas étonnant que le nid de ce passereau soit habituellement construit à une hauteur de 0,30 à 2 m audessus du sol dans un jeune épicéa touffu, un buisson épineux ou toujours vert, des ronces et lierres, des amas de branchages etc. Le nid, en forme de cuvette, est construit par la femelle qui y dépose 4 ou 5 œufs bleu turquoise. Le mâle, peu actif jusque-là, participe au nourrissage de jeunes qui quittent le nid une dizaine de jours après leur naissance. Xavier Brosse Xavier Brosse

IMAGES D OBSERVATEURS Mésanges charbonnières (Catherine Peden)

28 Images d observateurs Mésange charbonnière (Catherine Peden) Grosbec cassenoyaux (Catherine Peden)

Images d observateurs 29 Rougegorge familier (Catherine Peden) Mésange noire (Olivier Lejanne)

30 Images d observateurs Bouvreuil pivoine (Jean-Paul Parpette) Grive mauvis (Jean-Paul Parpette)

REVUE DE PRESSE La presse régionale et locale a joué le jeu afin de diffuser le plus largement possible cette opération vouée principalement au grand public. Le Courrier indépendant (5 février 2009) La Presse d Armor (4 février 2008)

32 Revue de presse Ouest-France (7 février 2009) Le Télégramme (6 février 2009)

Revue de presse 33 Le Petit Bleu (5 février 2009) La Presse d Armor (4 février 2009)

34 Revue de presse Le Petit Bleu (29 janvier 2009) Le Télégramme (6 février 2009)

BILAN ET PERSPECTIVES Geoffrey STEVENS Les résultats des pages précédents mettent en évidence tout l intérêt des données accumulées par cette première opération Oiseaux des Jardins. Donc à la question «est-ce que cela valait la peine de monter cette opération?», la réponse ne peut qu être «OUI». Pour nous, le chiffre de 312 fichiers retournés représente un succès énorme. Personnellement je n osais pas attendre plus de 150 réponses à cet essai d un nouvel outil de communication et d étude. Certes, nous n avons pas trouvé d oiseaux insolites ou de chiffres extraordinaires, mais cela n était pas du tout le but. Nous avons des témoignages et des observations concernant des oiseaux communs, ceux que nous pouvions attendre, mais nous avons surtout maintenant des idées bien plus précises sur leur distribution et les fréquences comparatives des espèces. Naturellement, après une seule année, nous ne pouvons pas établir d ordre définitif et surtout observer la tendance des différentes espèces, mais nous avons déjà quelques surprises par rapport à nos prédictions. Il faut continuer année après année, car la vrai valeur d un tel exercice est de pouvoir suivre les tendances des populations sur le long terme. Il nous faudra également élargir la surface couverte par nos études afin de rendre nos résultats encore plus représentatifs. Ce premier essai a été organisé au début du mois de février pour profiter de l engouement et de la publicité qui découlaient du festival Natur Armor organisé par Vivarmor Nature le dernier week-end de janvier à Dinan. À l avenir il serait souhaitable de planifier notre comptage en même temps que les comptages de nos voisins normands ou anglais. La comparaison des résultats n en serait que plus enrichissante encore. Nous tenons à remercier à cette occasion la RSPB et le GONm qui nous ont généreusement aiguillé et mis à disposition documents et conseils. Nos premiers résultats apportent la preuve que, comme prévu, il existe beaucoup de personnes qui connaissent très bien les oiseaux, leurs plumages et leurs comportements. Nous avons noté logiquement que quelques oiseaux assez communs n étaient pas bien identifiés par une minorité des participants. Nous espérons leur apporter notre aide par le biais de ce type d opération mais aussi par la documentation que nous fournissons (cf. cahier central sur les grives). Nous ne manquons pas d idées pour le futur. Nous souhaitons organiser des rencontres sur le sujet, des présentations de diaporamas, des journées de formation à la reconnaissance

36 Goeffrey Stevens et ainsi motiver ceux qui hésitent à nous rejoindre dans cet élan de connaissance du monde naturel qui nous entoure. Bien sûr, nous souhaitons offrir ces présentations dans les secteurs sous-représentés dans les comptages de cette année. Avec votre aide, nous avons abordé le sujet d une manière remarquable. Espérons que nous atteindrons très prochainement le chiffre de 500 participants, fidèles à travers les années. Grive draine

Le Geoca en quelques lignes Créé en 1991 à l initiative de plusieurs ornithologues du département, le Groupe d Études Ornithologiques des Côtes-d Armor est une association loi 1901 qui a pour objectif l étude et la protection de l avifaune sauvage et de ses habitats dans le département des Côtes-d Armor. Fort de plus de 100 adhérents, d un salarié permanent, d un salarié saisonnier, de plusieurs dizaines de bénévoles actifs et d un bateau (zodiac) permettant d intervenir en zone côtière, l association participe à de nombreuses études depuis près de 20 ans : Relais départemental de toutes les études internationales, nationales ou régionales concernant l avifaune (Wetlands International, Recensements nationaux, STOC, Atlas, programmes de baguage ) Etudes d impacts préalables à la mise en place d installations éoliennes (projets terrestres ou offshore) ou d infrastructures particulières (extensions portuaires ) Diagnostics environnementaux pour le compte de partenaires publics ou privés (inventaires ornithologiques, bilan et diagnostic des sensibilités ) Suivis et diagnostics dans le cadre de Contrat Natura 2000, programme Life Le GEOCA intervient également auprès du grand public, des scolaires et de toutes les personnes intéressées de près ou de loin par la faune et la biodiversité régionale :

Organisations de sorties grand public (sorties découverte sur le littoral, les milieux forestiers ) Interventions auprès de classes scolaires dans un objectif de découverte et de sensibilisation de la biodiversité Diaporamas et conférences (Nuit de la Chouette, Oiseaux du littoral, Oiseaux des jardins ) Expositions et stands d information sur l avifaune régionale (Festivals Nature, Manifestations culturelles ) Membre de Comité de pilotage (Natura 2000, projet de Réserve ou de Parc Naturel ) et représentée dans plusieurs instances départementales ou régionales, l association se veut être un partenaire privilégié dans la politique de gestion et de protection du patrimoine naturel départemental. À l heure actuelle, le GEOCA possède une base de données départementale comprenant 220 000 observations réparties sur tout le territoire et qui reflètent les connaissances accumulées jusqu ici. La revue de l association (76 numéros jusqu à présent) est publiée 3 fois par an. Pour nous rejoindre : Adhésion simple : 25 euros Adhésion tarif réduit (étudiants, -de 18 ans, chômeurs) :12,5 euros Groupe d Études Ornithologiques des Côtes d Armor 10, Boulevard Sévigné 22000 SAINT-BRIEUC contact-geoca@orange.fr http://geoca.club.fr